LETTRES D'EXPRESSION MEDICALE 1997 .

( Copyright Dr F-M Michaut 1998 )

N° 38 - 22-12 -1997 ( Pas très sérieux , car c'est la fête à Expression médicale ...), Consulter un autre numéro ?

Le calembour

est la fiente de l'esprit qui vole, Victor Hugo dixit . Pour Freud , le bon mot , comme l'acte manqué ou le rêve est une fenêtre sur l'inconcient . Dans son excès , le clinicien diagnostique l'état maniaque .

Pourtant comment exprimer ce qu'on entend aussi dans les mots , surtout quand on s'occupe justement de maux ? Allons , c'est la fête à Expression médicale pour clôturer dignement notre premier anniversaire . Ce numéro est votre , notre cadeau . Mais , il n'est pas anodin pour autant , alors sachez le consommer ... sans modération .

Bonnes fêtes à tous et à 98 où nous serons enfin tous ...

très Net et en couleurs!

François-Marie Michaut .

Sape , Hun de Noël ...

 

Des finitions très spéciales.

Lasse écu ? Ris , t'es social !

Mes deux seins raie ferrant ?

Quelle pêche , mes enfants !

 

Avec l'informe attique ?

Quel stétho ne serait sceptique !

Enfin pour l'élu de Bordeaux , les airs aiment eau .

 

Un bol d'air ou un bord d'eau ?

Réciproquement ?histoire d'O !

 

Avec l'aimable autorisation d' Attila ,

signé le Général Liszt .

 

Pour mieux faire passer nos messages dans notre Expression médicale , toujours aussi personnelle , un nouvel outil ... Non conventionnel , qui , en toute immodestie , rappellera à nos lecteurs le succès inusable du " Canard Enchainé " . Et , espérons le , son implacable efficacité . Le calembour , toujours lui : déformation de l'orthographe des mots qui leur donne un sens nouveau , cocasse ou ... percutant . Une nouvelle rubrique ( très brève ) chaque semaine pour 1998 . Titre ? Bien sûr , carabiné : L'os court . Concours permanent , ouvert à tous , et récompensé par ... des lyres . Exemple : Lac qu'on vend si on met dix cales . Lyres de plomb ( avec consternation attristée du jury ) .

Bonne année 1998 à tous !

N° 37 15-12-97, Consulter un autre numéro ?

Pour une métamédecine :

Les travaux et échanges d'Expression médicale conduisent à affiner en permanence la position et le rôle que nous pouvons jouer dans le monde de la santé . Exprimer les doléances , les états d'âme , les souhaits , les regrets des professionnels et de ceux qui s'intéressent à la santé est probablement nécessaire . Catharsis de trop pleins à l'évidence pathogènes , voire mortifères .Mais au delà , à quelle activité nous livrons-nous ? La médecine est bien malade : le constat est désormais trivial . S'en sortir est possible à une seule et unique condition . Que ceux d'entre nous qui le veulent s'atellent à un énorme chantier . Celui de la médecine de la médecine, ce qu'en terme d'allure plus scientifique on peut nommer une métamédecine . Pour tout " métamédecin ", ce qui , à l'évidence ne veut pas dire ipso facto docteur en médecine ( ou diplômé de l'ENA - cf Lettre 36!) deux objectifs complémentaires s'imposent . D'abord , diagnostiquer aussi objectivement et peu politiquement que possible les maladies dont souffre la médecine. Et puis , déterminer en toute indépendance d'esprit et hors de toute pression institutionnelle , idéologique ou ... économique quels sont les remèdes capables de redresser la barre dans le bon sens . C'est à dire celui ... de la santé .

Idéalisme , utopie ? A vous de le dire à Expression médicale ... Dr François-Marie Michaut

Retrouver la confiance :

- Fax de Sylvie Guérin du 3-12-97 : " Voici quelques réactions que m'inspire le texte de Jacques Blais " Chers usagers de santé " ( lettre 33 ). Ce titre , d'abord , me fait immanquablement penser à " chers usagers des transports en commun " et donc à une pub commerciale . En fait vous dites dans ce texte que le médecin est le plus fort , qu'il a toujours raison et qu'il est vraiment le seul qui peut nous aider parce qu'il nous connait " médicalement , socialement , psychologiquement " , et là , je trouve que vous y allez un peu fort . Pour le point médical , c'est probablement exact , encore faut-il que le patient ne consulte qu'un seul praticien autorisé portant avec lui un carnet de santé parfaitement tenu , ce dont je doute . Quant aux niveaux social et psychologique , cela voudrait dire que le généraliste connait la vie de ses patients de A à Z , leurs problèmes familiaux ou professionnels , leurs angoisses , leurs joies ... et j'en passe ?

Restaurer la conscience :

Comment peut-on savoir tout cela en voyant un individu vingt minutes pour une consultation , même si cette personne consulte tous les un ou deux mois dans le meilleur des cas ? Vous insinuez également que le médecin peut remplacer une cellule familiale . Je veux bien admettre qu'il est parfois plus facile de confier certains problèmes ( qu'ils soient psychologiques ou purement médicaux ) à un professionnel de la santé qu'à un proche . Mais de là à ce que le premier remplace le second , il y a quand même une énorme difference qui me parait en contradiction avec ce que vous disiez dans une précédente Lettre d'EM , à savoir " le médecin ne doit être ni juge , ni conseiller " ( cf ndlr infra )

- Renforcer la compétence :

- Enfin dire que les médias ou les magazines ne sont d'aucune utilité , je rejoins un peu la réaction de M. Gombeaud . Bien sûr , il ne faut pas une dérive médiatique . Bien sûr , il faut diffuser des informations claires , sans ambiguité , hautement vérifiées au niveau de leur véracité . Mais pourquoi les médias ( et la presse écrite ) ne pourraient-ils pas être complémentaires des médecins pour une gestion de la santé qui doit interesser tout le monde ? Faire le contraire serait , à mon avis , bien sûr très personnel , cloisonner encore un peu plus l'exercice médical . Désolée si ce texte n'est pas " politiquement correct " mais vous savez maintenant que je ne dis que ce que je pense !

 

ndlr : Jacques Blais n'est pas l'auteur de ce texte . " Ni dépanneur , ni juge ni conseiller " ( édito de la Lettre 29 du 13-10 ) est de ... François-Marie Michaut . Sylvie Guérin a d'ailleurs été la seule à contester la récusation du rôle de conseiller , ce qui , a contrario , ne veut pas dire que le point de vue défendu soit celui de tous nos autres correspondants !

 

N° 36 08-12-97 Consulter un autre numéro ?

Hippocrate en ENArchie :

Généralistes contre Spécialistes , Libéraux contre Hospitaliers ; ruraux contre citadins , Médecins traitants contre Médecins de Caisses , syndiqués contre non-syndiqués ; syndicats contre syndicats , Internes contre l'Administration Hospitalière , contre les Praticiens installés et " nantis " ; Anesthésistes contre Chirurgiens ; Urgentistes contre tous , médicaux contre para-médicaux. A quoi servent ces luttes fratricides ? Ces guerres de Caducées ? Ces empoignades de stéthoscopes ? Elles servent la cause de ceux dont la devise ( elle leur tient lieu de conscience ) est : " diviser pour régner " , ceux pour qui " humanisme " s'écrit " rentabilité " , ceux pour qui le patient est un numéro de Sécurité Sociale et les Médecins l'ennemi à abattre . J'ai nommé les technocrates , les ENArques .

