La vie

 

    8 juin 2015

Docteur François-Marie Michaut

 lui répondre

 

La dramatique histoire de survie artificielle après un accident de la circulation routière de Vincent Lambert demeure au premier plan de l'actualité avec une décision de la Cour européenne de justice. Disons-le d'emblée : maintenir en vie pendant tant d'années un être humain, aussi sévèrement atteint dans des fonctions vitales, est un prodige stupéfiant des techniques médicales actuelles. La moindre des politesses est de remercier tous les membres des équipes soignantes qui travaillent tous les jours pour que Vincent Lambert ne soit pas rayé du nombre des vivants. J'imagine quelles pressions peuvent être exercées par ceux qui souhaitent que les soins soient poursuivis et ceux qui jugent un tel acharnement (non thérapeutique dans ce cas précis) contraire à toute dignité humaine.

Chacun a le droit absolu d'avoir sa propre opinion sur le cas Vincent Lambert. Le risque, cependant, est que ce soit l'émotion, infiniment plus que la réflexion en profondeur qui détermine les prises de position. Pour caricaturer un peu, nous sommes dans le domaine du «moi, à sa place, je voudrais que». Sauf que personne n'est, ni ne peut être, à sa place. Un peu plus subtilement peut être invoqué un « moi, si j'étais à la place de sa mère ou de sa femme, j'aurais telle position». Droit, morale, impératifs religieux ou philosophiques, tous les points de vue se mélangent, sans être capables de s'entendre.

La question de la mort humaine est finalement assez simple. L'heure inévitable où ce que nous observons comme la vie cesse de fonctionner. Au passage, même si cela nous ennuie beaucoup ou nous fait très peur, c'est notre seule certitude.

Le surgissement de toute nouvelle vie, à partir de rien d'autre que, dans un monde de probabilités incalculables, de deux cellules étrangères qui se sont mystérieusement rencontrées. Rien d'autre nous dit la science. Une énergie a été nécessaire pour que ce mouvement unique, plutôt que rien, pour paraphraser Jacques Grieu (LEM 913) puisse se produire.
Alors cette vie, sachons l'admirer, à défaut de comprendre pourquoi elle est partout, avec tous ses défauts, comme avec toutes ses qualités.

Les trouvailles des sciences et des techniques ne doivent pas se dresser comme des filtres nous rendant incapables de garder pleine conscience de ce miracle permanent qui est la conservation sans aucune faille du cycle vie-mort-vie.
Tout le reste n'est que querelles superficielles. Et comme la vie est courte, perdre son temps, c'est perdre une bonne partie de sa vie. Autrement dit, se comporter comme un déjà mort !



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« On ne reçoit pas la sagesse, il faut la découvrir soi-même, après un trajet que personne ne peut faire pour nous, ne peut nous épargner. »

Marcel Proust

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