| Suite 
              de l'oeuvre du Dr Serge Rattel PACOTILLE De pacotille, certes je suis,
 Ame de poète me poursuit,
 Sans pouvoir jamais étouffer
 La frustration d'être imparfait.
 Mes vers ne valent que par la rime,
 Pauvre souvent, jamais sublime.
 La pensée peine à s'afficher,
 Sur le papier, être accouchée.
 Que Polymnie, muse des poètes,
 Guide ma plume contant fleurette,
 Allègrement, sans balbutier.
 Bénis du ciel, vers pacotilles
 Muteront en mots qui scintillent,
 Léguant un message princier.
 PHILATAN LE GOÉLAND
 Journée d'été, on se prélasse
 Quand Philatan refait surface.
 Des mois que l'on ne s'était vu,
 Se revoir nous rendait ému.
 Appareillage pour pêcher,
 La barque déborde de filets.
 L'oiseau s'empresse de virevolter,
 Au bonheur de se retrouver.
 "Te souviens-tu, vieux camarade,
 De notre première algarade,
 Port de la Trinité sur mer,
 Au fond des quais, presque en rivière ?"
 Puis tout fringant, tout guilleret
 Frise l'insolence par des piqués,
 M'effleurant de ses grandes ailes,
 Caquetant comme une crécelle.
 "Les retrouvailles se fêtent, dit-il,
 Filons au nord de la presqu'île,
 Je pèche le plus beau des poissons,
 A toi le soin de la cuisson."
 Un festin, une vraie ripaille
 Comme savent en faire fieffées canailles.
 Homards, turbots noyés champagne,
 En route les bateaux en Espagne.
 Enfin, le retour tous les deux,
 L'un à la barre, lui dans les cieux,
 Heureux de cette journée bénie
 Des Dieux et nature réunis.Ces chers amis, un jour perdu,
 Quelle joie de retomber dessus.
 Immense plaisir de retrouver
 Ceux que le temps fait oublier.
 LE 
              CORMORAN A la relève des casiers
 De crabes, homards et crustacés,
 Une voix céleste, ennuagée
 D'un cormoran m'apostrophait :
 "Pêcheur ! halte à la concurrence,
 Ne prélève pas à ta convenance."
 "La traque du poisson m'agrée,
 Je m'y adonne sans excès.
 D'ailleurs, étant souvent bredouille,
 Philatan me surnomme niquedouille."
 Le cormoran clignant du chef
 Me claque le bec derechef,
 Proclamant fort et tout de go
 Qu'il est seigneur, maître des eaux :
 "Le goéland au visage pâle
 Manque d'envergure et la fiche mal.
 D'un costume blanc aime se parer
 Alors que seul le noir me sied.
 Sélects, nous séchons le plumage
 Sur un rocher, près du rivage.
 Autres ailés, bien moins coquets
 Sont poules mouillées et paltoquets..."
 Laisser dire, certes, pas calomnier !
 Hors de moi, je contre-attaquais :
 "Trop fracassant, un peu sévère,
 Très sentencieux à ta manière
 De voir les gens par la lorgnette
 D'un prétentieux qui conte sornettes."
 Sur ces paroles décisives,
 on arrêta les invectives,
 Partant chacun de son côté,
 Tous deux également courroucés.Certains humains font 
              prétention
 De régler tout par le sermon.
 Soyons avares de l'anathème,
 Abstenons-nous de tous blasphèmes.
 PHILATAN 
              ET BLACK  Aux cris perçants des goélands
 Répondent l'écho des croassements.
 Ce tintamarre assourdissant
 Signe le concert du monde vivant.
 C'est la lutte pour le territoire,
 L'instinct ancestral du terroir.
 Deux adversaires au temps présent,
 Black le corbeau et Philatan.
 En toile de fond, mer agitée,
 Ciel bleu de nuages clairsemés.
 Musique obsédante du vent
 Que rythme le ressac d'océan.
 La mer s'appauvrit en poissons,
 Conséquence d'intoxication
 Dévolue aux hommes de progrès,
 Fruit de l'élevage et des engrais.
 Le goéland devient terrien.
 Aux décharges, il emmène les siens
 Se paître des ordures humaines,
 Lutte pour survivre quelques semaines.
 Le corbeau chassé de ses terres
 Vient sur la digue, près de la mer,
 Quérir un peu du nécessaire,
 Un appétit à satisfaire.
 Puis tout compte fait, chacun chez soi.
 Plutôt que de vivre aux abois,
 Gagnons nos sites originels,
 Rien ne remplace le naturel.
 L'homme évolue contre nature
 En voulant plus de nourriture.
 Il détruit son environnement,
 Creuse sa tombe en peu de temps.
 Nul n'est poète en son pays,
 Ailleurs c'est mieux, on s'expatrie.
 Expérience faite, il est tentant
 De retrouver son nid d'antan.
 PHILATAN ET JACOTTE
 Amigo, hello ! amigo !
 Quel est donc ce couple d'oiseaux ?
