Mes doc en question

14 octobre 2013
Docteur François-Marie Michaut
lui laisser un message

Ses doc, ainsi pourrait parler en privé madame Marisol ( celle qui élève dit le mot en hébreu) Touraine des médecins de France qu'elle est politiquement chargée de tenir en laisse. Cette familiarité gentillette reste peu crédible. En termes populaires, le médoc, avant d'être un cru bordelais prestigieux, c'est le médicament.
Madame le ministre, selon Le Monde.fr du 9 octobre 2013, déclare que les praticiens français prescrivent trop de médicaments par rapport à leurs confrères européens. Altruiste inquiétude pour la bonne santé des malades ? Pas vraiment. Simple volonté comptable de réduire (très marginalement en fait), au moyen d'une loi, les dépenses de l'assurance maladie obligatoire.

Comme l'hypothèse que les citoyens de notre pays, malgré une longévité exceptionnelle, se porteraient plus mal que ceux d'ailleurs est écartée d'office, c'est de la faute des médecins si le pays consomme trop de médicaments.
Comme d'habitude dans les déclarations officielles, devant quelque défaillance humaine réelle ou supposée, il est suggéré de mieux former les médecins. Ah bon ? Les praticiens en France, du moins ceux qui prescrivent le plus (comprendre les généralistes libéraux), seraient mal formés ?
Si je ne me trompe, ils doivent, pour exercer, être légalement titulaires d'un doctorat d'État en médecine, dont la qualité est certifiée par la seule puissance publique. Incompétence des serviteurs de la nation, l'accusation implicite est lourde.

Ailleurs, les médecins n'ont ni envie ni besoin de délivrer de longues ordonnances. Tant mieux pour leurs patients, ainsi moins exposés aux risques iatrogèniques. Mais pourquoi cette différence ? Que ne savons-nous pas, ou ne voulons-nous pas, faire pour que les choses essentielles à une bonne formation des médecins prescripteurs deviennent une réalité ?
La trilogie antique (1958) de Robert Debré enseignement-formation-recherche, qui a si bien réussi aux hôpitaux hyper spécialisés de pointe, a dramatiquement laissé sur le bord de la route tout ce qui concerne la médecine la plus courante, celle qu'on pratique dans nos cabinets privés.
Où sont les travaux de recherche de taille nationale sur la médecine générale, qui travaille sur les traitements médicamenteux comme non médicamenteux des affections les plus courantes ? Où se cachent les recherches sur les pratiques médicales en médecine ordinaire ? Quelles peuvent être les références scientifiques accessibles et utilisables par les praticiens de France pour adapter au mieux leur pratique personnelle aux besoins de ceux qui font appel à eux ? Pourquoi ne fait-on aucun effort pour qu'existent enfin, et à nouveau, des publications professionnelles indépendantes de haut niveau afin que la pensée médicale en France puisse vivre au grand jour ? Les cerveaux nourris au lait intellectuel de la francophonie ne fonctionnent pas exactement comme les autres, c'est une réalité clinique dont on semble avoir honte. Demeurer à la remorque des seules grandes revues en anglo-américain est nous couper de notre réalité culturelle. C'est renier l'héritage unique de nos prédécesseurs, c'est, pathétiques anglophones que nous sommes, nous vautrer dans une médiocrité intellectuelle qui ne fait le jeu que de ceux qui rêvent ici d'un système de soins entièrement mécanisé, sans médecins, ni soignants.

Ce sont des investissements non négligeables et au long cours, c'est certain. Vaut-il mieux parier sur l'intelligence des hommes ou sur la fiabilité des gesticulations politico-administratives à court terme ?
C'est aux blouses blanches, et à personne d'autre à leur place, largement échaudées depuis des années, de faire connaître leur façon de voir les choses. Puis, c'est à la population elle-même, enfin honnêtement informée, de faire les choix nécessaires pour les soins dont elle a besoin.



PS : Il est probablement inutile de préciser que cette lettre, et plus particulièrement son titre, n'a aucun rapport, autre que phonétique, avec les trop célèbres haïtiens Papy Doc et Baby Doc.

Photo J-C D


Retrouver la confiance

 

Restaurer la conscience

 

Renforcer la compétence


Os court : « Il y a quelque chose de pire que d'avoir une mauvaise pensée. C'est d'avoir une pensée toute faite. »
Charles Péguy
Cette lettre illustre notre Charte d'Hippocrate.
Lien : http://www.exmed.org/archives08/circu532.html

      Lire les dernières LEM: