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L'année exmed 2014
Voici les coups d'oeil d'avril, mai, juin déjà parus sur le site exmed:
31 mars - 1er avril 2014
La voie de la voix LEM 855
C'est ne rien dire que de rappeler que toute rencontre ne peut se prétendre humaine que si la parole en constitue le ciment indispensable. La domination des machines et autres automates dans notre quotidien n'en n'est que plus lourde.
Alors, sans aucun pathos, et qui que vous soyez, cet ode aux vertus de la parole entendue et partagée, mérite quelques courts instants de votre attention de lecteur. Comme de soignant ou de soigné !
Juliette Godberg : Parler-Écouter, LEM 855.
Dr F-M Michaut
PS : inutile de chercher ici le moindre poisson d'avril. Au moment de mettre ce papier en ligne, ils sont déjà tous pêchés.
2 - 4 avril 2014
Tu fais quoi, toi, quand t'es malade?
C'est finalement la question qui a été posée à 1000 personnes, dites «représentatives» par un sondage BVA/Orange publié le 31 mars 2014 .
Quand il est habituel de parler de surconsommation médicale ( sous entendu ruineuse pour les caisses de l'assurance maladie ), la réalité est surprenante. Moins d'un Français sur deux va consulter un médecin.
Une telle abstention (il n'y a pas que les électorales) mérite réflexion. Bien entendu, le manque de temps, la pénurie d'argent, sont mis en avant. Mais 41% des répondants avouent une «aversion aux médicaments».
Si je vais consulter un médecin, celui-ci va me donner des remèdes que je n'ai pas du tout envie de prendre : la position est claire.
Les soignants actuels, dans leur immense majorité, n'ont à leur disposition aucune alternative.
La porte est ouverte à toutes sortes d'automédications qui, sans être obligatoirement dangereuses ou inefficaces, sont autant de freins à la consultation rapide d'un praticien capable de déterminer ce qui est grave et ce qui guérit tout seul.
Une médecine devenant de moins en moins proche des populations, de plus en plus concentrée sur les seules pathologies lourdes : est-ce que c'est bien ce que veulent nos contemporains ?
Au lieu d'imposer des décisions politiques de lointains et anonymes experts, ce serait juste de lancer un débat public sur cette question.
Dr F-M Michaut
5 - 6 avril 2014
Distinguer science et technique
Le Figaro du 3 avril 2014 titre ainsi : « Santé : les 18 découvertes qui ont marqué les Français» dans les cinquante dernières années.
La lecture de ce palmarès est sans surprise. Les découvertes de la médecine dans l'esprit du public, ne viennent pas de la science médicale elle-même, mais uniquement de l'utilisation particulièrement spectaculaire de techniques utilisées initialement ailleurs. L'imagerie médicale en est un exemple de premier plan.
Coup de chapeau aux médecins techniciens et à leur imagination débordante.
Mais aussi, interrogation. Où sont donc nos médecins savants, comme on nommait naguère les moteurs de la communauté scientifique ?
Seraient-ils perdus dans la poursuite de détails de plus en plus fins, et de plus en plus complexes, sans stimulantes visions d'ensemble des mystères des êtres humains ne fonctionnant pas bien ?
Quel soulagement ce serait, pour les professionnels en première ligne de la clinique, de les entendre parler enfin de la science médicale et non de ses techniques, nos «grands pontes». Y compris, cela va de soi, pour ne pas être d'accord avec eux. Sortir enfin d'un monde intellectuel médical figé depuis des dizaines d'années par les mirages technologiques : on peut toujours en rêver.
7 - 8 avril 2014
Poil à gratter les neurones LEM 856
Il est dans l'air du temps de critiquer ce que nous percevons, à tort ou à raison, comme la manière d'être et la façon d'agir de ceux que nous avons élus aux fonctions politiques. Ce n'est pas nouveau, les frondes et autres mazarinades ont marqué notre passé.
Voici une invitation à un voyage, pas vraiment conventionnel, ni le moins du monde consensuel (donc on ne peut plus discutable) vers notre sainte trinité nationale .
Bonne lecture de la LEM 856 : Le trépied republicain en question.
Dr F-M Michaut
9 - 10 avril 2014
Une autre prévention de la crise cardiaque
Dans son dernier numéro, la revue Sciences et Avenir tire la sonnette . «La dépression augmenterait de 40% le risque de crise cardiaque», selon le travail exposé par Lise Tuset Gustad à la conférence EuroHeartCare 2014 ( Stavanger, Norvège).
L'examen cardiologique habituel, comme de façon plus générale la médecine somatique traditionnelle, ne prend pas du tout en compte les troubles liés aux perturbations de l'humeur des patients. Il y a donc de fortes chances pour que les états dépressifs, survenant sur des sujets atteints également de troubles cardio-vasculaires plus ou moins graves, soient généralement non diagnostiqués. Faute de diagnostic, beaucoup de malades ne reçoivent donc pas les traitements (chimiques et/ou psychologiques) qui leur serait salutaire.
La cardio-psychiatrie, ou cardio-psychologie, n'existe pas. Le recours à des professionnels compétents en matière de «dépression» pour des patients à risque cardio-vasculaire connu peut-il un jour voir le jour, dans une perspective préventive intelligente ?
Les bénéfices en matière de dépenses de soins seraient certainement chiffrables en euros. Mais bien plus, pour les humains que nous sommes, il y a là une source de souffrances évitées et de qualité de vie améliorée.