 Une mouette et un goéland,
 Ma parole, sûr, c'est Philatan !"Pêcheur, 
              je vous présente Jacotte,
 Amie qui niche sur la côte,
 Pour qui j'ai le plus grand respect
 Nonobstant son infirmité".Comme on peut s'en apercevoir,
 Jacotte n'est pas un faire valoir.
 Sereine, philosophe, fataliste,
 Elle se présente unijambiste.Acquise ou même congénitale,
 Cette malformation fatale,
 Loin de la rendre handicapée
 Valorise bien sa destinée.Sa belle automaticité,
 Son élégante plasticité
 Déployée par voie aérienne,
 Compense la disgrâce terrienne.Sur mer, la patte dissimulée
 Ne l'entrave nullement pour nager.
 L'unique membre hautement musclé
 Réussit à la propulser.Mouette rieuse et sautillante,
 Nôtre Jacotte pétillante
 Exclut le déficit physique,
 En se rendant très sympathique.Elle vole, plane, pêche 
              et se repose,
 A l'importun, elle s'interpose.
 En protection dessous ses ailes,
 Au nid, abrite les natures frêles."Ami pêcheur, 
              si tu veux bien,
 Notre couple s'associe au tien.
 Ensemble, la mer écumerons
 Et le butin partagerons."L'amour traduit le riche désir
 De satisfaire pressant plaisir.
 De haute lignée naît l'amitié
 En tous points désintéressée.
 PHILATAN 
              ET LA MOUETTE PYGMÉE  A l'heure du stretching matinal,
 Le corps verse à l'horizontale
 Consciencieusement vers l'extension,
 Pour muscler en élongation.
 Lever de chef un peu surpris,
 Tête noire, col blanc et manteau gris,
 Mouette pygmée vient picorer
 A quelques mètres de mon nez :
 "Est-ce vous l'ami de Philatan ?"
 Question qui pour le moins surprend.
 "Je l'ai connu par la Jacotte,
 Dans la famille je fus leur hôte.
 Le temps sépare même ceux qui s'aiment,
 Un jour il fallut que je sème
 Pour récolter de quoi manger,
 D'où le départ pour l'étranger.
 Ici, je prends quelque vacances
 Dans l'attente d'une autre partance ;
 Je retrouve l'ambiance familiale,
 Le culte de l'amour filiale.
 C'est dans le cadre familier,
 Des mers, du sable et des rochers
 Que le vent a transmis l'écho
 De votre amour des animaux.
 L'instinct de vie habituel
 Confère prudence au naturel Et recommande grande attention
 Pour éviter la réclusion.
 Sur terre on vous a précédé
 Mais nous fûmes vite dépassées
 Par l'emploi de vils procédés
 Dont le summum s'appelle progrès.
 Vous volez bien plus haut que nous,
 En mer vous nous détruisez tout ;
 Le dragage stérilise les fonds,
 Source de mort pour les poissons.
 Il nous reste à crier famine
 Ou mettre en pratique la rapine.
 C'est ce que font mal éduqués,
 Certains des nôtres déboussolés.
 Ne pourriez-vous transmettre aux vôtres
 Le message du respect des autres,
 Des créatures dites inférieures
 Qui craignent vivre leur dernière heure."
 Puis elle partit d'un seul coup d'ailes,
 L'air ironique, contente d'elle,
 Me plantant là comme deux ronds de flan,
 Bonne leçon pour un croquant.
 PHILATAN 
              ET LE CONCILIABULE Sur le pont près de l'écoutille,
 Conciliabule de famille.
 Black face, Jacotte et Philatan,
 Mouette pygmée répondent présents.
 Au conseil de sécurité,
 Les membres devaient se rencontrer
 Pour résoudre le problème crucial
 De vivre en paix, c'est primordial.
 "Prenons exemple chez les humains
 Du parlement Européen :
 Décident de tout, ne manquent de rien,
 Ne tranchent jamais et se sentent bien.
 Remettre les choses à demain,
 Gagner du temps, c'est un moyen
 Commode, de pouvoir espérer
 Que les problèmes vont s'arranger.
 Au fier royaume des animaux,
 Nulle assemblée, pas de tripot.
 Le singe savant, le numéro,
 Une affaire d'homme : cirque Médrano.*
 Pas d'édiles, pas de subvention,
 On sut toujours garder raison.
 Tout un chacun est responsable
 D'une destinée bonne ou minable.
 La science déclare couramment
 Que les gênes et l'environnementSe révèlent 
              facteurs importants
 Mais sûrement pas prédominants.
 Tant que règne le monde animal
 Des hommes on ne se fiche pas mal.
 Fieffée conduite non exemplaire
 Ne peut en rien nous satisfaire."
 Après ces doctes réflexions,
 L'ensemble de notre quarteron
 Se dispersa. Les uns en mer,
 Black face vers l'intérieur des terres.Les hommes imbus de 
              leur personne
 Se couvrent de ridicule, en somme.
