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Lettre d'Expression médicale n°119

Hebdomadaire électronique francophone de santé - 10 sept. 1999

Comité éditorial : Pr Jean-Paul Escande (Paris-Cochin), Paul Fabra (Paris), Odile Marcel (Lyon III)

Directeur François-Marie Michaut (MD), 4 bis rue Saint Michel, 17000 la Rochelle (France).

Téléphone, répondeur, télécopieur : + (33) 5 46 27 01 98
Consultation des archives de la LEM
Privatiser la santé en trois ans

François-Marie Michaut

L'organisation mondiale du commerce ( OMC ), la chambre de commerce internationale ( CCI) et l'Europe des quinze représentée par Mr Brittan se sont donnés un objectif commun (°). Parachever la mondialisation dans un monde entièrement régi par le libre-échange économique. Les secteurs visés ? Pratiquement toutes les activités humaines. En tête, l'ouverture prioritaire du secteur de la santé en Europe aux convoitises des entreprises américaines a été annoncée par Charlotte Barshefsky, représentante spéciale de Bill Clinton pour le commerce. Devant une telle coalition internationale, qui doit boucler définitivement son programme à la conférence de Seattle en novembre, de quel poids pèseront les réglementations des Etats de moins en moins souverains de la vieille Europe ? Il s'agit, difficile d'en douter, de soumettre les professions de santé, et les citoyens qui ont besoin d'eux, à une seule règle : celle de la réalisation du maximum de profit financier. Une échéance précise est fixée, personne ne peut plus l'ignorer : le 1er janvier 2003. Sauver la Sécurité Sociale à la française n'est-il pas alors un objectif déjà dépassé ? Les citoyens, les élus politiques qui les représentent, les hommes qui ont quelque chose à voir avec les questions de santé peuvent-ils attendre passivement cette échéance ?

(°) Susan George " A l'OMC, trois ans pour achever la mondialisation " Monde Diplomatique Juillet 1999

Certains l'ont déjà compris

- « Effectivement il faut se préparer à la chute de la Sécu ».

e-mail de Xavier Collet, site http://www.prolibertate.org

 

Notre correspondant aux USA

- La LEM a le plaisir d'annoncer à ses lecteurs que notre correspondant aux USA, le Dr Harold Burham est appelé à exercer de nouvelles fonctions d'enseignement auprès du Département de Médecine de Famille au North Shore University Hospital (Etat de New-York). Ce n'est peut-être pas une mauvaise idée d'utiliser le capital d'expérience d'un médecin qui a longuement vécu les réalités de la médecine de clientèle, dans la mesure où les règles en usage du pays où l'on vit le permettent. Montrer autre chose aux jeunes praticiens en formation que des notions strictement techno-scientifiques peut-il bénéficier aux patients qui ont besoin de soins ? Une telle démarche est-elle désirée par les jeunes praticiens américains ? Notre ami Harold saura bien l'observer sur le terrain, et nous en parler ici en toute liberté.

 

« Les médecins ne parlent pas assez »

- Ainsi s'exprime Edouard Zarifian, professeur de psychologie médicale ( I. Taubes , Psychologies N° 178, p 36-39 sept 1999). « Aucune guérison n'est complète si une relation fondée sur la parole ne s'instaure pas au cours des soins , et après, entre le malade, ses proches et le médecin » . Prise de position idéologique du pourfendeur des excès de psychotropes dans les habitudes françaises ? « Les cancéreux guérissent mieux quand ils bénéficient d'un véritable soutien psychologique que ceux qui rencontrent un soignant seulement pour parler " de la pluie et du beau temps ". La force de guérir intervient tout autant dans le cadre des greffes - aucune ne réussit sans un dialogue préparatoire et un lien humain fort - ou dans celui des brûlures graves ». S'agit-il de réalités cliniques observables et expérimentalement vérifiables, par les professionnels et par les utilisateurs des soins de santé ? A chacun de répondre. Si la demande du public devient un jour assez forte, les modalités de la formation des professionnels de la santé s'en trouveront automatiquement mieux adaptées. Quelle médecine souhaitons-nous ? Si nous ne l'exprimons pas, d'autres, comme l'OMC et ses alliés politiques américains et de la CEE, nous imposeront avant peu leurs conceptions et leurs intérêts. Le monde agricole le vit déjà dans la douleur avec les industries agro-pharmaceutiques.

