LETTRES D'EXPRESSION MEDICALE 1997 .

( Copyright Dr F-M Michaut 1998 )

N° 25 09-09-97 Consulter un autre numéro ?

Vous avez dit : ordre des médecins ?

On en parle souvent . Généralement pour critiquer le conservatisme de l'institution . Nous cotisons obligatoirement , c'est légal .Nous ne votons généralement pas à ses élections . C'est bêtement jouer le rôle de la chaise vide .

L'ordre est là pour une mission fondamentale , devenant de plus en plus compliquée avec la multiplication des médecins et des techniques médicales . C'est simplement : assurer l'ordre dans la profession . Oui, c'est jouer le rôle du père , qui dit où est la loi . Oui, c'est être le gendarme indispensable à toute société où le droit doit primer sur la force et les privilèges de tout poil . Oui, c'est accepter d'être impopulaire, d'être taxé en même temps de laxisme, de conservatisme, d'autoritarisme et de tous les " ismes" du monde . Et après ?

Non l'ordre n'a pas à tenter de gagner une illusoire image de modernité en disputant des territoires syndicaux , des responsabilités dans la formation médicale continue , dans la conquête de nouvelles technologies pour faire moderne . C'est injuste , puéril et perdu d'avance .

L'ordre n'est pas condamné s'il ne se saborde pas lui-même par crainte d'être impopulaire . Il n'a ni à plaire, ni à déplaire . Il doit être là , et faire le mieux possible ( ce qui est très généralement le cas dans tous les départements , on oublie de le dire ) ce qu'il a à faire , et dire à la profession, ainsi qu'au public, où est l'usage, où est le droit, où sont les devoirs des uns et des autres .

Qu'il y ait des dérapages, des injustices, des inégalités dans son fonctionnement , c'est évident . Le bulletin de vote de chaque médecin devrait pouvoir sanctionner cela . Et pourquoi pas une obligation de vote aux élections ordinales ? Ca se serait un changement fondamental : ne pouvoir faire partie que d'un ordre où l'on fait obligatoirement valoir ses droits , et où l'on prend ses responsabilités et son sort en main , au lieu d'être encore et toujours un " assujetti " , bien à l'abri de tout mais toujours prêt à râler . FMM ( michaut@gessie.tm.fr )

Retrouver la confiance :

-Grande manoeuvres de rentrée , conférence nationale sur la santé .Seuls, comme toujours, les ténors répertoriés, sans risque d'innovation sont consultés . Expression médicale, par exemple, n'existe pas , messieurs les responsables politiques ou administratifs ?

Restaurer la conscience :

-Fax reçu de Sylvie Guérin le 3 septembre, tel/fax 05 56 52 79 36 :

Trouvez vous normal cet " abonnement " chez un généraliste régulateur ou centralisateur des soins qui va être prochainement proposé à vos patients clients ? Trouvez vous normal d'attirer le patient vers cette solution en lui faisant miroiter le seul paiement d'un ticket modérateur de 23 franc au lieu de mettre l'accent sur le fait d'une meilleure gestion de sa santé ? Ne trouvez vous pas contradictoire le fait de percevoir, en tant que médecin gérant le dossier de ce patient la somme de 150 francs , alors que vous ne voulez pas être traités de " petits commerçants " ?

Pensez-vous que vos patients suivront , que cette formule a un avenir devant elle et qu'elle donnera plus de résultats que le carnet de santé ?Ne voyez surtout pas d'agressivité dans ces point d'interrogation de la part de la profane du groupe , mais une curiosité et une envie de dialogue . Vos réponses et vos réactions seront les bienvenues , que ce soit par le biais d'Expression médicale ou à mon numéro personnel. Merci d'avance .

Renforcer la compétence :

Médecine scolaire , médecine pénitentiaire . Deux activités librement exprimées par le Dr Deharvengt dans deux textes envoyés à EM : " médecins de l'ombre ... médecine à l'ombre..." - " grandeur et servitudes de la santé scolaire " , à propos de deux expériences personnelles vécues localement .

 

N° 24 2-9 -97 Consulter un autre numéro ?

Avenir d'Expression médicale ?

