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xxx Que de beaux discours pour nous vanter la nécessité de sauvegarder la biodiversité pour notre futur. Si nous prenions quelques instants pour nous interroger sur la pertinence de notre vision de ce qu’est ce fameux domaine du vivant ?
Jusqu’à bien recemment, comme , je pense, probablement la majorité d’entre nous, je me contentais de quelques connaissances sommaires sur les organismes ( animaux, végétaux ou champignons ) composés d’une ou de plusieurs cellules comportant des organites et un noyau.
On les dit alors eucaryotes, ce qui peut s’entendre comme << bien noyautés >>. Pour un médecin, cela va de soi, il est impossible de tout ignorer de l’univers infiniment petit des bactéries, dont la caractéristique la plus voyante est d’être dépourvues de noyau.
xxxDepuis 1977 exactement ont été découvertes par Carl Woese ( Université de l’Illinois, Etats-Unis ) ces étranges archées, ou archaea.
Elle sont aussi nommées archébactéries, bien que fondamentalement différentes dans leur structure des bactéries, et sans qu’il y ait antériorité des unes sur les autres. La place manque ici, et peut-être aussi la compétence de l’auteur, pour détailler toutes leurs caractéritiques. Sur le conseil que m’a donné Patrick Berche ( microbiologiste et doyen de l’Université Paris-Descartes ) que j’ai interrogé à ce sujet, le lecteur curieux peut trouver un article bien fait sur Wikipedia (1).
Ce qui a mis la puce à l’oreille de nos biologistes, c’est la découverte de structures vivantes ( car contenant un ARN , acide ribonucléïque et un chromosome circulaire) dans des milieux où toute vie était réputée impossible. Températures supérieures à 85 degrés, ph ( acidité ) proche de zéro, glaces polaires, lacs salés etc...
On parle alors d’extrêmophiles. L’avantage pour la recherche est évident : en reproduisant en laboratoire les mêmes conditions d’environnement, il a été possible de procéder à des cultures de ces archées. Les paléontologues ont réussi à retrouver des fossilles d’archées remontant à 3, 2 milliards d’années. Il est estimé actuellement que la vie est apparue sur la terre entre 3,5 et 3,8 milliards d'années.
xxxLà où les choses se compliquent, c’est que ces organismes vivants, au métabolisme parfois plus proche du nôtre ( celui des eucaryotes ) que de celui des bactéries, peuvent aussi prospérer dans des environnements banaux. Absolument comme nos bonnes vieilles bactéries, celles qui nous sont indispensables comme celles qui nous rendent malades.
Ces archées sont-elles de simples curiosités de Dame Nature, ne pouvant retenir l’attention que de quelques hommes de science en mal de curiosités marginales ?
En France, un nom s’impose dans ce domaine. celui de Patrick Foreterre. Il dirige à l’Institut Pasteur de Paris l’Unité de biologie moléculaire du gène chez les extrêmophiles (2).
Pour prendre conscience de la réalité de ce pan du vivant encore si peu connu, Patrick Berche conseille vivement la lecture du livre de Patrick Foreterre << Microbes de l’enfer >> (3) qu’il qualifie de passionnant.
XXXQu’a donc à faire la médecine de ces archébactéries ? Pour être franc, jusqu’à ce jour pas grand chose. Une recherche sur Internet ne permet guère que de retrouver la mention de maladies parodontales avec des archées méthanogènes ( fabriquant du méthane ), ainsi que la mention de la présence d’archées dans la flore colique.
Quand on songe que les archées représentent 20% de la biomasse, il devient fort étonnant qu’elles n’aient aucune interférence importante avec le fonctionnement normal ou pathologiques des êtres humains.
La médecine a existé bien avant qu’un certain Louis Pasteur ne vienne révolutionner en profondeur sa vision de certaines maladies. Cette fameuse << ère pastorienne >>, dans laquelle nous vivons encore n’a pu se développer que parce que Pasteur, plus que découvreur, a su agir comme rassembleur et catalyseur de connaissances jusque là éparses. Au milieu de mille difficultés, la résistance acharnée de la faculté de médecine contre ce non médecin n’étant pas l’une des moindres. Un petit voyage dans ce que Pasteur a écrit à ses contemporains sur ses travaux est fort instructif, tant dans sa forme que dans son fond pour des médecins contemporains (4).
Le terrain encore largement inconnu des archées en médecine ne le restera pas éternellement. La recherche médicale, comme l’industrie pharmaceutique, gravement en manque d’innovations depuis des années, ne laisseront pas passer cette chance. Alors, candidats pour devenir le nouveau Pasteur du XXIème siècle, à vos marques !
Et que la communauté scientifique et médicale soit vigilante et réactive à tous les détournements qui pourraient être faits par des amateurs de sensationnel et de mystérieux pour alimenter leurs entreprises charlatanesques toujours à l'affût.
Plus modestement, pour les citoyens ordinaires que nous sommes, il est important de réaliser que notre vision du vivant est encore loin d’être complète, que notre environnement, nous qui nous sentons de plus en plus << verts >> dans l’âme, est lui aussi infiniment plus diversifié, riche et ... résistant que ne nous le laissent entendre les faiseurs d’opinion qui parlent si fort !
Une petite leçon de modestie, c’est pas mauvais du tout pour notre santé, comme pour celle des autres.
Documents et références :
(1) Article Wikipedia sur les archées
(2) Le blog de Patrick Foreterre
(3) Microbes de l’enfer, Patrick Foreterre, éditions Belin 2007, 18 euros.
(4) Ecrits scientifiques et médicaux, Louis Pasteur, Le Monde-Flammarion, collection Les livres qui ont changé le monde, 2010, 4,90 euros
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