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Formation économique 7

D'un caducée à l'autre n°16

Comité éditorial : Jean-Paul Escande, Paul Fabra, Odile Marcel.

Conception & réalisation : Dominique & François-Marie Michaut

Une conception renouvelée de l'économie ...

... pour une pratique plus saine de la médecine

Le travail et l'épargne ont été, sont et resteront les deux seules sources économiques primitives de la prospérité d'une population. Parmi les résultats de cette prospérité, les progrès des sciences et des techniques favorisent en retour une augmentation de la production totale plus rapide que celle des quantités globales de travail et d'épargne. Mais plus ces progrès sont vifs, plus la quantité d'épargne stable placée dans les entreprises de toutes tailles et de toutes spécialités commande le plein-emploi.

Le plein-emploi, ce n'est pas seulement un nombre suffisant d'emplois rémunérés. C'est aussi une tendance générale à l'amélioration des conditions de travail, tant en ce qui concerne le pouvoir d'achat des salaires que la stabilité de l'emploi et la qualité des rapports sociaux dans toutes les professions.

Une pratique plus saine de la médecine ne peut être fondée sur une conception renouvelée de l'économie que si cette conception est centrée sur l'obsession du plein-emploi ainsi compris. Ce centrage, on l'imagine, est très exigeant intellectuellement et moralement. Ce sont des facilités politiques, et leurs expédients techniques d'accompagnement, qui font que les progrès des sciences et des techniques entraînent un excès des destructions sur les créations d'emplois. Quoi que fassent les lois, les médecins l'observent bien, ces destructions sont accompagnées de bien plus de détérioration des conditions de travail que d'améliorations.

 

 

Médecins et citoyens ne font face au défi du plein-emploi que s'ils s'appliquent avant tout d'abord à en comprendre l'économie . Il y faut une rigueur conceptuelle qui n'est pas vraiment à la mode. L'emploi rémunéré, dont, nous l'avons vu, l'emploi du médecin par son propre cabinet, est toujours en soi un acte d'échange marchand. C'est donc bien l'ensemble du système des échanges marchands qu'il faut encore observer pour identifier les régulations du plein-emploi.

 

2. Théorie de la marchandise ( suite )

Proposition 2.11. Les marchandises élémentaires sont celles qui entrent dans la production de toutes les marchandises composées.

Il a été affirmé depuis longtemps que le travail et l'épargne sont des « acteurs de production » utilisés par toutes les entreprises. Hélas pour nous, la notion même de « facteur de production » n'est pas limitative. La réalité, heureusement, est plus claire. C'est sous la forme de marchandises, dites élémentaires ( mais marchandises à part entière ), que le travail et l'épargne participent à la production de toutes les marchandises composées.

 

Proposition 2.12. Il existe deux sortes de marchandises élémentaires : le travail et le placement d'épargne.

Il est exact de dire que le travail est une marchandise quand il est bien entendu qu'il s'agit du résultat vendu d'une dépense d'énergie humaine et non pas de cette dépense d'énergie elle-même.

Proposition 2.13. Les placements d'épargne qui font partie des marchandises élémentaires sont des prêts qui sont consentis par des particuliers à des entreprises. Ces prêts sont des placements en crédit ou des placements en capital.

Quand une banque prête contre intérêt, le service fourni est une marchandise composée. Quand M. et Mme Dupont prêtent à un établissement financier ou à toute autre sorte d'entreprise, il s'agit d'une marchandise élémentaire. Ce prêt des Dupont prend la forme d'un placement ou en crédit ou en capital.

Placements en crédit et placements en capital sont deux pratiques dont nous allons définir soigneusement les principes respectifs. Bien distinguer capital et crédit est, en effet, tout à fait nécessaire pour diagnostiquer la normalité économique et, donc, a contrario, la pathologie éventuelle d'une économie libre - particulièrement lourde de conséquences sociales, morales et ... médicales dont souffrent les patients comme les médecins.

D'un caducée à l'autre n°17

Comité éditorial : Jean-Paul Escande, Paul Fabra, Odile Marcel.

Conception & réalisation : Dominique & François-Marie Michaut

Une conception renouvelée de l'économie ...

