Contresens

5 novembre 2012
Jacques Grieu
lui laisser un message

Comment écrit-on « cent » ? Me demande Vincent.
C'est fort simple, lui dis-je et tombe sous le cent :
Il y a cent et cens, mais aussi sens et sang,
Qui n'ont pas même sens, ça se voit, ça se sent.
De même en orthographe, il y a sans façons,
D'accommoder ces sens avec circonspection.

Si on écrit sans « S » cent dix ou deux cent vingt,
Deux cents en prend bien un, sans … errements aucun.
Mais alors, deux cent deux ? Ou bien quatre cent mille ?
Toujours sans, toujours cent ! Voilà qui est subtil !
Et des mille et des cents, mon « S » y est … sans … faille ?
Deux cents millions aussi ? C'est une vraie pagaille !

Coup de cent, coup de sang, sans rire, est-ce décent ?
Vincent perd son cent froid par transfusion du sans …
Demi-sang, cent mêlé, son cent ne fait qu'un tour.
Et sang façon, cent gêne, en pur cent, il accourt .
Vincent s'en vînt pleurer sur ces sens interdits,
Qui prêtent aux doubles sans dès qu'une phrase on dit.

Cent blague, on ne sent pas ces sens à cent pour sans !
La voix du sens, muette, durera sang sept ans !
J'abonde dans ton sans, lui dis-je avec bonté.
Il faut du sens pratique, cent quoi on est planté.
En un mot comme en sang, Vincent est aux sans coups,
Se fait du mauvais cent, est sang dessus dessous.

Si cens est un chevage (*), un impôt une charge,
Sang bleu et cent royal sont aussi dans la marge.
De même les cent pas sont comme long en large ;
Sans-fil et sans-souci aux traits d'union émargent.
Quand aux « larmes de cent », ou bien «sang de navet »,
Ce n'est pas au sens propre, que le bon sens les met.

Sans vin, me dit Vincent, je me sens comme absent.
Mais n'ai pas sans pour sang, d'alcool dedans le cent !
Le sans attire le cent, c'est le fisc qui le dit ;
Comme suceur de cent, sang cesse on le maudit.
Je roule à contresens qui est à sens unique :
Et perds à sang contre un, sans chance bénéfique !

En suant cent et haut, on finit par tout faire
Mais vivre sans passion sûrement nous enterre
Cent heures de lion, ou cent ans de mouton ?
Faut-il qu'un cent impur, abreuve nos sillons ?
Eh bien, je vous le dis : tous ces sens, je suis contre,
Et comme a dit Guitry : tout contre. Et je le montre.



NDLR : (*) Le chevage était un impôt médiéval versé par les serfs à leur seigneur. Tout rapport avec des pratiques mafieuses contemporaines n'est pas un contresens.

Retrouver la confiance

 

Restaurer la conscience

 

Renforcer la compétence

 

Os court : « Qui prête à rire n'est pas sûr d'être remboursé. »
Raymond Devos
Cette lettre illustre notre Charte d'Hippocrate.
Lien : http://www.exmed.org/archives08/circu532.html

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