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Lettre d'Expression médicale n°126

Hebdomadaire électronique francophone de santé - 10 nov 1999

Comité éditorial : Pr Jean-Paul Escande (Paris-Cochin), Paul Fabra (Paris), Odile Marcel (Lyon III)

Directeur François-Marie Michaut (MD), 4 bis rue Saint Michel, 17000 la Rochelle (France).

Téléphone, répondeur, télécopieur : + (33) 5 46 27 01 98
Consultation des archives de la LEM
La révolte gronde

Dr François-Marie Michaut

Une consultation éclair des correspondants internautes de la LEM a été organisée . La question était ainsi formulée : « Le parlement français a voté le 3 novembre 1999 une loi présentée par Martine Aubry sur le financement de l'assurance maladie. Chaque médecin a désormais l'obligation de faire figurer sur le formulaire de prescription de l'arrêt de travail la justification médicale. Êtes-vous, oui ou non, d'accord avec cette disposition ? ». En quelques heures, miracle du courrier électronique et de la vitesse de circulation des informations les réponses affluent. Un premier pointage portant sur les 200 premières réponses est éloquent.

94,5% des internautes sont opposés à une telle obligation et 4,5% y sont favorables. L'une des surprises est la participation massive de nos amis belges , espagnols et américains, qui encouragent souvent vivement dans leurs messages les médecins français à faire respecter de façon absolue le secret médical. Le problème soulevé n'est donc pas uniquement franco-français. Il va sans dire que ce " web-sondage " n'obéit pas aux règles rigoureuses de la science statistique. Il concerne aussi indistinctement un public de médecins et de non-médecins. Aucun doute raisonnable ne demeure possible pour nos élus nationaux et professionnels. Cette loi choque profondément la conscience et l'éthique professionnelle d'une majorité d'entre nous. L'exemple chilien (cf infra) est-il inexportable au pays qui se dit si fièrement celui " des droits de l'homme " ?

 

Le secret professionnel

- Que n'en dit-on pas, de ce devoir de discrétion, expressément imposé par le serment d'Hippocrate. Pour les uns, c'est une commode justification à opposer à tous ceux qui montrent un peu de curiosité à l'égard de leur médecin. Une façon que cultiveraient les médecins d'entretenir une atmosphère de mystère pour valoriser facilement ce qui touche à leur art. Si on fait l'effort de pousser un peu la réflexion, par exemple comme l'a fait Odile Marcel pour aller au delà de la technoscience tonitruante de la médecine (*), le rôle fondamental du médecin est de tout faire pour aider le patient à trouver en lui ses propres forces d'autoguérison. La confiance indispensable, le " restaurer la confiance " que Jacques Blais a imposé dès les premiers numéros de la LEM, ne peuvent être là que si le médecin est intraitable sur le secret de ce qui se passe entre lui et son patient. Dans une société où la liberté de chaque individu fond comme neige au soleil ( notamment avec les nouvelles technologies ), le médecin reste l'un des derniers personnages, avec l'avocat, à être toujours systématiquement du côté de l'homme, de la personne. Messieurs nos députés l'ignoreraient-ils ?

(*) http://www.exmed.org/exmed/ann.html

 

Paradoxe légal

- Si la loi est bien toujours la loi, comment va pouvoir faire le médecin français ? Son code de déontologie lui impose, comme le Code Civil, un respect absolu du secret professionnel. Il est même prévu que le praticien doit s'assurer par lui-même que les moyens de le protéger sont efficaces. Les médecins de la fédération des utilisateurs de logiciels médicaux ( Fulmedico) ont ainsi soulevé la possibilité d'introduire des programmes informatiques espions qui pourraient s'introduire, à leur insu dans les ordinateurs des praticiens. La réponse outrée des responsables n'a pas réussi à les rassurer. Ils veillent activement.