 

Os court « On n'est pas intéressant quand on n'est pas intéressé. » Cath Hoche

 

 

La LEM est là pour votre expression, écrivez-nous.

Notre formation D'un caducée à l'autre, une économie pour une pratique plus saine de la médecine

Renseignements

© Dr F-M Michaut - Expression médicale 1999

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Lettre d'Expression médicale n°120

Hebdomadaire électronique francophone de santé - 17 sept. 1999

Comité éditorial : Pr Jean-Paul Escande (Paris-Cochin), Paul Fabra (Paris), Odile Marcel (Lyon III)

Directeur François-Marie Michaut (MD), 4 bis rue Saint Michel, 17000 la Rochelle (France).

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Certification à l'américaine

Harold Burnham M.D.(*)

La certification des médecins, nous connaissons cela ici. Le journal médical par courrier électronique AMA News signale qu'il y a un nouveau site Internet consacré aux qualifications des hôpitaux et aux "meilleurs" médecins aux USA. Comment ils ont décidé de nous donner un classement selon nos diplômes, je n'en sais rien. Il suffit d'aller consulter http://www.healthgrades.com . J'ai été classé en "Family Practice", avec une association avec deux hôpitaux, où je n'ai jamais mis les pieds. Mon école de médecine indiquée est "University of Medicine School of Medicine", pas de langues étrangères, moi le francophile ! Le plus important à mon sens, ils n' ont pas mentionné les années (1971-1991) où j'ai été certifié par l' American Board of Family Practice. Tous les six ans, comme vous le savez, nous passons un examen pour cela. Il se trouve que je suis un membre "charter", c'est-à-dire que j'ai été dans le tout premier groupe à être certifié aux USA . Cela m'a valu un grand diplôme métallique sur bois précieux. Les erreurs me concernant sur le Net proviennent certainement d'une confusion entre les abréviations des Etats ... MD est celle de l'État du Maryland, où existe l' "University of Medicine School of Medicine". Malgré cela, ce nouveau site webbien s'annonce comme le seul et le meilleur endroit pour chercher tout ce que vous voulez savoir sur les hôpitaux et les médecins américains, amis francophones.

(*) correspondant aux USA de la LEM

« Un assuré français écoeuré »

- « Pour un salaire brut mensuel de 18 739 FF et un net perçu de 14 000 FF, la seule assurance maladie coûte en FF : 159 (URSSAF maladie part dite salariale, obligatoire) et 2 698 (URSSAF maladie part dite patronale, obligatoire), 524 (CSG non déductible/ RDS, obligatoire), 922 (CGSG déductible, obligatoire), 625,00 (complémentaire facultative) = 4 930 par mois. Plus de 50 mille francs par an. Presque 43 consultations de médecine générale par mois, près de 500 par an ! Le principe de l'assurance, il l'admet. Avoir le moins possible besoin de médecins et de médicaments, il y aspire et il s'y applique. Pas de surconsommation médicale. Cet assuré est d'autant plus écoeuré que les médecins font comme s'ils n'étaient pour rien dans l'énormité de ces chiffres. Ce sont pourtant eux qui acceptent depuis plusieurs générations ce dispositif non viable. Il a été et reste juteux pour leur corporation, dans son ensemble. Si on se mêle de leur expliquer les causes de ce défaut de viabilité, ils sont si nombreux à se boucher les oreilles. La LEM en a témoigné ici avec un test direct. Maintenue par ces médecins dans l'ignorance, la population ne bloquera pas la régression de l'éthique médicale entrainée par les gestionnaires de l'inefficace maîtrise comptable des dépenses de santé . Les médecins et la médecine vont payer très cher un simple retour au bon sens économique et, cela va avec, politique. La réalité ? Impossibilité de changer les habitudes , paresse et pusallinimité des médecins devant la seule idée qu'il peut exister une alternative économique, enfin saine, des soins médicaux ». Message de D. M. à la LEM. Un point de vue de non médecin qui ne devrait pas laisser sans réaction les lecteurs médecins (NDLR).

