ARCHIVES DE LA LEM
N°428 à 433
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Lettre d'Expression médicale n°428
Hebdomadaire francophone de santé
26 décembre 2005

Pour elles, c’est pas tous les jours Noël

Docteur Gabriel Nahmani

Faut-il le rappeler ? En France, la violence conjugale est un délit puni par la loi. Celle-ci indique que la violence au sein du couple est punissable au regard du droit pénal même si les partenaires ne sont pas mariés (Article 410 du Code Pénal de la loi du 24 novembre 1997). Le harcèlement aussi constitue un délit.
Le viol entre époux, longtemps nié par le droit, est condamné par la loi du 4 juillet 1989.

Retrouver la confiance:
Soize ( Françoise Dencuff) a récemment rappelé et reconnu dans nos échanges sur la liste Exmed-1 (*) que, depuis peu, l’on reconnaissait dans la chrétienté aux Femmes la possession d’une âme. Nous, mâles et même pales Exmédiens, en sommes intimement convaincus depuis toujours, mais, de par le vaste monde dans lequel nous vagissons, et depuis l’origine des Temps humains, c'est à dire de la Conscience, en a-t-il été et en est-il toujours ainsi ?

Restaurer la conscience
On peut en douter quand on considère la lecture consternante des faits
divers, les écrits de ceux qui font autorité, la débauche de sites pornos
sur la Toile, les vidéocassettes qui s’arrachent, la façon d’appeler un
individu du sexe féminin, la gonzesse, la salope, la truie…, les menaces
gestuelles ou, plus simplement verbales, le mépris affiché en cas de refus
de céder aux avances…et on peut conseiller de consulter le site "
<http://www.amnestyinternational.be/doc/article.php3?id_article=6454&nid=1>

Renforcer la compétence:
Et si, pour que, malgré tout, chacune et surtout chacun, puisse renforcer sa compétence en matière de respect de nos compagnes, je vous ai concocté un petit florilège littéraire. Un contre-poison …alternatif ?
1 / L'été l'hiver je t'ai vue, Dans ma maison je t'ai vue,
Entre mes bras je t'ai vue, Dans mes rêves je t'ai vue,
Je ne te quitterai plus. / Paul Éluard
2 / Les habits sont aux femmes ce que les aromates sont aux plats : En
petite quantité, ils en rehaussent le goût ; en trop grande, ils en masquent
la saveur véritable. / Guitry
3 / J’ai faim de tes cheveux, de ta voix, de ta bouche,
Sans manger je vais par les rues, et je me tais,
Sans le soutien du pain, et dès l’aube hors de moi
Je cherche dans le jour le bruit d’eau de tes pas./ Pablo de Neruda.
4 / Voilà l’Orient, et Juliette ( Goldberg ? NDA ) est le soleil! Lève-toi,
belle aurore, et tue la lune jalouse, qui déjà languit et pâlit de douleur
parce que toi, sa prêtresse, tu es plus belle qu’elle-même / Shakespeare.
5 / Si le plus grand plaisir des hommes est de se payer les corps des
femmes, le plus grand plaisir des femmes est de se payer la tête des hommes
/ encore Guitry, inépuisable…amoureux misogyne, 5 fois marié…
6 / Je verrai, si tu veux, les pays de la neige,
Ceux où l'astre amoureux dévore et resplendit,
Ceux que heurtent les vents, ceux que la mer assiège
Ceux où le pôle obscur sous sa glace est maudit.
Nous suivrons du hasard la course vagabonde :
Que m’importe le jour ? que m’importe le monde?
Je dirai qu'ils sont beaux quand tes yeux l'auront dit./ Alfred de Vigny
7 / Le pastis, c’est comme les seins : Un, c’est pas assez, Trois, ça fait
trop !/ Fernandel.
8 / J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, Couché avec ton fantôme
Qu'il ne me reste plus peut-être, Et pourtant, qu'a être fantôme
Parmi les fantômes et plus ombre Cent fois que l'ombre qui se promène
Et se promènera allégrement Sur le cadran solaire de ta vie./ Desnos
9 / Elle est debout sur mes paupières Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains, Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s'engloutit dans mon ombre Comme une pierre sur le ciel./ Éluard,
encore
10 / Vous vous plaignez du cul des femmes qui est monotone. Il y a un remède
bien simple, c'est de ne pas vous en servir/ Flaubert dans une lettre à
Maupassant !
11 / Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire
J'ai vu tous les soleils y venir se mirer, S'y jeter à mourir tous les
désespérés
Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire / Aragon, le Fou d’Elsa.
12 / Adieu donc, adieu à tout jamais, beaux visages ensorcelants que la
Mort bientôt, cette seconde mort qu’est l’oubli, viendra faucher dans la
fleur de l’âge. Grâce vous soit rendue pour avoir ensoleillé le chemin où un
vieil homme mélancolique ( G 2 V ? ) fait ses derniers pas, avant de donner
de la bande comme un rafiot avarié prenant l’eau de toutes parts, basculer
avec sa cargaison démantelée dont vous étiez l’acquis le plus précieux et
lentement s’ensevelir au fin fond de la grande nuit intemporelle…/
Louis-René des Forêts.
13 / Lorsque tu fermeras mes yeux à la Lumière,
Baise-les longuement, car ils t’auront donné
Tout ce qui peut tenir d'amour passionné
Dans le dernier regard de leur ferveur dernière. / Verhaeren et G2V