Les médecins chiliens sont en guerre ouverte

- Au Chili, le collège des médecins est entré en guerre ouverte contre les autorités du pays, nous apprend notre correspondant helvétique Max Klohn. Démissions et grèves dures s'enchainent, avec par endroit 95% de participation. Les médecins étant partout des médecins dans le monde, et se heurtant aux mêmes problèmes, le risque de contagion n'est-il pas devenu considérable ? Est-ce, étrange et ironique bégaiement de l'histoire, le premier acte d'une Internationale des médecins ?

 

Os court : « Quand l'ego meurt, les gros muent. » C.G. Marthe

La LEM est là pour votre expression, écrivez-nous.

Notre formation D'un caducée à l'autre, une économie pour une pratique plus saine de la médecine

Renseignements

© Dr F-M Michaut - Expression médicale 1999

 

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Lettre d'Expression médicale n°127

Hebdomadaire électronique francophone de santé - 17 nov 1999

Comité éditorial : Pr Jean-Paul Escande (Paris-Cochin), Paul Fabra (Paris), Odile Marcel (Lyon III)

Directeur François-Marie Michaut (MD), 4 bis rue Saint Michel, 17000 la Rochelle (France).

Téléphone, répondeur, télécopieur : + (33) 5 46 27 01 98
Consultation des archives de la LEM
L'humain d'abord , human first

Dr François-Marie Michaut

Sauf erreur de parallaxe qui menace tout guetteur des mouvements d'idées, il se passe quelque chose d'important dans le monde. L'expression médicale, dont la pauvreté a entraîné l'initiative de la LEM en 1997, prend des formes de plus en plus évidentes à qui veut bien ouvrir les yeux. Enfin, les médecins osent s'exprimer publiquement à quelques jours de la conférence de Seattle de l'Organisation Mondiale du Commerce, qui, à grand tapage médiatique, va décider de faire une razzia sur les masses d'argent liées au secteur des soins de santé en Europe de l'Ouest au nom de la loi des marchés. Comme ce fut déjà le cas au cours du siècle agonisant, la lueur vient principalement, et paradoxalement, du continent américain ( cf infra ). Dans la vieille Europe, à la remarquable exception de l'appel direct au public féminin des professeurs helvétiques de gynécologie ( LEM 101 ) et au sondage sur l'acceptabilité de la loi française imposant aux praticiens de faire figurer le diagnostic sur l'arrêt de travail pour maladie, nous sommes encore en retard. Pourtant, tout peut aller très vite avec l'Internet pour qui prend conscience qu'il ne reste que deux professions dont la seule mission est de défendre les individus : celle des médecins ( et soignants ) et celle des avocats. Tous, sans distinction entre libéraux et salarié, n'obeïssons-nous pas à un seul mot d'ordre : l'humain d'abord ? N'est-il pas possible de poser partout et toujours cette revendication fondatrice : " Human first " ?

Cheval de Troie très américain contre les décisions administratives des HMO's en matière de soins

- « Le journal de la Société Médicale de l'État de New York, "News of New York", de novembre 1999, publie un guide de trois pages entières pour les patients. Comment intenter un procès contre une HMO devant la justice de l'État de New York ? Et gagner jusqu'à 3 000 dollars pour chaque décision de refus de la part de la HMO. Cet article comprend des tuyaux pour gagner à la cour et ce dont on a besoin pour prouver son cas, les documents nécessaires, et les témoins souhaitables. Ce véritable guide a été préparé, comme un service public, par des avocats spécialisés dans les cas de refus de remboursement des compagnies d' assurance » . Harold Burham MD. La synergie d'action entre avocats et médecins est déjà à l'oeuvre. Pour les français, remplacer simplement HMO par Sécurité Sociale .

 

Implacable, le sondage de la LEM .

- Sur 240 réponses obtenues, 12% des personnes sont d'accord pour que soit indiqué le diagnostic sur l'arrêt de travail prévu en France. Si 4% sont sans opinion, 84% sont opposés à cette obligation. Tout commentaire est superflu, la guerre est ouverte ici aussi quand on foule aux pieds l'humain d'abord. Et ce ne sont pas les syndicats, l'Ordre ou les campagnes de presse qui ont pu susciter un mouvement d'opinion aussi massif ! 14 juillet 1789, journal de Louis XVI : Rien ...

