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            Consulter un autre numéro de la LEM  
             Lettre 
              d'Expression médicale n°335 
               
              Hebdomadaire francophone de santé 
              1er mars 2004 
             Drôle 
              de médecin   
              Docteur Iulius Rosner 
            Après une réunion de formation 
              médicale, je participe à un dîner. Je suis à 
              une table avec quatre confrères sympathiques ( ça 
              existe!). De quoi parlent cinq médecins ? De leurs malades, 
              bien entendu. Le docteur A. minterpelle : « Il paraît 
              que vous êtes un drôle de médecin ; cest 
              du moins lopinion dun de mes malades que vous avez vu 
              en garde. En tout cas, merci.» Je suis intrigué : « 
              Pourquoi votre patient ma-t-il attribué cet honorable 
              qualificatif ? » « Parce quil pense que vous avez 
              eu une attitude bien étrange : vous lui avez dit de me consulter 
              si votre prescription ne le guérissait pas. Vous rappelez-vous 
              de quoi il sagit ? Que sest-il réellement passé 
              ? »  
               
              Retrouver la confiance: 
              Je men souviens. Il sagit dun patient que jai 
              vu en garde deux ou trois mois auparavant : il toussait et crachait 
              depuis six jours. Le traitement prescrit par son médecin 
              de famille, le docteur A., ne lavait pas guéri. Après 
              examen, jai prescrit un antibiotique.  
               
               
              Restaurer la conscience 
              Le malade : « Donc le docteur A. a fait une erreur en ne prescrivant 
              pas dantibiotique.» 
              Moi : « Il na pas fait derreur : dans une maladie 
              virale, les antibiotiques nagissent pas.» 
              Le malade : « Alors, pourquoi men prescrivez-vous ?» 
              Moi : « Parce quaprès six jours dévolution, 
              il est très probable quune infection bactérienne 
              ait compliqué la virose ; les microbes sont sensibles aux 
              antibiotiques.» 
              Le malade : « Et si ça ne marche pas ?» 
              Moi : « Vous reconsultez le docteur A. » 
              Le malade : « Cest curieux, dhabitude, le médecin 
              de garde recommande de venir vers lui.» 
              Moi : « Cest une mauvaise recommandation. Je vous fais 
              une lettre pour le docteur A.»  
               
               
              Renforcer la compétence: 
               
              Autour de la table, mes confrères se sont bien amusés. 
              Le docteur A. me dit : « Je ne mattendais pas, de votre 
              part, à une autre attitude, mais je ne savais pas que vous 
              étiez drôle. En fait, cest lhistoire 
              qui est drôle, pas vous.» 
              On convient que pour certains confrères, la déontologie 
              est une coquille vide et que le jardin de Dieu est grand et varié. 
               
               
              l'os court :  
               « 
               Le microbe na pas le temps 
              dexaminer le biologiste . » 
              Henri Michaux 
             
             Consulter 
            un autre numéro de la LEM  Lettre 
              d'Expression médicale n°336 
               
              Hebdomadaire francophone de santé 
              8 Mars 2004 
             « 
              Papa est en voyage »  
              Docteur Jacques Blais  
            Sauf que Papa revient de ce voyage avec 
              dix kilos en moins, et plus du tout de cheveux. Et il devient plutôt 
              difficile d'expliquer à l'enfant. Quant à transformer 
              "en voyage" par "au ciel" si Papa ne revient 
              pas du tout, l'affaire s'avère effroyablement complexe. Vous 
              aurez compris que le sujet de ce texte est celui de la manière 
              de dire la mort des parents, ou des proches, aux enfants. Un premier 
              souvenir professionnel, cette mère qui, désemparée 
              par l'insistance de son petit de quatre ans, réclamant absolument 
              de voir "la nouvelle maison de Papy" me demandait comment 
              faire... "Emmenez le au cimetière, montrez lui la tombe, 
              quoi de plus vrai, il aura compris enfin où et quelle est 
              la nouvelle résidence de son grand père, l'enfant 
              a besoin de vérité, de concret, d'acceptable, dans 
              le domaine de la vie et de la mort, pas des légendes ou des 
              fictions de ses histoires imaginaires, sinon il se crée cet 
              imaginaire inadapté et en voudra aux adultes de l'avoir dupé". 
               