(*) NDLR : La liste de discussion par courriel Exmed-1 est ouverte à tous ceux, soignants comme non-soignants, qui pensent indispensables les échanges sur les questions de santé. Dans l’esprit de ce site, bien entendu. Pour s’abonner, écrire au maître-Toile
l'os court : « Je sais que la poésie est indispensable. Mais je ne sais pas à quoi.» Jean Cocteau


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Lettre d'Expression médicale n°429
Hebdomadaire francophone de santé
2 janvier 2006

Notre année Exmédienne à nous

Docteur François-Marie Michaut

Faut-il le rappeler à nos amis de la Toile ? C’est au siècle dernier, plus exactement en novembre 1997, que nous décidâmes d’utiliser le réseau des réseaux pour diffuser au delà de toutes les frontières ce qui nous semblait fondamental de pouvoir exprimer en matière de santé. Une expression, c’est exactement ce qu’on fait subir à un citron quand on veut en extraire, en faire sortir si vous préférez, tout son jus si riche en saveur et en vitamines. Année après année, nous avons poursuivi notre travail de publication virtuelle de l’essence des observations que nous sommes parvenus à faire sortir de nos modestes méninges. Notre seul mérite, si quelqu’un veut bien nous en reconnaître un, est de ne jamais nous être soumis à aucun pouvoir d’où qu’il vienne.
Si vous le voulez bien, enfilons ensemble le costume de l’historien ou du sociologue, et jetons ensemble un coup d’oeil sur ce qu’a été notre année à nous, dans la maison d’Exmed.

Retrouver la confiance:
Un événement majeur est survenu dans notre petite planète. Notre ami, confrère et complice de la première heure Jacques Blais nous a quitté le 23 avril. Déjà éprouvé par une importante opération vasculaire, son état de santé a nécessité une intervention chirurgicale pour une autre maladie grave. Très lucidement, il a choisi de la subir, pleinement conscient, en médecin qu’il était avant tout, de la gravité de son état. Comme, hélas, il arrive de temps en temps, une complication post-opératoire lui a été fatale. Dire que nous avons travaillé en toute confiance réciproque, sans que l’un cherche à prendre l’ascendant sur l’autre, sans que l’un cherche à influencer l’autre en quoi que ce soit, est un euphémisme. Je tiens à en témoigner publiquement ici. Il suffit d’ailleurs de lire tout ce qui a été écrit sur ce site par Jacques, tant en LEM hebdomadaires, qu’en coups d’oeil du jour, qu’en messages sur la liste Exmed-1, qu’en poésies, qu’en pièces de théâtre, qu’en récits de voyages lointains pour s’en convaincre. Jacques est mort, comme tant de généralistes à la profession exténuante bien avant d’avoir atteint l’âge de la retraite, et sa présence discrète nous manque. Il est d’ailleurs étrange de constater maintenant à quel point il semblait pressé d’écrire et de publier ses écrits, comme s’il savait à l’avance que son temps était compté. Tenez, voici un extrait authentique du dernier courriel qu’il m’envoya pour me proposer comme il le faisait si souvent des coups d’oeil du jour :
“ Allez, maintenir l'état des troupes ne fait jamais de mal, non ? Au passage et sans rapport vrai, sauf le retour en arrière, je crois pour ce qui concerne les LEM qu'il doit te rester 3 anciennes [...] . Avec les tiennes en complément, nous avons de quoi voir venir un moment.
A plus tard. Amitiés. Jacques “ Fin de citation.
Magie de l’écrit qui reste et de l’Internet qui diffuse largement réunis : Jacques est mort, mais ses multiples écrits sont encore bien vivants sur ce site, et le demeureront quoi qu’il arrive. Leur lecture continuera à donner une bonne dose de chaleur humaine à tous ceux qui auront la chance de les rencontrer sur leur voie.

