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L'année exmed 2014

Voici les coups d'oeil de janvier, février, mars déjà parus sur le site exmed:

30 décembre 2013 - 3 janvier 2014
Que germe le blé 2014, LEM 842
Intrigué par l'expression classique : Au gui, l'an neuf, j'ai cherché sa signification. En fait ce serait la traduction phonétique d'une expression celte au cours de la cérémonie druidique du solstice d'hiver. O ghel an heu ( source wikitionnaire). Tant pis le fameux gui sous lequel se faire la bise passe à la trappe.
Le grain de l'an passé, mort en apparence, qui reprend vie dans la terre pour nourrir les animaux comme les hommes. Miracle admirable en vérité. Et belle leçon de vie pour qui veut bien en prendre conscience.
La LEM 842 intitulée 31O2 NALIB vous propose une petite gymnastique en guise d'échauffement pour les douze mois à venir.
Nos voeux, aussi chaleureux soient-ils, n'y peuvent rien changer. 2014 sera, très exactement, la somme de tout ce que nous avons semé en 2013 et récolté de toutes les années antérieures de notre longue histoire humaine.
Dr F-M Michaut

4 - 5 janvier 2014
Silence, on soigne
Un exceptionnel pilote automobile a été victime d'un grave traumatisme cérébral. Immense émotion populaire, qui montre au passage, combien le rêve inaccessible est nécessaire à notre physiologie mentale.
Micros et caméras venus de partout font tout pour surfer sur cette ferveur au saint nom de sa divinité le Sport.
Les médecins sont harcelés pour livrer en pâture tout ce qu'ils peuvent savoir et même prévoir.
Et les médecins savent remarquablement se taire. Le respect du patient, de sa famille et de tous ceux qui ont pour mission d'apporter les meilleurs soins possibles l'imposent.
L'obligation de soigner au mieux a heureusement pris le pas sur un commode droit à l'information, qui n'est souvent qu'un tremplin sournois à de discutables manipulations d'opinion. Savoir résister aux paillettes de l'exposition médiatique , juste pour sa gloriole du moment, n'est pas à la portée du premier venu.
Belle leçon d'éthique médicale que celle que nous donnent nos confrères du Centre Hospitalier Universitaire de Grenoble. Puisse l'illustre accidenté en tirer les meilleurs bénéfices pour son devenir personnel !
Dr F-M Michaut

6 - 7 janvier 2014
A chacun ses mages LEM 843
Sous le signe de la galette (rien à voire avec l'euro ou le dollar) la tradition chrétienne célèbre le 6 janvier une bien étrange visite. Celle de trois éminents savants, magiciens, astronomes ou médecins, allez donc savoir, venus de très loin pour rendre visite à un nouveau-né inconnu, même pas venu au monde dans son village. La «Science» dans toute sa majesté royale se prosternant devant le porteur futur et le témoin d'une connaissance qui la dépasse. Le symbolisme demeure aussi bouleversant et incompris qu'il le fut, répète sans se lasser notre tradition bimillénaire.
Nos neurones ont bien besoin de faire de la gymnastique, voire de la rééducation. Comment faire autrement qu'en manipulant les mots ?
Le professeur Jacques Grieu nous entraine dans son Noël Belge.
Bonne fête et que la fève soit pour vous.
Dr F-M Michaut

8 - 9 janvier 2014
Remboursez, remboursez
C'est ce que disait jadis, avec force sifflets, le public quand un spectacle ne lui plaisait pas. Le ministère de la santé doit décider si la classe des médicaments destinés à lutter contre l'arthrose doit cesser d'être remboursée par l'assurance maladie obligatoire.
Médications jugées peu efficaces par les experts dira-t-on probablement. En vérité, c'est uniquement une histoire de gros sous, les «anti-arthrosiques» sont parmi les produits les plus prescrits par les médecins généralistes.
Quelle que soit la décision politique, les patients continueront d'exiger de leur praticien habituel quelque chose pour leurs douleurs, comme ils le disent. Les connaissances médicales actuelles ne leur fournissant aucune alternative pharmacologique, les médecins seront coincés. Que personne ne vienne alors leur faire le reproche d'utiliser largement les médications anti-inflammatoires les plus récentes, infiniment plus dangereuses, et beaucoup plus chères. Mais remboursées sans discussion par la Sécurité Sociale.
Les «vieux produits» n'agissent que par effet placebo disent les experts. Cela représente quand même 15% des sujets qui y sont toujours sensibles, et 55% qui en tirent parfois un bénéfice ( source Collège français des enseignants en rhumatologie). Est-il humain d'en priver ceux qui souffrent ?
Jeu de dupes, en vérité, dont le grand gagnant demeure finalement l'industrie pharmaceutique et le grand perdant, le patient lui-même.
Dr F-M Michaut

10 - 12 janvier 2014
En finir avec certains «excès et abus»
C'est la Sécurité sociale elle-même qui a ainsi été mise en demeure lors des voeux présidentiels du 31 décembre 2013. Il ne peut échapper à personne que les fraudes et arnaques à l'assureur santé obligatoire unique national sont légion. Des professionnels comme des usagers pillent sans vergogne dans nos poches de cotisants. Banditisme sans grand risque : le filon est juteux.
Les assureurs privés, au fil des ans et pour survivre, sont devenus des as pour la détection des déclarations frauduleuses. Notre pachyderme collectif (et non étatique, comme trop souvent affirmé à tort) n'a jamais daigné prendre à bras le corps ces escroqueries aux dépens de ses propres assujettis.
Mais, messieurs et mesdames les donneurs d'ordre, avez-vous la moindre idée de ce que représente le gâchis de la masse incroyable de bilans, d'examens de routine ou de précaution, d'hospitalisations médicalement évitables, mais socialement indispensables, de routines scientifiquement infondées mais réglementairement imposées, de décisions pour, à votre exemple «ouvrir le parapluie» médico-légal en cas de pépin ?
Avez-vous fait calculer, par vos armées d'as du clavier, combien coûtait à la collectivité l'indigence persistante de la formation des médecins généralistes ? L'université n'a jamais réussi à «produire» autre chose (et fort bien) que des médecins hospitaliers hautement spécialisés.
Estimez-vous «normal», pour un grand pays comme le notre, que la médecine de premier recours, comme vous le jargonnez si volontiers, ne dispose d'aucun moyen à la taille de sa mission pour répondre aux besoins de la population de notre XXIème siècle ? Une science de cette importance maintenue par négligence à l'état fantôme, est-ce humainement et «sanitairement» supportable en France ?
Y porter remède autrement qu'avec des discours, c'est vraiment du domaine de compétence du pouvoir législatif et exécutif. Alors, pas d'hésitation à avoir, en guise de voeux réciproques : au boulot, nos élus !
Dr F-M Michaut

