POESIE
Dr.Jacques Blais

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LA VIE

La vie se nourrit des regards,
Des visages et des sourires,
Er des sentiers où elle s'égare,
De ces replis où le vent vire,
S'envole et va, sans crier gare
Donner la pluie ou parfois pire


La vie étonne, surprend, effare,
Tantôt merveille d'un matin gai,
Parfois brume d'un jour blafard,
Elle observe, elle fait le guet;
Brutal éclair fugace d'un phare
Qui surprend pupilles aux aguets.


La vie sait, quand elle part,
Laisser des traces, écrire des lignes,
Ces années où elle est rempart
Elle confie des voix, des signes,
Peut-être pour dire de sa part
Que ses jours n'étaient pas indignes.


 

 

 

 

La vie emplit de mer les yeux,
qu'elle sait entourer de soleil,
Tamiser de sagesse, ou mieux,
Apaiser d'un air pareil
A celui de quelques vieux
Dont est venu l'ultime éveil.

La vie s'éprend de doux espoirs
Et se chagrine de vains regrets,
Elle s'achève au bout d'un soir,
Gravant juste un nom sur le grès,
Mais parfois même dans le noir
des êtres perdus qui lui savent gré.

La vie est d'air, de feu et d'eau,
Reflet du ciel dans les flaques,
Des yeux, paupières en rideaux,
Portes ouvertes, volets qui claquent,
Acteurs, spectateurs et badauds,
Etres en vrai, humains en vrac...

VISAGE

Quand la vie a pour figure un visage
Où les lacs clairs des yeux sont rivages
Pour s'y rendre, et à l'abri s'échouer,
Là où le ciel et l'eau vont jouer,
Quand l'existence dessine ses images,
Silhouettes fugitives, fées ou mirages,
Il reste des traits connus qui sont bouées,
Ceux des êtres émouvants qui semblent doués
Pour endosser des costumes de Rois Mages
Autant que pour aider à rester sages...
Quand la vie est parvenue à nouer
Des liens humains, comme pour clouer
Sur ces figurines des noms d'usage,
Il n'est plus de temps ni plus d'âge
Pour se réjouir, et si souvent louer,
Dans un fond d'émotion enrouée,
Ces jours qui viennent et se partagent
Avec des êtres dont sont gravés les visages.
Quand la vie mord après s'être dévouée,
Quand elle s'endort dans une trouée,
Demeureront, discrètes, quelques pages,
Qui contre l'oubli feront barrage...

Tant d'interrogations chez tous, à propos de cette viellesse inexorable et redoutée. Jusqu'à ces questions sur le bénéfice secondaire : gagne-t'on plus, parfois, à passer pour sourde et à y trouver des excuses pour ne plus entendre un monde dont les cris et les appels vous dépassent, vous ennuient, ou vous horripilent ? Et profiterait-on un peu aussi quelquefois de cette indulgence accordée et même due aux anciens, en passant pour un peu plus lent, plus dur d'oreille autant que de sentiment, d'assentiment ou de caractère ?

LA SOURDE OREILLE

Tu connais bien, assurément,
Tous tes chapitres, tu te sais vieille,
Et le temps fait, décidément,
A double titre, la sourde oreille,
Souvent t'ignore, ou parfois ment.
Il fait le pitre, et toi pareille,
Te joue des tours et tourments,
Mais tu arbitres et tu surveilles.
Il reste un jour, pas le moment,
Ferme les vitres et puis sommeille,
Le temps bien lourd est ton calmant,
Et ce vieux cuistre, qui t'ensoleille,
Pourrait un jour être ton amant.
Fermer ton huître sur tes merveilles,
Depuis des lustres, assurément,
La pluie par litres abreuve la treille
Et elle persiste, effrontément.
Sur son pupitre, le garde qui veille
Sur le temps a oublié comment,
Et sous sa mitre fait sourde oreille.
Alors la vieille, l'es-tu vraiment ?

DITES NOUS

A quoi voit-on, dites moi,
Que la vie vous sourit,
Ou bien qu'elle trépigne ?
Comment savoir au fil des mois
Si l'existence nourrit
Des desseins droits et dignes ?
Vous comptez sur vos émois
Et quelques jours pourris
Ne vous font même pas signe.

Et quel peut-être, dites donc,
Le parcours qui relie
Tous ces bouts d'existence ?
Il est des êtres dont
Cet amour qui se lit
Dans les yeux est patience,
Et d'autres qui ont don
De souvent faire le lit
D'un futur de confiance

Mais que sera, dites nous,
Cet avenir adroit
Qui prétend perdurer ?
Comment donc savoir tout,
Et en a-t-on le droit
Ou doit-on endurer ?
Pour aller jusqu'au bout,
Vous comptez sur vos doigts
Les ans à augurer.

 

Comment sait-on, dites nous
Que la vie ne pourrait
Etre piètre compagne ?
Et devant quels remous
Voit-on qu'entre ses rêts
La mort vous accompagne ?
Vous comptez vos rendez-vous
Et vous barrez d'un trait
Les jours qui semblent bagnes.

Comment vient, dites toujours,
Ce sentiment si violent
Qui vous saisit soudain
Ou surgit certains jours
Comme un miracle lent
Qui paraît bien badin.
Mais quand il dit bonjour
Il a comme un élan
Qui n'a rien d'anodin...

Récapitulatif S U I T E