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KAMTCHATKA

"De cendre et de braises..."

Jacques Blais

 

          Une petite provocation de départ : lorsque j’évoque devant quelque interlocuteur le Kamtchatka, une question surgit, « où est-ce ? » et je ne peux me priver alors d’une réponse en décalage, en répliquant « c’est tout au bout à droite, comme les toilettes »
          Ce qui s’éclairera de la suite et des développements relatifs à cet étrange pays.
          De fait tout au fond à droite, puisqu’il sera nécessaire, pour atteindre cette péninsule, de traverser toute la Russie, de passer bien au delà des landes mystérieuses et légendaires d’Oulan-Bator, de l’Ukraine de Kiev, de la Sibérie avec ce nom un peu magique d’
Irkoutsk, pour parvenir au dernier endroit de ce côté ci du territoire en continuité avec l’Europe, avant de passer de l’autre côté, en traversant le Détroit de Bering, souvenir de géographie des lycées, pour retrouver l’Alaska et l’Amérique.
          Ce lieu ignoré est effectivement très éloigné, très méconnu, et au bout de… j’avoue être très tenté d’affirmer au bout de l’humanité, tant on y découvre un peuple isolé dans une absolue méconnaissance du monde et de ses locataires, les humains.
          L’interrogation suivante est souvent : « mais qu’est-ce qui peut bien pousser à se rendre dans de telles contrées ? » Le hasard et l’envie. Un vrai titre de roman, auquel ajouter une insatiable curiosité pour les endroits insolites de la planète, et tout autant leurs habitants.
          Soyons honnêtes, une bonne part de circonstance hasardeuse, dans le fait qu’une deuxième tentative pour nous rendre au Yemen ait été contrariée par une nouvelle guerre, des aéroports interdits, un conflit aboutissant à l’annulation des vols, après un premier épisode de report lié à des problèmes familiaux d’intervention chirurgicale d’une parente.
          Et soyons lucides, cette dose permanente d’attraction pour ces coins perdus de la terre, amenant soudain le doigt sur la carte : Kamtchatka. Pourquoi pas ? Très vite remplacé par « oh oui, excellente idée ! »

 


Le volcan Mutnovsky ( cliché Jacques Blais )


 
 
Un panaris trempé dans un bain

          Délibérément horrible, j’ai toujours ressenti comme la meilleure comparaison celle d’un doigt suppuré que l’on baignerait dans du Dakin, pour faire éclater son panaris ou sourdre le pus. La Péninsule du Kamtchatka n’est qu’un assemblage étonnant de volcans en activité pour une bonne partie, qui tremperait comme un appendice dans le Pacifique très au Nord, qui, en réalité, se partage là-haut entre la mer de Béring à l’extérieur et la Mer d’Okhotsk, reliquat intérieur d’un immense cratère d’autrefois qui serait la réunion d’une bordure d’innombrables autres. Les îles Kouriles ferment ce cratère à partir de la pointe du Kamtchatka, tandis que les Aléoutiennes montent la garde à distance, vers l’Océan.
          Dès lors, le Kamtchatka apparaît comme cette Péninsule volcanique longue comme notre France, envahie de cônes volcaniques, avec des veinules de rivières et des bois de bouleaux, quelques cultures modestes, une vague industrie du crabe (oui, les boîtes de Chatka de nos supermarchés), des milliers de saumons ignorés, quelques ours, quelques milliers d’habitants. Et dix lignes dans le Quid, pour s’assurer que cela existe vraiment.

