1 avril 2008
Se soigner enrichit la France
En lisant ce titre, vous ne pouvez qu' évoquer un canular
en forme de poisson d' Avril tant l' affirmation parait incroyable
si l' on en croit les discours médiatiques. Vous vous rendez
compte, depuis qu' on nous martèle sur tous les tons que
nous, médecins comme patients, dépensons finalement
beaucoup trop d' argent pour notre santé, creusant le si
fameux trou de la sécurité sociale. Et que la seule
solution pour éviter la catastrophe, c' est de dépenser
moins. Il est alors bien difficile de concevoir notre système
de santé autrement que comme une machine à dépenser
beaucoup, beaucoup et de plus en plus d' argent. Cependant si on
se donne la peine de lire le très sérieux et très
officiel rapport de la commission pour la libération de la
croissance française, sous la présidence de Jacques
Attali, on se pose des questions. Oui, le domaine de la santé
peut être un secteur très important de création
de richesse pour la France. Page 70 de "300 décisions
pour changer la France", le sous titre est sans ambiguïté
: La santé, une chance pour la croissance. Vous souvenez-vous
que nous avons jadis ouvert sur ce site un espace consacré
à l' économie et à ses rapports possibles avec
la médecine ? Sans beaucoup de succès, en vérité,
mais voici que la roue tourne, enfin. Exmed est donc très
motivé pour suivre de près cette démarche qui
présente une énorme ouverture potentielle de nouveaux
horizons. Nous y consacrerons nos deux prochaines LEM. Ce qui prouve
bien à ceux qui douteraient encore du sérieux de ce
Coup d' Oeil qu' ils font fausse route. Nous sommes désolés,
et ravis, de déroger ainsi avec la coutume sympathique du
premier jour du beau mois d' avril.
Dr F-M Michaut
2 avril 2008
Journée mondiale de l'autisme
Aujourd' hui, a lieu la première journée mondiale
de sensibilisation mondiale à l' autisme, et le gouvernement
dévoile son programme 2008-2010. Pour le diagnostic et l'
accès à une prise en charge éducative efficace,
la France serait en retard sur les pays anglo-saxons. Retard dû
au fait que la prise en charge psychothérapeutique privilégie
les théories psychanalytiques abandonnées outre-Atlantique
depuis les années 1980. Force est de constater qu' elles
n' ont jamais remporté un franc succès là-bas.
L' approche psychanalytique s' est d' abord focalisée sur
l' origine psychique, évoquant une supposée froideur
maternelle altérant le lien affectif avec son bébé.
Par la suite, le courant psychanalytique a intégré
la dimension neurophysiologique et la génétique.
La vision anglo-saxonne fait des émules dans l' hexagone.
Depuis 2005, s' est crée à Villeneuve d' Ascq (Nord)
une structure expérimentale qui applique à 100 % en
France la méthode ABA (Analyse appliquée du comportement).
Innovante en France, elle est porteuse d' espoirs pour de nombreux
parents, et est largement pratiquée aux États-Unis,
en Norvège, en Espagne ou au Royaume Uni. La méthode
ABA a été créée par Ivan Lovaas dans
les années 60. Elle diffère de l' approche psychiatrique
et traite l' autisme comme un trouble de la perception. Elle consiste
en une analyse du comportement associée à une intervention
intensive visant à obtenir une meilleure socialisation de
l' autiste, encourageant les attitudes jugées adaptées
partout, diminuer les conduites évaluées inadaptées
par des stimulations très brèves qui s' enchaînent,
des activités physiques, visuelles, physiques, sensorielles.
Pour que la méthode ABA soit efficace, il faut qu' elle soit
pratiquée intensivement à raison de 30 à 40
heures par semaine. Elle est pratiquée par une équipe
éducative formée des professionnels et incluant les
parents intervenant en même temps. Ainsi dans le centre du
Nord, un enfant peut suivre l' entraînement ABA quatre jours
par semaine, de 8h30 à 16 h, et le soir les parents prennent
le relais des éducateurs.
Le Dr Vinca Rivière et le Pr Jean-Claude Darcheville (Lille
III) ont créé en 2000 un «master pro»
destiné à former des psychologues qualifiés
ABA, et une association. Parents, psychologues, éducateurs
assurent bénévolement la prise en charge des enfants
autistes car c' est une méthode onéreuse, et qui n'
est pas prise en charge par la sécurité sociale.
La méthode ABA n' est pas la seule méthode de prise
en charge comportementale de l' autiste. Les plus répandues
outre-Atlantique sont la méthode PECS validée dès
l' âge de 18 mois, la Futureschool qui consiste à ouvrir
les enfants au monde ordinaire, le programme TEACCH qui part de
l' idée que l' autisme est un déficit neurologique,
adapté au cas par cas. Si les parents sont intégrés
au suivi de leur enfant, ils n' en sont pas pour autant des éducateurs
comme dans le programme ABA. D' autres approches existent comme
la rencontre avec des animaux (hippothérapie, et les dauphins
en Floride). Sans compter une myriade de pseudo méthodes
plus ou moins discutables comme la Communication Facilitée,
qui en France a été épinglée dans les
rapports 2005 et 2006 de la MIVILUDES.
Les détracteurs de la méthode ABA disent qu' elle
s' appuie sur les travaux de Pavlov et de Skinner sur le conditionnement.
En fait, elle tirerait ses sources de la psychologie expérimentale
de l' apprentissage. Il existe plus de 500 publications sur la méthode
ABA. Des études indépendantes (Smith 1996, Olley et
Guttentag, 1999) concluent que la plupart des principales méthodes
sont inefficaces, et des rapports comme celui de New York (1999)
concluent que la méthode ABA est celle qui a le plus d' études
biaisées.
Regard sceptique également pour le Dr Rapin, «Le choix
d' une approche particulière intensive et éducative
n' est pas une décision médicale, et tous les traitements
actuels se valent.»
Nicole Bétrencourt
.......................................................................................................................
Sources:-Journal du dimanche du 30 mars 2008
-Isabelle Rapin, MD discussant,
8-year -old boy with Autism, Jama.2001;285: 1749-1759
Interventions for Autism,Jama, vol.286 No 6, August 8, 2001
- Science and pseudoscience in clinical psychology, edited by Scott
Lilienfeld and Co, chapter 13, p 363 to 395.
Sur la Communication Facilitée:
http://www.prevensectes.com/rev0707.htm#10
- Notes: L' autisme a été défini en 1943 par
le psychiatre Léo Kanner, reprenant le terme d' autisme créé
en 1911 par Eugène Bleuler. Les critères descriptifs
de diagnostic sont définis dans le DSM IV de l' American
Psychiatric Association (diagnostic criteria for 299.O), et le CIM
10.
La France est en retard selon L' AVIS N°102 du CCNE ( comité
national d'éthique) .
L' étiologie de ce trouble psychique est complexe, mais l'
utilisation des classifications internationales permet aux parents
et aux éducateurs de se comprendre pour la prise en charge
de l' autiste qui doivent insister sur les dysfonctionnements relatifs
aux communications et aux interactions sociales dans l' autisme.
Ces anomalies sont difficilement détectables chez le jeune
enfant. Les signes précoces peuvent être dépistés
dès l' âge de 18 mois mais ce n' est que vers l' âge
de trois ans qu' un diagnostic fiable d' autisme peut s' effectuer.
Ndlr in English: I.Rapin: « The choice and intensity of educational
approaches is an educational, not medical decision».
3 avril 2008
Les auto-évaluations du patient
Se libérer du pouvoir du corps médical est une recherche
permanente des patients (plus de liberté) mais également
des autorités sanitaires (plus faible coût). Cette
recherche d' autonomie concerne les petites maladies mais aussi
les maladies chroniques les plus fréquentes (HTA, Asthme,
Diabète ..) avec un fort soutien des laboratoires pharmaceutiques.
Des écoles ( Asthme Diabète) sont là pour former
les patients à l' observance des traitements et à
l' autoévaluation. Des infirmières sont formées
spécifiquement pour réaliser cette éducation.
Tout cela part d' une intention louable si les résultats
à moyen terme sont fiables, et si le patient améliore
ses comportements. Malheureusement la pratique régulière
d' une mesure apparemment simple (Tension ou Souffle) est en réalité
difficile, la fiabilité du résultat est donc faible
ou nulle.
Cette "politique" s' accompagne de la mise sur le marché
de matériel de mesure de plus en plus simple, portable, numérisé
(Internet). Cette vulgarisation des soins et le transfert d' une
partie de la prise en charge médicale aux patients et aux
paramédicaux nécessite que les médecins soient
vigilants et critiques sur la validité des informations rapportées.
Il faut aussi qu' ils se posent la question du pourquoi de cette
dérive ? Et au bénéfice de qui ?
Pour l' article cité en référence ce n' est
pas le patient.
D' après Logan AG et coll.: Attitudes of primary care physicians
and their patients about home blood pressure monitoring in Ontario.
Journal of Hypertension 2008 ; 26 : 446-52.
Dr B.Blaive
4 au 6 avril 2008
Le dessin de Cécile Bour:Quarantaine
7 avril 2008
L' inverse de ce qu' on nous a dit LEM
543
eDepuis des années,
nous ne cessons d' entendre dire que le secteur de la santé
ne peut être pour la collectivité qu' une source de
dépenses, de plus en plus lourdes, qu' il faut absolument
maîtriser au mieux. Alors voir apparaître le même
monde de la santé comme une des sources majeures pouvant
permettre à la France ( donc aux Français) de créer
de la richesse, mérite qu' on prenne quelques instants pour
essayer de comprendre cette surprenante volte-face de certaines
de nos élites pensantes. Bien entendu, cela ne doit pas nous
dispenser d' exercer aussi largement que possible notre esprit critique,
mais on ne peut plus faire comme si cette idée n' avait pas
été formulée et transmise aux plus hautes instances
de la France. Suivons Bruno Blaive dans son investigation personnelle
de la LEM 543 au titre paradoxal dans le catastrophisme ambiant
: La santé, une chance pour la croissance. Bonne lecture,
et osez réagir vous aussi, amis lecteurs.
Dr F-M Michaut
8 avril 2008
Syndicalement vôtre!
Désigner le mal c' est déjà le dénoncer.
C' est pourquoi l' indignation n' est pas de mise. L' indignation
est une posture morale, souvent commode, réservée
au spectateur. [… ] Celui qui s' est couché devant
le pouvoir totalitaire n' est plus capable d' un tel jugement. Ayant
renoncé à sa liberté de penser et d' agir en
conscience, le monde ne lui parait plus que selon le prisme déformant
du discours dominant, de l' idéologie officielle, qu' il
en soit conscient ou non. Les Complaisantes,
Jonathan Littell et l' écriture du mal (p.8-10), Édouard
Husson - Michel Terestchenko, François-Xavier De Guibert
éditions
Curieuse entrée en matière ?