Expression médicale doit-il se doter d'un site serveur sur internet ? La question doit être ouvertement débattue entre nous . Disposer d'un serveur ( environ le 173 ème du monde médical français ) , c'est augmenter sensiblement nos possibilités de contact avec des interlocuteurs , dont le seul point commun est l'usage de la langue française , et l'intérêt pour le devenir des questions de santé dans une optique respectueuse de l'humain .Possibilité alors de cultiver des contacts par courrier électronique , afin d'enrichir encore nos échanges . Possibilité de diffuser beaucoup plus largement notre circulaire, sans limitation de place, comme c'est le cas actuellement avec la seule télécopie qui ne peut excéder une page. Possibilité enfin de diffuser nos différents écrits, et de les faire largement connaitre , sans avoir besoin de passer par un éditeur , toujours guidé par des objectifs de rentabilité . La seule condition est alors que les textes, livres, poèmes, dessins etc... soient déjà saisis sur ordinateur . Contrepartie ? Il y en a deux . Un investissement en formation , apprentissage technique, animation du serveur . Je pourrais m'ateler à cette tâche . Un coût financier qui est le suivant : Hébergement annuel du serveur ( 2400 F HT) + logiciel Claris Home Page 2 ( 690 F TTC ) + formation à l'utilisation de ce logiciel de création d'un site internet : 2400 F HT + installation du site 500 F HT . Soit un devis total de 7081 F TTC de la société Ségécom multimédia de la Rochelle . Sommes nous prêts à avoir le courage de nos opinions , et un sens assez aigu de notre responsabilité et du prix de notre liberté d'expression pour assumer par nous-mêmes la charge de ce serveur sans mendier le moindre subside extérieur ?

FMM ( fmm@exmed.org )

 

N° 23 19-8 -97 Consulter un autre numéro ?

Retrouver la confiance :

Que c'est difficile dans un monde où l'on demande de plus en plus de justifications à chaque acte de la vie , où l'on exige un relevé d'identité bancaire là où l'on envoyait un mandat ou un chèque . Il faut s'assurer de tout aléa possible de la vie, de la météo , des éléments, de la maladie.

Restaurer la conscience :

Conscience pas assez répétée, pas assez comprise , que nous sommes bien peu de choses . Que nos merveilleux moyens techniques sont aussi très limités, très faillibles . Et surtout, que nous sommes loin, très loin, et dans tous les domaines de tout savoir , de tout pouvoir. Savoir que l'on ne sait pas, ou si peu, ou si mal, est la démarche naturelle de tout homme de science, ou de connaissance.

Renforcer la compétence :

Il n'y a là aucun misérabilisme , aucun masochisme . Que cela plaise ou non, la vérité est là, les faits sont là . Toujours têtus , et seuls capables de limiter notre véritable compétence . A l'opposé de la si banale recherche de recettes , de trucs, de ficelles de métier qui se fait si facilement jour en formation médicale continue .

- Mais , pendant ce temps encore, le Dr Blais passe une bonne partie de ses vacances à préparer des cours pour les étudiants en médecine dont il s'occupe à Paris Ouest en dépouillant des montagnes de dossiers . Il a aussi envoyé à Expression médicale une maquette illustrée de présentation d'E.M. , destinée à la présentation de nos futurs " cahiers". Peut vous être faxée sur demande .

Retrouver la confiance :

Que c'est difficile dans un monde où l'on demande de plus en plus de justifications à chaque acte de la vie , où l'on exige un relevé d'identité bancaire là où l'on envoyait un mandat ou un chèque . Il faut s'assurer de tout aléa possible de la vie, de la météo , des éléments, de la maladie.

Restaurer la conscience :

Conscience pas assez répétée, pas assez comprise , que nous sommes bien peu de choses . Que nos merveilleux moyens techniques sont aussi très limités, très faillibles . Et surtout, que nous sommes loin, très loin, et dans tous les domaines de tout savoir , de tout pouvoir. Savoir que l'on ne sait pas, ou si peu, ou si mal, est la démarche naturelle de tout homme de science, ou de connaissance.

Renforcer la compétence :

Il n'y a là aucun misérabilisme , aucun masochisme . Que cela plaise ou non, la vérité est là, les faits sont là . Toujours têtus , et seuls capables de limiter notre véritable compétence . A l'opposé de la si banale recherche de recettes , de trucs, de ficelles de métier qui se fait si facilement jour en formation médicale continue .

 

- Mais , pendant ce temps encore, le Dr Blais passe une bonne partie de ses vacances à préparer des cours pour les étudiants en médecine dont il s'occupe à Paris Ouest en dépouillant des montagnes de dossiers . Il a aussi envoyé à Expression médicale une maquette illustrée de présentation d'E.M. , destinée à la présentation de nos futurs " cahiers". Peut vous être faxée sur demande .

F-M.M.

N° 22 6-8 -97 - Consulter un autre numéro ?