 

Au Chili, c'est la grève dure

- « 5000 médecins hospitaliers démissionnaires sur 8000, 8 000 médecins en grève ( 98% selon le syndicat, 85% selon le ministère ), 182 établissements de soins paralysés, 7 centres de diagnostic thérapeutique, de référence de santé et gériatriques sans médecins, 14 hôpitaux délégués paralysés, 38 000 consultations médicales suspendues, 2 500 interventions chirurgicales reportées, 85 600 examens de laboratoire suspendus, 8 000 examens d'imagerie médicale suspendus » Chiffres recueillis sur place de différentes sources locales par Max Klohn. Pourquoi cette grève dure, premier échec du gouvernement en place ? Tous les médecins libéraux et hospitaliers estiment que pour avoir une médecine de qualité pour les hommes, ceux qui travaillent dans le secteur public doivent être bien payés pour éviter leur fuite dans le privé. Et si, au moment où le syndicalisme médical français est si encalminé des esprits audacieux envisageaient la transposition d'une idée aussi lumineuse sous d'autres cieux ? A very " Human first " idea, no ?

 

Os court : « Un général doit être charlatan. » Napoléon

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Lettre d'Expression médicale n°128

Hebdomadaire électronique francophone de santé - 25 nov 1999

Comité éditorial : Pr Jean-Paul Escande (Paris-Cochin), Paul Fabra (Paris), Odile Marcel (Lyon III)

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Je quitte le navire pénitentiaire

Dr Philippe Deharvengt

Vous l'avez compris , chers lecteurs de la LEM, cette fois, je quitte définitivement le navire . Quand cela ? Je ne le sais pas encore. J''ai adressé un pré-avis à mes deux "employeurs", en prenant de moi-même l'engagement de ne pas laisser vacants les deux postes que j'assure . Donc, pour le moment , c'est le statu quo , les candidats ne sont pas légion chez les confrères.

Quelles sont mes raisons ? Après quinze ans de fonctions assidues, je ne supporte plus la dérive incontrôlée de la population pénale ; la montée du climat de violence, la multiplication des agressions verbales , des attitudes arrogantes et irrévérencieuses de la part de détenus de plus-en-plus psychologiquement déstructurés et intellectuellement crétinisés . Je ne peux plus supporter l'incapacité de ces jeunes à accepter la moindre forme d'autorité , la moindre idée de discipline , la moindre envie de s'adapter à toute tentative d'intégration . Je ne supporte plus la dérive intégriste , le rejet haineux des civilisations occidentales. Je ne sup- porte plus l'arrivée massive de toxicomanes exigeant la satisfaction immédiate de leurs moindres désirs , sans conditions ni compensations , ce qui rend utopique tout projet thérapeutique , tout programme de sevrage . Nos structures carcérales ne sont pas faites pour ce nouveau type de détenus. Tout se passe comme si les murs de nos prisons n'étaient plus en état de résister à cette déferlante anarcho-fanatico-narcotique .

Le refus du self-service gratuit est trop fort

- « Très réellement, je ne peux plus supporter d'assumer, par exemple en cet après-midi de samedi, douze ou quatorze patients non payants. Trois par absence de moyens, et neuf ou dix par par assistanat de cartes-santé du Revenu Minimum d'Insertion, avec lesquelles ils vont trafiquer, surconsommer de manière hallucinante , se faire un commerce de revente, et consulter uniquement pour s'occuper, en touristes de la santé gratuite... Sans parler de ce que représente une horde de manouches hurlants, puants, méprisants, envahissant les salles d'attente du cabinet et repartant en ayant piqué les jouets de salle d'attente ( bientôt Noël ), la réserve de papier-toilettes, des piles ou des stylos-billes dans mon bureau pendant que le "gadjo" que je suis examine le petit frère. Je ne peux tout simplement plus. La passion reste totale, pour la vraie médecine, la formation, l'enseignement, l'expression multiple. Mais le refus du self-service gratuit est trop fort ». Courrier reçu du Docteur Jacques Blais, médecin généraliste en banlieue parisienne. Encore un aspect, hélas habituel, d'une expression médicale qui n'a droit de cité nulle part. Réduire des professionnels au désespoir, comment cela se nomme-t-il ? Que devient alors la qualité des soins ? Qui est responsable d'une telle dérive, finalement ruineuse pour tous ?

