Texte de toutes les Lettres d'Expression médicale depuis février 97. ( © Dr F-M Michaut )

LEM N° 113- 30/07/99 .............................. Consulter un autre numéro ?

Fin de la médecine fermée

Dr François-Marie Michaut

La pratique médicale, depuis cinquante ans, s'est enfermée sur elle-même. La technoscience, telle qu'elle est décrite par Odile Marcel, repousse à l'extérieur l'humain et le social. Il devient de plus en plus évident que cette médecine fermée n'est pas capable de tenir ses promesses, de démontrer sa viabilité. Malgré une attirance historique des médecins pour les fonctions politiques, comme ce fut le cas chez nous au début du siècle pour Georges Clémenceau, une sorte de "bulle médicale" s'est constituée sous l'influence dominante des ingénieurs bio-médicaux.

Cette bulle, hors de la vie et des règles communes, est en train d'éclater sous nos yeux. Les hommes politiques de tous les pays, Bill Clinton en tête, ont pour objectif prioritaire de parquer la médecine . La partie à jouer avec les médecins est plus facile que celle à mener avec les assurés sociaux. C'est pourquoi les professionnels de santé sont en ce moment des cibles en vue. Et, pourtant, l'échec régulier de tous les essais en cours ne peut échapper à aucun observateur.

L'affrontement avec les pouvoirs politiques ( ce n'est pas, nous le constatons souvent ici, une spécificité franco-française ) conduit paradoxalement à une évolution des esprits en matière de santé. Les médecins, et les patients prennent progressivement conscience qu'il n'y a qu'une façon de faire vivre la médecine : sortir de la bulle pour rebrancher la pratique médicale sur la vie des gens telle qu'elle est.

La LEM ... telle qu'elle est

En complément de la présentation de la LEM faite sur http://www.fulmedico.org , voici quelques renseignements complémentaires pour mieux saisir notre ligne éditoriale.

 

Fondation de la mouvance des Médecins Maîtres Toile

Quand la publication de la LEM sur l'Internet a commencé, la nécessité d'établir des liens avec le plus grand nombre possible de sites francophones de santé est apparue. Cela a conduit à la mise en place d'une collaboration directe entre médecins engagés dans l'exploration de ce nouvel outil de communication, le club MMT.

Engagement de la LEM dans FULMEDICO

Quand MMT a donné naissance à la fédération des utilisateurs de logiciels médicaux et communicants, la LEM s'est associée à cette démarche de responsabilisation directe des professionnels de santé.

Création et animation d'une formation économique

Quand les débats et échanges conduits ici ont mis en évidence la nécessité d'une formation spécifique pour une pratique plus saine de la médecine par une conception renouvelée de l'économie, elle a été mise en place sous le titre : D'un caducée à l'autre.

Négociation avec " Medicine As a Profession " (MAP)

Quand, pour lutter contre l'intégrisme mondial des marchés financiers, la restauration d'une éthique professionnelle médicale a été jugée comme une action prioritaire aux USA, la LEM a entamé et poursuit des négociations pour s'associer au programme MAP.

LEM, syndicalistes et partis politiques

Quand syndicalistes et partis politiques se rencontrent et s'affrontent, la LEM poursuit ses travaux sur la médecine de la médecine ( métamédecine) et débats en toute indépendance, et les met à leur disposition .

La liste LEM sur le Harcèlement Moral

Quand un problème de société émerge aussi brutalement que celui du harcèlement moral, la LEM explore comment l'Internet peut aider ses victimes en leur permettant de s'exprimer ouvertement.

L'organisation pratique de la LEM

Quand il a fallu assurer sa pérennité et poursuivre son développement en toute indépendance, la LEM s'est adossée à Equimanagement Consultants qui lui sert de structure financière, commerciale et logistique.

Os court « Le métier, c'est ce qui ne s'apprend pas » Pablo Picasso

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LEM N° 112- 23/07/99 .............................. Consulter un autre numéro ?