 

L'anneau des MMT

- Le mouvement des Médecins Maîtres Toile, que la LEM a eu l'honneur de lancer, devient beaucoup plus palpable pour les internautes depuis la création de l'anneau des MMT. Il s'agit d'un outil permettant de voyager rapidement entre quatorze sites indépendants francophone de santé qui ont pris l'habitude de collaborer régulièrement et de respecter un code d'éthique et de qualité. Pour les initiés, c'est à http://www.webring.org/cgi-bin/webring?ring=mmtring;id=5 Du virtuel au réel, un autre pas sera franchi le 17 octobre avec la deuxième réunion physique à Paris des MMT. Il en sera certainement question ici.

 

Os court : « Le flux et le reflux me font marée. »

Raymond Devos

 

 

Lettre d'Expression médicale n°121

Hebdomadaire électronique francophone de santé - 24 sept. 1999

Comité éditorial : Pr Jean-Paul Escande (Paris-Cochin), Paul Fabra (Paris), Odile Marcel (Lyon III)

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Les faits

Dr François-Marie Michaut

L'une des mesures phare du plan Juppé d'assainissement de l'assurance maladie en France vivrait ses derniers jours. Il avait été prévu de réduire les dépenses de santé en modulant la démographie médicale, ou, pour parler plus clairement, de réduire l'offre de soins en diminuant le nombre de médecins en exercice. C'est ainsi que, comme dans les classiques restructurations industrielles, un mécanisme de préretraite dès 57 ans a été proposé aux médecins, élargissant ainsi un dispositif déjà ancien, et fort peu utilisé, pour les praticiens entre 60 et 65 ans. Au bout de deux ans de fonctionnement, les faits sont là. D'une part, il n'y a eu aucune incidence ni sur la démographie médicale, ni sur la diminution attendue des dépenses de soins médicaux. D'autre part, le système coûte très cher à la collectivité (*).

Quelles conclusions vont en tirer les promoteurs du système ? Jusque dans les années 60, les médecins traitaient les patients tuberculeux avec une association de streptomycine, d'acide paramino salicylique et de pénicilline. Quand des études ont montré l'inutilité de ce dernier antibiotique sur le bacille de Koch, le protocole de traitement a été modifié en conséquence. En sera-t-il de même devant cet échec ? Cela remettra-t-il en question l'ensemble des schémas conceptuels qui sous-tendent toutes les décisions concernant notre santé ? S'il s'agissait d'une question strictement médicale, sans aucun doute, la réponse serait positive.

*QdM du 17 sept " la préretraite à la réforme "

Une place pour l'expression des citoyens

- Que peut bien attendre un usager du système de soins de santé de son médecin ? Veut-il un homme pressé qui reçoit de plus en plus vite, de plus en plus de patients, avec un temps de travail de plus en plus long, pour maintenir ou augmenter le revenu de son travail ? Le système du paiement à l'acte ne le pousse-t-il pas dans cette voie ? L'usager veut-il que le médecin qui le soigne puisse lui accorder tout le temps que nécessite son cas pour avoir les meilleurs soins possibles, même si cela a un coût ? Le patient désire-t-il que son médecin gagne bien ou mal sa vie ? Le paiement du praticien à la fonction ( comme c'est le cas dans nos hôpitaux publics français) améliore-t-il, oui ou non la qualité de la relation thérapeutique et des échanges entre malade et médecin ? Depuis un demi siècle, les décisions concernant le mode de rémunération des médecins ne se sont prises qu'en tenant compte du seul point de vue des professionnels, des assureurs et des pouvoirs publics. Serait-ce anormal de prendre un jour en compte les attentes et l'opinion des citoyens honnêtement informés ?

