LES COUPS D'OEIL DU JOUR             

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L'année Exmed 2008nnnnn

Voici les coups d'oeil du jour de juillet, août, septembre 2008 déjà parus sur le site Exmed .

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1 juillet 2008
Ne me touchez pas comme ça
      N'en déplaise à l'ami Gabriel Nahmani, c'est à Verdun et c'est dans le QdM du 27/06/2008. Je cite: <<En relaxant un médecin généraliste de Verdun, poursuivi pour attouchements sexuels, le tribunal << a estimé qu'il ne pouvait pas apprécier un acte médical >> et <<a reconnu que le médecin ne pouvait pas exercer sous la surveillance du juge >>.
    Ô sublime sagesse des tribunaux lorrains, et douce clémence de la Justice ! Les magistrats ont estimé en leur âme et conscience que ne constituait pas un délit le fait de demander à une patiente de se déshabiller et de baisser son soutien-gorge, de palper ses seins et lui "triturer l'aine". Explication du confrère: S'il a soulevé le sein gauche de la dame, c'était pour ausculter son coeur, et il a palpé son pouls fémoral. Jusque là, quoi de
répréhensible ? Cela fait partie du protocole indispensable à l'examen d'une patiente, au cours d'une consultation de médecine générale.
    Le problème est que la dame n'était pas une "patiente", c'était une candidate à la restitution de son permis de conduire, et l'examen avait lieu dans le cadre médico-administratif d'une Commission médicale d'aptitude au Permis de Conduire. Et elles étaient non pas une, mais neuf plaignantes; mais une seule s'est présentée à l'audience.
    Jusqu'où peut aller la "conscience professionnelle" ?
    Devant une autre juridiction, une peine de prison ferme aurait été requise.
    Le ministère public avait requis 18 mois de prison avec sursis et 5 000 euro d'amende (mais sans demander l'interdiction d'exercer). Avec un bon avocat, le praticien fut relaxé.
    Ô douce clémence lorraine ! . . .
 Dr Ph. Deharvengt   le Père Igor, qui sévit pendant 20 ans à la Commission médicale d'aptitude au Permis de Conduire de la Préfecture de la Dordogne

2 juillet 2008
Libre accès, libre propos
Selon la revue de presse Mediscoop d' hier, Les Échos indiquent que « 217 médicaments sans ordonnance peuvent désormais être vendus en libre accès dans les officines françaises ».
Le journal remarque en effet que « le décret modifiant le Code de la santé publique en ce sens paraît aujourd'hui au «JO». Et l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé dévoile la liste des produits concernés ».
Et le mouvement continue de vouloir mettre à la charge des ménages le prix des médicaments les plus habituels. Avec un ami pharmacien d' officine, nous évoquions ce sujet. Le taux de remboursement des médicaments par l' assurance maladie est un sujet strictement politique. Vouloir le justifier aux yeux du public sous couverture d' une notion d' allure - faussement - scientifique comme le "service médical rendu" insuffisant est une tromperie manifeste. Un peu de courage, messieurs les pilotes de notre assurance maladie : il y a des choix à faire, il suffit de l' expliquer et de prendre votre responsabilité sans vous en défausser sur des experts. Risquer d' être taxés d' injustice et savoir ne pas être populaires fait partie de tout exercice de pouvoir.
Dr F-M Michaut

3 juillet 2008
Les chimpanzés nous singent
Le Monde du 2 juillet s' en émeut. « Après avoir mené une campagne d'études au sein du parc national des montagnes Mahale, en Tanzanie, une équipe de scientifiques de l'université américaine Virginia Tech a prouvé la contamination de nos plus proches cousins par... des virus d'origine humaine, parfois mortels ».
« dans la revue American Journal of Primatology, Taranjit Kaur et ses collègues constatent que certains chimpanzés souffrent d'affections respiratoires chroniques dues à une mutation du métapneumovirus humain, responsable de bronchiolites et de pneumonies ».
Chacun peut y voir un juste, ou un injuste, retour de bâton de dame Nature après la grandiose épidémie planétaire - de peur bien médiatisée - de la grippe aviaire et de l' encéphalite bovine spongiforme transmise aux humains.
Nos vaillants experts proposent pour enrayer ce risque que tout le personnel de ce parc, les scientifiques qui le fréquentent ainsi que tous les visiteurs portent ... un masque. Nul doute que nos amis simiesques se feraient alors un plaisir de nous imiter et d' être les premiers à ... se coller ce fameux masque sur le museau. Ce qui, tout à fait entre nous, serait bien plus efficace contre la propagation des fameux virus que l' obligation du port de cette barrière respiratoire redoutable pour les visages pâles sous le terrible soleil des tropiques.
Les chimpanzés n' en finissent jamais de faire rire nos âmes d' enfants, et, bien égoïstement, c' est si bon pour notre plaisir, et donc pour notre santé à nous les humains.
Dr F-M Michaut

4 au 6 juillet 2008
Le dessin de Cécile Bour: Hamlet, tel le neurochirurgien

7 juillet 2008
Bonne lecture de vacances Lem 556
Jacques Grieu
, fidèle ami d' Exmed, n' est pas un inconnu du site : nous le connaissons déjà ici par ses poèmes. Son dernier roman mérite une attention toute particulière de la part des Internautes. Dans les rapports entre les utilisateurs et les professionnels des soins de santé, il existe toujours une dissymétrie majeure. Les premiers où se taisent, de peur de représailles éventuelles, où ont tendance à aller dans le sens du poil des soignants pour tenter de profiter des meilleurs soins possibles .... pour leur petite personne. Les seconds ont facilement tendance à monopoliser la parole. Autrement dit, quand survient la rencontre causée par la maladie, il est toujours important de dire et redire qu' il n' y pas que dans la tête des soignants qu' il se passe des choses de la plus haute importance. C' est cela aussi "l' expression médicale". A vous de découvrir "Le foin du Diable", vous ne le regretterez pas.
Dr F-M Michaut

8 juillet 2008
Un exmédien dans les bras de Luiz Inàcio Lula
Incroyable mais vrai, notre ami exmédien Armand-Paul Jean ( dit Paul) au cours de son voyage au Brésil a réussi à rencontrer le président de la république de ce pays. Voici le témoignage d'un de ses amis du club rochelais de course à pied " le bitume".
« Nous voici revenus de notre voyage au Brésil, en quelques mots, cela va être difficile de vous narrer les 15 jours du magnifique voyage que Paul et Nadine nous avaient concocté: A notre arrivée à l'aéroport, ils nous ont accueilli avec une pointe d'émotion partagée , direction Porto Séguro dans un hôtel magnifique, plages à l'infini...matinée passée en pleine forêt chez une tribu d'indiens.., par la suite, visite de Salvadore de Bahia, son passé historique, sa musique...en fin de première semaine direction Rio de Janeiro: ses plages ( hôtel face à Copacabana ), Le Pain de Sucre, Le Christ du  Corcovado, ses constructions à flanc de colline, paysages verdoyants et vallonnés, baie de Rio de toute beauté...C'est l'automne qui commence au Brésil, une température en permanence avoisinant les 30 degrés, ce qui permet de voir voleter sur les plages de jolis petits morceaux de tissus!.....Nous terminons notre voyage  au chutes d'Iguaçu dans un superbe hôtel face aux cascades...En arrivant dans cet hôtel, Paul nous apprend la venue du Président Brésilien ( pour une dernière blague, elle est de taille..), mais effectivement, il arrive, et Paul avec un sang froid remarquable, lui dit d'une voix très assurée : Présidenté, en présence de quelques amis je vous souhaite le bonjour de la France, et si vous permettez de vous saluer à la brésilienne, l'un et l'autre faisant quelques pas en avant, s'ensuivit la fameuse accolade si chère aux brésiliens.
Une question se pose, Paul futur Président? ou dans un Ministère?....les membres du Bitume présents à ce voyage se réunissent à la hâte,nos statuts permettent-ils le cumul des mandats?.....nous renvoyons la décision à l'assemblée générale de janvier 2009...Blague à part, nous avons vécu un magnifique séjour , dans un très beau pays.
Paul et Nadine vivent et nagent en plein bonheur, merci à eux de nous l'avoir fait partager ».
Alors, quand on vous dit que les exmédiens sont des gens formidables, et pleins de ressources, on ne galèje pas !
Dr F-M Michaut

9 juillet 2008
Psychothérapeutes bradés ?
Les seules personnes reconnues officiellement à exercer la psychothérapie en France sont à ce jour d' une part les psychiatres et d' autre part les psychologues cliniciens. Les premiers après les 8 années réglementaires de faculté de médecine subissent une formation spécialisée de 4 ans, bientôt 5, avec des fonctions hospitalières et des cours théoriques. Les seconds ont fait un parcours universitaire minimum de 5 ans après le bac avec de nombreux stages en institutions et services hospitaliers. Dont cinq ans d' études de la psychopathologie.
Comme le titre de psychothérapeute ne bénéficie d' aucune protection légale, il est possible ici de s' en prévaloir sans aucune justification. Devant les graves abus constatés, en particulier de la part de charlatans et de groupes sectaires qui comprennent bien le parti qu' ils peuvent tirer de personnes fragilisées par des troubles mentaux, les pouvoirs publics ont été contraints d' agir.
Selon Mediscoop du 8 juillet, un projet de décret commun issu de la commission nationale de l' enseignement supérieur et du ministère de la santé est fin prêt. Il suffirait désormais, pour pouvoir se dire psychothérapeute d' un niveau bac plus 3 ( peu importe le type d' études effectué ) et de 400 heures de formation théorique et pratique en psychopathologie et 5 mois de stage, le tout pouvant être assuré par des "instituts"dont la qualité n' est pas toujours indiscutable.
Les psychiatres, comme les psychologues cliniciens, parlent haut et fort "d' un véritable camouflet " pour les premiers et les seconds "d' une formation sous-qualifiée", offrant un bas niveau de protection aux patients. Et finalement, pourquoi des étudiants choisiraient-ils désormais la voie beaucoup plus exigeante et des études de psychiatrie et des études de psychologie pour exercer demain la psychothérapie ?
Quant aux médecins qui s' autoproclament psychothérapeutes du seul fait de l' omnivalence de leur diplôme de docteur en médecine, on n' en parle guère.
Et pourtant, quand on connaît l' appétence des entrepreneurs charlatans et/ou sectaires, pour le label de sérieux du titre de docteur aux yeux de leurs cibles, il y a de quoi frémir pour les pauvres patients !
Dr F-M Michaut

10 juillet 2008
Encore une idée fausse sur le sida
Nous sommes tous persuadés que le fameux virus HIV causant le Sida avait fait son apparition chez l' homme à la fin des années 80. Or, selon le Nouvel Observateur n° 2278, citant la revue Science, des chercheurs de l' université d' Arizona ont comparé les séquences de l' ADN de deux souches de HIV-1 provenant de Kinshasa Congo. La première date de 1959 et la seconde est contemporaine. Entre les deux, il y a eu beaucoup plus de différences qu' on ne s' y attendait. Cette mutation rapide du virus a permis aux auteurs de se livrer à un calcul, situant l' introduction chez l' homme du virus du sida au début du 19ème siècle.
Pour les auteurs, les migrations importantes des populations des zones rurales vers les métropoles depuis les années 1950 auraient joué un rôle important.
Une fois encore, toute connaissance reste fragile, et les effets des manières de vivre et des relations avec l' environnement demeurent des facteurs majeurs de grand nombre de nos maladies toujours plus complexes que ce qu' on avait imaginé.
Alors réduire la prévention du sida à l' utilisation d' une pauvre petite membrane de latex, c' est voir les choses par le petit bout de la lorgnette. Pourquoi sous-estimons-nous régulièrement le génie adaptatif du monde microbiologique ?
Dr F-M Michaut

