xxx   Slogan magnifique en cette période électorale…
Il a fait se lever, nous dit l’histoire, des générations en lutte contre les oppresseurs.
Il orne le fronton de nos bâtiments officiels.
Peut-on réellement y croire ?
Et quel impact ce « mantra » a-t-il dans le domaine de la santé ?

xxxCommençons par la liberté.
Liberté de quoi ? D’acheter toujours plus, de choisir son médecin traitant, de se soigner correctement, liberté religieuse ? Et quelle Égalité entre les gens du sud et ceux du nord, entre les QI à 150 ou à 70 ? Vous avez dit Fraternité ? Celle qui permet aux « frères » de rester entre gens de bonne compagnie ?
Quelques définitions :
Liberté : « pouvoir qu'a la volonté de se déterminer sans subir aucune contrainte » (Sapientia ds Dialogue Grégoire, éd. W. Foerster, p. 289, 18). La liberté est donc avant tout liée à la volonté qui elle-même dépend de la conscience de soi. Pas de liberté sans conscience de soi, de ses limites. Croyez-vous réellement que la majorité se détermine sans aucune contrainte, sans l’ombre d’une manipulation ? De quelle liberté parle-t-on lorsque, pour des raisons purement financières, il vous est proposé de partir travailler en Roumanie pour ne pas perdre votre emploi ou que l’obligation de choisir un médecin détermine votre taux de remboursement ?
Égalité : 1re moitié xve s. [éd. XVI s.] « relation entre deux choses ne présentant aucune différence de grandeur, de qualité » (Monstrelet, vol. 1, fol. 268 b ds La Curne). Peut-on parler d’égalité quand l’accès aux soins dépend avant tout de votre lieu de résidence, quand les scintigraphies seront drastiquement limitées parce que les deux réacteurs (l’un canadien, l’autre hollandais) fournissant les isotopes radioactifs sont en panne et démontrent, s’il en était besoin, l’incurie des « hautes administrations » ? Encore une fois l’égalité ne peut venir que de la conscience, celle des autres cette fois.
Fraternité : « lien existant entre personnes ayant des relations fraternelles ». Devant l’individualisme forcené, la religion de la jouissance et du plaisir instantané, les mauvais traitements que certains subissent de la part de ceux qui sont censés les soigner, peut-on encore oser se dire « frères humains » ?

XXXPeut-il exister une compétence qui définisse l’être humain en général et l’être médecin en particulier ? Une compétence ? Impossible pensez-vous, l’être humain est trop complexe, trop inconnaissable. Pourtant il en est une, bien galvaudée en ces temps difficiles : l’attention à soi et aux autres. Une compétence majeure, soeur de l’humilité, de la conscience et de la confiance. Une compétence qui ne se réveille que lorsque sonne le clairon de l’émotion… Une compétence trop souvent confondue avec tolérance ou solidarité. Une compétence qui fonde toutes les actions dignes d’être qualifiées d’humanistes.
Même si un dernier sondage nous réchauffe le cœur en montrant que les patients restent confiants en leur médecin (ce qui au passage a du déranger le président du Ciss, demandeur de cette étude !) peut-on vraiment penser que l’attention soit au cœur de nos préoccupations ? A fortiori celles de nos élus ?
La définition même de l’attention : action de tendre l’esprit vers quelqu’un donne le cap de l’être médecin…de l’être « humain ». Peut-on espérer que cette compétence unique servira de critère majeur au recrutement des soignants ? L’attention réunit nos trois valeurs à nous, passagers d’Exmed, la confiance, la conscience et la compétence. Elle a surtout l’avantage d’être concrète et pragmatique. Liberté, égalité et fraternité ne seront jamais à la hauteur de leurs ambitions. Parce que la Vie n’en a que faire. La Vie est différences, inégalités, chaos. Elle est mouvement perpétuel impossible à graver dans le marbre. L’attention laisse toute sa place à ce mouvement, elle se contente de tendre l’oreille et la main.
En tout état de cause, la capacité d’attention à l’autre comme à soi-même est certainement une compétence qui mériterait de figurer en lieu et place des trois vœux pieux liberté-égalité-fraternité censés régir nos politiques comme toute notre vie sociale.