Abus, lucre hâtif

23 septembre 2013
Docteur François-Marie Michaut

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Le 3 novembre 1967, je retrouvais le territoire national après un séjour de 14 mois au titre de la coopération dans un poste médical isolé dans la brousse tchadienne. Ce qui a le plus frappé le jeune médecin, pas encore thésé, que j'étais alors, c'était le formidable gaspillage de notre société en général et de notre système de soins en particulier. Toute mon expérience professionnelle ultérieure n'a pu que constater, avec tristesse et colère, que cette course vers l'inflation aveugle des moyens pour se soigner n'a jamais été mise en question par quiconque. Comme si cette façon d'agir découlait de la nécessité d'une loi scientifique indiscutable. De plus en plus de moyens matériels pour de plus en plus de santé. Malheur à qui a osé mettre en doute cette équation !

Nous sommes 46 ans après. Les choses ont-elles changé ? L'Express du 21 septembre 2013 reprend le livre de Véronique Vasseur, médecin hospitalier et Clémence Thévenot, journaliste : «Santé, le grand fiasco» paru aux éditions Flammarion. Le constat est sans appel. Tout le monde tente en France de tirer le maximum de profit pour son usage ou profit personnel de notre système d'assurance maladie. Nous sommes dans un univers d'hyperconsommation dont les effets délétères apparaissent de plus en plus clairement aux observateurs attentifs et de mieux en mieux informés.

Un système qui ne dispose d'aucun moyen d'ajuster ses recettes (nos cotisations obligatoires) à ses dépenses (qu'il n'a aucun moyen efficace, ni aucune volonté politique et technique de contrôler) est condamné à une mort inévitable. Un bateau dont la pompe de cale débite moins d'eau qu'il n'en pénètre dans les fissures de sa coque. Telle est l'image de notre système de distribution des soins tel qu'il est géré par la Sécurité Sociale. Nul besoin d'être diplômé de Sciences Politiques, de l'Ecole nationale d'administration ou de telle école d'ingénieurs pour le comprendre.

Le chantier de construction du nouveau navire indispensable ne semble pas du tout faire partie des projets de nos responsables. C'est un sujet politiquement intouchable, tant le public continue à croire à l'affirmation que nous avons le meilleur système de protection sociale au monde. Une assurance maladie est une nécessité que connaissent tous les pays sortis de la misère. Ce n'est pas discutable. Comment font-ils donc, eux, pour ne pas vivre le naufrage inéluctable que connait en ce moment notre «exception française» qui a fait notre fierté, comme jadis l'avion Concorde, la DS 19, le TGV ou le paquebot France ?
Qui a parlé d'une unification européenne de nos systèmes nationaux de financement des dépenses de soins, comme nous l'avons fait depuis des années pour nos diplômes ?

Finalement, point n'est besoin de désespérer. D'ici une petite cinquantaine d'années encore, les esprits auront fini par admettre qu'il y a un vrai problème franco-français de gaspillage de nos richesses à résoudre. Descartes, au secours, sors vite ta méthode.

 

 



Retrouver la confiance

 

Restaurer la conscience

 

Renforcer la compétence


Os court : «

La vie est comme on la fait.

»
Alphonse Allais
Cette lettre illustre notre Charte d'Hippocrate.
Lien : http://www.exmed.org/archives08/circu532.html

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