13 - 14 janvier 2014
Faire le choix d'en parler LEM 844
Il est dans les évènements du temps présent des sujets qui fâchent, il existe aussi des façons d'être que ne peuvent pas laisser muet, au risque accepté, pour celui qui s'exprime, de ne pas faire l'accord unanime.
Vous vous souvenez certainement de la caricature de votre livre d'histoire à propos de l'affaire Dreyfuss montrant une famille à feu et à sang avec la légende lapidaire : «Ils en ont parlé».
À qui veut bien de découvrir la LEM 844 : Le syndrome de Théodore.
Dr F-M Michaut

15 - 16 janvier 2014
Se dorer la pilule
Quand la dame classée numéro un au sommet de la hiérarchie républicaine en France se trouve brutalement hospitalisée à la suite, dit son entourage, d'une grande fatigue résultant d'une affaire familiale tonitruante, une question se pose.
Quand, Anne Prigent dans le Figaro du 10 janvier 2014, pointe la consommation nationale d'anxiolytiques (benzodiazépines) qui ne faiblit toujours pas, au point de concerner une femme sur trois après 65 ans, la même question se répète.
Qu'est-ce que c'est que cette réponse médicale, essentiellement ou pas loin, fondée sur l'utilisation de molécules capables de gommer nos émotions les plus désagréables ? L'anxiété sous toutes ses formes est-elle, en elle-même, une maladie, et en plus, soluble dans la prise de psychotropes ?
Certes l'OMS définit idéalement la santé, en 1946, comme un état de complet bien être physique, mental et social, mais qu'est-ce qu'il est raisonnable de demander aux médecins ?
Les praticiens chargés de mettre des rustines sur tout ce qui ne va pas bien dans chacune de nos vies sont condamnés à jouer mission impossible. Ils sont les premiers à le savoir, et ils en souffrent.
Beaucoup de gens, avec ou sans crise, sont déboussolés. Même en cherchant bien, la vérité sans fard s'impose : la science médicale n'a pas la moindre idée de l'endroit où peut bien se cacher notre machine à trouver le nord perdu. Dans ces conditions, il n'est pas possible de guider utilement ceux qui ne savent plus comment s'orienter eux-mêmes.
Ayons la lucidité d'admettre que la réponse chimique au mal-être de toute une société n'est qu'un écran de fumée qui ne doit pas faire illusion.
Alors, finalement, que demande notre société à ses médecins ? Il est urgent de le définir enfin.
Dr F-M Michaut

17 - 19 janvier 2014
Faire simple, faire faux?
Il semble évident qu'il faut simplifier ce qui peut l'être.
Même en science, la simplification est une façon d'aborder les questions complexes ; à condition d'en connaître les limites.  En médecine, la simplification  atteint rapidement ses limites. On le voit quand on applique aveuglement des protocoles stéréotypés. En anesthésie, par exemple, donner des doses standards juste corrélées au poids, pour simplifier,  aboutit à des absurdités.
En matière économique et sociale, il y aurait un très grand intérêt à simplifier, mais quand tant de gens vivent d'une complexité faite pour eux, voire créée par eux, aucun prétendu «choc de simplification» n'interviendra, et l'attachement aux vieilleries  entretenues par des ronds de cuirs sera la règle.
On pourrait parler longtemps de simplification et finir par prouver que c'est un espoir un peu vain, et que tout ce qui est «utilisé» l'est de façon complexe.
Elle est souvent utilisée, parfois tronquée, la citation de Paul Valéry en 1941 : «Tout ce qui est simple est faux . Tout ce qui ne l'est pas est inutilisable». Certaines phrases doivent êtres relues cinq ou six fois avant d'être comprises et révèlent de la part de leurs auteurs, une addiction à la complexité qui s'écarte de toute recherche de simplification. Elles prouvent qu'il y a aussi un certain «snobisme intellectuel» de la complexité,le jargon abscons, définissant une sorte de périmètre de compréhension.
Médecins, avocats, juges, technocrates, tous s'évertuent à entretenir une complexité dont l'intérêt n'est pas toujours évident (1). C'est dans ce cadre que la citation de Paul Valéry prend, à mon avis, tout son sens.
Dr J-F Huet
(1) NDLR : Formuler ses idées de façon accessible à son auditoire est un talent, qui demande un travail constant d'ajustement précis de la part de celui qui a eu la chance (donc aucune gloire personnelle à en tirer) d'en hériter. Les grosses ficelles de la «communication» ne sont qu'un leurre.

20 - 21 janvier 2014
A visage découvert LEM 845
Oser publiquement se révéler comme un adulte, par ailleurs sujet brillant et professionnel hautement reconnu, qui a traversé dans sa vie depuis l'enfance tout un processus souterrain de harcélement moral n'est pas à la portée du premier venu.
Les raccourcis journalistiques sur un sujet à la mode, comme les analyses qui se veulent objectives des prétendus experts, laissent les lecteurs sur leur faim.
Vu de l'intérieur, du côté de la personne harcelée, qu'est-ce que c'est donc que ce phénomène impalpable du harcèlement moral qui menace, sans bruit, de destruction ceux qui le rencontrent dans leur vraie vie ?
Philippe Arquès n'est pas un inconnu d'exmed, comme en témoigne la présentation de son premier livre.
Aujourd'hui, endossant les habits transparents d'un chroniqueur, À visage découvert, dans la LEM 845 «Claques», il invite ses lecteurs à un récit de témoignage subjectif exceptionnel.
Dr F-M Michaut

22 - 23 janvier 2014
Cabines et cabinets
Les médecins refusent toujours de céder aux sirènes de l'installation d'un cabinet privé en zone rurale, ou urbaine, de démédicalisation. Aucune des sucettes «anti-désertification» proposées par les autorités n'a le succès espéré.
Plus de médecins sous la main ? Qu'importe, on s'en passera. Telle est l'idée de promoteurs habiles à surfer sur le gâteau de «la santé», qui comptent bien en faire une bonne affaire commerciale. Et de convoquer la sainte technologie pour concocter un ersatz de généraliste.
Hop, comme pour le téléphone de grand papa, une bonne vieille cabine au nom ronflant qu'on peut installer n'importe où. Et on la dope au numérique pour déterminer la température, la tension artérielle, les gaz du sang, la glycémie et quelques autres données chiffrées de ceux qui s'y enferment. Bien entendu, au prix d'un abonnement substantiel, avec engagement de quatre ans, tout cela est dit être relié à un site capable de fournir un diagnostic et un traitement adapté. Dormez braves gens, on fait tout pour vous.
Si, une seule fois dans votre vie, vous avez été atteint par une maladie, pouvez-vous penser que le contact direct avec un médecin en chair et en os peut être remplacé par une simple machine à soigner, aussi sophistiquée soit-elle, selon ses promoteurs?
Je suis comme vous. Avec une furieuse envie de jeter ces cabines deshumanisées aux cabinets (pas du tout médicaux) des illusions techniques imbéciles !
Petite correction, quand même. C'est une initiative excellente pour les gens qui sont atteints d'hypochondrie !
Dr F-M Michaut

