La guerre de la Connaissance

    16 novembre 2015

Docteur François-Marie Michaut
 lui répondre

Trois quarts de siècle, et je croyais en avoir fini. Né quelques jours avant l'invasion allemande, il a fallu que je parvienne à l'âge de 22 ans avec le traité d'Evian, pour que je puisse, enfin, et avec quelle joie, me dire : je ne vis plus dans un pays en guerre !
Nous voici en pleine conscience collective que c'est fini la paix, depuis le sanglant assaut parisien du vendredi 13 novembre 2015. Le calendrier musulman des agresseurs désignés indique, lui, le 1er Safar al Khayr 1437. Symbolisme des commanditaires de l'ombre à ne pas négliger, ce premier jour, et, dit Wiki, Safar, c'est le vide, Khayr, le bien, le bienfait et le bonheur octroyé par Dieu. Comment concilier cela avec les tueries ?

Bien avant de songer aux actions purement policières, judiciaires, diplomatiques et militaires pour répondre à cette guerre ouvertement déclarée, il faut tenter de comprendre pourquoi nous, les habitants du pays de France de 2015 attirons tant de haine homicide ? Ce sont nos valeurs dont nous sommes les porteurs qu'il s'agit clairement de faire périr. Nous avons nous-mêmes tellement de difficultés à en percevoir la valeur et l'importance tant cet héritage culturel est riche, lourd et ancien. La dénomination choisie par le célèbre groupe terroriste né au Nigeria près du Lac Tchad est éloquente. Boko Haram, cela dit en langue haoussa, que l'éducation occidentale est un péché. Le programme visé, comme pour Daesh, est d'imposer, par la force, le retour de l'humanité 1437 ans en arrière ! Soit, pour nous, un retour en l'an 758.

Nos valeurs, c'est l'héritage accumulé de tout ce qui nous a construits, tels que nous sommes actuellement. Gigantesque travail collectif que nos générations de fourmis pensantes ont su conserver et perfectionner sans cesse au fil du temps, dans tous les domaines de l'activité humaine. Les découvertes scientifiques et techniques y ont pris une place de premier plan, nous donnant à tous des puissances d'action sur le réel inouïes. C'est grâce à la connaissance sans cesse travaillée que nous en sommes là.

Nos adversaires nous affirment que c'est eux qui, grâce à la révélation du Prophète, sont les dépositaires exclusifs de la seule véritable connaissance : celle d'Allah, le seul et unique créateur de toute chose dans l'univers.

Notre guerre, ce sont, avant tout, deux types de connaissance qui s'affrontent. L'une, disons-là pour simplifier, « occidentale » fortement marquée par une pensée rationnaliste refusant de considérer ce qui ne ressort pas directement des limites strictes des sciences ( donc les spiritualités et religions), et l'autre, en raccourci, « islamique » n'accordant aucune valeur sérieuse ( bien qu'en profitant sans état d'âme)) aux apports des disciplines contemporaines.
Science écrasant tout contre conscience mahométane voulant retourner aux sources historiques décrétées insurpassables ? Si tel était le cas, seule l'extermination totale d'un des deux protagonistes serait envisageable.

Une issue possible demeure pour ceux qui veulent bien voir plus loin que le bout de leur nez. C'est ce que j'ai nommé dans mon titre : la Connaissance. Oui - je n'aime guère employer cette accentuation litterale - connaissance avec un c majuscule.
   Cette Connaissance doit être capable de prendre en compte en même temps, et l'apport extraordinaire des sciences et des arts, et ce que les traditions religieuses, malgré toutes leurs vicissitudes historiques, sont parvenues à nous transmettre jusqu'à maintenant.
   Donc, un double effort s'impose. Du côté « occidental », cesser de ne vouloir cultiver que le rationalisme en se moquant, comme insignifiantes ou dépassées, des spiritualités de la planète. De l'autre bord, retrouver ( comme ce fut jadis le cas de notre chère médecine arabe en Espagne ), l'envie de s'investir dans toutes les disciplines scientifiques afin de les confronter courageusement à la foi religieuse.

Une Connaissance enfin sans frontière, surplombant toutes les autres connaissances accumulées par les hommes depuis leurs origines.
Il n'y a pas de fin possible à cette guerre terrifiante par les armes et la violence. Il ne nous reste que l'utilisation intelligente des capacités, encore très sous-employées, des cerveaux de tous les êtres humains.




                                                                         Cliché Exmed


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comme une montagne en surplomb. »

           Philippe Jaccottet , poète

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