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N° 680

 
 

     22 novembre 2010
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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Du sur mesure pour former les soignants

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Docteur François-Marie Michaut, lui écrire

( Tableau Cécile Bour nov. 2010)

 

 

 

   Ce n'est faire offense à personne que d'affirmer que les diplômes et examens dits qualifiants délivrés par les institutions scolaires et universitaires ne constituent que l'autorisation officielle de commencer à exercer son métier de soignant de façon autonome. Une sorte de permis de soigner si l'on veut, qui comme la célèbre carte rose des conducteurs ne peut pas constituer une assurance de maîtrise des difficultés de la vraie vie.
La tradition, qui, ce qui impose de n'en faire grief à personne, se perd dans la nuit des temps, a toujours été que chaque jeune professionnel , une fois en fonction, adapte comme il le peut son bagage théorique et sa modeste pratique encadrée aux situations cliniques souvent inconnues qu'il est amené à rencontrer.
La tentation est grande de faire l'inventaire exhaustif de tous les manques réels ou supposés des soignants débutants comme des confirmés, et la liste ne cesse de s'allonger au fil du temps, la manie de notre société est de demander ( imposer plus exactement ) aux médecins et soignants de trouver une solution médicale à tous les dysfonctionnements sociaux à la mode du moment.

retrouver la confiance

   L'autre tendance dominante est de vouloir standardiser tous les savoir faire et de tout faire pour les imposer aux professionnels. Au nom de la santé publique (divinité devant laquelle il est conseillé de faire sa génuflexion), et surtout pour tenter de soigner en dépensant moins, des formations de masse, au contenu fixé par de lointains experts, sont laborieusement mis en place. Avec, jusqu'à ce jour, un succès bien modeste.
Ce climat de contrainte dirigiste, en effet, conduit les professionnels du soin ou à bouder les formations, ou, en cas de contrainte (une récente loi la stipule, tout comme le code de déontologie médicale l'impose ) à faire semblant d'y adhérer. Une formation subie comme une purge ne peut changer en rien la pratique d'un professionnel. Elle n'est qu'une tromperie ruineuse pour la collectivité, et un leurre pour se donner bonne conscience.
Oui, ici aussi, il faut retrouver la confiance. Et elle ne se décrète pas, elle ne s'impose pas, elle n'a rien à voir avec quelque habilité de «communication» que se soit. Elle est à construire de toutes pièces entre les deux parties prenantes à condition qu'elles se respectent mutuellement et elle demeure toujours fragile.
Voilà pourquoi, il nous faut vraiment ce que nous n'avons jamais connu encore en matière de formation pour les soignants ( toutes disciplines confondues) : du sur-mesure et pas du prêt à porter ( soigner plus exactement) industriel.
Est-ce matériellement possible ? Et si c'est le cas, comment mettre en oeuvre, après une indispensable expérimentation préliminaire, un tel projet ?

restaurer la conscience

 L'isolement des soignants qui exercent en cabinet, même au coeur des métropoles, est une réalité. Isolement géographique, cela va de soi, mais aussi, et les conséquences en sont encore plus lourdes, isolement professionnel intellectuel et humain qui rigidifie encore la difficulté acquise depuis les études de travailler avec les autres, de se confronter à eux. Isolement et charge de travail écrasante ( vous me permettez de ne pas insister sur ce point bien connu) sont deux facteurs majeurs de l'épuisement professionnel, le burn-out cher aux médias, qui dégoûte à coup sûr tant de professionnels. Le phénomène de départ anticipé des médecins, comme des iinfirmières hospitalières depuis longtemps, dit «déplacage» est un signal d'alarme.
Beaucoup, au fil du temps et de leur usure, n'ont plus qu'une issue possible, qu'une envie : celle de fuir leur métier à n'importe quel prix.
Eloignement, solitude, manque de temps : trois excellentes raisons, souvent évoquées pour ne pas se déplacer. Il faut donc que la formation puisse venir à domicile, et qu'elle ne nécessite pas de tranche horaire particulière pour être accessible.
Cela, l'internet est techniquement capable d'y porter remède.
Cette solution technique n'est cependant qu'un moyen d'entrer en contact. S'il s'agit de faire passer dans ses tuyaux ce qui existe déjà ailleurs ( comme l'Université médicale virtuelle francophone le fait depuis des années), tant dans les facultés que dans les sociétés savantes ou les associations déjà très actives, il n'y a rien de nouveau sous le soleil capable de tenter des soignants assez réfractaires aux offres actuelles traditionnelles de formation.  

renforcer la compétence

    Il faut donc qu'il puisse exister des offres de formation bien définies, sur des sujets de nature à enrichir celui qui choisit de s'y intéresser, donc bien souvent un aspect des soins laissé dans l'ombre, pour de multiples raisons, par les responsables de l'enseignement initial. Cela suppose que des professionnels des soins de santé ( médecins comme on médecins) dont la compétence soit reconnue par leurs pairs dans un domaine bien défini acceptent de prendre la responsabilité d'un groupe, obligatoirement limité, de personnes désirant acquérir une nouvelle compétence au moyen d'échanges par Internet.
A Exmed, depuis 1997, nous avons attendu que des initiatives de ce type, souvent suggérées sur le site par nos écrits, prennent corps. Personne n'ayant franchement repris au bond la balle lancée, ce qui se comprend étant donné le changement de mentalité que suppose ce type de formation, nous voici contraints, comme disent nos amis psychiatres (bien muets ici), de passer à l'acte.
Nous avons déjà dans nos cartons quatre projets de formation de ce type, tous centrés sur la clinique et ses dimensions relationnelles.
Il ne nous manque plus, mais sans eux rien ne se fera, que des soignants ( de toutes disciplines) qui nous fassent savoir qu'une telle formation sur mesure serait de nature à les intéresser.
Bien entendu, toute critique, appréciation ou proposition, d'où qu'elle vienne fera ( dois-je écrire ferait, tant il semble difficile en France de se manifester, y compris pour dire sans détour son opposition) l'objet de toute l'attention des personnes qui travaillent à ce projet.

Renforcer la compétence ( des soignants), prétendons-nous chaque semaine en intertitre final sur cette lettre, comme dans une sorte de rite incantatoire ?
Et bien, c'est exactement l'objectif d'une fomation de ce type.

 

 

Os court :
<< C'est ce qu'on écrit avec plaisir qui fait avancer l'esprit. >>
Jean Giono

 

Cette lettre illustre notre Charte d'Hippocrate.

Lien : http://www.exmed.org/archives08/circu532.html


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