Vacances ? michaut@gessie.tm.fr

Puisque l'informatisation des cabinets libéraux est en cours , ne loupons pas le train en marche . Cette décision administrativo-politique constitue un risque trop évident de restrictions de la liberté d'action des médecins , d'embrigadement sournois , de normalisation technocratique pour insister sur ce point . Pourtant, la très grande majorité des contacts et sympathisants d'Expression médicale utilise l'outil informatique sans difficulté . Vigouroux, malgré sa soixantaine passée, n'a pas hésité à s'y mettre , et avec profit et plaisir ! Petit, dans un récent fax, continue de plaider pour qu'Expression médicale franchisse le pas de l'Internet . C'est, en effet, la seule façon de pouvoir s'exprimer largement , bien au de là des frontières, en passant par dessus les remparts des lobbies et des intérêts financiers à défendre . Alors, on y va . Sans illusion , ni idéalisme : le "net" ne rend ni plus intelligent, ni plus créatif . Pour l'instant, période ingrate de lutte avec les machines à domestiquer. Affaire à suivre , sur internet ( adresse supra)

Retrouver la confiance :

- La combinaison entre l'adoption d'un outil informatique commun et le travail clinique en réseau n'est pas une nouveauté . En 1987, le Généraliste annonçait déjà la création d'un réseau informatisé des alcoologues cliniciens à la suite d'un travail personnel de recherche et de développement . Après l'enthousiasme du début, la réalité est apparue . Ce système n'a entraîné aucune modification de la pratique des différentes équipes ; ni amélioration, ni échange sur les différentes méthodes adoptées localement dans les 11 centres concernés . Passons sur les conflits de pouvoir entraînés par la direction de ce réseau . Pourquoi, dans ce beau pays, ne demande-t-on jamais leur avis à ceux qui ont déjà vécu une expérience de ce qu'on veut imposer à tous ? Qu'on ne dise pas que c'est par méconnaissance , le réseau en question avait l'appui et le soutien financier du ministère de la santé. Et puis, personne ne lit-il la presse médicale chez nos décideurs !

Restaurer la conscience :

L'ordre des médecins sur la sellette , titre le QdM , et s'interroge Petit . Institution critiquée, qui tente de se réformer en restant sur elle-même . Comme le reste, elle ne vaut que ce que valent les hommes qui l'incarnent . Son seul et unique problème : comment faire en sorte que les meilleurs de la profession deviennent ses conseillers ? Alors, plus besoin de réformes de papier, d'annexion de champs d'action nouveaux, l'autorité naturelle de la profession peut simplement s'exprimer pour dire , c'est sa seule et unique mission, où est l'ordre, et où est le désordre , dans la profession médicale.

Renforcer la compétence :

- Mea culpa... Dans la circu 21, l'info était passée qu'aucun "micaïste" n'avait répondu à un appel paru dans le Généraliste . Or, deux contacts ont eu lieu de confrères qui sont d'accord pour participer à notre effort d'expression. Le Dr Philippe Deharvengt et le Dr Rattel, notamment auteur d'un " abécédaire poétique " dont il a assuré l'édition.

-Réponse au fax de Sylvie Guérin . L'effort de " micro-édition" d'Expression médicale n'est pas réservée aux seuls médecins . La seule condition demeure que le propos sonne juste , qu'importe le mode d'expression .

N°21 24-7 -97 Consulter un autre numéro ?

Écritures ( F-M M.)

L'idée qu'Expression médicale puisse servir d' intermédiaire pour une micro édition de "cahiers complémentaires " fait son chemin ( cf Circu 20 ) . Une première mise sur le papier du texte : " Décalages" , en accord avec Jacques Blais son auteur, a été effectuée . A vos tiroirs, à vos plumes, à vos claviers ! Soumettez vos écrits à Expression médicale , en n'oubliant pas de les accompagner d'une petite note biographique professionnelle , publications éventuelles pour la rédaction d'une première page indiquant le thème traité et présentant brièvement l'itinéraire de l'auteur. Faut-il insister sur le fait qu'il ne s'agit pas d'une édition commerciale , obéissant aux lois du marché ? Et donc d'une quelconque politique de groupe de pression . Le seul objectif est de permettre l'expression d'écrits de qualité . Qu'importe s'ils ne sont lus que par quelques uns . Tant pis pour la "consensusomanie"' ambiante , l'opinion du plus grand nombre n'est probablement ni la plus clairvoyante , ni la plus créative. Et puis, on le sait, scripta manent ; les écrits restent .