Les ENArques ne sont pas Médecins , et pourtant , eux-seuls ont le savoir et le pouvoir de soigner une Médecine déjà bien malade , en l'asphyxiant à grands coups de réglementations ! L'ENArchie tue la Médecine , aussi sûrement que l'Anarchie tue la Démocratie .

Docteur Philippe Deharvengt

 

NDLR : L'Ecole Nationale d'Administration forme depuis 1945 le corps des hauts fonctionnaires , qui deviennent souvent nos hommes politiques .

Améliorer la vie d'E.M. :

- Et si chaque personne recevant notre Lettre la renvoyait à son tour à des personnes intéressées , par exemple par Fax ? Très bonne idée du Dr Vincent Fouques - Duparc ( à condition d'en aviser FMM ... ) .

Retrouver la confiance :

- Travail médical en équipe , filières ou réseaux de soins décidés par voie administrativo-politique dans la convention médicale ? Simples propos oratoires , méprisable effet d'annonce . La réalité , toute nue , la voici . Courrier à tous les généralistes du coin , pour proposer un protocole de sevrage alcoolique ambulatoire ( paru également dans le Généraliste ) . Taux de réponse excellent de 25 % . Les confrères veulent recevoir l'information . Le hic est que la mise en oeuvre correcte du traitement impose , sous peine d'inefficacité , un recours complémentaire à des thérapeutes spécialisés dans un deuxième temps . Au bout d'un an , pas un seul patient n'a été réadressé à la consultation ( gratuite et hospitalière ) d'alcoologie locale par ce canal . Pas un seul contact d'un confrère , pas un coup de téléphone ! Voilà où l'on en est . Où chacun tire la couverture de son côté et campe solidement sur une position de méfiance de principe vis à vis de l'ensemble de ses confrères. Que des habiles et des cyniques à la langue de bois bien pendue tirent partie à notre détriment de cet individualisme primaire , faut-il être assez naïf pour s'en étonner ? Que faisons-nous pour y remédier ?

Restaurer la conscience :

- Depuis 1930 , le taux de spermatozoïdes humains diminuerait de 1,5% par an . Immédiatement , indémodable recherche de bouc émissaire oblige , haro sur l'environnement . Pourtant la savante et américaine Misses Swan ne l'affirme pas . Pourtant , lors de leur dernier congrès mondial , nos démographes , contrairement à toutes leurs sombres prédictions antérieures , ont constaté une diminution de la fécondité dans tous les pays du monde , y compris les plus ardents partisans d'une natalité incontrôlée . Et pourtant encore, on ne sait toujours pas par quels mécanismes de gigantesques bancs de poisson réagissent à des signaux d'une vitesse supérieure à celle de la conduction nerveuse ( Rupert Sheldrake ) . On ne sait toujours pas pourquoi il n'est pas possible à une sardine seule de survivre dans un aquarium . Et pourtant chacun le sait , les rats , nos frères de ville et de laboratoire , se multiplient spontanément dans un environnement favorable ; et se raréfient en milieu hostile . A travers tout cela , pourquoi avons-nous tant de mal à envisager l'hypothèse , défendue par Lovelock sous le nom de Gaïa , que la planète constitue en fait un immense organisme dont tous les constituants vivent en interaction ? Sommes-nous là si loin de ce que Karl Jung , au début du siècle, désignait comme une manifestation de l'inconscient collectif ? Chacune de nos petites personnes est-elle tellement importante qu'on ne puisse penser au delà de nous-mêmes les réalités observées ? Globalité chère au Dr U Proust .

Renforcer la compétence :

- Écouter , encore écouter , toujours écouter . Elle est là , la compétence qui nous fait le plus criant défaut . Écouter , c'est ausculter , mais pas seulement le coeur et les poumons . C'est savoir sonder les autres pour utiliser leur force à l' avantage de notre métier , comme au judo . Et non les affronter , les juger , les critiquer , les condamner et s'isoler ainsi de tous . Elle gît là , la clef de toute possibilité de collaboration vraie : le respect absolu de l'autre . En son absence , chaos , confusion et amère déception en lieu de réseau , filière et autres équipes de papier .

Quelqu'un ose-t-il encore le dire ? FMM

N° 35 01-12-97 Consulter un autre numéro

Un danger pour la démocratie

C'est ainsi que Karl Popper (°) qualifie la télévision . Elle aurait même remplacé " la voix de Dieu " , excusez du peu . " Nous éduquons nos enfants à la violence par la télévision " dit le philosophe . Banlieues difficiles , écoles , familles en seriez-vous la confirmation directe ? Et pourtant , " au coeur de l' Etat de droit , il y a la non-violence " , et " plus nous négligerons notre devoir d'éducation à la non-violence , plus nous devrons appliquer des lois pénales et des normes restrictives sévères dans le domaine de l'édition , de la télévision, de la communication de masse ".

Cette démocratie vraie, fondée sur un effort constant de résolution des problèmes, différents et différences du monde de la santé en évitant nos classiques recours à la violence est une des idées fondatrices originales d'Expression médicale . Cet idéal , c'en est incontestablement un , nous avons du mal à le respecter dans nos échanges et nos débats . F-M. Michaut

(°) Popper : la télévision , un danger pour la démocratie . 10/18 . 1997

Débats d'E.M. :

- Sylvie Guérin s'inquiète . Débattre des modalités d'organisation de l'exercice médical avec la Sécurité Sociale , de campagne destinée au grand public ( Lettre d'EM 33 , textes de Spaeth et Blais ) , de la place respective de la presse et de la profession médicale ( Réponse de Gombeaud à Blais , Lettre 34 ) , c'est bien . Mais attention , il ne s'agit que de l'écume des choses . Au delà , pour elle , " profane " et observatrice de la santé , une question angoissante doit être clairement posée : " A l'aube de l'an 2000 , avec les profondes modifications subies par votre profession , où se placent encore l'éthique et la déontologie ? "

Retrouver la confiance :

Trois courants , trois logiques se frictionnent dans notre Lettre . C'est un fait clinique . La vision de la santé et de son avenir par les organisateurs de l'Assurance maladie publique ( M. Spaeth ) qui ont à gérer au mieux le système en cours est bien différente de celle du citoyen ou du praticien observant de sa position les réalités des pratiques . Et quand une possible collaboration se profile ( Lettre aux usagers des soins de santé de J. Blais , Lettre 33) , une certaine rupture avec les hommes des médias se fait jour ( M. Gombeaud , Lettre 34 ) . On sent très vite qu'il y a des blessures graves et que , malgré les fleurets mouchetés , le rapport de force et sa violence implicite ne demandent pas mieux que de s'exprimer . Ne pas faire fi l'un de l'autre ( le dédaigner , le mépriser ) , n'est-ce pas cela cette confiance qu'on prétend vouloir retrouver ? N'a-t-elle pas aussi une indiscutable valeur éthique et déontologique pour tous ?

