Au delà des maux du jour,
les mots de toujours

4 août 2014
Docteur François-Marie Michaut
lui répondre

L'été en cours, vacances ou pas, ne peut pas faire oublier les évènements dramatiques qui se passent sous nos yeux, hypnotisés par les écrans, entre les Palestiniens et les Israéliens. Comme il y a exactement un siècle ici, la guerre est là, avec toutes ses inévitables horreurs, des plus spectaculairement insoutenables aux plus impalpables qui poursuivent les destructions humaines pendant toute une vie.
La tentation est grande, sous l'impulsion des émotions ressenties plus que de la réflexion solidement argumentée, de s'ériger en juge souverain pour dire qui a raison et qui a tort dans cette escalade des violences réciproques. Toujours la vieille histoire infantile des gendarmes et des voleurs ou des bons contre les méchants. Essayons de grandir un peu, juste un tout petit peu, ça fait pas mal.

Peut-être n'est-il pas inutile, pour nous qui nous sentons loin de cette partie du monde, que nous ne savons même pas situer avec précision, hésitant entre les dénominations de Proche Orient et de Moyen Orient, de nous interroger. Qui sont donc ces Juifs, arrivés de tous les coins du monde sur cette terre déjà occupée en 1948 ?
Pourquoi tant de gens dans le monde, se réclamant, à tort ou à raison d'une religion issue d'un même ancêtre commun, souhaitent à grands cris, et au nom la grandeur de leur Dieu, la mort des Juifs ?

Qu'est-ce qu'il peut y avoir de si dangereux en eux qu'il faille les détruire, comme tentèrent , en vain, de le faire et Hitler et Staline au siècle dernier ?
J'ai tenté dans la Lettre d'Expression médicale 750 du 26 mars 2012 intitulée Notre héritage juif de proposer au lecteur une première approche personnelle. Deux ans plus tard, elle est certainement très critiquable, et il serait sain et plein d'intérêt qu'elle le fût.

Définir ce qui est juif et ce qui ne l'est pas, sans tomber dans la caricature ou le dogmatisme, est une entreprise intellectuelle aussi difficile que nécessaire pour tout esprit qui cherche à comprendre par lui-même le monde.
   Miracle des livres, et du hasard (tout apparent) des découvertes dans les rayons d'une librairie, je suis tombé sur un guide remarquable. Ou plus exactement sur l'ouvrage co-écrit par un très célèbre écrivain israélien et sa fille historienne et universitaire. Ils ont pour nom Amos Oz et Fania Oz-Salzberger, et se présentent d'emblée comme des Israéliens juifs séculiers, autrement dit laïcs.
Leur enquête, amplement documentée, et sans aucun esprit militant, montre l'importance primordiale, jamais démentie, des mots librement parlés et écrits dans de multiples livres au fil des temps et des lieux dans le monde entier. Laissons-leur la parole : « Le judaïsme est une civilisation. Et l'une des rares civilisations à avoir laissé leur marque sur toute l'humanité. La religion est une dimension centrale de la civilisation juive, peut-être même son origine, mais cette civilisation ne peut pas être présentée comme rien de plus qu'une religion.».
La médecine, comme toutes les sciences et tous les arts, a été assez largement enrichie par des cerveaux issus de ce vaste creuset juif, pour que nous puissions, de bonne foi, en douter. Alors, ne loupez pas « Juifs par les mots » de Amos Oz et Fania Oz-Salzberger, Gallimard 2014, traduction de l'anglais par Marie-France de Palomera.

En toute équité, ce serait pour moi, et je ne dois pas être le seul sur la planète, un immense plaisir de découvrir ce que pourrait, voire devrait, nous apprendre un auteur palestinien des grandeurs et des failles, des richesses intellectuelles et des beautés spirituelles de sa propre civilisation.
Ne sommes-nous pas tous depuis des siècles, fils spirituels d'Abraham, des héritiers du livre ?


Retrouver la confiance

 

Restaurer la conscience


Renforcer la compétence


Os court : «
Les Juifs ne sont pas un peuple historique.
Ni même un peuple archéologique, les Juifs
Sont un peuple géologique avec des failles,
Des effondrements, des couches sédimentaires et de la lave incandescente.
»
Yehouda Amichaï, poète 1924-2000
Cette lettre illustre notre Charte d'Hippocrate.
Lien : http://www.exmed.org/archives08/circu532.html

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