1er avril 2010
Une énigme scientifique résolue
Il fallait s’y attendre. L’histoire d’une énorme météorite venant frapper la terre et entraînant la mort des dinosaures est sur le point de passer à la trappe des légendes scientifiques de grand papa.
Une équipe du
Haut conseil international pour l'avancement des sciences, selon
The New Independent Bioscientist du 13 février 2010, en amène la preuve. Les professeurs Mac Namara et Oyster ont eu une démarche très novatrice. Pourquoi les calamars géants et autres poissons surdimensionnés peuplent-ils les grands fonds marins ? Et bien, c'est justement leur masse qui permet à leur organisme de résister à la pression énorme de l'eau à ces grandes profondeurs.
Sur la surface du globe, la taille impressionnante des dinosaures aurait, d'après le modèle mathématique de leur invention, la même origine scientifique. A la suite d’éruptions solaires exceptionnelles, la gravité terrestre s’est effondrée entraînant une chute de la pression atmosphérique.
La soudaine légéreté de l'atmosphère a créé chez eux des troubles de l'équilibre. Entraînés par leur masse devenue incontrôlable, ces dinosaures, comme on le sait incapables de se relever une fois à terre, ont péri en grand nombre.
Voilà pourquoi on retrouve partout dans le monde, et en quantité, des fossiles si bien conservés des plus grands êtres vivants que la Terre ait connu.
Dr F-M Michaut
2 au 5 avril 2010
Le dessin de Cécile Bour: Joyeuses Pâques 2010
6 avril 2010
Terrorisme sanitaire, est-ce bien salutaire? LEM 647
Bombardés de messages, qui - bien entendu - déclarent, une main sur le coeur et l’autre sur le portefeuille, ne vouloir que notre bonheur parfait, nous subissons un déluge permanent.
Prendre ce type de communication sur ce qui est contraire à notre santé, dépourvu de toute trace d’humour, avec la distance et la légèreté d’un homme de plume se révèle finalement comme une indispensable entreprise de santé du public.
Vous avez dit Rabelais, Molière ou Céline ? Nous répondons ici Jacques Grieu et
lecture de la LEM 647.
Juste à titre d’information, notre auteur exmédien a reçu pour son roman <<
Un peu de neige dans la mer >> le prix Gustave Flaubert en 2008, Octave Mirbeau en 2009 et en 2010 le prix Bernard Moitessier. En février 2010, Jacques Grieu a publié <<
Doubles vies >>.
Bonnes lectures à tous.
Dr F-M Michaut
7 avril 2010
Laissez les bébés grandir
Des sociétés, dont vous nous permettrez de ne pas faire la promotion en citant leur nom ici, proposent des DVD dits éducatifs pour les bébés à partir d’un an.
Constatant la fascination naturelle des tout petits pour les écrans des téléviseurs et le désir des parents d’avoir mis au monde des petits génies, une idée est née. En associant images d’une trentaine d’objets courants et son de leur dénomination, les vendeurs pensaient améliorer l’acquisition des connaissances cognitives des bébés. Source :
Le Point.fr du 2 avril 2010.
Cet étrange coaching au parfum du jour, rappelant quand même dans son principe les fameux chiens de Pavlov, vient de faire l’objet d’une étude randomisée contrôlée. Le verdict est formel : les petits dopés aux fameux DVD ne sont pas plus savants que leurs copains, et ne parlent pas plus vite qu’eux.
Très joli pied de nez de nos bambins aux esprits bien limités qui cherchent à les exploiter ainsi comme des objets juste pour gagner de l’argent en jouant sur la crédulité humaine.
Une bonne fessée serait-elle salutaire pour les parents qui acceptent aussi facilement l’idée de faire de leur enfant une bête à concours, qu’ils n’ont probablement jamais été eux-mêmes ?
Et un bon point pour les chercheurs qui ont mis les pendules à l’heure de l’enfance.
Dr F-M Michaut
8 avril 2010
La <<méph>> arrive
Une nouvelle drogue de la classe des amphétamines nous vient directement du Royaume Uni (
Pratis TV du 7 avril 2009). Il s’agit de la cathinone, qui est l’alcaloïde actif des feuilles de khat africain, arbuste cousin du fusain, dont consomment traditionnellement en quantités astronomiques les habitants de la Somalie ( la << salade >> des djiboutiens ). Cet hallucinogène puissant est également très toxique, la dose mortelle étant proche de la dose << récréative >>.