Subordination

Dr François-Marie Michaut

Le vote en cours de la réduction de la durée hebdomadaire à 35 heures du travail salarié en France est curieux pour un médecin. Dans ce pays, n'y aurait-il plus que des citoyens et électeurs salariés ? Au fait, qu'est-ce qu'un salarié ? C'est celui qui a signé un contrat de travail avec son employeur, répond le droit du travail. Qu'il s'agisse d'un emploi à plein temps, ou à temps partiel, d'un contrat à durée déterminée ou indéterminée, que l'employeur soit privé ou public, le principe central reste identique. Il est tellement simple, qu'il est volontiers oublié. En échange d'une rétribution du travail effectué, une personne accepte un lien de subordination avec l'entreprise qui l'emploie. Etre subordonné, c' être sous les ordres de quelqu'un.

Quand un contrat, comme une convention entre les médecins et l'assurance maladie, met en place des mécanismes qui peuvent conduire, de fait, sinon de droit, à une telle situation de subordination, il est légitime de se poser des questions. Avec quel type d'organisation, les patients, les utilisateurs des soins médicaux, peuvent-ils être le mieux soignés ? Est-ce par des professionnels soumis à un mécanisme de subordination clairement déclaré, comme , par exemple, et depuis fort longtemps en médecine hospitalière ? Est-ce par des soignants obéissant avant tout aux ordres des assureurs publics ou privés , ou des pouvoirs politiques du jour ? Autrement dit, autour de quel « pivot » doit être bâti un système de soins ?

Le pivot du système de santé français

Lionel Jospin l'a affirmé aux médias : « Le médecin généraliste doit être le pivot du système de soins ». Il y a fort longtemps que des ministres de la santé, notamment Jacques Barrot, ont tenu ce langage, avec les résultats que l'on sait. Qu'il aurait été réconfortant d'entendre simplement que s'il existe un pivot en matière de soins médicaux, ce ne peut être que le patient. Le secteur de la santé n'appartient pas du tout au pouvoir politique ni à l'assureur public obligatoire qu'il a mis en place depuis 1945 ( et à ses satellites plus ou moins mutualistes ). Il n'est pas non plus la propriété des professionnels de santé. Il n'appartient, économiquement parlant, qu'à chacun de nous qui payons nos cotisations. Car, cela a été fortement démontré au cours de notre formation LEM à l'économie des soins de santé, il n'y a aucune autre source au financement de l'assurance maladie.

 

L'Etat et le patronat ne paient rien du tout

Qu'il aurait été intéressant, pour alimenter un vrai débat sur ces questions qui nous concernent tous, médecins et patients en particulier, que soit clairement formulée cette vérité première. Les dépenses de l'assurance maladie ne sont payées qu'au seul moyen des cotisations prélevées soit sur le travail, soit sur tous les revenus au moyen d'une contribution sociale généralisée ( CSG), simplement recouvrée par les services fiscaux. La part patronale des cotisations n'est qu'un trompe l'oeil, destiné à laisser entendre, en toute démagogie, que l'on a réussi à « faire cracher les patrons » à notre place. Qui peut ne pas comprendre que la fameuse part patronale fait partie intégrante du coût du salaire ? De la même façon, on laisse croire, sans jamais le démentir, que l'Etat participe sur ses fonds propres au renflouement , voire au fonctionnement de la Sécu. La propriété, et la libre utilisation, des sommes considérables qui sont en jeu, est ainsi confisquée aux citoyens par ce conditionnement des esprits.

 

La question du plein emploi

La nécessité politique et humaine de favoriser le plein emploi, au lieu de maintenir nos pays européens dans la gestion d'une pénurie entretenue de chômage dit structurel est ainsi solidement dissimulée aux yeux de beaucoup. Une réduction de quelques pour cent des demandeurs d'emploi feraient fondre nos problèmes de trésorerie.

 

Os court « Puis-je vous dire un mot ? - Cela dépend lequel » Francis Blanche

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 LEM N° 111- 16/07/99 .............................. Consulter un autre numéro ?

 

Lettre d'Expression médicale n°111

Hebdomadaire électronique francophone de santé - 16 juillet 1999

Comité éditorial : Pr Jean-Paul Escande (Paris-Cochin), Paul Fabra (Paris), Odile Marcel (Lyon III)

Directeur François-Marie Michaut (MD), 4 bis rue Saint Michel, 17000 la Rochelle (France).