... pour une pratique plus saine de la médecine

Le mot capital n'est pas utilisé dans un seul sens en science économique. Le financement à proprement parler permanent de l'entreprise joue pourtant un rôle ... capital. Reconnaître pleinement ce rôle passe par l'affectation au terme " capital " de la seule désignation de ce financement permanent et de rien d'autre.

Quel type d' économie est la plus apte au plein-emploi ? Est-ce un créditisme, régime dans lequel la part de capital dans le financement des entreprises tend à être minimale ? Ou bien est-ce un vrai capitalisme, régime dans lequel c'est la part du crédit, dans ce même financement et dans celui des dépenses publiques, qui tend à être minimale ?

La médecine est bien plus directement concernée par ces questions que les médecins paraissent en avoir aujourd'hui conscience . Un cabinet médical est une entreprise. Cette entreprise fonctionne, comme toute autre, au moyen de ce qu'on appelle des actifs : équipements, stocks de fournitures, créances, disponibilités en caisse et en banque. En contrepartie de la valeur totale de ces actifs, il y a nécessairement un passif de même montant. Le crédit obtenu fait bien entendu partie du passif : il est dû par l'entreprise au(x) prêteur(s). Mais le capital, quand il existe, fait aussi partie du passif : il n'est pas la propriété de l'entreprise mais, c'est une notion fondamentale, la propriété du propriétaire ou des propriétaires de l'entreprise.

 

Le compte en partie double qui dresse l'inventaire de l'actif et du passif d'une entreprise s'appelle un bilan. Les médecins libéraux ne sont pas tenus à l'établissement une fois par an du bilan de leur cabinet. Un tel bilan n'en existe pas moins dans les faits. La question se pose de savoir s'il est souhaitable de former les médecins à l'établissement et l'analyse du bilan d'un cabinet et, dans l'affirmative, par quelle méthode extra comptable ce bilan peut être établi avec une approximation suffisante. C'est une question traitée par étapes dans les Fiches Pratiques de la nouvelle version Internet de cette formation..

L'endettement moyen des cabinets médicaux conditionne forcément beaucoup l'indépendance réelle du médecin libéral. Plus cet endettement est important, plus il faut absolument un chiffre d'affaires qui permettra de faire face aux échéances. La quantité des actes devient alors une contrainte à laquelle leur qualité doit être subordonnée. Même s'il y a beaucoup d'abus de la part des assurés sociaux et des justifications croissantes à fournir à des assureurs de plus en plus suspicieux, il faut marcher dans le système quand on ne dispose pas des moyens financiers de résister à ces pressions.

2. Théorie de la marchandise ( suite )

Proposition 2.14. Le crédit est une avance contre remboursement du principal et en échange d'un intérêt

Pierre prête à Jean sans intérêt. Il n'y a pas échange marchand. L'avance contre remboursement ne devient un échange marchand que quand le prêteur demande ou accepte la rémunération, sous la forme d'un intérêt, du service rendu.

Proposition 2.15 Le capital est le financement à proprement dit permanent de l'entreprise.

Pour une entreprise donnée, un financement n'est à proprement parler permanent que s'il dure autant que l'entreprise elle-même. Il faut le préciser car il est malheureusement d'usage, en analyse financière, de considérer que l'endettement à plus d'un an d'une entreprise fait partie des " capitaux permanents " qui participent à son financement - qui constituent un élément de son passif. Il s'agit alors d'analyse financière adaptée aux façons de voir du créditisme.

En réalité, un crédit, quel qu'il soit, n'est pas du capital. En réalité n'importe quelle somme d'argent ne peut pas être appelée " capital " sans atténuer le rôle essentiel que joue dans la solidité et l'autonomie d'une entreprise le fonds investi dans cette entreprise tant qu'elle durera. Le capital proprement dit est aussi souvent appelé " fonds propres " des entreprises.

2. Théorie de la marchandise ( suite )

Proposition 2.11. Les marchandises élémentaires sont celles qui entrent dans la production de toutes les marchandises composées.

Il a été affirmé depuis longtemps que le travail et l'épargne sont des « acteurs de production » utilisés par toutes les entreprises. Hélas pour nous, la notion même de « facteur de production » n'est pas limitative. La réalité, heureusement, est plus claire. C'est sous la forme de marchandises, dites élémentaires ( mais marchandises à part entière ), que le travail et l'épargne participent à la production de toutes les marchandises composées.

 

Proposition 2.12. Il existe deux sortes de marchandises élémentaires : le travail et le placement d'épargne.