Retrouver la confiance :

- Expression médicale a reçu un courrier de l'un d'entre nous . Se posant probablement , au risque de s'attirer les foudres de notre amie profane Sylvie Guérin , la question réaliste du coût de notre groupe et de ses échanges , du prix de sa liberté de parole ,est passé à l'acte . Un chèque , de la valeur de quatre consultations de généraliste, nous est parvenu . Merci de ce signe de confiance , qui s'investira sans difficulté dans des frais de communication ! Attention, cette information ne constitue pas un hypocrite appel au peuple . Mais nos ( toutes petites) affaires d'argent doivent rester apparentes .

Retrouver la confiance :

- Expression médicale a reçu un courrier de l'un d'entre nous . Se posant probablement , au risque de s'attirer les foudres de notre amie profane Sylvie Guérin , la question réaliste du coût de notre groupe et de ses échanges , du prix de sa liberté de parole , est passé à l'acte . Un chèque , de la valeur de quatre consultations de généraliste, nous est parvenu . Merci de ce signe de confiance , qui s'investira sans difficulté dans des frais de communication ! Attention, cette information ne constitue pas un hypocrite appel au peuple . Mais nos ( toutes petites) affaires d'argent doivent rester apparentes . La confiance entre nous est aussi à ce prix .

Restaurer la conscience :

- Bernard Kouchner , dans les colonnes du Quotidien du Médecin du 17 juillet , dit vouloir "recoller la porcelaine" de la profession médicale. Louable intention . Méthode : faire la paix avec tous les syndicats , signataires ou non des conventions 97. Une fois de plus, par facilité, seuls les "institutionnels", quel que soit leur degré réel de représentativité sur le terrain , sont reconnus comme les seuls interlocuteurs sérieux . La vraie fracture est-elle bien entre les syndicats , ou, plus profondément , moins anecdotiquement, entre nos sociétés et leurs médecins ? Une réponse dans ce sens au papier de Robert Liscia a été faxée le jour même au QdM . Sera-t-elle communiquée aux lecteurs ?

Renforcer la compétence :

- Justement, quelques semaines auparavant, Jacques Blais, avait demandé rendez-vous avec Martine Aubry et Bernard Kouchner pour exposer nos points de vue . Mme Aubry a répondu fort poliment que malgré l'intérêt ... son emploi du temps ...

- Retrouvé une " enquête en médecine générale sur les syndromes dépressifs " ( S.Maurice-Tison et col. Concours médical du 29-4-95 - 117-7, 1293-1295.). Six patients sur cent présentent les symptôme d'un état dépressif majeur selon les critères internationaux , et près de deux répondaient à l'étiquette de dysthymie. Au total, près de 8% de dépressifs . Le signe le plus fréquemment évoqué est la fatigue, souvent associée à des troubles somatiques . Combien de fois le diagnostic a été porté ? Le traitement adapté instauré ? Silence ...

 

N°20 17-7 -97 Consulter un autre numéro ?

Si nous sommes des témoins, ( F-M M.)

Expression médicale ne peut , ni ne veut, devenir un groupe de pression de plus dans le protéiforme cosmos médical. Il n'est alors possible, dans cette position décalée, que de parier sur l'intelligence de quelques leaders de la santé. Notre modeste " circu" cherche, par sa simple existence, par son ton particulier, à signifier discrètement que tout le monde ne subit pas passivement le mouvement en cours en comptant ses billes , ou en se rangeant sous la bannière d'un soit disant puissant. C'est par l'écrit que nous nous sommes rencontrés, à l'initiative de Jacques Blais. C'est notre seule arme. Pouvons-nous aller plus loin dans la qualité de nos échanges ? Ne pouvons-nous pas approfondir un sujet précis de réflexion , en éditant des " Ĺcahiers complémentaires" de 5 à 10 pages sous la responsabilité et la signature de l'un de nous ? Serait-il moralement acceptable de demander à ceux qui voudraient l' acquérir une participation aux frais "d'auto-édition" et d'envoi? Vos réactions ...

Retrouver la confiance :

- Fax du Dr Petit du 7-7-97 , plutôt scandalisé que l'on pose la question de la possible psychopathologie des médecins . " Cherchez-vous des verges pour vous faire fouetter , ou plutôt pour fouetter vos confrères en activité?". Sa crainte est que les modalités de diagnostic ne dérapent vers un contrôle inacceptable, et l'élaboration d'un ordre moral des plus inquiétants ( avortement, euthanasie etc...).