               
              Retrouver la confiance: 
              Un autre enfant, une autre situation. Un père en train 
              de mourir d'une leucémie, et les adultes incapables de lui 
              parler, me demandant de m'en charger. J'ai simplement posé 
              une question à ce garçon de 10 ans :"tu sais 
              de quoi ta Maman et les autres veulent que je te parle ?" Et 
              de la façon la plus simple, le jeune m'a répondu, 
              droit dans les yeux :" ben de mon père, qui va mourir... 
              Vous avez déjà vu un type tout maigre, qui est sans 
              arrêt à l'hôpital, qui a perdu ses cheveux, qui 
              a l'air paumé, il ne répond plus, ne s'intéresse 
              plus à rien, eh bien c'est une personne qui va mourir, mais 
              je le sais depuis un temps fou, eux ils se cachent, chuchotent, 
              ils font semblant, comme si je n'avais pas tout compris, moi comme 
              je vois que ma mère elle ne veut pas en parler je me tais, 
              mais je le sais bien..." 
              Le silence que les adultes présument protecteur, qui enferme 
              en réalité leur peur à eux des mots, leur projection 
              d'un avenir de douleur et de froid, d'absence et de chagrin, quand 
              l'enfant lui raisonne sans cette projection vers un avenir lointain, 
              uniquement dans ses sensations et sentiments de l'immédiat, 
              réalisant bien que tout a changé, ce silence tue bien 
              davantage que les mots.  
               
               
              Restaurer la conscience 
              Forts de ces constats de désarroi, de communication si impossible 
              entre adultes élaborant un deuil futur, et enfants en nécessité 
              de vivre leur présent, un important centre de cancérologie, 
              l'Institut Gustave Roussy, à Villejuif (94) a décidé 
              il y a neuf ans de monter un groupe de parole pour les enfants de 
              grands malades atteints de cancer. Une psychanalyste, et une anesthésiste, 
              parce qu'elle se trouve à la croisée de tous les chemins, 
              pré-opératoire en bilan, opératoire en assistance, 
              puis en suivi après, se chargent de cette démarche. 
              Les enfants viennent seuls ou accompagnés d'un copain, d'une 
              amie fidèle, de celui ou celle de leur âge avec qui 
              ils partagent, s'ils en ont envie, et parlent. 
              Ils évoquent toujours les mêmes thèmes. La vérité 
              d'abord : "on veut la vérité, avec des mots gentils, 
              et on préfère savoir, sinon on croit des choses fausses, 
              que Maman est partie, ou si ça se trouve qu'elle est morte 
              alors qu'elle est malade..."  Les grands changements ensuite 
              : la présence permanente de grands parents, la chute des 
              cheveux, les modifications du comportement du malade, comme éloigné, 
              absent, perdu, silencieux...  Ensuite la tristesse, l'abandon, 
              le silence. Et puis l'espoir et le désespoir qui alternent. 
              Et même les sujets pénibles, tragiques, ne sont pas 
              éludés. ces instants où on se met à 
              ne plus supporter le grand malade, "c'est comme s'il le faisait 
              exprès de ne plus s'intéresser à nous", 
              ou bien ces moments affreux où on lui en veut, où 
              on voudrait que cela finisse, et dont on est si coupable ensuite. 
               
               
              Renforcer la compétence: 
               
                
              Quand la mort est parlée et nommée, un grand soulagement 
              apparaît dans le groupe, dit la psychanalyste. Et l'anesthésiste 
              d'ajouter "les enfants même tout jeunes ont une très 
              grande qualité de réflexion sur les questions métaphysiques 
              et existentielles". Toutes les études aboutissent à 
              montrer que ne pas parler à des enfants, c'est ajouter et 
              cumuler deux traumatismes, celui de la mort et celui du mensonge. 
              Qui aboutiront à la dépression, dont le futur adulte 
              ne saura se débarrasser. 
              De cette expérience est né un livre intitulé 
              Hôpital silence, parents malades : l'enfant et la vérité. 
              Par Nicole Landry-Lattée et Marie-France Delaigue-Cosset, 
              chez Calmann-Lévy. 
              De ces idées revient comme un leitmotiv, pour les soignants, 
              la notion perpétuelle de la nécessité bénéfique 
              de dire, de parler. Nous revenons sans cesse sur cette évaluation 
              d'un terrible déficit de communication des soignants, et 
              plus le sujet est grave, pire est cette carence. Liée à 
              un autre déficit, celui des apprentissages. De même 
              que le futur médecin, si on ne lui jamais appris comment 
              expliquer son refus motivé, légitime, construit, logique, 
              d'un banal arrêt de travail ou d'un examen complémentaire 
              inutile, cédera en se sentant coupable de surcroît, 
              de même s'il n'a jamais évoqué le sujet, élaboré 
              des stratégies et des réflexions quant à la 
              manière de parler à un enfant, bien davantage encore 
              de le laisser parler de la mort en route d'un parent ou d'un proche, 
              se retrouvera dans la même incapacité terriblement 
              mal vécue de communiquer, de savoir et de comprendre comment 
              dire, parler. 
              Et la limpidité lucide et si observatrice des enfants a tant 
              à nous apporter et à nous enseigner.... 
               