Pourtant la condamnation des syndicats médicaux pour entente
illicite par le conseil de la concurrence montre à quel point
notre société se réfugie lâchement dans
l' indignation. Quel est donc le discours dominant sur le corps
médical ? Un discours partagé entre suspicion
et soumission. Partant de là, comment ne pas être indigné
par tous ces médecins qui osent sacrifier le pouvoir d' achat
de leurs patients sur l' autel de l' avidité.
Il faut bien admettre que nombre de médecins, par leur incapacité
à agir ensemble pour le bien des patients, se retrouvent
de fait désignés à la vindicte publique.
Plus inquiétant, la manipulation des « hautes
autorités », y compris judiciaires. Sous le couvert
d' une protection des patients se cache un lent travail de sape
de notre système de protection sociale. C. Bronner, président
du syndicat Espace généraliste (EG), fait une analyse
pertinente de la situation. Dans notre système, ce sont les
médecins du secteur 1, dit conventionné, qui coûtent
le plus cher puisque leurs actes sont totalement remboursés
et leurs charges en partie réglées par l' État
( en fait par l' assurance maladie obligatoire NDLR). Dans la situation
de déficit public actuelle, quoi de plus naturel que de vouloir
supprimer ce secteur ? Mais le dire clairement révolterait
nos concitoyens qui n' auraient plus alors que le bon vouloir de
leurs mutuelles pour parvenir à être remboursés
de leurs frais médicaux. Plus facile de s' indigner, comme
l' a fait l' association Familles Rurales, devant les dépassements
« orchestrés » par les syndicats médicaux.
Et bien sûr relayée par l' ensemble des médias
avec un chiffre qui ne peut que nous révolter : «
Le préjudice pour les patients est évalué à
180 millions »,…, la réaction de Familles rurales,
qui note que « l' amende, dissuasive, est très en deçà
du préjudice subi par les patients ».
A-t-on déjà vu un médecin exiger le payement
d' une consultation en pointant une arme sur la tempe de son patient ?
Comment peut-on alors victimiser ainsi des malades qui exigent le
statut d' usagers ?
Lorsque les différents syndicats, présents dans toutes
les entreprises, se mettent en grève, ne s' agit-il pas d'
entente illicite au regard des préjudices subis par leurs
clients ou fournisseurs ? Les usagers de la SNCF portent-ils
plainte contre les syndicats pour préjudice lorsqu' ils ratent
des rendez-vous, perdent des contrats … lors des innombrables
grèves de cette entreprise monopolistique ?
Pas de chance, les toubibs ne peuvent pas arrêter le travail…alors
ils « s' entendent » pour obtenir de justes
rémunérations avec des moyens parfaitement légaux
puisqu' inscrits dans la nomenclature.
Entente illicite dites-vous ? Comment qualifier alors la posture
clairement affichée des nombreux ministres de la santé
de vouloir mettre le coût de la santé en lieu et place
des patients ? Mise en coupe réglée des cliniques
avec l' objectif d' exercer un odieux chantage sur l' hôpital
public : si vous ne diminuez pas vos coûts vous subirez
le même sort que les vilains privés. Volonté
de diviser pour mieux régner. Le vrai danger de toutes ces
manipulations, c' est la qualité des soins. Au lieu du « travailler
plus pour gagner plus » nous avons « soignez
plus pour beaucoup moins ».
Autre sujet d' incompréhension, la transparence du Conseil
de l' Ordre tant au sujet de l' affaire en cours que de la défense
de la qualité des soins.
Enfin, le plus choquant dans cette mise en coupe réglée
des soins reste pourtant le silence assourdissant des premiers intéressés :
les patients. Indignés par l' attitude de nos syndicats mais
incapables d' avoir une vision à long terme des dégâts
entraînés par de telles politiques. Vous voulez être
usagers d' un système ? Alors sachez que vous aussi serez
rendus responsables par vos enfants de votre soumission à
l' idéologie officielle.
Dr F.Dencuff
9 avril 2008
Encore des chiffres
Quelques titres relevés ces derniers jours :
-La région Rhône-Alpes encore grippée: 206 cas
pour 100000 h, alors que le seuil épidémique est de
141/100000 !
- 2 décès mystérieux par infection respiratoire
en Loire-atlantique dans un établissement public médico-social
recrutant des handicapés mentaux... On vient d'apprendre
qu'un pneumocoque serait en cause ! Serait-ce la 1ere fois dans
l'histoire humaine qu'un méchant microbe manifesterait sa
virulence, et là encore sur des sujets quelque peu débilités
?
-La maladie d´Alzheimer est pour 54 % des Français
(contre 41 % en 2001) la maladie qu´ils redoutent le plus,
derrière le cancer, cité par 72 % d´entre eux.
C'est ce qu'indique un sondage réalisé pour le magazine
le Pèlerin, par TNS-Sofres, publié dans l´édition
du 6 mars. Il révèle par ailleurs que l´inquiétude
augmente avec l´âge des personnes interrogées
et que les femmes (60%) sont plus anxieuses que les hommes (47%).
En troisième position des maladies les plus redoutées
arrivent les maladies cardio-vasculaires (citées par 39 %
des personnes interrogées). Les Français évoquent
ensuite l´accident cérébral à 36 % et
le sida à 27 % (contre 35% en 2001). Si c'est le Pèlerin
qui le dit, on peut humer, même enrhumé, certaine odeur
de sainteté…
-150 000 cartes de soins et d'urgence pour la lutte anti-Alzheimer
- Perdre tant de kg sans suivre de régime strict...
- 4 DSM ne suffisaient pas aux Américains? en route pour
le 5e...
- Beaucoup d'enfants pour vivre vieux ! Un ancien patient, chantre
à la cathédrale de Verdun, vieux garçon vivant
encore avec sa maman, est mort à un âge canonique...
longtemps après sa maman!
Il faut de l'outrance aujourd'hui: on se doit de tout comptabiliser,
il faut inonder un vain peuple de chiffres, de pourcentages: ceux
du chômage qui baisse ou augmente, du déficit de la
SS (qui ne peut que grimper,lui), du déficit du pays, du
P.I.B, du nombre toujours croissant des victimes d'Aloïs Alzheimer,
des parkinsoniens, chiffre des valeurs normales des constantes biologiques
à ne pas dépasser (sans tenir compte de l'âge,
du poids, de la taille, des antécédents familiaux...),
chiffres et noms des bienheureux plus riches français ( hélas,
je n'en suis pas)...
Il faut OCCUPER les esprits engourdis, les faire s'exclamer ou s'esbaudir,
savoir inquiéter, drainer leur intérêt vers
des problèmes triviaux, il faut trouver anormale la mort
par infections de vieilles personnes, on en arrivera même
à ne plus tolérer l'inévitable terminus qui
nous est programmer parce que nécessaire, il faut remplir
les gazettes de nouvelles à sensation, répéter
à l'envi que tel homme politique baisse dans les sondages,
que son subordonné grimpe au contraire, quel drame, la valse
des pourcentages de ceci ou cela, que l'on n'a aucune possibilité
de vérifier à l'échelon local ou national,
continue de nous faire tourner en bourrique, et tout est fait pour
nous mener en bateau avec le risque de noyade intellectuelle: enthousiasmes
excessifs, craintes exagérées, perte ou disparition
de tout esprit critique.
Dr G. Nahmani
10 avril 2008
Pour une autre façon de travailler
Selon les Échos et la Tribune du 9 avril, voici la conclusion
des états généraux de l'organisation de la
santé formulée par Roseline Bachelot ( ministre de
la santé). Devant la raréfaction inévitable
du nombre des généralistes, il devient, dit le rapport
de synthèse, impératif de mettre en place " une
nouvelle répartition des tâches vers les professionnels
de la santé existants ou vers de nouveaux métiers".
Penser que de tels types de travail en équipe puissent se
mettre en place va totalement dans le sens des réflexions
que nous menons à Exmed depuis longtemps.
Mais, pour cela, encore faut-il pouvoir parler le même langage,
et nos sages de préconiser une étape indispensable
: « Ce qui passe notamment par des «modifications profondes»
des formations et un assouplissement du cadre juridique via une
«actualisation plus simple et plus fréquente»
de la liste des actes autorisés ».
Peut-on se contenter de cette noble déclaration d'intention
? Instruits par de multiples expériences de déceptions
à la suite d' engagements publics, il n' est pas question
de se suffire de ce texte.
Ce sont des outils de formation profondément repensés
pour toutes les professions de la santé, actuelles et à
venir, dont nous avons besoin.
Si vous voulez bien avoir la patience d' attendre jusqu' à
la prochaine LEM 544, nous ferons une proposition très précise
dans ce sens. Le réseau des réseaux assurant son rôle
de messager sans frontières et sans filtre, ce sera ensuite
aux décideurs d' en faire, ou non - c' est leur responsabilité
- quelque chose.
Dr F-M Michaut
11 au 13 avril 2008
Le dessin de Cécile Bour:
dans la série des chirurgiens : le creuseur
14 avril 2008
Construire ... LEM
544
De grâce, ne nous laissons pas assourdir par les échos
bavards de ceux qui semblent découvrir le mauvais état
de santé de notre système de soin, et le coma quasi
terminal de notre médecine générale en France.
C' est d' un grand projet dont nous avons besoin, pas de mesures
ponctuelles. Ambition démesurée ? C' est certainement
l' objection qui sera faite à notre LEM
544 : Des universités des métiers de la santé
? Mais, toute disproportion gardée, souvenons-nous
d' un certain jour de décembre 1941. L' amiral Yamamoto vient
détruire par surprise une grande partie de la flotte américaine
à Pearl Harbor. Les États-Unis disposent alors d'
une armée ridicule, à peu près l' équivalent
de celle de ... la Roumanie. Cela n' empêche pas que le jour
même, sans avoir pris le pouls de l' opinion publique, ils
déclarent la guerre au Japon et à l' Allemagne nazie.
Et le 6 juin 1944, c' est l' armée la plus puissante et la
mieux armée du monde qui débarque en Normandie pour
libérer l' Europe. Soigner au mieux les hommes est-il un
objectif moins noble qu' écraser ses ennemis du moment sous
les bombes ?
Dr F-M Michaut
15 avril 2008
Quand ils continuent à parler boutique
Pendant que Roselyne Bachelot, ministre de la santé, continue
à tenter de nous faire croire qu' elle ( ou son successeur)
peut redresser la balance entre les recettes et les dépenses
de l' assurance maladie en France dans deux ou trois ans ( émission
Le grand jury R.T.L. du 13 avril), d' autres estiment que le problème
essentiel de la santé est ailleurs. Tant que ne sera pas
pris à bras le corps le sujet prioritaire d' une meilleure
formation de tous les professionnels de la santé, les hémorragies
de dépenses parfaitement évitables continueront tranquillement.