Notre confrère semble estimer que le contexte actuel rend cette question incongrue , et potentiellement dangereuse . "Finalement je pense que, face à toutes les attaques que nous subissons, l' autodénigrement n'est pas plus adapté que le poujadisme. A ce propos, vous nous écrivez : " retrouver la confiance". J'aimerais que vous précisiez votre pensée. Parlez-vous de la confiance des patients et des médecins en l'administration et les politiciens ? Vaste programme ! Mais si vous voulez parler des rapports entre mes patients et moi, je préférerais que vous disiez : maintenir la confiance".

- Retombées d' Alcool, sevrage ambulatoire ( Généraliste FMC du 6 mai 97). Aucun courrier , aucune demande téléphonique, aucun patient adressé localement dans la démarche coordonnée préconisée dans le texte. Alors, parler de réseaux , de filières est une illusion ou une imposture, au choix. Pourquoi cette impossibilité pathologique de travailler avec d'autres dans l'intérêt des patients et pour le confort des médecins ?

Restaurer la conscience :

- En ces semaines de vacances d'été, d'assoupissement saisonnier de la presse , il arrive souvent que de nouvelles règles nous tombent dessus . Le déremboursement massif de nombreux médicaments en fut un exemple fameux , il y a déjà longtemps.

Renforcer la compétence :

-L'appel au "devoir de mémoire" et de témoignage professionnel des nouveaux micaïstes publié dans le Généraliste en juin n'a entraîné aucune réponse. Qu'en conclure ? Rejet total de tout passé médical ? Indifférence à l'avenir du métier et à son évolution, sur le modèle: "après moi le déluge" ? Nécessité de faire le deuil de sa casquette médicale ? Incapacité de s'exprimer ? Modestie absolue , ou autres priorités immédiates ? Les hypothèses ne manquent pas . Au long chapitre des illusions perdues, la réalité pour ceux qui ne peuvent pas quitter le radeau de la pratique libérale est qu'ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour faire.

 

N ° 19 le 10-7 -97 Consulter un autre numéro ?

Confiance tarifée... ( F-M M.)

Officiel . La confiance entre patient et médecin ( si chère à Expression médicale ) a un prix fixé par des partenaires conventionnels . Il est pour le généraliste ( pas besoin de confiance pour les spécialistes ?) de 150 francs par inscrit par an . Pour l'assujetti , le paquet-cadeau prévoit la dispense de paiement au médecin des honoraires remboursés par la sécu . Au plus 33 francs à verser à "son" médecin. Sacrée affaire , et avec une bonne mutuelle , pas un rond . A moi , les rendez-vous , visites, demandes sans fin . Il ne peut pas me dire non . Sinon, je m'inscris ailleurs ! Il est coincé par ce clientélisme , le médecin labellisé comme un poulet de Bresse. Il est bloqué par un cahier des charges qui pense pour lui ce que doit être cette confiance . Quelle pitoyable image ont de lui ceux qui pondent de tels systèmes ! Comprennent-ils qu'ainsi ils tuent toute restauration de la conscience dans le monde de la santé ? Qu'ainsi ils inhibent toute possibilité de renforcement de la compétence médicale ? L' infantilisation de la santé continue , merci.

Retrouver la confiance :

-Fax de Sylvie Guérin du 2 juillet:

Après avoir rencontré une cinquantaine de médecins pour écrire " Portraits", je me suis posée la simple question : qu'est-ce qu'un médecin? La définition logique du dictionnaire " qui donne des soins au cours d'une maladie " est passablement obsolète pour une profession qui doit naviguer entre technologie de plus en plus pointue, , vulgarisation de la médecine, attitude revendicative des patients, convention et réforme en tout genre... Que reste-t-il du temps pas si lointain où les paroles du médecin étaient quasi-religieusement écoutées? Une page est bel et bien tournée sur un style d'exercice de la médecine ... Comment allier les progrès de la technique tout en sauvegardant le côté humain de la relation soignant-soigné? Comment répondre à l'exigence d'un patient qui réclame un scanner parce qu'il a lu dans Top Santé .... ? Comment faire comprendre au grand public que si les médecins font grève contre une réforme ou une convention imposée, ce n'est pas uniquement parce qu'il vont y perdre de l'argent , mais encore un peu plus de la notion de liberté contenue dans " exercice libéral"? ... ce sont surtout les réponses qui sont intéressantes. Et pour les trouver, pour moi,il faudrait rétablir un dialogue constructif entre les médecins et les profanes ( clin d'oeil d'une profane qui voulait dire : grand public !)".