11 au 14 juillet 2008
Le dessin de Cécile Bour: Demain au supermarché 

15 juillet 2008
Sortir de notre Moyen-Âge LEM 557
C' est Patrick Berche, doyen de la faculté de médecine de Paris-Descartes, qui utilise Internet pour transmettre ce que doit être, à ses yeux, la médecine de demain. Une médecine sachant utiliser toutes ses ressources techniques et scientifiques sans renier un gramme de ses obligations les plus humaines. Gabriel Nahmani, dans sa LEM 557 "Pour une Renaissance médicale"s' en fait largement l' écho, en le superposant aux dernières mesures gouvernementales qui semblent aller dans un tout autre sens.
A nos lecteurs, qu' ils soient patients, simples citoyens ou soignants de se forger leur opinion personnelle, simplement pour ne pas gober les yeux fermés tout ce qu' on leur propose ou impose " pour leur bien".
Bonne lecture à tous.
Dr F-M Michaut

16 juillet 2008
Allo, maman bobo...
  On connaissait les mères porteuses, il faut aujourd'hui parler des "mères au portable". Et pour pasticher le chanteur Alain Souchon, dire: << Allo, maman, pourquoi t'as téléphoné, j'suis pas beau. . .>>.
    C'est ce qui ressort d'un article du JIM du 11/07/08 signé Dr. Claudine Goldgewicht, sous le titre "Grossesse au portable, enfant insupportable ? ". D'après cet article, des auteurs danois auraient publié les résultats d'une étude ayant évalué la relation entre exposition de l'enfant aux téléphones cellulaires au cours de la grossesse et en période post-natale, et le risque de troubles du comportement dans l'enfance.
    L'étude a porté sur des questionnaires adressés à 101 032 mères aux 7 ans de leur enfant, détaillant, entre autres, les modalités d'utilisation du téléphone cellulaire par les mères en cours de grossesse: fréquence quotidienne, temps passé téléphone allumé, utilisation d'un kit main libre et durée de cette utilisation, place du téléphone hors appels (dans la poche, dans le sac à mains. . .), ainsi que l'utilisation du téléphone cellulaire et d'autres téléphones sans fil par l'enfant. [. . . ] <<Les enfants exposés aux téléphones cellulaires en périodes prénatale ou post-natale, ou au cours de ces deux périodes, avaient tendance à avoir plus souvent des scores limites ou anormaux pour les troubles de conduites, les symptômes émotionnels, les signes d'hyperactivité et les altérations des relations avec les autres enfants. [. . .] Cette étude associe donc troubles du comportement de l'enfant à l'âge de 7 ans, et utilisation du téléphone cellulaire au cours de la grossesse, mais cette association n'est pas nécessairement causale . [. . .].>>
    (NDLA) : On savait déjà que les femmes enceintes ne devaient ni fumer, ni boire de l'alcool, ni consommer certaines nourritures, ni prendre bon nombre de médicaments, ni être exposées aux stress, ni pratiquer certains sports et activités physiques, ni. . .ni. . .ni. . . Si, de surcroît, elles ne doivent pas non plus utiliser leur précieux téléphone cellulaire, quelles satisfactions leur restera-t-il dans leur morne existence ? Peut-être seulement la joie d'enfanter ? Mais ce n'est quand même pas si mal, non ?
Dr. Philippe Deharvengt, alias le Père Igor

17 juillet 2008
Responsabilité des payeurs
Tour de France, et la course continue. Non pas celle très longue et très dure que doivent subir au mieux les cyclistes de l' élite mondiale. Mais bien celle contre une prétendue lutte contre le dopage. N' importe quel historien du sport nous le dit : cette épreuve sportive, depuis ses premières éditions, a toujours connu des jeunes gens utilisant des techniques artificielles pour améliorer leurs performances. A commencer par de larges ingurgitations de vin rouge.
Un beau jour, on a tenté de "moralise" le sport de haut niveau en faisant la chasse aux usagers d' un certains nombre de produits reconnus comme dopants. Du côté des entraîneurs, assistés de médecins fort peu soucieux de déontologie, une véritable guerre a été lancée pour découvrir de nouveaux produits, et les utiliser largement, avant qu' ils ne figurent sur la listes des substances interdites.
Le sport de haut niveau peut rapporter beaucoup d' argent à tout le monde, et voilà de quoi anesthésier quelques consciences dévorées par l' ambition et l' appât du gain.
N' est-ce pas le système lui-même qui conduit inévitablement à ce qui se terminera forcément par des drames humains ? Quand donc les grandes marques qui utilisent ces "exploits sportifs" comme des symboles de leur valeur comprendront-elles qu' elles sont directement responsables de ces dérives humaines ? C' est à elles, avant tout, qu' elles nuisent en recherchant des profits immédiats, des " retours sur investissement ", comme elles disent dans leur jargon comptable.
Dr F-M Michaut

18 au 20 juillet
Le dessin de Cécile Bour: La bonne infirmière obéit sans discuter

21 juillet 2008
Au coeur de la consultation LEM 558
Les aspects pratiques du déroulement d' une consultation médicale sont beaucoup plus importants pour sa qualité que l' on ne le croit souvent.
Ainsi en est-il de la manière pour chaque praticien de prendre connaissance du courrier qui lui est adressé par un confrère qui a été amené à examiner un patient. Loin d' être un simple débat de technique médicale pure, cette question peut entrainer des conséquences économiques insoupçonnées.
A vous de lire la LEM 558 : Le courrier confraternel. Et de nous livrer vos commentaires en toute liberté, si vous le souhaitez.
Dr F-M Michaut

22 juillet 2008
Détéléification des esprits
La télévision occupe tellement notre vie quotidienne qu' elle semble capable de transformer notre vision des choses. Edmondo Berseli, éditorialiste de l' hebdomadaire l' Espresso lance un appel " Vite, un moratoire sur la télé ! ", une sorte de " Manifeste pour "détéléifier" la réalité". Source : Courrier International n° 923 du 10 au 16 juillet 2008.
Après beaucoup d' autres dont Karl Popper ( La télévision, un danger pour la démocratie, 1994), Pierre Bourdieu, Jean Baudrillard, Pasolini et François Jost, il nous invite à ouvrir les yeux. La réalité semble de plus en plus vue et vécue comme la façon dont le petit écran nous en envoie l' image. Tout discours de plus d' une minute est proscrit, sa syntaxe et son vocabulaire doivent être simplifiés au maximum. Sourire systématique, affirmations à l' emporte-pièce, dynamisme débordant, Voilà l' idéal. Même le code amoureux est calqué sur le modèle des téléfilms et s' impose à tous. Pour les femmes, la mode vestimentaire du petit écran s' impose, tant dans le domaine public que privé. Et chacune de s' habiller de plus en plus sur des modèles que nos pères auraient qualifié immédiatement et sans hésitation de tenues de dames de petite vertu.
Alors, une petite cure de désintoxication de télévision de temps en temps pour retrouver un regard plus critique sur, comme les nommaient le Canard Enchaîné du temps de de Gaulle : les étranges lucarnes ?
Dr F-M Michaut

23 juillet 2008
Champignons mortels
Ils ont pourtant l'air bien tranquilles et sans histoire avec un nom comme celui-ci. Ce sont de microscopiques petits organismes mycosiques nommés candida.
Sans doute pour leur blancheur. En vérité, ce sont des compagnons fidèles de toutes nos muqueuses et revêtements cutanés qui restent sages la plupart du temps. Parfois, ils se logent dans les ongles ou donnent de bénignes dermatoses.
Or ces tranquilles compagnons peuvent parfois devenir de terribles agents responsables de septicémies mortelles dans 30 à 50 % des cas. Cette pathologie se place au 4ème rang des infections attrapées dans les hôpitaux occidentaux ( infections nosocomiales ).
Acàcio Rodrigues de L' Université de Porto a étudié les raisons de cette transformation, sur laquelle les antifongiques de l' industrie pharmaceutique utilisés par les médecins restent peu efficaces. Ce champignon serait génétiquement très instable. Pour des raisons qui demeurent encore obscures. Selon les environnements il est capable de répondre en développant de nouveaux mécanismes d' invasion et de défense. Ainsi, encore beaucoup plus adaptable que les bactéries, le candida est capable de mettre en œuvre des "pompes à efflux".
Celles-ci, en quelques millionièmes de seconde, sont capables d' éjecter tout antifongique, neutralisant donc son effet. Bien sûr, les chercheurs sont sur la piste de leurres, comme l' ibuprofène, mais la partie est loin d' être gagnée. Source : Courrier International n° 924, Diaro de Noticias, Lisbonne).
On a décidément toujours besoin dans notre histoire humaine de plus petits que soi pour nous donner des leçons incroyables d' adaptation et de réactivité.
Dr F-M Michaut

24 juillet 2008
Si vice pas sème, para bel homme
" Si les forces françaises se voient souvent reprocher de s'équiper de matériels conçus pour la Guerre froide et mal adaptés aux conflits modernes, ce n'est pas le cas du canon d'artillerie Caesar (Camion équipé d'un système d'artillerie). L'armée de terre a reçu le 16 juillet le premier des 77 systèmes dont la commande avait été notifiée au fabricant Nexter en décembre 2004.
La Thaïlande en a commandé 6 exemplaires, et l'Arabie saoudite 80 autres."
On ne peut que s'étonner: pendant que d'étranges individus, de par le monde, font tout leur possible pour protéger, examiner ( parfois au prix de souffrances dites iatrogéniques, c'est à dire induites), comprendre et tenter de soulager les misères humaines, d'autres s'ingénient à imaginer, construire et diffuser des armes diaboliques, évidemment conçues uniquement pour la défense du pays et non pour l'attaque: ceux-là seront-ils ou sont-ils diabolisés comme le sont malheureusement trop souvent les médecins, accusés hâtivement de bien des faiblesses ?
Ave Cæsar, moiteur te salutant, ou, s'ils ne meurent pas, ces gladiateurs des temps présents seront suivis par des médecins, c'est ce qu'on appelle la Boucle de Mœbius ou bis repetita...
Dr G. Nahmani

25 au 27 juillet 2008
Le dessin de Cécile Bour: Lendemains qui déchantent

28 juillet 2008
Chamanomania, LEM 559
Le fait de baigner dans une culture qui perfectionne avec application toutes les sciences ne nous immunise pas du tout contre les comportements les plus irrationnels. Sous couvert d' exotisme, de voyage inédit, d' accès à des univers mentaux qui nous sont fort éloignés, nous assistons à de bien étranges expériences. Quand des médias s' en font les diffuseurs auprès d' un large public qui n' a pas en main les éléments de connaissance pour pouvoir conserver son esprit critique, il est nécessaire que ceux qui ont fait la démarche d' étudier rigoureusement et hors de tout prosélytisme ces phénomènes nous informent de façon précise. Tel est le sujet de la LEM 559 de Nicole Bétrencourt, psychologue et écrivain intitulée Tourisme chamanique.
A noter que la LEM 560 du docteur Françoise Dencuff, à paraître le 3 août, traitera, sous un tout autre angle de la même émission de télévision. Intéressant exercice de style de pensée non unique, n' est-ce pas ?
Dr F-M Michaut