Restaurer la conscience
Soyons franc, ce choc a été terrible. L’un des piliers d’Exmed n’était plus. Allions-nous sombrer ? Nous ne restions pratiquement que deux rédacteurs réguliers, avec le fidèle Philippe De Harvengt, notre célèbre Père Igor, à alimenter régulièrement le coup d’oeil quotidien. Les amis qui nous entourent, et avec qui nous échangeons tant chaque jour sur la liste Exmed, ont été admirables en acceptant de bien vouloir prendre le flambeau. Les deux premières à relever ce défi ont été des non-médecins. Je veux saluer là Christine Bruzek et Odette Taltavull. Un peu d’air frais, féminin et non professionnel nous a été salutaire. Grâce à leur exemple, deux autres personnes se sont lancées dans l’équipe, parfaitement bénévole comme vous le savez, des rédacteurs d’Exmed. D’abord encore une femme, j’en suis particulièrement fier, qui n’a pas son clavier dans sa poche et ne cultive pas le conformisme médical ambiant. Vous avez reconnu Françoise Dencuff, vous les habitués d’Exmed. Et puis, plus récemment Gabriel Nahmani, vaillant et sportif médecin généraliste retraité de Verdun nous a fait l’honneur, lui aussi, de nous régaler de ses billets que chacun garde en mémoire. Pour être complets, voici qui a écrit nos lettres hebdomadaires du lundi en 2005. Vous savez combien leur publication nous semble un élément essentiel d’Exmed. Un confrère ami la nomma jadis notre “fer de lance”. Nous ont fait l’honneur de nous confier une LEM en 2005 : Blandine Poitel, la courageuse, le Dr Iulius Rosner et notre Père Igor. Le Dr Gabriel Nahmani en a écrit 3. Si le Dr Blais n’a peu en publier que 8, le Dr Françoise Dencuff nous en a gratifié du nombre impressionnant de 16. A chacun de deviner qui signa les 19 autres de la collection annuelle. Deux femmes remarquables nous ont fait bénéficier de leurs créations. Je pense aux nouvelles d’Odette Taltavull et aux dernières poésies de Juliette Goldberg. A côté de ces ténors, un immense travail de fond s’est effectué dans deux réseaux d’échanges beaucoup plus limités que le site. Mentionnons la liste LEMA sur le harcèlement moral, qui a poursuivi très activement sa vie et sa mission de soutien aux personnes confrontées à ce diabolique fléau. La liste Exmed-1, beaucoup plus généraliste, a également été très vivante. Beaucoup s’y sont exprimés, chacun à sa façon. Y compris par leur lecture attentive et silencieuse. Que tous ces colistiers sachent qu’ils ont contribué à nous enrichir, qu’ils nous ont inspiré beaucoup de publications. Ce n’est pas rien.

Renforcer la compétence:
La vie d’Exmed durant l’été a connu une phase difficile. Imaginez-vous que la machine du maître-Toile ( celui que certains au parler anglicisé désignent comme le webmaster ) est tombée malade, sans qu’il soit possible de la dépanner avant deux semaines. Et bien, là encore, une sorte de prodige a eu lieu. L’une des personnes de notre équipe a répondu présent pour reprendre toute la charge d’Exmed :Christine Bruzek. Tous les jours assure le classement du coup d’oeil du jour. Chaque semaine, elle archive soigneusement la dernière LEM, elle met en page et illustre avec talent les nouvelles pages du site. Un grand merci pour sa fidèle participation.
Tout cela, me direz-vous, c’est bien gentil. Mais cela ressemble un peu trop à un exercice d’auto satisfaction. Vous les mordus exmédiens, vous passez de bons moments ensemble, mais ce que vous dites dépasse-t-il ce cercle très limité en nombre ( autant que considérable en talents divers aux yeux de l’auteur ) ? Les Internautes qui ne sont pas de vos proches, eux, qu’est-ce qu’ils en pensent de ce site ? Est-ce qu’ils l’apprécient ? En France, vous le savez, on n’aime guère prendre la parole, y compris sur Internet, si ce n’est pour rouspéter. On vote avec le clic de sa souris. La seule information dont nous disposions est celle de l’évolution de la fréquentation du site. Les chiffres absolus n’ont aucun intérêt ici, nous ne fonctionnons pas selon le principe de l’indice “audimat”. Ce que nous retenons, et qui est un encouragement pour tous ceux qui prennent plaisir à la vie d’Exmed est qu’en un an, entre décembre 2004 et décembre 2005, le nombre des visites a augmenté de 61%. Vous avez été 13% parmi nos visiteurs à inscrire Exmed dans vos sites favoris. Une investigation plus poussée par thèmes traités montre, plus tristement, que le sujet qui semble le plus vous concerner est, plus que jamais, celui de la violence cachée dans les relations humaines que l’on nomme le harcèlement moral, ou psychologique pour nos cousins du Québec.
Un souhait pour 2006 ? Que vous trouviez autant, ou encore plus, de plaisir et d’enrichissement personnel à fréquenter Exmed.
l'os court : « Et soyons bien convaincus que le moindre atome de haine que nous ajoutons à ce monde nous le rend encore plus inhospitalier. »
Etty Hillesum - Journal 1941-1943, morte à Auschwitz à 27 ans.


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Lettre d'Expression médicale n°430
Hebdomadaire francophone de santé
9 janvier 2006

Dans mes tripes de professeur

Marie-Joël

Voilà ce que je pourrai, voudrai crier, dire ...à ce sujet qui me touche au
plus haut degré, jusque dans mes tripes. Mais comme c'est mettre de l'huile
bouillante sur le feu, j'ai hésité ... Mais je le fais, j'en prends le risque
pour ma petite fille de 10 ans , pour mon petit fils de 7 mois, pour que,
s'il vous plaît, ils ne connaissent pas cela. Ils sont nés" vierges" de
tout. Alors, je vous en prie, réfléchissez : qui les "construit ? Comment on
les construit ? Et pour moi. Pour être en paix avec moi- même!