La médecine psychosomatique a encore beaucoup, beaucoup de travail à faire pour imbiber les esprits médicaux.
Dr F-M Michaut
11 - 13 avril 2014
Le prix de la collaboration
Il se monte, en moyenne, pour les 85 200 médecins libéraux de France, de toutes disciplines, concernés par «le paiement à la performance», à 4003 euros pour 2013.
Cette nouvelle rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP, reprenez votre souffle)) est le prix de l'obéissance aux ordres indirects du duo indémêlable Caisse nationale d'assurance maladie- Ministère de la santé.
En tant qu'assuré social, je suis profondément choqué que les cotisations (prélevées d'autorité sur mon travail) soient ainsi utilisées pour ligoter ceux qui sont amenés à me soigner aux intérêts de l'assureur plutôt qu'à ceux des patients comme moi.
Les médecins ne peuvent pas l'ignorer bien longtemps : ils se font coincer dans un conflit d'intérêt dont ils seront les seuls à payer le prix quand le jour de rendre des comptes viendra.
C'est l'avenir de leur profession, donc le leur, qui est en cause. Et la fonction de médecin, y compris dans sa dimension éthique, sera toujours une nécessité sociale vitale quand le système d'assurance maladie à la française aura fini de périr de sa lente et incurable agonie.
Dr F-M Michaut
14 - 15 avril 2014
Ceci n'est pas un crime de lèse-société, LEM 857
L'organisation en France du système d'Assurance sociale ne peut pas être, pour un esprit rôdé aux disciplines scientifiques en perpétuels débats pour progresser, un dogme quasi divin indépassable et immuable.
Les faits observés en 2014 quand ils touchent nos besoins de santé doivent avoir alors la priorité sur tous les a priori idéologiques, aussi généreux puissent-ils avoir été dans leurs intentions, il y a exactement ... soixante sept ans.
Jean-François Huet nous propose dans la LEM 857 : Histoire de la Sécurité sociale, du paritarisme à la technocrature sa libre analyse personnelle. À défaut de pouvoir convaincre les foules, puisse-t-elle simplement prouver à chacun que sa propre réflexion, non seulement est indispensable pour la vitalité de sa participation à la vie en commun, mais à l'évolution générale de notre civilisation qui n'est que ce que chacun de nous, dans sa sphère, quoi qu'il en exprime, en fait. Introduire une pointe de doute dans un océan de certitude, un zest de participation dans une mer de passivité résignée.
Fréquenter au plus près le vivant ne peut pas permettre d'oublier que tout ce qui est en vie meurt dès qu'il ne peut plus s'adapter à son environnement.
Dr F-M Michaut
16 - 17 avril 2014
Tiers intrus
Voici le résumé d'un témoignage reçu après la publication du Coup d'Oeil du 11 avril, et de la LEM 857 du 14 avril 2014.
Les syndicats médicaux ont signé la Rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP). Pour ne pas y participer chaque médecin devait effectuer une démarche de renonciation. Noter au passage le procédé cavalier du «qui ne dit mot consent». Un grand nombre de médecins libéraux n'a pris connaissance des dispositions du ROSP qu'après la fameuse date limite.
En pratique, tous les trois mois un salarié de la Sécurité sociale vient catéchiser les praticiens sur les fameux objectifs. Le silence pour beaucoup demeure la seule réponse possible, devenant encore plus froid quand vient le moment de «l'entretien confraternel» avec le médecin de la Sécu. Tout a été ficelé, dès le début : les praticiens se sont fait avoir sans pouvoir faire machine arrière. Les pouvoirs publics enfoncent le clou en annonçant aux médias que ce ROSP correspond à trois fois le SMIC (salaire minimum).
Un tout petit espoir persiste, un recours en Conseil d'État déposé il y a deux ans, et demeuré à ce jour ... sans réponse.
Que peuvent faire les médecins de France qui n'acceptent pas cette soumission, qui se traduit, entre autre par l'affichage obligatoire sur le site officiel de la Sécu ameli.direct des horaires d'ouverture de leur cabinet ?
Tout cela pour dire que l'ambiance qui règne en médecine libérale est détestable, et que devenir, à bac plus dix, de vulgaires agents techniques d'exécution aux ordres d'un lointain pouvoir ne peut que stériliser toutes les bonnes volontés.
Je remercie mon fidèle correspondant, ne pouvant m'empêcher de penser bien tristement qu'il y avait là une remarquable machine à fabriquer des professionnels atteints de burn-out ! Simple dégât collatéral, probablement.
Dr F-M Michaut
18 - 21 avril 2014
Ebola “sous contrôle”
C'est ce qu'écrit le Journal Internet de Médecine du 16 avril 2014, avec la précision «... mais la Gambie pas tout à fait rassurée». La Guinée vient d'annoncer que l'épidémie de cette fièvre hémorragique volontiers mortelle (108 cas depuis le début de l'année) est «sous contrôle».
Curieuse affirmation de maîtrise quand on sait qu'il n'existe à ce jour aucun traitement curatif de cette virose et que, à ce jour, la vaccination est encore à venir. Le réservoir de virus se trouvant chez les primates, il est peu crédible que ces charmants animaux puisse faire l'objet d'une surveillance sanitaire efficace.
Les Gambiens voisins n'ont peut-être pas tort.
Exprimer les réalités avec des mots conformes à ce qui est, et non dictées par des enjeux politiques ou économiques, n'est pas un luxe inutile quand il est question de la santé des hommes.
