L'hyper-régaliennitude

25 mai 2014
Docteur Jean-François Huet
lui répondre

Quand tout devient « régalien » (1), comment s'étonner que tout soit soumis à des contraintes budgétaires de plus en plus insoutenables ?
En faisant passer les dépenses de santé dans les dépenses publiques, l'État s'est chargé, depuis la Libération, d'un fardeau qu'il ne peut plus porter depuis longtemps. La béquille mutualiste que l'infirme sécu tente d'utiliser pour faire semblant de continuer à exister n'a jamais été en mesure de diminuer les « déficits sociaux » d'un euro. Elle ne peut éviter l'émergence d'une médecine à deux vitesses. En effet, en dépit des rodomontades  et des incantations sur le thème de la solidarité, les mutuelles dont la logique est purement commerciale, ne résisteront pas longtemps avant de proposer des « sur-assurances » (2), moyennant finances, à leur affiliés les plus fidèles et les plus fortunés.
Quand l'État s'investit dans des missions qui ne sont pas réellement les siennes et dans lesquelles il n'a JAMAIS fait la preuve d'une meilleure efficacité que le secteur privé,  comme c'est le cas de l'assurance maladie , il fait payer très cher son incompétence  à ses assujettis. Non seulement tous ceux qui payent plus de 4000 euros par an pour leur assurance maladie payent trop cher, mais la mutuelle qui leur sera imposée  entrera en leur défaveur dans le calcul de leur impôt sur le revenu. Seule une volonté de domination administrative sur les citoyens, dont le fard solidaire n'est que l'alibi, peut expliquer une politique d'une telle sottise et d'une telle inefficacité. L'obligation de cotiser à l'organisme d'État et à une mutuelle vont bien au delà de toute notion de répartition collective des risques de santé. Tout finit par prendre un caractère régalien jusqu'au prix des lunettes. Il n'échappe à personne que ceux qui vendent des nouilles et des yaourts font plus de bénéfices que ceux qui vendent des lunettes. Alors pourquoi ne pas faire du commerce de nouilles et de yaourt un problème régalien? Parce que dans le cas des lunettes, monsieur Caniard et ses acolytes champions de la mutualité poussent dans un sens et, dans le cas des nouilles et des yaourts, monsieur Leclerc et ses pairs poussent dans l'autre.
L'omnipotence impuissante  de Marisol Tourraine n'a d'égale que celle de notre Président de la République.
Cette omnipotence impuissante a un coût social et elle est le germe de la révolte qui enfle.
Ce désaveu se manifeste déjà lors des consultations électorales qui ne sont plus que des défoulements collectifs. Sitôt élus sitôt maudits  , nos présidents et leur clique de serviles suiveurs ont contre eux 8 électeurs sur 10 après quelques mois.
Le temps n'est pas loin où, même avec des mandats triennaux, les Français auront envie de virer leurs élus au bout d'un trimestre. Le « tout régalien » est responsable de cet état de fait : plus l'État s'implique dans des missions qui ne sont pas les siennes, plus les citoyens payent cher pour être finalement de plus en plus contraints. Ils finissent bien par s'en apercevoir, en même temps  qu'ils voient leurs problèmes se multiplier . Un État respecté et économe doit savoir se limiter à un nombre réduit de fonctions régaliennes .

Arrêter de confondre les cotisations avec les impôts et faire repasser les dépenses pour la santé dans le domaine privé est non seulement pertinent au plan économique, mais beaucoup plus conforme à la morale publique et à la déontologie que la situation actuelle. Mais, c'est redonner de la liberté aux citoyens, donc accepter de perdre un peu de son pouvoir d'élu. Et c'est pour cette raison que cela ne se fait pas. Pas encore.


(1) NDLR : On parle de régalien pour désigner un pouvoir qui est du domaine exclusif d'un roi. Et, par extension d'un État ou souverain quelconque.
Ainsi, la justice, la police, les impôts, l'armée, la capacité de battre monnaie, de signer des traités de paix ou de guerre ne peuvent pas être du domaine de quelque citoyen que ce soit. Le titre de ce papier, avec son néologisme pseudo-médical, est de la rédaction.

   (2) NDLR : C'est déjà le cas de toutes les compagnies d'assurances dans le monde, la société britannique Lloyd's y occupe traditionnellement une place majeure.



 

Retrouver la confiance

 

Restaurer la conscience


Renforcer la compétence


Os court : «Le pouvoir doit se définir par la possibilité d'en abuser.»
André Malraux
Cette lettre illustre notre Charte d'Hippocrate.
Lien : http://www.exmed.org/archives08/circu532.html

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