Les médecins savent mentir pour mieux soigner leurs patients

- « Selon son auteur, l'étude publiée le mois dernier dans "Archives of Internal Medicine" révèle que les médecins acceptent d'utiliser le mensonge afin d'obtenir des droits pour les assurances en faveur de leur patient. Cela révèle un problème encore plus important de notre société, affirme-t-il . Daniel Sulmasy, M.D., PhD., directeur des programmes éthiques à St. Vincent's Hospital et au Collège de Médecine de New York, dit que les médecins veulent bien accepter la dissimulation comme un moyen d'obtenir les soins médicaux pour leurs patients. Il cite deux autres études récentes qui confirment le fait que des médecins ont avoué avoir menti, afin de mettre en oeuvre les soins médicaux nécessaires. Parmi les médecins contactés dans un sondage récent de Kaiser Family Foundation/Harvard University School of Public Health, 48% ont admis d'avoir exagéré la gravité des symptômes, au cours des deux dernières années ». Harold Burnham, M.D., correspondant de la LEM aux USA. Le "mensonge thérapeutique", que voilà une notion qui en dit long sur la rigidité inhumaine des réglementations dans le secteur des soins de santé. Et la nécessité déontologique pour des médecins respectueux de leur profession de savoir, parfois, transgresser les lois et règlements. Si on en parlait plus ouvertement ?

Os court : « Une hirondelle vole un boeuf, qui vole un oeuf ne fait pas le printemps. » Cath Hoche

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Lettre d'Expression médicale n°129

Hebdomadaire électronique francophone de santé - 1 déc. 1999

Comité éditorial : Pr Jean-Paul Escande (Paris-Cochin), Paul Fabra (Paris), Odile Marcel (Lyon III)

Directeur François-Marie Michaut (MD), 4 bis rue Saint Michel, 17000 la Rochelle (France).

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Le groupe Havas attaque

Dr François-Marie Michaut

Au risque de lasser leur patience, nos lecteurs sont ici régulièrement alertés de l'importance considérable de l'emprise des réalités économiques sur les soins de santé. Par coquetterie, les médecins se sont longtemps abrités derrière un commode : La santé n'a pas de prix . Pourtant, le marché financier que représentent les soins médicaux dans nos pays riches est gigantesque. Comment alors s'étonner que la conférence de Seattle ait mis dans ses objectifs prioritaires l'ouverture de ce gisement de profit en tête de ses priorités de commerce mondial pour l'Europe occidentale ( LEM 109) ? Praticiens et patients voient encore cela comme une lointaine échéance, une sorte de catastrophisme fin de siècle . De grâce, ouvrons les yeux. Le très gros groupe financier multinational Havas vient de racheter des grands noms de la presse médicale française comme le Quotidien du Médecin et le Généraliste, les éditions Masson, Vidal etc... Plus inquiétant encore, le même Havas ouvre le plus grand Site de santé français sur l'Internet, avec des moyens considérables, et l'ambition affichée de contraindre les médecins à utiliser les services proposés par ce gigantesque " portail ". Chacun d'entre nous, citoyen ou professionnel de la santé est placé devant un choix où il vaut mieux ne pas se tromper, pour nous et pour nos enfants. Faut-il accepter de confier sa vie à une telle machine calculée uniquement pour réaliser le maximum de profits sur les soins de santé ?

