s




Système de santé,
lauriers fanés

    7 septembre 2015

Docteur Jean-François Huet

 lui répondre

Face aux cocoricos rituels sur notre prétendu meilleur système de santé du monde, pour ne pas tomber dans l'illusion, une analyse systémique objective s'impose.

Un  bon système de santé doit être :
Global : il ne doit négliger aucun secteur ou objectif. 
EN FRANCE l'assurance maladie ne s'est jamais impliquée dans les soins dentaires et l'optique. La mise en place de  rémunération des médecins sur des objectifs de santé publique, définis par l'état-assureur maladie , est un biais manifeste orientant la pratique au risque de négliger des pans entiers de la médecine

Accessible : ceci suppose l'accessibilité géographique(proximité) et économique (coût)
EN FRANCE,  on constate de plus en plus de déserts médicaux, une inégalité territoriale et sociale croissantes 
-un renoncement aux soins (1) du fait de délais de rendez-vous trop longs et de l'insuffisance de spécialistes, voire absence de généraliste proche assurant mal l'aval des soins hospitaliers. 

Efficace, techniquement et économiquement.
EN FRANCE le niveau technique est bon sans être exceptionnel, mais la gestion du système de santé est catastrophique. Les hôpitaux et les cliniques sont en perpétuelles difficultés, il y a une crise des vocations dans certaines disciplines et un vieillissement important du corps médical . Celui-ci est démotivé et paupérisé, en dépit du coût exorbitant du système qui obère gravement l'économie du pays. L'obligation de souscription à deux assurances maladie (2)  génère un surcoût de gestion stupide et particulièrement inopportun  de plusieurs milliards d'euros pas an. La casse de la médecine générale de proximité a entraîné un recours excessif et ruineux aux services d'urgence. Les fermetures de services obéissent souvent à des motifs obscurs (affaire récente du service d'oncologie de Garches)

Acceptable : c'est à dire ayant l'assentiment de la population et des professionnels.
EN FRANCE la satisfaction de la population semble liée à un fonctionnement « à guichet ouvert » donnant une illusion de gratuité.  Il en résulte une déresponsabilisation et un coût exorbitant. On note par ailleurs un conflit permanent entre les autorités tutélaires et les praticiens qui se jugent déconsidérés et sous payés par rapports à leurs confrères européens. La radicalisation des positions de tous les acteurs les uns envers les autres est évidente, il en résulte un défaut évident d'écoute et de collaboration efficace

Planifiable et évaluable 
EN FRANCE : il n'y a qu'une planification fantaisiste, l'évaluation est inexistante en termes de besoin et de financement.

Souple et modifiable (adaptable à une épidémie par exemple ou à descirconstances particulières) 
EN FRANCE:Des flops répétés : Grippe aviaire, prion, grippe H1N1, Ebola
-scandales divers : transfusion, mediator , 
-interventions malencontreuses ; statines, pilules anticonceptionnelles ...
-recommandations contestables comme sur le dépistage du cancer de prostate déjà responsables sur le terrain de la constatation d'un grand nombre d'adénocarcinomes « dépassés» chez des sujets jeunes (« épidémie» de T3 inopérables en vue) (3)
-absence de démocratie sanitaire réelle en dépit de l'existence de dispositifs consultatifs qui constituent en fait des comités théodules (URPS, conférences sanitaires de secteurs )
-relations faussées avec des syndicats médicaux « accompagnateurs du système conventionnel » parce qu'ils sont subventionnés par l'assurance maladie collectivisée et non par les cotisations de leurs adhérents.

Au total, il existe en France un système étatisé, auto-satisfait, totalitaire et ruineux qui se juge lui-même et semble avoir ses propres objectifs dont le principal est le maintien, d'un système d'assurance maladie devenu en 2015 ubuesque obsolète et ruineux. C'est un héritage du collectivisme du siècle dernier, épaulé par des assurances complémentaires opportunistes qui ne résolvent en rien le problème récurrent de solvabilité économique et humaine du système.

Notre système de santé sur-administré ruineux verrouillé par des mécanismes étatisés  qui seront aggravés par la Loi dite de modernisation de la santé ,est en déshérence et ne mérite plus depuis longtemps sa place de meilleur système mondial ni les commentaires dithyrambiques faits à son propos, il y a quelque années par l'OMS 

Par ailleurs on sent nettement la « montée en puissance » d'une nomenklatura mutualiste et d'une connivence politico-économique qui nous éloigne tous les jours un peu plus des incantations solidaires et moralisatrices dont les responsables du système de santé sont coutumiers.

Une refonte totale du système est inévitable. Elle ne peut survenir qu'après une remise en cause sans concession du système d'assurance maladie tel que chacun peut l'observer. 



Notes :
(1) Et rarement pour des motifs économiques, en dépit des allégations fallacieuses des responsables du système. (NDA)
(2) La sécurité sociale obligatoire et l'assurance maladie complémentaire dite souvent «mutuelle». (NDLR)
(3) Nous reviendrons très prochainement ici, avec Cécile Bour, sur la question du dépistage du cancer du sein et de la scientifiquement et humainement si discutable campagne Octobre rose. (NDLR)


 


La LEM est aussi sur :
(abonnement version mail)

blogger LEM


Os court :

« Quand un diabétique meurt carbonisé, ne vous étonnez pas si ça sent le caramel ! »

Pierre Doris

      Lire les dernières LEM

  • Islam sans voile, D.Marche LEM 926
  • Mal à dire , François-Marie Michaut LEM 925
  • Partitions À PART ÇA , Jacques Grieu LEM 924
  • Pas fous, juste soumis , François-Marie Michaut LEM 923
  • Médecine économe, François-Marie Michaut LEM 922