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La Lettre d'Expression Médicale

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    18 février 2008

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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Pharmacommerce de la peur Photo de l'auteur Docteur Gabriel Nahmani lui écrire
Relevé dans la revue " que Choisir" du 30 janvier 2008 :
Une étude publiée par la revue médicale en ligne PLoS (1) établit que les laboratoires mettent deux fois plus d'argent dans la promotion des médicaments que dans la recherche et le développement de nouveaux traitements.

retrouver la confiance

Distribution d'échantillons gratuits, publicité en direction des patients, forcing des visiteurs médicaux ( VM ) auprès des professionnels de santé, publicité dans les revues, promotion par courrier, colloques médicaux : les laboratoires pharmaceutiques américains usent de toutes les ficelles pour promouvoir leurs médicaments. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils ne regardent pas à la dépense : en 2004, le budget " marketing " total s'est élevé pour les États-Unis à 57 milliards de dollars, selon une étude publiée début janvier dans la revue médicale indépendante PLoS.
Mais ce chiffre, déjà impressionnant en soi puisqu'il représente près d'un quart du chiffre d'affaires du secteur, prend plus de sens encore si on le compare à la somme consacrée au développement de nouveaux médicaments. C'est ce qu'ont fait les deux chercheurs canadiens responsables de l'analyse, et leur évaluation a de quoi faire froid dans le dos : la recherche n'a mobilisé en 2004 que 29,6 milliards de dollars. Soit deux fois moins que la publicité. La réalité pourrait même être pire encore, avertissent les auteurs, car il existe des moyens de promotion difficiles à quantifier, comme la publicité illégale ou l'embauche de spécialistes de la communication pour écrire les résultats des essais.
Ces éléments confirment en tout cas que l'industrie pharmaceutique, en panne d'innovations depuis plusieurs années, a clairement choisi de compenser cette carence par une surenchère publicitaire plus que par un réel effort de recherche. Mais vendre à tout prix, et sans considérations pour la santé publique, a des conséquences. En France, où le comportement des laboratoires n'est pas tellement plus vertueux qu'aux États-Unis, la prescription de médicaments chers, et pas forcement efficaces comparés aux génériques ou à des traitements plus anciens, contribue à creuser le trou de la sécurité sociale. C'est ce que montrent les récentes études sur la question de l'UFC-Que Choisir. Et seul un " désarmement " promotionnel, également réclamé par l'Inspection générale des affaires (IGAS), pourrait amorcer un progrès.

restaurer la conscience

La publicité fait partie de notre environnement, elle est presque obligatoire cela va de soi et, ce, dans tous les domaines industriels, mais, surtout dans le domaine de la SANTÉ :
- Médecins informés presque uniquement par les laboratoires via les V.M et les encarts parus dans la presse médicale, elle-même vivant surtout grâce à ces laboratoires,
- Informations pas toujours franches quant aux effets secondaires déjà inventories dans d'autres pays, et souvent dangereux.
Des affaires récentes le prouvent : des produits destinés à traiter les malades parkinsoniens, les agonistes dopaminergiques pour les citer, peuvent conduire à des troubles COMPULSIFS (jeu pathologique, hypersexualité) et non pas seulement Impulsifs comme le laissent entendre certaines firmes, troubles déjà connus depuis plusieurs années mais peu explicités dans les notices anciennes, les médecins mal prévenus pouvant de bonne foi prescrire avec tous les risques que cela suppose.
Enorme pub pour des produits de plus en plus onéreux destinés à protéger nos exmédiennes vieillissantes contre l'ostéoporose. L'AFSSAPS ( agence française de sécurité des services et produits de santé) , là aussi, donne un avis plus ou moins autorisé, les produits continuent d'être prescrits alors que l'on sait le risque, rare mais inquiétant de destruction de la mandibule: il y avait jadis des femmes à barbe, nous aurions désormais des femmes sans menton ? Horreur glauque !
Et encore de la pub ? Tel nouvel antidiabétique responsable de quantités de complications cardiaques sévères aux Etats Unis, au Canada, en Grande Bretagne continue d'être autorisé en France.
Un vaccin contre le risque futur, hypothétique, de cancer du col utérin, est vivement conseillé aux futures adolescentes avant les premiers émois sensuels que Dame Nature fait intervenir de plus en plus tôt ? Des cas récents de morts subites viennent d'être décrits chez 2 jeunes femmes, allemande et autrichienne récemment vaccinées, l'AFSSAPS reste sereine et les prescriptions continuent à fleurir.

renforcer la compétence

En dehors des incontournables revues et périodiques médicaux, et aussi des visiteurs médicaux dont le but premier est, ne le nions pas, de faire gagner de l'argent en vantant les propriétés positives des produits, il reste aux médecins de s'informer autrement .
La revue PRESCRIRE, les sites tels Pharmacritique, Pharmacorama, Charlatans.info et autres abondent en mises en garde salutaires dont tout médecin soucieux (de ses patients et de son savoir) devrait être redevable. Reste aussi aux patients à s'informer valablement et à questionner leurs médecins.

NDLR : Cette LEM, une fois de plus, nous semble pour les soignants une illustration concrète de l'article suivant de notre Charte d'Hippocrate (2):
- 16°) J'entretiendrai et perfectionnerai sans relâche mes compétences tout au long de ma vie.


Références :
(1) PLoS : bibliothèque scientifique publique américaine , consulter http://fr.wikipedia.org/wiki/Public_Library_of_Science
(2) Charte d'Hippocrate d'Exmed http://www.exmed.org/archives08/circu532.html

Os court :<< C'est pas grave d'être malade quand on est en bonne santé . >>  
Coluche


Lire la LEM 535 Lecture de l’article 1 de la Charte d’Hippocrate - Bruno Blaive

Lire la LEM 534 La Grande Illusion ( art. 8 de notre charte ) - Françoise Dencuff

Lire la LEM 533 Le continent noir de l'après diplôme - François-Marie Michaut