Retrouver la confiance:
Dire ... dire tout haut ... le malaise, je n'ai cessé de le faire et je
continue, et cela n'a pas servi à grand-chose : à me mettre en paix avec
moi-même (et c'était très important voir primordial, pour moi), à me donner
le courage de continuer à contre sens quand c'était "bien" pour les enfants, (
c'était souvent), à me défoncer pour des mômes qui suivaient, ou non, et
aussi, à me pénaliser financièrement car je refusais les "ronds de jambes"
et que je "dérangeais". Mais je ne regrette rien ... rien que de voir
cette grande bâtisse appelée Éducation Nationale se "casser la figure"
lamentablement, dans un cercueil verni de paperasseries, de documents, de
dossiers , de belles paroles, où on se gargarise de mots et de
statistiques ... et autres inutilités en tout genre. Et surtout je ne
regrette pas d'avoir galéré pour pouvoir partager 38 ans de bonheur avec des
enfants, des ados, des adultes, des élèves de tous âges. Ce qui se passe
aujourd'hui ? ( attaques de prof et autres, cela se passe dans les foyers,
... aussi, mais on le tait !) est une horreur inadmissible. Et je crie haut et
fort que c'est le résultat de ce qui a été offert, permis, laissé aller
depuis des décennies, où tout passe avant l'intérêt de l'enfant ... je parle
de nos politiques, pardon messieurs! Pardon mesdames !

Restaurer la conscience
Il y a 40 ans la France par son enseignement sur le monde rayonnait. je
partais, par choix, à l'étranger apporter notre "Culture". Maintenant ce
sont eux qui viennent dans nos établissements enseigner à nos
enfants, cessons de nous regarder le nombril et ouvrons les yeux !
Je suis fière d'être restée en relation avec mes premiers élèves comme avec
les derniers, ceux du milieu aussi ! De recevoir de leurs nouvelles,
d'avoir leur visite 30 ans après les avoir secoués, tirés, poussés,
encouragés, éperonnés, empoisonnés, et accompagnés une année ou
deux ... couru sur les toits du marché quand ils s'échappaient ... et je boue de
rage de voir que ma petite fille ne peut jouir de conditions
d'apprentissage et d'épanouissement de qualité, qu' à notre époque un
gaucher ne soit pas reconnu par des enseignants et soit contrarié au
détriment de son développement, qu'un pédiatre n'y voie rien, et que lasse
de m'entendre, une rééducatrice en motricité a fini par me dire , après
avoir bien voulu pour se débarrasser de moi, faire des tests. 3 ans pour
obtenir le verdict qui "crevait" les yeux!."Vous aviez raison, elle est
gauchère". Et de me dire :"Alors que fait on ? J'ai failli hurler ... suis
partie ... en haussant les épaules ... Oui j'enrage ... de la maladresse, de
l'incompétence en tout genre. Enseignants nous ne sommes plus à l'époque de
mon arrière grand oncle , directeur d'école dans cette Creuse archaïque où
je suis revenue ... mais qui était le "maître" "au service de". Et que je le
dise ou non cela en fait pas avancer les choses !

Renforcer la compétence:
Je suis triste de ce que vous dites ici concernant les profs qui
"souffrent" de ne pouvoir "vivre" comme ils voudraient ce qui est ou fut
leur" vocation", une partie du "mal" ne vient-il pas aussi de là? Ils n'y
arrivent pas. Pourquoi ? S'en donnent-ils les moyens? Je ne sais pas! Les
parents, direz-vous ? Cela fait 20 ans que je les vois petit à petit baisser
les bras .ou lever le ton. Pourquoi ne s'occupent-ils pas plus (pour
certains) de leurs bambins: "Je travaille voyez-vous" me disaient-ils, et
ils oublient de dire que leur bien-être perso passe avant l'épanouissement
de leurs enfants. Je pourrais en raconter pendant des jours et des
jours. J'ai vécu 21 ans en banlieue, j'ai aussi eu des classes de 53
élèves en math, en sciences, en dessin ...de 3e et de 4e. J'ai vécu mai
68 ... et je suis fière d'écrire que je fus la seule prof du collège, à aller
tous les jours travailler, chaque matin 4 à 5 jeunes venaient à l'entrée de
la ville m'attendre et le soir me raccompagner et qu'entre temps ce sont mes
élèves qui faisaient la discipline. Bien sûr je ne nie pas ce que font
les jeunes aujourd'hui, mais que diable, osons regarder ce pourquoi est-ce
devenu ainsi ?
Vocation = abnégation ; et qui veut le vivre maintenant ? Peu de monde !
Des petits , en primaire qui insultent ? Sont grossiers ... vulgaires. (que
pourraient-ils faire s'ils ne vivent que là dedans?), oui j'ai connu. Mais la
différence est qu'ils ne l'ont jamais été en temps scolaire ni jamais
ailleurs en ma présence, et cela c'est de la responsabilité de l'enseignant
en classe. Dans les locaux scolaires il est le "maître"...que "l'on
respecte" et qui est"respecté" partout où il est , les voilà mes mots clés :
"respect réciproque" basé sur l'exemple donné, le respect se mérite, se
gagne, se partage, il ne s'impose pas par la force, mais par sa propre
rigueur envers soi, la ferme, autorité en souplesse et douceur, mais ferme
j'insiste.Mon principe; ridicule direz vous. "Quand tu me verras faire cela
tu pourras te permettre de le faire, en attendant tu fais comme je te le
demande" et cela a fonctionné à tous les niveaux. Éduquer ,
enseigner demande ce que vous, médecin, savez faire : aller au delà de
soi, se surpasser. ne pas se ménager souvent à son détriment ou à celui
des siens, et à 50 ans pour moi, se retirer, finir harassée, épuisée
physiquement, retraite misérable, victime de la politique ... mais
contente d'avoir choisi et réussi à "être efficace", d'avoir lutté pour
m'en donner les moyens, et d'être partie dès que je n'ai plus pu l'être,
comme je le voulais.
La faute dans tout cela ? Un peu à tous et beaucoup à ceux que le pouvoir
aveugle et qui ne veulent que dominer et gérer en ayant perdu contact avec
la réalité. Les modes , les réformes, la consommation, les plaisirs ...
Voilà ce qu'à chaud, j'ai envie de crier ... Je me sais passionnée mais comment
ne pas l'être quand, de par ma vocation, je suis "responsable" de la part que j'ai
prise de faire de nos enfants des citoyens heureux ?
Je ne veux ni peiner, ni choquer, ni créer de polémique. Par contre
m'exprimer, là j'ai matière. Je leur ai consacré ma vie, et je veux à ma
façon continuer, aussi je vous soumets mes réflexions personnelles, celles issues de ce que je vois , entends et ai vécu.
Pardon de ma "fougue" mais c'est aussi cela enseigner : prouver, entraîner ,
MOTIVER par son action, par sa propre motivation et assumer le plus beau
des rôles ; celui "d'enseigner" et de participer par une action personnalisée
à l'épanouissement de chacun des bambins qui nous sont confiés. Tous nous
sommes impliqués ... TOUS
l'os court : « Quelle vie merveilleuse j’ai eue ! J’aurais simplement souhaité m’en apercevoir plus tôt.» Colette


