Vrais et faux métiers


                                   27 juillet 2020

  

   De longues semaines privés de nos contacts sociaux directs par nos instances dirigeantes, personne n'a pu vivre cette expérience inédite sans en être affecté en profondeur. La sidération des expressions que certains nomment post-traumatique ne doit pas faire illusion. Il faut du temps pour comprendre ce qui nous est tombé sur la tête. Les conséquences de cette énorme panne imposée sur le fonctionnement de nos cultures mondialisées et leurs interactions complexes ne sont pas encore apparues clairement. Les événements inévitables entrainés par le coup d'arrêt brutal de notre vie habituelle nous l'apprendront.
   Les armées d'experts, faute d'expérience antérieure comparable, pataugent. Et leur spécialisation dans leur domaine très précis de compétence est un obstacle majeur à toute vision systémique d'ensemble. Dans le domaine de la vision oculaire, on parlerait de myopie.

   Il est tentant, suivant fidélement la démarche cartésienne, d'empiler toutes ces observations pointues. Hélas, il n'en résulte qu'une énorme base de données dont, faute d'en comprendre le sens général, on ne sait que faire pour diriger nos actions. Gêne évidente- troublante pour les citoyens- des pouvoirs décisionnaires locaux devant les avis dissonnants des porte parole de la cité scientifique médicale bourdonnante sur le Covid19.

   Vivre le confinement imposé nous a contraint à réviser nos comportements habituels. Ce qui nous semblait indispensable avant ne l'est plus obligatoirement. Et à l'inverse, des choses jugées auparavant accessoires nous semblent prioritaires. Trop tôt encore pour en prendre la mesure et les conséquences sociales. Des pans entiers d'activité sont en péril, d'autres que nous ignorons encore font surface. La réalité, bien plus que nos caprices immédiats, fera le tri sans le moindre état d'âme. Tous nos vieux métiers sont remis en cause. À notre fragile espèce humaine de démontrer, comme toutes celles dont nous connaissons l'histoire naturelle, ses capacités d'adaptation à un environnement foncièrement nouveau. Résilience écologique : saurons-nous comprendre comment ne pas nous y opposer ? Nous en avons le redoutable pouvoir.

   Une sorte de redoublement pour les médecins qui ont été formés dès leurs études avec le fameux précepte : d'abord ne pas nuire. Alors, finalement Corona, ce nain biologique, nous aménerait à nous conduire tous comme médecins de notre petite sphère personnelle ? En vérité, et en toile de fond de notre agitation, notre seul vrai métier d'être humain ?

Os court :

« Il n'y a pas de sots métiers. Mais que d'absurdes ! »

Hélène Ouvrard (1938-1999, romans et poésies, Québec)

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