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Lettre d'Expression médicale n°149

Hebdomadaire électronique francophone de santé . 5 mai 2000

Comité éditorial : Pr Jean-Paul Escande (Paris-Cochin), Paul Fabra (Paris), Odile Marcel (Lyon III)

Directeur François-Marie Michaut (MD), 4 bis rue Saint Michel, 17000 la Rochelle (France).

Téléphone, répondeur, télécopieur : + (33) 5 46 27 01 98
Consultation des archives de la LEM

Feu le bismuth

Le Père Igor

Qui se souvient des vertus thérapeutiques du bismuth , tant vantées par nos Maîtres ? Quelques vétérans comme moi ? Au cours de nos chères études , ce noble métal n'était-il pas mis à toutes les sauces ? Une panacée présentée comme substance active de plusieurs dizaines de spécialités à visée gastro-intestinale . A faible dose, il était indiqué dans les colopathies avec accélération du transit ; à dose moyenne, il était un excellent pansement-cicatrisant de l'ulcère gastro-duodénal ; à posologie plus forte il accélérait le transit des colopathes constipés. Et puis soudain , dans les années 1972/73 , haro sur le bismuth ! Il fut accusé de tous les maux ; il était devenu brutalement neuro-toxique ( moins de dix cas d'encéphalopathies iatrogènes avaient été décrits au Japon , qui était le plus grand consommateur mondial ), néphro-toxique, hépato-toxique. Aujourd'hui , ne subsistent au Vidal que seize spécialités le contenant, pour la plupart par voie rectale , où il est très faiblement dosé et réservé essentiellement à la proctologie ; plus une spécialité homéopathique évidemment très diluée . Que s'est-il donc passé ? Vous pensez peut-être qu'il s'agit d'une prouesse de la pharmaco-vigilance internationale ? A cette époque le prix du Bismuth-base a subi une brutale flambée , parce que la NASA était très demandeuse de ce métal qui entrait dans la composition de certains alliages de ses fusées . Pas surprenant qu'il soit aujourd'hui commercialisé en suppositoires . . .

Retrouver la confiance

- Sous le signe emblématique du Toucan vient de naître l'association des médecins maîtres-Toile francophones, dont les 28 sites Internet actuels adhérents constituent une des plus fortes concentrations de documents médicaux au service des internautes de langue française. Le bureau est constitué des Drs Robinet, Raybaud , Auriol, Louvet, Pinguet sous la présidence du Dr Michaut. ( http://www.mmt-fr.com )

Restaurer la conscience

- 700 000 jeunes français seraient des enfants dits " surdoués " et en position d'échec scolaire et de fréquente souffrance psychologique ( Congrès de Lille en fin avril 2000 ). La plus grande partie d'entre eux restera méconnue, car le diagnostic formel nécessite un bilan psychologique complet accompagnant la mesure du fameux QI. Or ce diagnostic n'est pas, sauf rarissimes exceptions, de la compétence des médecins, mais seulement des psychologues spécialement formés à la passation ( longue et coûteuse ) des tests psychologiques. Le corps médical ayant probablement fait barrage par défense corporatiste, les psychologues cliniciens restent des inconnus des services de l'assurance maladie obligatoire. Le public en est-il bien conscient, et estime-t-il normal cet état de fait ? Les médecins eux-mêmes savent-ils bien ce que ces soignants par la parole peuvent apporter à leurs patients ? On en parle bien rarement, comme si la psychologie, dont l'Ecole française avec Jannet et Charcot fut pourtant si brillante, avait perdu tout intérêt pour les patients face à la technoscience dominante.

 

Renforcer la compétence

- « ... (titre bien connu de la presse médicale en France, correction de la rédaction ) évolue irrésistiblement de façon progressive mais accentuée vers le politiquement correct, ci joint quelques exemples parmi bien d'autres. Faire de Sartre le champion de la liberté alors qu'il fut jusqu'au bout un stalinien "non repentant " ! Quelle performance de s'être trompé toute sa vie ! » Lettre du Dr Serge Rattel ( extraits) . Voila un point de vue personnel qui conforte la nécessité de multiples expressions médicales , dont Exmed , avec toutes ses maladresses, est un exemple. Quelques jours de repos nous aideront à continuer le dialogue avec les lecteurs.