 "Plus on est de fous, plus on s'amuse"
 Mais tout fout le camp si on abuse.
 L'élu n'est pas au-dessus des lois
 République n'engendre pas Roi.
 Malheur à celui qui l'oublie,
 Tôt ou tard il sera démis !
 *cirque célèbre aujourd'hui disparu.
 
  
              HILATAN ET GYMNODINUM
 L'algue tueuse"gymnodinum",
 Récente découverte des hommes,
 Sème la panique chez les oiseaux.
 Foi de gazette ou de ragots,
 C'est le SIDA de gent ailée,
 La note sera sans doute salée.
 Pour l'animal et pour l'humain,
 Même origine, destin commun.
 Phytoplancton, faibles marées
 Chaleur torride et crustacés
 Créent les facteurs favorisants,
 Dernier bol d'air pour les mourants.
 Plusieurs sommités d'IFREMER ,
 En quelque sorte SAMU des mers,
 Étudient de près les sujets
 Contaminés, paralysés.
 L'épidémie partie de Brest
 Progressa vers le sud-ouest.
 Philatan dans son estuaire
 Reste épargné de la misère.
 Néanmoins, suivant le courrier
 En provenance de Noirmoutier,
 Un cher parent, cousin germain,
 Serait touché et mal en point.
 Poissons et tous invertébrés
 Sont désormais déconseillés.
 La crise surgit, on craint famine,
 Le littoral s'avère en ruine.
 Coquillages, crabes et cormorans
 S'associent dans un même élan
 A la prière des goélands,
 Envers le Dieu des océans.
 Persécutés, persécutants,
 Les pourchassés, les pourchassants
 Serrent les rangs, deviennent amis
 Face au danger, à l'ennemi.Aux hommes de magnifier l'exemple,
 Sécher les pleurs, aller au temple.
 Rechercher les causes du mal
 Dans l'union voulue optimale.
 LA 
              MOUETTE TRIDACTYLE Flanquées d'une marmaille indocile
 Pressées de gagner l'océan,
 Mesdames les mouettes tridactyles
 Viennent prendre congé de Philatan.
 Pressées de gagner l'océan.
 Sur la falaise toutes s'étalent,
 Mouettes légères comme des pétales,
 Jouets inspirés du grand large
 Flottent sur la brise et s'en déchargent.
 L'instinct grégaire des tridactyles
 Les fait nicher près de Belle-Ile,
 Dès l'annuelle reproduction
 Bien vite elles changent d'horizon.
 Au pôle elles trouvent la solitude
 Banquises bleutées, vieilles habitudes,
 Admirent l'aurore boréale
 Auréolant la mer glaciale.
 Elle écoutent le chant des baleines
 Mêlés aux cris des morses qui geignent,
 Affrontent la purée des embruns
 Avant d'entonner leur refrain :
 Un "kitiweek" clair et sonore
 Vif, entraînante voix de ténor,
 Cri de conquête, voire de défi
 De joie de vivre à l'infini.
 Saison froide où l'exactitude
 Gratifiante est béatitude.
 Une autre de prédilection
 Ou l'on retrouve gais compagnons.
 Comme la mouette tridactyle
 L'homme compte les saisons qui défilent,
 L'hiver la neige, l'été la mer ;
 Cherche refuge dans l'univers,
 En implore la sollicitude
 Pour oublier sa solitude.
 SECRET - Mon seul ami est mort.
 - Votre chat ?
 - Non Dieu !
 Paul Fort
 Au guet sur les marches du perré,
 Attend le très vieil Omalé
 Du pêcheur ami le retour,
 Petits poissons, bonheur du jour.Européen, tête tigrée
 Des grands yeux bleus, la queue zébrée ;
 D'un Siamois le gène narquois
 Du géniteur de bon aloi.Placide, l'ancien parmi les sages
 Adresse son ultime message
 Aux descendants, au tout venant.
 Décrypter le langage chat
 N'engage à bord que le Pacha*,
 Secret s'avère déterminant !
 *Commandant de bord dans la marine
 LE CHAT ET L'AUTOMOBILE
 (Version moderne de la chèvre de Monsieur SEGUIN)
 Au sein de la grande famille chat,
 Sourire béat, rondelet, gentil,
 Un jour naquit chaton Béta
 Que sa mère baptisa, ainsi.
 Jamais une mouche il ne goba.
 Hélas, personne vraiment ne sut,
 Si cela était à dessein
 Ou aux réflexes fort dépourvus.
 Qu'importe ! Béta allait son train,
 Jouissant d'un immense jardin
 Planté de diverses herbes à chat.
 Le félidé s'éprit soudain,
 D'un intérêt pour l'au-de-là
 Des frontières à lui allouées.
 Une grille sépare de la chaussée,
 Un terrain dangereux, miné,
 Le fief de chauffeurs survoltés.
 Un lieu de mort prédestiné
 Pour les chatons et chats bottés.
 Afin d'éviter l'infortune
 Qui rend les familles endeuillées,
 Notre chaton fut attaché.
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