Pourquoi une compétence en économie pour les médecins ?

- « Pourquoi devenir aussi un peu économiste quand on est médecin ? Pour participer utilement, de sa place de citoyen ouvert aux affaires de la cité, à la réduction des troubles et des maladies qui touchent tel ou tel organe de la société. Dans une perspective de "métamédecine" défendue par la LEM, les deux organes prioritaires sont le corps médical lui-même, et son partenaire naturel l'assurance maladie . Cela ne peut cependant pas se faire en ignorant tous les autres rouages sociaux. Sans un minimum de connaissances économiques , comme celles qu'il a déjà en anatomie, physiologie et pathologie, le médecin prend le risque de participer contre son gré à la dégradation ou à la stagnation de l'état de santé du corps social. N'en connait-il pas assez les répercussions qui en résultent sur la santé de ses patients pour refuser cette cécité ? Sa propre santé morale n'est-elle pas elle-même en jeu quand son éthique médicale est en porte à faux ? Tant qu'on met de côté les affaires d'intendance du monde dit de la santé, tout va bien dans le meilleur des mondes possibles. Dès qu'on prend en considération les questions économiques, ça coince. Or, pratiquement, ces affaires d'intendance ne sont-elles pas omniprésentes pour la simple raison qu'il faut des moyens pour soigner ? Et comme chacun peut l'observer partout dans le monde, de plus en plus de moyens sont utilisés, le malaise ne fait-il pas qu'augmenter, amis médecins ? » . Dominique Michaut, économiste de la LEM.

Os court : « Si j'étais riche, je pisserais tout le temps. »

Alphonse Allais

La prochaine LEM N° 122 paraîtra le 15 octobre 1999

© Dr F-M Michaut - Expression médicale 1999

 

 

Lettre d'Expression médicale n°122

Hebdomadaire électronique francophone de santé - 15 oct 1999

Comité éditorial : Pr Jean-Paul Escande (Paris-Cochin), Paul Fabra (Paris), Odile Marcel (Lyon III)

Directeur François-Marie Michaut (MD), 4 bis rue Saint Michel, 17000 la Rochelle (France).

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Question taboue

Dr François-Marie Michaut

Chaque matin, une question vient à l'esprit de tout médecin libéral normalement constitué. La voici, crûment formulée : « Combien ma journée de travail va-t-elle faire rentrer d'argent dans la caisse ? » . Son côté choquant, sous-entendu « Il est mal de se faire du fric sur le dos des patients/clients », fait qu'elle n'est jamais posée aussi ouvertement dans des débats publics ou dans des écrits médicaux concernant la vie professionnelle, même romancée à la Sachs. Est-il normal ou pathologique qu'un médecin se demande combien son activité va faire rentrer d'argent ? Est-il normal ou pathologique que tout un système dit de santé fasse comme si un praticien n'avait pas le droit moral de se poser ce genre de question ?

Au nom de quoi, un médecin, rejoignant ainsi indirectement la position défendue par les psychanalystes pour des motifs d'ordre thérapeutique, renoncerait-t-il à ce droit, s'il doit y laisser une grande partie de sa santé économique et sociale ? Le plus anormal, et de loin, n'est-il pas tout simplement de faire comme si la question n'existait pas ? Une fois encore, comme dans les multiples aspects de la métamédecine qu'explore la LEM, la leçon de sagesse d'un psychiatre américain contemporain peut s'appliquer. Ecoutons-le encore une fois , voulez-vous ? « L'une des meilleurs manières de ne pas résoudre un problème est de faire comme s'il n'existait pas » . Paul Watzlawick .