Téléphone, répondeur, télécopieur : + (33) 5 46 27 01 98
Consultation des archives de la LEM
Vivre ou exister

Docteur Jacques Blais (*)

Il est toujours instructif de tenter de simplifier. Si l'on opère dans ce sens en ce qui concerne la vision de l'exercice médical, le constat est celui de deux pôles. L'un, majoritairement attractif, est visé par la cohorte des praticiens dont la manière d'être, les connaissances, et le but, sont de préserver la vie, donc de ne pas mourir, ou au moins pas tout de suite.

L'autre, minoritairement repéré, est cherché par les professionnels qui tentent de permettre l'existence, s'attachant moins à l'idée impérative de vivre.

Les protecteurs de vie incluent toutes sortes de catégories, allant des réanimateurs aux intervenant de protection maternelle et infantile, en passant par des généralistes, des spécialistes, des cancérologues ...

Ceux qui privilégient l'existence réunissent aussi des des catégories différentes, depuis les chercheurs en procréation jusqu'aux psychiatres, en passant par des généralistes, ou des spécialistes.

Faire vivre, ou aider à exister. Question

Deux pôles également opposés se découvrent en matière sociologique, économique, anthropologique, méthodologique. Le groupe des professionnels de santé définira plutôt son ensemble comme celui d'acteurs de progrès et d'aide dans le système relationnel humain.

 

* Jacques Blais, médecin généraliste de la banlieue parisienne, enseignant et écrivain a été l'un des fondateurs de la LEM en 1996 . NDLR

Quand la vision politique, dirigeante, financière, gouvernante les classera d'avantage en véhicules de marchés économiques ayant pour support des catégories de personnes à des degrés variables de leur évolution.

Les deux chapitres de considération présentent des implications socio-économiques très différentes. Les médecins visant avant tout la vie, l'action, suivront des démarches selon une stratégie défensive, thérapeutique, et offensive, prévention, explorations, qui répondent à une demande de société, où les critères seront le confort, la santé, la maîtrise de la mort, l'efficacité, les résultats, la présence vivante, la croyance en la science. L'ensemble ayant un coût élevé de réalisation.

 

Les praticiens privilégiant l'existence, l'expression, l'émotion, ébaucheront une stratégie évolutive, reflet des attentes et des souhaits des sujets, des patients, et réparatrice, à base de solutions issues des pratiques et des expériences, des objectifs et des enjeux. Les critères forts étant l'être, la personne, l'adaptation, les thérapies. Dans un coût surtout important en traitants, en écoutants.

 

Etre un acteur et un moteur de soins, but des praticiens. Etre un agent et un vecteur de marchés, estimation des financiers et des politiques. Etre un recours et un producteur de soins, espoir des patients ?

 

Une médecine qui protège, maintient, augmente, prolonge la vie, ou une médecine qui valorise, débusque, privilégie, restaure l'existence, premier choix à déterminer pour le médecin encore en devenir ou en interrogation.

 

Une médecine qui soigne, aide, écoute, place au centre les êtres, ou une médecine qui agit selon des critères financiers, politiques, économiques, une médecine concrète des hommes vrais, ou une médecine théorique de concepts, des statistiques, des taux et des marchés, un autre choix pour les gouvernants encore en gestation .

 

Fin du texte intégral de Jacques Blais, reçu par courrier le 7 juillet 1999.

 

Os court « Ne pas confondre le pif d'Hippocrate et le paf d'hypocrite » Dr Tartuffe, sexologue

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 LEM N° 110- 09/07/99 .............................. Consulter un autre numéro ?

 

Lettre d'Expression médicale n°110

Hebdomadaire électronique francophone de santé - 9 juillet 1999

Comité éditorial : Pr Jean-Paul Escande (Paris-Cochin), Paul Fabra (Paris), Odile Marcel (Lyon III)

Directeur François-Marie Michaut (MD), 4 bis rue Saint Michel, 17000 la Rochelle (France).

