Vive la France
                                 
                                
                            
                            
                              A mes enfants, j’ai dit : soyez fier de la 
                              France ;
                              Sur les cinq continents, on admire sa puissance.
                              Dans toutes les matières, en toutes circonstances,
                              Depuis deux millénaires, elle guide la connaissance.
                              France, terre des arts, des armes et des lois
                              Pays des Droits de l’Homme et du savoir gaulois,
                              Qui sur le globe entier a montré tes exploits.
                              Tu es la référence et tu indiques 
                              la voie.
                              J’ai appris à l’école 
                              qu’on était les meilleurs,
                              Que le génie français n’a pas 
                              d’égal ailleurs.
                              Formés dans l’hexagone, qu’ingénieurs 
                              et savants,
                              Artistes et philosophes marchaient toujours devant.
                              Que brandissant leur science ainsi qu’un étendard,
                              Ils éclairaient le monde, le guidant tel 
                              un phare.
                              
                              Construit à Taïwan mon réveil 
                              Hollandais,
                              Entonne sa sonnerie sur un air Irlandais.
                              Ce matin ma radio, qu’au Japon on fabrique, 
                              
                              Me servait pour musique un rap qui vient d’Afrique.
                              Je tourne le bouton, du Schubert trouve enfin,
                              Chanté par une Suissesse d’un orchestre 
                              Italien. 
                              Je « breakfast » de corn-flakes et d’un 
                              peu de soja,
                              D’une orange Espagnole avant l’arabica.
                              Je le verse dans mon bol qui est « made in 
                              China »
                              En le sucrant d’un miel produit au Canada.
                              Mon rasoir Coréen m’ayant fait la peau 
                              lisse,
                              Dans ma Renault Slovène, j’ouvre ma 
                              radio Suisse
                              Et tombe sur Monaco, où les Beattles trépignent.
                              Green-Peace, je m’en étonne, c’est 
                              un scandale indigne
                              N’a pas son siège chez nous ? Seraient-ils 
                              rancuniers,
                              Ceux du Rainbow-Warrior pourtant bien amnistiés 
                              ?
                              A mes enfants, j’ai dit : soyez fier de la 
                              France ;
                              Sur les cinq continents, on admire sa puissance.
                              
                              Depuis la tour Eiffel jusqu’au canal de Suez,
                              Airbus ou TGV, on vit la touche française.
                              De Clovis à De Gaulle, de Sully à 
                              … Mitterrand,
                              Avec Napoléon, la France montrait son rang.
                              Les Maurras, les Jaurès, les Barrès, 
                              les Briand,
                              Par leurs belles envolées, brillèrent 
                              tels des géants,
                              Comme le firent avant eux Bossuet ou Talleyrand
                              Richelieu, Mirabeau, Thiers ou Chateaubriand.
                              De Bizet à Fauré, Debussy ou Ravel 
                              
                              La musique française eut des œuvres 
                              immortelles.
                              Que dire des Jean Gabin, des Piaf et des Trenet
                              Des Delon, des Brassens, des Brel ou des Jouvet 
                              !
                              A mes enfants, j’ai dit : soyez fier de la 
                              France ;
                              Sur les cinq continents, on admire sa puissance.
                              
                              Au bureau, mon PC qui est « made in Ireland 
                              »
                              D’invectives en Anglais me tance, me réprimande.
                              Et quand sur Internet, spams et virus se lâchent, 
                              
                              Il m’abreuve de « daemons » ou 
                              de « bogs » qui me fâchent.
                              Au self pour déjeuner, c’est un osso-buco
                              Que j’arrose de ketchup sans faire cocorico.
                              Le fromage mimolette et la glace gelati
                              Complètent ce léger « lunch 
                              » avec un vin d’asti. 
                              Alors mon téléphone, un Nobia de Finlande,
                              Fabriqué en Pologne, avec des piles Allemandes
                              M’appelle de Belgique où est ma direction
                              Pour prendre le « shuttle » dès 
                              demain en mission.
                              Quand je rentre chez moi, un camion Belge me bloque
                              Son chauffeur est Hongrois mais sa marque « 
                              amerloque ».
                              A mes enfants, j’ai dit : soyez fier de la 
                              France ;
                              Sur les cinq continents, on admire sa puissance.
                              
