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L'année exmed 2012

Voici les coups d'oeil du jour d'avril, mai et juin déjà parus sur le site exmed:

30 mars - 1er avril 2012
Distribution des prix
Voici deux échos entendus au cours de son travail par une psychologue clinicienne libérale à Paris.
- Un pharmacien français, comme un passionné de foot-ball, a comparé les prix des médicaments en France et en Italie. Sans exception, dit-il, les produits retenus (fabriqués par le même laboratoire) sont , selon lui, de deux à six fois plus chers chez nous. Pour avoir un avis bien documenté, voici ce qu'en dit, et qui va dans le même sens, l'Université Bocconi de Milan.
Les patients en psychothérapie avec cette psychologue privée, quand ils sont affiliés à une assurance de santé allemande, autrichienne, suisse ou italienne bénéficient d'un remboursement de 40 à 60% des honoraires versés. En France, l'assurance maladie obligatoire ne prévoit aucune participation pour le recours aux psychologues.
Notre professionnelle parisienne paye plus cher ses cotisations d'assurance que ses patientes étrangères !
Pour le moins étrange quand ne cessent de se multiplier systématiquement en France la création par les autorités de cellules de soutien psychologique dès que survient un drame collectif.
Alors, il faudrait accorder nos violons nationaux et européens. Les soins psychologiques est-ce que, oui ou non, ça contribue à une amélioration de l'état de santé de ceux qui y ont recours ?
Y aurait-il chez nous un lobby puissant que cette reconnaissance d'utilité thérapeutique non médicale et non médicamenteuse dérangerait ?
Dr F-M Michaut

2 - 3 avril 2012
Pente savonneuse LEM 751
Quand un citoyen ( en tout point ordinaire ) se rend compte que quelque chose ne tourne vraiment pas rond dans le monde où il vit, que doit-il faire ?
- Soit, recette éprouvée en France, faire comme s'il n'avait rien vu, afin de préserver la tranquillité à laquelle il a droit.
- Soit prendre le parti d'exprimer sa façon de voir les choses, au risque de ne pas faire plaisir à tout le monde.
À suivre, si vous en avez la curiosité, dans la LEM 751 : Infantilisation endémique.
Dr F-M Michaut

4 - 5 avril 2012
Références des plus utiles
Un lecteur attentif de la LEM 749 du 26 mars 2012 «Notre héritage juif» me reproche de ne pas mentionner où et comment j'ai pu sortir de mon ignorance du monde de la judéité. Il a raison.
Pour répondre aux exigences de la charte HON code, j'ai pris l'engagement de citer mes sources.
Les bibliographies interminables donnent certes un effet «savant» à une publication académique. Mais leur souci d'exhaustivité d'une part lasse vite le lecteur, et d'autre part ne permet guère au non spécialiste de s'orienter avec profit dans un domaine qui ne lui est pas familier.
Voici donc, volontairement choisies, deux approches de ce que j'ai nommé notre héritage à tous.
La première est celle d'un spécialiste reconnu, lui-même rabbin, écrivain, historien, homme de télévision ( «À Bible Ouverte» et «La Source de Vie» sur Antenne 2). Josy Eisenberg a écrit en 1989 l'ouvrage «Le judaïsme», Jacques Grancher éditeur. Ouvrage très didactique et facile d'accès pour les étrangers à l'histoire mouvementée et à la pensée si riche et si polymorphe de la culture israélite partout dans le monde.
La seconde source est d'un double intérêt.
D'abord, elle est l'oeuvre d'une femme (c'est déjà remarquable) qui n'est pas juive ni de naissance, ni de religion.
D'autre part, elle est le travail, encore très actif, d'une vie déjà longue de recherche et d'écriture ( maintenant de films) hors des sentiers battus.
Confronter les acquis les plus solides de la science avec ce que nous transmet la tradition juive, et plus précisément kabbaliste, tel est son orientation.
Cela a conduit à un ouvrage d'une portée exceptionnelle que tous les soignants cultivés devraient connaitre. Son nom ? «La face cachée du cerveau». Son auteur ? Dominique Aubier. Vous n'avez probablement jamais entendu parler d'elle.
Vous voulez en savoir plus pour vous faire votre propre opinion ? Ne comptez pas sur la presse et les médias pour oser parler d'elle. Voici l'adresse.
Dr F-M Michaut

6 - 8 avril 2012
Aie confiance en toi
Selon lemonde.fr du 4 avril 2012, 85% des adolescents estiment qu'ils ont besoin des adultes ( sondage Ipsos Santé). La moitié déclare souhaiter plus de contacts avec les plus âgés, ce qui va à contre courant du vieil adage populaire ségrégationniste : «les jeunes avec les jeunes».
Que voudraient-ils, ces jeunes ? Que les adultes les aident à devenir aux-mêmes des adultes. Comptent-ils avant tout sur leurs pairs d'âge en guise d'aide ? Seulement pour 58% de nos juniors. Alors que les vieux sont trois sur quatre à être persuadés que les choses se passent ainsi.
Pessimisme du monde adulte qui entraine une sorte de retrait volontaire.
Peur de ne pas savoir comment se comporter dans les échanges avec les enfants. Surestimation probable des dangers d'affirmer sa propre vision des choses. Le renvoi rituel sans autre forme d'explication ou de prise de position personnelle au : «c'est à toi de choisir» est certainement insécurisante. Dire fermement son avis d'adulte ne veut pas dire chercher absolument à l'imposer.
Finalement, ce qui manquerait le plus, selon les spécialistes cités, c'est notre capacité collective à faire comprendre à un jeune qu'il est important qu'il se fasse confiance à lui-même.
Ce n'est pas vraiment le climat qui règne dans notre système scolaire.
Heureusement que les films de Woody Allen savent nous faire entendre à travers leur humour un autre refrain infiniment plus subtil et humain
Dr F-M Michaut