 

Os court : « Quand les yeux sont cernés, la place est prise » Willy

© Exmed 2000

 

@ La Lem 150 sortira le 26 mai

 
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Lettre d'Expression médicale n°150

Hebdomadaire électronique francophone de santé . 26 mai 2000

Comité éditorial : Pr Jean-Paul Escande (Paris-Cochin), Paul Fabra (Paris), Odile Marcel (Lyon III)

Directeur François-Marie Michaut (MD), 4 bis rue Saint Michel, 17000 la Rochelle (France).

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Nous avions raison

Dr François-Marie Michaut

 

Depuis le début de la LEM en 1997, nous n'avons cessé de répéter ici que le concept de maîtrise des dépenses de santé adopté en France pour résoudre le problème du déficit financier de l'assurance maladie obligatoire était une ineptie. Ses défenseurs furent tellement arrogants et dominants que nous fûmes conduits à examiner de près au nom de quels principes ils pouvaient affirmer, en tapant si fort du poing sur la table, qu'il n'y avait pas d'autre solution possible pour l'avenir. C'est ainsi qu'est née, de façon on ne peut plus confidentielle, notre formation à l'économie des soins de santé, baptisée " D'un caducée à l'autre ". Et là, au fil des semaines, est apparue de plus en plus ouvertement la faiblesse extrême des raisonnements tenus par nos gouvernants. Lisez ou relisez ces documents sur le site Exmed, et vous serez surpris de leur pertinence. Oui, le système français d'assurance maladie obligatoire a retrouvé un équilibre comptable. Non, les dépenses de santé n'ont pas diminué, mais bel et bien augmenté. La seule différence est que les recettes ont augmenté, car de multiples emplois se sont enfin créés. Et, notamment grâce aux retombées de l'Internet, ce n'est probablement pas fini. La solution du problème n'est pas venue des mesures politiques de restriction, mais du résultat logique de libres initiatives personnelles. Alors, si on laissait enfin les médecins faire leur métier à leur convenance, les patients s'en trouveraient-ils plus mal ?

Retrouver la confiance

- Dans le journal AMA News , on se préoccupe de la qualité de la médecine aux USA. Le président de l' Association des Médecins Américains, le Dr Randolph D. Smoak Jr., a annoncé une victoire dans tous les hôpitaux de vétérans. Au début de ce mois, le Sous-Secrétaire de la Santé pour les Affaires des Vétérans, le Dr. Kenneth Kizer avait annoncé que les "non-médecins" auraient le droit de prescrire les médicaments dans tous les hôpitaux des vétérans aux USA. Le Vice Président de l' AMA, le Dr. E. Ratcliffe Anderson, Jr., a écrit au Dr. Kizer, que la proposition était inacceptable, et exposerait tous les patients du système VA (vétérans administration) à un risque extrême. Non seulement il y a un risque direct, mais il n'y avait pas assez de garanties pour la sûreté des patients, a écrit le Dr. Anderson. Il a conseillé au Dr. Kizer d'annuler cette proposition aussitôt que possible. Deux jours après le Dr. Kizer a annulé ce projet. Le Dr. Smoak a affirmé que l' AMA sera toujours vigilante au maintien de la sûreté des patients, quand le règlement final sera publié. De notre correspondant permanent aux USA, le Dr Harold Burnham.

Restaurer la conscience

- L'idée est dans l'air depuis longtemps : ne développe pas une maladie cancéreuse n'importe quel sujet à n'importe quel moment. Il existe probablement des circonstances psychologiques favorables à une telle pathologie, estiment les cliniciens . L'équipe helvétique de recherche de René Vaucher, qui nous a fait l'amitié de nous écrire, pense qu'une meilleure connaissance du profil psychologique des patients constituerait une arme préventive intéressante. Sa méthode utilise principalement des renseignements obtenus par analyse graphologique sur un grand nombre de sujets cancéreux. Si des lecteurs veulent participer, il suffit de faire parvenir de façon anonyme un échantillon d'écriture manuscrite, le sexe, l'âge et le type de cancer soit à la LEM, soit à R.Vaucher, 6 rue d'Oche, 1920 Martigny ( Confédération Helvétique ) tel/fax 0041 27 722 69 24. Merci.

