Laissé pour conte
(Comptes du nouvel an)

2 janvier 2012

Jacques Grieu
lui écrire

L'An Deux Mille a douze ans : c'est encore un enfant !
A l'image des temps, serait-ce un délinquant ?
Arrivant menaçante et qu'on prédit mal née,
La douzième du siècle est déjà condamnée ?
Est-ce une année maudite,  à faillites, à séismes ?
L'année de tous les cracks, de tous les cataclysmes
Que les économistes, experts, tous ceux qui savent,
Nous prédisent effrayante  et que leurs peurs aggravent ?
Le chômage et la dette … et le pire à subir,
Taxation, récession, voilà notre avenir.
Toutes ces prédictions, je les traite au mépris,
Me raconte des blagues et comptes fort gentils.
Plantant là tous ces contes : ils sont d'apothicaire
Je laisse ces grands sages à leur clash monétaire.
Plutôt que de pleurer, je fais fi de ces peurs,
Me gave de poèmes et vers consolateurs.
Pour retrouver la paix, ils me font diversion,
En m'orientant l'esprit vers d'autres distractions.
Ces contes rassurants sont lecture plus belle
Que les comptes d'augures aux tons de Machiavel,
Que les remords des banques et leurs contes de faits,
Quand on parle subprime ou d'autres grands bienfaits…
Qui doit payer comptant est rarement content,
Même si mécontent n'est pas mauvais payant.

Ce sont là des exemples ; on les prend à son compte
Sans peur d'entendre dire : on s'en tire à bon conte !
S'il y a comptes et contes, on n'oublie pas les comtes,
Je ne m'amuserais à en faire décompte,
Mélangeant compteurs d'O avec les conteurs d'eau,
Ou bien Auguste Comte avec Monte-Christo.
Sur les contes des banques, il faut crier haro,
Et comme Cyrano : à moi comte, deux mots !
Comptes à dormir debout, de Perrault, d'Andersen,
Comme au Décaméron ou du grand La Fontaine,
Comptes de financiers sont Belle au Bois Dormant
Comme Chaperon Rouge ils finissent en tremblant.
Etendus pour le conte, ils se trouvent contus,
Sans s'être rendu conte avec leurs compte-rendus,
Que les comptes de fées, ont leurs charmes rompus,
Que l'aide de l'Etat n'est plus du superflu…
Ils découvrent, étonnés, que l'argent dans la poche,
Si un jour est entré (ils en font le reproche),
C'est que sorti d'une autre, il faudra compenser !
Communicants, les vases ? Ils avaient oublié !
Leur argent, plus question de le voir fructifier :
Ils s'en tirent à bon compte s'il n'est que préservé.
Parachutes dorés, agences à notation,
Les Sicav monétaires et les fonds de pension,
Dividendes à deux chiffres et monstres stock-options,
Tous ces jouets de la banque iront aux moribonds.
Car de leurs turpitudes, ils ne tiennent aucun compte,
Pas un mea culpa, ils persistent sans honte.
L'argent sale est bizarre, qui soudain devient puant ?
Mais on va lui trouver un désodorisant !
C'est la faute des pauvres si la crise nous tue :
Ils voudraient être riches et n'ont pas la vertu !
Un milliardaire sûr ne s'improvise pas
Et il faut pour cela l'alpha et l'oméga !


Certains, faisant leurs comptes, annoncent : tous contes faits,
Ce crack catastrophique est un drame surfait
Alors, bombant le torse, ils reprennent confiance,
Et s'endorment le soir sans plus penser finances …
Mais leur assureur-vie perd de son assurance,
Leur paradis fiscal oublie ses échéances,
La panique surgit avec l'argent qui manque;
Ils ne se soucient plus que de leurs contes en banque.
Devrais-je, avec ces comptes, me sentir mé-contant,
Pendant qu'à mon banquier, je me plains en criant ?
Faut-il changer de banque ? Et des doutes m'assaillent ;
La mienne est donc la pire ? Et si elle défaille ?
Ceux de Franche-comté, sont-ils meilleurs que d'autres ?
La femme du voisin surpasse bien la nôtre !
Savait ou savait pas ? Le banquier n'est qu'un pion ?
C'est toujours par la tête où pourrit le poisson …
Et il sent si mauvais que, très loin en amont,
Il faudra remonter pour humer les vrais noms.

Alors, qu'en a-t-on fait du siècle vingt et un ?
Après douze ans de vie, ses comptes sont atteints.
En guise de cadeau, on attend le déluge,
Chacun courbe le dos, espérant un refuge !
Malgré l'austérité dont on fait tous les frais,
Notre cher triple A, au compte tomberait ?
Jamais plus de ma vie, ne m'en laisserai compter ;
Même compter fleurette, il faudra se méfier.
Ceux qui disent qu'un jour, les contes seront bons,
Ils nous la comptent belle ; avec leurs contes ronds.
Ceux du Père Noël ne sont pas plus carrés,
S'annonçant cette année, bien pauvres en jouets.
Morale de ces vers : quoi que content les pontes,
Jamais d'un traître mot, n'ayez foi en leurs comptes,
Ni d'un petit euro, n'avancez un acompte ;
Des dettes ils laisseront pour solde de tout conte …

(Droits réservés)

 

Retrouver la confiance

 

Restaurer la conscience

 

Renforcer la compétence


Os court : « Impossible de vous dire mon âge, il change tout le temps.»
Alphonse Allais
Cette lettre illustre notre Charte d'Hippocrate.
Lien : http://www.exmed.org/archives08/circu532.html

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