24 - 26 janvier 2014
Ce vent d'est nous interroge
L'Ukraine, jadis fleuron agricole de l'URSS, est le siège d'un curieux mouvement intellectuel d'une partie de ses habitants. Les violences se déchaînent et des vies sont détruites. Pour quelle raison ? Tout simplement parce que des opposants politiques veulent à tout prix que leur pays fasse partie un jour de l'Union Européenne.
Se battre pour être des nôtres, nous qui n'avons pas de mots assez durs pour critiquer notre CEE pour tout et n'importe quoi ?
Il y a vraiment de quoi réfléchir sur notre attitude d'enfants (trop) gâtés. L'Europe, et si c'était autre chose et bien plus qu'un simple marché économique mondial de premier plan ?
Dans cette hypothèse non matérialiste, sommes-nous, sans en avoir pleinement conscience, porteurs d'un patrimoine intellectuel, culturel et spirituel d'une telle valeur pour le futur que le catéchisme marxo-léniniste d'une nation, en le diabolisant pendant 80 ans, n'a pas réussi à en effacer l'attrait dans de nombreux esprits ?
Dr F-M Michaut

27 - 28 janvier 2014
Une mort toutes les trente secondes LEM 846
Et le plus souvent âgé de moins de cinq ans, tel est l'impact mondial du paludisme que nous avons la chance de ne plus connaitre sous nos climats d'Europe. Ce n'est pourtant qu'en 1931 que les derniers cas de malaria (maladie du mauvais air des anciens) non importés ont été signalés par les médecins du Marais Poitevin.
La LEM 846 La recherche contre le paludisme est le témoignage d'un jeune laborantin plongé dans un univers peu connu du public, et même des soignants.
Dominique Ramarlah n'est pas un inconnu ici, puisqu'il est l'auteur d'un travail et d'un site remarquable sur son grand-père, l'un des pionniers de la médecine malgache, présenté dans la LEM 745 Le docteur Antoine Marie Ramarlah.
Bonne lecture
Dr F-M Michaut

29 - 30 janvier 2014
Contrôlite chronique
Nos adolescents nationaux partageraient, avec les Tchéques, un record. Celui de la consommation de cannabis ( Léa Crébat dans le JIM du 21 janvier 2014). L'un de nos brillants parlementaires propose un dépistage obligatoire annuel de la consommation de haschich dans les lycées. Aucun pays au monde n'a osé se lancer dans un tel système.
S'il était possible de mettre en place une telle surveillance chimique, que ferait-on des innombrables jeunes gens contrôlés «positifs» ? Une leçon de morale sous couvert d'arguments prétendus scientifiques ? Les expériences, régulièrement décevantes depuis des décennies, de ce qui se fait en matière d'alcool ou de tabac, sous le nom usurpé de prévention, n'incitent pas à l'optimisme.
L'envoi vers des spécialistes ? Illusion thérapeutique dispendieuse, juste pour se donner bonne conscience collective.
La seule question pertinente qui s'impose logiquement est soigneusement évitée. Un recours massif à toutes les substances modifiant l'état de conscience, et dans tous les âges de la vie, monsieur le député, est le symptôme indiscutable d'un profond malaise de la société dont nous sommes les membres, à la fois actifs et... passifs.
Une maladie collective générale nous ronge, et nous n'avons pas le courage élémentaire de la diagnostiquer de façon rigoureuse et documentée. Où se cache donc notre intelligence, notre esprit de découverte, notre courage intellectuel ?
Nous précipiter tête baissée dans des actions qui ne peuvent, au mieux, que gommer certains symptômes trop criants de notre mal vivre, est une tromperie inacceptable.
Soigner une pneumonie uniquement avec des médicaments contre la fièvre, pas un seul soignant n'oserait le faire !
Dr F-M Michaut

31 janvier - 2 février 2014
Paris audacieux
Un Paris dont disparaissent les médecins généralistes est-il un bon pari pour la bonne santé future de notre système de distribution de soins en France ? Un tiers de nos confrères parisiens, exerçant essentiellement en cabinet libéral, passerait ainsi à la trappe entre 2008 et 2018 selon l'Ordre des médecins.
Est-il médicalement possible de se passer de cette catégorie de médecins pour soigner correctement et humainement les malades ? Si c'est le cas, dûment prouvé par des arguments scientifiques solidement fondés, il est urgent de supprimer immédiatement le métier de médecin généraliste tel qu'il existe actuellement.
Est-il admissible que ne soient pas consultés, sur cette question qui les concerne au premier chef, les parisiens aux-mêmes ? Combien d'entre eux seraient d'accord pour n'être soignés que par l'Assistance publique des hôpitaux de Paris ? Personne n'ose poser cette question sulfureuse. Et pourtant... que de témoignages sans ambiguité en privé.
J'ai beau chercher, je ne trouve pas un seul pays au monde qui ait pu se passer de médecins généralistes. Il doit bien y avoir une raison qu'il serait judicieux d'étudier avec soin en France.
À moins que, là encore, nous ne soyons en train de mettre en place (volontairement ou par pure négligence) une nouvelle «exception française» dont nous avons le secret.
Dr F-M Michaut
PS : Utile contrepoint de la réalité par les jeunes Français eux-mêmes, le nombre des candidats aux études de santé a encore augmenté (vous avez bien lu) de 4% cette année pour atteindre 58 200 étudiants en Première année de faculté ( Lettre hebdomadaire UNIVADIS du 30 janvier 2014). Cherchez l'erreur pour ne pas trouver l'horreur.