 

Une place pour l'expression des citoyens

- Que peut bien attendre un usager du système de soins de santé de son médecin ? Veut-il un homme pressé qui reçoit de plus en plus vite, de plus en plus de patients, avec un temps de travail de plus en plus long, pour maintenir ou augmenter le revenu de son travail ? Le système du paiement à l'acte ne le pousse-t-il pas dans cette voie ? L'usager veut-il que le médecin qui le soigne puisse lui accorder tout le temps que nécessite son cas pour avoir les meilleurs soins possibles, même si cela a un coût ? Le patient désire-t-il que son médecin gagne bien ou mal sa vie ? Le paiement du praticien à la fonction ( comme c'est le cas dans nos hôpitaux publics français) améliore-t-il, oui ou non la qualité de la relation thérapeutique et des échanges entre malade et médecin ? Depuis un demi siècle, les décisions concernant le mode de rémunération des médecins ne se sont prises qu'en tenant compte du seul point de vue des professionnels, des assureurs et des pouvoirs publics. Serait-ce anormal de prendre un jour en compte les attentes et l'opinion des citoyens honnêtement informés ?

Pourquoi une compétence en économie pour les médecins ?

- « Pourquoi devenir aussi un peu économiste quand on est médecin ? Pour participer utilement, de sa place de citoyen ouvert aux affaires de la cité, à la réduction des troubles et des maladies qui touchent tel ou tel organe de la société. Dans une perspective de "métamédecine" défendue par la LEM, les deux organes prioritaires sont le corps médical lui-même, et son partenaire naturel l'assurance maladie. Cela ne peut cependant pas se faire en ignorant tous les autres rouages sociaux. Sans un minimum de connaissances économiques , comme celles qu'il a déjà en anatomie, physiologie et pathologie, le médecin prend le risque de participer contre son gré à la dégradation ou à la stagnation de l'état de santé du corps social. N'en connait-il pas assez les répercussions qui en résultent sur la santé de ses patients pour refuser cette cécité ? Sa propre santé morale n'est-elle pas elle-même en jeu quand son éthique médicale est en porte à faux ? Tant qu'on met de côté les affaires d'intendance du monde dit de la santé, tout va bien dans le meilleur des mondes possibles. Dès qu'on prend en considération les questions économiques, ça coince. Or, pratiquement, ces affaires d'intendance ne sont-elles pas omniprésentes pour la simple raison qu'il faut des moyens pour soigner ? Et comme chacun peut l'observer partout dans le monde, de plus en plus de moyens sont utilisés, le malaise ne fait-il pas qu'augmenter, amis médecins ? » . Dominique Michaut, économiste de la LEM.

Os court : « Les anti-oxydants : un remède venu de l'Est. » Dr C.Q.

 

 

Lettre d'Expression médicale n°123

Hebdomadaire électronique francophone de santé - 22 oct 1999

Comité éditorial : Pr Jean-Paul Escande (Paris-Cochin), Paul Fabra (Paris), Odile Marcel (Lyon III)

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Paiement au temps passé

Dr François-Marie Michaut

On a parlé ici d'Exocrate (LEM 41). Mythique frère du grand Socrate découvert par notre économiste maison, ce sage a inventé une méthode fort ingénieuse de résolution des problèmes sans solution. Pour simplifier et pour ceux qui ne connaissent pas l'énigme des neufs points à relier entre eux d'un seul trait de crayon, il faut et il suffit ... de modifier les données que l'on s'impose inutilement à soi-même. Par exemple, en France, le mode de paiement des médecins oscille entre deux modèles. Celui, dit du paiement à l'acte, utilisé par les médecins de ville, donne à chaque consultation ou acte technique une valeur chiffrée, âprement discutée par nos syndicats. Sur le modèle du paiement au rendement sagement interdit par le code du travail pour les salariés, la rémunération à l'acte est une incitation à multiplier le nombre des interventions et à en limiter le contenu et la durée. Une angine traitée en trois séances crée trois fois plus de chiffre d'affaire que quand elle est soignée en une seule consultation. L'alternative ? Le paiement à la fonction. La tentation bien humaine d'en faire le moins possible est là. Exocrate nous dirait : Pourquoi ne pas envisager de payer le médecin simplement au temps passé avec chaque patient, comme le fait tout artisan ? Et pour les risques d'abus, soyez tranquilles, les patients savent de plus en plus s'ils en ont ou non pour leur argent, celui de leurs cotisations d'assurance maladie. Payer le médecin au temps passé, qu'en pensez-vous ?