29 juillet 2008
Un si gentil gourou
   Il était très gentil, il pratiquait <<la médecine alternative>>, en Serbie, mais aussi en Autriche. Il traitait les infertilités féminines, mais aussi les troubles de l'érection, les rhumatismes, les céphalées. . . Ses méthodes ? L'imposition des mains ou/et d'aimants, la vente lucrative de potions magiques de sa fabrication. . . Sur son passeport croate, il se nommait PERA. Les journaux autrichiens "Kurier" et "Österreich" le décrivent comme <<une sorte de gourou>>.
    Pendant de nombreuses années, ce psychiatre de formation aujourd'hui âgé de 63 ans travaillait dans une clinique privée de Belgrade, <<et participait même à des séminaires sur la médecine alternative>>.
    Le Dr.Pera, qui se faisait également appeler "Dr.Dragan Dabic", n'était autre que le tristement célèbre Radovan Karadzic, arrêté à Belgrade, en attente de son transfert pour être traduit devant le Tribunal Pénal International de La Haye pour y répondre des accusations de crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide.
Source: le Quotidien du Médecin du 24/07/2008 n° 8406
       On le savait, l'habit ne fait pas le moine. Mais la barbe blanche et le chignon font d'un criminel de guerre un aimable charlatan-guérisseur.
     Décidément, la vocation "anti-secte" d'EXMED se confirme ces derniers jours (cf: la LEM n° 559 du 28/07/2008)
Dr. Philippe Deharvengt, alias le Père Igor

29 -30 juillet 2008
Un si gentil gourou
   Il était très gentil, il pratiquait <<la médecine alternative>>, en Serbie, mais aussi en Autriche. Il traitait les infertilités féminines, mais aussi les troubles de l'érection, les rhumatismes, les céphalées. . . Ses méthodes ? L'imposition des mains ou/et d'aimants, la vente lucrative de potions magiques de sa fabrication. . . Sur son passeport croate, il se nommait PERA. Les journaux autrichiens "Kurier" et "Österreich" le décrivent comme <<une sorte de gourou>>.
    Pendant de nombreuses années, ce psychiatre de formation aujourd'hui âgé de 63 ans travaillait dans une clinique privée de Belgrade, <<et participait même à des séminaires sur la médecine alternative>>.
    Le Dr.Pera, qui se faisait également appeler "Dr.Dragan Dabic", n'était autre que le tristement célèbre Radovan Karadzic, arrêté à Belgrade, en attente de son transfert pour être traduit devant le Tribunal Pénal International de La Haye pour y répondre des accusations de crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide.
Source: le Quotidien du Médecin du 24/07/2008 n° 8406
       On le savait, l'habit ne fait pas le moine. Mais la barbe blanche et le chignon font d'un criminel de guerre un aimable charlatan-guérisseur.
     Décidément, la vocation "anti-secte" d'EXMED se confirme ces derniers jours (cf: la LEM n° 559 du 28/07/2008)
Dr. Philippe Deharvengt, alias le Père Igor
NDLR : selon la télévision autrichienne ( ORF ), il ne s'agirait que d'un sosie, le docteur Pera existant réellement. Ce qui n'enlève rien au fait que Radovan Karatzic, né en 1945, est bel et bien (?) un confrère psychiatre diplômé et un bien mauvais poète .

31 juillet 2008
Retour de balancier en psychiatrie
Voici ce que nous dit Alain Cohen dans le JIM du 30 juillet :
« Au tournant du XX° et du XXI° siècle, les neuroleptiques de nouvelle génération et les thérapies cognitivo-comportementalistes (TCC) ont pu donner l' impression de représenter, pour la psychiatrie, l' équivalent des corticoïdes pour la médecine générale ». Émanant du Pr. Jan Scott (Université de Newcastle), cette comparaison vise à rétablir une perception plus claire de ces TCC, lesquelles donnèrent un temps l' illusion de révolutionner la psychiatrie lors des premiers essais cliniques, souvent dithyrambiques, avec ces techniques. Mais des travaux plus précis (notamment des méta-analyses sur ces essais élogieux) ont permis une nécessaire mise au point  (l' auteur évoque « un réalisme salutaire ») sur les limites des thérapies disponibles contre les troubles mentaux sévères comme la schizophrénie.
Une fois de plus, et cela ne nous étonne pas à Exmed, le goût du sensationnel des médias nous a trompés. Comme cela se fait avec les études sur les médicaments, seuls ont été publiés dans la presse médicale les travaux favorables, ceux analysant les résultats au long cours restant confidentiels.
Il est inévitable qu' existent en médecine comme ailleurs des modes et des engouements. Il est du devoir des médecins cliniciens de conserver toujours une certaine réserve, et la curiosité de connaître le véritable impact sur notre santé, sans nous laisser anesthésier par les mirages de la communication et les pressions de ceux qui exploitent habilement à leur profit ces prétendues révolutions thérapeutiques.
Dr F-M Michaut

1 au 3 août 2008
Le dessin de Cécile Bour: Match espoir contre réalité

4 août 2008
Information encore et toujours LEM 560
Par un curieux hasard, qui n' en est naturellement pas un, la LEM 560 part exactement de la même observation d' un reportage télévisé que celle de la LEM 559 de la semaine dernière. Françoise Dencuff établit un parallèle fort instructif avec la façon dont l' information peut être utilisée, et utilisable avec profit, dans la rencontre médicale.
Comme il est de coutume sur Exmed, vous n' y trouverez pas d' ordres, d' injonctions ou de recettes toutes faites. C' est entraîner notre capacité de poser, et de nous poser à nous-mêmes, des questions que nous cherchons à développer. En sachant fort bien qu' il n' y aura jamais de Jeux Olympiques des véritables esprits créateurs, ceux qu' évoque Rabelais dans notre Os Court. Et qui sont, en effet, bien loin de constituer la moitié de notre humanité dans sa composante féminine comme masculine.
Dr F-M Michaut

5 août 2008
Dans la jungle de l'Internet de santé
Information santé titrait le 31 juillet 2008 : Reconnaissez les sites de confiance.
Vous recherchez une information « santé » sur Internet ? Depuis décembre 2007, la Haute Autorité de Santé (HAS) et la Fondation suisse Health on the Net (HON) certifient les sites français pour « aider les internautes à identifier les sites de qualité ». Comme l' explique Etienne Caniard, président de la commission « qualité de l' information médicale » de la HAS, « les sites labellisés affichent le logo HON. » Pour surfer l' esprit tranquille, « la première chose à faire est donc de le rechercher ».
Il y a même une astuce pour voir en temps réel si un site est certifié. En quelques secondes, téléchargez ici directement à partir du site de Health on the Net, la barre d' outils HON. Elle s' intégrera directement à votre navigateur après redémarrage de votre ordinateur. Par la suite et à chaque fois que vous consulterez un site santé, elle vous précisera automatiquement s' il est digne de votre confiance.
Une autre astuce ? La HAS et HON ont mis en place un moteur de recherche centré sur les seuls sites français certifiés. Glissez le lien suivant parmi vos favoris, et utilisez-le à chaque fois que vous devez effectuer une recherche en santé :http://www.hon.ch/HONcode/Search/HAS/index_f.html. Dans la case qui vous est proposée, entrez le thème ou les mots-clés de votre recherche. Seuls des sites certifiés vous seront proposés, avec un accès direct à des informations répondant aux critères de pertinence et de qualité exigés.
Trois adjectifs complémentaires s' imposent devant cette information : inquiétant , nécessaire;  et rassurant .
Inquiétant si cela suppose que:
•  les patients, ou ne savent pas ou n'osent pas questionner les médecins qui les suivent, ou aussi imaginent que leur thérapeute ne sait pas tout ( ce qui est vrai, personne n'ayant la science infuse dans quelque domaine que ce soit)
• ou que les médecins, trop pressés, trop sollicités par d'autres obligations, ne cherchent pas à aider, à comprendre, à assister vraiment leur patientèle.
Dans les deux cas, on peut craindre et regretter l'évolution fâcheuse de la relation entre ces 2 parties, malade, médecin.
Nécessaire parce qu'abondent les sites en question, se proposant de traiter de tout et de n'importe quoi, beaucoup accordant une place importante aux problèmes des couples, aux attentes des uns et des autres, parlant de plus en plus facilement de l'homosexualité dans les 2 sexes ( serait-ce devenu HON-teux aujourd'hui de n'être qu'hétérosexuel?),
Nécessaire donc compte tenu de la boulimie d'informations réclamées par les uns et dispensées par les autres, nécessaire surtout pour combler le vide informationnel dont se plaignent bien des patients.
Rassurant: notre site Exmed est certifié HONnête et sérieux, et à qui doit-on tout cela? Une consultation gratuite pour le premier à trouver la bonne et seule réponse !
Dr G. Nahmani
NDLR : pour en savoir plus, cliquer sur le logo HON en haut de cette page.

6 août 2008
Ça fait dés...Ordre
Source d' information : le JIM du 31 juillet 2008
Le moins que l' on puisse dire est que la création de l' ordre infirmier en France n' attire pas les foules. Un taux de participation de moins de 14% lors du premier scrutin avec de grandes disparités entre les régions (moins de 1% de salariées du secteur privé dans le Lot et Garonne, 5% à Paris dans le public). Même si les élections des conseillers régionaux ont rencontré plus d' enthousiasme (les votants étant les conseillers départementaux), nombre de postes de suppléants n' ont pas pu être pourvus faute de candidatures.
La dernière étape se déroulera le 25 novembre prochain pour l' élection du conseil national.
Il est évident que, dans toutes les professions touchant à la santé, les Ordres ne sont pas en odeur de sainteté. Peut-être serions-nous en droit de nous demander si ce genre d' institution est encore d' actualité ? Qu' est ce qui fait donc courir les conseillers ordinaux ? La volonté de défendre une profession ? Le goût du pouvoir ? L' envie d' être « entre soi » ?
Cette désaffection ne serait-elle pas le signe du sentiment dérangeant de « protectionnisme » ? L' Ordre des médecins a donné dans le passé (nous l' espérons du moins) l' image d' une institution quelque peu corporatiste. Peut-être cela n' a-t-il pas encouragé nos collègues infirmières (iers) à s' engager dans cette voie. Peu importe, l' ordre infirmier a pris corps. Souhaitons-lui, malgré cet accouchement laborieux, une longue vie dédiée à la reconnaissance d' un métier en pleine évolution.
Dr F.Dencuff