9 - 10 avril 2012
"Aller à l'autre sans se perdre soi-même" LEM 752
S'il est une question de la plus haute importance dans nos relations humaines, tant personnelles que professionnelles, c'est bien celle-ci.
Coeur même d'une relation de soins simplement humaine.
Cette quête constitue le thème du texte de Max Dorra Un souvenir d'incendie.
À mes yeux, expression médicale de haute volée, aucunement inféodée à quelque chapelle institutionnelle ou scientifique que ce soit, travail personnel engagé, elle mérite une large diffusion et une lecture attentive. C'est pourquoi, j'ai demandé à son auteur l'autorisation de relayer dans la LEM 752 ce papier déjà publié dans Le Monde diplomatique d'avril 2012.
Quand la pensée psychologique et psychiatrique semble ne plus pouvoir sortir du modèle américain utilitariste du comportementalo-cognitivisme, une grande bouffée d'air frais venu de notre belle europe est bien revigorante.
Pour qui est sensible à la valeur primordiale de la qualité de la langue française écrite, c'est un voyage précieux.
Dr F-M Michaut

11 - 12 avril 2012
Et l'héritage médical francophone?
Le Quotidien du médecin du 10 avril 2012 se fait l'écho d'une réalisation nord américaine remarquable. La Medical Heritage Library, utilisant Internet met à la libre disposition du public mondial une immense base de données, avec plus de 31 000 livres et des millions de pages de publications. Si vous avez la curiosité de savoir de quoi il s'agit, voici le lien utile.
Bon, d'accord, c'est en anglais.
Alors que la francophonie progresse partout dans le monde, les auteurs de langue française qui ont contribué aux siècles deniers, ou contribuent actuellement, au développement des connaissances médicales, ne méritent-ils pas également d'être connus partout dans le monde ?
Comment se fait-il donc que personne ne semble songer que nous avons un formidable capital intellectuel, culturel et scientifique dans le domaine de la médecine qui est totalement laissé à l'abandon ?
La langue française (qui n'est aucunement en 2012 la propriété privée de la France) permet une expression particulièrement riche, nuancée et précise des idées.
Quel dommage de renoncer à cette qualité d'expression pour utiliser la langue unique incomparable des grands échanges économiques planétaires.
Savoir ne pas marcher au pas pour se prosterner devant les dieux du moment, c'est aussi souvent une vertu majeure.
Dr F-M Michaut

13 - 15 avril 2012
Et pan dans le pif
Le laboratoire pharmaceutique AstraZenica ( né de la fusion en 1999 du suédois Astra et du britannique Zenica ), l'un des grands leaders mondiaux, vient de lancer un vaccin antigrippe administré par voie nasale. Plus besoin de pratiquer d'injection, de quoi plaire à la fois aux patients et aux organismes d'assurance maladie.
Les experts du très officiel Haut Conseil de santé publique (aucun bas conseil n'existe encore dans nos ministères à ma connaissance) sont convaincus de l'intérêt du Fluenz, puisque tel est son nom commercial.
Tout serait pour le mieux, sauf que ce nouveau vaccin ne sera pas disponible en France à l'automne 2012 ( Le Parisien du 12 avril 2012).
Aux États-Unis, les médecins peuvent déjà acheter le Fluenz par boîte de dix doses pour le distribuer à leurs patients surtout les jeunes, nécessitant une telle prévention.
En France, monopole légal ancien, aucun médicament ne peut être vendu par les fabricants à des non pharmaciens. Chez nous, toujours, il est absolument interdit à un pharmacien d'ouvrir une boîte déjà conditionnée pour vendre aux patients un médicament à l'unité.
Au pays du grand Descartes et de l'indispensable Pierre Dac réunis, la logique la plus rationnelle a de bien charmantes ondulations.
Qui nous coûtent cher ?
Vous avez vraiment mauvais esprit...
Dr F-M Michaut

16 - 17 avril 2012
La vérité sort de la bouche des ... LEM 753
Pas du tout de celle des enfants comme le prétend faussement notre proverbe. Dans le (généralement) gentil manque de considération des capacités intellectuelles des vieux, il ne manque pas de sel, quel que soit son âge personnel, d'écouter ce qu'ont à dire du monde dans lequel nous vivons des gens comme Jacques Grieu.
Bien belle leçon de manipulation des esprits, sans hargne, ni militantisme. S'il y avait quelques animaux en scène, même si nos politiciens sont souvent qualifiés de fauves, on se croirait presque dans une fable de La Fontaine dans cette LEM 753 Élections PROMESSES.
Ne boudez pas votre plaisir (non remboursé par la Sécurité sociale) en ces temps électoraux de sérieux à en périr d'ennui.
Dr F-M Michaut

18 - 19 avril 2012
Homo ex machina
Depuis le mois de janvier 2012,en France, conduire en téléphonant peut nous couter une amende de 135 euros, et un retrait de trois points du précieux permis de conduire.
Motif invoqué par les pouvoirs publics : l'usage du portable au volant multiplierait, selon les spécialistes de la sécurité routière par 3 ou 4 le risque d'accident. Les forces de police ne disposant d'aucune possibilité de détection de l'usage d'un dispositif dit «mains libres», seuls sont sanctionnés ceux qui ont l'appareil bien en main, collé à l'oreille et qui parlent seuls dans leur chère auto.
Est-ce le maniement de la machine et la gène physique liée à l'usage d'un seul membre supérieur qui est en cause ?
Ou bien le facteur le plus dangereux est-il le détournement d'attention de l'humain au cours de n'importe quelle communication téléphonique ?
Il y a la machine, il y a l'homme.
Il ne serait pas inutile, et tout simplement juste, de procéder à quelques sérieuses investigations pour répondre à ces questions.
Dr F-M Michaut