En 1896 à Budapest ,

- Naissait Michaël Balint. Médecin, psychiatre et psychanalyste, il émigre en Grande -Bretagne en 1939. Son invention ? C'est que le médecin lui-même est un médicament, probablement le plus actif et le plus polyvalent qui existe, comme le prouve le fameux effet placebo. Dans toute rencontre médicale, même la plus technique qui soit, deux inconscients se rencontrent. Celui du patient , dont le développement d'une maladie est une manifestation favorite et ... celui de son praticien. Hélas, la formation médicale depuis un demi siècle, aveuglée par sa technicité, continue de ne tenir aucun compte sérieux de cette réalité et à ne pas vouloir comprendre l'importance majeure de ce choc des inconscients, dont dépend la qualité du remède médecin, donc le soulagement ou la guérison du patient, ou son aggravation.

La maladie de Sachs

-Le livre ouvre timidement cette boite de Pandore de la consultation médicale telle qu'elle est dans la vraie vie de tous les jours. Les spectateurs en sont fascinés le plus souvent. Mais il s'agit pourtant bien, le titre le dit, de la maladie dont souffre le Dr Sachs. En regardant agir et réagir ses patients, notre confrère n'est-il pas simplement à l'affût de ce que les autres ( ses malades ) lui renvoient simplement de lui-même, de sa propre personne, de son propre fonctionnement ? Est-il acceptable pour ceux qui se confient à lui que son souci dominant soit de se soigner ainsi lui-même sur leur dos ? Tout simplement parce qu'il n'a jamais fait l'effort d'aller par d'autres voies à la recherche de son inconscient personnel, qui, nourri de ses émotions les plus archaïques, continue à le faire agir. C'est justement pour essayer d'aller plus loin que Balint a créé ses groupes de formation à la dimension inconsciente de tout acte médical, à partir de cas concrets disséqués par des praticiens. Depuis 50 ans, sans tambours médiatiques, sans reconnaissance officielle, à leurs frais personnels, sans retombées en matière d'honoraires, environ 150 groupes Balint fonctionnent en France. Cela, même si les pouvoirs en place le tient pour négligeable, le public doit le savoir, au delà des films à grand succès. La qualité de nos médecins ne passe-t-elle pas aussi par de telles initiatives ?

 

« Rendez-nous nos médecins de famille ! »

Titre significatif du journal Elle du 27/9/99. « Un bon médecin ? C'est celui qui m'accorde du temps, qui m'écoute et qui ne me donne pas le sentiment d'être le numéro 368 de la journée » . Transmis par Odile Marcel, courrier du 2 octobre 1999. Intéressante convergence.

 

Os court : « Ton corps est tatoué. » A. Breffort

 

 

Lettre d'Expression médicale n°124

Hebdomadaire électronique francophone de santé - 29 oct 1999

Comité éditorial : Pr Jean-Paul Escande (Paris-Cochin), Paul Fabra (Paris), Odile Marcel (Lyon III)