Bien entendu, on n' est pas dans du court terme, mais sans ce préalable
qui nécessite courage, imagination et ténacité,
on ne fait que pérenniser jusqu' à l' absurde le gaspillage
de toutes nos ressources tant matérielles qu' humaines.
La plupart de nos experts ne vient qu' à cours terme. Nous
nous payons de culot à Exmed de regarder plus loin, par exemple
dans la
LEM 544 de la semaine.
Dr F-M Michaut
16 avril 2008
Un enseignant pour 92 futurs généralistes
Ne nous laissons pas endormir par le slogan qui nous laisse entendre
que nous aurions l'un des meilleurs systèmes de santé
du monde. Il faut absolument que le public le sache, l'enseignement
de la médecine générale en France est dans
un état catastrophique. Le savez-vous, il n' existe pas un
seul poste de généraliste titulaire universitaire
à plein temps dans toutes nos facultés ? Seuls existent
des postes dits d' enseignants associés, c' est à
dire à mi-temps. Le syndicat national des enseignants en
médecine générale sonne le tocsin. Vendredi
dernier le très sérieux Conseil National des Universités
a créé 8 postes d' enseignants associés à
mi temps, alors qu' il en faudrait 50 par an pendant 3 ans.
La situation est simple à comprendre. Il existe 6000 internes
en Diplôme d' Etudes Spécialisées de médecine
générale. Pour assurer leur formation, la faculté
dispose en tout et pour tout de 130 enseignants associés.
On parvient ainsi à un ratio hallucinant d' un enseignant
à plein temps pour 92 futurs généralistes.
Source : contribution du Dr Jean-Pierre Allain sur notre liste Exmed-1.
On se pince pour savoir si on ne dort pas quand on entend des enseignants
du primaire ou du secondaire se plaindre amèrement aux médias
tous micros ouverts de la surcharge de leurs classes dangereuse
pour la qualité de leur enseignement.
On se met franchement en colère quand on est au courant que
toutes les autres spécialités que la médecine
générale disposent de dix fois plus de professeurs
par étudiant. Inadmissible injustice !
Sachez-le, citoyens, actuels ou futurs malades, on vous ment, on
ne fait pas son travail de vous informer sur la réalité
de notre système de santé. Nous n' avons droit qu'
à des médecins de famille insuffisamment formés,
qui doivent combler en se débrouillant par eux-mêmes
( donc non sans dangers pour leurs patients ) les lacunes énormes
de leur formation professionnelle. Journalistes d' investigation
en mal de sujets, que ne vous penchez-vous pas sur cette réalité
indigne d' un pays de haute tradition médicale qu' a été
le notre ?
Un argument de poids supplémentaire pour se pencher sérieusement
sur ces universités des métiers de la santé
que nous évoquons dans notre LEM 544. Le torchon brûle.
Dr F-M Michaut
17 avril 2008
Poésies de Jacques Grieu
Depuis des années,
nous soutenons à Exmed que toute forme d' art et de beauté
constitue une aide puissante pour mieux se porter, même quand
la maladie ou le handicap sont déjà entrés
dans nos vies.
Alors voir s' élargir le cercle des poètes exmédiens
est toujours un événement heureux.
Et quand notre poète, comme Jacques Grieu, ne fait pas partie
du monde des professionnels de la santé, nous avons la joie
de constater que notre volonté affichée de dialogue
entre soignants et soignés n' est pas un slogan vide de sens.
A vous de retrouver les poèmes que Jacques Grieu a bien voulu
nous autoriser à publier. Heureuse
lecture à vous, comme l' a été
la notre.
Dr F-M Michaut
18 au 20 avril 2008
Le dessin de Cecile Bour:
Simiesque
21 - 22 avril 2008
Bon diagnostic et traitement catastrophique LEM
545
Depuis 1968 le toujours plus d' administration, de contrôles
et d' atteintes aux particularités et initiatives personnelles
n' a cessé de s' imposer dans le domaine de la santé.
Dans la LEM 545, nous nous autorisons à donner de cette évolution
une lecture quelque peu décalée, qui n' a d' autre
ambition que de permettre à chacun de prendre un peu de distance
et de libre-arbitre par rapport aux discours à la mode sur
les événements de mai 68. Bonne
lecture.
Dr F-M Michaut
23 avril 2008
Dépressions médicales
Lu dans France Cancer du 25/3/2008, revue de presse
n° 403, sous la plume de Stéphane Vignot:
" Nous exerçons une activité professionnelle
parfois (souvent ?) source de stress. Avec un risque non nul de
dépression et d'épuisement (le fameux burn out).
Ce point paraît évident tant intuitivement que par
les évaluations psychologiques qui ont pu être conduites
dans des populations de médecins mais l'impact sur les pratiques
médicales est par contre imprécis.
La question qui est donc posée maintenant est celle de l'influence
des symptômes de dépression ou de burn out sur
le risque d'erreurs médicales. Cette analyse a été
réalisée en suivant de façon prospective un
groupe de 123 internes en pédiatrie dans 3 établissements
américains, mais gageons que les observations rapportées
pourront être étendues à d'autres spécialités
"stressantes", dont l'oncologie.
Premier constat : 20 % des participants présentent des critères
de dépression d'après les résultats des évaluations
psychologiques par questionnaires. Et 74 % ont des symptômes
de burn out ! Voilà qui est déjà
en soit une information troublante. La suite de l'analyse a cherché
à établir un éventuel lien entre ces données
et le taux d'erreurs médicales observées (erreurs
de prescription ou d'administration, majeures ou mineures). Résultat
: 6,2 fois plus de fautes chez les internes déprimés
contre 0,25 par mois chez les internes non déprimés.
... Il existe donc bien un impact de l'état psychologique
du prescripteur sur la sécurité des patients, ce qui
n'est pas réellement une surprise. Reste maintenant à
éviter tant que possible les situations de dépression
professionnelle pour chacun .
En somme : ménagez-vous les uns les autres. "
Se ménager et ménager les autres confrères
? Conseil aimable, certes, mais, est-ce réalisable pour les
différents internes et aussi, ne les oublions surtout pas,
les autres qui gravitent autour, infirmières, filles de salle,
brancardiers, quand existent des astreintes répétées
avec des horaires souvent déments, quand chacun doit composer
plus ou moins harmonieusement avec les autres, en particulier les
malades angoissés, pressés, exigeants, ne considérant
que leur problème et non préoccupés par ceux
des soignants, quand la hiérarchie impose des règles
souvent difficiles à respecter…?
Résultat ? Fatigue, manque de sommeil, diminution de l'attention
et donc de l'intérêt primordial que l'on doit porter
aux patients, et on peut assurer pouvoir noter les mêmes conséquences,
à un moindre degré, chez les généralistes,
surtout de campagne au kilométrage exagéré...
Tâchons donc, médecins (de la liste Exmed) ou patients
(de la même liste), d'imaginer et comprendre que le harcèlement
professionnel puisse induire, outre des erreurs ou errements diagnostiques,
des comportements déplaisants de la part du personnel soignant?
Chacun de nous, fatigué, peut réagir autrement que
ce qui est souhaitable. Cas extrême, un généraliste
s'est récemment "kaputté " définitivement,
s'accusant, fatigue probablement en cause, d'avoir mal considéré
le cas d'un patient venant de décéder ! Essayons,
essayez, quand c'est encore possible, de décompresser, d'aller
conter fleurette aux belles et humbles fleurs des jardins plus qu'aux
individus du sexe opposé, c'est mieux compris et moins préjudiciable.
Quêter un zeste de beauté, vouloir rechercher une harmonie
( ça existe, même dans ce monde dément ) sont
indispensables...pour notre équilibre.
Dr G.Nahmani
24 avril 2008
Allo à l' eau
Selon le Journal of the American Society of Nephrology, publiant
une étude de deux chercheurs de l' université de Pennsylvanie
( Philadelphie ), il n' y aurait aucun bénéfice pour
la santé et le bien-être de consommer sa rituelle bouteille
d' eau quotidienne. Guy Vallancien, urologue parisien en vue, et
patron moderniste qui avait confié à notre ami Jacques
Blais (1) dans les dernières années de sa vie la mission
de recevoir au téléphone les appels des patients de
son service, enfonce le clou. Dans le Parisien du 22 avril, "Boire
un litre et demi d' eau n' est qu' un argument marketing transformé
en allégation santé". Combien de dizaines d'
années faudra-t-il aux soignants pour cesser de martyriser
les patients avec cette idée toute faite ? Et toute fausse
aussi. " On entend souvent que boire 1,5 litre d' eau permettrait
d' éliminer d' avantage de toxines. C' est archifaux. Les
reins éliminent les toxines, consommer plus d' eau va générer
plus d' urine, mais pas plus de toxines dans cette urine [...] On
n' a jamais vu quelqu' un perdre du poids en buvant de l' eau. Il
faut que les femmes arrêtent de se gâcher la vie en
trimbalant partout leur bouteille en plastique [...] Nos besoins
journaliers en eau sont apportés à 80% par notre alimentation
".
Finalement, notre brave vieille Dame Nature ( ou toute autre entité
supra-humaine au goût de chacun) aurait plutôt bien
fait son travail.
Ceux qui vont faire grise mine sont les industriels de la vente
d' eau, si habiles à manipuler le hochet de la santé
et de la forme.
Et puis, tous nos organisateurs patentés de nos lieux de
travail vont eux aussi faire de longs séjours, chronomètre
en main, dans les lieux d' aisance de leurs entreprises. Nul doute,
ils vont nous calculer combien de temps perdent en toute perte (
sauf de poids ) tous leurs salariés moutonniers gorgés
d' eau.
Un halo de mystère entoure décidément tous
nos comportements, même les plus quotidiens.
Dr F-M Michaut, cliché de Jacques Blais
NDLR : Il y a quatre ans que Jacques Blais nous
a quitté. Son œuvre vit encore, allez donc
le rencontrer une fois encore sur le site.
25 au 27 avril 2008
Le dessin de Cécile Bour: Propreté
d'abord
28 avril 2008
Du savoir au pouvoir LEM
546
Pas besoin d'être un grand expert pour observer à quel
point l'ignorance est un fléau redoutable pour notre condition
humaine. Curieusement, on ne semble guère se poser de question
sur le pouvoir, ou plus exactement sur les pouvoirs, que semble(nt)
apporter, comme sur un plateau, la chance de pouvoir mener des études
supérieures. Notre LEM 546 vous propose une réflexion
à sa façon.
Bonne lecture.