20 - 22 avril 2012
Blanc c'est pas nul
«Noir c'est noir» tonitrue à nos mémoires un de nos vieux chanteurs nationaux. Et bien, dans nos habitudes électorales, la musique est un peu différente. Il suffit de changer de note, même si la seconde est censée en solfège valoir deux fois la première, pour que la belle logique de Descartes, que nous aimons tant, boive une bonne tasse. Dans les urnes républicaines qui nous attendent, le refrain n'est pas blanc, c'est blanc.
Non sans arrières-pensées évidentes, le code électoral comptabilise sous l'étiquette générique de «suffrages non exprimés» les bulletins blancs et les bulletins nuls. Blanc, c'est nul tout comme nul c'est blanc, est-ce simplement acceptable ?
Un citoyen qui estime de son devoir de voter, mais qui ne peut accepter en son âme et conscience aucune des propositions formulées par les candidats mérite-t-il d'être condamné au silence ? Le contraindre à se joindre aux mauvais plaisants qui falsifient volontairement un bulletin est-il simplement conforme à la justice ?
Le droit de peser sur le monde politique en lui exprimant avec un bulletin blanc qu'il ne répond pas par ses offres et ses options à nos attentes mérite de ne pas être foulé aux pieds.
C'est quand même la seule façon accessible à chacun d'exprimer le degré de confiance qu'il accorde à ceux qui veulent devenir, ou rester, leur porte-voix dans les décisions de la cité.
Trop cher de fournir une pile de bulletins blancs dans chaque isoloir de France et de dresser une comptabilité spécifique au moment du dépouillement ? Vous voulez rire.
Pourvu que votre médecin ne commente pas votre dernière analyse de sang en vous parlant de vos blancs ou nuls. Des globules blancs nuls, il y a de quoi se faire un mauvais sang d'encre, même pour un candidat, qu'il soit rouge, vert, rose ou de toute autre couleur
Dr F-M Michaut

23-24 avril 2012
Quand tout n'est pas pour le mieux LEM 754
Le travail des soignants, médecins en tête, est une activité à haut risque.
Malgré nos efforts constants depuis des siècles, la rigueur scientifique et les prouesses techniques ne peuvent pas approcher le fameux risque zéro des discours politiques paternalistes.
Les erreurs, comme dans tous les domaines, sont avant tout liées aux hommes. Comme la matière première sur laquelle travaillent chaque jour les soignants est également humaine, les risques sont considérables.
Se tromper est humain, tout simplement. Si, ce qui demeure souhaitable, le médecin est humain, l'erreur ne peut pas lui être étrangère.
Lire la LEM 754 : Iatrolyse, doublure noire des blouses blanches.
Dr F-M Michaut

25 - 26 avril 2012
Pack psy en guise de cadeau
Une société commerciale aurait dans ses cartons une idée nouvelle de présent à offrir. Il vous suffirait d'acheter, dans deux grandes enseignes parisiennes bien connues, un coffret donnant droit à une séance chez un psy.
Pas évident d'être le destinataire d'une semblable attention, c'est certain. Il y a alors plus qu'un doute de la personne donatrice sur la santé mentale du présumé bénéficiaire : cela peut ne pas ravir tout le monde.
Quant au psychologue choisi pour une telle prestation indirecte, peut-il résister à un certain jeu de séduction pour inciter la personne à engager un travail sur elle-même au delà de la séance «cadeau» ?
Les psychologues, dont les interventions cliniques ne sont toujours pas reconnues donc remboursables par la sécurité sociale en France ( contrairement à la plupart des pays européens), sont-ils économiquement assez solides pour refuser ce système ?
Le fossé se creuse visiblement de plus en plus entre les médecins psychiatres et les psychologues cliniciens libéraux.
À qui nuit le plus cette réalité ?
Donner la réponse est trouver ce qui doit être fait.
Dr F-M Michaut

27 - 29 avril 2012
Bien garder en tête
L'écrivain et marin Erik Orsenna témoigne dans une émission radiophonique de ce qu'il a vu au Niger au cours d'un récent voyage.
Une fois encore, c'est la famine qui frappe les populations de l'Afrique sub saharienne. Les plus fragiles, les enfants, sont les plus atteints.
Les images dramatiques, surexploitées pour faire vibrer la corde sensible des donateurs, tout le monde les connait.
Il me semble de la responsabilité des médecins de rappeler en toute occasion qu'il ne suffit pas de réhydrater et de donner à manger à ces pauvres enfants pour que leur vie reprenne son cours normal.
Le cerveau, comme tout le système nerveux, atteint sa maturité physiologique à la fin de la croissance. Malgré son poids infime par rapport à la masse corporelle, il consomme pour fonctionner 20% des calories quotidiennes. Comme en plus, son tissu constitutif est exclusivement lipidique, il est l'organe qui souffre le plus de la famine.
Les retards psychomoteurs dans les premières années sont alors la règle.
Ce qui veut dire que des populations entières demeurent fortement handicapées à vie, compromettant lourdement les possibilités d'avenir des pays concernés.
En tout égoïsme bien compris, notre intérêt collectif est de tout faire pour que des nations ne plongent pas dans une régression humaine ouvrant sans frein la porte aux exploitations culturelles et politiques les plus destructrices. Aux antipodes du dégoulinant charity business.
Dr F-M Michaut

30 avril - 1er mai 2012
Longtemps, longtemps, longtemps LEM 755
En 1951, Charles Trenet commençait ainsi sa chanson L'âme des poètes.
Le muguet de mai traditionnel, malgré sa toxicité bien connue, pousse-t-il à la poésie ?
Plus dans nos cordes habituelles, c'est l'âme des médecins qui est au coeur de la LEM 755. Y aurait-il par là quelque chose à animer, voir à ranimer comme quelque feu en sommeil, à moins que le temps de la réanimation d'urgence soit venu ?
À vous de vous faire votre opinion.
Dr F-M Michaut

2 - 3 mai 2012
Le syndrome des culs vissés
Nous qui étions si fiers d'être des mammifères strictement bipèdes, quel mal nous ronge ? Nos modes de vie de nantis occidentaux nous conduisent à utiliser de moins en moins nos jambes. Les incantations de la propagande étatique pour bouger plus se révèlent bien faibles quand on fait la somme des heures passées devant un bureau, un ordinateur, un téléviseur, au volant de sa voiture ou dans des transports collectifs. Si, pour faire bonne mesure, nous consacrons quelques heures aux repas et au sommeil, nos guiboles sont de plus en plus au chômage. James Levine, en 2011, a été le premier médecin à souligner le danger d'un tel immobilisme ( source : Marianne du 28 avril au 8 mai 2012). Dans le New-York Times, le confrère a lancé la formule de seeting desease : «Être excessivement assis est une activité léthale». Bigre, risquer sa vie faute de mouvement, cela ne rigole plus.
Comment en sommes-nous arrivés à mépriser ainsi le fonctionnement élémentaire de notre propre corps ? Les jeux de l'enfance, les traditions des marchés, des pélerinages et même des offices rituels de toutes les religions du monde, tout cela jeté au panier des vieilleries dépassées.
Pour courir - en fauteuil - après quelles valeurs comblant nos envies au cours de notre courte vie ?
L'addition à payer, est là, ne nous en plaignons pas, c'est nous qui avons accepté sans broncher le menu toxique de nos «terribles simplificateurs» si aptes dans leurs modes et inventions à oublier le réel.
Dr F-M Michaut