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Ici et là-bas

Docteur François-Marie Michaut

Que se passe-t-il actuellement chez les médecins français, quelle est leur état d'esprit ? Voici ce qu'en dit un jeune confrère médecin généraliste non syndiqué. Les médecins de moins de trente cinq ans, encore frais émoulus de leurs années d'études et de pratique hospitalière, obéissent sans état d'âme à toutes les nouvelles obligations administratives et réglementaires. Les médecins qui atteignent la cinquantaine attendent ouvertement la retraite, en bougeant le moins possible et en traînant les pieds devant les innovations comme la Carte de Santé et l'informatisation de leur cabinet. Les confrères d'âge intermédiaire se demandent comment quitter le bateau en cours de naufrage de leur pratique libérale, aux contraintes jugées de plus en plus invivables. La voie d'une reconversion dans des activités médicales « hors contrainte » de l'assurance maladie obligatoire est recherchée, comme s'il s'agissait d'un véritable sauve-qui-peut. Qu' importe si ces disciplines sont scientifiquement peu assurées, du moment qu'elles permettent au médecin de tirer son épingle du jeu. Réaction individuelle. Aux USA, les médecins sont aussi de plus en plus exaspérés par les contraintes du Managed Care, et des HMO's. Pour ne plus subir les autorisations de prescriptions venant de bureaucrates, leur réponse est collective. Pour se défendre, ils s'inscrivent en masse à des syndicats ouvriers, le syndicalisme médical n'existant pas ( encore ) dans leur pays.

L'idée fixe de la réduction des dépenses de santé

Les gouvernants de tous les pays du monde ont la même obsession : Il faut réduire les dépenses de santé. Pas question de régenter les dépenses d'alimentation, de loisirs ou d'automobile, contrôler seulement ce qui touche aux sommes consacrées aux soins médicaux. N'y-a-t-il pas là une atteinte aux capacités de libre-arbitre des citoyens utilisateurs de médecine, comme s'ils étaient trop vulnérables pour ne pas décider la part de leur revenu à consacrer pour se soigner ? Sinon, l'autre explication, qui mériterait d'être démontrée serait que le secteur de la santé est d'une nature différente de toutes les autres activités économiques. En paraphrasant Daniel Andraud ( LEM 108 ) : « Pour penser l'avenir, le corps politique doit renoncer à parler au nom des patients ». Alors, patients, reprenez la parole confisquée un peu partout !

 

En Allemagne, réforme du système de santé

Un projet de loi s'attaque à stabiliser les dépenses dans ce secteur à compter de l'an 2000 ( QdM du 29/6/99 p2). Avec l'indexation des dépenses de santé sur l'évolution des salaires.

 

En Suède, tout n'est pas rose

« La loi suédoise donne aux 26 conseils généraux la responsabilité des services de santé. Les conseils généraux lèvent un impôt local pour financer ces services ... La Suède a pris conscience de la dégradation de son système de soins avec le décès de plusieurs malades n'ayant pu être traités à temps, faute de moyens ..." Nos ressources sont désormais comptées et le système ne peut plus admettre que les cas les plus graves " explique Anders Berg médecin-chef de l'hôpital de Karlstadt ... Dans sa loi de finances 1999, le gouvernement social-démocrate a réduit le budget de la santé qui, l'an dernier, ne représentait plus que 6,7% du PNB, contre 7,5% en 1992 » . Qdm 29/6/99 p.2

Et, pour mémoire, la Suisse

- Les lecteurs de la LEM connaissent bien le projet ministériel fédéral GRAT de révision autoritaire des tarifs des actes médicaux, au pays même des assurances privées et des initiatives cantonales. Cf LEM 107

 

Os court « - Docteur, je ne crois pas aux microbes ! - Qu'est-ce que vous voulez que ça leur fasse ? » Un Internaute

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LEM N° 109- 02/07/99 .............................. Consulter un autre numéro ?

Lettre d'Expression médicale n°109 Hebdomadaire électronique francophone de santé du 2 juillet 1999

http://www.gessie.tm.fr/expression-medicale

Comité éditorial : Pr Jean-Paul Escande (Paris-Cochin), Paul Fabra (Paris), Odile Marcel (Lyon III)

Directeur François-Marie Michaut (MD), 4 bis rue Saint Michel, 17000 la Rochelle (France).