Dr F-M Michaut
29 avril 2008
Grand retour au stade anal
Le lavement du XXIè siècle a titré Le Parisien
du 25 avril 2008
Aujourd'hui le "lavement de nos grands-mères",
devenu "hydrothérapie du côlon" et pratiqué
par des machines, est une nouvelle mode. Effectuée dans des
cabinets de "praticiens en irrigation du côlon",
non médecins, et dans certains centres de thalassothérapie,
cette purge n'est plus un "simple nettoyage", mais une
méthode contre le stress, apportant bien-être et "sensation
de légèreté". Le Parisien, qui développe
le sujet sur une pleine page, souligne que "les gastro-entérologues
crient à l'imposture". Pour eux cette pratique est à
bannir, dangereuse pour la santé. Ainsi, explique le Pr Guillaume
Cadiot, "ces lavements à l'eau peuvent provoquer des
ulcérations du rectum et entraîner des hémorragies
graves, voire la mort".
C'est à tomber sur le c...!
Chasse gardée ! Imagine-t-on les gastro-entérologues
ne pas réagir devant la publicité prônant, en
toute innocence, ces pratiques hydrothérapiques ? Et si certains
envisagent, comme pour leurs véhiCULes chéris, ces
vidanges pour les débarrasser de leur fameux stress, pourquoi
les en dissuader ? Ce n'est pas pris en charge par la sécurité
sociale et, si accident il y a, les gastro-entéro se frotteront
les mains et béniront alors ces " Impostérieurs"
.
Il y avait déjà les lavages d'oreilles à l'énéma,
les bains d'yeux. Il y avait pour le gamin que j'étais jadis,
la prise rituelle de " vermifuge lune". On voyait sur
la boite le dessin d'une tête de bébé joufflu
assis, faciès constipé, sur un pot de chambre, et
l'exonération était suivie d'un lavage, broc tenu
en l'air, avec force glouglous...Et, désormais, les purges,
non plus staliniennes, mais pour nettoyer la tuyauterie en vue de
la coloscopie vivement recommandée, on ne sait jamais ce
que peut cacher un côlon...
Il y a, enfin aussi, dans presque tous les pays du globe, les lavages
de cerveau pratiqués avec ferveur par des praticiens en uniforme,
pour extraire les aveux supposés cachés.
Jusqu'où ira-t-on ? Jusqu'à la célèbre
question des supplices médiévaux ?
Dr G. Nahmani
30 avril 2008
Annonce de récidive
Dans son édition du 16 avril le JIM se fait l' écho
d' une enquête visant à repérer les facteurs
de risques associés aux récidives des cancers du sein.
Cette étude portait sur 227 femmes atteintes d' un cancer
du sein de stade II/III traité chirurgicalement. Divisées
en deux groupes par tirage au sort, l' un sous simple surveillance
et l' autre avec la mise en place d'une stratégie interventionnelle
d' ordre psychologique. Au terme d' un suivi de 10 années,
48 participantes ont récidivé.
Dans les 17 mois qui ont précédé la détection
de la récidive, a été observée, en cas
de récidive, une augmentation des taux de leucocytes, de
polynucléaires neutrophiles, de lymphocytes et de cellules
NK (natural killers), comparativement aux malades qui n' ont pas
récidivé. Il en a été de même
de la cortisolémie, cependant que, sur le plan clinique,
les performances physiques se dégradaient, parallèlement
à l' installation d' une asthénie et à la détérioration
de la qualité de vie.
Les études ont aussi constatées une différence
entre récidives locales et systémiques à distance :
augmentation de la cytotoxicité des cellules NK, prolifération
lymphocytaire, asthénie, syndrome algique ou polyalgique,
détresse émotionnelle (dépression et/ou anxiété).
Il est évident que les résultats de cette étude
doivent être complétés par des investigations
plus vastes mais voilà reposé l' éternel problème
de la poule et de l' œuf... qui de la dépression, du
non désir de vie ou d' une atteinte du système immunitaire
apparaît en premier ?
Pour suivre des patientes depuis presque 10 ans je peux attester
que la présence d' une dépression latente et chronique
est un facteur pronostic défavorable et diminue notablement
les capacités de résistance au stress. Les récidives
sont plus rapides et souvent systémiques.
Les tenants d' une réflexion globale sur les mécanismes
bio-comportementaux ne peuvent que se réjouir de ce genre
d' approche.
Dr F.Dencuff
1er au 4mai 2008
le dessin de Cécile Bour: Comme
à la télé
5 mai 2008
Sujet tabou
Toutes les maladies dont on parle sont-elles vraiment des maladies,
ce qui a pour conséquence que des soins seraient effectués,
à grand frais, pour ne rien soigner du tout ? Voici un éclairage
pour ceux qui n'ont pas, ou qui n'ont plus, envie de gober n'importe
quoi quand on agite le grelot de notre prétendue santé.
Lire
la LEM 547 de Gabriel Nahmani Exégèses
des non maladies des non malades. Tout un programme
pédagogique, en vérité.
Dr F-M Michaut
6 mai 2008
Y a-t-il un professeur dans la classe?
L'enseignement virtuel se développe de plus en plus et touche
déjà toutes les formes du savoir ou de la formation.
La médecine n'y échappe pas d'autant que les étudiants
dés la troisième année ne fréquentent
plus la Faculté préférant travailler à
domicile. De fait, de nombreuses formes d' E-learning sont déjà
proposées, le professeur pouvant " retoucher" son
cours de son domicile ou répondre directement aux questions
d'un étudiant. L'université virtuelle des métiers
de la santé que propose FMM (LEM 544) est donc d'actualité,
mais quid des enseignants qui ne sont pas en toujours en odeur de
sainteté en Exmédie ? (1)
L'Université de Massey (Nouvelle-Zélande) a mis au
point après 7 ans de travail un professeur virtuel (Eve).
Ce personnage fictif permet le "tutorat affectif" (Affective
Tutoring System) des élèves et fonctionne à
partir d'une base de données de 3000 vidéos réalisées
au cours d'enseignements classiques avec trois professeurs. Le comportement
des élèves (gestuelles, paroles, expressions) qui
a été analysé permet au professeur virtuel
(Eve) de réagir en conséquence (voix, geste, attitude).
Son inventeur le docteur A Sarrafzadeh déclare: "Quand
nous témoignons d'une émotion devant quelqu'un, nous
nous attendons à ne pas être ignoré". Eve
pourrait avoir des applications dans de très nombreux domaines
notamment de la Santé à moins qu'elle ne se laisse
tenter par une pomme !
Dr B. Blaive
(1)NDLR : Et bien, en vérité, il existe chez les habitués
d' Exmed un certain nombre de professionnels aguerris qui ne demanderaient
pas mieux que de contribuer à de telles universités
des métiers de santé.
Il suffirait simplement de le leur demander.
7 mai 2008
Bourse et testostérone
Je vous l' accorde le jeu de mots était facile... Le JIM
du 22/04 se fait l' écho d' une étude de l' université
de Rockefeller (état de New York) portant sur l' analyse
de bilans hormonaux poussés chez les traders londoniens.
Plus ils sont bons, plus leur taux de testostérone est élevé.
Outre le fait que la profession est essentiellement masculine, nous
pouvons nous demander si le jeu en bourse ne ressemblerait pas à
une partie de bras de fer entre costauds tatoués. A bien
y regarder, pourtant, leurs physiques n' ont rien de comparable
avec Stallone.
Plus inquiétant, dans les périodes de crise, leur
taux de cortisol grimpe en flèche et semble affecter la rationalité
de leurs choix. Autrement dit, ils ont de très mauvaises
stratégies d' ajustement au stress.
Bref, vous confiez vos petites (ou grosses) économies à
des hommes fragiles et que la surcharge hormonale incite à
agir sans réfléchir. Peut-être une explication
à la débâcle de la Société Générale.
Dr F.Dencuff
8 mai 2008
Médecine marchande
Sur EXMED, nous nous efforçons de défendre une certaine
idée de la Médecine, une idée loin de toute
préoccupation mercantile, une Médecine indépendante
de tout pouvoir, qu'il s'agisse du pouvoir politique, de l'argent,
et même de la science. Nous voulons que la Médecine
soit et reste un art, pas un métier. Il faut croire
que nous ne sommes pas assez lus, ou pas compris.. Car, à
l'évidence, nos idéaux ne sont pas partagés
par tous.
Ainsi de cet article du Quotidien du Médecin
de ce 29 avril: Sous le titre <<La santé banalisée>>,
il nous brosse un tableau de la médecine de demain (c'est
à dessein que j'écris médecine avec un m minuscule).
Extraits choisis: <<La fin d'une exception?. . . Jusquà
présent secteur d'activité << à part
>>, loin des règles du business, la santé semble
menacée de perdre par pans entiers son caractère protégé,
quasi sacré. Avec les dossiers des médicaments en
vente libre, de l'assouplissement des règles de gestion de
l'hôpital public, de la possible embauche de médecins
en CDI, les tabous tombent les uns après les autres. De rapports
d'experts en usages établis, de campagnes publicitaires en
réformes statutaires, Hippocrate vacille sur son piédestal.
Pour le meilleur, aux yeux de certains. Pour le pire, s'inquiètent
les autres (dont je suis, NDLA). [...] Et encore: <<Le savoir
médical, tombé dans le Net. . . Avec Internet, la
science médicale a perdu en partie pour le profane son caractère
ésotérique. L'exercice a les biais et les limites
que l'on sait, il n'empêche: une autre voie est ouverte que
celle de la parole du médecin en matière de diagnostic,
pronostic, traitement. Les cardiologues n'ont plus le monopole du
coeur, de même que les néphrologues n'ont plus le monopole
du rein. . . [...] Hippocrate a perdu de son aura, mais le développement
des sites qui le concernent est aussi la preuve qu'il passionne
les foules.>>.
Voici donc la médecine qu'on nous
propose pour demain. Une médecine instrumentalisée,
déshumanisée, mécanisée, robotisée.
Amis exmédiens mes frères et soeurs,
soyons encore plus vigilants: "ils" veulent tuer la Médecine,
nous ne voulons pas qu'elle meure. Alors, comme disent les politiques
au lendemain d'une défaite électorale, le combat continue,
et grâce à notre travail obstiné, nous allons
la gagner. Et le Net nous y aidera, comme nous nous efforçons
de le faire ici.
Docteur Philippe Deharvengt, alias le Père Igor
9 au 12 mai 2008
Le dessin de Cécile Bour: Vu
et lu en salle d'attente
13 mai 2008
Médecins, modifions nos realtions, Lem
548
C' est une non médecin qui , courageusement, prend la plume
pour oser nous dire qu' il serait grand temps pour nous de prendre
en compte les évolutions récentes de nos sociétés.