«Le poids des mots», en quelque sorte, comme le proclame, pour toute autre chose, une certaine publicité.
Dr F-M Michaut
22 - 23 avril 2014
En deux temps trois mouvements LEM 858
Peu importe le temps qu'il fait. Même au printemps, nous ne cessons de râler contre sa pénurie chronique. Pressés, conditionnés, un seul refrain.
Pas le temps, plus le temps, long temps à savourer sans culpabiliser devient luxe insensé.
Alors voici une pause salutaire avec Juliette Goldberg et sa LEM 858 « Temps».
Juste une suggestion au lecteur : si vous perdiez un tout petit peu de temps à donner votre avis ?
Faire mentir l'horrible «Time is money», quelle jubilation libératrice !
Dr F-M Michaut
24 - 25 avril 2014
Au pays de Bismarck
Union européenne ou pas, il demeure difficile à nos informateurs de nous faire sortir de nos frontières de France.
Comme chez nous, le système public allemand d'assurance-maladie doit faire face à des dépenses sans cesse croissantes. Les causes bien connues sont les mêmes partout.
Dix ans de réformes outre-Rhin ont conduit à accumuler depuis 2007 un excédent (oui, vous avez bien lu) financier de 30 milliards d'euros, selon le gouvernement fédéral. Durant le même temps, le nombre des caisses est passé de 485 à 160.
Il est à remarquer que, chaque année, tout salarié a le droit de choisir son assureur parmi ces 160 caisses. 70 millions d'Allemands, dont les retraités et les chômeurs, relèvent de l'assurance publique, alors que 9 millions ont opté pour des assureurs privés, assurant tous obligatoirement la même couverture de base. Source Courrier International du 17 avril 2014, Sabine Grandadam.
Bien entendu, des questions demeurent sur l'efficacité du système de soins par rapport à d'autres pays comparables, notamment dans les hôpitaux, et le vieillissement constant de la population pose de sérieux problèmes d'avenir.
L'expérience allemande, sans être pour autant un modèle absolu et en tous points à copier, a le grand mérite d'apporter la preuve aux lecteurs français qu'un système d'assurance maladie n'est pas obligatoirement un gouffre financier sans fond. Cerise sur le gâteau : la sortie du monopole obligatoire d'un seul assureur public, en introduisant une concurrence réglementée entre assureurs, ne fait pas du tout exploser les dépenses de soins.
À méditer en ces temps d'une austérité gouvernementale qui ne veut pas dire son nom, vous ne trouvez pas ?
Dr F-M Michaut
26 - 27 avril 2014
Miracles ou pas
Le mot de miracle ne fait pas partie du vocabulaire médical. Il demeure cependant un élément important pour que l'Église catholique procède à la canonisation de nouveaux saints. La question est d'actualité, les papes Jean XXIII et Jean-Paul II devant, avant peu, selon la presse, recevoir l'auréole officielle.
Un miracle, du moins dans notre univers culturel, est une guérison que la science médicale ne peut pas expliquer.
Des pélerinages internationaux importants, comme celui de Lourdes se sont dotés depuis longtemps d'un bureau médical des constatations auquel sont soumis tous les cas de guérison déclarés. Composée de praticiens de toutes origines et de toute sensibilité philosophique ou spirituelle, cette assemblée décide si oui ou non, la guérison éventuellement constatée est médicalement explicable et transmet son avis aux autorités religieuses.
La médecine est-elle capable d'expliquer tous les cas cliniques qu'elle rencontre ?
Il faudrait pour cela que la science ait atteint un point de perfection dont, tous les médecins le savent, elle est encore bien éloignée.
Il ne serait pas sans intérêt de mener une enquête sérieuse auprès des praticiens pour savoir s'il leur est arrivé, dans leur pratique, de constater eux-mêmes des évolutions imprévisibles de pathologies sévères.
Comment ne pas songer à la façon curieuse de parler de Jésus dans ce genre de situation rapporté par les Évangiles : « ce n'est pas moi qui t'ai guéri, c'est ta foi qui t'a sauvé » ? La foi en question, il n'est pas possible pour un esprit scientifique d'en diagnostiquer la nature, mais le mécanisme est clairement suggéré. Il s'agit d'un processus d'autoguérison. Terrain sur lequel la science médicale du XXIème siècle, toujours prudente, sans en nier pour autant la possibilité, ne se hasarde jamais à s'aventurer.
Dr F-M Michaut
28 - 29 avril 2014
Sous le signe du papier LEM 859
Plus d'une fois depuis dix huit ans, nous avons déploré ici la disparition complète des revues médicales de qualité publiées en langue française. L'anglo-américain comme seul outil mondial de communication, y compris pitoyablement ânonné dans nos congrès nationaux, est un appauvrissement, non seulement culturel, mais même scientifique au sens le plus rigoureux du terme.
Alors, même si cela sort, au premier regard, du seul domaine de la santé et de la médecine, la création d'un journal d'un type nouveau ne peut pas laisser ce site de marbre.
La LEM 859 « le un » pour tous salue, à sa façon, l'événement.
Bonne lecture.
Dr F-M Michaut
30 avril - 1er mai 2014
La graisse, curieux voyage
Le succès de la prise de statines par les sujets ayant un excès de cholestérol, facteur majeur bien connu de maladies cardiovasculaires présente un curieux effet collatéral. Malgré les prescriptions médicales, les patients américains sous traitement médicamenteux ont maintenant tendance à manger d'avantage, et plus de corps gras que ceux sans prise de remède. Source : Le Figaro du 29 avril 2014.