« Médecine, capital et profit »

- Tel est le programme de D'un caducée à l'autre n°35 , qui poursuit sa publication hebdomadaire sur ce site pour " une pratique plus saine de la médecine ... par une conception renouvelée de l'économie ". Qu'y dit-on ? Des choses aussi simples que méconnues des milieux médicaux. Par exemple qu'il n'y a pas d'indépendance médicale sans indépendance économique ... " Il est impossible de reconquérir la liberté de soigner , et d'être soigné, avec des médecins qui sont trop nombreux à ignorer ce que capital et profit sont au juste et à quoi ça sert. En général et dans leur cas. C'est une loi de l'économie des soins médicaux ". Le propos est parfois austère, mais il n'y a guère d'alternative pour penser plus sainement ce que nous imposent intellectuellement les tenants de " la loi des marchés " applicable à toutes les activités humaines, dont celles des soins médicaux. L'apprentissage de la pharmacologie pour les carabins, personne n'en conteste la nécessité ... et l'attrait des plus modéré.

 

20 357 pages consultées par jour

- Tel est le score global minimal de fréquentation de 15 sites Internet de santé adhérant à Médecins Maître Toile. MMT, à la suite de sa deuxième réunion à Paris le mois dernier, a ouvert un Site à http://mmt.free.fr . Les Internautes y trouvent un index qui leur permet de se retrouver facilement dans ces sites de santé, une présentation du club et de ses 29 membres, ainsi qu'un anneau qui permet de surfer de site en site. Il est également possible de l'utiliser à partir de la page sommaire d'Expression médicale . Le club de nos partenaires favoris est conscient qu'il doit être encore mieux connu du public, en particulier médical. C'est pourquoi, un CDrom de nos sites médicaux indépendants, en association avec la fédération des utilisateurs de logiciels médicaux et communiquants ( Fulmedico) , destiné à être envoyé aux médecins, est actuellement en projet de réalisation.

Le vrai pouvoir des Internautes des sites médicaux

- Quels que soient les moyens matériels de ceux qui investissent massivement dans le Net de santé, avec pour seul objectif clairement formulé de réaliser le maximum de profits financiers selon le modèle proposé par l'Organisation Mondiale du Commerce en ce moment à Seattle, l'avenir va se jouer sur un autre terrain. Si les moyens technologiques d'intercommunication semblent sans limites, la marchandise la plus rare est et restera celle du contenu. Et, de cela, seuls les Internautes décideront au bout du compte, en toute souveraineté.

 

Os court : « Je ne connais qu'un cas d'amour total, celui qu'on se porte à soi-même. » Mark Twain ©

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Lettre d'Expression médicale n°130

Hebdomadaire électronique francophone de santé - 8 déc. 1999

Comité éditorial : Pr Jean-Paul Escande (Paris-Cochin), Paul Fabra (Paris), Odile Marcel (Lyon III)

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Juppé/OGM, même méthode

Dr François-Marie Michaut

En France, le premier ministre Alain Juppé impose en 1996 à la Nation et au corps médical un plan destiné à sauver l'assurance-maladie du désastre financier. Le moyen utilisé est celui dit d'ordonnances, procédure qui permet de ne pas soumettre cette décision autoritaire au vote du Parlement. Trois ans après, les dispositions prévues par ce plan élaboré par des " experts", sans la moindre concertation préalable avec les patients et les médecins, sont restées lettre morte. Le corps médical demeure, dans sa majorité, profondément choqué par la façon inhumaine dont il a été traité. Il y a seulement quelques jours, à Seattle, la signature de l'accord de 135 pays sur les modalités de l'organisation du commerce mondial par l'OMC échoue elle-aussi.