Sa copie de synthèse, sous la forme de méphédrone ( en abrégé méph ), est fabriquée et commercialisée le plus légalement du monde en tant qu’engrais chimique.
N’étant pas classée dans la liste des stupéfiants, et de toute façon achetable sur Internet dans n’importe quelle partie du monde de deux clics à la portée de chacun, j’en ai vérifié l’accessibilité immédiate, une telle mode peut se répandre comme une traînée de poudre avant même que les autorités nationales n’aient le temps de mettre en place de bien illusoires barrières législatives.
Là, il s’agit d’un vrai problème de santé publique mettant en cause la vie de tous nos concitoyens amateurs de paradis artificiels.
Que vont donc faire nos autorités sanitaires ?
Dr F-M.Michaut
9 au 11 avril 2010
Le dessin de Cécile Bour: Savoir se manifester
12 avril 2010
Rétrovision futuriste LEM 648
La plus remarquable organisation des soins aux malades dans notre Europe a, tout simplement, deux millénaires.
La LEM de la semaine, signée
Bruno Blaive, nous entraîne chez les Romains.
Et là, surprise, s’ouvre une perspective paradoxalement novatrice pour notre avenir à nous tous, que nous soyons du côté des patients ou du côté de ceux qui les soignent.
La voix romaine, une voie d’avenir ? Ce ne serait pas la première fois dans notre histoire, ni sans doute la dernière, que cela se produirait. Faire du neuf avec du vieux est une recette qui n’a finalement pas pris une ride.
Chiche ?
Dr F-M Michaut
13 avril 2010
On regretterait presque les mandarins
Ces grands patrons d’avant 1968 qui tenaient fermement les services les plus prestigieux des hôpitaux de France étaient ainsi surnommés. Comme les hauts fonctionnaires et dignitaires de l’empire chinois, il étaient désignés après de longs concours comme des << personnages choisis pour diriger parmi les meilleurs hommes d’esprit >> ( Wikipedia).
Certains ont été de remarquables inventeurs de nouvelles disciplines médicales comme la néphrologie ( Jean Hamburger ) ou l’hématologie ( Jean Bernard ). D’autres déjà, ont commencé à jouer avec les médias dans une sorte d’autodérision peu crédible, comme le pédiatre Alexandre Minkowski publiant son << Mandarin aux pieds nus >>.
Jean-François Huet est l’auteur de la citation servant de titre à ce Coup d'Oeil, avec un regret certain devant les dérives actuelles de la façon dont sont traités les médecins.
Il serait grand temps, en effet, presque un demi siècle après leur disparition pour des raisons idéologiques, de réaliser une analyse, tant à charge qu’à décharge, de ce qu’on été ces fameux mandarins. Car la question demeure ouverte : n’aurions-nous pas jeté de précieux, voir irremplaçables, bébés, pardonnez-moi cette familiarité cocasse, avec l’eau du bain d’une prétendue égalité des êtres humains les uns avec les autres ?
Révisionnisme, pensez-vous ? Non, recherche patiente et sans a priori, de toutes les erreurs de jugement et de stratégie en matière d’organisation du système de santé dont nous payons lourdement les erreurs.
Dr F-M Michaut
14
avril 2010
Le goudougoudou
Trois mois après le séisme du 12 janvier 2010 en Haïti, un nouveau mot enrichit le vocabulaire francophone. C’est celui, employé à tout bout de champ dans les rues de Port-au-Prince, de goudougoudou. Au départ, ce fut une simple onomatopée du bruit, semblable aux vibrations du roulement d’un train géant, des secousses telluriques. Mais, très vite, cela est devenu une sorte de personnage absolument redoutable. Au cours de querelles, il est maintenant courant, en guise de menace, de faire appel au goudougoudou. C’est encore par crainte du goudougoudou qu’on grimpe les escaliers en vitesse, qu’on prend sa douche en deux minutes ou qu’on attend le dernier moment pour s’enfermer dans les toilettes avec un toit de béton au dessus de la tête. Source : Lucmane Vieux,
Le Nouvelliste d’Haïti, cité par
Courrier International n°1014.
Magnifique leçon de la façon dont l’imaginaire d’une population peut s’emparer d’un drame effroyable pour parvenir à le mettre à distance de façon infiniment plus pertinente, efficiente et économique, que toutes nos cellules d’aide psychologique de citoyens du monde de l’opulence.