3 - 4 février 2014
Au royaume des chiffres LEM 847
Comme si deux et deux faisaient toujours quatre et que la preuve par neuf était une assurance tout risque contre les errements de l'esprit humain, le poids symbolique dominant du langage mathématique demeure considérable dans nos têtes. La médecine n'est pas du tout à l'abri de cette mathomanie galopante.
Faut-il pour autant se prosterner passivement devant l'utilisation à toutes les sauces de sa majesté chiffrée ?
L'humour est au rendez-vous de cette rencontre cocasse avec la réalité, cuisinée avec maestria par quelqu'un qui sait de quoi il parle après une longue carrière d'ingénieur.
Jacques Grieu signe la LEM 847 Mathématiques E=mc2
Dr F-M Michaut

5 - 6 février 2014
Cancers, qu'en sert-on?
Et d'une annonce incantatoire de plus du monde politique pour notre bonne santé à tous. Un troisième plan cancer nous dit Le Figaro du 4 février 2014.
Comme si un ensemble de mesures réglementaires (la puissance publique, ne l'oublions pas est incapable de créer autre chose que des textes) pouvait changer le risque pour chacun de nous de devoir affronter des pathologies cancéreuses.
Une fois encore le projecteur n'est braqué que sur les maladies quand elles sont déjà déclarées ou que le risque de survenue est déjà solidement installé. C'est le cas des addictions à l'alcool ou au tabac. Taxer un peu plus, un peu moins : on ne joue que sur des marges qui peuvent creuser le lit de trafics parallèles juteux.
Qu'est-ce que c'est que ces cancers, quels sont les facteurs, notamment environnementaux, qui les favorisent ? Sans tout savoir et de loin, nous savons beaucoup de choses. Mais que sommes-nous capables d'en faire ? Ou pour reprendre le titre qu'en sert-on au public ?
Vraiment rien de nouveau à l'horizon. Rien qui soit de nature à nous rendre moins vulnérables à nos emballements cellulaires favorisés par tant de causes environnementales.
Une grand messe qui ne servira à rien d'autre qu'à conforter les experts dans leur petit territoire bien fermé aux vents extérieurs.
La carcinoprévention environnementale, la dénomination me semble explicite, voilà ce qui devrait exister. Si l'on en croit le grand fureteur Google, cette notion n'est pas - encore - utilisée. Manque remarquable.
Manque d'intelligence, manque d'ambition, manque de courage politique ? Tout est possible. Mais surtout, absence tonitruante d'une vision générale forte de ce que pourrait (devrait peut-être) devenir notre société humaine elle-même.
Sans moteur, comment faire bouger un véhicule ?
Dr F-M Michaut

7 - 9 février 2014
Pas si dociles nos machines
Dans des échanges privés avec des lecteurs de la LEM 847, il est question d'ordinateurs et de mathématiques. Je ne peux m'empêcher de repenser à ce que je faisais dire il y a quelques années à un personnage doux rêveur :
-  « L'habitude est de dire que les ordinateurs ne peuvent faire que ce qu'on leur dit de faire. C'est ce que tout le monde pense, intuitivement, et c'est bien normal, puisque ça paraît de la plus grande logique, ce raisonnement. Et que la logique, c'est précisément ça, rien que ça, un ordinateur. Voire ! C'est peut-être beaucoup plus excitant que ça, l'informatique ! Car on se surprend à constater qu'on ne connaît pas toujours à l'avance les conséquences de ce qu'on leur a appris, aux machines. Il arrive parfois à nos programmeurs honnêtes, de l'avouer dans un mouvement de sincérité.
Au fur et à mesure qu'ils font avaler aux ordinateurs, des opérations ou langages de plus en plus complexes ou évolués, ils savent de moins en moins préciser ce qu'ils leur ont fait réellement ingurgiter à travers des étapes successives qui se croisent, s'interfèrent, se contredisent, s'ajoutent, s'empilent, se soustraient ou se télescopent sans qu'aucun feu rouge ou même orange ne vienne les avertir.
D'ailleurs, cette nourriture-programme leur est bien souvent administrée à des dates décalées, et par des individus différents. Et qui se connaissent mal ou pas du tout quand ils ne s'ignorent pas totalement. Le dernier qui programme ne maîtrise donc pas forcément toutes les implications des programmes précédents. Ou plutôt, ce que les machines, en digérant, en mélangeant, en étageant, leur précédente nourriture, vont décider d'en recracher après transformation quand on les sollicitera sur tel ou tel point partiel ou fragmentaire. D'où, à travers les étapes successives de cette complexité croissante, une perte de contrôle progressive.
 Car les couches successives de programmation se superposent et s'enchevêtrent d'une manière de moins en moins prévisible lorsque croît leur complexité. Le tout, l'ensemble de ce qu'elles avaient assimilé pouvait très bien être plus fort, plus malin (ou plus stupide) que l'addition brute de ce qu'on leur avait fait avaler. Tout en restant, bien entendu, parfaitement logiques. L'ordinateur ne serait-il pas, lui aussi, sujet à ce qu'on appèle le holisme ?
La machine pourrait donc bien, (un peu, parfois ?), échapper à l'homme ! Et avoir de temps en temps ses petits caprices, sa petite volonté inattendue. Même si, d'accord, elle était entièrement son enfant, aussi bien pour le soft  que pour le hard ! Mais un rejeton pas toujours bien maîtrisé ! Mal élevé par ses parents qui se trouveraient débordés, en somme».
(extrait de « Une Journée Insignifiante»)
Jacques Grieu, écrivain

10 - 11 février 2014
Systémiquement magistral LEM 848
Pas facile de faire comprendre ce que peut apporter un mode de pensée systémique à des esprits forgés aux cloisonnements des savoirs. Penser globalement ( et agir localement) comme le demande, sans grand succès, René Dubos , le vrai père des antibiotiques, depuis des années nécessite un certain effort.
C'est certainement un abus de pouvoir assez orgueilleux que d'affirmer : « Il faut absolument lire tel bouquin ».
La déception, l'indifférence ou l'enthousiasme devant une oeuvre ne peuvent être qu'une affaire personnelle.
Mais, là, il me semble que l'ouvrage présenté ici mérite une mention spéciale. Bien que ne traitant pas de questions directement liées au monde de la santé, il ne serait pas inconcevable d'en faire un livre de chevet. À moins qu'il ne trouve place dans la bibliothèque d'un cabinet médical, et, pourquoi pas, dans la trousse médicale d'un praticien.
Avec cette LEM 848 inspirée par François Cheng, à vous de découvrir une pensée globale qui n'hésite pas à sonder notre réalité jusqu'à la mort. Ou, plus exactement à partir de cette mort qui nous fait si peur.
Les lecteurs habituels du site pourront remarquer la place donnée dans le livre présenté à la publication de poèmes pour parachever le propos. Voilà qui conforte encore le choix éditorial de publier régulièrement dans nos LEM des poésies pour aller au delà du langage quotidien.
Dr François-Marie Michaut