Les pronostics sur les chances de réussite de ces deux plans, le français d'hier et le mondial du jour, ont été très optimistes, si l'on en croit un grand nombre d'extraits de presse. Tout semblait parfaitement calculé, prévu, huilé, comme une mécanique de précision par les spécialistes. C'était tellement bien présenté, dans les deux cas ! Comme la seule façon possible de régler nos problèmes. Il semblait difficile, voire impossible, de s'y opposer avec quelque chance de succès. C'est cependant bien ce qui s'est passé dans les deux cas. L'humain chassé de nos sphères dirigeantes pour améliorer l'efficacité revient au galop là où on ne l'attendait plus. Voilà comment l'individuel casse parfois le systémique !

Les médecins libéraux sont soumis à un harcèlement moral

- Après avoir consulté notre page web sur le harcèlement moral, le Docteur Pierre Lechien livre à la lem cette analyse terrible :

« On peut considérer qu'actuellement tous les médecins ayant une activité libérale sont soumis a un harcèlement moral » . Et les hospitaliers et les salariés aussi, est-on bien tenté d'ajouter.

 

Opposants et opposants à la marchandisation généralisée

- Le public médical américain ne semble pas du tout se préoccuper du fait que les soins de santé fassent partie du premier objectif de conquête par l'Organisation Mondiale du Commerce ( Harold Burnham). Faire des soins un service comme les autres, soumis au seul impératif de la réalisation du maximum de profit, devrait faire réfléchir. Le fait que les tenants très puissants du maintien actuel du ( non ) système commercial international soient massivement et discrètement intervenus pour faire échouer l'OGM ( y compris en télécommandant une répression policière disproportionnée) ne devrait pas être oublié. Il y a toujours opposants et opposants.

 

Breveter le patrimoine génétique humain

- La course est ouverte. Partout, et en particulier aux USA, des demandes de brevet affluent, dès qu'une séquence est décryptée sur un chromosome humain. On ne sait pas encore à quel mécanisme elle peut bien correspondre ? Qu'importe, on tente de déposer un brevet ... au cas où l'un des médicaments géniques éventuels de l'avenir seraient amenés à l'utiliser. Cela ressemble à ces personnes dont l'occupation est de déposer le plus grand nombre possible de noms de marque de médicaments. Et à faire valoir ensuite ses droits d'auteur dès que l'occasion favorable se présente.

Confiscation du corps et respect moral de l'entourage

- Malheur au français qui n'a pas pris la précaution de s'y opposer de son vivant. Dès qu'il a rendu son dernier souffle, son corps peut être librement utilisé par les médecins comme une banale réserve d'organes à greffer. Quelles peuvent être les conséquences psychologiques d'un tel acte sur les proches ? On ne semble guère s'en préoccuper plus que dans les cas de crémation ... dont la mode croît pour de simples raisons de prix de revient . Les médecins en ont déjà une solide expérience, eux qui en constatent les effets destructeurs. Il suffirait simplement de les interroger pour le savoir. Chut, le silence règne.

 

Os court : « Il vaut mieux avoir des pieds au corps que des cors au pied . » Cath Hoche


 

Lettre d'Expression médicale n°131

Hebdomadaire électronique francophone de santé -15 déc. 1999

Comité éditorial : Pr Jean-Paul Escande (Paris-Cochin), Paul Fabra (Paris), Odile Marcel (Lyon III)

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La voie royale du charlatanisme

Dr François-Marie Michaut

Décidemment les enjeux à court terme de l'Internet de santé sont considérables. L'offensive des plus grands groupes, comme Vivendi ( cf LEM 129 ) ou France Télécom, auprès des médecins se précise, comme en témoignent de pleines pages de publicité dans les revues médicales pour allécher les professionnels. Ce n'est cependant qu'une première étape. La seconde cible visée par les géants financiers du Net de santé sera le grand public. Enorme vitrine publicitaire et boutique sans précédent existant pour convaincre les citoyens d'acheter, bien sûr à leurs propres frais, tous les services et produits possibles. Le risque de voire fleurir comme jamais cela n'a existé les offres merveilleuses des charlatans de tout poil est pour demain. La dérive de la médecine vers le charlatanisme a déjà été stigmatisée par Escande (*). Hélas en vain. Personne n'a pris le relais. La profession médicale n'a pas plus bougé que la communauté universitaire devant cette menace bien réelle pour la santé des citoyens. L'Internet qui permet de mettre en place un tel système juteux d'exploitation de la crédulité publique , peut aussi en être le salutaire contre-pouvoir. La force d'expression de ceux qui n'acceptent pas la dictature d'une pensée médicale unique va se révéler indispensable. Une communauté virtuelle de "résistants" se constitue, car au bout du compte, ce seront encore les seuls internautes qui , par leur arbitrage, auront le dernier mot face au charlatanisme.