 

Une expédition scoute

          Se rendre au Kamtchatka nécessite en préalable d’aller récupérer à Moscou la troupe des guides, une sorte de meute de boy-scouts issus de l’armée, de la marine, qui s’avèreront de remarquables monteurs de tentes, conducteurs d’engins, pilotes de zodiacs sur les rivières, pourchasseurs de moustiques, suiveurs d’ours, flanqués d’une cuisinière et d’une interprète retrouvées à l’arrivée. Ces hommes et femmes constitueront aussi un échantillonnage spectaculaire de Russes paumés, parfaits exécutants dépourvus de la moindre capacité d’initiative ou d’adaptation. Pré-programmés pour accomplir une tâche définie en quatre pages, mais rigoureusement dépourvus d’une quelconque possibilité d’extrapolation, de réflexion, d’abstraction. Et il serait inopportun, désobligeant avec le recul, et mal venu de leur en vouloir, tant leur histoire collective illustre en permanence une fabrication au moule ne laissant aucune hypothèse de dérogation au plan élaboré.
           Au fil de cette expédition, ces personnels transporteront dans plusieurs moyens successifs un important matériel. Des tentes de camping « sobres », deux très grandes tentes avec, comme on dit en marine « hauteur sous barrot » (membrure de charpente soutenant le pont) pour s’y tenir debout, l’une devenant la salle à manger collective et l’autre la cuisine, réserve, intendance, lors des bivouacs quotidiens. Et puis tous les compléments imaginables, chaises pliantes, tables, batteries de cuisine, réserves d’eau, containers de nourriture, etc. Une expédition vraie.
           Et il y a lieu de remarquer que cette troupe accomplira parfaitement cette partie de la tâche, finalement celle pour laquelle ils étaient mandatés, si nos esprits tordus d’occidentaux nantis et créatifs, curieux et inventifs, demandeurs et innovants, n’avaient pas émis des idées, bâti des projets, présenté des critiques, posé des questions, soit un ensemble de conditions, d’initiatives, de dérogations, incompatibles avec la règle apprise.
           Outre le plaisir de retrouver Moscou, à vingt ans d’un premier passage, avec exactement les mêmes trous dans la voirie que deux décennies plus tôt, mais de la dorure neuve sur les coupoles, infiniment plus de véhicules dans les rues, et des signes extérieurs d’accession à une économie de marché, le but était aussi de prendre le Tupolev en ruine (n’est-ce pas un pléonasme, retrouvé en Chine sur les mêmes avions dans un état de délabrement identique) qui nous emporterait, en quelques huit heures et plus de tire d’aile vers notre destination, Petro-Pavlovsk Kamtchatski, le port situé à la pointe de la Péninsule qui devait nous accueillir.
           Le vol est d’avance une dégustation d’un état d’esprit, davantage encore une illustration d’un état des lieux, et un constat de l’évolution du pays depuis les changements de régime fondamentaux ayant fait disparaître l’ancien régime communiste.
           Le petit paquet minuscule et dérisoire de touristes est intallé au premier rang de l’appareil, tous objets de curiosité et d’interrogation. Nous apprendrons plus tard, lors d’une entrevue avec la Télévision du Kamtchatka non moins intriguée par notre présence que ce territoire aura reçu cette année là la visite de neuf touristes en tout. Ceci expliquant les attentions dont nous ferons l’objet à bord.
           Comme beaucoup d’avions russes, celui-ci sert d’autobus à la population, qui le prendra pour rapporter de la nourriture dans leur village perdu, aller rencontrer des membres de la famille, se procurer pour réapprovisionnement de l’alcool à bas prix, ou acheter des objets de première nécessité introuvables dans leur zone éloignée.
           Et comme ceci se retrouve en situation parfois en Afrique, dans la Turquie profonde, ou ici dans la Russie perdue, il arrive aisément qu’il y ait plus de passagers que de sièges. Quelques personnes restent alors debout, permutant ensuite périodiquement avec des membres de la famille ou amis assis.
           Et puis très vite, au cours de la longue nuit de vol, apparaît une mise en évidence d’un constat local. Que reste-t-il , pour des populations dépourvues d’avenir autant que de présent, de perspectives ou de projet, d’économies ou de possibilités, sinon l’alcool, le sexe, et la drogue pour « égayer leur vie » ou quasiment l’occuper, la remplir ?
           S’installe alors, dans l’obscurité furtive et les mouvements perpétuels, une noria d’hommes parcourant l’allée centrale de l’appareil en permanence, toute la nuit durant. Il faut un moment pour réaliser ce qui se passe, le temps de repérer qu’effectivement ces personnes se rendent tout de même énormément aux toilettes, et une fois identifié un détail vestimentaire, blouson de faux cuir, pantalon rouge, chemise d’une couleur voyante, ou bien une particularité comme la longueur ou la coupe des cheveux, et peu à peu la réalité du passage répété des mêmes s’affirme. Tel passager en est à son septième aller et retour vers le réduit exigu des toilettes. En observant encore mieux malgré la pénombre, bien des voyages paraissent être effectués à deux, y compris l’entrée en couple (quel confort probable !) des individus en déplacement. En finissant par gagner soi-même, à l’occasion, les locaux dits d’aisance, pour assouvir un besoin nécessaire en fonction de la durée du vol, la réalité s’éclaire d’une compréhension meilleure : les toilettes sont devenues un véritable dépotoir, de joints fumés, de seringues, de capotes, de comprimés écrasés. Et ce qui s’y trame ainsi depuis des heures est un trafic de drogues de toutes catégories, plus que probablement payées bien souvent « en nature » à en juger par la démarche étrangement écartée, saccadée, lente et laborieuse de nombre de ces hommes aux « postérieur et antérieur » meurtris et exaltés à la fois après… introduction dans le saint des saints.
           Dois-je avouer qu’après tant de déplacements en avion sur toutes les compagnies imaginables, dans tous les recoins de la planète, je n’avais jamais encore eu à ce point l’occasion de visualiser un phénoménal marché de la drogue aéroportée sous couvert de marque de transporteur agréé. Tout arrive, et la vie est une expérience permanente.