7 août 2008
Messages et massages
Une dépêche de " Destination Santé "de ce 1er jour des grands départs aoûtiens (voilà du boudin-sur-autoroutes) nous a appris que, pour lutter contre la fatigue, la somnolence engendrées par le trafic,  rien ne vaut " Un p'tit massage et du sport":
•••Des informations sur le trafic mais aussi sur les animations estivales des aires de repos... Juste avant de prendre la route des vacances, le site internet de l' Association des sociétés françaises d' autoroutes (ASFA) vous offre une mine de renseignements pratiques pour un voyage « zen ». Focus sur quelques initiatives particulièrement originales.
Demain par exemple, le Conseil départemental de l' Ordre des masseurs-kinésithérapeutes de la Marne, s' associe à la Société des Autoroutes du Nord et de l' Est de la France (SANEF) pour sensibiliser au danger de la somnolence au volant. Au menu des conseils bien sûr, mais aussi... des massages offerts sur les aires de repos. Rien de tel pour reprendre la route détendu !
Un site spécialement développé par les sociétés d' autoroute vous permet par ailleurs, de savoir où trouver toutes les aires de repos qui proposent des espaces détentes. C' est d' ailleurs le leitmotiv des responsables de la sécurité routière : pausez-vous ! Un slogan qui a lui tout seul justifie un spot télévisuel qui vous montrera comment vous organiser un petit somme tout cool - mais surtout pas plus de 15 minutes - en cas de coup de pompe...
Bougez-vous aussi ! C' est le message de la Fédération française d' Education physique et de Gymnastique volontaire (FFEPGV).
Masseurs-kinés de la Marne, Sté des AR du Nd et de l'ESt...régions qui ont le privilège de voir et subir le transit fabuleux (aller & Retour !) de vacanciers encaravanés, et donc, comme tout un chacun, susceptibles d'être…vannés et d'avoir besoin des actes conseillés.
Massages ? 
• Massages des pieds, bien sûr, qui appuient constamment sur les pédales, champignon surtout, et qui, macérant dans les fluides sudorigènes, se chargeront bientôt d'un autre champignon ( cf la récente chronique de FFM) , 
• Massages des mains, crispées des heures durant, sur le volant et les différentes manettes,
• Massage aussi des fessiers, et du dos.
J'ose signaler des oublis: et la fatigue visuelle, générée par les regards latéraux vers les rétroviseurs ? " (re-)Gardez-vous à droite, (re-)gardez-vous à gauche, mon Père, disait déjà, il y a plusieurs siècles, Philippe le Hardi ( pas le Père Igor!) à son père Jean II le Bon, formule reprise l'an passé par François Bayrou juste avant certaines échéances électorales...
Pourquoi ne pas demander à des orthoptistes de vérifier l'excellence du jeu oculo-moteur et de proposer quelques séances de rééducation aux fatigués visuels ?
Il y a aussi la crispation des mâchoires qui justifierait des séances de " ouvrez-la, fermez-la..."  avec apprentissage des mouvements de diduction mandibulaire et de ...bâillements volontaires ceux-là !
Où s'arrêtera-t-on en matière de prévention tous azimuts, de conseils et d'interdits innombrables ? Est-il nécessaire et honnête de vouloir donner à tout un peuple ( vacanciers ou citoyens tout court) l'impression qu'ON s'occupe de lui totalement, de la tête aux pieds et même en passant par les orifices dits naturels?
Gabriel...qui juge exagérées et suspectes toutes ces propositions pseudo-généreuses.
Dr G. Nahmani

8 au 10 août 2008
Le dessin de Cécile Bour: C'est pas le pied

11 août 2008
Sa majesté financière, LEM 561
Tant pis si c' est aussi grossier que de mettre les doigts dans le nez en public, mais on a osé. Quoi donc, vous demandez-vous avec fébrilité ? Et bien, sous la plume bien aiguisée de Jacques Grieu, notre poète et écrivain, de parler en toute liberté du dieu argent, dont on fustige si souvent les formes dangereuses des cultes souterrains que, comme les autres, lui rend le monde de la santé.
Et comme, de surcroît , ce n' est pas triste du tout, ne manquez pas cette LEM 561 Argent-content. En parlera-t-on sur les plages de France et de Navarre ?
Dr F-M Michaut

12 août 2008
C'est pas demain la veille
Le divorce semble prononcé entre les syndicats infirmiers et l' UNCAM ( la sécurité sociale). Après des négociations marathon portant à la fois sur la régulation démographique et les revalorisations tarifaires, rien n' a pu être signé.
Ce texte proposait que toute nouvelle installation dans les zones déjà fortement pourvues en offres de soins infirmiers ne se fasse qu' en remplacement d' un départ. Pour cela Il s' agissait notamment de disposer d' un recensement exhaustif des zones surdenses et des zones sous dotées, de déterminer quelle instance serait chargée du contrôle de la régulation et encore de définir comment intégrer à ce dispositif les Services de soins infirmiers à domicile (SSIAD).
C' est à l' occasion de la dernière rencontre que les syndicats ont pu évaluer le manque total de précisions réglementaires sur la régulation des SSIAD, des Hospitalisations à domicile (HAD), des Établissements hospitaliers pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) et des Centres de soins infirmiers (CSI).
Les patients réclament depuis longtemps une véritable politique de l' Hospitalisation à domicile. Il est évident que, malgré un discours lénifiant, aucune avancée ne s' est faite dans ce domaine. Économe, financièrement et humainement parlant, les HAD devraient bénéficier d' un engagement fort tant de la part des pouvoirs publics que des professionnels de la santé.
Il est à craindre que ni les uns (par manque de vision et de compétence), ni les autres (par manque d' effectifs et de volonté de disponibilité) n' aient envie de développer ce mode d' hospitalisation. Nous ne pouvons que regretter le peu d' engagement du monde de la santé dans ce projet pourtant séduisant pour tous.
Dr F.Dencuff

13 août 2008
Du rififi chez les chirurgiens
C' était dans le Canard Enchaîné, n°4579.
Trois cents chirurgiens de l' Assistance Publique Hôpitaux de Paris (APHP) sont en grève du zèle après la fâcheuse idée de leur employeur d' augmenter le pourcentage de leurs redevances. Très fâchés, nos chers (sic) confrères ont fait appel au Conseil d' État dont les juges se sont, au contraire, étonnés du faible niveau des redevances. Et ils ont sommé le gouvernement de réviser les tarifs...à la hausse ». Bilan de l' opération les chirurgiens doivent désormais reverser 40 % du montant réellement acquitté par le patient.
Les chirurgiens sont donc en grève des cotations. Total des pertes pour les établissements : 60 millions d' € et le trou s' agrandit de 5 millions par semaine que la Sécu ne peut pas payer aux établissements.
Les commentaires du Canard Enchaîné sont, bien sûr, parfaitement orientés sur la défense de la veuve et de l' orphelin...vilains toubibs riches contre pauvre assistance publique !
Sans rentrer dans ce débat, il serait peut-être intéressant que l' argent réclamé par l' APHP soit subordonné au service rendu. A charge des protagonistes de mettre en place un véritable système d' évaluation. Compte tenu des remontrances de la Cour des Comptes sur la gestion des hôpitaux publics, il est fort à parier que le conflit va se prolonger.
Sauf si notre ministre renonce au décret.
Il est à regretter que le monde de la santé fasse encore une fois les gros titres sur des affaires de gros sous. Mais à force de tirer sur l' ambulance, les médecins, champions de l' individualisme, vont finir par oser se regrouper...et ça marche, même sans les syndicats.
Dr F.Dencuff

14 août 2008
Pénurie médicale ordinaire
Je ne connaissais pas le village de Seboncourt avant l' article de Mathieu Delaunay du Figaro du 30 juillet. Lorsque le médecin généraliste de cette commune de 1150 habitants du pays picard est parti en retraite en juin 2007, aucun remplaçant ne s' est présenté. Le maire, inquiet de cette situation ( hélas devenue banale dans toutes nos campagnes et nos banlieues) a tenté par des annonces dans la presse médicale et sur la Toile de trouver un successeur. En vain, pas un seul praticien français ne lui répond. Comme beaucoup de ses collègues des petites communes, il en est conduit à prospecter vers le Maghreb et l' Europe du sud, avant de trouver un médecin de famille en Roumanie. Le niveau de vie très bas de ces pays constitue un stimulant important pour émigrer. Xavier Deau, du conseil national de l' ordre des médecins parlerait pour l' année 2007 de 800 dossiers de médecins de Roumanie examinés. Certaines universités ne seraient pas trop regardantes sur le nombre d' années d' études réellement effectuées.
De plus, des agences de recrutement se sont emparées de ce créneau, et factureraient aux élus locaux des sommes allant jusqu' à plusieurs dizaines de milliers d' euros pour un recrutement.
A Seboncourt, on a voulu mettre les petits plats dans les grands, la commune et le département faisant rénover entièrement le vieux cabinet médical afin d' aider le nouveau médecin à démarrer. Hélas, un beau matin, le nouveau médecin a disparu sans prévenir personne, simplement déçu, dit la rumeur, par la modestie de ses revenus.
Vérification faite le revenu moyen par ménage (2004) y est de 12 101 € / an
alors qu' il est au niveau national de 15 027 € / an selon le site http://www.linternaute.com/ville/ville/donnee/32561/seboncourt/ )
Bien triste histoire en vérité, et qui, hélas, n' incitera aucunement nos responsables à se pencher sérieusement ( je veux dire autrement qu' avec des promesses de sucettes financières dérisoires ) sur le drame humain d' une pénurie médicale indigne d' un pays aussi opulent que le nôtre. Consommateurs, citoyens, élus ruraux, associations de malades, praticiens de campagne et de banlieue, secouez-vous un peu, obligez les nantis et les gens des cabinets ministériels à ouvrir les yeux, à défaut de leur coeur. Ce n' est pas, comme on le dit trop vite, une question d' argent. Le mal, celui du recul constant de la reconnaissance des valeurs humaines dans notre société de consommateurs, est bien plus profond que cela.
Dr F-M Michaut

15 au 17 août 2008
Le dessin de Cécile Bour: Pustulator encore

18 août 2008
Pour des médecins formateurs LEM 562
Cette LEM 562 de Bruno Blaive est consacrée à une proposition que permet maintenant l' internet de santé. Il rejoint en cela un mouvement qui semble intéresser l' ordre des médecins. Ce praticien qui a exercé durant sa carrière des fonctions enseignantes en faculté de médecine sait fort bien de quoi il parle. La Toile offre une possibilité unique de permettre à des médecins de s' investir dans le champ de la formation à la santé, tant des professionnels que des patients eux-mêmes. Il s' agit d' un rendez-vous historique à ne pas manquer. Sinon, la plus grande partie de ce travail pédagogique échappera aux médecins, qui sont, notre Charte d' Hippocrate le répète aussi, les plus aptes et les plus compétents du fait de leur expérience clinique pour l' assurer.
Pour Exmed, même si nous sommes en avance sur le calendrier scolaire, cette publication sonne en fanfare la rentrée dans le monde de la santé.
Plus que jamais vos réactions, qui que vous soyez, nous sont particulièrement précieuses. Vous aussi, osez ! Osez vous exprimer : c' est de notre santé à tous dans les années à venir qu' il s' agit là.
Dr F-M Michaut

19 août 2008
Vieux Papa
C'était dans le JIM, 30/07/08
En se référant aux données de la Danish Fertility Database, des auteurs danois ont établi un lien entre âge du père lors de la naissance du premier enfant et le taux de mortalité de celui-ci avant 18 ans.
Les auteurs ont identifié entre 1980 et 1996, quatre cohortes de couples ayant eu à cette période leur premier enfant. La première cohorte comprenait tous les couples dont les deux partenaires étaient âgés de plus de 35 ans à la naissance de l' enfant (n=20 606), la deuxième, les couples où les pères avaient plus de 35 ans et la mère moins de 30 ans (n=30 987), la troisième les couples où les pères étaient âgés de moins de 30 ans et les mères de plus de 35 ans (n=3 189), et la quatrième cohorte comprenait les couples où pères et mères étaient âgés de moins de 30 ans (n=50 000) à la naissance de l' enfant. Après exclusion des couples dont l' enfant avait été adopté ou était né d' une grossesse multiple, la population totale d' étude comptait 102 879 couples.
Sans rentrer dans les considérations statistiques des auteurs, il reste évident qu' il existe une corrélation entre l' âge du père et la fréquence des décès des enfants (Les ratios de mortalité étaient de 1,77 (IC à 95% 1,28-2,45) chez les enfants de père âgé de 45 à 49 ans, et de 1,59 (IC à 95% 1,03-2,46) chez ceux dont le père avait 50 ans ou plus, en comparaison des enfants de père âgé de 25 à 29 ans).
L' étude ne donne aucune indication sur les raisons de cet accroissement de mortalité. Les mères âgées ne sont donc plus les seules à présenter des facteurs de risque pour leurs enfants. Il nous faut peut-être savoir raison garder quand il s' agit de notre progéniture.
"L'heure, c'est l'heure ; avant l'heure, c'est pas l'heure ; après l'heure, c'est plus l'heure."
Jules Jouy
Dr F.Dencuff