                             
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                       
              (D'après un article du Quotidien du Médecin, 23 Octobre 
              2003)  
               
               
              l'os court :  
               «  
              Le chagrin, cest comme le ver solitaire. Le tout, cest 
              de le faire sortir. » 
               Marcel Pagnol 
             
             Consulter 
            un autre numéro de la LEM  Lettre 
              d'Expression médicale n°337 
               
              Hebdomadaire francophone de santé 
              15 Mars 2004 
             Mal 
              entendus fémino-masculins  
              Docteur Jacques Blais  
            Cela pourrait n'être presque qu'un 
              gag. Celui d' annoncer d'emblée que des scientifiques 
              qui réfléchissent ont abouti à un constat révolutionnaire 
              : les hommes et les femmes sont différents les uns des autres, 
              en particulier le mode de réaction émotionnelle des 
              humains mâles et des femelles divergent sur bien des points. 
              Albert Jacquard, généticien, Catherine Vidal, neurobiologiste, 
              travaillent depuis des années sur les différences 
              entre êtres, races, ethnies. Doreen Kimura  professeur 
              de psychologie au Canada, affirme études cognitives à 
              l'appui que les filles ne sont guère faites pour les mathématiques, 
              mais que, leur cerveau gauche étant plus développé 
              que celui des hommes, elles sont douées pour la communication 
              et la politique.  
               
               
              Retrouver la confiance: 
              Le médecin généraliste, celui qui livre son 
              existence entière à lui à découvrir, 
              observer, tenter de comprendre la vie des autres, est au fil de 
              ses années de son exercice persuadé que les innombrables 
              couples qui viennent lui narrer, lui pleurer, lui décrire 
              et lui déplorer leurs troubles de communication relationnelle 
              (dans lesquels le praticien reconnaît avec effroi les siens 
              propres, mais s'il est lucide, objectif, vigilant et éventuellement 
              de conseil en tant qu'observateur, il est piégé en 
              acteur conjugal compromis et intéressé) sont victimes 
              de cette "discrimination inexorable" entre hommes et femmes 
              dans le domaine de la relation émotionnelle du couple. 
              Dans son livre "Le Sexe des émotions" (Odile Jacob), 
              le Dr Alain Braconnier, psychiatre, estime, en tant que médecin, 
              psychologue et être humain que la plupart des malentendus, 
              et quel mot pourrait être plus adapté, entre hommes 
              et femmes, relèvent d'une différence affective dans 
              le langage propre à chacun des sexes. 
              Une sociolinguiste américaine, Deborah Tannen, explique : 
              les femmes se réfèrent à un langage de rapport 
              et d'intimité, alors que les hommes se situent dans le statut 
              et l'indépendance. 
               
               
              Restaurer la conscience 
              Elle cite un exemple remarquable et accessible à tous. Un 
              couple roule en voiture depuis plusieurs heures. L'homme est au 
              volant. La femme lui demande : "veux tu t'arrêter pour 
              boire ?"  Ce que l'homme reçoit dans ses registres 
              habituels, celui du statut, chauffeur, et de l'indépendance, 
              interrogation dirigée vers lui puisque formulée en 
              veux TU ? Il répond alors "non". Peu après, 
              sa conjointe boude, et finit par se mettre en colère. "Toujours 
              pareil, avec toi et ta moyenne, il faut rouler sans s'arrêter 
              !"   L'homme ne comprend absolument rien à 
              cette poussée de fureur, il a simplement répondu logiquement 
              à une question directe. 
              La passagère, elle, travaillant dans son registre féminin, 
              de rapport et d'intimité, de relationnel, s'attendait à 
              une réponse comme "et toi, ma chérie, tu voudrais 
              un arrêt ?" ce qui aurait été une manifestation 
              de couple, mais en aucun cas sa question n'était formulée 
              selon ce code là. Il s'ensuit une tragique et fascinante 
              méprise, aucun des deux partenaires de ce conflit naissant 
              n'ayant compris, entendu, deviné, l'autre. 
              Il s'agit en quelque sorte d'une communication interculturelle, 
              ce ne sont même plus des différences de dialecte, mais 
              des différences de genre.  
               