12 - 13 février 2014
Hélico ne rie
Présenter, comme l'a fait France 2 au Journal de 20 heures le 10 février 2014, le transport par hélicoptère des patients comme un moyen spectaculaire de lutter contre la fameuse «désertification médicale» mérite un arrêt sur image.
Plus de présence humaine capable de soigner sur place, tant pis. On introduit une machine ( au demeurant devenue indispensable dans toutes les régions hexagonales pour accéder en urgence aux hôpitaux ultra spécialisés), et le tour est joué.
Dormez sur vos deux oreilles, braves gens, les pouvoirs publics sont prêts à tout pour vous sauver.
À un détail près. Que votre état soit correctement diagnostiqué au départ pour déterminer par qui vous devez être pris en charge. Il ne serait pas sans intérêt d'étudier quelle est la proportion de patients d'une clientèle de médecin généraliste qui nécessite des soins aussi sophistiqués. De «vraies» urgences, combien en voit-on dans une vie de médecin de famille ?
Quant à la demi-heure d'accès aux urgences pour tout le monde en France, c'est ignorer la réalité des temps incompressibles d'attente de nos bons hôpitaux.
Faut-il en pleurer, faut-il en rire. Le père Jean Ferrat posait bien la question.
À chacun sa réponse.
Dr François-Marie Michaut

14 - 16 février 2014
La conduite c'est avant tout
Il est louable de tenter de rendre les déplacements sur les voies publiques aussi peu dangereuses que possible pour la population.
Il n'est pas acceptable que la fameuse sécurité routnière ( soeur idéologique implicite de la sécurité sociale) soit réduite à la lutte contre deux ennemis , la consommation d'alcool et la vitesse. Au moins, c'est simple et cela se mesure avec des chiffres. Voilà qui donne l'impression d'une rigueur toute mathématique, digne de la LEM 847. On réprime, on frappe au porte-monnaie et on se félicite de bons chiffres sans chercher à comprendre d'où ils peuvent vraiment provenir.
La conduite routière, à deux, trois, quatre roues, ou même aucune, c'est avant tout une personne humaine dont le déplacement n'est que le prolongement uniquement programmé par son propre cerveau.
L'attention que chacun accorde ou non à cette activité, toujours potentiellement dangereuse, qui vraiment s'en soucie ? L'attention aux autres, à tout autre, comme seule attitude humainement indispensable à la vie en société, qui ose la dire ?
Alors, si on faisait simplement et sérieusement attention à tout ce qui peut troubler l'attention de celui qui conduit ? La route, comme l'habitacle d'une voiture, est un milieu toujours changeant, savoir le lire aussi rapidement que possible pour s'y adapter sur le champ, qu'a-t-on inventé de mieux pour arriver entier à bon port ? Les motards auraient bien des choses à dire à ce sujet, si on cessait de se battre pour de simples chiffres deshumanisés pour regarder la réalité en face.
Dr François-Marie Michaut

17 - 18 février 2014
Sa majesté le mot LEM 849
Les écrans numériques, sous toutes leurs formes contagieuses, nous tiennent sous l'empire absolu des mots. Mots écrits, parfois mutilés ou simplifiés au plus court pour aller plus vite, ou mots lus, souvent soulignés d'images fixes ou mobiles.
Mots qui deviennent outil magique d'accès au kaléidoscope de nos indispensables moteurs de recherche pour explorer la richesse de la Toile.
Mais, dans la vraie vie de tous les jours, cette stupéfiante invention du cerveau des hommes pour traduire sa perception de sa conscience, se révèle infiniment plus riche et plus chargée de vie que ce que peut nous dire le plus complet des dictionnaires savants.
Une fois de plus, l'utilisation des mots dans toute pratique médicale se montre d'une importance majeure. Demeurer très attentif à tout ce qu'ils peuvent véhiculer est une obligation double. Pour le patient lui-même, afin de mieux connaitre ce qu'est, et ce que n'est pas, sa maladie. Pour le soignant tout autant, son message ne peut être standardisé et désincarné, aussi rigoureux et scientifique doive-t-il être.
En croisant les mots dans sa LEM 849, notre complice Jacques Grieu ne se fait le croisé d'aucune cause. Il cause presque comme on cause avec ses proches. Jamais aussi simplement qu'on peut le croire.
Dr François-Marie Michaut

19 - 20 février 2014
Droit de vie, droit de mort
Bien troublante, cette affaire Vincent Lambert ! Que nos progrès médicaux permettent le maintien en vie d'un blessé tétraplégique et muet depuis cinq ans ne surprend plus personne.
Qu'une famille se déchire pour déterminer si, oui ou non, son état qualifié de « pauci relationnel » par les médecins, justifie la poursuite des soins hospitaliers, quoi de plus humain. Que les praticiens responsables ne sachent que décider, c'est tout à leur honneur.
Je ne cache pas mon embarras devant le fait que le sort du pauvre hospitalisé finalement soit du domaine d'une décision du Conseil d'État. Il n'est déjà pas très satisfaisant que la justice concernant les affaires mettant en cause l'administration publique ( tribunal administratif, conseil d'Etat) relève d'une juridiction spéciale, pour ne pas dire d'exception, et non du droit commun applicable à tous les citoyens. Une administration décidant souverainement qui doit voir, ou non, ses jours abrégés par ... une autre administration, cela donne des frissons dans le dos.
Heureusement, la réalité étant ce qu'elle est, et les hommes des institutions demeurant ce qu'ils sont, nos magistrats ont botté en touche.
Un nouveau collège d'experts éminents, donc de médecins relevant de la même fonction publique, après avoir été soigneusement choisi sera prié de rendre ses conclusions. Le délai nécessaire risque bien de laisser tout le temps à la personne humaine de Vincent Lambert, aussi amoindrie soit-elle hélas devenue, de cesser complètement (ou non) de vivre.
Dr François-Marie Michaut