 

Tourisme au bout de l'improbable

          Un des éléments que j’apprécie le plus, dans les voyages quelque peu « incongrus » est la découverte de la surprise complète, de l’imprévu, l’étonnement, le bizarre ou le loufoque .
          N’imaginons pas une seconde trouver un hôtel au Kamtchatka. La population vit toujours dans des appartements collectifs à la soviétique, une cuisine et une salle de bains commune pour deux, voire trois logements contigus, partagée selon des modalités régies par les habitants, ou la « chef de bâtiment ». En cas de visite d’étrangers à la ville, les seuls « touristes » envisageables, et s’ils n’ont aucune famille à « squatter » dans la région, une partie d’un étage d’une barre de HLM est attribuée aux personnes de passage. C’est exactement ce qui arrivait à Petro-Pavlovsk Kamtchatski, et de surcroît la barre HLM en question se prolongeait semble-t-il par la caserne militaire, sans grande délimitation.
          La « chef de bâtiment » nous accueillait là pour nous mener vers quelques chambres, et tant que tout entrait dans le programme de prévisions, un repas pouvait aussi être servi dans une salle prévue à cet effet, ou un petit déjeuner. Les difficultés eventuelles survenaient dès la plus minime entorse à la programmation officielle.
          Des esprits incongrus comme les nôtres nous ont enhardis, par exemple, mon épouse et moi, à se lancer à l’aventure, comme celle de demander s’il était possible de prendre une douche… Souvenir très amusant, devant la pittoresque mimique d’incompréhension de la préposée, appelant le sous-chef, qui réclamait d’urgence la chef. Conciliabule, dialogue du style : « une douche, toi Boris, ça te dit quelque chose, ce truc là ? Svetlana elle dit que oui, mais elle n’arrive pas à se rappeler quoi… Douche, hein, c’est ça ? »
          Au bout d’un intense moment de réflexion, quelqu’un aboutit à une conclusion géniale : « oui oui, la douche, c’est cette affaire avec de l’eau, là, n’est-ce pas ? Alors écoutez oui, cela existe dans la ville, dans les établissements thermaux, qui comportent des bains-douche. Oui c’est bien cela. Mais il y a problème. Le premier établissement, celui du Nord, a une panne d’électricité, en ce moment, alors ce n’est pas la peine. Celui de l’Est cela pourrait aller, seulement l’eau est coupée depuis deux semaines maintenant, donc…. Alors reste le Sud, mais il a été fermé l’année dernière, et à l’ouest les tuyaux sont crevés depuis le gel de l’hiver, c’est qu’il fait si souvent très froid ici, vous savez, alors on est résolument désolés, vous voyez, désolés… »
 