(*) " Médecin, relève-toi " 1998 A.Michel

Le Docteur Jocelyne Pinon est décédée

- Peut-être les lecteurs ne le savent-ils pas, la participation du Dr Pinon au développement de la LEM a été de la plus haute importance . Tout simplement parce que sa double position de médecin, de psychiatre et de psychothérapeute et de malade d'une maladie terrible est au coeur même du principe de dialogue vrai sur les questions de santé que nous recherchons ici ensemble. Tout simplement parce qu'elle a eu le courage hors du commun de vouloir continuer à obéir au Serment d'Hippocrate quand elle est passée du côté des " patients". Tout simplement parce qu'elle a eu le talent de soulever de graves problèmes humains et thérapeutiques que la pensée médicale en cours n'a guère le courage d'aborder ouvertement. Alors, par hommage pour elle, on peut lire, ou relire, et diffuser aussi largement que possible, le texte exceptionnel qu'elle a confié à l'Internet pour que son effort d'expression médicale ne meure pas, aide les autres, soignants et soignés . http://www.exmed.org/exmed/pinon.html

 

La couardise politique sait utiliser la science

- Le différent franco-britannique sur le risque d'encéphalite du type Kreutzfeld Jacob après consommation humaine de viande bovine exposée à l'encéphalite bovine spongiforme bat son plein. Il est bien évident que si on pose à un scientifique une question du genre : « Pouvez-vous m'affirmer qu'il n'y a absolument aucun risque de transmission humaine de prions ? » , la réponse est « Non ». Si les hommes politiques ont en mémoire l'affaire française dite du sang contaminé par le virus HIV et ses suites juridiques encore en cours, comment un tel cousinage ne peut pas les influencer ? Cette préoccupation tout à fait personnelle de chaque décideur n'est pas illégitime en soi. Là où les médecins peuvent commencer à grincer des dents, c'est quand ils entendent enrober ce refus de prise de risque sous l'emballage généreux de la noble cause de la santé publique. Flou artistique des dénominations en cours.Comme s'il pouvait y avoir une santé publique différente de la santé de chaque personne ! Que des centaines de tonnes de plombs de chasse soient balancés dans la nature, parfois dans des ball-trap sur des marais littoraux où sont élevées des huîtres, ne trouble en apparence personne. Du moment que le plomb n'a pas encore contaminé les nappes phréatiques, on ne bouge pas. Quand on pense que certains historiens soutiennent la thèse que l'Empire romain aurait disparu par les dégâts neurologiques d'un saturnisme des populations ... causé par les peintures au plomb des poteries alimentaires, il y a de quoi s'interroger sérieusement ... sur notre sérieux scientifique !

 

Os court : « S'il n'y a pas de solution, c'est qu'il n'y a pas de problème. » devise Shadok


 

Lettre d'Expression médicale n°132

Hebdomadaire électronique francophone de santé - 21 déc. 1999

Comité éditorial : Pr Jean-Paul Escande (Paris-Cochin), Paul Fabra (Paris), Odile Marcel (Lyon III)

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Consultation des archives de la LEM

 Un peu de silence

Dr François-Marie Michaut

Le prochain numéro de la LEM paraîtra le 12 janvier 1999. Juste pour nous le temps de ne pas participer à de grandioses réjouissances obligatoires pour fêter les 2000 ans d'âge ... de personne ne sait trop quoi. Car les historiens ne croient guère que Jésus de Nazareth soit né cette année là ! Donc, pas de fétichisme à la LEM des chiffres ronds , surtout quand ils sont si fortement occidentalo-centristes. Et puis, trêve aussi des inévitables bilans, palmarès et autres démonstrations prophétiques dont on nous abreuve jusqu'à plus soif et indigestion absolue.

