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 N° 670
 
 
    

     13 septembre 2010


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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Jalons pour une université virtuelle des métiers des soins de santé

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Docteur François-Marie Michaut, lui écrire
Illustration docteur Cécile Bour
(Le Centre Pompidou de Metz)

 

 

 

     Que de propositions pour un meilleur avenir de notre médecine ont déjà été lancées sur ce site depuis 1997 ! Et en particulier dans nos Lettres hebdomadaires et nos Coups d'oeil quotidiens. Notre espérance était simplement que ces idées, à notre connaissance presque jamais exprimées aux yeux de tous, nous soient empruntées, ou même discrètement volées, pour être mises en oeuvre par ceux qui ont la charge de l'évolution de notre système de santé au XXIème siècle. Ou, au moins, qu'elles fassent l'objet de remarques ou de critiques pour susciter des débats d'idées.
La France, même au plus haut niveau, se conduisant comme une nation de citoyens présumés responsables mais incapables d'oser répondre à ceux qui s'adressent poliment à eux, faut-il renoncer à faire entendre de véritables propositions ? Ou est-il nécessaire de descendre dans la rue en cortèges télévisés bruyants pour être pris en considération par les hommes de pouvoir ?
Les amis et collaborateurs d'Exmed n'en ont aucune envie, et veulent se faire entendre par qui veut bien les écouter pour exposer le résultat de leurs travaux d'analyse et d'échanges pour une amélioration du monde de notre santé.
Voici une synthèse du résultat de nos différentes analyses, expériences personnelles et projets d'innovation.
Son nom est l'Université virtuelle des professions des soins de santé. Disons UVPSS, et entrons dans le détail de ce concept qui est tout sauf un replâtrage partiel de ce qui existe déjà.


retrouver la confiance

   Pourquoi parler d'université ? Certainement pas pour envisager de vouloir supplanter tout notre système d'enseignement supérieur, ou de lui infliger quelque leçon dont il n'a que faire. Les partis politiques ont pris l'habitude de réunir leurs membres dans des universités d'été. C'est cette notion de rassemblement de gens venant de partout fondé sur le volontariat, et cette large ouverture sans visée élitiste qui nous intéresse. Il s'agit à nos yeux d'une offre de formation et de perfectionnement complémentaire de ce qui existe déjà pour les professionnels de la santé, beaucoup plus souple dans sa conception comme dans son fonctionnement que ce que nous connaissons.
L'ouverture à tous, comme le sont en théorie les cours du vénérable Collège de France, demeure un principe généreux mais irréaliste aussi longtemps qu'il n'est pas possible matériellement et financièrement de réunir tous les gens concernés au même moment dans un même lieu géographique.
Voilà pourquoi le vecteur indispensable à ce type particulier d'université ouverte ne peut être que l'Internet. Ou, comme on dit pour faire plus savant : les nouvelles techniques de l'information et de la communication ( NTIC ). L'idée n'est pas originale, et depuis des années déjà l'Université médicale virtuelle francophone ( UMVF ) démontre qu'elle n'a rien d'utopique et que l'enseignement médical traditionnel peut ainsi franchir les murs des facultés et les frontières de notre pays.

restaurer la conscience

    Nous parlons dans notre projet non pas de médecine ( ou de psychologie, ou de soins infirmiers ou de kinésithérapie etc ) sur le plan théorique ou savant, mais bien des métiers d'homme qui mettent en actes ces champs de la connaissance. Nous vivons un métier dès que commencent les études indispensables qui y conduisent ( en fait même avant ), nous continuons en prenant peu à peu notre autonomie, nous persévérons tout au long de notre période d'exercice, et pour un certain nombre d'entre nous, la retraite elle-même ne marque pas la fin de notre engagement au service des autres.
Toutes les analyses des pratiques dans le domaine dit de la santé concluent régulièrement à une énorme difficulté des praticiens de travailler ensemble pour mieux exercer leurs missions. D'où des erreurs et des gâchis énormes. Les réseaux si à la mode demeurent des constructions administratives parce que nous n'avons jamais appris à travailler vraiment ensemble dans des systèmes où prime la performance individuelle (essentiellement mnésique il faut l'avouer ) et la sélection pour réussir aux examens et accéder au droit légal d'exercer que confère le diplôme.
Depuis ses débuts, Exmed a toujours défendu l'idée - à contre courant - qu'il fallait absolument faire l'effort de décloisonner tout ce qui touche à notre santé. Nous avons tellement l'habitude de rester entre nous, en multipliant les divisions, les catégories, les spécialités, les chapelles, jusqu'à l'absurde d'un paysage kaléïdoscopique, que nouer des liens solides avec toutes les parties intéressées par les soins de santé ( y compris les supposés bénéficiaires ) qu'il faut envisager de nous former tous ensemble. Formation initiale, chacun demeurant dans son domaine, mais avec des rencontres systématiques avec d'autres étudiants et avec des professeurs et formateurs provenant de multiples horizons. Oui, cela bouscule toutes nos habitudes de mettre ainsi en action la transdisciplinarité.
Grandir ensemble dans la phase d'acquisition des connaissances est la seule manière d'apprendre à se respecter mutuellement et à reconnaitre que la compétence des autres est indispensable pour chacun d'entre nous.
Conserver toute sa vie la possibilité de contribuer à la vitalité de nos métiers en constante évolution est une façon de redonner de la valeur à des fonctions qui sont actuellement en disparition accélérée, tant les professionnels en place sont dégoutés de leur métier, et les jeunes peu enclins à suivre la voie désespérante et désespérée de leurs ainés.
L'éviction de fait des médecins de l'université qui a eu la charge de les former dès que la thèse a été soutenue n'est tout simplement pas acceptable, et met au rebut de multiples talents dont la société a le plus grand besoin.
Car, on en est arrivés là. Ce gaspillage humain, au moins autant que celui des laissés pour compte des jeunes carabins, est dramatique. L'échec cuisant de toutes les réformes récentes le démontre, la situation est hors de portée thérapeutique des seuls responsables de notre système de santé tel qu'il existe. La timidité des innovations est, hélas, incapable d'induire la moindre dynamique de changement.
Sans mettre en oeuvre la possibilité de retrouver la fierté légitime d'exercer les métiers les plus utiles à la collectivité et les plus beaux, nous détruisons à toute allure une des forces essentielles de notre civilisation.
Cette fierté, pride diraient les Anglais, est indispensable pour que les soignants soient des personnes humaines heureuses de remplir leur mission. Des gens malheureux ne peuvent pas faire de bons soignants. Et c'est ce que nous constatons trop de toute part, hélas.
Une telle fierté, qui n'a rien à voir avec l'orgueil imbécile des dessins de Daumier, ne peut exister que dans la mesure où elle est transmise puis entretenue sans relâche par des professionnels avec qui un contact personnel existe vraiment.
Et des professionnels qui exercent le même métier que celui qu'ils transmettent.