 
Une logique de l’inertie

          Ce fut la première découverte de la logique de l’inertie qui constitue la caractéristique majeure de cette contrée. Mais avant d’aborder ce chapitre, poursuivons jusqu’au bout cet aspect du tourisme. Nous aurons, quelques jours plus tard, l’occasion de bénéficier de ces bains volcaniques sortant tout chauds du sol, en déplacement vers le Nord. Au carrefour de deux chemins, des tuyaux nus énormes pointant du sol, avec de grandes mares fumantes sous une passerelle rouillée et à proximité de champs d’épandage. Et une petite foule en train de patauger, des autochtones se baignant dans cette eau très chaude, directement issue du volcanisme, entre une prairie et une voie de terre. Un peu spartiate, mais très agréable, surtout après n’avoir connu que le lavabo du HLM, et avant de ne rencontrer que le ruisseau de montagne glacé au petit matin bruineux ou crachineux avoisinant la tente.
          En fin de séjour, un des quatre centres thermaux eut de nouveau de l’eau à disposition, un jour, et nous avons pu l’utiliser comme une piscine très chaude.
          Pour revenir sur l’illustration de l’imprévu, nous sommes rentrés un soir à notre étage de barre HLM-caserne, alors que l’affaire n’était pas programmée ainsi. Nous voyant débarquer ainsi, la garde-chiourme émit un drôle de regard, entre effaré et consterné. Alors que nous bredouillions dans un sabir de tiers d’assimil russe pour voyage programmé à la dernière minute et interprète larguée en route pour cause de changement du programme de ce soir, pour faire comprendre que nous demandions s’il était possible de manger un peu, la gardienne nous ouvrit carrément son réfrigérateur. Qui se montrait sans pudeur nu comme une main, ou une coque d’œuf ! Il ne contenait absolument rien, rien, pas même un triangle de vache qui rit, ou une ponte de caille, intégralement vide ! La chef nous fit comprendre que nous pouvions trouver, à l’angle de la rue suivante, un « marché des vieilles » et de quoi manger certainement sur place.
          En la remerciant vivement, nous avons aussi souri de sa tenue, changée du tout au tout. De la tenancière d’hôtel du côté de la réception, fiches à remplir, clefs, sourire de circonstance et dépliants, l’habituelle façade occidentale de ces établissements, elle s’était muée en tenancière de boîte et plus si affinités, paillettes et maquillage outrancier, tenue affriolante courte et moulante, chevelure à bouclettes, et le nouveau décor de sa salle à manger d’un soir évoquait une orientation passagère alternative de son industrie, lumières rouges et canapés qui témoignaient d’un glissement de catégorie. Logements de dépannage des passants occasionnels dans la ville, vers le lieu de passe tout court des occasionnelles de la profession.
          Le marché des vieilles est une véritable institution traditionnelle de Russie. Ces femmes, âgées et souvent veuves, dépourvues de toute ressource, se rendent deux ou trois jours prévus par semaine au coin d’une rue, ou sur une placette, pour y vendre tout ce qui peut leur permettre de survivre ou subsister. Ce qui signifiera aussi bien leur vieux soutien-gorge, que des chaussures usagées, un chemisier brodé hérité de leur mère, une jupe devenue trop étroite, des napperons qu’elle auront fabriqués, un vieux meuble, une casserole excédentaire (cela existe-t-il pour elles ?) tous objets utiles qu’elles vendront à une plus pauvre, plus démunie encore. Elles proposent aussi des framboises de leur jardinet, un gâteau qu’elles ont confectionné, des œufs de leur poule, du yaourt artisanal. Et effectivement, il est ainsi possible de se procurer un dîner sur ce marché de la misère et du désespoir.
          Terminons sur cette stratégie de l’inertie si caractéristique. Le Russe placé devant une demande à laquelle soit il ne sait pas répondre, soit il ne souhaite pas répondre, est capable d’opposer des heures durant une force d’inertie totale qui finirait par exaspérer n’importe quel négociateur. Cela peut aller, et nous anticipons alors sans importance des épisodes ultérieurs pour illustrer, d’une occasion dérisoire à un point important. Souhaitant un samedi trouver ainsi un restaurant où déjeuner, nous soumettons la question à nos boys-scouts. Qui répondent par automatisme que c’est impossible, tout est fermé. Ayant appris à connaître leur stratégie, et désireux aussi, pour chaque circonstance de leur démontrer, certainement sans autre résultat que notre satisfaction vaine et vaniteuse, qu’ils avaient tort, nous les persuadons de rouler à travers les rues. Deux, trois, quatre gargotes sont effectivement closes, et nos accompagnants nous expliquent que, de surcroît, les groupes mafieux poussent peu à peu, par leurs manœuvres de racket, nombre de commerces à fermer. Mais nous finissons par découvrir un restaurant indonésien ouvert, ce qui nous donne une occasion de pseudo triomphe faussement démonstratif de notre raison.
          A la fin du repas, nous souhaitons boire un café et en émettons la demande. « Impossible », nous répondent nos scouts, ce qui à chaque fois m’interroge : est-ce parce qu’ils se sentent pressés par le temps, ou parce que de nouveau nous nous rendons en « territoire » inconnu, imprévu, ou est-ce leur réaction à eux devant tout ce qu’ils ignorent ? Obstiné dans mon souci de montrer, je me rends dans les cuisines, formule ma demande dans l’anglais que comprend le restaurateur, et sans aucune difficulté nous obtenons des cafés.
          En une autre occasion nettement plus tendue, nous trouvant depuis deux jours dans un camp de toile sur le flanc d’un volcan, sous une pluie continue empêchant toute ascension, nous proposons de changer de lieu de villégiature, en allant vers un autre volcan. Impossible répond le chef d’expédition. Rompus à l’exercice, nous allons maintenant chaque fois jusqu’à l’extrème bout de l’argumentation.