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Expérimentation

Dr François-Marie Michaut

Depuis son origine, le site d'Expression médicale tente des expérimentations d'utilisation des possibilités encore mal connues de l'Internet pour améliorer les soins médicaux. Les lecteurs de la LEM savent quelle importance est donnée ici à une analyse critique et novatrice des notions économiques auxquelles on prétend, dans le monde entier, soumettre la médecine, comme toutes les activités humaines. Cela a conduit, grâce au soutien de ceux qui nous ont fait confiance, à lancer une formation hebdomadaire sur papier. " D'un caducée à l'autre " , ( celui de Mercure face à celui d'Esculape ), est un exercice hebdomadaire de questionnement raisonné sur des notions que nous ignorons complètement au cours de nos études. Toutes les réformes imposées au corps médical, ici et ailleurs, le sont au nom d'intérêts ou de contraintes économiques toutes puissantes. Ceci ne peut être accepté sans une étude approfondie de la part de ceux qui travaillent à soigner le mieux possible les autres. Afin d'élargir l'audience de cette FMC ( formation médicale continue ) qui n'existe nulle part ailleurs, le mieux est d'en ouvrir l'accès aux Internautes . Venir juger sur pièces les quelques 30 premiers numéros déjà parus est désormais possible * . Et, comme cela existe dans la tradition de l'Internet depuis 30 ans, selon le principe du "freeware ", si le contenu convient au lecteur, et seulement si l'essai est satisfaisant, il est invité à s'abonner.

 

Pratiquons-nous la " déconstruction" à la Derrida ?

- Le philosophe français le plus connu, célébré, enseigné et traduit dans 40 langues, serait Jacques Derrida ( Figaro magazine du 16 octobre 1999 p. 58 à 64 ). Son message central serait celui de la nécessité de la " déconstruction" qui consiste à " défaire, à désédimenter, décomposer, déconstituer des sédiments, des présuppositions, des institutions " . " Il ne s'agit pas de détruire quoi que ce soit : seulement, et par fidélité, d'essayer de penser comment tout cela est arrivé, comment s'est fait quelque chose qui n'est pas naturel : une culture, une institution, une tradition ". La LEM, et tout le site d'Expression médicale, semble bien, sans l'avoir voulu, suivre la même ligne exigente de déconstruction . Et, même si la voie est ardue, l'exercice de " déconstruction" de nos notions économiques n'est pas moins ambitieuse que celle de la métamédecine. Voila qui donne envie de lire Derrida. Odile Marcel, notre philosophe du comité éditorial a probablement un avis éclairé sur la question.

 

Un peu de détente avec " Les Cyborgs "

- Chaque semaine l'Os court tente de détendre le ton parfois bien sérieux des propos de la LEM. Si vous êtes amateur de fantastique, de science-fiction ou de conte philosophique, le site d'Expression médicale vous convie à venir vous détendre avec " Les Cyborgs ", oeuvre majeure inédite d'Alex T. Morbius dont nous avons commencé la publication avec l'aimable autorisation de l'auteur à http://www.gessie.m.fr/exmed/cy1.html . A vos souris, et dites-nous ce que vous en pensez, nous transmettrons à M. Morbius !

 

L'avenir de l'Internet dit de santé

- La technique d'intercommunication est au point, les machines bien rodées, les professionnels des soins de santé équipés, dit-on, à 80% en France, les grands groupes financiers comme Vivendi aux aguets pour s'emparer de ce créneau. Alors qu'est-ce qui manque le plus, et qui est donc le plus précieux ? Tout simplement le contenu, la qualité des sites proposés. L'avenir de l'Internet, comme celui de l'imprimerie, n'est lié qu'à une question de contenu. Gutemberg eut la chance d'avoir la Bible, le plus grand best-seller de l'édition. La Toile, elle, dispose de ses Internautes, et ... du pouvoir absolu de leur esprit critique, pour faire le ménage dans ce qui est et sera proposé. De nouveaux talents se manifestent déjà, et d'autres surgiront si nous sommes capables de maintenir l'existence de créateurs indépendants sur la Toile.