4 - 6 mai 2012
Contrôle antidopage
Au soir du 3 mai 2012, deux champions se sont affrontés devant les caméras de télévision. Ni boxeurs, ni escrimeurs, vous avez reconnu messieurs Hollande et Sarkosy (cités par ordre alphabétique) se livrant au match rituel depuis 1974 entre les deux finalistes de l'élection pour la médaille d'or de notre royauté républicaine.
Épreuve pour les candidats, certainement. Manifestations des clans des supporters, comme au plus fort des stades de rugby à n'en pas douter.
Une interrogation naïve cependant.
Où sont les contrôles antidopage, devenus obligatoires dans toutes les compétitions sportives ?
Est-il impensable que des substances psychostimulantes, pas obligatoirement légales au demeurant, genre cocaïne ou amphétamines, puissent être administrées aux protagonistes ?
Question iconoclaste, j'en conviens.
Extrêmisme pour extrêmisme, si l'on veut aller jusqu'au bout d'une transparence de livre de fiction, il est urgent d'aller plus loin. Soumettre aux détecteurs de mensonge - qui eurent leur heure de gloire dans notre imaginaire - les déclarations de tous les athlètes politiques.
Et, pour faire bonne mesure dans l'obsession sécuritaire bien puritaine, imposons un alcootest et une recherche de cannabis avant tout dépôt de bulletin électoral.
Bon vote quand même.
Dr F-M Michaut

7 - 8 mai 2012
Chassez le sacré, LEM 756
Et, selon la formule... consacrée, il revient au galop. Pas besoin d'aller plus loin que la date du jour pour retrouver quelques racines quelque peu perdues de vue par notre oligarchie intellectuelle.
Attachez vos ceintures pour la LEM 756 : Mais qu'est, mai qu'est-ce que c'est.
Dr F-M Michaut

9 - 10 mai 2012
Quand les armes se sont tues
Le 8 mai 1945, nous l'avons célébré en France hier, notre Europe enterra la hache de guerre. Ce n'est que le 2 septembre de la même année que les États-Unis et le Japon, en baie de Tokyo, mirent un point final à la terrible Deuxième guerre mondiale.
Le 24 octobre 1945, quelle vitesse, naissait l'ambitieuse Organisation de Nations Unies (ONU) sur les cendres de l'impuissante Société des nations (SDN) issue du premier conflit mondial.
L'une de ses agences constitutives eut pour mission d'améliorer autant que faire se peut le niveau de santé de toutes les populations de la planète. La santé, définie bien au delà du simple respect des règles scientifiques de l'hygiène publique, comme élément de nature à favoriser la paix entre les peuples, l'idée fut très novatrice dans un monde en plein chaos.
C'est ainsi qu'un certain 7 avril 1948 naquit l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Il fallait oser en un temps où régnaient encore sans complexe les empires coloniaux.
À souligner pour les obsédés contemporains de l'argent que cette création, aux réalisations parfois critiquables dans ses orientations bureaucratiques, n'est fondée dans son principe sur aucune motivation financière ou économique.
Il est assez rare que l'humain soit au premier plan, pour que cela ne soit pas oublié en 2012.
Dr F-M Michaut

11 - 13 mai 2012
Un petit poids dans la tête
Les beaux jours arrivent, les maillots de bain vont revoir le soleil et notre nudité. Avec l'angoissante question métaphysique : « Vais-je pouvoir rentrer dedans?» Sans surprise aux yeux d'un médecin généraliste, Le Monde.fr du 10 mai 2012 s'attaque aux techniques d'amaigrissement dont la popularité médiatique comme le chiffre d'affaire demeurent... pléthoriques.
Petite comparaison entre les diverses stratégies utilisées confirmant le médiocre impact à long terme, discrète approbation de la propagande gouvernementale hygiéniste. Finalement, l'auteur anonyme du papier recommande une alimentation saine et de bons sens.
Le plus troublant est que chez nous, deux femmes sur trois et un homme sur deux souhaitent perdre du poids.
Bon sang, comment nous voyons-nous donc ? À quel idéal chiffré nous sentons-nous obligés de contraindre nos corps ? La tyrannie de l'apparence est-elle éthiquement plus acceptable que toute autre forme de contrainte autoritaire ? Nous ne sommes donc finalement que l'image du corps que nous offrons aux yeux des autres : lugubre constat.
La rencontre médicale, et demain peut-être pharmaceutique, n'est-elle pas une occasion unique d'aider les demandeurs de minceur à creuser leur motivation pour comprendre un peu mieux qui ils sont et comment ils envisagent leur humanité personnelle ?
Cela suppose que les soignants puissent disposer d'un peu plus de temps pour parler avec les patients, et les aider à oser parler.
Si la prévention n'est pas qu'un slogan hygiéniste de masse vide de sens personnel, un tel investissement dans l'humain coule de source.
Dr F-M Michaut

14 - 15 mai 2012
Fausse note pour une fausse route, LEM 757
Impossible de rester muet quand des mesures concernant l'exercice médical sont prises par des responsables lointains qui ont comme seule motivation l'action simple à effet spectaculaire immédiat.
Le projet de faire accomplir par des praticiens déjà en activité le travail que les jeunes médecins ne peuvent et ne veulent plus accepter mérite un minimum de réflexion.
C'est ce que propose la LEM 757 : Le médecin volant.
Bonne et profitable lecture à chacun.
Dr F-M Michaut

