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 N° 506
 
 
 
     9 juillet 2007
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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Le dû du don

Photo de l'auteur Docteur François-Marie Michaut lui écrire

On dit, parfois, d’un enfant qu’il a reçu tous les dons. Jadis, on estimait que le donneur était Dieu lui-même. Maintenant, on parle plus volontiers de talents, voir de performance, pour les êtres doués. Les médecins baignent chaque jour dans les innombrables inégalités dont est bâtie, n’en déplaise à nos idéalistes de service, notre humanité souffrante. Il est donc difficile de faire ici comme si nous disposions tous des mêmes dispositions.

retrouver la confiance

Manifester un don, même si l’on n’est pas Mozart, est certainement une étape importante et très délicate pour un enfant, comme pour tout son entourage adulte. Le jeune humain n’y est pour rien, les ambitions de ses parents non plus : tout semble en effet se passer comme si ce don venait du ciel ou ... de l’enfer. Car le premier feu à surmonter pour qu’un talent s’exprime, et non le moindre, est celui du poids de la tradition culturelle. Ici de grandes capacités de mémoire ou de résolution de calculs mathématiques, ailleurs un zèle marqué à l’étude des textes sacrés, seront certainement mieux accueillies qu’un goût affirmé pour la poésie ou la culture des légumes. La différence entre les “bons” dons et les “mauvais” dons sera vite établie. Les premiers à encourager, et les seconds à réprimer, le plus souvent. On voit tout de suite quels sont ceux qui vont bénéficier de la confiance générale, et ceux qui auront à affronter la terrible méfiance des regards extérieurs.

restaurer la conscience

Comment définir ce fameux don ? C’est, tout simplement, un ( ou plusieurs) secteur(s) de l’activité humaine qu’un être, quel que soit son âge, aime par dessus tout. Il n’a aucun mérite à y exceller, y travailler ne lui demande aucune effort, parce qu’il aime cela et éprouve le besoin d’en savoir de plus en plus. Sans amour, il n’est pas de dons véritables, on peut juste parler d’adresse ou de facilité d’imitation. Ces qualités mineures qui sont si prisées pour faire de bons élèves à l’école puis de bons exécutants bien obéissants dans la vie d’adulte.
Il est donc très important, si l’éducation est autre chose qu’un dressage plus ou moins déguisé, d’être à l’affût de cet amour, dans quelque domaine que ce soit. Pourquoi ? D’une part parce que c’est en fait bien rare, et d’autre part parce qu’on a vite fait de le tuer quand on l’ignore ou qu’on s’en moque. Mais, parallèlement, il est important de ne pas glorifier le sujet qui a eu la chance - ou la malchance aussi - de manifester un don. Ce don lui est tombé dessus, il n’y a là aucun mérite personnel. Que rien ne soit fait pour qu’il puisse s’en enorgueillir est un immense service à rendre à celui qui a la charge ( c ’en est une ) de ce don.

renforcer la compétence

Non seulement la collectivité humaine ne doit rien à ses membres les plus doués, sinon tenter de ne pas les massacrer parce qu’elle n’est pas assez vigilante et attentive pour les reconnaître et les respecter, mais, bien à l’inverse, c’est elle qui doit recevoir d’eux. Recevoir quoi ? Deux choses, rares et précieuses, me semble-t-il.
D’une part les fruits de leur talent, que ce soit dans les arts, dans les sciences, dans les techniques ou dans tout autre domaine. Et d’autre part, il existe un autre don que doivent nous faire les gens doués : celui de leur amour pour ce qu’ils font.
Avez-vous remarqué à quel point les sujets qui manifestent les dons les plus exceptionnels sont toujours ceux qui sont les plus simples dans leurs rapports avec les autres et, osons ce mot honni, les plus gentils, les plus modestes et les plus indulgents vis à vis des autres aussi. Tous les autres, tous les médiocres, tous les envieux, tous les jaloux, tous les plus repliés sur eux-mêmes, tous les plus féroces dans leur jugement péremptoire, en un mot tout ce que nous sommes très majoritairement dans nos sociétés humaines de chair et de sang.
Certains de nous, pour des raisons qui dépassent totalement nos capacités actuelles d’analyse et de compréhension, ont reçu plus et autre chose que les autres. La seule justice vis à vis de la communauté est, pour eux, de lui renvoyer l’ascenseur.

 


Pour ceux qui ne connaissent pas encore notre Charte d’Hippocrate.

Lien : http://www.exmed.org/archives08/circu532.html




Os court :« On ne m’a jamais rien donné, même pas mon âge. »
Charles Aznavour


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