Renforcer la compétence

- La page sur le harcèlement moral d'Exmed, et la liste de discussion par e-mail "lemalist", connaissent un grand développement actuellement, avec beaucoup de témoignages vécus de tous les pays francophones, tant en milieu professionnel que dans la sphère privée. Cette prise de conscience prend une allure de lame de fond dans les relations humaines contemporaines.

 

Os court : « Chaque médecin a sa maladie préférée » Henry Fielding
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Lettre d'Expression médicale n°151

Hebdomadaire électronique francophone de santé . 31 mai 2000

Comité éditorial : Pr Jean-Paul Escande (Paris-Cochin), Paul Fabra (Paris), Odile Marcel (Lyon III)

Directeur François-Marie Michaut (MD), 4 bis rue Saint Michel, 17000 la Rochelle (France).

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Une relation de grande confiance

Dr François-Marie Michaut

C'est ainsi qu'Alain Cayrol qualifie le résultat de l'enquête " votre médecin et vous" de la presse régionale française ( La Montagne 26 mai 2000 ). " Qu'il m'écoute et qu'il me dise la vérité ... Voilà les deux grandes attentes du patient français à l'égard de son médecin ", écrit le journaliste, après avoir quand même pris la précaution oratoire de préciser " outre le fait qu'il le guérisse ". La primauté absolue de la qualité de la relation humaine ne peut être plus clairement affirmée. Comment les personnes jugent-elles la façon dont les praticiens se comportent ? " Mon médecin est formidable ! ... c'est même éclatant dans notre enquête. Avec des pourcentages rares dans les sondages, les Français décernent un superbe hommage à "leur" médecin : 93% pensent que leur médecin est suffisamment à l'écoute ... , 92% qu'il les informe précisemment ". Alors, sommes-nous d'affreux pessimistes pour estimer qu'il y a un déficit majeur dans la dimension humaine des pratiques médicales les plus prestigieuses ? Probablement pas. Le public parle de ce dont il dispose actuellement en matière de soins médicaux, et qui peut lui convenir ( tant mieux, c'est réjouissant) parce qu'il ne connait rien d'autre, parce qu'il est à l'écart de ces cas extrêmes que tous les médecins connaissent, et où nos limites sont atteintes. Nous avons choisi ici d'en parler ouvertement, pour que nos soins s'améliorent encore autant que nous le souhaitons.

 

Retrouver la confiance

- Hélas, dit la même enquête, du côté des médecins, la confiance n'est pas au rendez-vous. Les quelques 7% de mécontents de la relation médecins-malades font des dégâts : 15% des médecins et 25% des spécialistes sont confrontés à des plaintes de patients. Les médecins multiplient alors les précautions, même médicalement superflues, pour tenter de se protéger. De plus, ils regrettent vivement que le temps de plus en plus important consacré aux tâches administratives et informatiques diminue le temps disponible à l'écoute des patients.

Restaurer la conscience

- Les maladies infectieuses semblaient bien constituer l'un des domaines de triomphe de la médecine contemporaine. Or, tout n'est pas simple, avec ce qu'on nomme les infections émergentes. Il s'agit soit d'infections devenues résistantes aux antibiotiques ou causées par des germes nouveaux. On peut citer le virus Nepah, l'entérite nécrosante infantile, la salmonellose résistant à la ceftriaxone, la gastroentérite fébrile à listeria monocytogenes associée à la consommation de maïs. Le point commun de ces maladies est d'entrainer une grande mortalité ou de séquelles neurologiques sévères. Les spécialistes américains disent à nouveau leur inquiétude, car tous les pays du monde sont touchés, et on ne connait pas encore de parades efficaces ( d'après un compte-rendu d'Harold Burnham, notre correspondant aux USA, sur les propos de Michael T.Osterholm, Ph.D., M.D., Eden Prairie, Minnesota) .