 

Restaurer la conscience :

La loi dit clairement que le médecin et le pharmacien sont solidairement responsables de la prescription médicamenteuse . Or personne n' en a conscience en France . Au Québec ( information transmise par M.Gombeaud ) le rôle du pharmacien est de plus en plus détaché de celui de simple fournisseur de médicaments payé à la marge bénéficiaire. Il lui est reconnu une mission importante d'agent de santé publique , pour laquelle il est rétribué. S'il gagne 7 dollars pour l' éxécution d'une prescription , 7 dollars lui sont versés quand l'ordonnance médicale n'est pas délivrée ( plus de 7 produits , incompatibilités , allergies connues , falsification , erreurs de posologie ou d'indications etc...) . Un rapport codé est alors transmis aux autorités . Il participe au sevrage aux benzodiazépines et est honoré 14,45 dollars pour fournir un avis pharmaceutique . Ce système donne tellement satisfaction depuis quelques mois que la Colombie Britannique , la Nouvelle Ecosse , mais aussi Terre-Neuve et la Saskatchewan sont en train de l'adopter . Attitude beaucoup plus révolutionnaire que de placarder quelques affiches éducatives dans nos officines françaises . Où sont , à votre avis, l'éthique et la déontologie dans ces deux systèmes ? L'Ordre des pharmaciens nous le dira-t-il ?

Renforcer la compétence :

- Le Dr Ursula Proust ( fax du 24 novembre ) . " C'est par souci de formation ... que j'ai pris conscience de la spécificité de notre exercice de généraliste , que je suis venue à la maîtrise de stage , que j'ai été impliquée dans la mise en place du ( nouveau) stage de 6 mois (des étudiants auprès d'un médecin en exercice ) . Galère ! Je comprend les confrères qui se disent débordés par les différents enjeux actuels ... , mais aimerais être sûre qu'ils sont conscients de l'occasion qui nous est donnée de faire passer aux générations à venir le message d'une prise en charge globale de l'homme souffrant , là où il vit . Et pour moi en médecine générale , cette globalité est obligatoire , le contraire est le signe d'un mauvais exercice . Déontologique ? Éthique ? Ou les deux à la fois ?

 

N° 34 26-11-97 Consulter un autre numéro ?

Médecins d'autrefois.

" Les seules choses qui valent la peine d'être dites sont celles qui font parler un paria ".

Jimmy Goldsmith

 

Où sont nos médecins d'antan

Les cliniciens , les fins lettrés

Hommes libres de leur destinée

Sans être plus fiers pour autant ?

 

Notre ère raffole des techniciens

Un microcosme savant et triste ,

Syndicalistes et affairistes

Parfois , un académicien .

 

Un corps inquiet errant sans âme

Un édifice manquant d'assise

Une ligne de mire imprécise

Une vocation qu'on ne proclame .

 

Ces policés , ces raffinés

Figures qui nous ont précédés

Se font plus rares,commensurables.

 

A croire que les chênes abattus

En ce bas monde ne repoussent plus

Pourtant les glands sont innombrables .

Docteur Serge Rattel , le 22-07-97

Débats d'E.M. :

- La lettre de J-M Spaeth ( CPAM) parue dans notre Lettre 33 , et sur notre site Internet , ne restera certainement pas sans réponses .

- Marc Gombeaud , journaliste indépendant , président pendant neuf ans de l'association nationale des journalistes d'information médicale , réagit vigoureusement à la campagne initiée par Jacques Blais et E.M. " Chers usagers des soins de santé " , et parue aussi dans la Lettre 33 . Ce débat ne peut pas non plus être éludé.

- Question subsidiaire d'E.M : qu'en pense donc la CPAM ? FMM.

Texte intégral du fax de Marc Gombeaud du 17 novembre :

Même si je demeure souvent silencieux en raison d'une charge de travail trop absorbante , c'est toujours avec attention et intérêt que je prends connaissance des messages diffusés par Expression médicale. Celui d'aujourd'hui n'a pas failli à cette règle stimulante . Toutefois , je sors pour une fois de ma réserve , car le texte de Jacques Blais ne peut être laissé sans commentaire . Vous souhaitez , il souhaite , nous souhaitons tous " retrouver la confiance , restaurer la conscience et renforcer la compétence " .Il serait naturellement souhaitable que les attitudes transcendant les effets de formules traduisent ces nobles aspirations .

Retrouver la confiance :

Malheureusement , le premier des messages que vous proposez à la diffusion et à l'attention des usagers de soins est loin de s'inscrire dans cette belle dynamique . Il constitue même un appel ( corporatiste ? ) à la défiance mutuelle . Il est bel et bon de recommander à l'usager de s'abstenir de solliciter la "régularisation" d'achats , séances etc ... obtenus sans prescription ; mais il serait équitable de demander au praticien de résister vertueusement à l'envie de " proposer" arrêts de travail et autres douceurs lorsqu'ils ne sont pas même sollicités faute d'une nécessité ressentie . Encore eut-il fallu pour cela avoir confiance les uns dans les autres , et conscience de nos imperfections respectives.

Restaurer la conscience :

Pensez-vous honnêtement raisonnable de clamer que " vos acteurs de santé (...) sauront infiniment mieux vous aider que les magazines , médias ou votre entourage " ? Certes , les professionnels ( de santé ) sont professionnels et beaucoup s'intéressent vraiment à leurs patients . Mais croyez-vous réellement que sans les magazines et les médias ( où officient également quelques professionnels ) on aurait alerté à temps le public du danger présenté par la pandémie de SIDA ou surmonté l'assourdissant silence de la communauté médicale pétrifiée en pleine affaire du sang contaminé ? Croyez-vous que le dépistage des cancers et l'éducation sanitaire auraient progressé comme elles l'ont fait si les médias n'y avaient prêté la main et la voix ?

Renforcer la compétence :

Loin de moi l'idée d'opposer les uns et les autres . Mais de grâce épargnez-nous ces démarches faussement paternes . Sous couvert de faux-semblants et de conseils politiquement corrects les uns se donnent bonne conscience sur le dos des autres au lieu d'éveiller la conscience collective et de promouvoir la dynamique sociale . M.G.

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Note de la rédaction d'E.M. :

Les intertitres habituels de notre Lettre ont été disposés par la rédaction. Envoyez-nous vos réactions . " Politiquement correctes" ou non , notre mission est de les publier pour qu'existe vraiment une expression médicale , et , pourquoi pas , in fine une campagne commune . ?

N° 33 19-11-97 Consulter un autre numéro ?

J'ai mis dans mon ordinateur ...

J'ai mis dans mon ordinateur que Madame X déprimait parce que son mari la trompait et que ses enfants ne voulaient pas bosser . J'ai mis dans mon ordinateur que la mémé Y était toujours constipée malgré les 12 à 15 produits en dix ans conseillés . J'ai mis dans mon ordinateur que Monsieur Z était très angoissé parce qu'il venait de perdre son métier ... et son âge ... trop avancé. J'ai mis dans mon ordinateur plus de mille noms et prénoms , en maladies, une grande moisson.