Dr F-M Michaut
15 avril 2010
Mission sauvetage de la médecine libérale
C’est fait. Michel Legmann, président du conseil de l’ordre des médecins a remis son rapport au président de la république qui l’avait chargé de plancher sur ce sujet. Le Quotidien du médecin du 15 avril 2012 expose les propositions qui ont été faites.
Les habitués d’Exmed peuvent avoir le plaisir d’y retrouver une certaine idée qui avait été lancée ici le 9 juin 2003, avec la LEM 297 << Si on osait le mentorat ? >>
Peu importe que cet emprunt semble avoir oublié son origine, les idées n’appartiennent à personne.
Par contre, le manque d’ambition des mesures annoncées, laissant de côté la formation des médecins à la pratique extra-hospitalière, donne à ce rapport un évident manque de souffle.
Si est souhaité autre chose qu’une simple opération cosmétique destinée à la communication politique du moment, fouiller dans les greniers d’Exmed ne serait pas inutile. Même si cela ne fait pas plaisir à tout le monde, certaines choses restent à dire sans détour. Par exemple avec la LEM 484 << Hors du joug universitaire >> du 5 février 2007, que l’ordre des médecins a reçue au moment de sa publication.
A force de devoir ménager la chèvre et le chou, aucune modification de l’existant ne peut conduire à autre chose qu’à des déceptions de tous les côtés.
Hélas pour nous, surtout quand il s’agit de notre santé à tous.
Dr F-M Michaut
16 au 18 avril 2010
Le dessin de Cécile Bour: Lutter contre la diminution des vocations médicales
19 avril 2010
Double manipulation mentale, LEM 649
Nous rappeler à quel point l’obéissance de gens comme vous et moi peut devenir aveugle quand nous sommes soumis à une autorité que nous reconnaissons comme telle est une excellente initiative.
Des psychosociologues américains l’ont démontré il y a un demi-siècle. Réchauffer une telle expérimentation pour en faire un spectacle de télévision pose des problèmes majeurs que soulève
la LEM 649 de Nicole Bétrencourt.
L’un des moindres n’étant pas de renforcer encore dans les têtes l’idée que la télévision tient à elle seule tous nos comportements sous son pouvoir.
A vous de lire et de vous faire votre opinion sur ce nouveau mélange des genres dont notre société raffole tant.
Dr F-M Michaut
20 avril 2010
La fin de vie des enfants malades
La
LEM 593 << Application de loi de fin de vie >> évoque la loi du 22 avril 2005 qui propose un «
laisser mourir », et qui «
s’oppose clairement à l’aide active à mourir >>. Cette loi sur la fin de vie dénonce l’acharnement thérapeutique et préconise l’arrêt des traitements qui altèrent la qualité de vie du malade sans encourager l’euthanasie et le suicide assisté. La décision d’arrêter les traitements doit être relayée par une stratégie de soins palliatifs à domicile ou dans un cadre hospitalier.
Mais quel est l’état des lieux en France en matière de soins palliatifs ?
La pénurie de lits en soins palliatifs est criante. Notre pays est très en retard sur les pays anglo-saxons d’où est parti « l’
hospice movement » après la deuxième guerre mondiale qui a permis l’émergence d’une prise en charge innovante de la personne en fin de vie.
En décembre 2009, sur ce sujet, le comité d’éthique du comité consultatif a rendu un avis. Les risques de dérives à l’instar de «
l’effet d’aubaine >> sont posés. Il y est stipulé que bien qu’il soit difficile de quantifier et de codifier l’activité des soins palliatifs, «
la rémunération des séjours en soins palliatifs, tous classés dans le même GHM, est devenue satisfaisante et incitative. »
Le chiffrage des besoins en soins palliatifs serait difficile à cerner. Déjà selon le programme 2002/2005, on a estimé que le nombre de personnes qui auraient besoin de soins palliatifs serait de 150 000 à 200 00. Aujourd’hui, le nombre de lits disponibles est encore insuffisant même si leur nombre a augmenté depuis ces dates.
La naissance et la mort sont les deux extrêmes de la vie, et il est une réalité à contre-courant de l’ordre naturel : la mort des enfants malades.