16 - 17 mai 2012
Certificat médical d'aptitude
Je vous le demande. Où avons-nous donc la tête ? La vox populi a dit qui devait gouverner les institutions de la France pour les cinq années à venir. Et pas le pays lui-même, comme le disent à tort et sans réflexion, les commentateurs patentés.
Tout médecin est assailli dans son cabinet de demandes de certificat médical pour exercer la moindre activité de divertissement. L'ère du risque zéro, qui devrait faire éclater de rire n'importe quel observateur lucide, exerce sa tyrannie, nous le constatons non sans agacement.
Pour effectuer un tournoi de pétanque, il est indispensable de produire un laisser-passer médical, alors que l'accès au premier poste de l'État, du moins à ma connaissance, semble libre de toute obligation de ce genre.
Finalement, tant mieux pour la tranquillité du pauvre confrère qui devrait endosser une telle responsabilité.
Dr F-M Michaut

18 - 20 mai 2012
Serviteur et maîtres
Nos amis de la presse médicale ne louperaient pour rien au monde la nomination d'un nouveau ministre de la santé quand change un gouvernement national. Qui est-il/elle, que va-t-il/elle faire, quelles peuvent être les retombées de ses actions sur la santé des Français ?
À chacun ses marronniers, n'est-ce pas ?
Ayant eu le loisir de voir défiler depuis plus de quarante ans tous les porteurs de marocain, j'avoue ne plus pouvoir trouver quelque importance que ce soit à ce jeu des chaises ministérielles.
Après tout, qu'est-ce qu'un ministre ? Le latin minister le signifie sans ménagement : c'est un serviteur. Le mini en souligne la petitesse ontologique. Voilà qui ne fait pas très sérieux. Même si ces personnes très en vue s'arrogent la dénomination de tutelle. Cela en dit long sur l'incapacité dans laquelle sont tenus les médecins et soignants.
Si seulement, nous prenions la peine d'ausculter les mots au lieu de nous en gargariser comme des perroquets, il y a bel lurette que les ministères seraient au musée.
Et remplacés, par des magistères. Grandeur du maître et courbette latine obligent, devenir magistre de la santé, cela vous aurait une toute autre gueule. Et pour un prix on ne peut plus raisonnable pour nos bourses plates, c'eût été un changement remarqué à défaut d'être remarquable.
Dr F-M Michaut

21 - 22 mai 2012
Une autre musique LEM 758
Si la lecture de cette lettre hebdomadaire (LEM), qui est mise en ligne ici chaque lundi comme vous le savez depuis longtemps, n'est qu'une redite plus ou moins habile de ce qui s'écrit partout ailleurs, je me permettrais un petit conseil. Totalement désintéressé, faites moi l'amitié de me croire sur parole. Passez rapidement votre chemin : un simple clic libérateur suffit.
Si la curiosité - vertu infiniment plus que défaut - demeure la plus forte, si vous n'acceptez pas d'être transformé en machine à obéir aux ordres de ceux qui prétendent penser à notre place, la LEM 758 Inéluctable récolte sollicite votre attention personnelle.
Dr F-M Michaut

23 - 24 mai 2012
Cascade d'inéluctables récoltes
En écho à la LEM 758 du 21 mai 2012 Inéluctable récolte de François-Marie Michaut, on ne peut que conclure que quand on sème des sottises, on récolte inéluctablement des ennuis.
-Inéluctable récolte de crises itératives d'un capitalisme qui ne se reconnait pas de limites.
-Inéluctable récolte d'un socialisme qui en fait autant, et emprunte sur les marchés pour les dépenses courantes de la fausse prospérité qu'il organise, tout en favorisant la création d'argent virtuel par les pires spéculateurs, qu'il affirme par ailleurs détester.
-Inéluctable récolte d'échecs anormaux pour une médecine de techniciens pratiquée par des praticiens prolétarisés se réfugiant derrière des protocoles.
-Inéluctable récolte d'ignorance des polypathologies dans ce monde où les organes sont soignés individuellement de façon de plus en plus pointue et où « le patient dans son ensemble » est de plus en plus ignoré.
-Inéluctable récolte de déceptions de ceux qui attendent tout de l'État qui ne peut pas se substituer à toutes les défaillances individuelles.
-Inéluctable récolte d'échecs de l'État qui promet plus qu'il ne pourra jamais donner.
-Inéluctable et éternelle récolte de déboires résultant d'avantage de la volonté de ne pas voir les problèmes que d'une incapacité réelle à les résoudre.
Dr Jean-François Huet

25 - 27 mai 2012
L'inconnu du verbe
Sérgio Vaz, inconnu en France, est une des personnalités le plus en vue dans l'immense Brésil. Il est, à défaut d'avoir pu devenir ingénieur, poète de son état. C'est l'initiateur, dans les périphéries les plus difficiles des grandes métropoles comme Sao Paulo, de soirées organisées dans des cafés populaires et des bars ( les Cooperifa). Là, chacun peut prendre le micro, et lire quelques vers de son choix. Soit d'un auteur qu'il aime, soit même de sa propre composition. Et le public, quel que soit son niveau socio-culturel, suit avec une attention quasi mystique et en redemande, comme si la parole vraie et pensée dite par des hommes de tous les horizons portait en elle-même une valeur libératrice ( cathartique diraient les psychologues). Source : Courrier International n° 1124.
Nous sommes aux antipodes des caraoqués, parcs d'attraction, matches de foot et autres liesses commerciales décérébrantes.
Le vrai pouvoir des mots vrais mérite toute notre attention, caché qu'il est par la puissance pratique et manipulatoire du langage de tous les jours
Dr F-M Michaut

28 - 29 mai 2012
Il n'y a pas que nos organismes LEM 759
La maladie n'est pas la spécialité exclusive des organismes vivants,qu'ils soient animaux ou végétaux. Quand d'étranges docteurs sortent des imaginations en mal de nouveauté, rien ne vaut le regard acéré d'un poète et écrivain, qui fut jadis chef d'entreprise, pour en rendre compte exactement comme il convient.
La LEM 759 «Esse-ô-esse» de Jacques Grieu attend votre lecture.
Dr F-M Michaut