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Lettre d'Expression médicale n°431
Hebdomadaire francophone de santé
16 janvier 2006

On n’y coupera pas

Dr. François-Marie Michaut

Combien de fois dans nos publications n’avons-nous pas évoqué le couple infernal que constituent ensemble le monde politique, et tous ses serviteurs directs et indirects, et notre petit univers médical ! Comme notre titre le suggère, il est question maintenant de chirurgie. Et pas n’importe laquelle, s’il vous plaît : de l’exercice de la neurochirurgie en France. Le bien placide Bulletin de l’Ordre des Médecins de novembre 2005 ose même titrer sous la signature d’Arlette Chabrol : “ Neurochurgie : la pénurie est inéluctable”.

Retrouver la confiance:
Peut-être le public ne le sait-il pas, mais la France possède un des taux les plus bas des pays industrialisés de neurochirurgiens. Au Japon, ils sont 3000. En Italie, ils sont 1800. Chez nous, le chiffre des praticiens ( militaires non compris) est de ... 378. Ce qui nous place, peu glorieusement avouons-le, au même niveau que la Roumanie. Il n’est pas utile d’insister sur la difficulté extrême de cette spécialité, et sur la très longue formation qu’elle nécessite. Pour répondre correctement aux besoins de la population, il faudrait, selon le Pr Jacques Brunon ( Saint-Etienne) au moins 450 à 500 neurochirurgiens.

Restaurer la conscience
La très grande majorité des neurochirurgiens exerce dans des hôpitaux publics. Pour comprendre comment on est parvenu à une telle situation, un retour en arrière est indispensable. Depuis 1958, les établissements hospitaliers sont classés de la façon suivante. Tout au sommet de la hiérarchie trônent les CHU, réservés à quelques métropoles, où est enseignée la médecine et où siègent les unités de recherche. Puis viennent un cran en dessous les centres hospitaliers régionaux (CHR). En dessous, toute ville de quelque modeste importance tient beaucoup, souvent pour des raisons électorales, à avoir son centre hospitalier général. Enfin, parents pauvres de nos campagnes, figurent les hôpitaux locaux. Que viennent donc faire les neurochirurgiens dans cette hiérarchie ? Et bien, c’est très simple. Le maire de chaque ville étant, de droit, le président du conseil d’administration de son centre hospitalier, fait tous ses efforts pour que son établissement, souvent le plus gros employeur de son secteur, puisse prendre du galon. Or pour passer de banal centre hospitalier général à la place enviée de centre hospitalier régional, une seule condition est nécessaire. Disposer d’un service de neurochirurgie. Même sans être informé de la complexité des négociations entre les pouvoirs politiques multiples, on comprend pourquoi les effectifs de cette spécialité dépendent uniquement de décisions politiques.

