De septembre 2003 à juin 2006, j'ai animé un « Atelier Philo » fortement teinté de « Fait Religieux » auprès des élèves de la classe de quatrième et de troisième dans un collège privé catholique à La Réunion.
J'ai vécu cette formidable expérience dans le cadre d'un bénévolat car mes filles ne voulaient plus assister aux séances de catéchisme. Notons qu'aucun établissement ne peut forcer les catholiques d'y assister, et encore moins d'y participer les protestants (dont les témoins de Jéhovah) et les musulmans de cet établissement.
Au lieu de laisser traîner les collégiens dans la cour, j'ai proposé au directeur de les prendre une heure par semaine. Ce dernier était enchanté d'avoir un « surveillant » ne coûtant rien et c'est ainsi que j'ai pu vivre dans la réalité le rêve formulé par deux personnalités.
- Régis Debray : il a été en février 2002 l'instigateur de l'enseignement du Fait religieux . Lien
- Jacques Salomé : qui « rêve… qu'un jour la communication puisse être enseignée à l'école comme une matière reconnue à part entière ». Lien
N'ayant pas fait l'IUFM ( Institut Universitaire de Formation des Maîtres) je suis parti de rien ou plutôt de TOUT : de mon coeur... pour improviser. Un petit mot sur mon intérêt personnel. Cette période coïncidait avec mes débuts de recherche sur toutes les religions, lors de mon projet sur la rédaction du livre sur la « La croyance des Bara ».
Voici comment j'ai procédé.
- J'ai fait un sondage auprès des adolescents pour savoir les sujets qui les intéressent.
- Je leur ai demandé de préparer une petite présentation (afin d'éviter les sujets polémiques ou provocateurs) de telle manière que le sujet qu'on retiendra pour la prochaine séance sera cadré à l'avance par eux-mêmes. Et pas par un adulte voulant imposer ses choix.
- Je n'étais alors qu'un simple « modérateur » de leur riche débat où la notion de « Civisme » restait le fil conducteur en fonction de l'actualité. C'était, en vérité, assez mouvementé car après le 11 sept 2001, il était déjà beaucoup question d'Islam.
Si bien que j'étais obligé de m'informer alors que je ne disposais pas d'internet. Il me fallait donc tout faire à l'encyclopédie ! Et grâce à ce travail, c'est ainsi que j'ai découvert toutes les sensibilités de l'Islam car les jeunes musulmans de ma classe se montraient particulièrement participatifs.
Il y a un ou deux ans, une de mes filles à croisé un camarade de classe qui avait lui aussi participé à ces ateliers philo/faits religieux. Ce jeune homme (25 ans actuellement) lui a dit qu'il a gardé un « excellent souvenir des cours de ton papa ».
Autrement dit, pour moi : mission accomplie ! Effectivement, mon fil conducteur à l'époque était : « Tant qu'il y un seul élève qui participe (c'est-à-dire qui s'exprime) , cela vaut le coup de continuer ». D'ailleurs j'invitais ceux qui, inévitablement, se montraient « dissipés » :
- soit à ne plus venir, puisque ce n'était pas obligatoire
- soit à rester à leur place et en profiter pour réviser une autre matière.
A ma grande surprise, même ceux qui avaient leur nez plongé dans leur cahier ou leur… téléphone portable, réagissaient sur certains items et n'hésitaient pas à lever le bras avant de prendre la parole et partager leur avis, ou tout simplement émettre une critique.
Ainsi, j'ai eu l'occasion de mieux comprendre les adolescents (donc, au passage, mes enfants) et de m'enrichir à leur contact.
J'ai encore toutes les archives de cette période de ma vie car j'avais envisagé de suivre le cursus des « Sciences de l'éducation » à l'université pendant cette très longue période de chômage où aucun laboratoire d'analyses médicales ne voulait m'embaucher. Mais ça, c'est une autre histoire.
Os court :
« Le débat religieux n'est plus entre religions, mais entre ceux qui croient que croire a une valeur, et les autres. »
Paul Valéry