21 - 23 février 2014
Epuisement professionnel
L'Union française pour une médecine libre (UFML) a organisé le 18 février 2014 une journée «noire» pour alerter l'opinion publique sur le burn-out des médecins.
Un praticien sur deux serait concerné.
Une investigation élémentaire établirait, j'en suis persuadé, que ce phénomène d'usure, aussi dangereux pour les patients que pour les médecins eux-mêmes, existe depuis des dizaines d'années. Certaines pages du «Voyage au bout de la nuit» en témoignent sans fard. Céline, entre les deux guerres mondiales, dans sa banlieue parisienne misérable, savait de quoi il parlait. Combien ai-je pu rencontrer, dans mes jeunes années, de confrères totalement épuisés et profondément aigris par leur activité ? Combien, vers la cinquantaine, se faisaient discrétement faucher par un infarctus ou un cancer du poumon, quand ce n'était pas par une mort brutale au volant ?
Pour quelles raisons profondes et anciennes les médecins sont-ils soumis à de tels risques personnels, parfois vitaux, quand ils pratiquent leur métier ?
Cela établi, comment se fait-il que cette situation humainement dramatique, malgré tous les progrès techniques et scientifiques de la médecine depuis un siècle, malgré les améliorations incontestables des procédés de soins, malgré des moyens financiers sans précédent, demeure plus que jamais au premier plan de la réalité professionnelle de notre riche France de 2014 ?
Ce «quelque chose» qui casse chez les médecins, si l'on veut qu'ils soignent au mieux leurs patients (donc chacun de nous en tête), il est urgent de le diagnostiquer en allant au plus profond. Il est de l'ordre de l'esprit, du spirituel : ce qui ne veut pas dire relevant de l'incompréhensible et de l'irrationnel.
J'admets que cette question du sens de la profession médicale, débordant les frontières habituelles de la science, est dérangeante.
Faire comme si elle n'existait pas est un moyen infaillible de laisser perdurer, et croitre encore, ce terrible burn-out. Vous avez dit «non assistance en personne en danger» ? C'est parfaitement exact.
Dr François-Marie Michaut

24 - 25 février 2014
Guerres sans frontières LEM 850
Actualité lancinante. D'un côté on cherche à soigner les plaies et les maladies, d'un autre côté (et parfois du même) le mot d'ordre toujours suivi est de tuer ou de détruire «les autres».
Nous ne sommes plus à un paradoxe près.
Alors, si l'on osait aller jeter un petit regard sous les dessous, pas nets du tout, de nos guerres du moment ?
La LEM 850 Afrique ? Écoutons bien attend votre lecture, comme toujours ouverte à vos remarques et critiques.
Dr François-Marie Michaut

26 - 27 février 2014
Sécutitanic
Les passagers du Titanic, «sanctuaire flottant» réputé insubmersible pour l'opinion publique, ont dansé et festoyé jusqu'à leur rencontre avec un iceberg. Qui n'était pas sensé exister aux latitudes auxquelles il naviguait... à vue.
Notre chère Sécu, également longtemps considérée comme un sanctuaire (1) insubmersible, navigue à vue dans le déni des icebergs sociaux et de l'évolution des conditions mondiales qu'elle n'a pas su prévoir...
Les «sanctuaires» qu'ils soient sociaux ou flottants ne résistent pas à la réalité.
On aura beau écoper, et faire appel au remorqueur fiscal (CSG, RDS etc...), le «Sécutitanic» ira par le fond, non sans avoir fait de nombreuses victimes.
Dr Jean-François Huet
(1) NDLR : Dans toutes nos cultures, le mot sanctuaire désigne un lieu considéré comme sacré. Tout semble encore se passer, dans beaucoup d'esprits (y compris médicaux), comme si notre sécurité sociale fondée en 1946 demeurait aussi intouchable qu'une institution divine pour un croyant. Vous avez bien dit laïcité républicaine, esprit scientifique et liberté d'opinion ?

28 février - 2 mars 2014
Communiqué de (presque) victoire
Madame Margaret Chan, directrice de l'Organisation mondiale de la santé, a célébré le 11 février l'éradication de la poliomyélite en Inde. Source le Quotidien du médecin du 27 février 2014.
Qui peut ne pas se réjouir que cette terrible maladie laissant des enfants infirmes à vie frappe moins que par le passé les populations exposées ? Personne.
Qui oserait ne pas saluer les efforts prolongés de tous ceux qui ont mis en oeuvre le seul moyen préventif actuel que constitue la vaccination ? Personne.
Cela étant, il est peu crédible qu'un virus quelconque puisse disparaitre totalement du seul fait que les humains qui peuvent lui servir d'hôte ont pu développer avec une vaccination des anticorps spécifiques. Les virus ont tellement de ressources, encore peu connues par la science, pour rester en embuscade dans la nature ! Des épidémies surgissent brutalement, puis disparaissent aussi mystérieusement.
Nous avons encore bien des choses à comprendre avant de prétendre «éradiquer», même après trois ans sans cas déclaré, quelque maladie que ce soit de la surface de la terre !
Dr François-Marie Michaut

3 - 4 mars 2014
Au nom de la cité, LEM 851
Empoignades électorales au coin de la rue, bataille de clans, profusion de déclarations, affiches et tracts, nous voici entrés dans le cirque des municipales en France. Campagne, nous dit-on. Oui, comme chez les militaires : aux abris alors ?
Les médecins sont-ils étrangers à cette agitation civique ? Je dis volontairement civique, car cela relève de cette qualité rare qu'est le civisme. Je n'écris pas citoyenne, selon la mode en cours, car la citoyenneté n'est qu'un état de droit purement passif pour ceux qui sont nés en France.
C'est la dimension que cherche à mettre en évidence, sans trop de tristesse espère son auteur, la LEM 851 Faites des maires.
Dr François-Marie Michaut

5 - 6 mars 2014
Ailleurs, on soigne vraiment autrement
La chaîne Arte diffuse chaque jour de semaine, du 3 au 28 mars, une remarquable série documentaire intitulée « Médecines d'ailleurs». Le réalisateur est Bernard Fontanille, médecin urgentiste ( auteur, avec la journaliste Elena Sender, du livre éponyme). Notez le rendez-vous sur Arte, chaque soir à 18h45, à retrouver également sur le site de la chaîne.
À l'occasion de la diffusion sur ARTE de la série documentaire "Médecines d'ailleurs", une rencontre conférence de presse organisée par Claudine Brelet, anthropologue bien connue des lecteurs, est prévue au musée Branly (Paris) le jeudi 13 mars 2014 de 10h à 12h30.
Sur le même sujet, une émission de radio de France Inter, avec la participation de Claudine Brelet, a été consacrée au travail de Bernard Fontanille. Elle est accessible à cette adresse.
De quoi remettre en question quelques illusions d'optique qui ont la vie dure chez nous.
Dr François-Marie Michaut