               
              Renforcer la compétence: 
               
                
              C'est un peu comme si, se référant à leurs 
              systèmes de valeurs réciproques, les deux protagonistes 
              n'avaient plus aucune compétence pour savoir interpréter 
              le message de l'autre. 
              Le médecin retrouve, entend, surprend, en permanence dans 
              les décennies de son exercice, cette impossibilité 
              relationnelle, liée simplement à ce que le registre 
              des émotions n'est pas partagé. C'est l'illustration 
              de ces appelants téléphoniques à la suite de 
              l'annonce au couple du cancer de prostate du mari. L'homme va, là 
              encore, réagir selon un statut "je vais être obligé 
              de m'absenter de mon travail, je ne peux ni ne veux cela" ou 
              bien "je vais devenir impuissant, et ne plus remplir mon rôle 
              de mari, ma femme ne voudra plus de moi" (et l'expérience 
              du médecin trouvera bien des exemples de cette conséquence 
              très réelle parfois), et selon son indépendance. 
              "Après tout c'est mon corps, je décide ou non 
              d'être opéré". 
              La femme va souvent réagir selon le rapport relationnel et 
              intime. "Tant pis s'il devient impuissant moi je le veux vivant 
              et à mes côtés" ou bien "s'il meurt 
              j'en crèverai de détresse, je l'aime trop". Mais 
              aucun des deux n'ayant appris à parler à l'autre, 
              encore moins à décrypter le langage de l'autre, on 
              pourra aboutir à un désastre. "Tu m'envoies à 
              la charcuterie, tu t'en moques ce que tu veux c'est que je ramène 
              l'argent de mon boulot !" façon, encore, de raisonner 
              en statut, travailleur et mari, et dépendance ou indépendance. 
              Cet homme là, éventuellement même, incapable 
              de dire "je t'aime tellement c'est pour cela que je ne veux 
              pas devenir impuissant, donc pas me laisser opérer" 
              prendra un biais lamentable : "d'abord je risque de perdre 
              mon boulot, et puis je vais devenir une loque qui fait pipi partout 
              et ne bande plus !" 
              Et la femme, tout aussi incapable de lui crier "mais je t'aime 
              invraisemblablement, je veux que tu vives, que tu soies là" 
              saisira une déviation catastrophique en accablant : "tu 
              es bien un homme, peureux et pusillanime, mais bon sang tu n'es 
              plus un gamin, apprends à te montrer courageux et volontaire 
              !" 
               
              Fascinant et tragique, le théâtre quotidien de l'impossible 
              communication entre des êtres qui n'ont pas appris, pas compris, 
              pas imaginé ce que l'autre pense, ressent, et traduisent 
              à l'envers ce qu'il ou elle aura dit. Le praticien, lui, 
              naturellement uniquement s'il a eu envie d'aider, d'écouter, 
              de comprendre, de donner ses soins, utilisera ses acquis et 
              ses apprentissages de systémique, de comportementalisme, 
              de relationnel, d'écoute, son expérience, et il pourra 
              servir de traducteur. "Vous ne croyez pas, Madame, que lorsque 
              votre mari exprime ainsi cette idée, c'est parce qu'il n'a 
              pas réussi à vous dire réellement combien il 
              a besoin de vous ?" "Vous ne pensez pas, Monsieur, qu'en 
              lançant avec cette force sa demande presque provocante pour 
              vous, votre femme vous crie en réalité à quel 
              point elle vous aime, et qu'elle ne pourrait vivre sans vous ?" 
              Mais le tragique rejoint tous les praticiens, quand ils entendent, 
              harassés par une incroyable journée de 14 heures, 
              au service des autres, assurant malgré tout aussi à 
              leurs proches les bénéfices secondaires d'une certaine 
              aisance : "comme d'habitude tu rentres à pas d'heure, 
              le petit t'a encore attendu pour rien, il dort !"  Réflexion 
              selon les critères de rapport et d'intimité de 
              la femme "je te voudrais davantage près de moi parce 
              que j'en ai besoin" qui déclenchera le drame, le chagrin 
              ou l'incompréhension aigrie de l'homme, selon ses critères 
              de statut et d'indépendance "c'est bien grâce 
              à mon statut de travailleur forcené et à 
              mon métier que notre indépendance absolue est acquise, 
              alors pourquoi me tue-t-elle de cette réflexion ?" 
              La vie est fascinante et tragique, souvent si mal comprise, l'existence 
              est inexplicable et magique, souvent si peu rationnelle. 
               