Renforcer la compétence

- Dès 1997 le Dr Fouques-Duparc, médecin généraliste parisien, racontait son combat dans la LEM pour que soient développés avec vigueur la lutte contre la douleur dans nos hôpitaux. Hélas, malgré tous ses efforts, il n'a pas été entendu par le Ministère. Et pourtant, dans le sondage sur la santé cité ici, l'avis du public français est sans appel . L'amélioration de la prise en charge du traitement de la douleur, avec 73% est reconnue comme la priorité majeure en milieu hospitalier. Ce confrère, découragé par des promesses officielles jamais tenues, a été contraint pour des raisons économiques de se reconvertir dans une autre activité médicale, sans pouvoir mettre au service de la collectivité la compétence qu'il avait atteint dans ce domaine médical.

Os court :

« Rien ne ressemble plus à du Mozart que du Ravel quand t'y connais zéro »

Jean-Marie Gouriot "Brèves de comptoir"


 

Lettre d'Expression médicale n°152

Hebdomadaire électronique francophone de santé . 8 juin 2000

Comité éditorial : Pr Jean-Paul Escande (Paris-Cochin), Paul Fabra (Paris), Odile Marcel (Lyon III)

Directeur François-Marie Michaut (MD), 4 bis rue Saint Michel, 17000 la Rochelle (France).

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Information des patients

Odile Marcel

« Quelqu'un est affecté par des troubles inhabituels, gênants, douloureux, qui ont peu à peu surgi dans son corps. Il se décide à consulter. Son médecin lui apprend qu'il s'agit de symptômes évoquant une affection grave, peut-être un cancer. Il faut "faire des examens". Moment d'angoisse maximale pour le patient. Pour le médecin, il s'agit de la possibilité d'une affection "où le pronostic vital est engagé". Pour le futur malade, il est déjà à la mort, une mort horrible, brutalement surgie pour détruire sa quiétude, sa confiance et sa tranquillité vitales. Au lieu que le médecin pense à se garantir par la loi, j'attendrais plutôt un rappel du serment d'Hippocrate. Ici le médecin est l'intermédiaire entre le patient et sa (possible) mort annoncée. Il est celui qui va le garantir contre cette mort, chercher à servir de rempart. Pour le malade, il est d'abord celui qui a accès au secret de la vie et de la mort, celui qui a annoncé que l'ancienne "vie normale" est révolue. Il est le messager, le porte-parole de la dimension tragique (fatalité à laquelle on ne peut rien) qui, dorénavant, règne sur cette vie ici présente (la sienne, la mienne). Par sa gravité, sa présence peut-être un peu solennelle, le médecin doit assurer le patient qu'il est bien cette figure, qu'il est bien en train d'assumer cette situation, et non la bousiller par sa désinvolture, son indifférence, son absence de conscience de ce que signifie son rôle et sa présence...

Retrouver la confiance

- Redire au médecin qu'il est d'abord dans une situation humaine, vitale, relationnelle, sociale, une situation qui se passe entre semblables. Une situation psychologique POUR LUI AUSSI, POUR LUI COMPRIS. S'il se projette tout de suite dans l'expertise et le retrait relationnel, il rate son engagement dans une relation symbolique ( douée de sens). Le fait-il par peur, par lâcheté, par bêtise ? Le fait de gérer de travers cette situation aura des conséquences ( une crise ).

Restaurer la conscience

- Si quelque chose a été détruit ( ... la relation thérapeutique ), on entre dans la violence, dans le non-sens. La maladie mortelle est une violence faite au vivant. Il est inutile que s'ajoute une violence symbolique, une violence relationnelle ou sociale. Une injustice. Un défaut de responsabilité. Edward Bond dit que pour être humain, il faut avoir de l'imagination. Que le médecin ne casse pas trop vite sa faculté de ressentir ce qui se passe de l'autre côté de son bureau. Sa responsabilité médicale ne doit pas se définir seulement en tant qu'efficacité - efficacité recherchée ici, idéalement... Pour le moment, et tant qu'il n'existera pas de traitement véritable, la présence du médecin comme intercessseur destinal - si on peut dire- est donc prévalente. L'oublier est faire injure à la réalité et se dissimuler ses peurs. Se dissimuler aussi une part de son engagement, ou même la réalité de son engagement professionnel : aider les autres face à la mort. Pourquoi ne pas en parler ? Puisque cela fait partie du métier ».