20 août 2008
Simple respect
Un article paru hier dans JIM.fr débute par: " Bonjour, monsieur (madame)" plutôt que "Bonjour papi(mamie) et permet d'évoquer des situations jugées critiquables  recensées par l'Association francilienne pour la maltraitance des aînés et/ou handicapés (AFBAH): 
Doit-on, trop rapidement, parler de maltraitance quand les mots employés le sont avec chaleur, avec le sourire ( ça existe, souvent), qu'ils s'accompagnent de soins divers exempts de brutalité ou de sécheresse et, parfois, quand ils s'adressent à des personnes très âgées avec déclin cognitif marqué ?
Dans le Bulletin de l' Ordre de janvier 2006, un dossier consacré au « médecin face au grand âge » se faisait fort d' insister : 
« Respecter la dignité du patient, c' est aussi s' adresser à lui correctement ». Comme chacun de nous est en droit de le réclamer, dans tous les actes de la vie courante, et comme peuvent le reconnaître le balayeur de la rue saint-Pierre que je ne manque jamais de saluer d'un " bonjour, monsieur", les policiers qui m'ont verbalisé récemment, les caissières en grande surface... !
La parole était en outre donnée au docteur André Deseur qui observait : « Le moindre respect dû à nos aînés, c' est de les saluer par leur nom de famille, de ne jamais entrer dans une chambre sans avoir frappé à la porte, etc. » 
J'ajouterai qu'il faut, idéalement, associer bonjour verbal et bonjour gestuel, la poignée de mains ou la caresse toute simple, l'effleurement des traits émaciés, le regard franc, et aussi quitter les lieux en saluant d'un "au revoir, monsieur/madame, à demain, j'espère que ça ira mieux..." tous propos qui ne coûtent pas cher et peuvent/doivent faire plaisir à tous les patients, quelques soient leur âge et leur statut civil!
Manifester du respect, élémentaire-mon-cher-Watson, c'est aussi s'assurer d'obtenir une meilleure adhérence du patient âgé aux traitements proposés:
Expliquer en termes faciles mais sans employer l'injurieux langage bébé " pour kicé la bonne sousoupe, papi", 
expliquer et répondre correctement aux questions posées, 
ne pas infantiliser le sujet que chacun de nous risque de devenir un jour lointain.
Bref, en milieu hospitalier ou en institution, l'idéal serait de se conduire comme le font, normalement, le généraliste ou l'infirmière avec leur patientèle ! 
Quand seront donc ré-enseignées, dès l'école primaire, en ce pays qui fut donné jadis en exemple aux pays voisins pour ce qui est de la civilité, des leçons de bienséance, de courtoisie et de respect, tout simplement ? Dans ce pays et dans tous les autres...
Dr G. Nahmani

21 août 2008
Pour voler dans les plumes des Anglais
C' est au cours d' une balade dans le vieil Angoulême que j' ai appris cet événement. Un certain général Resnier ( 1729-1811) en 1806 s' élança de la tour Ladent muni d' une paire d' aile. Ce précurseur du vol sans moteur avait alors l' âge respectable de 72 ans. Au bout de 300 mètres, quand même, il se fractura la jambe en touchant le sol.
Son projet était de munir les soldats de l' armée impériale de telles ailes pour fondre du ciel sur les troupes anglaises. Cette douloureuse expérience l' amena à renoncer à cette nouvelle arme stratégique. Faut-il cependant voir en lui le premier général d' aviation de l' histoire humaine, cet homme qui sut payer si audacieusement de sa personne ?
Dr F-M Michaut

22 au 24 août 2008
Le dessin de Cécile Bour: Jeux médicolympiques

25 août 2008
Efficacité à tout prix LEM 563
Et nous y voilà. Dans notre siècle obsédé de performances, de rendement dans tous les domaines, pourquoi notre propre santé échapperait-elle à ce contrôle de pouvoir ?
Nos édiles veulent des médecins efficaces, et pour cela la recette universelle de la sucette financière est agitée devant nos yeux.
Quel rêve, donner plus d'argent aux médecins qui soignent le mieux ... juste pour dégoûter les moins performants d' exercer au mieux leur travail. Une sucette en chocolat, comme à l' école primaire. Cela dit, s' occuper de la santé des hommes demeure une activité humaine qui refuse obstinément de se plier aux désirs des maîtres de l' organisation de notre vie quotidienne.
Voilà ce que nous raconte la LEM 563 de Françoise Dencuff intitulée "Rémunérations aux résultats".
Bien étrange retour sur la pointe des pieds de la pratique de la rémunération du travail des hommes au rendement que le code du travail des salariés en France réprouve totalement comme ... déshumanisante.
Dr F-M Michaut

26 août 2008
Injuste!?
Qui donc finance la Sécu ? A sa création la réponse était simple : les entreprises et leurs salariés. Depuis les choses ont bien changé. Ce sont les ménages qui maintenant mettent la main à la poche : plus de 50% des ressources alors que les entreprises ne participent qu' à hauteur de 35% et, encore pire, les administrations publiques pour 10%. Ce sont les impôts et les taxes qui financent maintenant plus de 45% des recettes du risque maladie.
Championne toute catégorie la CSG, instituée en 1991, représente la part majoritaire des 153 milliards d' € du financement de l' assurance maladie.
Comme toujours l' incurie est de mise dans la gestion publique. Sous le fallacieux prétexte que des entreprises « allégées » seront plus performantes.
C' est oublier que la performance et la créativité n' ont rien à voir avec l' argent. C' est l' envie, la passion, les projets qui animent nos sociétés. Et dans l' ambiance de fin du monde allègrement alimentée par nos médias en recherche de catastrophe difficile de tenir bon. Depuis des décennies entre les « diviser pour mieux régner », « du pain et des jeux », « toujours plus » … de médiocrité dans l' enseignement, notre capacité à résister et à créer s' émousse sans cesse.
La sacralisation du pouvoir d' achat n' arrange rien et renforce la peur. Bref nous marchons sur la tête et nos politiques depuis bien longtemps ont oublié que l' argent public n' est que l' émanation de ce que les chercheurs et les entreprises privées génèrent.
Dr F.Dencuff

27 août 2008
Forme olympique?
     Il se nomme Michael Phelps. Il a remporté 8 médailles d'or en natation aux J.O. de Pékin. Il est âgé de 23 ans, il mesure 1,93 mètre, son poids est de 91 kilos.
    Ses données biométriques méritent qu'on s'y attarde. D'après un hebdomadaire à grand tirage ( Paris-Match, pour ne pas le nommer ), elles seraient totalement hors-normes. Qu'on en juge :
    -une envergure de 2 mètres, donc supérieure à sa taille
    -un torse long, disproportionné par rapport à ses jambes
    -une fraction d'éjection systolique double de la "normale"
    -il souffre d'une hyper-laxité ligamentaire
    -il est acromégale, il chausse du 49
    -ses pieds sont "de vrais battoirs" ( agissant dans l'eau comme des palmes )
    -ses chevilles sont tellement hyperlaxes que, <<allongé, il peut les étirer jusqu'à toucher le sol avec ses doigts de pied>>.
    Si l'ensemble de ces anomalies morphologiques ne constitue pas un syndrome de Marfan complet, il emprunte un certain nombre d'éléments à ce qu'on nomme "aspect marfanoïde". Il s'y associe d'autre part certains aspects pathologiques qui, à la limite, devraient le faire courir en catégorie Handi-Sport. . .
     C'est ainsi qu'on nous apprend que, tout jeune, Michael était un enfant hyperactif ( on avait porté le diagnostic de TDAH = trouble déficitaire de l'attention et hyperactivité, ce qui lui valut une prescription de Ritaline ).
    Au plan psychosensoriel, il souffre d'une grave insuffisance visuelle. Intellectuellement, c'est une très petite pointure, tout le contraire de la pointure de ses pieds.
    Physiquement, son hyperlaxité ligamentaire constitue un très gros handicap. Hors de l'eau, seul milieu où il se sent bien, il est d'une immense fragilité. Sur la terre ferme, il est très maladroit.
    Tel est le nouveau héros de l'Olympe. Un "athlète aux pieds d'argile". Tellement hors-normes qu'il en est totalement anormal.
     Où est l'esprit olympique ? Le sport aurait-il pour vocation de sélectionner des monstres ? Ce n'était certainement pas dans les intentions de Pierre de Coubertin, pas plus que ne l'était l'emprise du Dieu Argent, le dopage et toutes les avanies du sport en général, et des J.O. en particulier.
Dr Ph.Deharvengt

28 août 2008
Une ponctionde plus de nos bourses
Pas moyen d' enrayer le déficit actuel des finances de l' assurance sociale à la française. Nous dépensons toujours largement plus que ce que rapportent les recettes. Chacun de nous verse, directement ou par prélèvement patronal, plus de 50% de ce qu' il touche à la fin du mois. Aucun impôt n' atteignit jamais ces sommets ! Mais, chut ... la fiction des cotisations sortant de la poche des patrons est une vérité qu' il est de mauvais ton de dire !
Comme ce n' est pas suffisant, nos dirigeants ont découvert une nouvelle source de financement pour réduire le déficit. Tout simplement faire payer les assurances mutuelles complémentaires de santé. Devant l' augmentation constante de la part des frais de maladie non pris en charge par la sécurité sociale ( ticket modérateur, forfait hospitalier etc ...), les assurés sociaux font appel à des assurances complémentaires. Du moins, ceux qui ont les moyens de se l' offrir.
Les assurances complémentaires, qu' elles soient mutuelles ou non, n' auront d' autre ressource pour payer cette taxe que d' en faire supporter la charge à leurs adhérents en augmentant leurs tarifs de cotisation.
Comme dans un vrai jeu de chaise musicale, le perdant sera toujours ... le citoyen comme vous et moi. C' est encore un peu plus de son argent dont il ne pourra pas profiter.
Chère, bien trop chère santé, en vérité.
Dr F-M Michaut

29 au 31 août 2008
Le dessin de Cécile Bour: Elle est où, la vraie vérité?