 

Du temps de Molière

Docteur François-Marie Michaut

Jean-Baptiste Poquelin a bien fait rire son public sur le dos des médecins depuis le siècle de Louis XIV. Le ballet final du Malade Imaginaire, pudiquement passé sous silence, reste un monument de cocasserie. Mais, au delà des apparences, la curiosité médicale y retrouve utilement le mode de fonctionnement intellectuel de nos devanciers. Deux maîtres à penser sont alors considérés comme intouchables : Hippocrate et Aristote. Leurs concepts sont jugés indépassables. Trois siècles après, il est facile de se moquer de cette myopie. A moins de se demander si nous ne vénérons pas de la même façon nos idoles les plus récentes.

Avec toutes les restrictions que doit entraîner toute comparaison, c'est un jeu possible. Les livres d'Hippocrate d'antan ne peuvent-ils pas être rapprochés de la médecine technoscientifique de nos jours, chère à Odile Marcel . Avec ses promesses moléculaires et génétiques, clonages et OGM, elle a pignon sur rue. A tort ou à raison, la philosophie d'Aristote a disparu de nos esprits. Une autre conception du monde triomphe désormais. Ce n'est plus celle d'un système religieux ou politique, mais bien celle qui impose la domination de l'économie sur toutes les activités humaines. La loi des marchés, érigée en " intégrisme" selon Soros, ou " une économie de la santé, laissez-moi rire " comme le dit Paul Fabra. Aurons-nous la chance de voir le nouveau Siècle des Lumières souhaité par Jean Paul Escande succéder à notre Grand Sièc le qui finit ?

A propos de l'épure en dix mesures ( LEM 106)

« Ces dix propositions sont intéressantes, certes, mais elles sont loin de faire un vrai projet qui pourrait entraîner un débat et apporter l'adhésion de multiples partenaires.Je retrouve des bonnes idées mais il me semble qu'il faudrait étoffer ce projet, pas avec seulement dix propositions mais avec 50, 100 pages et un travail solide. A titre personnel, je suis prêt à travailler dans cet axe. Pour la forme du travail, je crois qu'un travail en groupe suppose de se connaître, de se voir physiquement » . Telle est la proposition lancée par le Docteur Serge Contard ( scontard@wanadoo.fr). La balle est dans le camp des lecteurs de la LEM.

 

Satisfaire les clients, le profit ... viendra de surcroît

« Quand un grand patron japonais affirme qu'il se sent responsable de l'emploi des salariés du groupe, que l'objectif est de satisfaire les clients et de produire plus et que le profit viendra de surcroît, c'est lui qui a raison ». Telle est l'affirmation extraite de la chronique de Paul Fabra ( " La mondialisation prend un autre visage au lendemain de la guerre du Kosovo ", Les Echos du 25 juin 1999, p 61 ). La formation à l'économie organisée par la LEM va exactement dans ce sens. L'objectif essentiel de l'entreprise médicale que constitue un cabinet, ou un établissement d'hospitalisation, se trouve bien être d'apporter la plus grande satisfaction possible aux patients, et non pas, comme il est si souvent sous-entendu, de faire le plus d'argent possible sur le dos de l'assurance maladie. Il n'y a nul abus de langage quand on dit que l'économie et la médecine ont bien des choses à voir ensemble, et bien au delà de la seule et inefficace maîtrise des dépenses de santé.

 

Chantier en cours sur la Toile

Afin de faciliter l'accès à cette formation à l'économie, actuellement uniquement diffusée par abonnement postal, D'un caducée à l'autre est en cours d'installation sur l'Internet. Pour un abonnement annuel modeste ( déductible fiscalement ), il est possible à chacun d'en bénéficier. Un plus appréciable pour les Internautes : les fiches techniques. Par exemple, pour effectuer le bilan économique de son cabinet avec des moyens simples. Renseignements à http://www.exmed.org/exmed/ecof.html

 

Os court « La médecine : la seule profession qui travaille en permanence à détruire la raison de son existence »

James Bryce

LEM N° 108- 25/06/99 .............................. Consulter un autre numéro ?