Renforcer la compétence

- Les textes composant cette LEM ont été rédigés par Odile Marcel, professeur de philosophie à l'Université de Lyon III, en commentaire d'un protocole de prise en charge des malades cancéreux. Il existe à Lyon un projet de post- formations de philosophes qui s'insèreraient dans le système de formation des médecins. Six journées de séminaires sont prévues en 2000 sur les thèmes : histoire des sciences et épistémologie, biotechnologie et relation médecin-malade. Odile Marcel prend en charge ce dernier thème avec le Dr Romestaing . " Comme les choses bougent tout à coup ! " conclut notre philosophe du comité éditorial de la LEM.

 

Os court :

« Il n'y pas de bon vent pour celui qui ne sait où aller » Sénèque


 

Lettre d'Expression médicale n°153

Hebdomadaire électronique francophone de santé . 15 juin 2000

Comité éditorial : Pr Jean-Paul Escande (Paris-Cochin), Paul Fabra (Paris), Odile Marcel (Lyon III)

Directeur François-Marie Michaut (MD), 4 bis rue Saint Michel, 17000 la Rochelle (France).

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Nouvelle spécialité médicale

Dr F.M.Michaut

L'abolition des frontières terrestres qu'entraine, au grand dam de pays comme la Syrie ou la Corée du Nord, la libre circulation des informations sur le Net pose toute une série de questions aux médecins. Outre Atlantique, où tout ce qui n'est pas interdit par la loi est volontiers censé être permis, on assiste à une prolifération de donneurs de consultations par internet, moyennant un paiement du demandeur. L'association des médecins américains s'est émue des multiples dérives dangereuses pour la santé, ou franchement charlatanesques, que cela peut entraîner. Toute une série de recommandations pour les médecins vient d'être publiée. Dans le monde francophone, nous n'en sommes pas encore là. C'est à nous médecins de rester très vigilants sur ce genre de dérives, et à déterminer en en débattant librement quelles sont les règles à nous imposer volontairement au cours de nos interventions sur la Toile. Il s'agit là d'une nouvelle spécialité de l'exercice de la médecine, dont le contenu ne peut venir d'aucune autorité académique, scientifique, hospitalière ou administrativo-politique. Un tel cas de figure est une petite révolution culturelle dans un pays comme la France où tout est supposé venir du haut, et où l'initiative privée a aussi mauvaise réputation a priori que l'argent ou le profit. L'expression médicale pourtant, c'est aussi ce soucis d'utiliser au mieux les techniques de communication pour la santé.

Retrouver la confiance

- Voici plusieurs mois qu'Exmed poursuit ses investigations sur l'utilité pratique des échanges par courriels entre internautes victimes de Harcèlement Moral dans leur vie privée ou dans leur activité professionnelle. Les retours que les uns ou les autres des 50 personnes concernées ont bien voulu transmettre se révèlent vraiment encourageants. La sortie du silence qui accompagne de telles souffrances psychologiques constitue une première étape permettant d'aller plus loin dans la recherche de solutions, notamment thérapeutiques. L'abord prudent et éthique de telles problématiques dans des communautés virtuelles est l'une des pistes possibles d'un usage irremplaçable de l'Internet dans le domaine de la santé des hommes.

Restaurer la conscience

- Pour coller au mieux aux trois objectifs, repris chaque semaine sur la LEM comme une litanie, de grands travaux sont en cours. Le Site Exmed est en bonne voie de modernisation. Il sera plus agréable à consulter, et reconsulter, pour les Internautes curieux d'aspects rarement abordés des pratiques médicales. Nos lecteurs y retrouveront leur LEM, et tous ses anciens numéros depuis 1997, sous une présentation plus professionnelle. Une fois n'est pas coutume, nos abonnés à la version papier de la LEM et de D'un caducée à l'autre ont dès ce numéro la primeur du nouveau logo Exmed.

Renforcer la compétence

- Les textes publiés ici chaque semaine ont-ils une unité ? Ou bien ne sont-ils qu'un agglomérat disparate, dépendant des contributions disponibles de ceux de nos amis, patients ou médecins, qui acceptent de s'exprimer ici ? Ce qui semble les unir, au delà de la disparité des points de vue et des sujets traités, est un dépassement des aspects technoscientifiques de la médecine. Un terme vient à l'esprit : celui de médecine relationnelle. Non seulement la relation humaine est indissociable de toute pratique, y compris les plus spécialisées, mais ce rapport particulier entre deux hommes possède en lui-même une possibilité thérapeutique importante quand il est cultivé, ou un potentiel iatrogène redoutable quand il est ignoré ou négligé comme secondaire, au nom de l'efficacité des soins de santé.