30 - 31 mai 2012
Virus politicophile
Les affaires de la cité, ce qui devrait être la raison sociale de la politique, continuent de titiller les ambitions médicales. Les descendants de Georges Clémenceau, à défaut de s'autoproclamer des pères la victoire ou des tigres, sont quand même 134 docteurs en médecine à se présenter aux suffrages des électeurs pour gagner un siège palatin à l'Assemblée nationale. Trois confrères sont actuellement ministres. Source : Lbération du 29 mai 2012.
La carrière politique serait-elle en passe de devenir une issue de secours pour une profession sous le feu de la vindicte populaire pour des dépassements des honoraires fixés par l'assurance maladie obligatoire ?
À moins que la désertification médicale ne risque de gagner par dessèchement progressif la profession toute entière. Les plus malins songeraient-ils à se reconvertir, à 13 512 euros mensuels bruts (journaldunet.com), et sans le moindre risque médico-légal ?
Dr F-M Michaut

1 - 3 juin 2012
Coerciteurs, passez votre chemin
L'addiction tabagique nationale tourne toujours autour de 30% de la population en âge de fumer. Tous les efforts de prévention se révèlent sans impact sur le tabagisme ambiant. Nos chers académiciens ne trouvent rien de mieux que de conseiller d'augmenter encore les prix du tabac. C'est ce qu'on fait depuis des années. Seul résultat tangible : le développement de circuits illégaux de vente de cigarettes achetées à moindre prix ailleurs. Chers immortels confrères, obstinez-vous encore un peu dans ce «toujours plus de la même chose» et nous observerons, comme il y a longtemps, des gens récupérant des mégots hautement concentrés en produits toxiques pour les fumer.
Au lieu de vouloir imposer la force pour empêcher les hommes d'agir, ce qui a conduit à l'échec actuel, ne pourriez-vous pas utiliser vos vaillants neurones à chercher de quelle maladie souffre notre civilisation pour que le recours à des produits agissant sur les cellules nerveuses demeure le seul remède accessible à l'ensemble de la population ?
France-Info du 1er juin 2012 enfonce le clou. Les jeunes Français sont devenus les premiers utilisateurs en Europe de produits addictifs qu'ils soient légaux (donc taxés et taxables) ou illégaux (donc créateurs de circuits mafieux).
Allez, messieurs de l'académie de médecine, osez vous mouiller. Santé des personnes et santé de la civilisation ne peuvent plus rester deux continents hermétiquement isolés l'un de l'autre.
Dr F-M Michaut

4 - 5 juin 2012
D'où venons-nous, où allons-nous? LEM 760
Les exigences des études médicales ne cessent d'être tellement envahissantes que nos jeunes gens ne disposent guère de temps pour comprendre dans quoi ils consacrent leur vie. Le surmenage chronique des médecins en activité ne laisse guère de place pour toute réflexion allant au delà du quotidien.
Et pourtant, la culture médicale n'est pas un luxe, mais un facteur important pour la santé personnelle des soignants.
Alors, quand un outil de qualité passe à portée de lecture, il y a un rendez-vous à ne pas négliger.
Bonne lecture de la LEM 760 : Médecine sans racines n'est que ...
Dr F-M Michaut

6 - 7 juin 2012
Des particules sans noblesse
Rudolf Diesel, le célèbre ingénieur allemand des années 1890, mit au point son moteur par autocombustion en utilisant de la poussière de charbon, la grande énergie de l'époque. Le Parisien du 5 juin 2012 attire l'attention de ses lecteurs sur les dangers de l'utilisation massive de véhicules diesel dans nos cités.
Depuis un bon moment, les pneumologues ont constaté la nocivité des particules émises par les automobiles. Nous savons que plus les résidus de combustion du fioul sont petits, plus il pénètrent profondément dans les alvéoles pulmonaires. Pour limiter les dangers de pollution, les constructeurs automobiles ont développé deux dispositifs. D'abord les filtres à particules, dont l'action est purement mécanique et incomplète, donc inéfficaces sur les particules ultrafines, et qui sont sans effet sur le redoutable oxyde d'azote. Les pots d'échappement catalytiques, quels que soient leurs qualités intrinsèques pour nos bronches, se révêlent une barrière assez illusoire. Ils leur faut en effet pour fonctionner une température qui n'est atteinte qu'après un nombre de kilomètres très supérieur à celui de nos déplacements habituels en ville.
Pauvres de nous, même si tous les chiffres doivent être pris avec des pincettes, il serait question de 42 000 décès annuels en France.
Pour qui allons-nous rouler, pour notre intérêt personnel ou pour la chaîne des bénéficiaires de notre boulimie automobile ? Qui a toutes les chances de se faire rouler au bout du compte. Celui qui roule sans réfléchir, sans se dire, imitant Molière : Que vais-je faire dans cette galère en respirant les vapeurs de la rue ?
Dr F-M Michaut

8 - 10 juin 2012
Déficit lingual
Vous préférez la dénomination pédante, pure invention verbale pour ce papier, de glossopénie ? Il s'agit de la constatation suivante. Le nombre des langues parlées par les humains est en train de fondre sous nos yeux. Selon Rémy Barroux (Le Monde.fr du 7 juin 2012), d'après le Programme des Nations unies pour l'environnement, seules 62,5% des 4 000 à 5 000 langues utilisées actuellement ne seraient pas en danger de disparition.
C'est une atteinte à la biodiversité de ce que nous avons de plus humain : le cerveau doué de parole, la capacité de communiquer entre nous de façon complexe, et de participer à la vie de notre espace culturel.
Une langue, dont les racines plongent loin dans notre histoire, est bien autre chose qu'un simple assemblage de mots interchangeables. Quelle qu'elle soit, elle véhicule un ensemble de valeurs non matérielles bien spécifiques. La perte évidente de signification lors de toute traduction, aussi savante soit-elle, en est un signe évident.
L'échec de la construction de la célèbre tour de Babel n'a pas eu que des effets négatifs. Tout impérialisme linguistique, comme le réclame la globalisation des activités économiques humaines, risque bien de se traduire par une perte irremplaçable d'humanité lentement construite par nos ancêtres. La sensibilité écologique serait avisée de ne pas oublier que la biodiversité des hommes est probablement notre trésor le plus précieux. Toute atteinte de ce capital immatériel se traduit obligatoirement en troubles de notre état de santé.
Dr F-M Michaut