Elle nous reproche de continuer à considérer les patients
comme une sorte de matière molle devant s' incliner devant
nos connaissances des maladies et de leurs traitements. Il ne s'
agit pas de vouloir surcharger encore un peu plus une formation
déjà pléthorique, mais de chercher comment
mieux soigner en faisant l' effort de nous mettre en phase avec
ceux qui font appel à nous.
Nous savons tous à quel point certains malades nous ont appris
beaucoup sur notre métier. Alors, si nous acceptions de réviser
un peu nos conceptions traditionnelles, il est à parier que
nous serions au moins aussi gagnants que nos patients.
Des lieux de formation plus ouverts comme les universités
des métiers de la santé que nous avons proposé
il y a peu (
LEM 544) seraient particulièrement adaptés
pour un tel objectif.
A vous de lire la LEM 548 Odette
Taltavull : Sortir des vieux cadres de références.
Dr F-M Michaut
14 mai 2008
Coordination
Comme toujours le sens étymologique de certains termes en
dit beaucoup plus que le sens ordinaire. Coordination vient du mot
latin ordiri : commencer à tisser.
Dans les 16 propositions du rapport Larcher ( au ministre de la
santé NDLR), beaucoup peuvent être résumées
en s' appuyant sur la coordination. Coordination entre les professionnels
de santé, coordination entre les établissements de
santé, coordination entre les administratifs et les médecins,
coordination des différentes filières d' enseignement,
coordination des différentes équipes de recherche…
Tout cela paraît bel et bon... sauf que le monde de la santé
est tout sauf un espace de coordination. Du moins au sens premier :
tisser. Il est plutôt le lieu du co-ordonner. Chaque acteur
veut sa part de pouvoir et de reconnaissance alors que le seul à
pouvoir et devoir l' exiger reste le patient. Comment réussir
à tisser du soin pour envelopper le patient dans une étoffe
taillée à sa mesure et permettant une véritable
sécurisation de son parcours ?
Il n' existe qu' une seule manière : renoncer à
vouloir à tout prix le pouvoir, renoncer à nos zones
de privilèges. En serons-nous capables ? Il nous faut
l' espérer car tôt ou tard nous serons de l' autre
côté de la barrière et nous souffrirons nous
aussi d' un manque total de communication et donc de coordination.
Dr F.Dencuff
15 mai 2008
Tempête dans un verre d'eau (de vie)
Fait brut : un ministre souhaitant agir contre les accidents routiers
associés à la prise d' alcool propose une mesure pratique.
Je dis bien associés et non comme on le répète
sans le moindre semblant de preuve scientifique, causés par
l' alcool. Demander aux débitants de boisson et patrons de
discothèques de mettre à la disposition de leurs clients
des éthylotests. Immédiatement nait un France, aiguisée
par une presse à l' affût, une polémique. Nous
sommes sommés d' être pour ou d' être contre
ce dispositif. Pour des motifs liés à la scientificité
de ce type de dépistage, à l' accessibilité
psychologique de l' usage du fameux ballon, au fait que l' usage
simultané de hachisch ou de cocaïne, si banal, rend
la conduite extrêmement dangereuse même avec une alcoolémie
conforme à la loi ?
Vous n' y êtes pas du tout, l' intérêt des personnes
est bien le dernier souci des polémiqueurs. Il s' agit simplement
d' utiliser systématiquement tout ce qui peut irriter les
citoyens pour amener de l' eau à son propre moulin politique.
Ivresse du pouvoir, quand tu nous tiens...
Dr F-M Michaut
16 au 18 mai 2008
Le dessin de Cécile Bour : Le
médecin légiste
19 mai 2008
Informations de santé tronquées LEM
549
Nicole Bétrencourt, psychologue clinicienne,
nous invite à regarder d' un peu plus près sur ce
qui se raconte dans la presse grand public sur les médicaments
antidépresseurs. Le titre de la LEM
549 Efficacité des médicaments antidépresseurs
pose clairement une question qui intéresse bigrement le public
comme tous les soignants. Manipuler les études scientifiques
- aussi rigoureuses soient-elles - n' est pas une chose facile.
Tout amateurisme, tout travail trop vite bâclé dans
la mise à la disposition du public des résultats de
ces études est potentiellement très lourd de conséquences
sur la santé, et même ici sur la vie, des malades.
A vous de lire l' enquête de notre limier et d' apprécier
que parler sérieusement de médicaments n' est plus
en 2008 du domaine exclusif ni des médecins ni des pharmaciens.
Remarquable progrès.
Dr F-M Michaut
20 mai 2008
Ne pas confondre Exmed et Exmed
Bruno Blaive, l' un de nos fidèles exmédiens, nous
a signalé la présence sur la Toile d' une association
utilisant comme nous le sigle Exmed. Vérification faite,
il s' agit d' un groupe réuni dans le but de faire des expéditions
médicales, surtout en haute montagne.
Le plus gênant est que la création de ce groupe date
d' avril 2007.
Il y avait donc déjà dix ans que nous étions
connus et reconnus sur le réseau des réseaux sous
le sigle EXMED, comme l' aurait indiqué la moindre recherche
effectuée sur un moteur.
Nous en avons avisé courtoisement par mail le président,
et nous n' avons pas obtenu jusqu' à ce jour la moindre réponse.
Alors, annonceurs, soutiens, institutions et sponsors, si vous êtes
sollicités par un Exmed pour obtenir des subventions, n'
oubliez pas de bien vérifier qui vous tend la main ainsi.
Si l' adresse du site n' est pas exactement https://www.exmed.org
- org comme organisation à but non lucratif pour être
parfaitement clair - vous n' avez tout simplement pas affaire à
nous !
Il va de soi que nous n' avons rien de commun avec les personnes
de cette toute jeune association, qu' on se le dise dans les chaumières
de la Toile.
Dr F-M Michaut
21 mai 2008
Dodo!
L' INPES ( institut national de prévention et d' éducation
pour la santé dépendant uniquement du ministère
) a publié en mars dernier les résultats de l' enquête
sur les représentations, les attitudes, les connaissances
et les pratiques du sommeil des jeunes adultes en France. Cette
enquête s' inscrit dans le cadre du Programme d' Actions sur
le Sommeil initié par le Ministère de la santé
en janvier 2007. L' État se penche donc maintenant sur nos
nuits.
La majorité des personnes interrogées (entre 25 et
45 ans) reconnaissent que le sommeil est bon pour la santé
mais 17% d' entre elles ont une dette de sommeil importante et 12%
sont insomniaques.
Quelques règles simples ressortent de cette étude :
Calculer l' heure du coucher en fonction de celle du lever (pour
profiter pleinement des 7h30 de sommeil déclarées
suffisante par la majorité des sondés ).
Éviter de déréguler la durée de sommeil
régulièrement le week-end ou pendant les vacances.
S' endormir avant minuit.
Éviter de regarder la télé ou de rester scotché
à son ordinateur juste avant d' aller se coucher.
Bouquiner quelques minutes pour se détendre avant de s' endormir.
Éviter de prendre des excitants après 17 h
Près de 13% des personnes interrogées prennent des
« produits pour aider à dormir » et
54% d' entre eux des psychotropes.
Beaucoup de personnes se plaignent d' être dérangées
pendant leur sommeil et bien entendu les répercussions sur
l' activité diurnes sont importantes : impact négatif
sur le caractère, l' humeur, la capacité de concentration,
les relations avec les autres.
Nous ne pouvons que nous réjouir de l' attention que nos
grands administrateurs prennent de notre repos. Alors, à
quand l' arrêt des programmes télé à
23h30, la condamnation de tous les harceleurs au travail, la vérification
des surfaces de nos chambres pour ne pas être dérangés
par nos ronfleurs préférés, la mise à
l' index de tous les parents incapables de faire dormir leurs enfants
à une heure correcte... ? Bref, mettre en lumière
un problème de santé publique exigerait peut-être
de prendre de réelles mesures pour le résoudre.
A moins qu' une société de zombies ne soit finalement
- politiquement - préférable...oui mais des zombies
avertis !
Dr F.Dencuff
23 au 25 mai 2008
Le dessin de Cécile Bour: Tout
craché
26 mai 2008
Ordinaire vérité, LEM
550
Mais pourquoi donc les médecins généralistes
ont-ils tellement tendance à vouloir fuir leur cabinet ?
La pénurie actuelle révélée par la presse
de candidats praticiens en banlieue parisienne a-t-elle la moindre
chance d’être enrayée par le seul versement d’argent
qui semble prévu par les autorités ? Et bien,
Tony Lambert, jeune généraliste encore, va
nous détailler sans la moindre exgération certains
aspects de sa pratique. Ordinaire
d’une journée ordinaire,
notre LEM 550 mérite la lecture. Il ne s’agit,
prise une par une, que de petites choses pas vraiment dramatiques,
pouvez-vous dire. Mais, comme la goutte d’eau du célèbre
supplice chinois tombant sur le front, la répétition
quotidienne et incessante de ces attaques de la personnalité
professionnelle a un effet destructeur certain sur la façon
dont le médecin se sent perçu et finit même
par se percevoir lui-même.
Le généraliste est une espèce fragile en voie
d’extinction rapide. Continuer de tirer dessus à boulets
rouges, qui que l’on soit, c’est se condamner soi-même
à être mal soigné. Car la maladie nous touche
tous un jour ou l’autre et, sans un guide compétent
et cultivé pour nous aider à nous orienter dans un
univers médical de plus en plus complexe, nous serons en
très grand risque de nous trouver livrés aux charlatans
qui fleurissent comme jamais dans notre monde de la santé.
Dr F-M Michaut
27 mai 2008
Les prisons françaises encore et encore...
L'affaire est récurrente. Les prisons
françaises "poubelles de la République", les
particularités de la pratique médicale en milieu carcéral,
sujets moult fois évoqués sur ce site par votre serviteur.
Quinze années d'exercice médical en milieu carcéral,
cela laisse forcément des souvenirs indélébiles.
Qu'on veuille bien me pardonner, mais, encore une fois, l'actualité
commande. L'actualité, aujourd'hui, est dans le Bulletin
de l'Ordre des médecins n°5 de mai 2008. Et justement
sous le titre "la grande misère de la médecine
pénitentiaire".