 

Os court :

« L'Etat ne doit pas faire ce dont les citoyens sont capables. » Abraham Lincoln

 

 


Lettre d'Expression médicale n°154

Hebdomadaire électronique francophone de santé 22 juin 2000

http://www.exmed.org/

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Directeur François-Marie Michaut (MD), 4 bis rue Saint Michel, 17000 la Rochelle (France).

*La preuve des faits

Dr F.M.Michaut

 

La méthode expérimentale, qui acquit ses lettres de noblesse avec Claude Bernard , s'impose toujours en matière médicale. Une conduite thérapeutique, un examen paraclinique ou une molécule médicamenteuse dont les effets se révèlent non prouvés, inutiles ou néfastes, sont ipso facto abandonnés par la plus grande partie de la communauté des médecins.Quelle n'est donc pas notre surprise en constatant que cette règle de conduite ne semble guère s'appliquer à d'autres activités humaines. Ainsi, l'un des joyaux de la réforme de l'assurance maladie obligatoire en France subit un échec patent. Un contrat signé entre un assuré et un médecin généraliste habituel, dit référent, sous le contrôle de l'assurance maladie, a été présenté comme un progrès majeur dans l'organisation des soins. 9,5% des médecins se sont inscrits à la date du 15 avril 2000 ( QDM du 19 juin, p. 5 ), alors que l'on devait dépasser les 20% en début 2000. On pourrait penser que l'engouement du public serait plus important, quand la dispense de paiement direct des honoraires remboursé est proposé en guise de carotte financière. C'est encore une erreur d'appréciation : moins de 1 % des assurés sociaux auraient, selon la même source, choisi une telle formule d'abonnement. Pour des esprits médicaux, la cause serait définitivement entendue, le système devrait être immédiatement supprimé. Là, ce ne sont pas les médecins qui décident, et le système inadapté reste.

Retrouver la confiance

- Coup de tonnerre dans la grisaille ambiante ! La peu fantaisiste organisation mondiale de la santé vient de publier un classement des systèmes de santé dans le monde. Divine surprise pour les professionnels de santé français, en butte depuis des années aux critiques acerbes des politiques, servilement retransmises par les médias traditionnels. Le système de santé français serait actuellement le plus satisfaisant, ou plus exactement le moins imparfait . Le modèle britannique figure à la 18ème place de ce classement et le si prestigieux modèle américain à la 37 ème place. De quoi retrouver un peu de confiance, sans fermer les yeux sur les imperfections, naturellement.

 

Restaurer la conscience

- La question de la possibilité de déposer des brevets sur les gènes humains a déjà été soulevée ici. Une directive européenne autorise une telle pratique. A ce titre, son application devrait s'imposer en France avant le mois de juillet. Or, cette disposition est contraire à notre droit national, aux lois sur la bioéthique de 1994 et surtout au code civil qui interdit la commercialisation du corps humain. Une pétition sur l'Internet intitulée " Touche pas à mon génome" a été lancée par Jean-François Mattei, professeur de médecine et homme politique. Elle qualifie le génome de "patrimoine commun de l'humanité " ( Qdm 9 juin 2000 ). Dans cette affaire, comme toujours, les experts ont été consultés par les décideurs politiques. Mais le débat ne s'est jamais engagé dans le public, alors qu'il s'agit de notre avenir à tous. Il s'agit d'une question strictement personnelle : " Qu'est-ce que moi, citoyen, je veux pour moi et pour les miens ? ". Techniquement, c'est actuellement réalisable. Psychologiquement, partager ainsi le pouvoir de décision n'est pas entré dans les moeurs de nos hommes politiques, toutes sensibilités confondues. Pratiquement, prendre la parole pour exprimer son opinion demeure une démarche bien difficile, même quand on en a toute la possibilité.

Renforcer la compétence

- La rénovation du site Internet d'Exmed sous la houlette d'Eric N'Guyen avance à grands pas, et nous avons bon espoir de vous présenter bientôt ce nouvel outil de communication de notre communauté d'expression.