Renforcer la compétence:
L’investissement financier pour créer de tels services dans le privé est tel, les évolutions de la mise en cause judiciaire de plus en plus facile pour des actes chirurgicaux à haut risque et la charge de travail invraisemblable font que la situation ne risque guère d’évoluer. Nos jeunes confrères ne veulent plus d’une telle vie. Qui les en blâmerait ? Quand on sait qu’il faut une bonne douzaine d’années pour former un neurochirurgien, les malades que nous sommes tous un jour ou l’autre ont quelques cheveux blancs à se faire. Serons-nous obligés, comme pour les généralistes de demain, d’importer des neurochirurgiens d’autres pays ?
Oui, décidément, dans ce dossier encore, médecine et politique sont comme l’huile et l’eau. Ils ne peuvent pas se mélanger. Qu’au moins les électeurs le sachent pour ne plus se laisser séduire par les discours trompeurs de ceux qui passent leur temps à vouloir instrumentaliser la médecine à leur seul profit personnel. Au besoin, en détruisant les médecins. C’est ce que veulent les citoyens ?
l'os court : « Le chirurgien est un homme qui défend chèrement la vie des autres.» Albert Willemetz


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Lettre d'Expression médicale n°432
Hebdomadaire francophone de santé
23 janvier 2006

“ Hight-tech” animalière pour obèses

Docteur Gabriel Nahmani

Les Anglo-saxons voient les Français comme notoirement sveltes. Nous avons la flatteuse réputation d’être maîtres dans l’art d’associer gloutonnerie et gastronomie. Les agapes du 24 décembre où nous nous attablons consciencieusement devant nos foies gras, nos huîtres et autres délices du terroir, largement arrosés de boissons fermentées riches en calories, n’entameraient pas notre minceur légendaire. Cocorico.

Retrouver la confiance:
Malheureusement, de récents sondages ( de poids, cela va de soi) viennent écorner cette réputation d’élégance. Les ravages de la culture du “fast-food” - ou du bouffer vite selon le parler anglicisé en vogue - n’épargnent plus le Français du mal occidental du siècle : l’obésité. C’est du moins ce que nous affirment les grands prêtres de la discipline médicale qui se dit sans rire la santé publique, à défaut d’être la santé de chacune des personnes qui constituent, vous et moi inclus, le public.

Restaurer la conscience
Le taux d’obésité, nous dit-on, commence à croître en France. Il serait passé de 8% de la population adulte en 1997, à 11 % en 2003. Quatre Français sur dix seraient aujourd’hui en surpoids. Selon un rapport récent du Sénat( institution en principe plus politique que sanitaire), la France présenterait aujourd’hui la même proportion de gros qu’aux États-Unis en 1991. Ces chiffres sont certainement inférieurs à la réalité actuelle des USA et de Grande Bretagne où les taux d’obésité sont encore plus élevés que chez nous. On ne peut quand même pas remporter toutes les compétitions.
Le propos du jour n’est pas de s’attarder sur les problèmes de santé liés à l’obésité. On parle partout, jusqu’à l’écoeurement et même l’indigestion, des avantages d’une alimentation dite équilibrée, et de la mal-bouffe qui sévirait dans nos foyers contemporains.
Nous vous proposons seulement de résoudre la devinette suivante : comment faire subir à un patient obèse des examens d’IRM ( imagerie de résonance magnétique ) et de scanners ( scannographes en langue française, comme on ne le dit pratiquement jamais) lorsqu’ils pèsent 150 kilogrammes et qu’ils ne peuvent mathématiquement pas passer dans l’orifice de 135 centimètres de diamètre du dit appareil? Et comment  détecter chez eux d’éventuelles tumeurs, et des lésions cardiaques ? Pour la petite histoire, le scannographe ( alias scanner) est une sorte de tuyau dans lequel le patient ( il doit l’être ) est introduit en entier. 

Renforcer la compétence:
En Angleterre, où un habitant sur cinq est obèse, le corps médical a trouvé cette solution extrême, qui, à défaut d’être élégante, est efficace : demander aux zoos et aux vétérinaires leurs scanners pour animaux. Pour la très sérieuse directrice d’Obesity Awareness and Solutions Trust, Louise Diss, « l’idée d’utiliser les appareils pour animaux n’est pas si mauvaise qu’il y paraît, même si elle ne doit être envisagée qu’à court terme.» Tiens, comme elle est confiante en l’efficacité des mesures de prévention de l’obésité, cette brave dame. On peut comprendre que, les poids des citoyens de Sa Gracieuse Majesté n’étant pas près de diminuer, des appareils surdimensionnés pour les humains doivent être rapidement mis en chantier, n’est-ce pas ?
Certains appareils conçus pour les chevaux sont ultra-sophistiqués. La plus noble conquête de l’homme le mérite bien. Un centre de recherche de New Market, l’Animal Health Trust, détenteur d’un scanner adapté aux chevaux, reçoit des dizaines de demandes de médecins. Malheureusement, souvent, elles ne peuvent aboutir pour la simple raison que les scannographes , pardon les scanners Outre-Manche, ne sont pas nécessairement assez grands pour les obèses. Étrange curiosité, le diamètre des orifices d’accès serait le même que celui des hôpitaux. Voici la clé de ce mystère : la machine a effectivement été conçue pour supporter le poids d’un cheval, mais on n’y introduit pas l’animal entièrement ...
L’hôpital vétérinaire de Cambridge est, lui aussi, sollicité par les médecins car disposant d’un appareil IRM, qui permet de réaliser l’examen debout et non couché. Mais, une fois de plus, my God, ces demandes ne peuvent être satisfaites. Pourquoi donc ? Et bien le merveilleux appareil en question ne scanne que les précieuses pattes des animaux !
Aucun doute n’est possible : la condition humaine d’obèse ( en plus, même si le sujet n’est pas là, de ce qu’elle inflige physiquement, psychiquement et socialement à ses victimes) , est un véritable casse-tête pour les médecins et les vétérinaires. La solution miraculeuse reste pour résoudre ces problèmes techniques d’investigation de diminuer la surcharge pondérale pour satisfaire aux normes technologiques standard de la médecine humaine ou animalière... CQFD, voilà ce qu’il fallait démontrer en toute logique, avec, bien entendu, des arguments ... de poids. Et, cela va de soi Outre-Manche : “ honni soit qui mal y pense “.

