Mais qu'est,
mai qu'est-ce que c'est

6 mai 2012
Docteur François-Marie Michaut
lui laisser un message

   Puissent les mannes du compositeur, auteur et interprète Gilbert Bécaud (monsieur 100 000 volts, disait la presse) pardonner ce détournement. Nous sommes au mois de mai, et ce papier sera mis en ligne le lendemain du vote duel final de l'élection présidentielle en France.
Il y a presque deux mille ans que nous utilisons le même calendrier, et avec nous, échanges mondiaux obligent toutes les nations converties aux coutumes occidentales. Familièrement, nous le nommons julien. Jules César, bien connu des lecteurs d'Astérix, en a été le papa.
Beau succès pour un homme politique que de laisser ainsi son nom à la postérité planétaire, alors que son immense empire bien enfermé dans ses frontières s'est délité de l'intérieur depuis des dizaines de siècles, peut-être rongé par le saturnisme de ses poteries.

Retrouver la confiance

«Faire le mai» a été une de mes découvertes de jeune médecin en milieu rural. Au matin du premier mai, la place de l'église du village était encombrée de tous les vieux ustensiles agricoles et ostréicoles qui n'avaient pas été mis sous clé, à l'abri des jeunes gens fouineurs. Une fois par an, faire le ménage de toutes les vieilleries trainant dans la nature, ce n'était peut-être pas inutile. Un embryon de conscience écologique, ou une façon de faire enrager les plus anciens et les moins ordonnés, à chacun de choisir.
   En descendant vers la Gironde et le Périgord, le mai devient un arbre. Souvent un joli conifère décoré qui est érigé juste devant la maison d'un entrepreneur, avec la pancarte rituelle : «Honneur à notre patron». La coutume exige, nous ne sommes pas en France pour rien, que le bénéficiaire débouche en retour quelques bonnes bouteilles.
Subtil parfum de paternalisme qui, par un pied de nez ancré dans la tradition, semble avoir échappé à la lutte des classes.

Restaurer la conscience

Le mot même de mai, voulu donc par notre empereur romain, fait référence à une déesse antique, comme mars est dédié au dieu de la guerre. Mai, le temps de la pousse des feuille des arbres, est consacré à Maïa, la divinité latine de la fécondité. Comme stimulés à cette période du cycle solaire par une énergie propulsive, les fruits commencent à se former.
Même si notre mémoire en a perdu la trace, cette origine sacrée demeure vivante. La fête conviviale de l'arbre de mai dans les Landes porte toujours le nom de maillade ( ou maïade).
Dans toute l'Europe occidentale persistent des fêtes autour de l'arbre de mai. Dans l'est de la France, un arbre est rituellement déposé la nuit devant la maison des filles à marier, l'essence choisie étant toujours symbolique.
En Bavière, qui fut jadis un haut lieu celte, et malgré l'opposition de l'église condamnant ce «paganisme» le maibaum plus beau et plus haut que celui du clocher voisin demeure une tradition festive villageoise vivace.

Renforcer la compétence

Comment se fait-il, nous qui nous vantons d'une pensée rationnelle sans faille comme calquée sur le seul modèle scientifique, que nous soyons encore si attachés dans nos façons d'être à des rites anciens qui dominaient la vie des anciens ? Nous ne les comprenons plus très bien, certes.Tout se passe cependant comme si ( formule fétiche des auteurs scientfiques) nous étions toujours agis par des forces qui ont disparu de notre conscience et de notre connaissance.
Cela a été théorisé il y a longtemps par l'inconscient freudien, puis par les travaux de son disciple Jung.
   Les médecins ont pour charge de soigner les hommes tels qu'ils sont. Cet héritage sacré, aussi ténu puisse-t-il sembler actuellement, ne peut pas être écarté d'un revers de main agacé. Il fait partie de notre réalité, et aucune médecine digne de ce nom ne peut s'octroyer le droit de ne pas en tenir compte autant dans sa stratégie diagnostique que dans ses interventions à visée thérapeutique.

Os court : « Mais ou et donc or ni car»

Grammaire française


Cette lettre illustre notre Charte d'Hippocrate.
Lien : http://www.exmed.org/archives08/circu532.html

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