Il est exact de dire que le travail est une marchandise quand il est bien entendu qu'il s'agit du résultat vendu d'une dépense d'énergie humaine et non pas de cette dépense d'énergie elle-même.

Proposition 2.13. Les placements d'épargne qui font partie des marchandises élémentaires sont des prêts qui sont consentis par des particuliers à des entreprises. Ces prêts sont des placements en crédit ou des placements en capital.

Quand une banque prête contre intérêt, le service fourni est une marchandise composée. Quand M. et Mme Dupont prêtent à un établissement financier ou à toute autre sorte d'entreprise, il s'agit d'une marchandise élémentaire. Ce prêt des Dupont prend la forme d'un placement ou en crédit ou en capital.

Placements en crédit et placements en capital sont deux pratiques dont nous allons définir soigneusement les principes respectifs. Bien distinguer capital et crédit est, en effet, tout à fait nécessaire pour diagnostiquer la normalité économique et, donc, a contrario, la pathologie éventuelle d'une économie libre - particulièrement lourde de conséquences sociales, morales et ... médicales dont souffrent les patients comme les médecins.

D'un caducée à l'autre n°18

Comité éditorial : Jean-Paul Escande, Paul Fabra, Odile Marcel.

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Une conception renouvelée de l'économie ...

... pour une pratique plus saine de la médecine

 

Un des maux dont la médecine souffre le plus est général. Il existe une logique économique et une nécessité sociale du placement en capital. Mais nos parents et nos professeurs ne nous les ont pas inculqués. Il en ira pourtant du plein-emploi comme de l'indépendance de la médecine. Ces deux progrès seront reconquis quand notre mentalité s'appropriera de nouveau la conscience de leur possibilité.

 

Les légitimités respectives du salaire et de l'intérêt résident dans le fait qu'ils sont des contreparties en échange. Le travail contre rémunération est un service échangé. Le prêt contre intérêt est un service échangé. Le placement en capital est aussi, dans son principe, un service échangé. La propriété des profits périodiques de l'entreprise est la contrepartie de ce service.

La légitimité du profit est dans l'échange. La nécessité du capital est dans l'indépendance et la stabilité des entreprises. Elle est donc politique. Sans assez de capital, les entreprises, alors trop dépendantes les unes des autres, se trouvent être, en dernier ressort, exagérément soumises aux pouvoirs publics. Les étatistes sont, bien entendu, peu enclins à chanter les vertus du capital. Les Français sont étatistes.

 

Un médecin libéral devient économiquement propriétaire d'un cabinet par des apports en capital. Il y a un apport initial, si modeste soit-il. Il est effectué au moment de la reprise ou de la création du cabinet. Puis il y a des mises en réserve, surtout dans les premières années. Ce sont autant d'apports supplémentaires.

La comptabilité à laquelle un médecin est tenu ne fait pas état de capital. Comme cette même comptabilité n'identifie pas le salaire versé par le cabinet au praticien, le profit est lui aussi une grandeur non identifiée. C'est un effet d'une mentalité qui n'est pas propre à la médecine. Mais c'est aussi une mentalité à laquelle la médecine est entrain de payer le tribut particulièrement lourd de la perte de son indépendance.

 

La revendication de l'indépendance de la médecine n'est pas réaliste quand elle s'abstient de se prononcer sur le rôle du capital et du profit. Dans son propre secteur d'activité comme dans l'ensemble de l'économie. Du coup une occasion de joindre l'acte à la parole n'est pas saisie. Une réforme nécessaire de la comptabilité des cabinets médicaux n'est pas réclamée.

 

... par une conception renouvelée de l'économie

2. Théorie de la marchandise ( suite )

 

Proposition 2.16. Le placement en capital est l'unique accès à la propriété ou la copropriété d'une entreprise

Soit une somme dont André a la disponibilité. Il la place en capital. Ce faisant, il devient propriétaire ou copropriétaire d'une entreprise. Pour André comme pour n'importe qui d'autre, il n'existe aucun autre moyen d'accès à la propriété ou la copropriété d'une entreprise. Cabinet médical inclus.

Au sein du patrimoine d'André, il y a transformation d'un disponible en un titre de propriété. Cette transformation n'est opérée au moyen d'un échange dans lequel André est l'une des deux parties que s'il y a rachat d'un placement en capital. De la propriété ainsi acquise, André est en droit d'attendre un revenu, comme il le serait s'il s'agissait d'une maison ou d'un terrain qu'il louerait.