En fait , mon ordinateur ? Vous l'avez deviné, c'est mon coeur,

j'espère assez pour votre bonheur , alors pourquoi chercher ailleurs ?

Docteur Alain Marco

Actualités d'E-M

- Le docteur Jacques Blais et Expression médicale lancent une campagne auprès du public avec les partenaires qui voudraient bien s'y associer , presse , pharmaciens d'officine , organismes professionnels et institutions concernées . Le texte " Chers usagers des soins de santé " est publié dans cette Lettre et mis à la disposition de tous .

- MonsieurJ.M. Spaeth , président de la caisse nationale d'assurance maladie répond au numéro 27 d' EM . L'intégralité de ses propos , volonté de dialogue oblige , est publiée dans nos colonnes .

Enfin , une petite brise d'air frais d'outre océan : l'association des médecins canadiens francophones est venue visiter notre site internet

Retrouver la confiance :

- Selon le Bureau International du Travail , le nombre des syndiqués en France aurait diminué de 37,2% en 10 ans . Nous serions le pays riche le moins syndiqué du monde avec 9,1% . La situation ailleurs ? Etats-Unis : 14,4% ; Allemagne : 28,9%; Royaume Uni : 32,9%; Canada : 37,4% ; Danemark : 80,1% , et médaille d'or , la Suède avec 91,1% . Dans ces conditions , comment s'étonner que les professionels de santé ne se sentent pas du tout à l'aise quand les très lourdes décisions concernant leur avenir et celui de leurs patients sont prises exclusivement par des syndicats aussi peu représentatifs .

Que se passe--il ? Pourquoi et comment en est-on arrivés là ? Est-il possible de sortir de cette impasse , et si oui, comment ? Encore un débat tabou dans notre vieux pays latin .

Restaurer la conscience :

- Pour la première fois , la caisse nationale d'assurance maladie ose parler publiquement des problèmes de santé liés à la consommation excessive d'alcool . Jusqu'à ce jour l'Etat était le seul à prendre en charge , et misérablement , la prévention de la troisième cause de mortalité en France . L'assurance maladie se contentait de payer , fort cher , les dégats de la maladie taboue et négligée . Progrès à saluer donc , même si la méthode reste rudimentaire et peu conforme aux données actuelles de l'alcoologie .

Renforcer la compétence :

- Et si chacun dans son domaine avait le souci permanent de renforcer sa propre compétence ? Sans attendre , ou faire semblant d'attendre, des miracles de ces incessantes , bavardes et prétentieuses formations , panacées de tous nos maux dans la langue de bois en vogue . Quand les médecins réflechissent sur leur pratique telle qu'elle est , n'est-on pas sur une meilleure voie que lorsque des cessions obligatoires leur sont imposées ?

Quand des juges ont à juger , que ne demandent-ils pas le comblement de certaines carences juridiques , que ne prennent-ils pas le risque d'une certaine part d'arbitraire plutôt que de lancer toute la société dans des dérives d'allure scientifique ? La recherche d'ADN à tout propos et hors de propos, avec ou sans le consentement des personnes concernées ne constitue-t-elle pas un abus de recours à l'expertise médicale ? Le médecin n'a pas , et ne doit surtout pas, avoir la compétence du juge . Il y a là un manque évident de respect vis à vis des hommes médecins , dont la fonction sociale est ainsi gravement brouillée , voire détournée . L'histoire de notre siècle sur tous les continents est trop riche en glissements monstrueux et en manipulations inqualifiables de membres des professions de santé pour que nous n'ayons pas à coeur de veiller à renforcer inlassablement nos compétences . Nos compétences , rien que nos compétences mais toutes nos compétences .

 

Deux documents spéciaux importants à consulter :

- Campagne : " Chers usagers des soins de santé "

- Opinion : Lettre de M. J.M Spaeth

DOCUMENT N°1 : CAMPAGNE

 

Expression médicale propose à tous ceux qui le souhaitent le texte suivant, rédigé par le docteur Jacques Blais , afin qu'il soit diffusé le plus largement possible auprès du public , en particulier par les moyens suivants à mettre en oeuvre par nos partenaires naturels :

- dans la presse grand public et médicale par des communiqués

- dans les officines des pharmaciens , les cabinets médicaux et paramédicaux par voie d'affichage .

 

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Chers usagers des soins de santé ,

 

Les professionnels de santé qui vous prennent en charge ont en commun un objectif : vous assurer le plus juste soin dans la nécessité du plus juste prix et le respect de l'individu .

 

Tous , acteurs et utilisateurs du monde de la santé doivent être conscients de leurs rôles , droits et devoirs respectifs , pour le maintien d'une qualité , d'une capacité et d'une continuité des soins dans un contexte économique , politique , et collectif délicat et exigeant .

 

Aidez donc les professionnels qui ont le souci de votre santé , apportez-leur votre confiance , permettez-leur d'améliorer en permanence leur compétence , et développons tous ensemble une conscience .

 

Votre pharmacien , votre médecin , votre auxiliaire médical , doivent respecter nombre de contraintes et de règlements de nature économique , déontologique , juridique , politique . Comprenez qu'il peut en résulter pour vous comme pour eux des réserves ou des refus à certaines demandes . Mais au delà de toute gène , persiste le désir de vous soigner au mieux.

 

Rappelons un des principes les plus simples : pour bénéficier d'un remboursement , toute prestation ( actes médicaux ou paramédicaux , biologie , indemnités ) ou toute fourniture ( produits , matériel ) doivent avoir fait l'objet d'une prescription préalable d'un médecin . Respectez le votre en ne lui demandant pas , a posteriori , de

" régulariser " des achats , des séances , des actes ou des prestations obtenus sans prescription . Vous demeurez par contre parfaitement en droit d'acquérir des produits qui vous sont utiles , dès lors qu'une ordonnance n'est pas nécessaire pour leur délivrance .

 

Aidez vos acteurs de santé , ils sauront infiniment mieux vous aider que les magazines , les médias ou votre entourage . Eux vous connaissent médicalement , socialement , psychologiquement , et s'intéressent à vous de façon professionnelle .

 

Expression médicale 1997

 

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Si ce texte vous a intéressé et que vous ayez l'intention de l'utiliser ? Ayez l'obligeance d'en informerExpression médicale . D'avance , merci .

 

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DOCUMENT N° 2 : OPINION

Texte intégral de la lettre de Jean-Marie Spaeth , président de la caisse nationale d'

assurance maladie des travailleurs salariés , à Expression médicale en date du 6

novembre 1997 :

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Docteur ,

Lecteur régulier de la lettre-circulaire d'Expression médicale , permettez-moi d'être un

peu surpris à la lecture de son numéro 27 , où vous laissez entendre que la caisse

nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés ne porte aucun intérêt à vos

propositions .

 

J'écoute en effet toujours avec attention les professionnels qui souhaitent apporter leur

analyse et leurs suggestions pour faire évoluer le système actuel de protection sociale .