L'homme demeure égal à lui-même.
- D'une part, doté d'une grande capacité de croyance : le médicament-miracle-qui-protège-mon-coeur. Cette fibre est largement utilisée dans des publicités pour des margarines.
-D'autre part, irrésistiblement attiré par ce qui demande le moins d'effort personnel. Pourquoi me compliquer la vie quand je prends déjà un médicament qui normalise mon cholestérol ? Les médecins se heurtent depuis des dizaines d'années à ce type de comportement avec une grande partie de leurs patients diabétiques.
Être à soi-même son propre médecin au lieu de se comporter comme un enfant volontiers fantaisiste sous la houlette de la sainte médecine.
Un tel message est-il audible ?
Qui oserait en 2014 s'en faire le porteur ?
Dr F-M Michaut
2 - 4 mai 2014
Ces antibiotiques pourtant si pratiques
L'OMS (Organisation mondiale de la santé, l'une des branches des Nations unies) annonce la progression inquiétante, sur tous les continents, des cas de résistance des antibiotiques à des microbes de plus en plus nombreux ( Le Monde.fr du 1er mai 2014).
Ces pathologies infectieuses qu'on croyait disparues redeviennent d'actualité. Les infections furent toujours une des premières causes de mortalité humaine. Les micro-organismes recèlent des capacités considérables d'adaptabilité dont nous n'avons pas été capables de prévoir l'ingéniosité et l'ampleur. Enivrés par notre orgueil et notre incapacité à voir loin, dupés par des éleveurs et des industriels sans scrupule, nous avons abusé de ces remarquables médicaments.
La situation est-elle encore à un stade réversible, ou devons-nous nous attendre au pire pour notre santé à tous ?
Qui vivra (peut-être) le verra (sans aucun doute).
Dr F-M Michaut
5 - 6 mai 2014
Pas de glace LEM 860
Il n'est pas indispensable de se prendre la tête pour y découvrir un mystérieux dessein. Cette LEM 860 n'est pas plus consacrée à la sénologie qu'à la glorification des prochains saints de glace.
Tout dessin vaut mieux que bon discours ?
Pas si certain, répond Jacques Grieu.
Une bien agréable promenade, aux charmes aussi indiscutables qu'universels, vous attend avec son Saint des seins.
Dr F-M Michaut
7 - 11 mai 2014
Quand la connaissance est un crime
Boko Haram, en tout cas, le proclame haut et fort. La video de la conférence de presse de son leader publiée par Le Monde.fr le 6 mai 2014 ne laisse aucun doute.
Deux cent soixante treizes jeunes filles ont été enlevées, tout simplement parce qu'elles allaient au lycée au Nigeria. Vouloir sortir de l'ignorance, et, circonstance aggravante pour une femme, est considéré comme un péché envers Dieu.
Voilà qui mérite une punition dissuasive, et elle est clairement mentionnée par les ravisseurs. Les filles vont être vendues comme esclaves dans les pays voisins. Oui, vous avez bien lu : en 2014, la pratique de l'esclavage dans certaines parties du monde est encore une pratique aussi courante que du temps du prophète Mohammad. Le tarif annoncé de 12 dollars « par tête » en dit long sur ce marché.
Silence gêné de toutes les autorités qui le savent parfaitement, et depuis plus de cinquante ans. Grandes âmes, réveillez-vous, moyennes âmes, sortez de votre passivité, petites âmes dites au moins un mot. Un seul : et tout peut basculer.
Puissent les opinions publiques faire connaitre, avec tous les moyens dont elles peuvent disposer, ce qu'elles pensent de telles façons de traiter des êtres humains. Que chaque croyant, peu importe sa foi ou sa communauté, interroge ses responsables religieux ou spirituels pour que cesse le silence insoutenable qui entoure actuellement ce drame.
Ces jeunes-filles, héroïnes bien malgré elles, méritent le soutien sans faille de tous ceux qui sont persuadés que la recherche de la connaissance, dans tous les domaines de l'esprit et sans aucune frontière, est et demeure la plus extraordinaire conquête de notre espèce d'Homo sapiens sapiens.
Nous qui, comme des enfants gâtés, avons reçu en héritage le bénéfice de toutes nos connaissances, nous pouvons, nous devons absolument faire infiniment mieux et plus que de «ne pas les oublier».
Dr F-M Michaut
12 - 13 mai 2014
Cultiver sans trêve la connaissance LEM 861
Quand on a la chance d'être né dans un pays dont tous les enfants doivent légalement fréquenter l'école, il est facile de perdre de vue le privilège incroyable qui nous est donné. Bien entendu, tout n'est pas idéal, et les défauts de nos apprentissages sont une réalité.
Il ne faut pas, pour autant, oublier que la libération des humains n'est pas un simple évènement militaire ancien (pour nous), mais un combat encore en pleine actualité.
La LEM 861 vous propose sa réflexion personnelle nourrie de l'actualité du moment : « Dans libération, il y a... »
Dr F-M Michaut
14 - 15 mai 2014
Maladie de la complexité « made in France »
Dans la logique du conventionnement médical en France depuis les années 1960, et compte tenu de la confusion des dépenses de santé avec des dépenses publiques (1) , les autorités de tutelle ne cessent de définir des outils de domination sur le corps médical. Elles partent de l'axiome douteux selon lequel l'asservissement des médecins permettra de réaliser des économies en matière de soins.