Restaurer la conscience :

- " Le médecin généraliste moyen se pose, lui, en fin de consultation, son dilemme devenu usuel : mets-je une boite de Doliprane à 12,60 F dans la zone à rembourser, permettant ainsi une économie à la mère qui est en face de moi, et donc m'autorisant à supposer qu'elle achètera un ticket de cantine à son gamin, ou bien m'acharné-je à respecter le taux, donc à vénérer Maastricht en me moquant bien de ce que le gamin aille plutôt piquer comme d'habitude un paquet de chips chez Leclerc pour son repas du jour " (J.Blais, lettre du 5-7-97).

Renforcer la compétence :

- "Les médias fonctionnent encore, s'agissant du médecin, entre le scanner et Jeanne Calment, quand le médecin oscille, lui, au quotidien, entre le scandale de la faim et les calmants de la fin avec lesquels les patients survivent aveugles et sourds au bruit d'un monde qui pleure et meurt en grinçant " Extrait du courrier du Dr Blais du 5 juillet

 

N ° 18 le 1-7 -97 Consulter un autre numéro ?

Y-a t'il un pilote dans le cabinet ?

Quel type d'homme veut devenir médecin ? Qui connait des études publiées sur les traits de personnalité ou la psychopathologie des praticiens ? Silence embarrassé, on touche un tabou. Pour devenir pilote de ligne , après un concours scientifique sévère , le candidat subit un examen psychomètrique éliminatoire . Avec tests de personnalité détectant les plus pathologiques.

Qui peut expliquer aux citoyens pourquoi on ne prend pas ce type de précaution élémentaire dans la procédure de sélection des carabins ? Pourquoi les associations de consommateurs ne disent rien ? Les plus hauts responsables de la formation médicale peuvent-ils jurer à la nation que l'on peut être moins dangereux en soignant les autres qu'en pilotant un avion quand on ne va pas bien dans sa tête ? L'Ordre des médecins peut-il affirmer qu'il n'est pas inondé d'affaires concernant régulièrement des confrères au comportement franchement pathologique ?

Militer pour le "juste soin" dans un tel contexte relève de l'incantation magique , ou du vulgaire message publicitaire . La réalité médicale est autrement complexe et riche , pour qui veut se donner la peine de la connaître . On veut " faire des économies" ? Choisissons parmi nos jeunes ceux qui sont vraiment les plus aptes à devenir médecins . La mauvaise farce de la seule sélection sur les notes ne devrait alors plus être.

Dr F-M M.

Retrouver la confiance :

- Lettre du Dr Lumbroso du 24 juin , extraits :

... à propos de ce ce qu'on "aura" pour s'informatiser . Je ne veux rien et refuse l'esclavage ! Rien . Ca, c'est une partie de l'argent que j'ai versé . Drôle de cadeau, et derrière cela le flicage et des heures de travail en plus pour pas un rond . Encore une fois, la médecine n'est pas une science exacte . C'est un art qu'on pratique avec plus ou moins de bonheur, de réussite et d'échec. C'est un moment que personne ne peut nous prendre, un rapport unique et singulier à l'autre . Il présuppose que nous avons été nous faire soigner pour ne pas faire payer à nos patients nos problèmes irrésolus . Je pense qu'un débat entre usagers et professionnels de la santé serait intéressant et riche . Mais de quelle manière le réaliser pour ouvrir le dialogue , enfin un vrai. Pardon ! On nous demande charges sociales de toutes sortes comme à une PME et sans nous en donner les moyens . Pas d'augmentation de chiffre d'affaire possible, aucune possibilité pour l'usager de savoir à quel médecin il s'adresse... à long terme, la mort nous guette . Quand on ne peut plus payer ses charges et le reste, il faut mettre la clef sous le paillasson.

Restaurer la conscience :

- Reçu du Dr Marco ( 66 Céret) :

Le Dieu Euro va naître, le Veau d'or, le grand maître que l'homme va adorer et avec lui plonger , sauf s'il questionne le Ciel, se tourne vers l' Éternel, qui saura le guider, vers de Justes destinées, sur bien meilleur sentier , y compris la monnaie ? Grand Espoir pour demain, à l'Homme bien plus serein, après combien de guerres, dont certaines nécessaires , et combien de dérives, croupissantes et maladives !

Renforcer la compétence :

- " La dictature médico-scientifique" de Sylvie Simon ( Filipacchi 1997) . Promotion sur Antenne 2 . Suffit-il d'annoncer des catastrophes , d'accumuler en guise de preuve des citations disparates d'auteurs allant tous dans le même sens pour convaincre ? Quel médecin peut gober qu'un médicament peut causer une " hépatite virale", que la ménopause est une "toxémie", que l'ordre des médecins fait régner la terreur sur la profession ? Inutiles règlements de comptes . Il ne peut rien en sortir . S'il y a écoute et respect vrai de l'autre , c'est moins médiatiquement juteux, mais cela peut conduire enfin aux indispensables changements qui s'imposent .

