Lorsque j'étais enfant souvent, je m'ennuyais
Mais c'est là, méditant, quand mes neurones pensaient,
Qu'elles m'ont fait devenir celui que je crois être,
Me forgeant quelques bases que ma tête sut admettre.
Le doux ennui, pour moi, fait rêver, voyager,
Créer, imaginer, mûrir ou rédiger.
Les gamins d'aujourd'hui ne savent plus s'ennuyer.
On le leur interdit ; non pas pour travailler,
Mais pour jouer, jouer à tout, jouer à n'importe quoi,
Aux jeux bien compliqués dont l'époque est la proie.
Distractions, distractions ! C'est là le maître-mot,
Qui nous distraient bien moins que le moindre des maux.
Le rire, ont dit certains, est le propre de l'homme.
Ne serait-ce pas l'ennui, son vrai vade-mecum ?
D'ailleurs, le sot robot, qui ne sait s'ennuyer,
Ignore le vague-à-l'âme ; donc ne sait pas penser.
Et s'ennuie-t-on vraiment avec ceux qu'on ennuie ?
Il y a des vicieux que l'exercice séduit.
Ennuyons-nous souvent, c'est le plaisir des Dieux !
Loin des spleens, des bourdons, des cafards pernicieux.
Combattons l'acédie, l'anxiété maléfique,
Les raseurs, les soucis, la tristesse fatidique,
L'adoration béate de l'immédiateté !
Adorons la rêverie jusqu'à la satiété !
Comment le définir, cet ennui que je choie ?
Et si c'est l'art de vivre ? L'art de vivre avec soi ? |