Ce miroir aux alouettes, purement idéologique, sert en fait de ligne directrice à toute l'action des autorités de santé. Elles pensent pouvoir ainsi éviter les réformes de fond nécessaires en imposant de simples mesures contraignantes.
Le moins qu'on puisse dire est que l'alourdissement continu de la contrainte administrative n'a pas fait la preuve de son efficacité économique.
Il y a une raison évidente à cela, que tous les chefs de service hospitaliers et tous les gestionnaires de cliniques entrevoient depuis longtemps.
La dominance administrative ajoute encore une dose supplémentaire d'aveuglement et d'incompétence dans le système de soins.
Un nombre de plus en plus important d'intervenants dans le domaine de la santé vivent d'une complexité inutile, qu'ils ont un intérêt objectif immédiat à entretenir. Plus de normes, plus de dépenses, et plus de contrôle, plus de contrôleurs . Une industrie de la complexité et de la paperasse accompagne comme son ombre la domination administrative sur la médecine.
Les réseaux institutionnalisés ajoutent leurs complexités, leurs lourdeurs et leurs retards à des diagnostics et des traitements parfois évidents d'emblée. Un peu comme dans un système audio où le rapport signal/bruit évolue de façon défavorable. Là, le bruit de fond administratif occulte une partie du message médical et lui fait perdre une partie de sa valeur intrinsèque.
Que le praticien qui ne l'a pas constaté dans son exercice quotidien tente de me démontrer le contraire .
Si l'on y ajoute les biais décisionnels inévitables, dus à l'intrusion d'autorité des organismes payeurs dans la maîtrise du contrôle et de l'organisation des soins, on peut aisément comprendre que la voie du conventionnement médical avec l'assurance maladie, uniquement télécommandée par l'État, est celle du chaos.
Dr Jean-François Huet
(1) : Toute dépense de santé concerne une personne particulière. Toute dépense publique ne peut avoir d'autre justification que la réponse à un besoin de la collectivité toute entière. Confondre volontairement l'intérêt public et l'intérêt privé est contraire à toute logique et à toute justice. Encore un cas typique de conflit d'intérêt, bien trop rarement souligné par les commentateurs.
S'agit-il d'une insuffisance d'analyse critique ou d'une crainte de retour de bâton de la part des pouvoirs en place ? NDLR.
16 - 18 mai
Les trompe-la-mort
La lecture des titres des journaux ne manque (parfois) pas de sel. Ainsi Le Parisien du 5 mai 2014 interpellait ses lecteurs pour les accrocher : « Comment éviter 37 millions de décès dans le monde d'ici 2025 ».
Cette fois-ci, nos savants auraient enfin trouvé la fameuse potion pour empêcher les pauvres humains d'avaler leur bulletin de naissance ? Depuis le temps que des générations rêvent de la fontaine de jouvence à volonté. En même temps, il faut bien le dire, que des esprits très sérieux se font , dans le plus grand silence tant le sujet est sensible, un souci d'encre pour le financement de la santé et des retraites au fur et à mesure que la longévité d'homo sapiens, au moins dans sa variante occidentale ne cesse de progresser.
Bon, des millions de gens qui ne meurent pas, c'est fort bien pour eux. Mais que peuvent-ils bien devenir, si ce n'est, un jour ou l'autre finir par mourir, jusqu'à preuve du contraire, comme tout un chacun ? Rien ne permet d'écarter l'hypothèse que leur trépas, ainsi différé, ne sera pas infiniment plus long et plus pénible que la mort à laquelle ils ont échappé. Et ne parlons pas des dépenses ainsi générées.
Les mots ne tuent pas toujours, mais les morts ne survivent pas obligatoirement aux mots.
Dr F-M Michaut
19 - 20 mai 2014
Balade de printemps LEM 862
Puisque nous sommes dans le cycle des saisons, voici un petit voyage virtuel.
La LEM 862 Cercle et cycle se permet d'ausculter deux notions qui nous sont familières, à la fois cousines et rivales.
Si le coeur vous en dit, bouclez votre ceinture, le départ est imminent !
Dr F-M Michaut
21 - 22 mai 2014
Consultation Europe et... médecine
En France, les médecins ne peuvent que se sentir personna non grata dans l'Union Européenne. Voter pour le renouvellement de son parlement est un exercice de voltige civique à haut risque.
L'Europe des médecins ( et tous les autres soignants) n'existe pas, même si un ordre européen quasiment invisible a vu le jour. La seule chose qui a été adoptée depuis longtemps est l'équivalence des diplômes dans nos différents pays. Bien que le contenu des études puisse varier d'un endroit à l'autre, que la langue parlée , que les modèles culturels soient différents, un médecin peut, en droit et en théorie, aller travailler hors de ses frontières nationales.
Les programmes de formation ne font l'objet d'aucune tentative d'harmonisation ou de coopération. Les systèmes d'organisation des soins, comme leurs modes de financement, leurs formes d'assurance, les niveaux de rémunération des praticiens demeurent strictement nationaux.
Plus inquiétant pour l'avenir, à mon sens, est l'absence d'une conception de la médecine à la taille et aux capacités intellectuelle et culturelles de l'Europe. Vaste terrain inexploité, le modèle américain, avec ses forces et ses faiblesses demeure la seule référence des élites pensantes de la médecine. Où est notre recherche fondamentale, où se cache notre recherche clinique, où se dissimule la pensée médicale européenne, où sont emprisonnés ceux qui oeuvrent à des innovations qui ne sont pas sous la coupe des grands groupes de l'industrie chimique, où sont terrés ceux qui ressentent la nécessité d'une presse médicale européenne indépendante et de haute qualité ?