1er septembre 2008
Ils ne se serrent pas du tout les coudes
Il est étrange d' entendre si souvent dire dans le public que les médecins forment un bloc unique, solidement blindé pour éviter les attaques dont ils font l' objet. Or, cette belle unanimité de façade n' est qu' une illusion. C' est ce que montre cette LEM " Constat ... de divorce ", un peu comme dans une comédie de Feydeau dans laquelle le commissaire de police erre au petit matin pour surprendre au lit les époux adultérins.
La rupture entre la faculté de médecine et la majorité des médecins n' aurait qu' une valeur bien anecdotique, si elle n' affectait pas au bout du compte la bonne qualité des soins dus aux malades comme l' avenir des praticiens eux-mêmes.
Que tout cela puisse se dire en toute liberté sur la Toile est une chose importante, même si cela ne fait pas plaisir à tout le monde.
Mais, au moment, où , une fois de plus, la médecine française est montrée en exemple pour le nombre des maladies évitables avant 75 ans, nous ne devons pas nous faire d' illusions. Beaucoup, beaucoup de choses sont encore à améliorer dans notre système de soins.
Qu' en pensez-vous, amis lecteurs de la Toile ?
Dr F-M Michaut

2 septembre 2008
Bourreaux d'enfants
Il semble bien que ce soit le message dominant de la communauté scientifique ( France Info du 1er septembre) devant l' instauration de la semaine de quatre jours d' école pour nos enfants. Pour bien grandir, nous avons besoin de rythmes bien définis et réguliers entre le temps du sommeil, celui des jeux, celui des repas, celui du repos et du rêve, celui des relations familiales et celui des apprentissages. Introduire des ruptures encore plus importantes dans ces cycles vitaux ne peut que nuire aux enfants dont le milieu de vie ne peut pas favoriser les activités extrascolaires compensant le grand vide hebdomadaire.
Pour les plus nantis, c' est une possibilité de fournir à leur progéniture une palette de potentialités encore plus étendue. Pas très équitable, en vérité.
Vous avez dit : intérêt des enfants ? La pilule est difficile à avaler.
D' autant plus que depuis des dizaines d' années, les élèves de 6ème et 5ème ( premières années du secondaire ), donc en pleine croissance osseuse, sont condamnés à traîner un cartable de 8 kilogrammes. Le dixième de la masse corporelle serait la limite physiologique à ne pas dépasser.
Ce sont, en fait, les livres qui constituent les poids lourds du cartable. Au fait, le commerce obligatoire des manuels scolaires, tous signés d' inspecteurs généraux de l' éducation nationale, à qui profite-t-il ?
Vous avez entendu vous aussi, comme une litanie rituelle,qu' il ne s' agit que de l' intérêt des enfants ? Et la banalisation des supports magnétiques, quand toutes les classes et beaucoup de familles sont équipées d' ordinateurs, ça ne peut servir à rien ?
Entre le poids d' un CD et le poids d' un livre, il n' y a pourtant pas photo.
Dr F-M Michaut

3 septembre 2008
Payés pour ne pas fumer
Depuis janvier 2007, la France a interdit l' usage de la cigarette dans les lieux publics avec paraît-il des résultats spectaculaires sur la diminution des maladies liées au tabagisme. La prohibition aurait donc un bon côté. Mais quoi faire de plus pour ces irréductibles qui osent encore se livrer au péché capital de prendre leur dose de nicotine par vents et marées malgré l' interdiction, et la poursuite de la prévention sur les dangers de la cigarette sur la santé ?
À méditer cette initiative outre Manche qui s' attaque directement au porte-monnaie des fumeurs pour sevrer les fumeurs endurcis
À Dundee, en Écosse, on ne punit pas le fumeur repenti mais on le gratifie en stimulant son circuit neuronal du plaisir-récompense démontré par les neurosciences. Les mauvaises langues évoqueront l' appât du gain ou la cupidité, l' un des sept péchés capitaux.
Le Service national de santé britannique est prêt à verser la somme de 16 euros par semaine aux fumeurs de cette ville écossaise volontaires pour s' arrêter de fumer. Cette expérience pilote de trois mois débutera en septembre prochain. Mais pas triche ! Une simple déclaration sur l' honneur ne suffira pas. La rédemption à la nicotine sera contrôlée par des investigations scientifiques dignes du détecteur de mensonge. Les fumeurs repentis seront astreints à se rendre chez le pharmacien une fois par semaine pour pratiquer un test par inhalation pour montrer qu' ils jouent le jeu.
Cette initiative mérite d' être observée au long cours pour savoir si l' appât du gain est vraiment un moteur puissant pour modifier au long cours des habitudes nuisibles pour la santé. On voit se profiler à l' horizon le risque du principe de la douche écossaise : l' expérience pilote une fois terminée, les fumeurs censés repentis peuvent se remettre à fumer de plus belle.
Mieux vaut cette expérience insolite plutôt que d' attendre que l' une des zones du cerveau comme l' insula, ou l' ïle de Rei, impliquée dans la dépendance à la nicotine soit endommagée ou détruite pour faire arrêter de fumer.
A. Bechara, chercheur à l' université de Californie, a étudié cette zone du cerveau liée à la dépendance à la cigarette. Son étude a montré que les fumeurs dont l' insula était détruite suite à un accident parvenaient plus facilement à arrêter de fumer que les autres plus rapidement, plus facilement, et sans rechute. Mais l' aire cérébrale du plaisir activée par l' argent sera-t-elle aura-t-elle le dessus sur la zone du cerveau complice des lobbies du tabac?
Sources: Sciences et Avenir, N° 738, Août 2008 page 39
http://www.psychomedia.qc.ca/pn/modules.php?name=News&file=article&sid=4953
Nicole Bétrencourt

4 septembre 2008
Le pouls, vous dis-je
Pardon d' appeler Molière et son célèbre poumon du Malade Imaginaire à la rescousse. En oyant hier à la téléphonie sans fil ( France Info) un écho sur le congrès mondial de cardiologie, mon sang n' a fait qu' un tour.
Ces doctissimes confrères nous ont envoyé un message impérieux.
Il faut absolument surveiller régulièrement le pouls de vos malades. Certes, une fréquence normale chez le sujet adulte oscille entre 60 et 80 pulsations par minute au repos. Mais, selon une savante étude dont vous me pardonnerez d' avoir oublié le nom, chez des patients cardiaques, un rythme supérieur à 70 est corrélé à une surmortalité importante.
Les auteurs demandent aux malades de bien vouloir demander à leurs chers médecins de ... leur prendre le pouls. Étonnant, non, ce retour à la clinique la plus élémentaire des médecins comme des infirmiers ? Faut-il y voir une tentative de redécouverte des gestes fondamentaux de la clinique depuis Hippocrate ?
Plus prosaïquement, au cours de cette grand-messe du coeur, le plus grand bien a été dit d' une nouvelle molécule de l' industrie pharmaceutique, dont la seule indication est la réduction du rythme du coeur chez les patients cardiaques. Une grande idée au service d' un grand marché ? A chacun d' en juger.
Mais, après tout, un retour aux fondamentaux de la clinique médicale et de la sémiologie est probablement loin d' être inutile en ces temps de triomphe de la technologie, et des ordonnances hâtives.
Dr F-M Michaut

5 au 7 septembre 2008
Le dessin de Cécile Bour: Ah, la Fée Electricité

8 septembre 2008
A trop charger la barque, LEM 565
Non les médecins ne sont pas des Rambo, ils ont à faire face à des difficultés d' exercice que le public doit connaître. Non pas pour alimenter je ne sais quel voyeurisme de bas étage ou pour alimenter des revendications syndicales, mais parce que la qualité des soins est directement proportionnelle à la façon dont les médecins peuvent vivre leur quotidien professionnel.
Tant pis pour les stéréotypes et les jugements hâtifs, mais comprendre pourquoi il devient de plus en plus difficile de trouver telle ou telle catégorie de médecins quand on en a besoin, est indispensable. Au moins pour ne pas se bercer d' illusions sur l' avenir difficile qui attend tous les usagers de la médecine.
A vous de lire la LEM 565 de Françoise Dencuff
Dr F-M Michaut

9 septembre 2008
Trop chers médecins
Tel est du moins le message que le système obligatoire d' assurance maladie en France s' évertue à faire passer dans le public. Notre propos n' est pas du tout de décréter ( et au nom de quoi le ferions-nous ? ) que les médecins ne sont pas assez ou sont trop payés par les patients qui ont besoin d' eux. Dans toute autre forme de service dépendant de prestataires indépendants, le niveau de rétribution se décide directement entre le payeur et le professionnel.
Comment se fait-il donc qu' un assureur ose s' ériger en donneur de leçons à une corporation, dont l' utilité sociale ne peut souffrir aucun doute ? Nous sommes tous d' actuels ou futurs malades, est-ce une raison suffisante pour nous traiter comme des incapables ?
Imaginez une seconde que les assureurs de nos chères automobiles décrètent un jour que les garagistes facturent des frais d' intervention trop élevés. Mais ce serait un tel raz de marée dans le pays que personne n' y songe.
Au risque de lasser, répétons-le avec force : les médecins indépendants ne sont pas des fonctionnaires de l' Etat. Les praticiens en cabinet libéral ne sont pas, et ne peuvent ni ne doivent être, des salariés ( même indirects ) de la Sécurité Sociale. Ces hommes en blanc n' ont aucune obligation d' obéir aux menaces et ordres qui leur sont adressés par ces deux institutions. Si les contraintes économiques, et leur décision personnelle d' augmenter leurs revenus, les poussent à demander plus d' argent aux patients, cela relève de leur seule responsabilité. Avec le risque, naturellement, que les patients eux-mêmes refusent de mettre la main à la poche. A trop tirer sur la corde , elle se rompt, dit-on dans les familles.
Amis malades, ne voyez-vous donc pas qu' avec de telles façons d' agir en tout et pour tout à votre place, toujours pour votre bien, c' est une atmosphère pestilentielle de suspicion qui règne sur les médecins. Et qui pourrit la pratique médicale. Rien de tel que des médecins aigris pour vous ( nous ) soigner ... au plus mal.
Dr F-M Michaut

10 septembre 2008
Contre les idées reçues
Résumons :
Le cancer est un combat. En un mot « il faut se battre »
Le moral est son seul allié, plus encore son seul soldat. En un mot : « le moral c' est 50% de la guérison » Côté arithmétique d' ailleurs, cela fluctue pas mal : vous trouverez toujours quelques exégètes en compte et décompte pour vous soutenir mordicus que la barre se situerait plutôt autour des 80%.
Vous les avez déjà entendus, vous ne pouvez pas ne pas avoir enregistré ces sentences sans appel, si coutumières :
« Pour vaincre la maladie, c' est 50% médical et 50% le moral »
« Je te dis le traitement, ça marche avec le moral »
« Il faut se battre »
« Tu ne vas pas laisser tomber ? »
« Je lutterai jusqu' au bout »
« Allez, faut être courageux, te laisse pas abattre, tu vas y arriver ! »
« Vous pouvez vaincre cette maladie, il faut tenir le coup »
Ces phrases entendues des centaines de fois sont tirées d' un livre indispensable à ceux et celles qui, de près ou de loin, ont un lien avec la maladie cancéreuse : Le cancer est un combat, Patrick Ben Soussan, éditions ERES, collection : même pas vrai !
Je tiens ici à remercier notre confrère, pédopsychiatre, directeur de l' unité de psycho-oncologie à l' Institut Paoli-Calmettes à Marseille.
Le remercier d' avoir si bien écrit ce que je vis et pense à chacune de mes consultations de psycho-oncologie. Le remercier de se faire l' écho de mes interrogations devant les mots utilisés tant pas les « grands administrateurs » que pas les médias.
Le remercier enfin et surtout de se faire le porte-parole de tous ceux et toutes celles qui ont vécu leur découragement et leur épuisement comme signes de leur faiblesse, de leur manque de courage, de foi, de « niaque ».
Il n' existe pas de centre de LUTTE contre le diabète, contre la SEP, contre les maladies cardio-vasculaires. Comment lutter contre soi puisque « soi » est malade.
Il est évident que la part psychique de la maladie est importante, que nous réagissons tous différemment à ce stress terrible, que nous devons tous entourer, aider, en un mot accompagner ceux que la maladie atteint. Mais pourquoi leur demander de se battre pour calmer nos propres angoisses, angoisse de médecin face à notre méconnaissance de la maladie, angoisse des proches face à leur propre finitude, angoisse de la société qui a peur du manque et compte ses sous « sécuritaires ».
Il n' est pas question de lutte, juste de recherche, de progrès, de soins...en un mot de vie.
Alors encore une fois, merci Monsieur.
Dr F.Dencuff