Les professionnels en exercice , les médecins en particulier sont parfaitement bien placés

pour dégager ce que doivent être les voies d'évolution ,et je suis toujours reconnaissant

à ceux qui , dépassant le dogmatisme ou le corporatisme souhaitent apporter leur

contribution à cette réflexion qui engage toute la société .

 

C'est dans cet esprit que je vous ai rencontré dès que vous en avez manifesté le souhait ,

c'est dans ce même état d'esprit que je poursuis la lecture de vos publications .

Je suis convaincu , comme vous , que la profession médicale traverse une crise d'

identité sans précédent , dont les prémices sont au demeurant bien plus anciens que la

réforme engagée depuis 2 ans .

 

Je suis également convaincu qu'il est autant de l'intérêt des patients et des assurés

sociaux que de celui des médecins de voir ces derniers sortir de la crise par le haut .

C'est cette communauté d'intérêts qui doit , à mon sens , fonder la discussion

conventionnelle entre les caisses et les représentants syndicaux des médecins .

 

Vous proposez trois voies , retrouver la confiance , restaurer la conscience et renforcer

la compétence . Il me semble que l'option conventionnelle désormais proposée aux

médecins et aux patients qui le souhaitent peut parfaitement être le vecteur de ces trois

objectifs .

 

Il est en effet essentiel de préserver la force du dialogue entre le médecin et son patient ,

car c'est au travers de cette relation individuelle que se vit chaque jour le système de

soins . Cela dit , il est aussi essentiel que la collectivité apporte des repères , des

référentiels à cette relation . C'est ce que fait l'assurance maladie lorsqu'elle développe

par exemple des campagnes d'information sur les dépistages des cancers , sur les

rythmes pertinents des actes de diagnostic , ou sur les âges de la vie les plus concernés .

 

Mais c'est aussi ce que doit prendre en main la profession en mettant en évidence des

référentiels de bonne pratique , des recommandations . Pour favoriser cette démarche ,

vers laquelle la profession à mon avis a tardé à s'engager , les signataires de la

convention des généralistes ont souhaité commencer à élaborer des référentiels

positifs pour certaines pathologies lourdes , afin de ne pas rester aux seules RMO 1 ,

négatives . Développer des mesures individuelles d'incitation aux bonnes pratiques

suppose au préalable , vous en conviendrez , que la profession s'engage vers une

définition de ce que sont les bonnes pratiques médicales , ce qui n'est pas encore fait à

ce jour .

 

Enfin , je souhaite vous dire que je rejoins parfaitement votre analyse lorsque vous

soulignez le rôle majeur que peut jouer le corps des médecins conseils , dans l'évolution

des relations entre les médecins libéraux et les caisses d'assurance maladie . Sachez que

le Directeur de la CNAMTS 2 et le nouveau médecin conseil national , le

Professeur Hubert ALLEMAND , partagent également cette conviction .

Je vous prie de croire , Docteur , à l'assurance de ma considération

distinguée ,

J.M. Spaeth

_____________________________________________________________________________

 

Notes de la rédaction :

- Pour nos correspondants étrangers , il faut savoir que le système d'assurance maladie

français est fortement centralisé . De structure associative parapublique et non privée ,

il est dirigé par des représentants élus par les principaux syndicats de travailleurs et

soumis à un contrôle très étroit de l'Etat .

La plupart des médecins français exerce sous convention avec l'assurance maladie , qui

assure le remboursement partiel ou total des frais de santé

. Une nouvelle convention a été signée en 1996.

 

(1 ) Références médicales opposables prévues par la convention entre médecins et assurance

maladie .ndlr

(2) caisse nationale d'assurance maladie , partenaire unique des médecins francais conventionnés

à plus de 95 %. ndlr

N°32 12-11-97 Consulter un autre numéro ?

Quatre sur cent ...

Selon le Quotidien du médecin , seulement 4% des médecins français auraient un accès à la Toile ( Internet in french) . Parmi ceux-là , la moitié se brancherait régulièrement . Pas plus . A deux doigts de l'obligation d'équipement informatique de nos cabinets , on peut se poser des questions .Les pouvoirs publics voient les économies réalisables au moyen de la télétransmission des feuilles de soins de l'assurance maladie .

Mais si l'informatisation ne sert qu'à cela , c'est dramatique . En fait , les moyens techniques permettraient au médecin qui souffre de son isolement , ce qui est notre lot quotidien en clientèle , d'ouvrir quelques lucarnes pour sortir de ses routines usantes , de s'aèrer l'esprit et ... le coeur . De pouvoir, enfin , car tout nous pousse depuis notre formation à un isolement professionnel de fait presqu'absolu dont personne n'ose parler , tirer des sonnettes , demander des avis , nouer des contacts presque dans l' anonymat . Le médecin en a besoin , pour pouvoir s'exprimer en vérité . Il n'a plus besoin de s'imposer le rôle convenu de celui qui sait , il redevient un homme comme tous les autres . Il a le droit de douter , d'avoir peur. Peur de se tromper pour ceux qu'il soigne , bien sûr . Mais aussi peur pour lui-même , pour sa santé qu'il néglige si régulièrement , car il hésite à consulter un confrère , ou le fait à la hâte dans un couloir .

Tant que cet esprit de vérité ne sera pas , aucune collaboration entre médecins n'existera .

F-M M.

Débat :

Le papier suivant est la fin du texte du docteur S. Rattel : "quelques refexions à l'intention d'Expression médicale " commencé dans la Lettre 31. Il introduit un débat gigogne sur les rôles et responsabilités respectives des hommes médecins , des citoyens , de la crédibilité de nos délégations de pouvoir et des pouvoirs d'expression " usurpés" ( ? ) dans nos pays riches . Envoyez nous vos réactions .

Retrouver la confiance :

- "Le gros risque , l'invalidité , les démunis restent à la charge de l'organisme d'Etat , c'est le rôle de celui-ci avec avec nos impots , taxes et autres TVA ( taxe perçue sur tous les produits et services - ndlr ) . le petit risque , les maladies courantes , le risque sportif ou autoroutier , à la charge des compagnies d'assurances privées où chacun cotise selon son bon vouloir , son choix , la compétitivité .

Restaurer la conscience :

Le profit de compagnies privées serait-il plus immoral que le gachis créé journellement par les organismes dits sociaux ? Avec , à la clé , de vrais emplois . Mais cette solution est honnie car elle dérange un organigramme confortablement établi depuis des lustres . Le fonctionnarisme douillet et protégé , le lobby syndical et consort , les organismes collecteurs arrangent les hommes politiques ( même en dehors de toute idéologie ) , qui y puisent un simulacre de démocratie , de consensus avec une minorité pseudo représentative ( faiblesse du pourcentage des médecins syndiqués ) .