Proposition 2.17. Le placement en capital est échangé contre la propriété ou la copropriété des profits de l'entreprise.

Un placement d'épargne, tant en crédit qu'en capital, est le premier terme d'un échange. Quelle est la contrepartie ? Dans le cas du crédit, la contrepartie est la somme des intérêts payés par l'emprunteur au prêteur ; ce n'est pas le remboursement du principal. Dans le cas du capital, la contrepartie est la propriété ou la copropriété des profits de l'entreprise. Ce n'est pas la propriété ou la copropriété d'une entreprise. Ce n'est pas l'éventuelle plus-value à la revente du placement en capital.

D'un caducée à l'autre n°19

Comité éditorial : Jean-Paul Escande, Paul Fabra, Odile Marcel.

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Une conception renouvelée de l'économie ...

... pour une pratique plus saine de la médecine

Un médecin fournit à son cabinet le placement d'une part ou de la totalité de son épargne. Il fournit à ce même cabinet son travail. Un médecin est producteur d'au moins deux des trois sortes de marchandises élémentaires. Producteur pour lui. Producteur pour sa clientèle. Producteur pour la collectivité. Comme tant et tant d'autres acteurs sur la scène de la production marchande.

Mais il y a le préjugé du médecin improductif. Il est encore très répandu. Le fonctionnaire, le prêtre, l'artiste seraient aussi des improductifs. C'est faux pour tous. L'erreur n'en persiste pas moins. Dans le cas de la médecine, qui peut mettre fin à cette persistance nuisible ?

Le médecin d'abord. C'est à lui de refuser les faux-semblants et les expédients. Rien ne justifie qu'il soit traité à part. Son propre devoir professionnel est de proposer une économie des frais médicaux qui ne déroge pas à la logique des échanges marchands.

De toute évidence, cette économie doit reposer sur la technique de l'assurance. Il n'y a rien dans la logique des échanges marchands qui s'y oppose. C'est, tout au contraire, par un échange, à titre lucratif, d'une prime renouvelée contre une garantie elle-même reconduite que l'assurance est possible. Même quand, d'une façon ou d'une autre, l'État nationalise l'assurance des frais médicaux, il n'a pas d'autre moyen que de faire d'abord payer des primes en contrepartie des prises en charge ultérieures.

L'expédient principal a été et reste soutenu par les pouvoirs publics et les syndicats. Les médecins ne se sont jamais bousculés au portillon pour le dénoncer. La vérité de ce que l'assurance coûte à l'assuré et à lui seul a été sacrifiée sur l'autel des conquêtes sociales. Il fallait faire croire qu'une partie du coût était prise en charge par les employeurs. De plus, aujourd'hui, il faut faire croire que la prise en charge est complétée par l'État.

Les médecins ont en face d'eux des assurés qui ne connaissent pas le montant réel des primes. Les assurés se font soigner par des médecins tout aussi désinformés qu'eux sur ce point. Pourquoi les uns et les autres ne s'en plaignent pas davantage ?

Deux principes sont en opposition. D'un côté, une administration à but non lucratif des frais médicaux. En face, une vraie économie des frais médicaux. Quel est celui de ces deux principes à qui va la préférence du public ? Et pourquoi ce choix ?

 

... par une conception renouvelée de l'économie

2. Théorie de la marchandise ( suite )

Proposition 2.18. Le travail et le placement d'épargne sont des marchandises élémentaires. Mais, comme ce placement d'épargne peut être en capital ou en crédit, il y a trois sortes de marchandises élémentaires : le travail, le placement d'épargne en capital et le placement d'épargne en crédit.

Il existe un seul mécanisme de formation des prix ? Ou autant de mécanismes de formation des prix que de sortes principales de marchandise ? Il n'y a qu'un moyen de s'en assurer : étudier la formation des prix de chaque sorte de marchandise avant de se prononcer !

Proposition 2.19. Seul le tâtonnement permet de déterminer l'ordre à adopter pour élaborer les théories des prix du travail, du prix du capital et du prix du crédit.