11 septembre 2008
De vie d'ange
Et bien oui, de vie d' ange, nul n' entendit parler d' une chose comparable à la dernière trouvaille de nos sphères politiques.
Laquelle ? Mais imposer aux médecins dont les honoraires dépassent un seuil fixé, nous disent les gazettes, à 70 euros de fournir un devis à leurs patients. Bien entendu, le facteur temps qui intervient si fâcheusement quand la maladie vient perturber nos prévisions les mieux établies, peut rendre l' exercice périlleux, voir dangereux.
Il est évident aussi que fixer la barre de ce genre de formalité à tel ou tel niveau de dépense ( une bricole pour les uns, une fortune pour les moins nantis ) est pour le moins discutable. Et tout cela est largement discuté par les citoyens,
Pour les médecins, une question infiniment plus importante profile le bout de son nez : que signifie un devis ? L' obligation de respecter la somme due après exécution des travaux prévus, certes. Mais, aussi, hélas, une obligation de résultat comme en cas de réparation d' un objet. Depuis le temps que des gens souhaitent soumettre les soignants à cette contrainte que connaissent tous les artisans, commerçants et prestataires de services commerciaux ! Le vivant, et donc a fortiori l' humain, demeure dans une large mesure incodifiable, inplanifiable et imprévisible. Jamais et toujours, fondement de tout devis bien descriptif des opérations à effectuer, sont des mots impossibles pour n' importe quel médecin.
Alors du devis d' ange au ... de vidange, le monde des idées bascule plus vite que celui des sons que nos oreilles peuvent percevoir.
Au moins sachons en deviser ensemble, pour rester fidèles à notre devise exmédienne.
Dr F-M Michaut

12 au 14 septembre 2008
Le dessin de Cécile Bour: vocation médicale

15 septembre 2008
Quelle idée se font-ils de nous? LEM 566
Lorsqu' on voit fleurir les propositions concernant les soins aux malades formulées par des prétendus experts, dûment mandatés à cet effet par nos sphères ministérielles hexagonales, les médecins sont en droit de se poser une question. Mais quelle idée rétrécie de notre travail quotidien de médecins généralistes ont donc en tête les auteurs des rapports ministériels ?
Ainsi la LEM 566 de Gabriel Nahmani : Eduquer nos patients illustre parfaitement cette manie de nos politiques de tout faire pour le prétendu bien des malades en ignorant superbement que cette éducation de chaque patient est une phase importante du travail de chaque médecin. Ignorance pathétique de ce qui se passe dans la relation patient-médecin, dont la qualité demeure la seule parade contre les interventions médicales inutiles, dangereuses et ... ruineuses.
Finalement, tout cela ne mériterait qu' un immense éclat de rire, s' il ne s' agissait de quelque chose auquel nous tenons beaucoup : notre santé à tous.
Dr F-M Michaut

16 septembre 2008
Une grande dame
    Le professeur Solange Troisier est décédée, à l'âge de 89 ans ( Source : le QdM du 12/09/2008 ).  Elle fut le dernier médecin-inspecteur général des prisons ( c'est à ce titre que j'ai eu l'honneur de la connaître ).
    Son parcours fut étonnant, et remarquable; qu'on en juge. . . Je cite le QdM :
    -entrée dans la Résistance ( réseau Eleuthère ), elle s'illustre sur de multiples fronts.
    -elle se distingue comme première femme médecin-accoucheur des Hôpitaux de Paris, donnant naissance à plus de 25 000 enfants.
    -députée UDR de Sarcelles dans le Val-d'Oise, (1968-1973), à la demande de De Gaulle, Solange Troisier s'installe tout naturellement en politique.
    -dans le même temps, elle prend en charge les rênes de l'Ordre des sages-femmes (1970-1983).
    -chirurgien-gynécologue à la prison pour femmes de la Petite Roquette, à Paris, elle devient médecin-inspecteur général de l'administration pénitentiaire (1973-1983). Pour Jacques Chirac ( qui l'éleva à la dignité d'officier de la Légion d'Honneur en 1996), elle mène à ce poste, <<malgré bien des difficultés, un combat exemplaire>>.
    -Professeur de médecine légale, pendant plus d'une décennie, jusqu'en 1989-1990, elle prépare une centaine de praticiens par an au diplôme de 3ème cycle de médecine pénitentiaire. En 1996, elle entre pour cinq ans au Comité national d'éthique.
 NB: j'ignore s'il existe un lien familial avec le "ganglion de Troisier", adénopathie du creux sus-claviculaire gauche révélateur du cancer de l'œsophage et de l'estomac. . .
    Voici une nouvelle occasion de se pencher encore sur ce que j'ai déjà nommé ici "les poubelles de la République".
 Dr.Ph.Deharvengt, ancien médecin-vacataire des prisons du Périgord

17 septembre
Liberté, liberté chérie
Médecins libéraux, chers confrères et amis, que reste-t-il de votre liberté ? La lecture d'UNIVADIS du 09/09/2008 est à cet égard édifiante. Voyez plutôt les titres de la revue de presse :
-<<l'État pourrait fixer les tarifs des médecins>> les Échos, la Tribune - 9 septembre 2008
-<<la liberté d'installation à nouveau menacée>> le Quotidien du Médecin - 9 septembre 2008
-<<des sanctions contre les médecins qui refusent des patients pauvres>> le Monde - 10 septembre 2008
-<<le retour des lettres clés flottantes>> le Quotidien du Médecin - 10 septembre 2008
Et tout cela le même jour. . . Essayons de décrypter ces mesures liberticides.
-1°) l'État enlève aux médecins la liberté de fixer eux-mêmes leurs tarifs de prestations. . . Ce qui revient à la suppression du DE(*) et du DP(**) Or, il est parfaitement compréhensible, pour quiconque n'est pas un technocrate borné, que pour une même intervention les honoraires dus au praticien soient différents et gradués. Car il faut prendre en compte plusieurs variables :
-la compétence du praticien
-le temps qu'il consacre à sa formation continue post-universitaire
-le temps qu'il consacre à l'écoute de son patient
-le temps qu'il consacre à l'examen de son patient
-la qualité de l'examen clinique
-la qualité (et le coût) de son matériel professionnel
-la qualité de l'accueil
-etc. . .
Est-ce tout cela que nos énarques (***) veulent uniformiser, niveler par le bas ? Alors, n'en doutons pas, les "tarifs" (****) des médecins seront alignés sur ceux pratiqués aujourd'hui par les moins compétents, les moins bien formés, les plus expéditifs, les moins qualifiés, les moins bien équipés. Et que reste-t-il de la libre concurrence, celle qui garantit la meilleure qualité de soins au meilleur prix ?
(*) DE = dépassement exceptionnel d'honoraires pour exigences particulières
(**) DP = dépassement permanent pour notoriété exceptionnelle (titres universitaires) ou compétences particulières du praticien
(***) lire ou relire la LEM n° 36 du 22/12/1997, "Hippocrate en ENArchie"
(****) le mot "tarif" appliqué à une profession dite libérale fait frémir
-2°) la liberté d'installation à nouveau menacée. . . Est-ce ainsi que l'on espère lutter efficacement contre la pénurie annoncée de médecins ? Quel jeune serait tenté de s'engager dans de telles études pour in fine se trouver parachuté contre son gré dans une région inconnue, contraint à un mode d'exercice qu'il n'a pas choisi ? La désertification de certaines zones rurales est une réalité, mais on ne la résoudra pas en imposant un quota d'installation à des jeunes médecins qui n'auraient pas la vocation de la vie à la campagne. De même qu'on n'imposera pas des installations en zones dites "sensibles" (doux euphémisme).
-3°) sanctionner les médecins qui refusent les patients en couverture maladie universelle (CMU). . . Refuser de soigner au seul motif que le patient est un bénéficiaire de la CMU est effectivement choquant, scandaleux et inadmissible. A la condition explicite que le fait d'être bénéficiaire de cet avantage social constitue bien le seul motif invoqué. Mais, de même qu'il faut garantir la liberté de choix du médecin par le malade, la réciproque doit aussi être garantie. Il est des patients, et ils ne sont pas tous bénéficiaires de la CMU, à qui l'on peut être amené à conseiller de s'adresser à un autre médecin, ou à une autre structure de soins. Par exemple s'il existe manifestement une incompatibilité d'humeur ou de caractère, une absence de confiance mutuelle, un comportement grossier ou agressif, des exigences intolérables, etc... Va-t-on aussi sanctionner les médecins de bonne foi confrontés à ce type de situation ?
-4°) le retour des lettres clés flottantes. . . <<le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2009 (Plfss), dont le QdM s'est procuré une première version, instaure un système de "verrouillage" strictement financier des dépenses de ville. Il permet concrètement à l'assurance maladie de baisser unilatéralement les tarifs (voir (****) supra) des actes médicaux en cas de déclenchement d'alerte. >>.
Voilà qui se passe de commentaires. . .
La médecine, une profession "libérale" ? Comme le chante le grand Charles (Aznavour, pas De Gaulle ! ), <<je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. . .>>.
Dr Ph.Deharvengt, alias le Père Igor

18 septembre 2008
Sans rire
    Les neurosciences ont encore frappé un grand coup, en se posant la question de savoir pourquoi nous rions. Petite déception, le rire ne serait pas le propre de l' homme, mais une sorte de prolongement (on n' ose pas parler d' imitation) du "Ha, Ha!"émis par les primates quand ils se poursuivent pour jouer ou se chatouillent mutuellement. Robert R. Provine a étudié la question dans son laboratoire de neurosciences du Maryland, à Baltimore. Le rire n' aurait rien à voir avec l' humour, et serait déclenché par des connexions cérébrales archaïques utilisées pour l' apprentissage du jeu entre les jeunes animaux.
Alors, nous les humains, on ne rit pas du tout parce que la situation est comique, mais, tout simplement pour affirmer son appartenance à un groupe social. En un mot, juste pour être polis. Source : Courrier International n°932.
Rabelais, Coluche et tous les autres, rassurez-vous, c' est vraiment tellement drôle d' être polis avec vous qu' on ne s' en lasse pas.
Dr F-M Michaut

19 au 21 septembre 2008
Le dessin de Cécile Bour: Le gastro-entérologue


22 septembre 2008
Haut en bas mis bas en haut LEM 567 
Pourquoi et comment un système de santé aussi sophistiqué que le notre répond aussi mal à ce qu' en attendent ceux qui sont supposés en être les bénéficiaires ?
Pourquoi toutes les réformes connaissent-elles des échecs cuisants ? Peut-on imaginer que la tartine cesse de tomber régulièrement sur la confiture ?
Très ambitieuse, cette LEM 567. Et tellement gênante pour notre conservatisme intellectuel à tous que l' auteur est prêt à prendre la pari que personne n' osera y répondre.
Puisse-t-il avoir tort !
Lire la LEM 567 Tête par dessus cul.