Sources : Courrier International n°792.
Articles traduits en français de The Economist: Gras-voire obèses-et fiers de l’être
Obèses, faites vous scanner au zoo,  Jasper Copping, the Sunday Times, Londres

l'os court : « Quand les gros sont maigres, il y a longtemps que les maigres sont morts.» Lao Tseu ( 6ème siècle avant JC)


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Lettre d'Expression médicale n°433
Hebdomadaire francophone de santé
30 janvier 2006

Y-a qu'à!

Docteur Françoise Dencuff

Quand on n'a pas d'idées, il faut reprendre celles qui marchent. Et puisque le cancer est devenu grande cause nationale nous voilà avec un nouvel institut : l'Institut National du Cancer (INCa).
Compte tenu des frais inhérents à la mise en œuvre d'une telle usine à gaz il semble important, malgré un consensus presque général, de se pencher sur le sujet.

Retrouver la confiance:
Lors d'un discours à l'Hôpital Armand-Trousseau à Paris le 22 avril 2004 notre ancien ministre de tutelle avait des envolées lyriques pour annoncer cette création :
L'Institut National du Cancer doit permettre à notre pays de se doter d'une structure emblématique, capable de porter des missions d'impulsion, de coordination et d'information sur cette terrible maladie qui frappe tant de familles....
Et comme le ridicule ne tue pas, il concluait avoir proposé aux représentants britanniques de participer à cette belle aventure car la France et la Grande-Bretagne ont choisi, -vous l'ignoriez peut-être-, de placer la commémoration du centenaire de leur «entente cordiale» sous le signe de la lutte contre le cancer.
Si le sujet n'était pas si douloureux nous pourrions imaginer qu'une entente cordiale...cancéreuse n'est pas nouvelle entre « la perfide Albion » et les « mangeurs de grenouilles ».
Mais à quoi donc va servir l'Institut ?
L'Institut National du Cancer assurera notamment une véritable mission d'information à destination des patients et des professionnels, sur la prévention et les soins du cancer...
- Outre la prévention, l'Institut sera aussi le garant de l'équité dans l'accès au soin, - et vous savez combien ce sujet me tient à cœur ! A cette fin, il développera des référentiels pour la qualité des soins, et mettra en place, en lien avec l'ANAES et les services de l'Etat, le dispositif d'agrément des structures pratiquant la cancérologie. Cet agrément permettra de garantir une qualité égale de prise en charge, où que l'on soit traité.
- Enfin, l'Institut National du Cancer aura pour tâche de coordonner et d'amplifier l'effort de recherche sur le cancer, en définissant une stratégie nationale, et en finançant des programmes finalisés, au standard international. L'Institut s¹appuiera pour cela sur sept cancéropôles inter-régionaux, qui ont vocation à constituer de grands pôles de recherche, regroupant à la fois des unités de recherche fondamentale (CNRS et INSERM), des services de soins, et des équipes de recherche privées.
Voilà donc le cadre en place. L'Institut existe maintenant sous la présidence de David Khayat, éminent confrère et Chef du Service d'Oncologie médicale du Groupe Hospitalier Pitié-Salpêtrière. Dans son éditorial il n'hésite pas à solliciter nos émotions et notre compassion : Les chiffres du cancer, vous les connaissez, et vous savez qu'ils ne disent pas tout. Ils ne suffisent pas à décrire toute la souffrance qui est en jeu. 150 000 morts du cancer par an, c'est 150 000 fois une mort. 150 000 fois une famille qui perd un parent, un proche. 150 000 fois un père qui ne sera plus là pour élever et voir grandir ses enfants. 150 000 fois le regard de cette mère que traverse l'angoisse, l'angoisse de ne plus pouvoir faire face pour aimer et protéger les siens. 150 000 projets de vie bousculés, chamboulés, qui doivent être revisités de fond en comble, sur d¹autres bases, à plus court terme.
Le fer de lance de la guerre contre le cancer est affûté. Il répond à l'attente des patients, soutient la recherche et participe à l'effort pour une qualité constante des soins... (cf. www.e-cancer.fr ). En réalité il ne s¹agit pas de fer de lance mais de tour de contrôle.
Pour ce qui est des budgets : 85 % du budget de l'Institut National du Cancer seront consacrés à des actions incitatives externes à l'Institut National du Cancer et 15 % restants seront destinés au fonctionnement même de l'Institut National du Cancer. Ils comprendront, pour une large part, le financement de la Recherche.
Un triumvirat à la tête : un président, une directrice générale et un président du conseil scientifique international, 15 départements des affaires juridiques aux relations institutionnelles et vie des malades...ça fait du monde !
La forme juridique de l'INCa est un groupement d'intérêt public, c'est-à-dire un groupement d'objectifs et de moyens. Il réunit des structures déjà existantes( Le Ministère de la recherche, Le Ministère de la santé , La Ligue Nationale contre le Cancer, L'Association pour la Recherche sur le Cancer (ARC), les Caisses d'assurance maladie, le CNRS, l'INSERM, les fédérations de l'hospitalisation... ou peut en créer si besoin.
Et tout ça pour redonner confiance à nos concitoyens, soyons tranquille... l'Institut veille. (Il faut espérer qu¹il veillera mieux que celui qui s'est loupé lors de la canicule : l'Institut de Veille sanitaire) C'est d'ailleurs lui qui finance la nouvelle campagne de promotion de la mammographie systématique au grand dam de l'Institut National de Prévention et d'Education à la Santé ! (encore un...)
Je ne voudrais pas ternir votre enthousiasme mais les américains avaient déjà eu l'idée en 70, sous Nixon, avec les résultats que l'on sait.

