Afrique ?
Écoutons bien

24 février 2014
Docteur François-Marie Michaut
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Un papier, un crayon. J'ai tenté de faire un inventaire éclair des pays de la planète qui font mentir dans la réalité notre bel objectif de 1945 de Nations Unies.
   Union dans la paix que nous espérions tellement ou union dans la violence collective signant une pathologie contagieuse de notre humanité?
Des vies sont massacrées, des personnes sont détruites, des populations sont laminées aux yeux de tous dans aux moins dix sept pays, sur tous les continents. Les médias nous en informent ponctuellement, avec le même détachement objectif que s'il s'agissait de résultats sportifs ou de bulletins météorologiques.

Je suis personnellement touché par ce qui se passe en Afrique. Le nid de la redoutable mouvance islamiste intégriste Boko Haram au sud est du Nigeria, est juste à quelques dizaines de kilomètres de la rive nord du lac Tchad où je fus médecin au titre de la Coopération au moment de la guerre du Biafra (1966 et 1967). Profondément marqué comme je le suis resté par cette expérience africaine, mon ami et complice du premier jour dans la réalisation de ce site Jacques Blais a pris le soin de communiquer aux lecteurs son ressenti personnel de son séjour médical en Centrafrique. Le moment est venu, pour qui veut aller au delà de l'émotion des massacres de ce qui ressemble à une guerre de religion fratricide, d'aller au delà des jugements aussi hâtifs que péremptoires sur des drames culturels dont nous ignorons tout. Je vous invite à écouter, et ré-écouter Jacques Blais dans son beau et vrai récit Centrafrique .

Entrer en guerre contre d'autres groupes humains, singularité absolue remarquable dans le monde animal, si l'on en croit Konrad Lorentz, fait-il partie intégrante de notre patrimoine génétique ? La sagesse populaire nous dit bien que puisque cela a toujours été, il n'y a aucune raison que les choses changent. Difficile à admettre pour un médecin. Les femmes ont toujours accouché dans la douleur depuis Ève, jusqu'à l'utilisation de masse des anesthésiques. La méningite tuberculeuse a toujours été un arrêt de mort pour les enfants atteints, jusqu'à l'invention, jugée alors miraculeuse, des antibiotiques au milieu du siècle dernier. En médecine, nous cherchons sans cesse que ce qui a toujours été nuisible pour notre santé ne le soit plus, ou le soit moins.

Les sciences humaines ont accumulé une documentation énorme sur nos tueries collectives. Comment, et surtout pourquoi, nous retrouvons-nous entrainés «sur le sentier de la guerre» comme le dit la tradition amérindienne ? Une excellente documentation sur ce qui est encore accessible des sociétés dites «primitives» est disponible dans l'ouvrage de Jared Diamond, professeur de géographie à l'Université de Californie de Los Angeles : «Le monde jusqu'à hier».

Une direction, totalement non conventionnelle pour nos esprits gavés au lait du matérialisme scientifique, me semble sortir de tout cela. Faire la guerre est, avant toute recherche d'un intérêt matériel, une activité imposée par des motifs d'ordre divin tels qu'ils sont lus par les autorités religieuses. Rétablir un ordre divin indispensable au fonctionnement de sa collectivité parce que les façons d'agir de ceux d'à côté l'ont rompu. Les récits de l'antiquité gréco-latine ne disent rien d'autre. Offenser les dieux, plus encore que corrompre la jeunesse, a été le motif de la condamnation à mort de Socrate.
Le respect des droits de l'homme et la démocratie des peuples ne sont toujours pas des notions qui vont de soi dans de multiples pays. Tenter de les imposer de force comme le font les pays occidentaux ne conduit à rien. C'est désormais à ceux qui ont l'autorité en ce moment pour parler au nom des religions du monde, à toutes sans aucune exception, qu'incombe le devoir de parler en toute clarté à leurs croyants et sympathisants. La tradition religieuse dont je suis reconnu comme le porte-parole est-elle, ou non, favorable à toute forme de guerre contre d'autres groupes humains que le mien ? Les moyens de communication de l'époque rendraient techniquement la chose aisée. Pour l'instant, un lourd silence règne.

Nous avons tenté chez nous de gommer, comme de plus en plus dépassé par la connaissance scientifique depuis trois siècles, tout ce qui est du domaine spirituel. Le retour de bâton est sous nos yeux.
Attention, le prophète sans religion André Malraux nous a bien prévenus. «Le XXIème siècle sera spirituel ou ne sera pas !»
Le continent africain qui, en phagocytant avec son génie habituel l'idéologie occidentale, est demeuré le plus proche de ses racines et de ses valeurs traditionnelles, est notre bouée de secours.

Alors, de grâce, ne surtout pas dire : Afrique, assez.


Retrouver la confiance

 

Restaurer la conscience


Renforcer la compétence


Os court : «À l'envers des nuages, il y a toujours un ciel.»
Mûhammad Al-Faytûry (poète soudanais)

Cette lettre illustre notre Charte d'Hippocrate.
Lien : http://www.exmed.org/archives08/circu532.html

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