7 - 9 mars 2014
Assureur, juge et partie contre un médecin
Il se nomme Christophe Lamarre et exerce la médecine générale dans un quartier sinistré de Roubaix. Il a été condamné à quatre mois d'interdiction d'exercice ( Le Monde.fr du 5 mars 2013). Quel est son crime pour une aussi lourde punition ? Le motif est croquignolet : « exercice potentiellement dangereux de la médecine, pouvant entraîner un danger pour les patients». Comme ça, juste en passant, une question. Peut-il exister une seule forme de médecine clinique qui soit exempte de tout risque pour les patients ? À l'évidence, non.
Des ordonnances de dérivés de la morphine utilisés comme substituts d'héroïne auraient été trop généreusement prescrits, et surtout les durées maximales légalement prévues auraient été dépassées. Bigre : un crime contre un règlement, cela mérite un châtiment exemplaire !
Qui a infligé cette peine ? Le Conseil de l'Ordre, qui est chargé par la loi de la police professionnelle ? Pas du tout. La justice des citoyens ordinaires parce que des lois de la République ont été violées ? Pas plus. C'est le tribunal des Affaires sociales, autrement dit de la Sécurité sociale, qui s'est ainsi illustré.
Peu importe ici que notre confrère ait raison ou qu'il ait tort dans sa façon d'exercer son métier, c'est le travail des gens de droit d'en décider.
Mais il est absolument inadmissible, pour tout esprit simplement logique, qu'une condamnation contre un médecin (ou tout autre professionnel) puisse être portée par l'Assureur public obligatoire qui se trouve ainsi juge et partie.
Cas typique de mélange des genres et de conflit d'intérêt qui ne semble guère émouvoir les foules. Tant pis pour «le médecin des Roms» et des laissés pour compte, il n'avait qu'à faire en silence son office d'agent d'exécution tatillonne et sans âme du (meilleur) système de santé (du monde).
Mon allergie personnelle à tous les tribunaux spéciaux ne s'améliore pas du tout.
Dr François-Marie Michaut

10 - 11 mars 2014
Ni truc ni machin LEM 852
Chaque mot, aussi banal soit-il, quand il est assez finement passé à la moulinette d'un esprit ouvert sans oeillères sur la réalité, peut devenir une mine d'informations captivantes.
L'exercice n'est pas seulement ludique, bien qu'il le soit pour notre plus grand plaisir. Il ouvre une multitude de pistes pour mieux s'imprégner de la richesse du monde vivant qui nous baigne.
Dans les traces de Jacques Grieu (pas du tout dans le rôle du Petit Chose), plongeons dans «Tout chose», la LEM 852 de la semaine.
Dr François-Marie Michaut

12 - 13 mars 2014
Afin que nous piétonnisassions
Dans un climat politique aux remugles dangereux, une bouffée d'air printanier n'est pas un luxe.
Justement la littérature des candidats à la direction des municipalités qui, «com» (on pouvait s'y attendre) ou pas, a le pouvoir de ravir nos oreilles, à défaut de saturer nos circuits cognitifs.
Les flots de bonnes intentions nous submergent, promettant sans vergogne le paradis à notre porte pour demain. Chaque catégorie, justice électoraliste oblige, reçoit son os à ronger. Je vous fais cadeau de la liste rituelle : c'est la même partout.
En creux, l'état actuel de notre patelin fait froid dans le dos. Et nous ne le savions même pas.
Les loisirs, réjouissances et fêtes sont mis en avant. Avec toutes leurs retombées en euros au bénéfice des heureux habitants, cela va sans dire.
L'un des clous de ces promesses est de parvenir à écarter la circulation motorisée de nos pépites touristiques. Au diable les autos, le mot d'ordre est lancé : il nous faut, toute affaire cessant, piétonniser. Le gros mot est laché. Plus besoin de pétitionner, pétuner est interdit, le bonheur absolu est enfin à nos pieds. Juste au bout de nos souliers.
Beaumarchais l'affirmait, comme on est en France, tout finit par des chansons, écoutons le Québécois Félix Leclerc.
Dr François-Marie Michaut

14 - 16 mars 2014
L 'Arlésienne du «prescrire autrement»
L'ordre a été lancé aux médecins par, ne riez pas, le Commissariat à la stratégie et à la prospective : réduire la consommation de médicaments. Le Premier ministre est aux commandes. Pour mieux soigner la population, ce n'est pas son affaire, juste pour diminuer la dépense sociale galopante. Source : Les Échos du 12 mars 2014.
Enfonçons le clou comme il se doit pour rester dans la réalité. Les médecins, au cours de leur longue formation, n'apprennent, en dehors de la chirurgie, de la radiothérapie et de la kinésie thérapie, qu'à utiliser une prescription médicamenteuse pour parachever toute consultation. Diagnostic, traitement, le réflexe quasi pavlovien est là.
Les mêmes médecins ne sont formés qu'à traiter les maladies les plus graves, celles qui sont du domaine de compétence de l'hôpital. Les pathologies les plus banales (et de très loin les plus fréquentes) ne font l'objet d'aucun enseignement. Elles ne sont étudiées par aucune recherche scientifique de quelque ampleur pour mieux les connaître, et pour moins mal déceler leur véritable origine.
Pas de recherche systématique d'envergure, pas (ou peu) de connaissances scientifiques. Impossible dans ces conditions de découvrir d'autres moyens que les médicaments actuellement utilisés, uniquement développés pour les maladies lourdes, pour soigner les patients.
Le «prescrire autrement» ne peut être possible qu'en développant enfin, avec tous les moyens indispensables, la médecine générale. C'est trop long, c'est trop cher ?
C'est possible. Mais aucune autre «stratégie», aucune autre «prospective» , ni politique ni comptable, n'est possible pour soigner la majorité écrasante des malades à la fois mieux et... moins cher.
Dr François-Marie Michaut

17 - 18 mars 2014
Kicétidonsuila LEM 853
En médecine comme ailleurs, les emballements des engouements comme la puissance écrasante des groupes de pression bien organisés, orientent de façon unidirectionnelle les phares des commentateurs, des chercheurs, des enseignants et des curieux.
Le risque de ce genre de filtre des productions intellectuelles, qui ne date pas d'hier en vérité, est de ne pas retenir les esprits solitaires échappant au moule dominant du moment. En littérature, on parle, quand le vent de l'oubli a fini par tourner, de purgatoire.
Il me semble, sauf erreur d'appréciation, que c'est le cas en France pour le médecin suisse Carl Gustav Jung, né en 1875 et mort en 1961.
La LEM 853 «Le briseur de cloisons», écrite à la suite d'un échange avec une lectrice, lui est consacrée.
Dr François-Marie Michaut