              Références à un article du Quotidien du Médecin 
              du 11/12/03, à la pièce de Théâtre "Vivant" 
              du signataire, et à l'ouvrage "Le Sexe des émotions"  (Odile 
              Jacob 1996) du Docteur Alain Braconnier, directeur du Centre Alfred 
              Binet, Paris  
               
              l'os court :  
               «  
              Expliquera, morbleu, les femmes qui pourra ! » 
               Nicolas-Thomas Barthe 1727-1775 
             
             Consulter 
            un autre numéro de la LEM  Lettre 
              d'Expression médicale n°338 
               
              Hebdomadaire francophone de santé 
              22 mars 2004 
             Peut-on 
              être mieux soigné ?   
              Docteur François-Marie Michaut  
            Cest sous ce sous-titre quest 
              paru un ouvrage dont la diffusion a été injustement 
              négligée, comme nous sommes, hélas, un certain 
              nombre à Exmed a en avoir fait lexpérience . 
              Car  Requiem pour la sécu  (1) a une caractéristique 
              particulière dans un genre souvent marqué par lactualité. 
              Son âge. Publié en 1991, donc dans un contexte social, 
              politique et médical très différent de celui 
              que nous vivons, chacun pourrait penser que, sous leffet de 
              multiples réformes, bien des choses se sont modifiées 
              depuis plus de dix ans. 
               
               
              Retrouver la confiance: 
              Nos lecteurs habituels ne seront pas autrement surpris que lauteur 
              de ce livre soit notre ami Iulius Rosner. La quatrième de 
              couverture se demande  quelle mouche a piqué ce médecin, 
              clinicien, ancien chercheur, pharmacologue et journaliste médical, 
              pour quil sattaque à des problèmes de 
              société nous concernant tous, et écrive ce 
              livre qui dérange ?. Que ce livre ait dérangé 
              de multiples intérêts, cest certain. Et cela 
              lui a valu de demeurer confidentiel. Mais, les écrits restent, 
              cest, dit-on, leur grande vertu. 
               
               
              Restaurer la conscience 
              Alors autorisons-nous à nous fier à notre propre perception 
              des choses, plutôt quà suivre les avis de ceux 
              qui prétendent diriger lopinion publique. Rosner se 
              permet, avec toute lautorité dun témoin 
              et acteur dune des plus grandes tragédies du XXème 
              siècle (2), de passer au scanner de son esprit critique inoxydable 
              ce que nous avons fait de lorganisation de notre système 
              dassurance maladie en France depuis la seconde Guerre mondiale. 
              Et 13 ans après ses propos, excusez du peu, 90 % des analyses 
              sur les tabous, les mythes, les boucs émissaires, le rêve, 
              les solutions fausses ou douteuses, les facteurs incompressibles 
              des dépenses de santé, les facteurs compressibles 
              : abus et dérapages, restent dune parfaite actualité. 
              Cela conduit à la question fondamentale sur le système 
              dans lequel nous vivons, toujours soigneusement contournée 
              :  système de soins pluraliste ou hybride ? . 
              Juste une erreur dappréciation est à noter : 
              celle de lévolution de la démographie médicale. 
              Dans les années 90, nous avions plutôt trop de médecins 
              en exercice. Au début des années 2000, nous savons 
              que nous allons en manquer cruellement avant peu. Certaines spécialités 
              comme lophtalmologie, la gynécologie, où la 
              médecine de campagne ont déjà bien du mal à 
              pourvoir les postes laissés vacants par les départs. 
              Quoi quon fasse ce mouvement saccentuera dautant 
              plus que les jeunes générations, contrairement à 
              leur devancières, semblent peu attirées par les métiers 
              de santé, à commencer par celui dinfirmier. 
               
               
              Renforcer la compétence: 
               