 

N ° 17 le 25-6 -97 Consulter un autre numéro ?

Des projets plein la tête. Dr F-M M.

Expression médicale a été citée deux fois dans le Généraliste du 20 juin . Cela démontre que nous pouvons devenir, peu à peu, un interlocuteur du monde de la santé si nous continuons à travailler sérieusement . C'est à dire uniquement à nous exprimer librement . Beaucoup de patients, de confrères , de citoyens ont encore beaucoup à dire, en dehors de toute promotion personnelle ou médiatique . Expression médicale , notre groupe virtuel , est une association de fait, telle que la prévoit la loi de 1901, en dehors de tout le formalisme habituel que l'on a rajouté à plaisir . Comment continuer à travailler ? La Circulaire ? Oui, on continue mais il est impossible de la diffuser beaucoup plus largement qu'actuellement . Et elle est petite. Par exemple le Dr Marco ( 66 Céret) envoie très régulièrement des documents calligraphiés , montages photocopiés , pleins d'intérêt et de poésie . Mais à chaque fois, c'est un document de format A4 . Si on veut grandir, on entre dans un engrenage financier forcément libertivore . Alors, suivant l'idée du Dr Petit ( circu 16), il va bien falloir s'atteler à Internet et à ses possibilités de Forums . A un très prochain numéro la nouvelle adresse internet d'Expression médicale . Mais en n'oubliant surtout pas qu'il ne s'agit bien que de moyens de communication , qui ne valent que par la qualité des informations qu'ils transmettent .

Retrouver la confiance :

- Extrait de la lettre des MG enseignants de Paris-Ouest ( transmis par J. Blais), signé de JFR : "... il serait possible que chacun soit plus ouvert à un fonctionnement différent du sien en médecine générale et abandonne l'idée d'une image unique, voire consensuelle, que l'institution soit moins vorace et ne dévore pas systématiquement ses petits s'ils sont un peu différents, que l'on approfondisse une pédagogie qui soit centrée sur la médecine générale et non sur ce que " les étudiants devraient savoir" pour la pratiquer , j'accorde que l'un et l'autre sont indissociables , mais il faut profondément réfléchir à la façon dont le travail pédagogique peut aborder ce problème sans que l'essence de la médecine générale y perde son âme".

Restaurer la conscience :

- Telle attitude médicale, habituelle et facile pour un médecin se révèle impossible et impensable dans un autre cabinet . C'est l'observation clinique décrite par Michael Balint dans ses séminaires de formation de la Tavistok Clinic londonienne de 1950 à 1961.

Pourquoi cette réalité n'est pas dite au public ? Comment des programmes de FMC "obligatoires" vont-ils pouvoir surmonter cette terrible difficulté de la variabilité extrême de l'humain et du médecin humain ? Qui trompe-t-on gravement quand on ignore cette donnée non comptable , non quantifiable, non modifiable ?

Renforcer la compétence :

- Nomination du Pr Hubert Allemand comme médecin conseil national du régime général . Comme tous ses prédécesseurs , oubliera-t-il à ce poste-clé des relations avec le contrôle médical les malades alcooliques ? Il fait pourtant partie des " 1000 de l'alcoologie" ( Méram 1994 p.10 ).

- Le marché de la psychologie médicale se dégèle. Après Lilly , le livre du QdM rédigé par deux confrères comportementalo-cognitivistes sur la "bonne" communication médicale , Synthélabo soutient le programme d'enseignement du Pr Bonfils " initiation aux dimensions psychologiques de l'homme malade". Mais où sont donc dans tout cela les praticiens de terrain qui vivent tout cela au quotidien et sans aucun filtre institutionnel ? Comme d'habitude , personne ne leur demande rien , les décideurs n'envisageant que de se mettre à l'abri d'un titre universitaire ou d'une spécialité rassurante. Surtout pas de risque ! Pas de surprise non plus , ni mauvaise, ni... bonne. Dommage pour notre compétence.

 

N ° 16 18-6-97 Consulter un autre numéro ?

Une profession qui n'en n'est pas une !

Les échanges à propos de l'entrevue avec le président de la CNAM ( Circulaire 15) commencent à susciter vos commentaires à Expression médicale .

