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 N° 431
 
 
 
     16 janvier 2006
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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On n’y coupera pas

Docteur François-Marie Michaut Lui écrire

Combien de fois dans nos publications n’avons-nous pas évoqué le couple infernal que constituent ensemble le monde politique, et tous ses serviteurs directs et indirects, et notre petit univers médical ! Comme notre titre le suggère, il est question maintenant de chirurgie. Et pas n’importe laquelle, s’il vous plaît : de l’exercice de la neurochirurgie en France. Le bien placide Bulletin de l’Ordre des Médecins de novembre 2005 ose même titrer sous la signature d’Arlette Chabrol : “ Neurochurgie : la pénurie est inéluctable”.

retrouver la confiance

Peut-être le public ne le sait-il pas, mais la France possède un des taux les plus bas des pays industrialisés de neurochirurgiens. Au Japon, ils sont 3000. En Italie, ils sont 1800. Chez nous, le chiffre des praticiens ( militaires non compris) est de ... 378. Ce qui nous place, peu glorieusement avouons-le, au même niveau que la Roumanie. Il n’est pas utile d’insister sur la difficulté extrême de cette spécialité, et sur la très longue formation qu’elle nécessite. Pour répondre correctement aux besoins de la population, il faudrait, selon le Pr Jacques Brunon ( Saint-Etienne) au moins 450 à 500 neurochirurgiens.

restaurer la conscience

La très grande majorité des neurochirurgiens exerce dans des hôpitaux publics. Pour comprendre comment on est parvenu à une telle situation, un retour en arrière est indispensable. Depuis 1958, les établissements hospitaliers sont classés de la façon suivante. Tout au sommet de la hiérarchie trônent les CHU, réservés à quelques métropoles, où est enseignée la médecine et où siègent les unités de recherche. Puis viennent un cran en dessous les centres hospitaliers régionaux (CHR). En dessous, toute ville de quelque modeste importance tient beaucoup, souvent pour des raisons électorales, à avoir son centre hospitalier général. Enfin, parents pauvres de nos campagnes, figurent les hôpitaux locaux. Que viennent donc faire les neurochirurgiens dans cette hiérarchie ? Et bien, c’est très simple. Le maire de chaque ville étant, de droit, le président du conseil d’administration de son centre hospitalier, fait tous ses efforts pour que son établissement, souvent le plus gros employeur de son secteur, puisse prendre du galon. Or pour passer de banal centre hospitalier général à la place enviée de centre hospitalier régional, une seule condition est nécessaire. Disposer d’un service de neurochirurgie. Même sans être informé de la complexité des négociations entre les pouvoirs politiques multiples, on comprend pourquoi les effectifs de cette spécialité dépendent uniquement de décisions politiques.

renforcer la compétence

L’investissement financier pour créer de tels services dans le privé est tel, les évolutions de la mise en cause judiciaire de plus en plus facile pour des actes chirurgicaux à haut risque et la charge de travail invraisemblable font que la situation ne risque guère d’évoluer. Nos jeunes confrères ne veulent plus d’une telle vie. Qui les en blâmerait ? Quand on sait qu’il faut une bonne douzaine d’années pour former un neurochirurgien, les malades que nous sommes tous un jour ou l’autre ont quelques cheveux blancs à se faire. Serons-nous obligés, comme pour les généralistes de demain, d’importer des neurochirurgiens d’autres pays ?
Oui, décidément, dans ce dossier encore, médecine et politique sont comme l’huile et l’eau. Ils ne peuvent pas se mélanger. Qu’au moins les électeurs le sachent pour ne plus se laisser séduire par les discours trompeurs de ceux qui passent leur temps à vouloir instrumentaliser la médecine à leur seul profit personnel. Au besoin, en détruisant les médecins. C’est ce que veulent les citoyens ?

NDLR : Comme l'Internet est le moyen idéal pour le faire, il ne faut vraiment pas s'en priver, ami lecteur. Si ce texte vous touche, vous plaît, vous déplaît ou vous semble mériter telle ou telle réponse, d'un simple clic sur le lien "Lui écrire" en haut de page, un courrier électronique de votre part lui parviendra.
FMM, webmestre.

 


Pour ceux qui ne connaissent pas encore notre Charte d’Hippocrate.

Lien : http://www.exmed.org/archives08/circu532.html




Os court :« Le chirurgien est un homme qui défend chèrement la vie des autres.»
Albert Willemetz


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