Dr F-M Michaut

23 septembre 2008
Pas de quoi pavoiser
L' UNESCO vient d' en parler. Le nombre d' enfants, de femmes et d' hommes sur notre belle planète qui vivent dans la famine s' élèverait à 950 millions. Oui, presque un milliard.
Depuis 20 ans, ce chiffre se stabilisait à 850 millions, et soudain, dérapage : nous sommes de plus en plus nombreux à subir la pire des atteintes à notre intégrité : le manque de nourriture.
Tout le reste, à côté, devient dérisoire. Cette si chère santé qui mérite toute notre attention à Exmed, cette notion même vole en éclat quand la survie immédiate est sans arrêt en question. La faim, on en meurt, ces images sont bien connues. Mais on en reste aussi intellectuellement mutilé et diminué toute sa vie lorsqu' on a la malchance absolue de naître dans des lieux où les mères ne peuvent pas se nourrir correctement. Le système nerveux, pour simplifier à l' extrême, est principalement composé de lipides : comment trouver les briques indispensables à sa construction quand l' alimentation est si rare et si maigre ? Dans ce domaine, ce qui a été loupé au moment de la croissance reste irrécupérable. Terrifiant engrenage vers une déshumanisation inéluctable de toute une parte de notre humanité.
Que faisons-nous, que font en notre nom nos responsables politiques et économiques pour mettre fin à cette terrible injustice ?
A chacun de répondre, et de demander des réponses à qui de droit.
Dr F-M Michaut

24 septembre 2008
Ubu Roi et la pompe à phynances
Les médias ne cessent de nous le marteler : nous sommes en récession. Préparons-nous à souffrir.
Pendant ce temps les bourses dégringolent « grâce » aux banquiers qui n' ont de cesse de plumer leurs clients.
Mais me direz-vous en quoi cela nous concerne-t-il ? Les caisses sont vides, pas de sous pour la santé, l' éducation. Vides les caisses ? Mais alors d' où les gouvernements sortent-ils l' argent, les sommes colossales qu' ils sont en train de verser pour éviter les faillites ?
De vos poches bien sûr, de tout cet argent présent dans les banques centrales et qui miraculeusement rattrape les inconséquences des financiers.
Les caisses n' ont jamais été vides. Ce mensonge des états a la vie dure. Ce qui est vide, c' est la tête de tous ceux et toutes celles qui pensent que l' argent est la seule valeur de vie. Ce qui est vide, ce sont les têtes de tous ceux et toutes celles qui gobent sans bouger de tels mensonges. Les caisses ne peuvent pas être vides car... l' argent n' existe plus. Ou du moins les montagnes de dollars ou d' euros ne sont en aucune façon adossées sur des valeurs matérielles. Pas assez d' or dans les réserves centrales. Uniquement de l' argent volatil, des zéros et des un dans les ordinateurs.
Alors puisque nos grands argentiers sont capables de sortir l' argent de leur chapeau exigeons qu' ils en fassent autant dans les domaines sociaux : santé, culture, éducation. Et vous devriez déstabiliser votre banquier en lui disant que s' il est mécontent de vos découverts permanents il n' a qu' à mettre quelques zéros de plus sur votre compte. Aucun problème.
En passant, et alors que les politiques vont faire croire que tous les contribuables doivent mettre la main la poche pour renflouer les caisses, nous n' avons pas vu de grands décideurs financiers condamnés pour gestion frauduleuse. Il faut dire que nombre d' actionnaires sont ravis de remplir leurs comptes aux dépens de leurs concitoyens.
Dr F.Dencuff

25 septembre 2008
Des primes à la déprime
Les grands quotidiens nationaux en ont fait leurs choux gras selon la revue de presse de Mediscoop du 23 septembre. Selon le Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire (publication du ministère de la santé), les Français seraient de plus en plus atteints d' états dépressifs majeurs (EDM). De 5 à 8% des adultes souffriraient de ces troubles de l' humeur. Et, en région parisienne, le taux culminerait à 11%.
Plusieurs bémols sont à ajouter à cette annonce dont le catastrophisme ressemble fort à une mise en condition de l' opinion publique pour une de ces campagnes collectives de prétendue prévention dont notre administration a le secret. Et dont les échecs sont si patents que leur poursuite pose un vrai problème scientifique pour tout esprit un peu rigoureux.
Que veut actuellement dire le diagnostic de dépression ? Après avoir été longuement superbement ignoré de tous les somaticiens, généralistes en tête, il est devenu une étiquette fourre-tout pour toute manifestation psychique désagréable. Les patients eux-mêmes n' hésitent pas à se dire déprimés dès qu' un brin de tristesse, de lassitude ou de spleen les atteint.
Et tous ceux qui passent par la case de la psychiatrie, y compris la plus lourde, disent à qui veut les entendre que c' est parce qu' ils sont déprimés.
Quand on connaît le marché considérable des médicaments antidépresseurs en France, il devient évident que pousser les médecins à voir partout des déprimés est une stratégie industrielle hautement rentable. Les visiteurs médicaux, comme la presse professionnelle qui ne vit que par la publicité pharmaceutique, s' y emploient depuis des années.
Ah... j' allais oublier un détail. Des dérivés de la mélatonine ( hormone centrale de la régulation bio-chronologique) vont prochainement apparaître sur le marché comme un nouveau traitement des dépressions. Simple hasard, pensez-vous ? Pensez-vous !
Dr F-M Michaut

26 au 28 septembre 2008
Le dessin de Cécile Bour: Microbio...logique

29 septembre 2008
Au coeur du métier de généraliste LEM 568
Grâce au courage de Jean-Pierre Allain, vous pouvez vous transformer en petite souris pour aller voir de près comment les consultations se passent chez lui. A la fois très simple, et extrêmement compliqué, en tout cas à l' opposé de tous les clichés habituels sur la médecine générale.
"Ma consultation de médecin généraliste", un témoignage rare et honnête, vraiment à ne pas manquer, y compris par les preneurs de décision en matière d' organisation de notre système de soins. C' est aussi un document précieux pour tous nos étudiants en médecine.
Dr F-M Michaut
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30 septembre 2008
Système financier pathologique
Pas question ici de nous livrer à des exercices intellectuels réservés aux professionnels des milieux de la finance et de l' économie. Nous n' en avons ni la compétence, ni l' envie. Devant les déferlements des expressions médiatiques face à la crise financière de la bourse américaine, qui domine tellement les marchés du monde entier qu' elle mérite,jusqu' à présent, le qualificatif de mondiale, une vision simple pour des non spécialistes demeure possible.
Les entreprises, pour pouvoir fonctionner au mieux dans la compétition internationale ont besoin de capitaux qui leur sont fournis par leurs actionnaires. En contrepartie, ces derniers perçoivent une rémunération. Une entreprise prospère peut réaliser un enrichissement annuel de l' ordre de 7%. Pour séduire, et fidéliser ses chers actionnaires, de multiples systèmes de spéculation purement financière sont de plus en plus mis en place afin de faire gonfler jusqu' à 20% et au delà ( propos de Jacques Attali sur France-Info) la valeur des actions.
Quand, dans le même temps, l' administration Clinton a fait sauter en novembre 1999 le mur qui avait été sagement posé par Roosevelt - avec la loi Glas-Steagall en 1933 - entre les banques de dépôt et les banques d' investissement ( Courrier International n° 934). La porte a ainsi été ouverte à une course à la réalisation de profits purement spéculatifs, qui ne pouvaient que s' effondrer un jour. C' est fait.
Le système était malade de ce mélange des genres, dans une curieuse inconscience générale,la maladie doit aller à son terme. Et s' il en ressortait à terme un nouveau système plus sain, plus durable, en un mot plus humain que d' avoir pour seul idéal de faire, à n' importe quel prix, de plus en plus d' argent ? Au boulot, messieurs les politiques de tous les pays : si vous ne servez pas à réguler la façon dont les citoyens organisent leur concurrence entre eux, à quoi servez-vous donc ?
Dr F-M Michaut

1er octobre 2008
Témoin, acteurs et rédacteur
Jeudi 25 septembre, il y eut, près de chez moi, une intoxication alimentaire dans un lycée agricole. Quatre médecins généralistes (dont l' auteur, ndlr), furent en piste immédiatement : examen des enfants atteints et prescription du traitement nécessaire.
Dans le quotidien régional Ouest-France du lendemain un gros titre : « Intoxication alimentaire dans un lycée , 100 malades, la DASS et le SAMU sur le pont »
... : un médecin pompier et un médecin DASS en fait.
Cent malades vu par les deux médecins ? ils sont très fort ces administratifs, n' est-ce pas messieurs les journalistes.
Je ne sais pas si les lecteurs de l'article ont pu corriger eux mêmes qui a vraiment fait quoi !
Dr J-P Allain

2 octobre 2008
Au fil de la presse
• «Les mandarins en pétard», drôle de feu d'artifice. Le Point se penche sur le mouvement de contestation engagé par certains praticiens hospitaliers y exerçant une activité privée et qui bloquent depuis fin mai, une partie du financement des hôpitaux en refusant de transmettre à leur direction le codage informatique de leur activité afin d'obtenir l'annulation d'une taxe sur leurs honoraires dépassant les tarifs remboursables. Regroupés au sein du Syndicat national de défense de l'exercice libéral de la médecine à l'hôpital, ils viennent de voter une grève total des soins non urgents les 2 et 3 octobre.: défense de l'exercice libéral ou absence du don ou sens de la Libéralité ?
• «L'Igas (Inspection générale des affaires sociales) veut moraliser la rémunération des médecins hospitaliers» et dénonce l'opacité de leurs rémunérations (dixit La Tribune). Peut-être tous ces confrères ont-ils des raisons de réclamer toujours un peu plus et de cacher , ou taire, beaucoup de leurs revenus quand ils jalousent à l'envi les acquits fabuleux que certain ex-président du Sénat aura…ad vitam æternam (anni?) et que combien d'autres des Hautes Sphères Célestes (élyséennes?) ont et auront.
• «Nicolas Sarkozy confirme l'objectif d'équilibre des comptes de la Sécu en 2011: encore 3 à 4 ans ? On arrivera alors à la fin du mandat présidentiel, on laissera alors au successeur le soin de promettre le même objectif d'équilibriste pour le quinquennat suivant, et ainsi de suite. On n'est pas pressé, on a l'habitude des grands serments d'amitié, de probité, d'assurance-qu'avec-moi-tout-va-changer… Pour rétablir les comptes, Nicolas Sarkozy a de nouveau mis la pression sur les médecins qui reprennent les négociations avec la Caisse nationale d' assurance maladie jeudi prochain», relèvent Les Échos. Le chef de l'État a par ailleurs souhaité que «tous les professionnels de santé, en ville comme à l'hôpital, s'impliquent encore dans la maîtrise médicalisée des prescriptions». Attention donc, jeunes confrères en activité…exmédienne! 
Rassurez-vous cependant : présenté lundi 29/9 par Roselyne Bachelot et Éric Woerth, le projet de loi de financement de la sécurité sociale 2009 évite les mesures qui auraient pu fâcher les médecins mais renforce le parcours de soin et la maîtrise médicalisée et remet aux calendes françaises l'augmentation réclamée pour le tarif de la consultation du généraliste !
• Taxe sur les aliments trop sucrés: à quand une taxe sur les propos trop saccharosés et trop généreux de lendemains qui chanteront, en période électorale ? cette taxe ne concernera surtout pas, faut pas se leurrer, tous ceux (cf. plus haut) qui se sucrent sur le dos de ceux qui sont au régime courant, vous, moi…
not2bib (1) a défuncté ? Notre grand pourvoyeur Google va prendre la relève: Le moteur de recherche a en effet introduit dans son service Google Maps de cartes et de plans en ligne, la possibilité de donner des avis et de décerner des étoiles aux établissements de santé comme aux médecins, explique le quotidien qui ajoute qu'une clinique de la région parisienne a été parmi les premiers établissements de santé à en faire les frais.
N'a-t-on pas l'impression, fâcheuse, de désordre absolu dans la déliquescence ambiante, de la part de tous nos dirigeants, ceux présents au pouvoir et ceux qui les jalousent et se contentent d'éructer des critiques toujours identiques et stériles ? Tous les professionnels de santé, sauf les dirigeants de centrales syndicales, se servent de leurs mains, de leur matériel, se déplacent, montent ou descendent des escaliers, palpent, auscultent, piquent, manipulent, tous les donneurs de leçons se contentent de travailler des cordes vocales, et on leur souhaiterait une aphonie généralisée et durable.
(1) note2bib est un site Internet dédié à la notation des médecins par leurs utilisateurs. Ndlr
Dr G.Nahmani

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