renforcer la compétence

   Des soins de santé disons-nous ? Parce que l'utilisation de la notion de santé, mise à toutes les sauces, est un leurre. Ce n'est que de donner des soins aux autres dont nous sommes capables, qu'ils soient curatifs ou préventifs. Nous espérons, par un travail incessant, et jamais achevé, qu'ils contribuent à un meilleur état de santé pour ceux qui ont recours à nous. C'est déjà énorme, le public ne s'y trompe pas. Lui laisser miroiter que nous avons tout pouvoir sur sa santé n'est pas conforme à la vérité. C'est une tromperie intellectuelle et morale. Comme il n'est pas acceptable de demander à la médecine d'apporter une solution à tous les problèmes que la société est incapable de résoudre et, en particulier, ceux causés par les relations des humains entre eux.
Quand le domaine de << la santé >> devient un enjeu majeur dans nos sociétés, il est important de ne pas se laisser leurrer. << La santé >> n'appartient pas au pouvoir politique, cela ne peut pas être un droit. Cela ne doit pas servir d'appât tranquillisant pour les électeurs inquiets. Ceux qui soignent les autres ne peuvent pas être sous les ordres du pouvoir en place qu'il soit législatif, exécutif ou judiciaire.
La santé n'appartient pas plus aux forces de la finance et de l'industrie. La place prise avec habileté dans les instances de décision, et quasiment toute la presse médicale en France, ainsi qu'une grande partie de la formation permanente des médecins par les fabricants de médicaments est dangereuse.
Quant à la mainmise bureaucratique et financière de l'assurance maladie obligatoire et de l'Etat sur les professionnels des soins, avec dans son sillage probable tous les assureurs, elle fait de plus en plus l'objet d'un rejet majeur. Les professionnels de la santé ne sont pas des pions malléables et corvéables à discrétion au service de la sécurité sociale et du ministère de la santé. Les personnes atteintes par la maladie, l'infirmité ou le handicap doivent être au centre de nos métiers : toutes les récupérations qui peuvent être commises en leur nom doivent être mises au grand jour.
Les conflits d'intérêt font d'énormes ravages, et nous ne pouvons plus nous offrir le luxe de continuer à les ignorer superbement.
L'organisation, que nous appelons de tout coeur, d'une telle UVMSS afin d'en jauger expérimentalement la pertinence, pour demeurer dans une démarche scientifique - et non technocratique comme cela arrive trop souvent - devrait tenir le plus grand compte de ces forces directrices avant même de se construire.
Nous sommes à l'opposé des grands rapports traditionnels, relayés par la presse, présentant un plan clés en main où toutes les actions à exécuter - selon les experts - sont scrupuleusement présentées comme << les >> remèdes de tous nos problèmes. Le tout se traduisant en enveloppes budgétaires à la destination peu visible par les citoyens contribuables que nous sommes tous.
- Il serait cruel de faire le bilan des échecs quasi constants qui en ont résulté.
- Il serait sans perspicacité de rester sourd et passif devant un concept nouveau sous le seul prétexte qu'il ne sort pas des officines déjà reconnues, qu'il n'émane d'aucune structure ayant pignon sur rue et qu'il bouscule nos habitudes.
Oui, une UVPSS se doit d'être politiquement incorrecte.
Alors, on se prend par la main,et on fait fonctionner nos neurones, ou on attend en silence qu'un grand sauveur nous tombe miraculeusement du ciel ?
Pour une fois, ne nous leurrons pas, tous les conservatismes vont s'unir, pour faire passer discrètement à la trappe cette bien gênante UVMSS.
La parole qui aura le plus de poids est celle de chacun de vous qui avez bien voulu nous lire jusqu'ici.

 

Cette lettre illustre l'intégralité de notre Charte d'Hippocrate.
Lien : http://www.exmed.org/archives08/circu532.html


Os court :
<< Utopie, lieu de nulle part ? Oui, de nulle part... encore. >>
Lui


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Vice congénital de construction, Jean-François Huet

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