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                |  |  |   
                | LA 
                  VIE  
                    La vie se nourrit des regards,Des visages et des sourires,
 Er des sentiers où elle s'égare,
 De ces replis où le vent vire,
 S'envole et va, sans crier gare
 Donner la pluie ou parfois pire
 
 
 La vie étonne, surprend, effare,
 Tantôt merveille d'un matin gai,
 Parfois brume d'un jour blafard,
 Elle observe, elle fait le guet;
 Brutal éclair fugace d'un phare
 Qui surprend pupilles aux aguets.
 
 
 La vie sait, quand elle part,
 Laisser des traces, écrire des lignes,
 Ces années où elle est rempart
 Elle confie des voix, des signes,
 Peut-être pour dire de sa part
 Que ses jours n'étaient pas indignes.
 
 
 
 |         La 
                    vie emplit de mer les yeux,qu'elle sait entourer de soleil,
 Tamiser de sagesse, ou mieux,
 Apaiser d'un air pareil
 A celui de quelques vieux
 Dont est venu l'ultime éveil.
 
 La vie s'éprend de doux espoirs
 Et se chagrine de vains regrets,
 Elle s'achève au bout d'un soir,
 Gravant juste un nom sur le grès,
 Mais parfois même dans le noir
 des êtres perdus qui lui savent gré.
 
 La vie est d'air, de feu et d'eau,
 Reflet du ciel dans les flaques,
 Des yeux, paupières en rideaux,
 Portes ouvertes, volets qui claquent,
 Acteurs, spectateurs et badauds,
 Etres en vrai, humains en vrac...
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                | VISAGE
 Quand la vie a pour figure un visage
 Où les lacs clairs des yeux sont rivages
 Pour s'y rendre, et à l'abri s'échouer,
 Là où le ciel et l'eau vont jouer,
 Quand l'existence dessine ses images,
 Silhouettes fugitives, fées ou mirages,
 Il reste des traits connus qui sont bouées,
 Ceux des êtres émouvants qui semblent doués
 Pour endosser des costumes de Rois Mages
 Autant que pour aider à rester sages...
 Quand la vie est parvenue à nouer
 Des liens humains, comme pour clouer
 Sur ces figurines des noms d'usage,
 Il n'est plus de temps ni plus d'âge
 Pour se réjouir, et si souvent louer,
 Dans un fond d'émotion enrouée,
 Ces jours qui viennent et se partagent
 Avec des êtres dont sont gravés les visages.
 Quand la vie mord après s'être dévouée,
 Quand elle s'endort dans une trouée,
 Demeureront, discrètes, quelques pages,
 Qui contre l'oubli feront barrage...
 
 
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                | 
                     
                      | 
                           
                            | Tant 
                              d'interrogations chez tous, à propos de cette 
                              viellesse inexorable et redoutée. Jusqu'à 
                              ces questions sur le bénéfice secondaire 
                              : gagne-t'on plus, parfois, à passer pour 
                              sourde et à y trouver des excuses pour ne 
                              plus entendre un monde dont les cris et les appels 
                              vous dépassent, vous ennuient, ou vous horripilent 
                              ? Et profiterait-on un peu aussi quelquefois de 
                              cette indulgence accordée et même due 
                              aux anciens, en passant pour un peu plus lent, plus 
                              dur d'oreille autant que de sentiment, d'assentiment 
                              ou de caractère ? |  |  |  
                    LA SOURDE OREILLE
 Tu connais bien, assurément,
 Tous tes chapitres, tu te sais vieille,
 Et le temps fait, décidément,
 A double titre, la sourde oreille,
 Souvent t'ignore, ou parfois ment.
 Il fait le pitre, et toi pareille,
 Te joue des tours et tourments,
 Mais tu arbitres et tu surveilles.
 Il reste un jour, pas le moment,
 Ferme les vitres et puis sommeille,
 Le temps bien lourd est ton calmant,
 Et ce vieux cuistre, qui t'ensoleille,
 Pourrait un jour être ton amant.
 Fermer ton huître sur tes merveilles,
 Depuis des lustres, assurément,
 La pluie par litres abreuve la treille
 Et elle persiste, effrontément.
 Sur son pupitre, le garde qui veille
 Sur le temps a oublié comment,
 Et sous sa mitre fait sourde oreille.
 Alors la vieille, l'es-tu vraiment ?
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                |  
                    DITES NOUS
 A quoi voit-on, dites moi,
 Que la vie vous sourit,
 Ou bien qu'elle trépigne ?
 Comment savoir au fil des mois
 Si l'existence nourrit
 Des desseins droits et dignes ?
 Vous comptez sur vos émois
 Et quelques jours pourris
 Ne vous font même pas signe.
 
 Et quel peut-être, dites donc,
 Le parcours qui relie
 Tous ces bouts d'existence ?
 Il est des êtres dont
 Cet amour qui se lit
 Dans les yeux est patience,
 Et d'autres qui ont don
 De souvent faire le lit
 D'un futur de confiance
 
 Mais que sera, dites nous,
 Cet avenir adroit
 Qui prétend perdurer ?
 Comment donc savoir tout,
 Et en a-t-on le droit
 Ou doit-on endurer ?
 Pour aller jusqu'au bout,
 Vous comptez sur vos doigts
 Les ans à augurer.
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                    Comment sait-on, dites nousQue la vie ne pourrait
 Etre piètre compagne ?
 Et devant quels remous
 Voit-on qu'entre ses rêts
 La mort vous accompagne ?
 Vous comptez vos rendez-vous
 Et vous barrez d'un trait
 Les jours qui semblent bagnes.
 
 Comment vient, dites toujours,
 Ce sentiment si violent
 Qui vous saisit soudain
 Ou surgit certains jours
 Comme un miracle lent
 Qui paraît bien badin.
 Mais quand il dit bonjour
 Il a comme un élan
 Qui n'a rien d'anodin...
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