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Horreur des
« en fin de course »

6 octobre 2014

Docteur Jean-François Huet
lui répondre

Le drame de la maternité d'Orthez est bien entendu celui d'une famille en deuil, et de professionnels de la santé traumatisés à vie. C'est aussi, cela ne doit pas être occulté par de légitimes émotions, un cas d'école qui mérite de figurer en bonne place dans l'enseignement de l'École de santé publique de Rennes, haut lieu de la formation des personnels de direction des hôpitaux et des services techniques de l'État.

  Voici, à mon sens, pourquoi et comment il devrait être exposé à ceux qui sont censés nous diriger.

Dans ma trop longue carrière d'anesthésiste-réanimateur, comprenant 25 ans de travail en maternité, j'ai eu l'occasion d'exercer mon art dans des structures dites « en fin de course». Je peux donc témoigner d'une réalité vécue de l'intérieur.
Toute structure hospitalière menacée de fermeture, que ce soit pour des motifs économiques, ou simplement pour des raisons administratives, finit par dysfonctionner. Voici pourquoi;

1° Pour des raisons de recrutement du personnel.
Si vous étiez «le meilleur» dans votre spécialité iriez vous vous perdre dans une structure sans avenir ? NON. Les structures «en fin de course» recrutent mathématiquement les professionnels en «fin de course»
2°Pour des raisons matérielles.
Si vous étiez administrateurs d'un établissement «en fin de course» seriez vous tenté d'investir en matériel, de multiplier les commandes et les recrutements ? NON .
Dans un établissement «en fin de course» on travaille donc avec des praticiens, avec du personnel et avec du matériel «en fin de course».

3° Pour des raisons d'ambiance de travail.
Imaginez un instant l'ambiance dans laquelle on travaille dans un établissement «en fin de course», dans lequel tout le monde finit pas se regarder de travers et par s'engueuler. Le matériel, le personnel, l'ARS (Agence régionale de santé) caporaliste, la « sécu-de-merde », les administrateurs aux abois, les collègues et le personnel énervés, tout finit par créer un climat explosif. Il ne manque plus qu'un coup de téléphone de votre banquier pour vous signaler votre découvert pour compléter le tableau !
On travaille dans un milieu et une ambiance profondément hostiles, incompatibles avec la plus élémentaire concentration. Combien de fois faudra-t-il répéter qu'une certaine sérénité est nécessaire à la pratique de techniques dont la vie des malades dépend ?

Pour conclure sur le cas du drame de la maternité d'Orthez on peut dire .

- Que si tout ce qui a été énuméré ci-dessus n'est pas forcément une raison pour sombrer dans la dépendance à l'alcool, cela y prédispose.
- Que la «gestion» catastrophique de la santé, assise sur une protection sociale et une assurance maladie, toutes les deux insolvables, ainsi que sur une idéologie objectivement « en fin de course», détruit progressivement le tissu hospitalier et multiplie les situations de ce genre.

Ces bombes à retardement risquent fort dans le proche avenir - en élémentaire logique systémique et non dans la lecture dans une boule de cristal - de se solder par des décès et des drames autant pour les professionnels que pour les familles.

( cliché J-P.G. )

 

Retrouver la confiance

 

Restaurer la conscience


Renforcer la compétence


Os court :

« Les ordinateurs, plus on s'en sert moins, moins ça a de chance de mal marcher. »


Jacques Rouxel (père des Shadoks)
Cette lettre illustre notre Charte d'Hippocrate.
Lien : http://www.exmed.org/archives08/circu532.html

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