- Pourquoi n’est-ce pas possible ?

- Le camion qui doit nous attendre au point de rendez-vous ne sera pas là

- Oui, d’accord, alors appelez le avec la radio pour lui demander de venir

- La radio ne marche pas

- Est-ce certain ? Faites voir, cela doit se réparer aisément

Contrôle effectué, il s’agissait d’un simple faux contact, probablement préventivement installé par notre homme pour se mettre à l’abri d’une telle demande. La radio remarche de nouveau, nous insistons :

- Puisque cela marche, appelez le

- On ne peut pas, c’est entre 8h30 et 9 heures qu’il faut appeler

- Il est 9h06, essayez, nous insistons, essayez tout de suite

L’essai est réussi, l’interlocuteur est en contact

- Alors c’est d’accord, il vient nous rejoindre ?

- Non, il dit qu’il ne peut pas

- Pourquoi ?

- Le camion ne marche pas

- Ne nous racontez pas d’histoire, redemandez lui tout de suite !

- Il dit qu’il n’a plus d’essence

- Alors qu’il aille en chercher, nous le retrouverons une demi-heure plus tard

          Ce genre d’argumentation négative successive semble pouvoir durer ainsi indéfiniment, et je me suis souvent pris à imaginer par exemple un homme d’affaires européen venant négocier un marché sur place. Il a rendez-vous dans un hôtel ou un autre lieu, il attend son correspondant qui naturellement n’est pas venu. On lui expliquera, au fil de ses demandes insistantes jusqu’à la colère que le négociateur a raté son bus, puis que son téléphone est en dérangement, ensuite qu’il n’y a plus de taxi disponible pour aller le chercher, et après qu’il est malade, ou qu’il s’est trompé de date et est parti ailleurs….

 
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