L'ordre qui convient est celui qui produit une théorie de l'économie vérifiable sur une longue période. Le point clé de cet ordre est qu'il faut clarifier d'abord la théorie du prix du capital. Ce prix étant un taux de profit, il nous faut donc une théorie du profit. Le choix majeur à instruire en ce domaine est celui du but ou de la contrainte. Ou bien une économie libre est vouée au maximum de profit. Ou bien elle est vouée à la production d'autres effets au moyen de niveaux de profit variables dans le temps et l'espace.Il s'agit d'un choix politique absolument essentiel.

D'un caducée à l'autre n°20

Comité éditorial : Jean-Paul Escande, Paul Fabra, Odile Marcel.

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Une conception renouvelée de l'économie ...

... pour une pratique plus saine de la médecine

À main gauche, le principe d'une administration à but non lucratif des frais médicaux. À main droite, le principe d'une vraie économie des frais médicaux. Un large public préfère le principe de gauche. Dans le seul corps médical, c'est aussi sans doute cette préférence qui l'emporte plus que jamais.

N'allons pas chercher midi à quatorze heures. Dans le bestiaire de nos idées toutes faites, il y a les cochons et les vaches. Les cochons de patrons n'ont qu'à subvenir à la couverture d'une partie du coût des soins médicaux. Les vaches à lait des collectivités publiques, États en tête, n'ont qu'à subvenir à une autre partie. Les fermiers estiment qu'il est de bon ordre public de ne laisser à la charge des assurés sociaux que le solde. De plus, ce solde doit être aussi peu apparent que possible. Une administration à but non lucratif de la santé se doit de fournir plus que des soins médicaux. Il faut y ajouter le réconfort de leur quasi gratuité. Un réconfort fallacieux mais ça on le cache sous la table.

Prenons conscience que les économistes ont presque tous en tête les mêmes idées toutes faites. Il le faut pour protéger les erreurs mensongères qui étayent leurs vues. Le reste n'est qu'habillage. La rareté promue au rang de cause universelle des valeurs d'échange fait partie de ces contre vérités. Le sophisme sur la cherté est, du coup, devenu un propos correct. La distinction entre ce qui est, par nature, rare ou industriel est passée à la trappe. Les politiques suivent. Les gestionnaires sont aux ordres.

Et les médecins ? Qu'est-ce que pour eux le choix entre le principe de gauche et le principe de droite ? Une affaire secondaire d'intendance ? Le médecin comme n'importe qui d'autre ne passe pas d'un principe à l'autre sans avancer ou reculer en moralité.

Les cochons et les vaches du bestiaire de nos idées toutes faites sont des créatures imaginaires qui ont leur raison d'être. Les appeler à la rescousse nous dispense du devoir moral de la reconnaissance de toute une partie du réel. Dans la réalité, la couverture de la totalité du coût des soins médicaux est à la seule charge des cotisants. C'est à eux et à eux seuls que revient le pouvoir qui va avec. Malgré cette réalité, les employeurs, les assureurs et les pouvoirs publics usurpent ce pouvoir. Le corps médical n'a pas pris parti contre cette usurpation, jusqu'à présent. Tout se passe comme s'il y avait accord tacite pour rendre impossible une vraie économie des frais médicaux.

 

... par une conception renouvelée de l'économie

2. Théorie de la marchandise ( suite )

Proposition 2.20. Les marchandises composées sont pour les unes industrielles et pour les autres rares.

Les marchandises composées sont vendues par les entreprises. Peu importe que l'entreprise qui vend soit reconnue en tant que telle. Un particulier qui loue un bien vend une marchandise composée. Un cabinet médical est une entreprise. L'acte médical est une marchandise composée.

Les marchandises composées sont pour les unes reproductibles à volonté par l'industrie humaine. Convenons de dire qu'elles sont industrielles. Leur offre peut être rendue égale à leur demande.

D'autres marchandises composées sont définitivement rares. Leur offre ne peut pas être augmentée par l'industrie humaine. L'exemple le plus remarquable est l'espace foncier.

La distinction entre ce qui est rare et industriel est logique. Le produit P est rare quand sa quantité offerte est limitée de façon définitive. Il est industriel quand cette limite n'existe pas. Pour généraliser à toute l'économie ce qui ne vaut que pour les produits rares, il suffit de déclarer que tout est rare. C'est insensé. Si tout est déclaré rare, l'idée même de rareté n'a plus de sens. Mais ça marche. La pensée économique qui tient le haut du pavé repose sur cette contre vérité. Le devoir moral de la reconnaissance du réel économique est alors traité avec désinvolture.