 

Os court : « Un psy qui s'analyserait pratiquerait une autopsy. »

Cath Hoche

 

 

Lettre d'Expression médicale n°125

Hebdomadaire électronique francophone de santé - 5 nov. 1999

Comité éditorial : Pr Jean-Paul Escande (Paris-Cochin), Paul Fabra (Paris), Odile Marcel (Lyon III)

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Moins de candidats médecins

Harold Burnham ( MD)°

Dans son numéro du mois d'octobre 1999, l'AAFP (American Academy of Family Physicians) de New York, présente le résumé d'une étude publiée dans l'édition du 3 septembre du JAMA, à propos de la baisse significative des candidats à l'entrée dans les écoles de médecine aux États-Unis. 1998 a été la troisième année consécutive de baisse. Il y a eu 46968 candidats en 1996 pour les 16200 places des 125 écoles de médecine. En 1998 le nombre a baissé de 12% avec 41004 candidats. Malgré l'absence des chiffres pour 1999, les chercheurs ont évalué une diminution d'au moins 2000 candidats, donc seulement 39000 candidats entre mai 1998 et mai 1999. Le total des candidats médecin a chu de 13% depuis 1996, malgré le recrutement "agressif " effectué par les écoles de médecine. Que se passe-t-il donc ? Dans cette étude aucune explication ni aucune hypothèse, n'est fournie des raisons de cette désaffection.

Les médecins de North Shore University Hospital ,où j'enseigne, avec lesquels j'en ai parlé pensent que ces chiffres reflètent les premiers dégâts entraînés par les effets nocifs des HMO's. Ils pensent, m'ont-ils dit, que les meilleurs candidats cherchent plutôt d'autres débouchés professionnels ailleurs . En tout cas, si nous pouvons extrapoler les chiffres présentés, il y a un changement net dans l'avenir de la médecine aux États-Unis. Les autres pays suivront-ils la même voie ?

Le nez dans le guidon

- L'immersion quotidienne dans le domaine de la maladie, celle qu'on craint, celle dont on souffre ou celle qu'on soigne du mieux possible, rend un peu myope. Il est difficile de percevoir à travers ce prisme déformant comment nos sociétés dans leur ensemble vivent, changent et évoluent peu à peu. Des armées d'experts, de chercheurs de tout genre animent de multiples observatoires ... tous très fortement spécialisés dans un champ bien défini d'investigation. Mais l'ensemble de la société, vaste organisme doué d'une vie propre, avec une naissance, une croissance, des accidents de parcours et une mort, comment le percevoir dans son ensemble ? Autrement dit, comment évoluent les mentalités au fil du temps ? Cette question est d'un grand intérêt pour les médecins, car la maladie est toujours fortement corrélée aux modes de vie des hommes, et à ce qu'ils ont dans la tête. Bernard Cathelat, qui dirige le CCA ( centre de communication avancée ) , vient de publier les résultats de sa dernière enquête ( Psychologies, oct 1999,p 30,33 ).

 

« Aide-toi, sinon personne ne t'aideras »

- La crise et la grande déprime collective des années 80, suivie du retrait passif et autoprotecteur des dernières années, seraient derrière nous. Il en reste, dit l'auteur, une grande méfiance à l'égard des systèmes et des institutions censées régler nos problèmes personnels à notre place.

Curieusement, et l'initiative même de la LEM n'échappe probablement pas à ce mouvement général des idées, une attitude volontariste se fait de plus en plus jour. Il est résumé par la formule « aide-toi, sinon personne ne t'aideras ».

 

S'armer pour survivre

- L'hypothèse que la société dans laquelle on vit, celle qui a vécu sans la voir venir la chute du mur de Berlin, est fragile non seulement n'est pas écartée, mais elle ne fait plus peur. Que chez nos voisins helvètes, qui ont inventé la démocratie bien avant tous les autres, le taux d'abstention se soit élevé à 60% du corps électoral est beaucoup plus significatif que le score des plus relatifs obtenu par un médiocre candidat populiste et xénophobe. Oui, nos institutions, toutes nos institutions sont des colosses aux pieds d'argile, nous en avons de plus en plus clairement conscience. Mais nous avons aussi de plus en plus ancré en nous l'idée que nous y survivrons, et qu'il nous faut inventer les moyens d'assurer cette survie dans les meilleures conditions possible.

 

Os court : « La fantaisie se rencontre rarement chez ceux qui en auraient le plus besoin. » Sacha Guitry