Ce gigantesque chantier, peut-être parce qu'il passe au dessus de la tête d'un public - qui préfère croire que comprendre - n'a même pas été évoqué jusqu'à ce jour. Il est pourtant de la plus haute importance quand des systèmes aussi vénérables que notre «exception française» s'enfoncent sous nos yeux dans le marasme humain et économique le plus total.
Dr F-M Michaut
23 - 25 mai 2014
Train d'enfer
Tout le monde se tape sur les cuisses, tant la chose semble énorme. Nos nouveaux trains régionaux de France ne peuvent tout simplement pas rouler. Pour cause d'embonpoint, impossible de s'arrêter à un quai, et, pis encore, aucun croisement envisageable avec un autre convoi du même type.
Qu'a-t-il bien pu se passer dans le long cheminement (de fer) qui va du projet à la mise en service d'un matériel aussi compliqué ? La chasse au(x) coupable(s) désigné(s) est probablement ouverte. Elle sera obligatoirement décevante et hautement litigieuse.
La raison, c'est un médecin anglais des années 1950, Michael Balint, qui nous l'a fourni sur un plateau en observant ce qui se passe en médecine quand un grand nombre d'intervenants sont amenés à s'occuper d'un même patient. Ce phénomène psychologique, absolument inévitable, porte un nom. C'est la dilution des responsabilités. Chacun fait son travail, le plus souvent du mieux qu'il peut, mais uniquement dans la mission professionnelle qui est la sienne.
Avec une telle organisation du travail, souvent rendue indispensable par la complexité des techniques et des savoirs de chaque profession, plus personne ne peut se sentir responsable de la personne malade. De son coeur, ou de son système nerveux, oui, mais pas du bonhomme tout entier.
Toute la médecine hospitalière, donc celle qui est apprise aux étudiants, est fondée sur ce système dit avec emphase «pluridisciplinaire».
Dans un récent courrier, un confrère anesthésiste me racontait avoir été conduit, alors qu'il devait endormir un malade pour un examen oto-rhino, à effectuer le diagnostic d'un cancer de la base de la langue. Personne, semble-t-il, n'avait songé à cet examen clinique élémentaire pour n'importe quel étudiant en médecine.
En invoquant notre sacro-saint Descartes, saucissonner la réalité avec l'espoir de mieux la maîtriser en la fragmentant est un leurre systémique aussi lourd de conséquences fâcheuses que d'une fréquence que personne se grade bien d'évaluer et de chiffrer.
Profiter des trains trop larges pour comprendre la voix de la voie serait un sage calcul.
Dr F-M Michaut
26-27 mai 2014
Une place pour chacun LEM 863
C'est devenu une manie, j'en conviens volontiers : je ne cesse pas de râler sur ce site quand je constate les dégats bien réels que peut entrainer, dans le domaine de la santé, comme dans tant d'autres, la confusion (volontaire ou non) des rôles.
Quand l'État lui-même se met en tête de s'occuper de questions qui ne peuvent pas être de son domaine de compétence, il n'y a aucune raison qu'il ne soit pas mis en question par ses citoyens. C'est ce que fait en homme libre Jean-François Huet dans la LEM 863, dont le titre (volontairement) quelque peu abscons L'hyper-régaliennitude prendra tout son sens bien concret à votre lecture.
Dr F-M Michaut
28 - 29 mai 2014
Entre voix et voies
Les élections parlementaires européennes ont été spectaculaires en France. Le parti A a devancé le parti B, le parti C, naguère dominant, ferme le trio de tête des suffrages.
Il n'en faut pas plus pour que les commentateurs s'en donnent à coeur joie.
La question ici n'est absolument pas de savoir qui sont A,B et C.
Je n'ai entendu personne souligner que nous venons de vivre le premier scrutin où les votes blancs, sont désormais séparés, par une loi bien peu commentée, des bulletins nuls.
Un bulletin blanc (ou à défaut une enveloppe vide) est un suffrage exprimé, pas un vote non comptabilisé dans les résultats électoraux.
Faire le choix d'exercer son droit civique d'électeur, quand plus de la moitié de la population a déserté les urnes, ce n'est pas rien du tout.
Oser dire que parmi les candidatures multiples, aucune ne fait une proposition à laquelle vous pouvez adhérer, est une preuve de lucidité et de courage civique.
Infiniment plus facile de se laisser aller à un vote sanction en perdant sa voix et ses opinions dans le choix de l'adversaire supposé le plus redoutable. Et ne parlons pas des bulletins servant de support à des insultes courageusement anonymes.
Les votes blancs, pour lesquels aucune publicité n'a été faite, se sont élevés à près de cinq cent mille dimanche dernier (Le Monde.fr du 26 mai 2014).
Juste à titre de comparaison, c'est environ le dixième du score du parti A.
La loi du silence sur l'émergence de ce nouveau comportement des électeurs ne va pas durer.
La suite des évènements dans notre pays ne peut être que passionnante pour les citoyens, même si cela complique sérieusement la vie des hommes politiques de tous les bords.
Dr F-M Michaut
30 mai - 1er juin 2014
Fin de vie, questions d'éthique
La décision de ne plus alimenter, ou de cesser d'hydrater, des malades en fin de vie se pose parfois, laissant les soignants dans un malaise certain. C'est pourquoi, notre partenaire le Centre d'éthique clinique propose une journée sous forme de «dialogue-débat» le 18 juin 2014.
