20 juin 2021
Au temps révolu du service militaire obligatoire, tout le monde ne vivait pas cette phase de vie comme une partie de plaisir. Devenir homme de troupe supposait une formation assurée classiquement par un adjudant instructeur, grade ultime des sous-officiers d'active.
« La discipline faisant la force principale des armées, il importe que tout supérieur obtienne de ses subordonnés une obéissance entière et une soumission de tous les instants» dit l'article 1er du réglement de discipline des armées entre 1933 et 1966.
Tout questionnement, empreint ou non de malice de la part des bleus, sur la faisabilité d'une injonction attirait un je-veux-pas-le-savoir de la part du gradé. La hiérarchisation galopante de tous nos rouages d'organisation a horreur des gens qui posent des questions (1). À un degré de plus, montrer qu'on ose répondre est une attitude risquée. Le silence rituel des classes d'école devant les professeurs en France surprend beaucoup les jeunes d'autres pays. Le confinement, retour à l'actualité, des attitudes mentales ou psychologiques laisse une trace profonde. Un silence des expressions comme si les masques avaient le pouvoir de bâillonner nos capacités de penser et de communiquer aux autres notre pensée quand elle ne peut pas s'appuyer sur un groupe de pression protecteur.
Risque d'hypotrophie de notre dimension humaine déjà durement éprouvée depuis des années par la dictature technoscientifique (2) ?
L'hypothèse ne peut être écartée d'un haussement d'épaules. Quand les grandes idéologies s'effondrent devant les modes de vie qu'elles génèrent, comprendre enfin pourquoi et comment la réalité qu'elles fabriquent les met en échec devient une urgence vitale.
Une urgence qui tourne le dos à notre volonté si confortable de ne pas vouloir savoir. L'urgence de connaitre ce que, justement, nous ne connaissons pas encore avec nos outils intellectuels de 2021, les produits à tout faire du numérique avec leurs solutions simplificatrices, les fameuses applis en tête.
Os court :
« La culture, ce n'est pas ce qu'il reste quand on a tout oublié, mais, au contraire, ce qui reste à connaître quand on ne vous a rien enseigné.»
Jean Vilar (1912-1972, créateur du festival d'Avignon)
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