Os court :

« Les préservatifs sont les accessoires de l'amour masqué. » Pierre Dac

Lecteurs professionnels de santé, facilitez votre navigation Internet et aidez Exmed en vous abonnant gratuitement au service Médipasse à http://www.exmed.org/exmed/ann.html

Consultation des archives de la LEM
Lettre d'Expression médicale n°155

Hebdomadaire électronique francophone de santé 29 juin 2000

Redondances médicales

Dr F.M.Michaut

" Aucun des médecins que j'ai vu n'a pu trouver ce que j'ai. Ils me refont tous la même chose, et j'en suis hélas toujours au même point ". Confidence désabusée de patient résumant son long et décevant parcours médical. Quel praticien n'a eu souvent la désagréable sensation que l'institution hospitalière, malgré l'importance de ses plateaux techniques, ne parvient pas plus que lui à un diagnostic expliquant les troubles présentés par son patient , et que l'on tourne en rond ? Combien de fois, le médecin généraliste n'a pas été agacé par le gaspillage des bilans systématiques, dont les découvertes fortuites ne répondent pas du tout à la question qui avait motivé l'hospitalisation du malade ? Si l'on veut aller un peu plus loin, chaque thérapeute ne s'appuie-t-il pas sur des routines qui conduisent aux mêmes modalités thérapeutiques répétitives, voire stéréotypées ?

Cette question des redondances médicales a des incidences importantes en termes d'économie des soins médicaux. Personne, pourtant, ne semble vraiment s'en soucier autrement que par des contraintes réglementaires, ou des visions théoriques de réseaux ou de filières qui passent à côté de l'essentiel, et braquent les professionnels de santé qui se sentent mis en accusation. Tant qu'un développement massif de la systémique médicale ne se sera pas lancé , nous serons dépourvus des moyens conceptuels qui puissent arrêter cette ruineuse et silencieuse hémorragie de moyens.

 

Retrouver la confiance

- Les trompettes triomphantes de la fin du premier déchiffrage du génome humain ne doivent pas abuser le public. La pratique médicale quotidienne est bien loin des prouesses technoscientifiques qui claironnent tant de promesses invérifiables d'une santé meilleure. La médecine de chaque jour se heurte à des difficultés bien concrètes qu'un effort commun d'élucidation permettrait de diminuer, si on savait simplement faire confiance aux capacités personnelles d'analyse et d'adaptation des professionnels de la santé par rapport à leur propre métier. La médecine de demain se construit beaucoup plus sûrement dans les cabinets médicaux les plus modestes que dans les hôpitaux ou les universités les plus prestigieux. Le plus grand obstacle est d'ordre psychologique plus qu'intellectuel. Il a pour nom notre autocensure, notre manque de confiance en nous-mêmes pour nous sentir pleinement responsables de notre fonction de médecins.

Restaurer la conscience

- Il faut et il suffit que chacun ait une vision claire de sa place dans le dispositif médical, et, en adulte, refuse toute vision hiérarchique et statique des fonctions de soignant. C'est une première approche indispensable d'une vision systémique du fonctionnement du monde complexe de la santé. Le Dr Adenis Lamarre nous y incite par ses récents messages didactiques sur LEM liste.

 

Renforcer la compétence

- L'acquisition d'une compétence en analyse systémique des problèmes est devenue une priorité dans les entreprises les plus dynamiques. Les corps constitués de la médecine ne semblent pas encore avoir pris conscience de l'enjeu crucial de cette autre façon de voir les choses. Le terme même de médecine systémique ou de systémique médicale n'éveille encore pratiquement aucun écho dans nos rangs. Pourtant, à Exmed, on croit qu'il ne s'agit que d'un retard et on profite de l'Internet pour proposer des documents originaux de formation, de FMC, qui, à notre connaissance, n'existent nulle part ailleurs. Pour les esprits curieux, et il y en a certainement parmi nous, une petite visite à http://www.exmed.org/exmed/syst.html . Les réactions des lecteurs médecins et non médecins à ce sujet seraient intéressantes. A vos plumes ou à vos claviers !

 

Os court : « L'échec est un morceau de la victoire. » Eric Escoffier (alpiniste)