 

Lettre d'Expression médicale n°108

Hebdomadaire électronique francophone de santé - 25 juin 1999

Comité éditorial : Pr Jean-Paul Escande (Paris-Cochin), Paul Fabra (Paris), Odile Marcel (Lyon III)

Directeur François-Marie Michaut (MD), 4 bis rue Saint Michel, 17000 la Rochelle (France).

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L'argent

Docteur Alain Marco (*)

 

L'argent est un vecteur

Ami ou dictateur

Un choix de chaque instant

Soyons en bien conscients

qui peut nous élever

ou bien nous scléroser

Les exemples sont flagrants

les brouillards persistants

Soufflons, soufflons très fort

conjugons nos efforts

à chaque pas, chaque instant

et Vive le Soleil Levant !

 

(*) « une petite poèsie ne vaut-elle pas mieux que de longs discours ? » AM

 

Suite de la LEM 107 :

Révision des tarifs médicaux (2)

Dr Max Klohn

Le prix payé pour les services médicaux (4) par analogie, est basé sur un nombre de points attribué à chaque prestation, à convertir ultérieurement en francs et en centimes. Il comporte deux composantes : La composante médicale (CM) (4b) par analogie, qui constituerait le salaire du médecin, et la composante technique (4a) par analogie, censée couvrir ses charges. On constate donc cette absurdité : alors que les charges du médecin sont fixes presque en totalité, leur rémunération dépend d'une variable associée au temps passé auprès du patient ; elles ne sont donc pas couvertes lorsque le médecin est absent pour maladie, service militaire ou vacances !

 

Un ordre tarifaire rigoureux

Pour des raisons purement politiques, on a fixé au corps médical un revenu de référence annuel (5) par analogie (il s'agit d'une sorte de chiffre d'affaires maximal atteignable avec 1700 heures de travail auprès du patient par an), objet de litige entre médecins et assureurs, qui les premiers cherchent à imposer étant donné leur position dominante dans le débat.

Les assureurs veulent FS. 200 000 par an pour 1700 heures de travail auprès du patient par an, ce que conteste la partie médicale. Comme le médecin n'est pas un producteur de boîtiers de montres et qu'il effectue des services de difficulté variable, on a introduit la notion de dignité, répartie en degrés de 5 à 12 par ordre croissant de rétribution: la plus basse pour les actes courants -les plus fréquents-, la plus haute pour des actes hors de portée de la majorité et peu fréquents.

Enfin, la structure tarifaire du GRAT est complétée par des dispositions d'application qui en limitent l'emploi par le médecin. Par exemple: certains groupes de prestations ne sont remboursés qu'une fois par an, ou 4 fois au maximum en cas de maladie (qui peut durer plus d'une année), etc. En s'inspirant d'un système applicable à une production industrielle qui porte sur un seul objet, ou sur un nombre limité d'objets, avec un flux de production constant, on a voulu structurer par une méthode analytique-normative l'activité des médecins et leur rémunération. L'impossibilité de procéder systématiquement de cette façon a été reconnue et on a passé à une méthode empirique, basée sur des faits observables, déterminés par des échantillonages, ou des modélisations, qui sont, en ce qui concerne ces dernières, de pures fictions prétendant rendre compte de la réalité. Le résultat s'étale ajourd'hui sous nos yeux. On prétendait remplacer les "tarifs de bazar" cantonaux par un ordre tarifaire rigoureux fondé sur des données d'économie d'entreprise. L'échec a été total, comme en atteste le fait que les mêmes prestations effectuées par des médecins de disciplines différentes, sont munies d'un nombre de points totalement différent.

 

« Respecter la parole des patients »

« La richesse du débat sur le système de santé en France, vient en particulier de l'émergence d'une parole structurée des usagers-patients. Pour penser l'avenir, le corps médical doit renoncer à parler au nom des patients ». Daniel Andraud daniel-andraud@wanadoo.fr

 

Os court « Si l'argent est le nerf de la guerre, l'or en est le muscle ». Pierre Dac

 

Pour les abonnés postaux, D'un caducée à l'autre ( management du cabinet médical : en savoir plus sur cette formation ) est au verso © Dr F-M Michaut - Expression médicale 1999

 

 

LEM N° 107- 18/06/99 .............................. Consulter un autre numéro ?