Renforcer la compétence :

Tout ce parasitisme annexe entre , et pour combien dans le déficit de la sécurité sociale ? Personne ne soulève le problème , jamais ! Les médecins n'étant pas prêts , semble-t-il , pour cette réforme , comment pourrait-il y avoir un homme politique d'envergure pour oser le proposer sérieusement , sans ameuter les loups à hurler ? Les médecins veulent-ils être nationalisés sans en avoir le nom ni le profit ? Pleurons sur le libéralisme médical qui disparait un peu plus chaque jour au même titre que la démocratie dont on n'a jamais tant parlé ... ce qui est toujours de mauvais augure ! Médecine générale est-il encore synonyme de médecine libérale ? Permettez-moi d'en douter .

dr Serge Rattel

 

N° 31 03-11-97 Consulter un autre numéro ?

L'air du temps ...

Nous étions donc une poignée ( un peu trop copieuse pour être utile ) à rencontrer Jean-Marie Spaeth . De rencontrer , retenons " contre " , tant on peut se demander , à l'issue d'un tel contact collectif , comment retrouver un jour la confiance... En résumé , les médecins présents , heureux je pense de recevoir leur " patron " pour dialoguer avec lui , ont trouvé face à eux le délégué syndical des assurés sociaux venu expliquer que la Sécurité Sociale ce serait merveilleux sans les médecins . Hélas , ces derniers n'ont , comme on le sait depuis quelques années ni sens civique ni sens social ni souci d'évoluer dans le sens du monde moderne . Vous avez dit éthique , humanisme , psychosociologie ? Mais quelle langue parlent donc ces professionnels de santé là , quand on leur présente le contrat , l'informatisation , les génériques et qu'on leur propose de devenir référent ? Une phrase du président de la C.N.A.M. résume son credo , il l'a répétée plusieurs fois : " on ne parviendra pas à me faire croire que le patient influence les prescriptions ". Rideau . C'était bien davantage MOI-JE acteur , dans le rôle d'un Pit-Bull qu'un remake du pays du sourire .

Docteur Jacques Blais

( J-M Spaeth est le président de la caisse nationale d'assurance maladie - CNAM - signataire des conventions avec les médecins . Le titre est de la rédaction - ndlr )

Le site Internet d'E.M. fonctionne :

Depuis le 30 octobre , Expression médicale a ouvert son site Internet, où est notamment diffusée cette lettre . Vous y trouverez aussi une présentation d'EM , vos textes , débats et annonces .Une visite s'impose toute affaire cessante à l'adresse : www.gessie.tm.fr/expression-medicale ( sans accent ).

Retrouver la confiance :

- A notre époque le médecin remplace souvent le prêtre et sa confession d'autrefois . Dans nos campagnes , on fait fi du psychologue , et c'est tout naturellement au médecin que l'on confie ses ses souffrances corporelles mais aussi morales ou intimes . Ne vont-elles pas ensemble , la plupart du temps ? Avisé ou non , éduqué ou non , le généraliste dit "médecin de famille" sera toujours un recours , même si la tradition se perd , bien qu'il ne soit ni guérisseur ni devin !

Restaurer la conscience :

Quant à la Sécurité Sociale et ses réformes multiples , permettez-moi une opinion de plus ! Après les augmentations sans fin des cotisations , je ne vois notre salut que provenant d'une réforme de fond , c'est à dire un changement radical du système qui fut excellent mais qui a vécu . Système dépassé ne serait-ce que par le déficit et le nombre d'affiliés exemptés de cotisations ( chômeurs ) . Hormis cette réforme , plus de médecine libérale . En dehors de l'expression elle-même qu'en reste-t-il aujourd'hui ?

Depuis notre conventionnement initial , l'espace de liberté individuelle concernant en particulier les honoraires et à ce jour les prescriptions thérapeutiques , s'est amenuisé comme peau de chagrin . Une solution éventuelle : la privatisation partielle . ( à suivre ... )

- Le texte précédent a été adressé par le Dr Serge Rattel - F 62270 Frévent ( fax 33 03 21 41 73 40 ) sous le titre : " quelques réflexions à l'intention " d'Expression médicale " . Les intertitres traditionnels de cette lettre sont de la rédaction .

Renforcer la compétence :

- Comment y parvenir quand on ignore encore à peu près tout de ce que nous demandent les citoyens, patients et malades , tout simplement parce qu'on ne les écoute pas dans une société où seuls ceux qui sont censés savoir s'arrogent le droit de parler ? Et d'affirmer ex-cathedra ce qui est bon pour les autres : faire du sport , ne pas fumer , manger ceci ou cela , boire cela et pas ceci . La compétence ? Avant tout la rigueur et les limites du savoir médical et l'acceptation d'un vrai dialogue avec tous les autres , non médecins et... médecins.

 

N° 30 27 -10-97 Consulter un autre numéro ?

La Circulaire est morte , vive la Lettre !

Le pas est franchi . La circulaire d'Expression médicale est morte . Elle est remplacée par la Lettre d'E.M. que vous avez en main . Elle a ainsi pris des couleurs , que vous ne voyez pas si vous nous recevez ( encore) par fax . Mais dont vous bénéficierez quand elle vous parviendra par l'internet . Car c'est désormais possible par courrier électronique et expérimenté avec succès avec le Docteur Deharvengt . Dans quelques jours , le site web d'Expression médicale va ouvrir et mettre à la disposition des internautes du monde entier nos productions, nos textes , nos propositions , nos débats .

La Lettre , bien entendu , sera régulièrement publiée sur ce serveur , augmentant probablement de façon considérable notre audience . Ce qui veut dire , tout simplement pour nous médecins et " profanes " le fait de pouvoir être entendus et la capacité d'entendre les autres , dans les limites ... de la francophonie .

Plus que jamais , vos productions , réactions , documents pourront trouver place dans Expression médicale . F-M.M.

Débats :

- A propos du rôle du médecin ni dépanneur , ni juge , ni conseiller ( cf notre n°28 ) reçu le fax suivant ( S. Guérin ) :

- " Vous voyez , aucune réponse au débat que vous avez voulu lancer à nouveau ( du moins de mon côté ) ! Décidemment , le dialogue médecin / profane ne fonctionne pas . Dommage.

- Reçu aussi un long fax du Dr Serge Rattel " Quelques réflexions à l'intention d'Expression Médicale " , transmis à S.Guérin . Conclusion : " Médecine générale est-il encore synonyme de médecine libérale ? Permettez - moi d'en douter".

Retrouver la confiance :

- Lettre reçue le 24 octobre du Dr Olivier Dubois , membre du conseil national de l'Ordre des médecins : " J'ai reçu avec plaisir vos " Lettres circulaires d'Expression médicale" et notamment le numéro 26 dans lequel figure une rubrique intitulée : " Vous avez dit : Ordre des médecins ? " .

Si je n'ai pas cru devoir répondre à cette rubrique , c'est essentiellement parce qu'elle correspond à l'idée que nous nous faisons du rôle de l'Ordre national des médecins .

Soyez assuré que je suis attentif à vos lettres circulaires qui me paraissent une forme d'expression interactive non polémique et certainement très utile à ceux qui veulent bien la lire ... ".

Restaurer la conscience :

- Téléphone du 24 octobre de Dominique Ficheux , journaliste à Panorama du médecin , qui demande à publier dans le Forum de son journal les propositions qu'EM a formulé à la CNAM pour améliorer les relations entre les patients , le corps médical et les organismes sociaux et publics ( supplément à notre Circu 27 ) . Qualifiées d'originales et novatrices !