                              Arago et Buffon, Ampère, Ambroise Paré,
                              Gay-Lussac, Lavoisier, Descartes ou Poincaré
                              Comme Laplace ou Curie, Pasteur ou Champollion
                              Pour toutes leurs découvertes, se battirent 
                              comme des lions.
                              Picasso, l’espagnol, passa sa vie en France 
                              ;
                              Ce n’est pas par hasard s’il saisit 
                              cette chance …
                              En peinture, c’est Courbet, et Corot, et Monnet 
                              
                              Qui après Géricault et Chardin et 
                              Manet
                              Nous offrirent des Matisse, des Tanguy, des Buffet,
                              Ouvrant des éres nouvelles au monde stupéfait.
                              Le bel avion Rafale, le superbe char Leclerc
                              Font partout référence, surclassant 
                              l’adversaire
                              A mes enfants, j’ai dit : soyez fier de la 
                              France ;
                              Sur les cinq continents, on admire sa puissance
                              
                              Ma vieille banque CCF, chez moi dans mon courrier
                              M’avise qu’elle est rachetée 
                              par une HSBC
                              Que mes titres Arcelor sont devenus Indiens
                              Que mes « Eurotunnel » ne valent presque 
                              plus rien.
                              Je cours me réfugier dans ma bibliothèque
                              Où la France littéraire est restée 
                              intrinsèque.
                              De Rabelais à Verlaine, de Ronsard à 
                              Mauriac
                              De Montaigne à Voltaire, de Racine à 
                              Balzac
                              De Marot à Pascal, de Musset à Prevert, 
                              
                              Je me repais de Proust et puis passe à Flaubert.
                              Des vers de Mérimée, je saute à 
                              Giraudoux,
                              Avant de m’apaiser par un Baudelaire bien 
                              doux.
                              J’allume la télé, une énorme 
                              machine.
                              Signée d’une marque Allemande, mais 
                              qui est faite en Chine.
                              Au programme, je trouve, des films Américains 
                              
                              Une série Autrichienne, un document Indien,
                              Une pièce de Shakespeare, un ténor 
                              Italien,
                              Un thriller Ecossais, un polar Brésilien.
                              Je regarde Thalassa qui en Corée s’en 
                              va
                              Pour visiter Samsung, Daewoo et Kia, 
                              Pour admirer comment nos cargos chez Hyundaï,
                              Sont construits en neuf mois pour charger à 
                              Shangaï.
                              L’équipage est Roumain, le second Australien.
                              Déprimé, je m’endors : un songe 
                              étrange me vient.
                              La grande tour de l’ONU trône au quartier 
                              Défense,
                              Et les Jeux Olympiques auront bien lieu en France.
                              La langue de Molière en ces lieux prestigieux,
                              Triomphe et se répand parmi tous les milieux.
                              La coupe America se déroule à Marseille
                              Où la douce CGT fait taire son appareil.
                              Nos Universités que le monde nous envie,
                              Attirent tous les cerveaux, les surdoués, 
                              les génies. 
                              Budget en excédent, dette publique résorbée 
                              ;
                              Bruxelles nous félicite ; nous sommes adoubés.
                              Si Renault dépasse Ford et Peugeot Toyota,
                              Le Havre n’est pas en reste qui surpasse Nagoya.
                              Plus trace de chômage ; pouvoir d’achat 
                              record
                              Et au Moyen-Orient, Kouchner crée un accord.
                              Nos banques aux analyses subtiles et proverbiales,
                              Règnent sur la finance et les bourses mondiales.
                              La Sécu euphorique, saturée d’excédents
                              Baisse ses cotisations et rembourse toutes les dents.
                              Nos trente-cinq heures géniales dans tous 
                              les pays plaisent
                              Et à Vaulx-en-Velin on chante la Marseillaise.
                              A mes enfants, j’ai dit : soyez fier de la 
                              France ;
                              Sur les cinq continents, on admire sa puissance.
                              
                              Mon réveil est brutal lorsque sonne mon portable. 
                              
                              Le shuttle est en grève ! Et ce report m’accable.
                              On dit qu’ une banque française défrayerait 
                              la chronique,
                              Pendant que la croissance, comme la bourse, se panique.
                              Je ne sais pas pourquoi mon moral tombe en berne 
                              :
                              C’est que, probablement, je ne suis plus moderne.
                              Je sors donc mon mouchoir de ma chemise écossaise 
                              ;
                              Mais l’un est de HongKong, l’autre Taïwanaise.
                              Un vieil auteur a dit : « Ces choses-là 
                              sont rudes ;
                              Il faut pour les comprendre avoir fait des études 
                              ».
                              Mais les études chez nous, sont-elles celles 
                              qu’il faudrait ?
                              Dois-je aller à Séoul, à Oxford, 
                              à Bombay ?
                              Une idée, tout à coup : Coué 
                              au moins, est Français ?
                              Celui de la méthode, de génie, comme 
                              on sait ?
                              C’est exact, m’assure-t-on. Alors c’est 
                              l’espérance !
                              Vive la France ! vive la France ! vive la France 
                              ! vive la France …
                              A mes enfants, j’ai dit : soyez fier de la 
                              France ;
                              Sur les cinq continents, on admire sa puissance.
                              
                              
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