Le comment et le pourquoi

22 juillet 2013
Docteur François-Marie Michaut
lui laisser un message

Le regretté Henri Laborit, chirurgien et neurobiologiste, introducteur en thérapeutique de l'usage des neuroleptiques en 1951, nous l'a appris. Tout animal confronté à une situation le mettant en péril n'a qu'une alternative. L'attaque ou la fuite. Homo sapiens, dans sa version française contemporaine, semble pourtant fonctionner sur un autre modèle. La crise économique mondiale, ne cesse-t-on de nous répéter à tout propos, met chacun de nous en péril. La peur du lendemain parce que personne ne peut garantir quelque certitude d'avenir que ce soit, règne jusque dans les plus petits villages.
L'effondrement de la confiance du plus grand nombre dont bénéficiaient nos élites (médecins compris) ne fait qu'accélérer le climat de morosité générale. Combien de choses cachées deviennent évidentes, donnant une image peu glorieuse de ceux qui en ont tiré profit ? La généralisation hâtive, sous le coup de l'émotion et de la soif de vedettariat médiatique, lézarde puis lamine la légitimité de toutes les institutions. La technique, accessible au plus grand nombre, facilite comme jamais encore les échanges et les investigations les plus poussées. La transparence, supposée en résulter, devient une sorte d'idéal à bon marché afin de rendre de plus en plus difficile de cacher à la conscience collective des activités douteuses, ou des réalités injustes. Course classique, et sans fin possible, exactement comme dans le dopage des sportifs, entre les gendarmes et les voleurs.

Qu'en résulte-t-il ? Qui attaquer pour se défendre ? En vérité, personne ne le sait clairement. Se battre contre un système, supposé chargé de tous les maux du temps présent, n'enthousiasme pas les foules qui gardent toujours un souvenir amer de ces lendemains qui devaient chanter et qui ne sont jamais venus.
Comment fuir une crise qui ne connait ni frontière, ni même définition assez large pour pouvoir en comprendre l'étendue et la gravité ? Combien sont-ils ceux qui accepteraient de faire le choix de vivre comme des Amiches ou de renoncer à tout ce qui facilite matériellement notre vie quotidienne ?

Risquer de se faire tromper, comme nous l'avons toujours été, par les beaux parleurs sortant de leur haut de forme leur lapin blanc, nous en avons plus qu'assez. Les intellectuels ? Ils semblent tellement préoccupés chacun par leur petit commerce, leurs compromissions avec les pouvoirs et leurs intérêts de chapelle à court terme, que leur voix se dilue dans la cacophonie médiatique.

Pas la moindre ligne de force capable de nourrir les esprits pour qu'ils puissent se faire une idée globale de l'époque de l'histoire humaine que nous vivons en ce moment. Est-ce à dire pour autant que nous avons atteint les limites indépassables des capacités mentales de notre cerveau ? Rien ne permet de l'affirmer. Ce n'est pas parce que je ne connais pas une chose qu'elle n'existe pas.

La réaction à la crise, une fois évacués comme ils le méritent les soignants à la petite semaine aux remèdes dérisoires, est là sous nos yeux. Elle porte un nom. C'est celui de l'immobilisme. Surtout ne pas bouger, ne rien entreprendre pour ne pas risquer de se tromper et d'échouer : telle semble être la devise du moment.
Que reste-t-il alors au citoyen pour orienter ses actions, en attendant que, peut-être, le vent finisse par tourner ? Se barricader au mieux.
Limiter sa consommation devient une nouvelle mode pour ceux qui ne sont pas touchés personnellement par des pertes d'emploi. Mettre de l'argent de côté, parce qu'après tout, un petit matelas de billets peut permettre de voir venir mieux que les copains, voilà ce qui se passe.

Bien des gens seraient surpris de comprendre que cette prudente (et bien égoïste) prévoyance est un facteur aggravant majeur des difficultés dont ils craignent les conséquences pour le maintien de leur petit confort personnel.
Nous sommes coincés dans une attitude paradoxale. Comment s'en sortir ? Il est plus que jamais temps d'oser se lancer hors des sentiers battus en faisant le point sur les sources véritables des échecs de civilisation qui nous sautent au visage. Ne pas se laisser enfermer dans des considérations à visée immédiate, ou à causalité linéaire, est en rupture avec notre culte de l'action pour l'action et du tout pour moi tout de suite.
Et pourtant ! L'idée de réfléchir plus loin que le bout de son nez est dans l'air du temps, de nombreux indices en attestent un peu partout. Faute d'alternative collective autre que le suicide planétaire, elle ne peut être que contagieuse. Elle deviendra vite une évidence pour beaucoup d'esprits : pourvu que ce ne soit pas trop tard pour notre survie collective, c'est tout le mal que je nous souhaite.



Retrouver la confiance

 

Restaurer la conscience

 

Renforcer la compétence


Os court : « Je vous résume le freudisme. Pourquoi ?
Parce queue. »
Louis Pauwels
Cette lettre illustre notre Charte d'Hippocrate.
Lien : http://www.exmed.org/archives08/circu532.html

      Lire les dernières LEM:

  • Feux follets COUPS DE FEU, Jacques Grieu LEM 818
  • L'intelligence de l'optimisme, François-Marie Michaut LEM 817
  • Airements, Jacques Grieu LEM 816
  • Ne pas bouger, François-Marie Michaut LEM 815
  • Don Quichotte et les médecins, D. Marche LEM 814