D'un caducée à l'autre n°21

Comité éditorial : Jean-Paul Escande, Paul Fabra, Odile Marcel.

Conception & réalisation : Dominique & François-Marie Michaut

Une conception renouvelée de l'économie ...

... pour une pratique plus saine de la médecine

Poursuivons l'examen des obstacles à une vraie économie des frais médicaux. Pourquoi le corps médical n'a-t-il pas encore pris parti contre l'usurpation du pouvoir qui revient aux seuls assurés ? Notre regard est éduqué pour ne pas voir cette usurpation. Son motif même, plus de sécurité pour les salariés et leurs familles, est juste. Les employeurs prennent en charge une partie du coût de cette sécurité ? Mais c'est de bon aloi, bien sûr ! Hélas ce n'est pourtant rien d'autre qu'un tour de passe-passe légal.

Supposons un pays P où les salariés ne sont pas encore assurés sur les conséquences financières de la maladie. Les syndicats de salariés et de patrons négocient un régime obligatoire. L'accord est assez vite trouvé sur le niveau des garanties à fournir. Le coût de ces garanties est fixé par les experts à 8 % du montant des salaires.

Il n'a jamais existé d'autre solution que de faire entrer ces garanties dans le pouvoir d'achat des salaires. En toute certitude, il n'en existera jamais d'autre. Leur caractère légalement obligatoire n'y change rien. Soit un salarié que son employeur loge et nourrit. Tous les fiscs du monde considèrent que c'est là une façon de verser une partie du salaire. Les fiscs ont raison. Un salaire n'est versé en argent que par commodité. Au final, un salaire est constitué par les marchandises achetées au moyen de l'argent touché par le salarié. Soit ce même salarié que son employeur assure. La part dite patronale des primes est réputée ne pas faire partie de son salaire. C'est pourtant bel et bien un achat de garanties que cette part ajoute aux salaires. La part patronale n'a été inventée que pour donner l'illusion d'une exception qui est, en réalité, impossible.

Au pays P, les négociations piétinent. Les patrons ne veulent pas convenir qu'il faudra consentir, de toute façon, une augmentation de 8 % des salaires au seul titre de la nouvelle obligation d'assurance. Les salariés ne veulent pas convenir que cette nouvelle obligation ne peut être mise qu'à leur seule charge. Les politiciens sont maîtres en l'art des faux-fuyants. Comment débloquer la négociation ? Il n'y a pas d'autre solution que de créer une illusion. Le gouvernement va rendre cette illusion légale. À suivre.

... par une conception renouvelée de l'économie

2. Théorie de la marchandise ( suite )

Proposition 2.21. Comment se forme chacun des prix des cinq catégories principales de marchandises ?

Il faut avoir répondu à cette question avant de se prononcer sur l'existence ou l'inexistence d'une loi unique de formation de tous les prix.

Dans notre culture, l'économie n'est plus une discipline morale. Dès qu'il est question de prix, la loi de l'offre et de la demande est censée tout expliquer en dernier ressort. Ces deux faits sont liés.

En économie, la recherche sincère de la vérité est impossible en s'en tenant au parti hérité d'une loi unique de formation des prix. Quand, sur ce point, la faute de la pétition de principe est commise, il en résulte plus que des erreurs techniques. Le but inavoué est d'ouvrir la voie à des prescriptions sans scrupule moral. Le moyen utilisé est la mise à mal de la morale scientifique. La feinte est de faire passer pour un progrès de la science ce qui est un recul de la conscience.

Les cinq catégories de prix sont les trois des marchandises élémentaires et les deux des marchandises composées. Le placement en capital est l'une des trois marchandises élémentaires. Nous commencerons par en étudier la théorie. Le travail rémunéré est une autre sorte de marchandise élémentaire. Après la théorie du capital viendra la théorie du salaire. Le placement en crédit par les particuliers est la troisième sorte de marchandise élémentaire. Des éléments de théorie de l'intérêt compléteront notre étude de la formation des prix élémentaires. Les autres prix sont ceux des marchandises composées. La théorie des prix des marchandises rares et la théorie des prix des marchandises industrielles complèteront notre tour d'horizon sur la formation des prix.