Les chercheurs du Centre d'éthique clinique présenteront une enquête sur ce sujet dans quatre spécialités médicales : gériatrie, soins palliatifs, neurologie et néo-natologie. Un «jury citoyen» de la Mutuelle de l'Education Nationale (MGEN) participera aux échanges.
Lieu : Grand amphi de la MGEN, 3 square Max Hymans, Paris XVème.
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Dr F-M Michaut
2 - 3 juin 2014
Diète éthique LEM 864
Le temps de la dictature du maillot de bain, plus volontiers dans sa variante féminine, est de retour. Comme chaque année, les généralistes se voient sollicités par des personnes dont les formes se sont arrondies depuis la dernière saison des bains estivaux, avec leur exposition cutanée obligatoire.
Un mouvement d'opinion se fait entendre. Contrairement aux armées qui se comptent par régiments, la vox populi se persuade (enfin) que «le-régime» ment.
Le débat qui agite une considérable partie de notre humanité actuelle, celle dont le tour de taille ne cesse de progresser, mérite un autre abord que celui des discours scientifiques.
Si on en parlait en prenant de la distance, juste pour cesser de se prendre la tête pour une poignée de kilos jugés superflus par leur porteur ? C'est ce que fait Jacques Grieu, avec son poème Régimes dans la LEM 864. Attachez (ou détachez, au choix) vos ceintures.
Dr F-M Michaut
4 - 5 juin 2014
Oui, qui paie dit : ah
Dire ah, comme chez le médecin qui examine ma gorge, certes. Mais aussi, homophonie oblige, réflexe nouveau de se précipiter sur son cher ordi avant d'aller en consultation. Ou, après avoir entendu l'avis de l'homme de l'art.
Le Monde.fr du 3 juin 2014 met utilement ses lecteurs en garde : « Wikipedia n'est pas votre médecin ». Certes 40 à 70% des praticiens et étudiants en médecine consultent (discrètement) ce moteur de recherche pour des questions de santé, mais l'Université Campbell en Caroline du Nord vient de publier une recherche de Robert Hasty et ses collaborateurs à prendre en compte.
La fiabilité des articles publiés sur la grande encyclopédie numérique mondiale n'est pas garantie. Ainsi neuf articles sur dix concernant des maladies ou des traitements contiendraient des « erreurs ou inexactitudes significatives ».
Combien de générations a-t-il fallu pour que nous ne soyons plus persuadés que ce n'est pas parce que c'est «écrit dans le journal» que c'est vrai ?
Dr F-M Michaut
6 - 8 juin 2014
Dans les sacoches du débarquement
En 1944, il n'y eut pas que des troupes alliées et du matériel de guerre qui mirent pied sur le sol de la France occupée. Un certain Pierre Laroque (1907-1997) , haut fonctionnaire du Conseil d'Etat depuis 1938, démis de ses fonctions par Vichy en 1940, et ayant rejoint la France libre à Londres, fit aussi son retour. C'est lui qui fut le père intellectuel de notre Sécurité sociale.
Quelle idéologie pouvait donc animer monsieur Laroque ? La question du fondement intellectuel de cet «acquis social» n'est pas hors sujet pour qui se soucie de l'avenir de notre vénérable, et bientôt septuagénaire, Dame Sécu.
Voici, transmise par un correspondant attentif, la traduction condensée de l'objectif des pères de la Sécurité sociale. Il s'agit, je cite de « L'organisation collective de la liberté individuelle par le biais d'un assujettissement social».
J'ai bien lu, organiser au moyen d'un organisme ma liberté personnelle ? L'idée est ambitieuse et, du moins dans son principe, ne manque pas de générosité et d'altruisme. Le moyen proposé pour y parvenir ? Faire de moi, comme de tous les autres citoyens un assujetti social. Bigre, la contradiction logique saute aux yeux.
Jamais, contrairement à ce qu'affirmait en 1944 le catéchisme marxiste, rendre quelqu'un le sujet d'un système quelconque n'a conduit à lui donner la liberté qui lui manquait.
Dr F-M Michaut
9 - 10 juin 2014
Aiguillage raté LEM 865
Tout l'édifice de la connaissance scientifique dont nous avons hérité est construit sur des fondations généralement attribuée au français ( exilé en Hollande pour pouvoir s'exprimer) René Descartes.
Et si, aussi fertile qu'ait pu être indiscutablement, pendant trois siècles, le cartésianisme, sa vision du monde et de l'esprit humain avait maintenant trouvé des impasses insurmontables ?
Et si nous avions raté une marche importante dans l'évolution de nos connaissances en négligeant, pour de multiples et bien humaines raisons, une voie prometteuse jusque là incomprise ou mal comprise ?
Tel est le sujet de la LEM 865 « Caute », qui ne fait que reprendre un sujet qui, comme toutes les idées novatrices, flotte dans l'air du temps avant de pouvoir se concrétiser.
Dr F-M Michaut
11 - 12 juin 2014
Surveiller tout tue la qualité
Le blog Internet Actu du 7 juin 2014 soulève un lièvre de grande importance. Les outils numériques multiplient à l'infini les possibilités de contrôle de tout ce qui se passe (entre autre) pendant le temps de travail. D'où le succès des procédures de maîtrise, de standardisation des moindres faits et gestes des professionnels, dans l'espoir d'optimiser les performances des travailleurs. Plus de productivité, plus de bénéfices : la formule semble évidente.