- Il nous assure également de l'intérêt pris à la lecture de nos propos , et de sa disponibilité pour faire publier des textes dans " Panorama".

Renforcer la compétence :

- Le Docteur Deharvengt par e-mail ( courrier électronique par l'internet ) du 24 octobre nous avise de l'envoi postal d'un volumineux dossier . A découvrir . Incontestablement la maîtrise de ce nouvel outil de communication , accessible même aux seniors que nous sommes , amène des possibilités supplémentaires dans l'expression . Encore une compétence à développer pour ceux qui ont quelque chose à dire ou ... à entendre . En attendant , merci d'envoyer vos textes sur disquettes à Expression médicale

-Le Dr Jacques Blais est invité à un forum au Généraliste .

N° 29 20 -10 -97 Consulter un autre numéro ?

Une nouvelle rubrique : débats.

Dans cette Circulaire , sont régulièrement lancés des débats , dont le seul objectif est de faciliter , d'enrichir l'expression, le dialogue entre professionnels et personnes intéressées par les questions de santé à quelque titre que ce soit. En dehors de tout souci médiatique ( pas de " clientèle" ) économique, politique , syndical ou idéologique , nous pouvons nous offrir le luxe de prendre le temps de traiter plus à fond les dossiers que nous ouvrons.

Et, si vous voulez bien y participer , rien n'empêche de poursuivre plusieurs débats à la fois .

Alors, allons - y . F-M.M.

-Les débats d'Expression Médicale:

Le médecin ni , ni , ni ( circu 28 ) . Sylvie Guérin (fax 05 56 52 79 36 ) répond : " Si je ne suis pas d'accord avec vous sur le " ni dépanneur, ni juge, ni conseiller" c'est que dans un cabinet de généraliste , le patient-client est à la fois demandeur d'une guérison du corps mais aussi de conseils sur sa santé et sa vie . Peut - être parce que le médecin est censé tout connaître et tout savoir . Je ne sais pas . Peut - être parce qu'il est plus facile de parler ou de demander un conseil à un médecin qu'à un membre de sa famille . Là encore , je ne sais pas . Mais je crois vraiment que c'est à ce moment - là de la consultation que le dialogue est primordial , que le médecin doit dire à son patient que ce n'est pas à lui de gérer sa vie et ses problèmes , qu'il peut seulement l ' y aider , le conseiller mais pas le guider en le privant de ses propres responsabilités ". S.G.

- Désolé , mais je maintiens mon " ni conseiller". Le médecin ne peut que dire qu'il répète ce que disent le plus souvent les opinions médicales du moment , plus ou moins tempérées par ce qu'il a lui - même observé dans sa pratique et ... ce qu'il diagnostique du fonctionnement du sujet qu'il a en face de lui et de ses proches . Conseiller juridique ou fiscal , oui : voilà où vous en êtes par rapport à la loi et à la jurisprudence . Conseiller médical , non. Personne , médecin ou non , ne peut dire sans outrecuidance ( croire au delà de ce qu'on sait ) à un autre la bonne manière garantie de retrouver ou conserver sa santé telle qu'elle est définie par l'Organisation Mondiale de la Santé . FMM .

-Retrouver la confiance :

- A noter sur vos tablettes : notre confrère le Dr Serge Rattel vient de s'équiper d'un fax . Il est joignable au 03 21 41 73 40 .

-Restaurer la conscience :

- Reçu à EM un texte manuscrit du Dr Alain Marco : " La Médecine , tout comme chaque citoyen , ne peut trouver la vraie liberté que par le haut tout en gardant les pieds sur terre . Très nombreux sont ceux qui l'ont fort bien compris et restent d'assez fidèles et loyaux amis effaçant une toute petite minorité qui agit bien autrement mais disparaîtra tout naturellement car la société de demain ne leur permettra plus de renouer avec les mauvaises habitudes du passé . Alors ? Pas de précipitation dans vos décisions , vous messieurs les censeurs d'une corporation qui ne peut accepter le bâton pas plus que les ovations , assez humbles nous restons !

Vous aussi ? C'est très bien ,

alors construisons tous demain !

- Renforcer la compétence :

- Dans un fax du 10-10 communiqué à EM , le Dr Deharvengt , répond à Sylvie Guérin à propos du médecin référent . Pour le moins réservé et critique , notre jeune préretraité , qui y voit notamment : " Considérable augmentation de la charge de travail administratif ... à prendre , au choix, sur le temps consacré à leurs patients ou à leur famille, à leur formation continue , à leurs loisirs ...Il est à prévoir que ces mesures ne seront incitatives que pour les revenus les plus faibles , d'où la création d'une nouvelle inégalité qu'on prétend combattre ".

- Le projet de création d'un serveur internet d'Expression Médicale progresse régulièrement ... à suivre .

 

N° 28 13 -10 -97 Consulter un autre numéro ?

Ni dépanneur,ni juge,ni conseiller .

La compréhension des choses est souvent lente à nos esprits si superficiels et si impressionnables . L'image du médecin dépanneur , mécanicien omniscient et de plus en plus tout puissant des défaillances du corps , de l'esprit et, allons-y, chargeons la barque, des maux de la société , est encore bien vivante dans le public . Et pourtant presqu' aucun de nous ne se sent un Zorro de l'urgence , un Rambo du diagnostic ou un Tarzan de la thérapeutique. Juges , nous sommes souvent sollicités par nos patients de le devenir . " Dites-lui donc , Docteur, que ce n'est pas bon pour sa ( ou ... ma ) santé de fumer comme cela ou de manger , ou de boire". De quel droit , au double sens du terme, pouvons-nous alors donner notre jugement ? Comment notre prétendue autorité va-t-elle être utilisée dans de mystérieux règlements de compte intra-familiaux ? Mystère total , dont on se moque . Le médecin serait un conseiller de santé . Accepter ce rôle , même s'il semble gratifiant à beaucoup, c'est cautionner l'idée fausse que la médecine sait , que les médecins transmettent des messages absolument vrais . Que la maladie vient de la transgression des règles définitivement établies par la science médicale . Que le médecin en en instruisant ses malades les en protégerait . Mensonges.

Soigner , c'est en vérité prendre soin des hommes et d'eux seuls , c'est apprendre à éviter ces trois écueils, aussi courants que redoutables dans leurs effets. FMM

Retrouver la confiance :

- Coup de fil à EM : le Dr Dubois de l'ordre national va répondre à nos propos de la Circu.26.

Notre ordre manifeste notre ( nécessaire ) repentance collective pour l' attitude de certains sous Vichy . Il peut perdre une partie de cette image peu glorieuse par une innovation enfin démocratique . Si les médecins devaient obligatoirement voter pour leur Ordre , qu'ils aient aussi le droit de voter blanc et que ces suffrages soient comptabilisés. Aucun pouvoir politique n'a osé le faire jusqu'à ce jour .

 

 

N° 27 l 3 -10 -97 Consulter un autre numéro ?