Comme il fallait s'y attendre , le : "mais comment faire avec une profession qui n'est pas une profession ? " a été très remarqué . Faut-il que l'image des médecins, du médecin libéral type , ait été simplifié à l'extrême par les responsables des mécanismes de gestion de la profession , pour que nous ne nous y retrouvions aucunement . Les "terribles simplificateurs" , pour reprendre un terme du psychiatre américain Paul Watzlawick, ont frappé, et frappé dur . Qui a parlé en notre nom ?

Nous ne pouvons faire remonter que cette incompréhension fondamentale mutuelle entre des médecins qui n'ont qu'à soigner le mieux possible et des gestionnaires qui veulent faire leur travail de la façon la plus rigoureuse qui soit . L'acte médical doit cesser d'être caricaturé comme il l'est régulièrement, y compris dans nos propre rangs . En réalité, il ne peut se concevoir que dans un cadre de réalité bien précis , celui de la complexité, pour reprendre une notion mise à la mode par Edgar Morin . Ce qui ne veut pas dire que ce que font les médecins ne peut pas être expliqué , défini , et surtout correspondre à des lois multiples et autrement subtiles que celles régissant les échanges de marchandises , de biens et de services . L'action autour d'Expression médicale, parmi d'autres possibles, est d'illustrer sur une place ouverte à tous la réalité, la variabilité, les richesses, les limites et ... les manques de la profession médicale .

Lorsque ce travail d'inventaire en profondeur de ce qui se passe dans les cabinets médicaux ( qui n'a rien à voir avec les créations technocratiques de codage des actes et des pathologies , de nomenclature des actes professionnels , de RMO - références médicales opposables - etc...) aura été accompli sérieusement ; mais seulement à ce moment là, une juste organisation des soins pourra être entendue par des médecins enfin coopérants, car ayant la preuve qu'ils sont pris à leur juste valeur. Dr F-M M.

Retrouver la confiance :

- Extrait du fax du Dr Bertrand Petit (78210 St- Cyr l' École.) du 13-6 :

" Mais comment peut-on accuser une non-profession de faire du lobbying ? Nous n'avons pas été touchés par la crise économique, mais nous avons pris de plein fouet la crise de nos gouvernants ... Il m'est arrivé , rarement, d'écrire à des journaux et ce que je trouvais le plus important a été jugé politiquement incorrect ou contraire aux doctrines de la rédaction et remplacé par des (...). Il m'est arrivé, rarement , de participer à des réunions, et au bout de deux minutes, on m'a demandé, au nom du débat démocratique, de laisser parler les syndicalistes pendant 1/2 h... Je fais mes premiers pas sur Internet : il parait que 3000 médecins, et non une dizaine comme sur Expression médicale, peuvent être touchés dans les forums. Essayez donc d'envoyer ( et de payer) 3000 fax . Et demain, grâce à la télétransmission obligatoire, nous serons 10,20,30 mille ... Il y a là un formidable contre-pouvoir dont nous devons nous servir".

Restaurer la conscience :

- A l'idée d'Expression médicale de travailler à la constitution d'une sorte de "bibliothèque" traitant de l'exercice de la médecine, le Dr Blais réagit par lettre du 11 juin: " excellente idée ... il est certain que répertorier les ouvrages montre à la fois l'effort et le besoin de dire cet exercice , la diversité des manières d'appréhender un métier polymorphe,cela permet aussi une prise de conscience, car je ne pense pas que cela ait été fait jusqu'alors ... Nous avons une sorte de miroir ( déformant) entre le propos noté venant de J.M. Spaeth = comment faire ou s'adresser à une profession qui n'en n'est pas une? Parce qu'elle n'obéit pas aux règles de l'entreprise , et la tendance actuelle allant vers le codage à la pathologie ... Comment coder, codifier, légiférer, standardiser, calibrer ( que dire finalement?) une entité pathologique destinée à des professionnels dont la manière n'est pas une, les objectifs, les moyens pas davantage ? La notion commerciale " caisse de petits pois très fins deuxième catégorie , un kilo" ne saurait être décalquée à la pratique médicale. Le système " asthme ordinaire, moyenne importance, peak flow à N = 1 kilo franc les X cas" ne marche pas, on ne peut décidément pas étalonner à ce point... " comment calibrer ou chiffrer une pathologie qui n'en n'est pas une ? " Impossible question tant elle variera selon les intervenants... L'unité-homme , heureusement, ne sera jamais assimilable à un taux, à une charge électrique ".

Renforcer la compétence :

-CSMF : 9757 adhérents, SML : 5117, FMF: 4815, MGF : 4617, UCSF : ? ( QdM du 11 juin p 4). Soit un total d'un peu plus de 25000 confrères ( plus de 170 000 médecins en France ) . Représentatif ?

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