Sauf que les humains sont des humains. Se sentir espionnés et jugés en permanence les conduit à travailler moins bien. La fameuse confiance, qui se réduit comme peau de chagrin, se révèle finalement beaucoup plus « rentable » dans le travail, comme dans le plaisir de vivre de chacun.
Pour les malades des médecins, on ne peut que se porter mieux ainsi, renvoyant le harcèlement moral au travail, devenu destructeur, au musée des tortures psychologiques des temps anciens.
Pour les soignants eux-mêmes, c'est une invitation forte à refuser fermement toutes les procédures de contrôle que des instances nationales ou locales ne cessent d'accumuler depuis des années pour (ne pas) régler des problèmes d'équilibre financier de l'assurance maladie qui ne dépendent pas, ou bien peu, des professionnels qui soignent les autres.
Après la phase des «mesures» autoritaires pour diriger les hommes qui ont toutes échouées, ne peut que venir l'ère, infiniment plus intelligente, car génératrice de confiance dans les capacités de chacun, des «démesures».
Cesser de compter les oeufs dans le cul de la poule, quel soulagement ce serait pour des êtres humains supposés être doués d'un coeur et d'un cerveau.
Dr F-M Michaut
13 - 15 juin 2014
Partis mais où?
Curieuse façon que d'utiliser le participe passé du verbe partir pour désigner les rassemblements/divisions politiques en vue d'accéder aux sièges électoraux.
Le manque d'intérêt croissant du public pour les partis - dans un pays comme la France - suscite l'interrogation. Les partis seraient-ils déjà partis de notre univers mental, en totalité ou seulement en partie ? Décriés de tous les côtés, ont-ils encore leur place dans notre univers blindé au numérique ?
Même avec l'introduction de couleurs pour désigner certains, malgré l'abondance des discours et des stratégies de propagande, sous le nom édulcoré de communication, il est devenu difficile d'y voir clair.
Les promesses intenables lassent, les intentions sans lendemain perceptible découragent, les discours convenus endorment les esprits.
Il faut toujours rêver, c'est ainsi que commence inévitablement ce qui deviendra, avec beaucoup de chance, une réalité incontournable un jour futur.
Avoir une idée précise du type de société désiré, et de ses fondements idéologiques, éventuellement philosophiques ou scientifiques clairement exprimés, pourrait utilement être le travail numéro un de chacun de nos partis. Savoir pour quel avenir de notre civilisation, bien plus que pour telle ou telle personnalité éphémère, nous souhaitons donner nos suffrages redonnerait une indispensable consistance à la pensée politique de chaque citoyen.
Alors, s'ils vous plait, partis mal partis, faites mentir votre nom, revenez vite, juste pour faire votre travail indispensable à la collectivité humaine.
Dr F-M Michaut
16 - 17 juin 2014
En toute cordialité LEM 866
Que la langue est surprenante, surtout quand elle fait un détour par nos ancêtres de la latinophonie. Corda, dont nous avons retenu le dérivé médical et pharmaceutique cordial, est à la fois les coeurs et les cordes.
Pour aller un peu plus loin, c'est au départ des boyaux, ceux qui, séchés, font chanter les instruments de musique comme ceux qui garnissaient les raquettes de tennis, qu'il s'agissait.
Salmigondi anatomique, et richesse des utilisations dont joue avec un plaisir évident Jacques Grieu dans sa LEM 866 Corderies SURSUM CORDA.
Oui, oui, garanti (sans engagement du gouvernement, ni de l'académie de médecine), c'est bon pour le coeur.
Dr F-M Michaut
18 - 19 juin 2014
Remontage de bretelles
La Commission européenne n'y va pas avec le dos de la cuiller. Le système français de contingentement drastique des candidats aux professions de santé, nommé, pour ne pas parler de malthusianisme, le « numerus clausus » devrait être supprimé. Nous sommes, en effet, les seuls des pays de l'Union européenne, à subir cette restriction réglementaire.
- D'un côté, il existe chez nous un engouement croissant des étudiants pour les études de médecine. Ce qui est encourageant.
-D'un autre côté, non seulement les cabinets médicaux se dépeuplent et de nombreux confrères choisissent de ne plus exercer. Ce qui est désolant pour les patients.
- Entre les deux, une étrange usine à gaz où des fonctionnaires experts en chambre calculent, 10 à 15 ans à l'avance, les besoins théoriques en soins de santé de la médecine privée. Et ce sont nos députés, à la lumière d'une bien mystérieuse science du présent et du futur, qui votent chaque année le nombre d'étudiants pouvant s'inscrire en deuxième année de médecine, et autres formations de la santé. On plane en plein délire de planification.
Je ne peux pas m'empêcher de penser avec tristesse à tous ces jeunes gens au grand coeur qui voulaient consacrer leur vie à soigner les autres. Des milliers ont été éliminés sans discernement parce qu'ils n'étaient pas assez conformes au modèle scolaire (étroitement limité à des modèles mathématiques) de ce concours censé choisir les meilleurs soignants de demain. Combien de praticiens de très grande qualité ont été ainsi assassinés dans l'oeuf ?
Et nous voici contraints d'importer à grands frais des confrères du monde entier pour tenter (souvent en vain, hélas) de maintenir en survie des métiers massacrés par pure bêtise et ignorance rigide des décideurs de ce qu'est la vraie médecine.
Alors, finalement, cette fessée de Bruxelles au pays de Descartes n'est pas vraiment imméritée.
Dr F-M Michaut