19 - 20 mars 2014
Santé du public
17 mars 2014 : la moitié des engins à moteur de l'agglomération parisienne est mise à l'arrêt. Pour cause de pollution de l'air par les pots d'échappement, avec (entre autres) des particules fines, affirme le gouvernement. Les médias se régalent, les rouspéteurs rouspètent, les propos de comptoir fusent joyeusement. C'est la France, quoi.
Un double silence est particulièrement intéressant pour les observateurs fouineurs.
- Celui de l'Académie de Médecine. Cette noble institution a été créée par Louis XVIII le 20 décembre 1820. Voici son ordre de mission, qui n'a jamais été modifié depuis près de deux siècles : « Cette Académie sera spécialement instituée pour répondre aux demandes du gouvernement sur tout ce qui intéresse la santé publique, et principalement sur les épidémies, les maladies, particulières à certains pays, les épizooties, les différents cas de médecine légale, la propagation de la vaccine, l'examen des remèdes nouveaux et des remèdes secrets, tant internes qu'externes, les eaux minérales naturelles ou factices. Elle s'occupera de tous les objets d'étude ou de recherche qui peuvent contribuer au progrès des différentes branches de l'art de guérir. »
- Celui du Ministère de la santé publique, créé par la loi du 4 avril 1930, et depuis régulièrement changé de dénomination au gré des modes politiques des époques.
Ne désespérons pas pour autant. Les grands esprits qui gouvernent ces prestigieuses institutions, par ailleurs assez bavards, n'ont peut-être pas encore eu le temps d'achever leur travail d'investigation et de proposition pour ces grands problèmes de perturbation de la biosphère par nos activités humaines. La médecine écologique, je ne vois pas comment la nommer autrement, a bien du mal à voir le jour.
L'enfant tousse, la circulation passe.
Dr François-Marie Michaut

21 - 23 mars 2014
Francophonie sans frontière
Le 20 mars 2014 a eu lieu la fête de la Francophonie. Cela n'a pas déclenché l'enthousiasme des populations en France, et les autorités sont restées aphones autant qu'atones ! À l'exception de l'émission La Grande Librairie de France 5, le même jour.
Et pourtant, l'aventure de l'0rganisation internationale de la Francophonie (OIF) depuis 1988 est exemplaire. La langue française, avec toutes ses richesses, innovations et utilisations locales, est de plus en plus utilisée sur tous les continents.
- Savez-vous que l'OIF compte la bagatelle de soixante dix sept pays membres et observateurs ?
- Savez-vous que l'admission d'un pays impose l'unanimité des états membres ?
- Savez-vous qu'Israël, malgré 700 000 habitants francophones ( nous ne pouvons pas oublier ici Juliette Goldberg et ses poèmes ), ne peut toujours pas intégrer l'OIF à cause du véto systématique du Liban ?
La langue française (bien immatériel qui n'est en rien la propriété exclusive de la France) ne se développe sans cesse, et sans faire de bruit, que parce qu'elle seule est de nature à répondre aux besoins culturels profonds de multiples populations.
Voilà une mondialisation paradoxale surgie de quelques intelligences qui devrait exciter la curiosité des intellectuels de tous les pays.
Dr François-Marie Michaut

24 - 25 mars 2014
In libro sanitas LEM 854
La fréquentation assidue des livres comme activité douée d'une vertu de soulagement de certains troubles de santé, l'idée mérite d'être creusée. Un bon livre de chevet comme rituel d'endormissement vaut bien de dangereuses molécules. Écrire, comme lire, vaut bien des séances de relaxation et de rééducation.
La vieille image - volontairement faussée par son auteur pour les (encore bien trop rares) esprits clairvoyants et ouverts de notre époque - d'un Don Quichotte rendu fou par la lecture de ses vieux romans de chevalerie, ne doit pas nous induire en erreur. C'est l'inverse qu'il faut prendre avec le plus grand sérieux.
Jacques Grieu, chevalier du livre, nous propose son «Livraisons» dans la LEM 854.
À consommer sans aucune sorte de modération.
Dr François-Marie Michaut

26 - 27 mars 2014
Bibliothérapie, nouvel esprit sain
En parfaite adéquation avec le Coup d'Oeil du 25 mars 2014 "In libro sanitas", on assiste ces jours-ci, à l'occasion sans doute du Salon du Livre parisien, à un retour sur le devant de la scène de la «bibliothérapie».
La lecture est une coproduction entre l'auteur et le lecteur, toujours singulière et créatrice de sens multiples. 
C'était à travers les écrits de Paul Ricoeur et d'Umberto Eco notamment que ces idées, je crois, ont germé.
 Ricoeur (Paul) disait : le lecteur ne fait pas qu'imposer au texte « sa propre capacité finie de comprendre, mais il s'expose aussi à recevoir de lui un soi plus vaste. ».
Et le fameux  Eco (Umberto) avait mis en évidence à travers la notion de coopération textuelle,  que « le texte postule la coopération du lecteur comme condition d'actualisation » 
La lecture est donc un acte créatif, forçant l'imagination et réclamant une capacité d'étonnement  et d'invention du lecteur qui s'y adonne. Et en mobilisant les forces du malade, pourrait aider sa guérison ?A quand, le livre sur ordonnance ? (remboursé par la Sécurité Sociale, naturellement).
Jacques Grieu, auteur, poète et écrivain
Note de le rédaction :
-En complément, une interwiew sur France Culture
Bibliothérapie : lire, c'est guérir de Marc-Alain Ouaknin

28 - 30 mars 2014
Très chères assurances complémentaires santé
Le désengagement de l'assurance maladie obligatoire dans le remboursement des soins a créé une niche en or pour les vendeurs d'assurance complémentaire, qu'elles se prétendent ou non mutuelles. Comme si la mutualité n'était pas le principe même de la Sécu !
Selon Le Monde.fr du 27 mars 2014, ce serait devenu le premier poste de dépenses d'assurances pour les ménages de France. Les cotisations ont pris la bagatelle de 40% d'augmentation en 8 ans.
Imaginez une catégorie de médecins qui aurait osé la même évolution : ce serait la révolution dans les gazettes.
Cela ne choque vraiment personne dans ce pays que des entreprises prospèrent sur le dos d'une autre ne parvenant pas à équilibrer ses dépenses ?
Personne ne voit donc qu'il s'agit d'un système cousin germain de celui des pyramides financières des chevaliers d'industrie ?
Cerise sur le gateau, la ponction de près du quart des cotisations sous le prétexte de frais de fonctionnement. Abus de l'utilisation du concept de santé, publicité mensongère, tromperie des consommateurs : la liste des reproches possibles s'alourdit régulièrement.
Dr F-M Michaut

31 mars - 1er avril 2014
La voie de la voix LEM 855
C'est ne rien dire que de rappeler que toute rencontre ne peut se prétendre humaine que si la parole en constitue le ciment indispensable. La domination des machines et autres automates dans notre quotidien n'en n'est que plus lourde.
Alors, sans aucun pathos, et qui que vous soyez, cet ode aux vertus de la parole entendue et partagée, mérite quelques courts instants de votre attention de lecteur. Comme de soignant ou de soigné !
Juliette Godberg : Parler-Écouter, LEM 855.
Dr F-M Michaut
PS : inutile de chercher ici le moindre poisson d'avril. Au moment de mettre ce papier en ligne, ils sont déjà tous pêchés.