Restaurer la conscience
Tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes si des chercheurs ne s'étaient pas étonnés de la façon dont le premier appel d'offre s'est réalisé.
Dans un article du Mouvement Sauvons la Recherche, Fernando Arenzana et Alain Trautman nous apprennent que les équipes n'ont eu que 2 à 3 semaines pour y répondre et une douzaine de jours seulement pour les jeunes post-doctorants. Autrement dit le comité d'évaluation de l' INCa (dont la composition n'est pas publique...) n'a eu que 4 à 5 jours entre l'enregistrement des lettres et la publication des résultats aux intéressés. Et nos deux empêcheurs de penser politiquement en rond de s'interroger : Manifestement pour décrocher un contrat à l'INCa en 2005, il vaut mieux se trouver parmi ceux qui connaissaient les détails de son organisation avant le lancement de l'appel. Si l'intention des organisateurs était d¹effectuer un « tri sélectif » avant l'heure parmi les candidats, ils n'auraient pas agis différemment. Oups !
Nous pourrions donc nous poser un certaine nombre de questions quant à la pertinence de ce projet : pourquoi une telle machine alors qu'existent déjà les cancéropôles, l'institut Nationale de prévention, la Haute Autorité de Santé, les Associations comme la Ligue contre le cancer...Serait-il question de copinage ?
Pour les deux auteurs, la crédibilité de la gestion publique de la politique scientifique française ne ressortira pas grandie de ce type de pratique. Ceux qui dirigent, organisent ou cautionnent ce mode de fonctionnement portent une lourde responsabilité.

Renforcer la compétence:
Loin de cette LEM de penser qu'il n'est pas urgent de coordonner les recherches et les actions à mener dans le cadre de la lutte contre le cancer. Les patients sont confrontés à des parcours de soins inhumains, peu d'aide à la compréhension de leur maladie et des traitements, pas de découvertes majeures depuis de nombreuses années. Que va devenir l'INSERM, puisque le gouvernement annonce l'ouverture d'un Institut de Neurologie puis d'Infectiologie, de Cardio-vasculaire. Pourquoi cette épidémie d'Instituts ?
Un titre ronflant pourra-t-il faire oublier aux patients la peur des soignants, leur difficulté à se laisser toucher par la souffrance de ceux qui leur accordent une confiance aveugle ? Et les patients eux-mêmes accepteront-ils de regarder en face une maladie dont la seule évocation les confronte à l¹inéluctabilité de leur finitude ?
Quelle est vraiment la maladie qui ronge notre société, le cancer est-il propre aux individus ? Ne serait-ce pas la société toute entière qui marche en crabe, trois petits pas de côté pour éviter de voir la désagrégation des responsabilités ?
Nos politiques sont passés maîtres dans la multiplicité des lois, des mesures, des commissions. Réagir vite pour calmer les foules, oublier le temps nécessaire à la réflexion, penser à court terme entre deux élections pour se maintenir envers et contre tout. La professionnalisation de la politique, merci l'ENA, est le véritable cancer de la démocratie en formatant la pensée et en éloignant ceux, qui promettent pourtant d¹être au service de leurs concitoyens, des réalités concrètes du quotidien.
Dans une LEM antérieure il était question de la différence entre profession et métier, en voilà un exemple absurde nous aurons maintenant des professionnels du cancer. Ils risquent d'oublier que la maladie ne guérira pas si l'humain est nié. Nos anciens nous apprenaient pourtant que le médecin soigne...et le malade guérit.
Il ne nous reste qu'à souhaiter pour 2006 et les suivantes que le corps de la santé se donne le temps de repenser globalement sa façon de soigner, des études aux praticiens tant de choses sont à revoir. Sans instituer quoi que ce soit mais en nous remettant debout. (cf. étymologie du mot institut : ester, se tenir debout)


l'os court : « Rhume: tempête sous narine» Leo Campion