Chaque année 1800 enfants seraient atteints d’un cancer et d’une leucémie, soit un enfant sur 600. Certes les taux de guérison ont considérablement augmenté en 20 ans. 2 enfants sur 3 guérissent mais ces maladies sont la deuxième cause de mortalité des enfants de plus d’un an après les accidents. 500 d’entre eux n’atteindront pas l’âge adulte. Le 27 mars dernier se tenait les États Généraux des enfants et des adolescents atteints d’un cancer. La fin de vie est un moment crucial pour eux leurs parents et leurs copains. Déjà pour les adultes, il y a une pénurie de lits en soins palliatifs, pour les enfants malades, la situation est encore pire et les témoignages de famille dénoncent Cet état de fait.
Toutefois, une avancée majeure pour les enfants en fin de vie et leur famille s’est produite le 15 avril dernier. La première pierre de la première maison d’accompagnement et de soins palliatifs pédiatriques a été posée. L’Oasis est un établissement installé près de Toulouse, dans le parc de la Clinique du Château de Seysses. C’est grâce à la Croix Rouge en partenariat avec Enfant Do que cette maison peut voir le jour. L’Oasis devrait accueillir les enfants en fin de vie et leur famille à l’automne 2010. Ce type de structure est développé au Canada. Cet établissement expérimental accueillera une centaine d’enfants. Une initiative qui mérite d’être saluée, qui on l’espère fera école dans d’autres régions de France.
Nicole Bétrencourt
Références :
- Jean -Pierre Roland, Une maison inédite pour les enfants très malades.
http://www.ladepeche.fr/article/2010/04/16/817896-Seysses-Une-maison-inedite-pour-les-enfants-tres-malades.html
- Nicole Bétrencourt, Application de la loi de fin de vie, LEM 593
https://www.exmed.org/archives09/circu593.html - La politique des soins palliatifs
http://www.ccomptes.fr/fr/CC/documents/RPA/13SoinsPalliatifs.pdf
- Cancer: nos enfants peuvent déjà nous accuser
http://www.lesmotsontunsens.com/cancer-enfants-epidemiologie-augmentation-3409
21 avril 2010
Modèles mathématiques
Il fut un temps où consulter les auspices ( en observant les oiseaux ) était une opération préliminaire indispensable avant toute prise de décision. Notre modernité si facilement critique en utilise facilement un avatar. Celui d’une modélisation mathématique, destinée à fournir des indications objectives sur ce qui va se passer demain.
Ainsi, c’est à la suite d’un modèle informatique réalisé par des Britanniques qu’a été prise la décision, encore jamais connue, d’interdire le vol des avions à la suite d’une éruption volcanique en Islande libérant un important nuage de poussière.
C’est également en construisant des modèles mathématiques dans le domaine de l’économie que se sont développés de nouveaux instruments financiers dont la complexité a permis la survenue de manœuvres financières ayant entraîné la crise économique mondiale que l’on vit actuellement.
Ce sont encore des modèles mathématiques qui sont utilisés dans les tentatives de renflouement de la sécurité sociale en France, ainsi que dans la gestion récente de la fameuse pandémie grippale.
Il serait inutile, ou même dangereux, de vouloir désormais se passer de ces modèles théoriques dont nous avons besoin dans de nombreux domaines.
Il serait utile, et même indispensable, tant les conséquences de décisions hâtives peuvent être lourdes, de ne pas vouloir leur demander plus que ce qu’ils peuvent donner. Un modèle théorique n’est qu’une probabilité parmi les choses possibles, cela ne peut jamais être une réalité sur laquelle on peut se fier totalement.
Comme toujours, la dernière parole appartient au responsable dont la fonction impose qu’il prenne le risque d’agir, donc de se tromper et d’en payer les conséquences.
Cela porte un vieux nom, quasi désuet ou incongru à nos oreilles contemporaines : celui de courage.
Confier sa peau à une machine sophistiquée plutôt qu’à un homme faillible est-il acceptable ?
Dr F-M Michaut
22 avril 2010
Pouvoir de nuire
Avions de ligne cloués au sol par une éruption volcanique, trains perturbés depuis deux semaines par des grèves du personnel. Et, au milieu, tout un peuple de voyageurs habitués à parcourir le monde en se jouant de l’espace, et soudain immobilisés comme des mouches dans une toile d’araignée.
Une presse papier durement concurrencée par la possibilité immense de publication immédiate sur la Toile. Et, en face, un petit groupe faisant la pluie et le beau temps chez les diffuseurs de ces journaux traditionnels. Une décision d’arrêt de travail, et c’est toute une industrie indispensable à une démocratie qui risque d’être rayée de la carte.