              Comme toutes ces questions concernant le triste état de léconomie 
              des soins de santé ne sont pas particulièrement digestes 
              pour des estomacs sensibles, et quen France, disait Beaumarchais 
               tout finit par des chansons, notre Iulius a illustré 
              son propos de contes et scènes à la façon dAlice 
              au Pays des Merveilles particulièrement savoureux. Une mention 
              toute particulière à lannexe 8 intitulée 
               Alice et la convention. Voilà qui ne dépaysera 
              pas les lecteurs habituels de la LEM. 
              En un mot comme en cent, il y a dans les propos de Rosner un sérieux, 
              une rigueur danalyse et une force de proposition qui devraient 
              faire de ce bouquin un incontournable pour tous ceux qui sintéressent 
              - nous dit-on- à lavenir de lassurance maladie 
              et à travers lui au devenir des professions de la santé 
              et ... de tous les patients. Bien souvent et depuis toujours, ceux 
              qui marchent un peu plus vite que le troupeau ne sont pas suivis. 
              Peut-être fallait-il tout ce temps pour que Rosner devienne 
              enfin audible au plus grand nombre. 
              Alors, si le coeur vous dit de découvrir cette perle au moment 
              où le gouvernement de la France, après celui de lAllemagne, 
              est bien obligé de songer à des réformes inévitables, 
              sachez que ce bouquin est éventuellement disponible auprès 
              de lauteur (3). Et si, malgré tout, vous ne parvenez-pas 
              à mettre la main dessus, vous pouvez vous adresser pour le 
              consulter à la Bibliothèque Nationale ou à 
              la bibliothèque de lAcadémie de Médecine. 
               
              NDLR : 1) Pour nos lecteurs peu familiers avec nos institutions 
              françaises, et leurs étranges sigles, la sécu 
              est la sécurité sociale ou assurance-maladie de statut 
              semi-public, obligatoire pour tous les salariés de France 
              depuis 1945 . 
              2)  Dans les coulisses du rideau de fer, autopsie dun 
              régime totalitaire Rosner , Le Cherche Midi éditeur. 
              ( analyse dans la LEM 313 ) 
              3) Dr Rosner, 8 quai Nicolas Rolin 21000 Dijon 03 80 43 11 06.  
               
               
              l'os court :  
               « 
              Si, en vérité pure on a toujours raison de ne pas 
              avoir tort, en réalité altérée on a 
              souvent tort davoir raison. » 
              Pierre 
              Dac 
             
             Consulter 
            un autre numéro de la LEM  Lettre 
              d'Expression médicale n°339 
               
              Hebdomadaire francophone de santé 
              29 mars 2004 
             De 
              plus en plus piqués   
              Blandine Poitel 
            Il y a quelques dizaines dannées, 
              nos grands mères lappelaient « la petite vérole 
              ». Un peu de fièvre, des boutons en plus en moins grande 
              quantité, et comme traitement, du talc pour apaiser les démangeaisons 
              parfois irrépressibles quelle causait. Les seules craintes 
              quelle pouvait donner aux parents, étaient les cicatrices 
              inesthétiques qui pouvaient subsister de son passage.  
              Aujourdhui, elle sappelle la varicelle. Et elle est 
              dangereuse, nous dit-on : elle est susceptible de tuer ici 5 à 
              10 enfants par an. Donc un vaccin a été mis au point, 
              il y quelques huit ans aux Etats Unis, et il arrive aujourdhui 
              en France (*). 
               
               
               
              Retrouver la confiance: 
              Il faut que je me fasse une raison : mes enfants sont un marché, 
              et un marché juteux pour les laboratoires pharmaceutiques. 
              Leur santé est le cadet des soucis de ces industries internationales. 
              Leur santé est l'argument publicitaire par excellence, qui 
              convainc les médecins et les médias, et montre du 
              doigt les mères indignes, dont je suis, qui trouvent déjà 
              la liste des obligations vaccinales bien assez longue, contraignante 
              et à risques pour en rajouter une en plus. 
              Donc mes enfants ne seront pas vaccinés contre la varicelle. 
              5 à 10 décès par an - dont une bonne part de 
              personnes et d'enfants déjà malades et/ou immuno-déprimés 
              dun côté , et de lautre une diffusion massive 
              dans les populations du virus atténué de la varicelle 
              ... qui est également celui du zona. Sauver peut être 
              cinq enfants en inoculant à tous ce virus susceptible d'engendrer 
              des troubles et des problèmes bien plus graves à l'âge 
              adulte, mon choix est vite fait. Sans compter que les effets négatifs 
              de ces vaccinations apparaîtront dans vingt, trente ans et 
              que ceux qui auront pris ces décisions ne seront sans doute 
              plus là pour en répondre. 
              A l'heure où, notamment avec l'internet, les informations 
              sur les vaccinations deviennent de plus en plus accessibles à 
              un large public, le temps des vaccinations rendues obligatoires 
              par des lois fort anciennes est-il encore d'actualité ?  
               