Il faudra bien finir par nous entendre

Il y a plus de trois mois qu'Expression médicale a discrètement proposé au président de la Caisse Nationale d'Assurance Maladie un certain nombre de mesures concrètes pour sortir de l'impasse grandissante qui s'établit entre la nation, ses médecins et ses administrateurs . Depuis , rien ne s'est passé . Pas la moindre réponse , même purement formelle ou simplement polie . Rien, tout simplement comme si nous n'existions pas .

Comme notre choix est celui de nous exprimer en toute indépendance , et sans nous laisser impressionner par les différents groupes de pression , nous allons le faire . Tout simplement au moyen de cette petite circulaire à laquelle le temps et les lecteurs ont donné vie , et qui touche des contacts très variés .

Notre numéro 26 , au diable l'avarice et les avaricieux , va comporter un appendice caudal de plusieurs feuillets reprenant les propositions faites à J M Spaeth le 21 mai 97 .

Bien sûr, elles sont critiquables , bien sûr, elles ne représentent pas l'opinion de tous les médecins ; mais elles cherchent à ouvrir enfin un dialogue qui continue de manquer si cruellement , à tous les niveaux (cf infra) . FMM ( michaut@gessie.tm.fr )

Retrouver la confiance :

L'option conventionnelle ? C'est flou ... compliqué... Douteuse sa destinée , avec une carotte qui ne peut aucunement compenser les inconvénients ! C'est aussi ... ou ça le deviendrait beaucoup trop dirigiste . Légitime liberté ... C'est mieux que d'être emprisonné ! Quant à l'Ordre , il est comme nous . Très perplexe , très hésitant et on ne peut que le féliciter évidemment car il n'y a rien d'autre à faire pour l'instant sinon de très prudentes et modestes tentatives aux effets limités . Ce n'est pas le moment de se tromper ! Constatons que la Collectivité se cherche encore beaucoup trop pour changer sensiblement les rapports y com-pris dans le boulot ! L'action vient encore beaucoup trop avant une assez juste et éclairée réflexion ! Lettre du Dr Marco .

- Sylvie Guérin ( "profane" d'EM) est étonnée du peu de réponses des médecins à ses interrogations sur l'abonnement conventionnel chez le médecin . Sommes - nous encore capables de dialoguer entre nous , quand un débat général est lancé ?

Restaurer la conscience :

- Le Dr Deharvengt communique son e mail ( adresse électronique ) : deharvengt@aol.com. Bienvenue au club.

- Du même , quelques perles médicales personnelles . La dernière de l'envoi :

Il nous arrive souvent de rédiger une prescription tout en poursuivant la conversation avec le patient , sa famille , entre deux conversations téléphoniques . Cela peut comporter quelques risques , surtout si on ne prend pas la précaution de se relire . C'est en me relisant que, je pus rattraper cette perle ,dont je revendique bien fort la paternité , , à la rubrique mode d'emploi et posologie : " prendre un suppositoire au milieu des trois repas " . Encore bon appétit !

- Notre confrère Joël Neveu a demandé à recevoir nos circulaires . Bienvenue à lui.

- Renforcer la compétence :

- E.M. a pris l'initiative de faire parvenir sa Circulaire au conseil national de l'Ordre depuis quelques semaines . aucun retour pour l'instant . Et pourtant , Dr Dubois ...

infos pratiques d'Expression méd.:

- Les dossiers " Décalages " de J.Blais , " Juste un peu de lumière, sinon je meurs " d'A. Marco et le texte de toutes nos circulaires sont disponibles sur papier .

 

N° 26 12-09-97 Consulter un autre numéro ?

La Rochelle sans voiture : FMM

Pour une fois dans le domaine de la santé , une action en vraie grandeur et non des discours sur la prévention . Que donne une ville sans moteurs à explosion , en dehors des bus et taxis ? C'est très étonnant , malgré le biais méthodologique que constitue l'oeil annonçé de la télévision et le battage médiatique autour de cette journée . On respire mieux, c'est sûr . Mais surtout on vit d'autres bruits, d'autres sons . Soudain la voix humaine porte sans effort , y compris celle de ceux qui délirent tranquillement . N'ayant pas à se protéger des voitures , on est plus disponible à tout ce qu'il y a autour . Des gens se parlent entre eux naturellement . D'autres découvrent des lieux et des magasins qu'ils n'avaient jamais vu en passant en auto . Curieusement, il n'y a plus d'agressivité sensible , et des gens même très agés, même handicapés peuvent se promener sans crainte , alors qu'on ne les rencontre jamais en ville d'habitude .

Est-ce le paradis pour autant ? Soudain libérés des feux rouges ( éteints, car devenus inutiles ) et des voitures , nous sommes livrés à nous-mêmes . Les vélos s'en donnent à coeur joie , et remontent les sens interdits ( oubliant d'ailleurs que cette fantaisie pourrait leur couter des points de permis de conduire ) , tandis que les piétons marchent au milieu des rues et les "rollers" foncent dans tout cela . L'homme reste l'homme , avec son désir de transgression . Comme si les règles de la vie en ville étaient gouvernées de façon tyrannique et exclusive par l'automobile .

Redonner la primauté à l'homme dans la vie urbaine. Oui, nous avons touché du doigt que nous avons tout à y gagner au prix de quelques changements d'habitude . Dans le domaine de la santé , de telles expériences sont possibles si l'on veut bien sortir de la routine , et c'est notre objectif.

Retrouver la confiance :

- En 1963 , on apprenait à la faculté de médecine de Paris que les moteurs diesel émettaient des particules toxiques , et que les gaz d'échappement des moteurs à essence contenaient du 3-4 benzopyrène hautement cancérigénes par simple contact cutané . Trente quatre ans après, le lièvre est soulevé . Pas terrible la vitesse de propagation de l'information ...

Restaurer la conscience :

- Réponse à S.Guérin ( circu 25 ) . Selon le Quotidien du Médecin du 11-9 , " 47,5 % des généralistes contre l'option conventionnelle " , alias abonnement .

- Nouveau scandale médiatique : des handicapées mentales ( x milliers ?) auraient été stérilisées contre leur gré . Des médecins auraient-ils l'audace de prendre leurs responsabilités sans toujours avoir l'aval de la loi et en dehors de tout battage médiatique ? Oui , et c'est à notre honneur . Comme ce fut le cas naguère quand nos anciens soignèrent des " terroristes" ou des résistants.

Renforcer la compétence :

- Actualité toujours . Un accident routier à très grand spectacle semble impliquer un homme ayant des problèmes d'alcool . Combien de temps faudra-t-il enfin pour que changent les outils biologiques de dépistage ? Un seul test spécifique et fidèle existe et a été validé : la transferrine désyalilée ( CDT ) . A quand sa généralisation et son remboursement par la sécurité sociale , en remplacement du couple notoirement infidèle gamma GT - VGM ?

infos pratiques d'Expression méd.:

- L'atelier d'E.M. sera fermé du 15 au 30 septembre 1997 .

- Les dossiers " Décalages " de J.Blais , " Juste un peu de lumière, sinon je meurs " d'A. Marco ou le texte de toutes nos circulaires sont disponibles sur papier .

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