Peut-être quand même, deux petits regrets pour l'action engagée ici avec l'aide active de nos amis et lecteurs. Sur la forme d'abord. C'est bien plutôt le pluriel que le singulier qu'il eût fallu choisir pour dénommer notre entreprise de communication réciproque. Expressions médicales aurait été plus juste que ce que peut laisser entendre notre lettre d'expression médicale. Comme s'il n'existait qu'une seule, unique et correcte expression des choses qui touchent à la santé ! Les contributions à la liste d'échange par courrier électronique, et leur variété, prouvent le contraire. Il n'y a pas de pensée médicale unique.

Notre second regret est plus important. Malgré tous nos efforts d'ouverture, la parole reste encore sur la LEM beaucoup trop médicale. Comme si , seuls les médecins avaient encore le droit de parler, et que les " profanes " ne pouvaient qu'écouter leur savante expression médicale.

La vie de la communauté virtuelle " LEM "

- Pour faciliter la diffusion de la LEM, dont la première mouture a été une simple lettre postale , puis télécopiée le site web a été ouvert. En complément, une version par courrier électronique a été proposée aux lecteurs au moyen d'un abonnement à la liste de diffusion de la LEM. Depuis quelques temps, les contributions à cette liste s'enrichissent de plus en plus en quantité comme en qualité. Leur variété rend impossible de les reprendre ici. Alors, avis aux amateurs, rejoignez notre communauté.

Pour ne pas laisser sans possibilité de participation active et directe les afficionados de la version web de la LEM, une zone d'appréciation et de dialogue vous est proposée. Pour ne pas être racistes, tout cela n'empêche nullement les contacts par courrier papier, fax et messages téléphoniques avec la rédaction.

 

Les aspects sanitaires des 35 heures de travail

- La France a décidé de faire passer la durée hebdomadaire du travail salarié de 39 heures à 35 heures. Environ 10% de diminution de temps travaillé peuvent-ils être acceptés par les employeurs en adoptant la même réduction de leur productivité ? Voila qui correspond peu à la concurrence internationale qui règne de plus en plus dans tous les secteurs d'activité. Pourtant, on nous dit que cette mesure va créer un grand nombre d'emplois, et donc diminuer le nombre des chômeurs. Dans une usine de fabrication du TGV, tous les ingénieurs sont mobilisés pour automatiser le plus possible la production. Ailleurs, la machine à café a toutes les chances de tomber en panne définitive. Les chronométreurs de tout poil vont traquer la moindre détente, le plus petit temps passé à ce qui humanise, cimente et fait l'agrément la vie au travail. Enfin, plus discrètement et plus gravement, le rôle des harcèleurs va être de plus en plus favorisé par les employeurs les moins scrupuleux. Cette violence perverse au quotidien dans le travail a des conséquences très sous-estimées sur la santé physique et psychique de près de la moitié des travailleurs ( Tim Field ). Notre page sur le harcèlement moral ( http://www.exmed.org/exmed/har.html ) devient de plus en plus nécessaire, avec l'adjonction récente de quelques conseils pratiques des plus utiles pour tous. Pour cela, une collaboration avec un site britannique spécifique s'est révèlée précieuse ... en attendant que le Parlement français modifie la loi pour que ce type d'agissement soit puni au même titre que les coups et blessures. Ce ne serait pas une mince conquête sociale pour le futur.

 

Os court : « L'aphrodisiaque est un accélérateur de parties cul » Cath Hoche

 

La LEM 132 paraîtra le 12 janvier 2000. Bonnes fêtes à tous !

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