               
              Restaurer la conscience 
              Il est étonnant qu'un chiffre aussi faible (5 à 10 
              morts) d'incidence grave de la maladie soit mis en relief pour tenter 
              de mobiliser la population en faveur de la vaccination. Les 8 à 
              10.000 décès français par maladies nosocomiales 
              ne mobilisent pas vraiment les foules, pas plus que les milliers 
              de suicidés par an, pas plus que les milliers d'enfants, 
              d'adolescents et d'adultes tués à cause de l'alcool 
              et/ou de la drogue sur les routes, pas plus que les milliers de 
              morts des suites d'un tabagisme actif ou passif. Ces drames, évitables 
              pour la plupart, provoquent de temps à autre comme un sursaut 
              de conscience des « distributeurs dinformations » 
              : quelques articles dans la presse, cinq minutes au journal, une 
              ou deux émissions à la télé . Mais qui 
              se sent vraiment responsable au point de s'engager, hormis ceux, 
              celles touchés de près ou de loin par de tels drames 
              ?  
              Alors que 5 à 10 enfants meurent par an des complications 
              de la varicelle, voilà qui est insupportable, voilà 
              ce qu'il faut combattre, nous laisse-t-on entendre, au mépris 
              de la santé future de centaines de personnes. 
              La multiplication incessante des vaccinations fait-elle l'objet 
              d'études scientifiques indépendantes des industries 
              pharmaceutique ? Chaque inventeur d'un vaccin a-t-il ce souci éthique, 
              ou simplement celui de "vendre" sa création ? 
               
               
              Renforcer la compétence: 
               
              Prix estimé du vaccin : 50 euros s'il n'est pas remboursé, 
              70 euros s'il est pris en charge. Nécessité de revacciner 
              tous les huit ans, faute de quoi l'enfant risque d'être atteint 
              plus gravement à un âge plus avancé. Population 
              concernée : 600 à 700.000 personnes par an. Sortez 
              vos calculettes. Le gouffre financier de la sécurité 
              sociale, qui oblige à des décisions gouvernementales 
              aberrantes dans lurgence, n'est pas prêt d'être 
              comblé.  
              Quel compte tient-on des désirs des citoyens en matière 
              de soins, et de celle de leurs parents quand ils sont mineurs ? 
              Des autorités, dites de santé publique, doivent-elle 
              continuer à agir et imposer comme si les patients que nous 
              sommes étaient incapables de s'occuper de leur propre sort 
              ? 
              Pour reprendre une phrase célèbre, si la vie n'a pas 
              de prix, elle a un coût, que les laboratoires pharmaceutiques 
              augmentent à plaisir. 
               
              (*) 32ème Medec , Paris, mars 2004  
               
               
               
              l'os court :  
               « 
              Lamour est comme la varicelle. Il faut être passé 
              par là. » 
              Jerome 
              K. Jerome  
             
             Consulter 
            un autre numéro de la LEM  Lettre 
              d'Expression médicale n°340 
               
              Hebdomadaire francophone de santé 
              5 avril 2004 
             Cure 
              de lucidité  
              Docteur François-Marie Michaut 
            La question de la violence reste au 
              centre des grandes énigmes du comportement humain, et des 
              relations des hommes entre eux. Pour le citoyen, elle est tartinée 
              en écran permanent des médias censés linformer 
              sur ce qui se passe dans le monde. 
              Pour le médecin qui choisit de voir un peu plus loin que 
              le bout de son stéthoscope, elle est la compagne siamoise 
              de presque toutes les situations qui défilent dans son cabinet. 
              Parfois évidente et brutale, sinon sanglante, cette violence 
              est habituellement infiniment plus subtile et masquée. Ce 
              qui ne la rend pas moins dangereuse et inacceptable à tous 
              égards. 
               
              Retrouver la confiance: 
              Lun des grands évènements au cours des dernières 
              années en France a été la publication dun 
              livre, rapidement devenu un best seller. Écrit par un psychiatre, 
              Marie-France Hirigoyen ,  Le harcèlement moral 
              ( Syros éditeur) a permis de donner un nom à ce mal 
              dont tant souffrent. En lisant les descriptions cliniques, de multiples 
              cibles de violences masquées ont pu se sentir 
              un peu libérées. Non, il se sagit pas dune 
              quelconque faiblesse de leur part, mais bel et bien dune stratégie 
              délibérée de destruction de la part dun 
              tiers. De multiples témoignages dInternautes nous ont 
              confirmé limportance de cet ouvrage pour pouvoir enfin 
              mettre un nom à sa souffrance, parfois après de longues 
              années dincompréhension. Gigantesque pas en 
              avant. 
               