A la lecture de cet article, je constate avec
amertume que peu de choses ont changé depuis mon départ
à la retraite le 31 mars 2000. J'avais écrit la quasi
totalité de ces vérités dans l'article ci-dessous:
http://www.souverains.qc.ca/laprison/medecin2.html
Alors, quid novo sub sole ? Est-ce nouveau d'écrire:
<<La prison demeure un lieu de non-respect de l'accès
aux soins, de la protection de la santé et de la dignité
de la personne détenue, notamment de la personne malade,
handicapée ou en fin de vie>>? Et encore: <<La
médecine pénitentiaire est organisée en deux
secteurs indépendants, qui communiquent très peu entre
eux. D'un côté la "santé physique",
prise en charge par les 250 généralistes et spécialistes
"équivalents temps plein" des unités de
consultations de soins ambulatoires (UCSA). De l'autre, la "santé
mentale", qui relève des services médico-psychologiques
régionaux (SMPR) et <<tourne>> avec 175 psychiatres
"équivalents temps plein". [...]>>. Tout
cela, et seulement cela, pour une population carcérale d'environ
60000 détenus. Je ne vous surprendrai pas en vous disant
que le pauvre généraliste que j'étais se
voyait souvent contraint d'assumer des urgences psychiatriques
hors créneau horaire du SMPR . . .
Ce qui est nouveau: Un essai de nouvelle approche
de la prise en charge des récidives, en matière de
crimes et délits sexuels. Mais cela n'est pas sans poser
de très graves problèmes d'éthique médicale.
<<L'injonction de soins difficilement applicable [...]. Les
relations entre le personnel pénitentiaire et les médecins
sont souvent tendues. Le respect du secret médical n'est
pas toujours bien perçu par l'administration. [...].>>.
L'obligation pour le praticien de signaler le refus de soin d'un
détenu condamné à une injonction thérapeutique
est incompatible avec la déontologie médicale.
On en reparlera, je le crains.
Dr.Ph.Deharvengt, évadé de la Pénitentiaire
28 mai 2008
Les évolutions de la relation médecin-malade
Nous avons reçu à la rédaction un nouvel ouvrage
qui semble aller dans le sens des préoccupations sur l' humanisme
médical exprimées sur ce site. Son auteur , professeur
de cancérologie à Bordeaux, n' est pas un inconnu
pour nous. Bernard Hoerni, nous nous en souvenons, a bien voulu
manifester son intérêt pour nos publications, et en
particulier pour notre idée d' organiser de nouvelles
universités régionales des métiers de la santé
ouvertes à tous les soignants.
Le titre de l' ouvrage est tout simplement : La relation médecin-malade,
avec comme sous-titre L' évolution des échanges
patient-soignant. C' est une somme très documentée
de 288 pages, avec de multiples références, pour montrer
pourquoi et comment la relation thérapeutique est en profonde
mutation.
Il est très significatif du faible intérêt général
pour ce sujet central de la pratique médicale que l' auteur,
pourtant fort connu de toute la profession et de tous les pouvoirs,
ait été obligé de faire appel à un petit
éditeur courageux pour que ce livre paraisse. Cet ouvrage
"n' intéresse personne" en a-t-on dit ? Et bien
on ne connaît pas partout les exmédiens, et tous ceux
qui veulent bien leur accorder un certain crédit.
Vous trouverez cet ouvrage paru en avril 2008 aux Éditions
Imothep Medecine Sciences http://www.imothep.com
Et nous consacrerons naturellement une analyse détaillée
de ce livre dans une prochaine LEM.
Dr F-M Michaut
NDLR : Demain jeudi 29 mai , exceptionnellement,
sera mis en ligne le dessin de fin de semaine habituel de Cécile
Bour.
29 au 1er Juin 2008
Le dessin de Cécile Bour:
le patient misanthrope
2 juin 2008
Plaidoyer pour l'imagination,
Lem 551
On a vite fait de qualifier des maux d' imaginaires quand on met
en doute leur réalité.
Alors comment s' étonner que la médecine, se voulant
de plus en plus scientifique et technique, se méfie de cette
imagination qualifiée jadis de "folle du logis"?
Bruno Blaive, avec sa LEM
551 L' imagination perdue, ou un exercice
sans imagination nous démontre - avec un auteur
fort oublié - à quel point nous faisons fausse route
quand nous mettons à la porte cette auxuliaire indispensable
d' un exercice médical de qualité.
Que nos lecteurs qui ne suivent pas très facilement cette
mise au point qui va à l' encontre de ce qui se dit partout
de la médecine en retiennent seulement une idée.
L' exercice médical est un monde très compliqué
pour ceux qui le pratiquent. Toutes les simplifications qui sont
largement répandues par des médias aux enquêtes
superficielles sont fausses, et trompeuses pour les lecteurs pressés
et avides de certitudes. Imagination et rigueur scientifique ne
sont pas des ennemies, mais des alliées de toujours.
Dr F-M Michaut
3 juin 2008
Les jeunes avec les vieux
Nos anciens, l'air faussement patelin, nous affirmaient le contraire.
Les jeunes avec les jeunes, les vieux avec les vieux. Des chercheurs
en biologie de l'université de l'Iowa et du Winsconsin (
USA ) ont publié une étude ( Martine Perez, Figaro
du 28 mai) sur les mouches drosophiles. Le fait de vivre en colonies
avec des individus plus jeunes augmenterait leur longévité.
Ce n'est ni leur dénomination d'amatrices de rosée
( au féminin) ni , ceci n'ayant rien à voir avec cela,
d'être dites de vinaigre qui semblerait en cause.
Ce que nous ne savons pas cependant, c'est si les jeunes vivant
avec des sujets plus âgés ont une modification, dans
un sens ou dans un autre, de leur longévité.
Enfin, il est peut-être prudent d'attendre quelques études
complémentaires avant de vouloir développer massivement
des crêches-maisons de retraite.
Enfin, et n'en prenez pas la mouche pour autant, il ne faut pas
prendre les enfants du bon Dieu pour des diptères de laboratoire.
Dr F-M Michaut
4 juin 2008
On en parle en Autriche
Depuis quelques semaines les médecins sont soumis à
deux nouvelles obligations, qui font couler beaucoup de salive.
En Autriche, l'assurance maladie assure directement le paiement
des actes médicaux aux praticiens et des médicaments
aux pharmaciens. Comme ailleurs, les autorités cherchent
à juguler des dépenses en constante augmentation.
Pour lutter contre des abus constatés, les médecins
doivent signer à la fin de chaque consultation un certificat
comportant le nom du patient attestant qu'il a effectué un
acte le concernant. Ceci afin de prévenir la facturation
de consultations fictives ou pour des personnes non autorisées.
Par ailleurs, les prescriptions doivent être maintenant effectuées
en utilisant la dénomination commune internationale des médicaments
( différente de la dénomination commerciale ) , le
pharmacien ayant toute latitude pour choisir à sa guise le
laboratoire fabriquant adapté. Ceci est destiné à
soustraire les praticiens de la pression commerciale des laboratoires
pharmaceutiques.
Les débats sur la pertinence et l'efficacité de ce
plan politique sont très vifs dans les milieux médicaux
comme chez les citoyens.
Affaire à suivre:
Dr F-M Michaut
5 juin 2008
Enfin une expression médicale
Le journal L’Humanité d'hier ( in Mediscoop du 4 juin),
évoquant le sujet santé et finance, titre : «
Les médecins français interpellent le gouvernement
»
Quatre syndicats de médecins libéraux ainsi que l'ordre
national demandent au gouvernement de " protéger la
santé des appétits financiers" en réponse
à une demande de l'Europe de modifier la loi pour ouvrir
aux financiers le capital des sociétés d'exercice
libéral.
Dans un commuiqué unique, ce qui est vraiment exceptionnel,
ces médecins osent enfin proclamer : " la santé
ne doit pas devenir une marchandise livrée aux spéculations
financières".
Saluons comme il se doit ce message qui reprend, avec beaucoup de
pertinence, nous ne pouvons pas dire le contraire,celui que nous
ne cessons de répéter depuis dix ans sur ce site.
Puissions-nous tous être enfin entendus de ceux qui ne savent
pas rêver d'autre chose que d'économie de marché
et de loi de profit maximum pour nous autres, les si fragiles et
si vulnérables humains.
Dr F-M Michaut
6 au 8 juin
Le dessin de Cécile Bour :
Le patient ami des bêtes
9-10 juin 2008
Sous couvert d'urgence LEM
552
Depuis des décennies, les hôpitaux en France, avec
la complicité souvent bien passive des médecins géneralistes,
ont massivement mis la main sur le domaine bien particulier des
urgences médicales.Une récente initiative d'un des
praticiens les plus courtisés par les médias mérite
qu'on prenne quelques instants pour se poser quelques questions
sur l'évolution de nos pratiques médicales, et sur
la nature des relations avec les usagers de notre système
de soins. Francoise Dencuff attend - sans que cela constitue cependant
une "urgence"- votre lecture et votre critique personnelle
de sa LEM 552
Urgence!
Dr F-M Michaut
11 juin 2008
Patrimoine bactérien
Les produits ménagers ne cessent de vanter leurs propriétés
bactéricides. Sans doute persuadés que les microbes
sont mauvais pour la santé, les consommateurs se précipitent
sur ces tueurs de bactéries. Science et Vie de mai 2008 n'
y va pas par quatre chemins : « après le décryptage
du génome [ humain, ndlr] , la science se lance un autre
défi : établir notre profil bactérien, véritable
carte d' identité biologique de l' humanité ».
Environ un millier d' espèces bactériennes se logent
en nous. Et interagissent avec notre fonctionnement, pas seulement
en cas de maladie. Car 95% de ces petites bêtes, encore mal
connues, nous seraient bénéfiques.
Il y a là tout un champ de recherche important à explorer
pour mieux comprendre la santé et la maladie. Le premier
acte est de dresser en quatre ans le patrimoine génétique
des 2,5 millions de gènes que comporteraient nos minuscules
compagnes.
Pour voir beaucoup plus large, il faut parfois savoir regarder infiniment
plus petit.
Dr F-M Michaut
12 juin 2008
Juteuse taurinomanie
Depuis janvier 2008, il est interdit de fumer dans les cafés
et restaurants et les bureaux. Interdiction qui aurait eu en quelques
semaines l' effet de diminuer miraculeusement les risques liés
au tabac sur la santé.
La consommation d' alcool et de cannabis s' est banalisée
parmi les jeunes. Il y aurait près de 23 000 décès
liés à la consommation d' alcool. Pour enrayer ce
fléau, la MILDT propose d' interdire la vente de bouteilles
en boîte de nuit et les Happy Hours.
A côté d' excellentes initiatives de médecine
préventive, il semblerait que les "Dieux du Principe
de Précaution" soient tombés sur la tête.
Après les flonflons des bals populaires du 14 juillet, le
15 juillet prochain, une boisson non alcoolisée, réputée
un feu d' artifices énergisant parmi les jeunes, interdite
en France depuis une douzaine d' années, débarque
dans l' hexagone. Son nom porteur de tous les fantasmes honore les
dieux et déesses de l' olympe du marketing : Redbull (à
traduire par le taureau rouge). Une légende urbaine dans
le sud de la France raconte que ce soda contiendrait de l' extrait
de testicule de taureau. C' est une fausse rumeur digne d' un hoax.