Juste un instant, imaginons que les hommes comme les autres qui travaillent pour la santé de chaque humain décident de faire jouer leur pouvoir de nuire pour faire entendre les revendications qu’ils estiment justes.
Plus un malade soigné, plus une hospitalisation effectuée, plus un accouchement réalisé, plus une intervention chirurgicale, plus une radio etc... : un véritable scénario de film-catastrophe.
Jusqu’à présent, le frein de l’éthique que s’imposent nos professions a tenu bon, et rien de semblable ne s’est jamais produit. En sera-t-il toujours autant ? N’en viendrons-nous pas un jour, poussés par le désespoir d’être toujours les dindons de la farce et encouragés par les succès obtenus par certains groupes moins scrupuleux, à envisager d’en arriver à de telles extrémités ?
Il serait sage - pour notre bien à tous - que nos responsables n’éloignent pas cette hypothèse d’un négligeant haussement d’épaule en se disant : << ça n’arrivera jamais >>.
Dr F-M Michaut
23 au 25 avril 2010
Le dessin de Cécile Bour: Réduire les frais de fonctionnement
26 avril 2010
Refuser le ressentiment, LEM 650
Bien souvent, nous regrettons ici que la peur de la maladie et de la mort soit utilisée à tout bout de champ pour nous contraindre à faire ce qui ne nous plaît pas obligatoirement.
Le courage est souvent présenté comme le contraire de la peur, mais en vérité cette vertu, comme on disait jadis, semble bien passé de mode.
Pas pour tout le monde, comme le montre
Françoise Dencuff dans la
LEM 650 <<
Peut-on retrouver le courage ? >>.
Avec une définition qui me semble particulièrement importante pour donner un tout autre souffle contemporain à ce mot usé : <<
Le courageux est celui qui a la volonté de l’absence de ressentiment >>.
A vous de lire et de vous forger votre propre opinion, sans vous soumettre à quelque autorité que ce soit.
Dr F-M Michaut
27 avril 2010
Si l'Europe le dit
Les Britanniques ont lancé pour les médecins, jusque-là rémunérés selon le nombre de patients inscrits sur leur liste, un paiement complémentaire dit << à la performance >>.
La place nous manque ici pour détailler ce dispositif, en voici un aperçu.
Ce dispositif contesté par ses opposants devant la Cour européenne de justice vient de recevoir la bénédiction de l’Europe. Souce Quotidien du médecin 26 avril 2010.
Traiter l’activité médicale comme une production industrielle quelconque ne semble guère émouvoir notre Communauté Économique.
Ici, comme ailleurs, le dispositif du CAPI ( contrat d’amélioration des pratiques individuelles ) mis en place par l’assureur maladie obligatoire ( défini ici par son promoteur ) a été fermement critiqué pour la contrainte qu’il fait régner unilatéralement sur la situation économique des médecins.
Cet arrêt de Bruxelles ouvre un tapis vert inespéré à cette marchandisation évidente de la santé, au mépris de toute éthique médicale et de toute connaissance approfondie de la nature très particulière des actes de soins.
On sème d’en haut du rendement et de la performance, que va-t-on recueillir en bas, en tant que malade ?
Dr F-M Michaut
28 avril 2010
Appel d'offres de recherche médicale sur l'amylose
Nous avons reçu d’
André Brunel, qui a été l’auteur de la
LEM 148 du 26 avril 2000 <<
Questionnaire aux malades >> , accessible à la page
https://www.exmed.org/arlem/arlem002.html un appel d’offres pour des recherches médicales sur l’amylose, redoutable maladie rare dont sa femme est décédée.
Dix mille euros récoltés par son association sont ainsi proposés à des chercheurs.
Cette initiative personnelle est suffisamment remarquable pour qu’elle soit relayée largement dans les milieux médicaux comme dans les médias d’information.
Le courage de ne pas céder au ressentiment, tel qu’exprimé dans la
LEM 650 de
Françoise Dencuff, le voilà mis en action.
Voici le détail de cet appel d’offres, à qui nous souhaitons le plus grand succès
http://www.amylose.net/14001appeloffres.php
Si vous ne connaissez pas bien l’amylose, maladie rare et grave, n’hésitez pas à consulter le site de l’
Association Amylose-Infos .