11 - 12 juin 2012
On n'écoute jamais trop LEM 761
Dans les flots de bavardages médiatiques se perd la voix de ceux qui ont vraiment quelque chose d'important à dire aux autres.
Alors, donnons maintenant ici la parole à un exclus de fait de la liberté d'expression.
Bonne lecture
Dr F-M Michaut

13 - 14 juin 2012
Beaucoup trop de bruit
L'Académie de médecine nous met en garde. Selon François Legent, les répercussions sur la santé des nuisances sonores quotidiennes sont très sous estimées. Pourtant 2 Français sur 3 se plaignent du bruit perçu dans leur logement, au point qu'un sur six, surtout en région parisienne, souhaite changer de domicile (Le Figaro du 12 juin 2012).
Les répercussions de la pollution des ondes auditives audibles par l'oreille humaine ( fréquence entre 16 Hz et 20 KHz) sur l'organisme et le psychisme sont détaillées dans le rapport académique.
Des actions d'information du public sont conseillées. Dans le tohu bohu des messages qui se veulent préventifs de tous nos comportements potentiellement dangereux, risquent-ils d'être entendus, au double sens du mot ?
   Nos chers académiciens semblent tellement douter de nos capacités de diriger nous-mêmes nos vies qu'ils font la recommandation suivante. Ajouter à la liste déjà longue, dont le plomb et l'amiante, des vérifications à fournir avant toute cession de logement un diagnostic des performances acoustiques. Et, pour faire encore un peu plus de bruit, et dédouaner encore un peu plus la responsabilité de chacun dans la production de la cacophonie ambiante, la création de très officiels offices du bruit. À chaque problème sanitaire nouveau soulevé, création automatique d'un nouvel organisme gouvernemental : est-ce vraiment une stratégie qui fait ses preuves ? Ou bien, je le crains fort, beaucoup de bruit pour rien.
Dr F-M Michaut

15 - 17 juin 2012
Débats sans hauts
Depuis de longues semaines sévit dans notre beau pays une électoralite trainante paralysante. Chacun comprend la nécessité de respecter les règles de nos institutions, donc de solliciter les suffrages du corps électoral. Nouveau président de la République, nouvelle chambre des députés, les gagnants se rengorgent, les perdants fulminent rien à redire à cette réalité.
J'essaie de faire un effort pour me souvenir quelles ont été les grandes orientations politiques, et quels débats importants pour notre avenir cela a fait naître dans la société française. Défaut de vision de ma part de citoyen on ne peut plus «normal», mais, que ce soit dans le domaine de la santé ou dans tout autre, je n'ai strictement rien vu.
Les idées, les analyses, les projets, les choix des valeurs à favoriser, rien de tout cela n'est apparu clairement de quelque côté que ce soit.
Des querelles, des combats, des luttes pour occire les ennemis avec toutes les armes offensives possibles, nous en avons été écoeurés.
La guerre politique ne cherche, elle aussi, qu'à tuer et à détruire les forces et les richesses ennemies. Elle aussi, tout aussi incapable de cibler ses frappes, fait des dégâts collatéraux et soumet tout un pays à un stress post-traumatique aux lourdes conséquences.
Il me semble que les citoyens, de plus en plus conscients des grands enjeux planétaires du moment, sont las de ces guéguerres francofrançaises dérisoires. Faut-il s'étonner de la pratique grandissante de la non participation à des choix vécus comme hors de toute réalité ?
Notre stock national de matière grise, jadis si prisé et si envié sur la planète, ne serait-il plus capable de produire quoi que ce soit de valeur dans le domaine des idées ?
Ne laissons pas le crachoir aux seuls professionnels patentés, débattons, débattons puisque nous aimons bien cet exercice. Mais osons viser enfin vers le haut au lieu de nous vautrer dans la facilité molle des petits sujets du jour sans envergure.
Dr F-M Michaut

18 - 19 juin 2012
De quelque potion anticrise LEM 762
Faute de compréhension autre que purement économique et monétaire de la crise mondiale de civilisation que nous vivons, les remèdes proposés par les pouvoirs en place ne peuvent cibler que des symptômes des maux qui nous rongent.
Médecine symptomatique en lieu et place de médecine étiologique : le jugement médical est sans appel.
En prendre l'exacte mesure nécessite le recours à cette autre vérité qui est celle, non plus des chiffres et des expertises savantes, mais de l'expression poétique dans toute sa liberté.
Jacques Grieu nous y convie avec À bon entendeur - BON À TIRER  dans la LEM 762.
Dr F-M Michaut

20 - 21 juin 2012
Comment font-ils donc?
Les médecins généralistes allemands, selon le très officiel OCDE, disposent d'un revenu de leur travail de une et demi à deux fois plus élevé que celui de leurs confrères de France. Tant mieux pour leur porte-monnaie.
Outre-Rhin, les comptes de l'assurance maladie annoncent un bénéfice probable en fin 2012 de 27 milliards d'euros (Quotidien du médecin du 19 juin 2012). Pour l'année 2011, notre Sécurité Sociale annonce glorieusement un déficit moins fort que prévu de 8,6 milliards d'euros ( Le Point du 10 avril 2012).
Des médecins moins bien payés pour un déficit plus grand, ou des praticiens mieux rétribués pour des bénéfices financiers finaux plus notables.
Personne au pays de Pascal (ça change un peu de Descartes) et du mythe intouchable (1) du « un des meilleurs systèmes de protection sociale du monde», n'est donc troublé par ce paradoxe ?
(1) J'ai noté qu'aucun des discours électoraux des trois derniers mois n'a osé mettre en doute ce dogme tricolore. Vous avez dit changement ?
Dr F-M Michaut