 

 

Lettre d'Expression médicale n°107

Hebdomadaire électronique francophone de santé - 18 juin 1999

Comité éditorial : Pr Jean-Paul Escande (Paris-Cochin), Paul Fabra (Paris), Odile Marcel (Lyon III)

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Révision des tarifs médicaux (1)

Nos voisins hélvétiques veulent, eux aussi, maîtriser leurs dépenses de santé. Au moyen du Gantz Revision Artz Tarif ( GRAT), ou révision totale des tarifs médicaux. Max Klohn, correspondant genevois de la LEM, présente ce dossier sur les relations entre une certaine vision économique et la pratique médicale . L'appel au public de la société suisse de gynécologie et obstétrique ( LEM 101 ) en constitue une autre appro- che. Illustration aussi du propos du n°14 de D'un caducée à l'autre « Ce sont les idées que nous nous faisons des faits économiques qui façonnent nos moeurs, et non les faits eux-mêmes » . FMM

 

Comme un horloger

Dr Max Klohn

Les fictions constituant la méthodologie mise en oeuvre par les concepteurs du GRAT « selon les principes de l'économie d'entreprise » sont calquées sur une production de type horloger. Un ouvrier-tourneur usine des boîtiers de montres. Le minutage (1) correspond au temps moyen de fabrication d'un boîtier par un ouvrier de qualification standard. Le temps de travail annuel (2) du tourneur est de 8 heures par jour, 5 jours par semaine, 48 semaines par an. La productivité (3) du tourneur est égale à son temps de travail annuel moins le temps total des pauses autorisées. L'industriel fixe un prix de vente (4) comportant deux composantes, l'un en rapport avec les coûts fixes (4a), l'autre dépendant en grande partie de la demande dont le produit est l'objet et variant en fonction de cette donnée (4b).

Revenu de référence de l'entreprise

Si on fixait à l'entreprise un revenu de référence (5), on prétendrait limiter, pour des raisons politiques, à une somme prédeterminée le chiffre d'affaires brut moyen de l'entrepreneur, déterminé en fonction des critères qui précèdent, qu'il ne pourrait alors dépasser qu'en allongeant le temps de production, lui-même strictement limité par les lois sur le travail. Passons de l'ouvrier tourneur au médecin.

Comme sa production ( ses services) ne porte pas sur un seul objet, il a fallu commencer par définir le catalogue exhaustif de toutes les prestations médicales possibles, appelé la nomenclature.

 

« Codage des actes » à la sauce suisse

Plusieurs années ont été nécessaires pour répertorier plus de 6000 prestations ramenées pour finir à près de 4600, auxquelles le médecin doit se référer dans sa facturation. Dans les tarifs cantonaux encore en vigueur, on compte entre 400 et 600 postes, et c'est déjà compliqué. Contrainte multipliée par 9 à 10! On a procédé alors à un minutage (1) par analogie, en fixant le temps imparti au médecin pour réaliser une prestation, qui seul est rémunéré.

 

Seulement 85% du temps de travail est dit « productif »

Le temps de travail du médecin -(2) par analogie- a été évalué par sondage dans un certain nombre de cabinets médicaux jugés représentatifs. Il a été fixé à 1700 heures par an de travail auprès du patient. Seul le temps passé auprès du patient est remunéré car seul jugé "productif". La gestion d'un cabinet implique environ 500 heures sup- plémentaires en l'absence du patient, donc non rémunérées. Incroyable mais vrai: il a été décidé que « le médecin ne doit pas tirer de revenu de ses investissements ». Cette disposition condamne, notamment, le laboratoire du praticien. Car quel chef d'entreprise va accepter d'avoir une activité qui lui impose des contrôles de qualité, une formation, une infrastructure et tous les soucis inhérents, pour un bénéfice zéro?