Le taureau rouge est fabriqué en Autriche à Salzbourg.
Il contient de la taurine et d' autres ingrédients comme
un litre de caféine par canette à peu près,
des vitamines psychostimulantes. Sa commercialisation en France
en juillet a créé la polémique entre le ministère
de l' économie et le ministère de la santé.
L' institut de veille sanitaire (InVS) a reçu une mission
de suivi pour recueillir les risques liés à la prise
de cette boisson énergisante aux fins d' étayer le
dossier technique jusque là très mince sur le plan
scientifique. Il y aurait de fortes « suspicions de décès
liés à la consommation de cette boisson en Suède
et en Irlande, ainsi que des cas de neurotoxicité ».
Redbull, en vente libre en Belgique, est souvent mélangé
à de la vodka ou d' autres alcools forts. La taurine, substance
produite naturellement dans le corps, ingérée à
grandes doses peut produire une accélération du rythme
cardiaque, et une augmentation de la tension artérielle.
La taurine en vente libre est connue comme un produit dopant dans
les milieux du cyclisme, et est parfois administrée à
des enfants débutant en compétition pour les booster.
Quant à la caféine, le DSM IV définit le cortège
des nombreux troubles liés à l' intoxication à
la caféine notamment des troubles anxieux, des troubles du
sommeil, de la fébrilité, des pensées et un
discours incohérents, une agitation psychomotrice. Le cocktail
autrichien modifie l' activité cérébrale, et
est susceptible d' induire des états maniaques (troubles
de l' humeur sévères) relevant de la psychiatrie.
Lors d' une émission radio de RTL, le Dr Philippe Batel,
alcoologue, a mis en garde les auditeurs en informant que «
cette boisson masque la fatigue » et que la taurine présente
de réels dangers cardio-vasculaires répertoriés
dans des études. Il se montre sceptique sur le bien-fondé
d' une telle autorisation de commercialisation, et a cité
l' avis défavorable de l' AFSSA émis en 2006.
La morale de cette autorisation de mise en vente sur le marché
semble gouvernée par le principe économique. La France
aurait voulu éviter un procès avec la société
autrichienne, ayant pu être condamner à verser à
la société autrichienne la somme de 300 millions d'
euros.
En effet, le fortuné P.D.G autrichien, Dietrich Mateschitz,
aurait pris ombrage du refus obstiné de notre pays, et aurait
déposé une plainte contre lui car sa boisson - censée
augmenter les performances et l' intelligence - est commercialisée
dans 25 pays sur les 27 que compte l' union européenne.
Depuis la levée d' interdiction, la société
autrichienne se montre pleine d' égards pour la santé
des Français. Elle s' est engagée à mettre
une étiquette de mise en garde qui déconseillera la
boisson aux enfants et aux femmes enceintes. Un moindre mal quand
on sait que la cible commerciale de Redbull est celle des adolescents.
Le Redbull contenant de la taurine semblerait être le chef
de file d' une génération de philtres hyper-énergisants
à la mesure des hyper-profits faits sur le dos de la santé
des consommateurs. Une publicité d' un grand torréfacteur
industriel pour « qui le café c' est de l' or noir
» vante la future commercialisation d' un café contenant
de la taurine. La photo de son packaging laisse présager
qu' il sera à filtrer dans une cafetière !
Nicole Bétrencourt
13 au 15 juin 2008
Le dessin de Cécile Bour: Greffe
de charisme
16 juin 2008
Normalisation
sanitaire écrasante LEM
553
Nouvelle
religion que celle qui nous serait imposée, avec comme devoir
majeur celui d' accéder à un état de santé
de plus en plus parfait ? Françoise Dencuff conduit
son investigation très personnelle sur les mécanismes
qui peuvent sous-tendre cette sorte de dictature discrète
dont les médecins, et tous les soignants dans leur sillage,
sont de très actifs complices. Ne pas nous laisser manipuler
dans ce genre d' entreprise, non dénuée d' arrières
pensées très lucratives, voilà ce que nous
suggère la LEM 553 au discret parfum maritime :
Corps-mort. Bonne lecture.
Dr F-M Michaut
17 juin 2008
Du Gendarme au Médecin…malgré lui
Ah ! Mr de Funès, je devrais vous en vouloir. Ce titre était
le mien, ne vous en déplaise. Mais à la lecture, je
dois bien avouer que votre humour décapant et féroce
est bien plus efficace que ma volonté de dénonciation.
Rien ne vaut la dégustation de quelques passages de votre
prose :
La simplicité des études médicales
était la conséquence de la guerre sans merci que les
nouveaux énarques avaient déclarée aux médecins,
lesquels leur raflaient des sièges de députés
un peu trop facilement à leur goût. Leur art de vivre,
leur culture, l’estime que leur portait le peuple les indisposaient
au plus haut point. Les technocrates, en vue de les faire tomber
de leur piédestal, mirent au point un plan astucieux : si
on quadruplait le nombre des docteurs, leurs revenus diminueraient
d’autant, et ils perdraient alors de leur superbe. […]
La dilution de l’espèce médicale aurait eu encore
de belles années devant elle sans l’apparition d’un
dérapage extravagant des dépenses de santé.
Les énarques inversèrent alors leur stratégie
: s’inspirant des vétérinaires, ils construisirent
un barrage quasi infranchissable pour le passage de première
en deuxième années […] Nous apprécions
aujourd’hui, dans toute leur splendeur, les effets de cette
politique ingénieuse. Ainsi le médecin généraliste
est devenu un simple robot de compagnie à visage humain.
Il passe son temps à monter et à descendre les escaliers.
Rien ne lui est épargné : les cocufiages, les récits
de doigts baladeurs… Et quand il ne prête qu’une
oreille lointaine à ces déballages, on l’accuse
d’inhumanité. Une situation tellement déplorable
qu’on vient de mettre sur pied un plan de réintroduction
de médecins de campagne, copié sur celui des ours
slovènes…
Je passerai sur la description des fonctions du Conseil
de l’Ordre mais ne résiste pas à celle de la
formation :
La corporation médicale prétend
que le modèle aéronautique est inapplicable chez elle,
tout simplement parce que ceux qui se considèrent comme l’élite
– les professeurs – n’accepteraient sous aucun
prétexte les conseils d’un médecin du privé.
Aussi, et surtout, parce que les commissions diverses, les syndicats
et le conseil de l’ordre sont majoritairement aux mains de
courtisans d’avantage préoccupés par les dîners
en ville que par leurs malades. […] La formation continue
des médecins revient sur le tapis depuis des lustres, mais
rien de bien convaincant. L’une des dernières trouvailles
en date serait copiée sur le système du permis à
point. D’éminents praticiens distribueraient de bons
points, gagnés par des activités ludiques aux vertus
pédagogiques : Je me suis abonné à six revues
médicales – deux points, je suis parti pour l’ile
Maurice assister à un congrès – vingt points…
Un petit dernier pour vous donner envie : comment devenir un médecin
médiatique.
Un médecin doué peut à
lui seul remplacer une équipe de foot, s’il sait exploiter
l’agonie, la douleur et le drame. […] La tumeur maligne
– surtout si elle est cérébrale et touche un
enfant – est très porteuse. C’est un incomparable
vecteur d’émotions, donc d’audimat, donc de recettes.
Cependant les chaînes n’engagent pas le premier venu
: il faut avoir le bon profil. […] Il ne doit pas afficher
d’optimisme outrancier : seules la terreur paie, qu’il
en soit convaincu. Personne ne lui reprochera jamais des statistiques
alarmistes […] Pour s’imposer dans l’univers télévisuel,
il est vivement recommandé que le nouveau venu se mette en
ménage avec une personnalité en vue…
Vous l’aurez compris personne n’est épargné
même pas les patients. Précision utile, Mr Patrick
de Funès a résilié son inscription au conseil
de l’ordre avant la publication. Le rire est parfois fort
proche de la rage et des larmes tant les situations évoquées
nous rappellent de « bons souvenirs ».
Si le cœur vous en dit la suite dans : Médecin malgré
moi de Patrick de Funès au Cherche Midi.
Dr F.Dencuff
18 juin 2008
De la tête aux pieds . . .
<<Où l'on incite vos patients à
aller à l'hôpital...[...]... et où on les incite
également à se déchausser dans votre cabinet
! >>
C'est dans "le Point" du 11 juin, cité
par "Jim" du 12 juin. Grosso modo, on nous dit que si
nous avons "mal à la tête", il faut consulter
au centre d'urgence des céphalées de l'hôpital
Lariboisière. Ce centre, ouvert en 2000, draine des céphalagiques
de tout l'Hexagone: on y recense 38% de Parisiens, 53,8% de Franciliens,
et 7,4% de Provinciaux. Et le "pic" hebdomadaire de fréquentation
se situe le lundi.
Par ailleurs, il est rappelé dans le même
hebdomadaire que très peu de professionnels de santé
demandent à leurs patients de se déchausser, seuls
les pédicures-podologues le font, et découvrent des
lésions parfois désastreuses, essentiellement chez
les diabétiques.
Voilà deux constatations qui portent
à s'interroger sur le rôle accordé aujourd'hui
au médecin généraliste. La prise en charge
d'un "mal de tête" relèverait-elle de la
seule compétence d'un service hospitalier spécialisé?
Et l'examen attentif du pied ne fait-il plus partie de la prise
en charge du diabétique par le médecin traitant? Le
pauvre médecin de famille doit-il désormais limiter
son activité à prescrire un arrêt de travail
pour permettre à son patient d'aller montrer sa tête
à l'hôpital le lundi et son pied au pédicure-podologue
le jeudi, ce qui fera un arrêt d'une semaine?
NDLA : Si vous êtes diabétique et que vous avez mal
à la tête, lavez-vous les pieds, allez consulter votre
médecin et ôtez votre chapeau pour le saluer. "Parce
qu'il le vaut bien" ! . . .
Dr Ph.Deharvengt, le Père Igor
19 juin 2008
Incurie ordinaire
Il est parfois fort instructif de lire les rapports de la Cour des
Comptes. Le rapport public sur la mise en œuvre du Plan Cancer
est édifiant. ( Source http://www.ccomptes.fr/ )
Outre bien entendu les rappels constants au poids financier du cancer
(perte de production en activités rémunérées
marchandes de 0,5 Md' € par an par arrêt de travail)
et l' objectif quantitatif (réduire la mortalité par
cancer de 20% en 5 ans … difficilement évaluable à
la clôture du Plan), nos grands comptables rappellent les
objectifs budgétaires :
pour la prévention et le dépistage : plus 70%
en 5 ans,
pour les soins : « mesures nouvelles »
de 100 Md' € en 2003 à 500 Md' € en 2007.