22 - 24 juin 2012
Soignants prohibitionnistes
Selon un sondage d'opinion réalisé par le site JIM.fr du 21 mai 2012, les professionnels de la santé seraient actuellement majoritairement favorables (environ 6 sur 10) à la prohibition du tabac en France. Supprimer la cause d'une maladie pour l'empêcher de survenir fait partie de la logique médicale la plus élémentaire.
Penser que la mise hors la loi de l'herbe à Nicot est une façon efficace pour arrêter l'usage de la cigarette mérite un petit effort de mémoire.
Les États-Unis d'Amérique, poussés par de puissants mouvements féministes las, à juste titre, de voir les hommes s'enivrer dangereusement, ont voté la prohibition de l'alcool en 1919 ( 18 ème amendement de la constitution). D'autres pays, c'est moins connu ont suivi la même voie : la Finlande, le Canada et même la Russie entre 1914 et 1925.
Devant l'échec de cette politique et la montée du grand banditisme qui est né de ce trafic juteux, tous ces pays ont aboli la prohibition. Le résultat immédiat a été la reconversion des malfrats dans la prostitution, le jeu clandestin et le trafic de toutes les drogues.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, rendons illégal le tabac et nous enrichirons encore un peu plus les trafiquants en leur livrant le monopole de ce marché.
Quand chaque année, de nouvelles trouvailles chimiques proposent des produits modifiant les états de conscience, l'arme de la loi, toujours en retard sur les modes de vie, devient de moins en moins crédible. Regardez la course pitoyable entre les dopants sportifs et les autorités officielles.
Les hommes ne sont pas des machines. S'ils ont recours à certains produits dangereux pour leur santé, légaux ou illégaux, c'est parce que quelque chose ne tourne pas vraiment bien dans leur vie. Professionnels de la santé, ne pensez-vous pas que c'est avant tout là dessus qu'il faudrait pousser nos investigations et nos compétences, si notre vrai souci est la santé de ceux que nous soignons ?
Dr F-M Michaut

25 - 26 juin 2012
Pour reprendre tout son souffle, LEM 763
Quand les sirènes de la mise en place de mécanismes collectifs de plus en plus contraignants et standardisés pour soigner les hommes nous assourdissent, il n'est pas superflu d'aller regarder ce qui peut se dire au delà de nos frontières intellectuelles nationales.
Une fois encore, et ceci n'est pas un hasard, c'est une production du vaste espace francophone qui retient notre attention.
Quelques minutes pour aller ausculter des organes intimes de la médecine rarement explorés, vous ne regretterez pas cet investissement.
La LEM 763, Enseigner la philosophie de la médecine, est à votre disposition.
Dr F-M Michaut 

27 - 28 juin 2012
La libertéde non réception
Tel est le message que lancent Guillaume Dumas, Medhi Khamassi, Karim Ndaye, Yves Jouffe, Luc Foubert et Camille Roth qui sont chercheurs en sciences cognitives et sociale (Le Monde.fr du 26 juin).
La publicité est de plus en plus envahissante dans notre quotidien. Ses conséquences sur le cerveau sont de mieux en mieux cernées. Une discipline dite neuromarketing s'en est fait son juteux fond de commerce.
L'impact des messages se fait sur le cerveau limbique, celui, archaïque, des émotions capables d'actionner à notre insu le système de récompense. Provoquer une émotion pour que la récompense attendue soit fournie par le produit à vendre, voilà à quoi nous sommes soumis plusieurs dizaines de fois chaque jour dans la rue, dans les commerces ou sur nos écrans.
Notre précieux cerveau humain (dont celui si fragile car encore en formation anatomique et fonctionnelle de nos jeunes enfants) soumis à une telle manipulation au seul service des gens avides d'argent et de pouvoir, est-ce éthiquement, médicalement, acceptable ?
Alors, oui la liberté d'expression demeure une valeur civilisatrice majeure. Mais elle ne peut tout justifier. La liberté de non réception des messages qui manipulent cyniquement nos cerveaux sans que nous en ayons conscience pour vider nos porte-monnaie est toute aussi indispensable à notre santé.
Autorités concernées, ce serait une bonne chose que vous fassiez connaître aux citoyens matraqués et manipulés, sans que jamais leur avis soit sollicité, votre point de vue.
Dr F-M Michaut

29 juin - 1er juillet 2012
Souffler n'est pas joué
Conducteurs tricolores, vous voilà avertis. La loi vous contraint à présenter aux forces de police un éthylotest. Bien entendu, non encore utilisé. Les fabricants, en fait une seule société en France ( Contralco) est en position de quasi monopole, ne manquent pas de vous proposer d'acheter deux «ballons» d'une durée maximale de deux ans. Environ 36 millions de chauffeurs à deux, trois ou quatre roues, voilà qui représente un sérieux marché captif.
Si vous êtes un citoyen responsable, non condamné à l'abstinence totale par votre maladie alcoolique, la conduite routière après un arrosage quelconque vous impose de souffler dans le fameux éthylotest. La couleur réglementaire, pas verte du tout, est correcte, c'est bon, circulez.
Si les 0,5 grammes d'alcool dans le sang sont dépassés, il vous faut attendre. Combien de temps ?
Sachant que la vitesse moyenne d'élimination de cet éthanol sanguin est de 0,10 gramme par heure, l'adjudant-chef de Fernand Raynaud possède la réponse : «un certain temps».
D'où l'obligation logique de souffler dans son second test afin de vérifier son aptitude réglementaire à conduire.
Mais là, zut de zut. Si, innocent comme l'agneau qui vient de naître, vous subissez alors un contrôle routier, vous ne pouvez plus exhiber fièrement votre petit tube encore dûment vierge. Contravention garantie.
Ah, au fait. Ces charmants petits outils ne peuvent pas chimiquement ( dichromate de potassium) résister à une température de plus de 40°. Dans l'habitacle de votre chère voiture garée en plein soleil, les 60° sont là au bout d'un quart d'heure.
Tout cela au nom de la prévention et de la santé publique, bien incapables de prouver l'impact sur le réel des comportements (trop) humains de leurs mesures contraignantes.
Dr F-M Michaut