La productivité du médecin (3) par analogie, c'est le temps passé auprès du patient par rapport à la totalité de son temps de travail. Elle a été fixée à 85%. Pour un chirurgien, cela signifie qu'il doit passer environ 70% de son temps à opérer (15% pour le recrutement au cabinet + 70% pour l'activité spécifique = 85%; c'est complètement irréaliste et ce serait dangereux pour le patient si c'était vrai!).

A suivre ...

 

Os court « la vertu est une tentation insuffisante. »

G. B. Shaw

LEM N° 106- 11/06/99 .............................. Consulter un autre numéro ?

 

Lettre d'Expression médicale n°106

Hebdomadaire électronique francophone de santé - 11 juin 1999

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Epure en dix mesures

Dr François-Marie Michaut

Une épure est un dessin complet, c'est à dire beaucoup plus qu'une simple esquisse. Elle a été publiée ici il y a 6 mois ( LEM 87 à 89 ). Son objectif est de formuler un ensemble cohérent et solide pour une assurance maladie assainie de ses contradictions internes. Aux antipodes donc du classique replâtrage conjoncturel et politique à court terme fourni par un groupe ministériel d'experts. Car, nombre de nos difficultés de fonctionnement sont bien d'ordre structurel, et non liés à la conjoncture. Nous présentons nos excuses à nos lecteurs étrangers pour l'intérêt principalement national de ce travail. Mais, les néfastes solutions de réduction de la consommation des soins médicaux sont aussi imposées à nos amis suisses et américains, avec le GRAT, le managed care et les HMO. La médecine mondiale est concernée à un degré ou à un autre.

Depuis sa publication, cette épure n'a pas entraîné, comme nous l'aurions souhaité, de grands débats ici ou ailleurs. Il peut en être autrement maintenant qu'un certain nombre d'abonnés de la LEM ont d'eux-mêmes mis en oeuvre avec nous la mesure n°8 depuis trois mois. La seule sur laquelle nous pouvons agir directement, avec la n°7 qui nous a conduit à soutenir FULMEDICO. Car, ce qui sous-tend cette construction est une continuité éthique sans faille, une complémentarité naturelle entre une économie humaniste et une médecine des hommes ne se contentant pas de ses exploits technoscientifiques. A vous de vous exprimer .

 

Dix mesures pour assainir les soins de santé

- 1°) Rétablir la conscience pour tous de la réalité de l'origine unique de nos prélèvements sociaux

 

- 2°) Abroger toute mesure de rationnement de la consommation des soins médicaux

 

- 3°) Mettre fin au simulacre du paritarisme français pour la gestion des assurances sociales obligatoires et facultatives

 

- 4°) Adopter un statut nouveau des caisses régionales d'assurance maladie obligatoire

 

- 5°) Transformer la superstructure nationale hexagonale de la sécurité sociale en simple coordination des caisses régionales

 

- 6°) Ouvrir à la concurrence transparente des sociétés privées la part obligatoire de l'assurance maladie

 

- 7°) Laisser l'informatisation des médecins et des hôpitaux à la seule initiative privée prise par eux, les caisses régionales et les autres sociétés privées, avec l'interdiction de développer un réseau national

 

- 8°) Former de façon optionnelle et volontaire des soignants et médecins aux rudiments d'une économie responsable et éthique, et à la gestion d'un cabinet ou hôpital

 

- 9°) Obliger les fabricants et distributeurs de fournitures médicales à justifier leurs prix par voie de publicité pour clarifier la vérité des coûts en éliminant les subventions internes camouflées

 

- 10°) Privatiser progressivement les établissements hospitaliers et de santé, sans possibilité de détention d'actions par des personnes morales et avec limitation sévère des capacités d'emprunt auprès des établissements financiers

FULMEDICO conseille la grève

- Les médecins utilisateurs de logiciels médicaux et communicants appellent à la cessation de toute télétransmission des feuilles de soins.

 

Os court « Comme tous les hommes faibles, il tenait absolument à ne pas changer d'avis. » Somerset Maugham

 

Pour les abonnés postaux, D'un caducée à l'autre ( management du cabinet médical : en savoir plus sur cette formation ) est au verso.

© Dr F-M Michaut - Expression médicale 1999