Ces fameuses mesures ont bénéficié aux établissements
sans que leur répartition ait été précisée.
Pas d' objectif financier pour la recherche. Ce plan devait être
financé par la hausse des droits sur le tabac…aucune
mise en œuvre. Le ministère de la santé a reconnu
lors de ces réunions «l' imprécision totale»
des données financières. Quatre ans plus tard, l'
INCa notait à juste titre qu' au plan financier l' impact
réel du plan reste flou.
Aucun tableau de bord ni de méthodes constantes et fiables
d' évaluation des dépenses. Elles ont souvent été
inférieures aux crédits délégués
et parfois comptées en double dans les comptes rendus du
plan cancer et ceux du plan hôpital 2007. Et la DHOS ( direction
de l'hospitalisation et de l'organisation des soins) a attribué
au 3 mars 2008, 7 M d' € au titre du plan cancer…qui
a pris fin en décembre 2007. C' est l' INCa ( institut national
du cancer ) qui avait la responsabilité du suivi…il
s' en est exonéré et la tutelle ne lui a rien demandé.
Comble de l' absurde il est probable que des mesures du plan ont
contribué à accroître des charges, en augmentant
les consultations et les actes, et qu' il a inversement engendré
des économies à moyen ou long terme; mais cela n'
a aucunement été évalué.
Bref non seulement l' argent dégagé par l' augmentation
des droits sur le tabac est passé… ailleurs mais la
plupart des sommes allouées au plan cancer ont surtout servies
de provisions dans les comptes des établissements hospitaliers
allégeant de fait leurs difficultés de trésorerie
avec parfois la complicité bienveillante des ARH ( agences
régionales de l'hospitalisation ).
Concernant l' efficacité de la MILC (mission interministérielle
de lutte contre le cancer) le commentaire est éloquent :
Ce fut davantage un relais politique du ministre chargé de
la santé, à haute visibilité, qu' une instance
opérationnelle. L' élan interministériel qu'
elle entretint ne lui survécut pas…Mais bonne nouvelle
elle n' a dépensé que le 1/3 des 3 Md' € alloués
sur trois ans. Pourtant ce ne sont pas les dérives qui manquent :
Une agence de communication se fit payer plus de 140 000€ sans
marché ni examen des prix unitaires. Cela incluait 2 750€
pour le portrait photographique de la déléguée…etc.
Quant à l' INCa, opérateur de l' État qui conduit
et anime tout ou partie d' une politique publique…il n' existe
toujours pas de contrat avec lui. L' INCa a pris ses distances avec
le plan cancer et fait maintenant cavalier seul et ses comptes ne
sont pas publiés…
Dans sa conclusion la Cour des Comptes relève les avancées
concernant la pluridisciplinarité et les procédures
d' agréments mais insiste sur l' absence d' évaluation
globale, auquel il est prévu que le Haut conseil de la santé
publique remédie en 2008. Une des dernières phrases
est édifiante : Plus généralement, de
ces limites et carences dans l' ingénierie de la conception
et de la mise en œuvre du plan cancer, l' État devrait
tirer des leçons, en termes de modernisation de son fonctionnement
et de gouvernance des plans de santé publique.
Dont acte !?
Dr F.Dencuff
20 au 22 juin 2008
Le dessin de Cécile Bour:
Synthèse d'une thèse
23 juin 2008
La science de la rencontre thérapeuthique,
Lem 554
Il fallait bien un jour s' atteler à cet énorme chantier.
Non, il ne suffit pas du tout de maîtriser le contenu scientifique
et technique d' un métier des soins de santé pour
apporter aux patients une aide de qualité quand la maladie
entre dans notre vie. Non, cela ne vient pas tout seul en suivant
le seul exemple des plus anciens, avec l' expérience, comme
on dit. Non, il ne suffit pas d' un peu de générosité
et de beaucoup de bon sens pour être un bon médecin,
ou tout autre professionnel de la santé.
Oui, il y a beaucoup de travail à faire dans ce domaine.
Alors quand un livre paraît pour nous apporter des éléments
précis pour mieux comprendre, expliquer, transmettre et améliorer
la relation soigné-soignant, nous ne pouvons pas le passer
sous silence ici.
Embarquez avec nous pour la LEM
554 "Cultivons
notre soignitude", vous ne regretterez pas
la croisière vers ce continent pas assez connu.
Dr F-M Michaut
24 juin 2008
Et l'imprégnation de nos cousins
Qui ne connaît pas les célèbres oies de Konrad
Lorentz le suivant partout, qui a été le père
de l' éthologie moderne ( science des comportements animaux)
? Certes son origine autrichienne et les sympathies qu' on l' a
accusé d' avoir entretenu dans sa jeunesse avec le parti
nazi font qu' il est peu cité. Il a démontré
qu' à un certain moment du développement du tout jeune
animal, l' adulte de référence ( de même espèce
ou non) qui se trouve le plus proche de lui se trouve investi d'
un lien aussi fort que durable.
Mais quand on apprend ( Le Parisien du 20 juin) que deux chaînes
de télévision Baby TV et Baby First se sont spécialisées
dans les programmes pour les enfants de moins de trois ans en affirmant
offrir un contenu adapté aux bébés, quasiment
un outil éducatif, comment ne pas trembler ?
Certes le ministère de la santé et plusieurs psychiatres
de l' enfant montent judicieusement au créneau, mais est-ce
suffisant ?
Nous sommes en présence de comportements dictés par
le seul appât du gain, tant les jeunes parents avides de bien
faire, comme ceux qui sont excédés par les pleurs
et autres manifestations bruyantes de leur progéniture constituent
un public fragile et vulnérable.
Nous n' osons pas imaginer l' avenir des petits d' hommes privés
par une machine à sous du seul ciment qui leur permet de
mener à son terme leur formation d' êtres humains :
la relation immédiate constante avec d' autres personnes.
De terribles mots comme celui de crime contre l' humanité
surgissent dans nos esprits.
Dr F-M Michaut
25 juin 2008
Un peu de clarification SVP
Selon Mediscoop du 20 juin citant le quotidien Libération
« Les médecins hospitaliers inquiets de se voir privatisés
»
Sous le slogan « Sauver l'hôpital public ! »,
une pétition circule qui compte « déjà
plus de 200 noms, en majorité ceux des médecins de
l' Assistance Publique de Paris, en guerre contre «l' hôpital
entreprise» .
Il y est dit : « L' hôpital public a subi plusieurs
attaques : pénurie de personnel médical, manque d' infirmières,
sous-financement délibéré par la tarification
dite à l' activité, limitation abusive de l' enveloppe
budgétaire nationale ».
« Résultat : le déficit programmé des
hôpitaux dépasse, comme prévu, les 350 millions
d' euros », notent les signataires.
Ces derniers ajoutent : « Certes, les hôpitaux doivent
améliorer leur organisation et leur efficience, mais les
réformes en cours vont entraîner une privatisation
progressive de l' hôpital public ».
Toute opinion est respectable dans la mesure où elle ne tombe
pas dans la contradiction. Car si nos confrères redoutent
autant que cela la privatisation des hôpitaux publics, qu' ils
nous expliquent alors pourquoi ils n' ont pas la moindre intention
de renoncer à leur droit de se constituer une clientèle
privée, dûment et durement taxée de dépassement
d' honoraires payés de la main à la main par
les patients du secteur public, de montants parfois disproportionnés
?
Allez, un petit séjour du côté de notre charte
d' Hippocrate LEM 532 ne serait pas inutile pour tout le monde.
Dr F-M Michaut
26 juin 2008
Hypo-remboursements de médicaments
Une fois de plus notre brave Sécu nationale est contrainte
de nous annoncer un xième plan destiné à réduire
son déficit financier.
Cette fois ci, on s' en prend aux malades reconnus comme atteints
d' une affection de longue durée, dûment encadrée
et contrôlée par les médecins conseils de l'
assurance obligatoire. Il s' agit, nous indique la presse, de ne
plus rembourser intégralement tous les produits pharmaceutiques.
Levée de bouclier des associations de malades, mais aussi
de ceux qui font remarquer que 8 millions de Français n'
ont pas les moyens de s' offrir une mutuelle et sont en grande difficulté
pour se soigner quand le taux du ticket modérateur est aussi
élevé.
Une fois de plus, on se précipite sur la solution la plus
immédiate sans se demander pourquoi les médecins en
France prescrivent tant de médicaments, par exemple en comparant
la situation avec nos voisins européens. Il est profondément
anormal que tout acte médical chez nous se clôture
par la prescription d' une liste de médicaments ou de nouveaux
examens paracliniques à effectuer. Il n' est pas digne de
notre tradition de grande médecine, presque toute la presse
médicale soit chez nous soumise à l' industrie du
médicament qui la finance. Il n' est pas acceptable que l'
ensemble des formations médicales soit sous la coupe de la
même industrie.
Notre enseignement qui se moque comme d' une guigne de tout apprentissage
sérieux de la relation médecin-malade ouvre un tapis
royal aux seuls intérêts du monde pharmaceutique. Qui
nous le dit, qui s' en émeut ?
Former enfin des médecins qui auront appris, ou peuvent encore
apprendre s' ils sont en activité, en quoi consiste vraiment
leur métier et les façons dont il ne doit plus jamais
être pratiqué, voilà ce que la Sécurité
sociale devrait exiger au nom de leurs assurés de nos gouvernements
bien trop occupés par le très court terme.
Dr F-M Michaut
27 au 29 juin 2008
Le dessin de Cécile Bour: Quand
sa mort n'existe pas
30 juin 2008
Le sens de nos soins de santé LEM
555
Ce n' est pas pour rien que Françoise Dencuff
confie au messager Internet ce Plaidoyer
pour qu' il finisse par pénétrer les multiples
barrières qui enferment les sphères présidentielles
de tous les bruits extérieurs.
Nous avons tous constaté à quel point l' incapacité
de comprendre la véritable dimension humaine et bien quotidienne
a constitué régulièrement une pierre d' achoppement
pour toutes les entreprises politiques. La récupération
du slogan de la santé dans le champ des promesses gouvernementales,
sans véritable analyse de son contenu réel - dont
la dimension échappe à toutes nos élites technocratiques
- ne fait encore qu' aggraver les choses. Et, au bout du compte,
tous, citoyens, malades, professionnels de la santé, administrateurs
institutionnels et hommes politiques se trouvent perdants, déçus
et amers.
Un tel défi vaut bien, messieurs les puissants, de consacrer
quelques minutes à lire
cette LEM 555 et à s' en imprégner. Et
ne sautez pas immédiatement à la fin, vous n' y trouverez
ni remède miracle, ni proposition d' action, ni demande d'
argent. Exmed est assez indépendant de tout pouvoir pour
s' offrir ce luxe exceptionnel.
Dr F-M Michaut
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