              Restaurer la conscience 
              Parallèlement, larsenal juridique pour mettre hors 
              détat de nuire les harceleurs sest développé 
              dans de nombreux pays. Reconnaissance indispensable. Certains particulièrement 
              en avance sur la France, comme le Canada, se sont dotés de 
              moyens puissants pour faire respecter la politique ambitieuse de 
              tolérance zéro qui doit être appliquée 
              dès le mois de juin. Avec des médiateurs au service 
              de chacun dans toutes les universités. 
              Tout cela, cependant, demeure encore insuffisant pour ceux qui sont 
              plongés dans le cauchemar de leur histoire personnelle. Car, 
              au delà de la description clinique et des textes de loi, 
              nous avons besoin de comprendre quels sont les mécanismes 
              du harcèlement si nous voulons pouvoir nous y opposer de 
              façon efficace. Tel est lobjectif ambitieux que sest 
              fixé Philippe Arquès dans son ouvrage  Le harcèlement 
              dans lenseignement - Causes - Conséquences- Solutions 
              ( LHarmattan, éditeur). (*). Le plus curieux est que 
              lauteur est un enseignant dans les études post-baccalauréat, 
              et quil est également un chercheur dans un domaine 
              scientifique technique a priori fort éloigné de ce 
              thème. Ce nest pas en clinicien mais en spécialiste 
              de haut niveau des moteurs que linvestigation et la réflexion 
              ont été menés. Donc, rien de larmoyant, de 
              racoleur ni dapproximatif dans létude. Parfois 
              même un souci du détail exact, une rigueur académique 
              dans lexposé, qui peuvent rebuter le lecteur, en particulier 
              en ce qui concerne les rouages incroyables de lenseignement 
              supérieur, et de la recherche - dont on parle tant - dans 
              son modèle français. Dieu merci, lhumour ne 
              perd jamais ses droits. 
               
              Renforcer la compétence: 
               
              Dès lenfance, avec, y auriez-vous songé, les 
              contes et les comptines de nos bambins, les cours de récréation, 
              lécole primaire et la famille, nous apprenons ce quest 
              ce harcèlement dans lequel nous sommes bercés. Certains 
              sy épanouissent, certains y résistent, dautres 
              se recroquevillent. Puis, avec lâge, les phénomènes 
              saggravent, avec le bizutage, le houspillement, le dénigrement, 
              les insultes. Et linstitution scolaire en nassumant 
              pas sa pleine responsabilité manque, hélas, régulièrement 
              à sa mission de ne tolérer aucune atteinte perverse. 
              Ses lacunes graves dorganisation, son manque déthique 
              clairement définie creusent le lit dune véritable 
              école des harceleurs. Terrible constat, qui pourrait conduire 
              à linaction. Et là Philippe Arquès nous 
              mène la vie dure. Il ny a pas de portrait robot qui 
              permette de donner des recettes toutes faites permettant de sortir 
              par le haut dun harcèlement. Car, oui, on peut en sortir 
              par le haut, au prix dune expertise soigneuse et dune 
              stratégie méthodique parfaitement adaptée à 
              chaque situation concrète. Ca, cest la grande et bonne 
              nouvelle : autre chose est possible que la simple fuite. Même 
              si la forme de ce livre peut parfois rebuter le lecteur pressé, 
              ce précis de la mécanique du harcèlement est 
              un ouvrage indispensable pour tous ceux qui sont concernés 
              par la question. A partir de là, de multiples actions sont 
              certainement possibles pour que plus jamais aucun harceleur ne puisse 
              dormir en paix. Philippe Arquès doit être entendu largement, 
              et pas seulement dans lEducation nationale, doit être 
              interrogé et incité à pousser encore plus loin 
              et plus largement son engagement personnel remarquable dans la lutte 
              contre le HM . Exmed lui apporte tout son soutien sans restriction. 
              Et comme en plus, il est colistier de nos deux listes sur Exmed, 
              utilisons-le sans vergogne pour renforcer la compétence. 
              Car, le plus grand risque de ce type de livre est quil tombe 
              à plat, tant les réalités exposées mettent 
              en cause des comportements sur lesquels nous fermons si volontiers 
              les yeux. Dailleurs, jusquà ce jour, aucun journaliste 
              na osé se lancer dans un commentaire. Il faut dire 
              quavoir le culot de mettre en exergue la nécessité 
              absolue de se plier au respect de règles morales dans les 
              relations entre les hommes nest pas ( encore) dans lair 
              du temps. 
              (*) NDLR : consulter 
              également à ce sujet, du même auteur, la 
              LEM 334 du 23 février 2004.  
               
               
               
               
              l'os court :  
               « 
              Celui qui peint une cible sur la porte de son jardin peut être 
              certain quon tirera dedans. » 
              Lichtenberg  
             
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