29 avril 2010
Attendons les ondes de choc
Nous avons souvent évoqué ici la panne des innovations en matière de nouveaux médicaments. L’industrie pharmaceutique mondiale, Big Pharma pour ses intimes, a le couteau sous la gorge. La majorité des brevets des produits majeurs actuels leur échappera d’ici la fin de 2013. C’est le
Figaro Économie du 28 avril qui l’annonce.
Cette situation oblige les laboratoires à modifier fondamentalement leur stratégie de recherche et de développement. Jusqu’à présent chaque propriétaire d’une molécule demandait à ses équipes internes d’en explorer toutes les facettes, afin de dégager de nouvelles indications thérapeutiques au moyen de transformations mineures. Puis de faire expérimenter par des équipes médicales leurs trouvailles.
Ainsi, par exemple, la vieille aspirine synthétisée en même temps en Allemagne par
Bayer et en France par les
Usines du Rhône était utilisée par nos anciens pour ses propriétés anti douleur, son action anti inflammatoire et fébrifuge. Jusqu’au jour, dans les années 1970 où l’on découvrit qu’à faibles doses, l’aspirine était un remarquable produit pour empêcher que les plaquettes du sang ne se collent entre elles pour former des caillots dans les artères.
Ce cadre, dans lequel la recherche médicale intimement associée a joué un rôle majeur, au prix parfois de regrettables conflits d’intérêt a explosé. Parce qu’il ne fonctionne plus !
Voilà nos industriels obligés d’aller chercher ailleurs les nouveautés qu’ils ne peuvent pas avoir chez eux.
Bien entendu, ce sont les jeunes entreprises de biotechnologie qui font l’objet de toute leur attention afin d’établir des contrats avec eux, en laissant de côté les laboratoires de recherche médicale traditionnelle.
Voilà qui peut enfin assainir la collusion de fait qui existe entre les industriels du médicament et les médecins, trop souvent sous leur coupe.
Admirons au passage l’adaptabilité remarquable de ces grandes entreprises internationales quand elles sont en danger.
Dans le même temps, nous assistons hélas au naufrage de la médecine générale, et de la médecine libérale dans son ensemble, avec des pouvoirs publics et institutionnels qui se révèlent incapables de changer leur fusil d’épaule dès le recrutement et la formation initiale des praticiens.
Dr F-M Michaut
30 avril au 2 mai 2010
Le dessin de Cécile Bour: Faites du travail...
3 mai 2010
Sortir de l'intouchable
Sécu LEM 651
Jamais encore, tout au long des multiples réformes gouvernementales survenues - sans aucun succès - pour sauver de la faillite notre sécurité sociale à la française, personne n’a eu le courage de mettre en cause l’adaptation de ce système d’assurance à l’évolution de la société. On veut bien modifier un certain nombre de modalités pratiques au moyen de << mesures >>, mais personne n’a l’audace d’aller au coeur du problème : la pertinence de ce qu’est devenu notre système d’assurance maladie. Celui qu’on aime tant dire dans les discours, sans avoir regardé de trop près, qu’il est << le meilleur du monde >>.
Comme si tout le monde craignait qu’oser mettre en cause sa valeur serait obligatoirement compris comme une << atteinte aux droits acquis >> pouvant entraîner une révolte populaire. Ou, pour les médecins, scier la branche sur laquelle ils sont assis, de moins en moins confortablement.
La médecine tombe en lambeaux sous nos yeux. La désertion galopante des médecins des cabinets médicaux comme des services hospitaliers impose d’avoir le courage de porter un regard critique sur ce que la généreuse intention initiale de permettre à toute la population de se soigner devient sous nos yeux.
Tel est le thème de la
LEM 651 de
Jean-François Huet, médecin anesthésiste libéral.
C’est une expression personnelle, notre auteur ne parle ici au nom d’aucun groupe de pression. On peut être en accord avec lui, ou en désaccord, mais ce débat qui n’a jamais eu lieu sur la place publique mérite d’être amplifié et enrichi. Tout simplement pour notre avenir à tous, parce que la santé, nous l’écrivons sur ce site, est notre affaire à tous, et pas simplement celle de lointains états-majors.
Dr F-M Michaut
4 mai 2010
Uteroservice business
C’était dans le journal moscovite
Ogoniok la semaine dernière. Il en coûte 12 500 euros que de faire porter par une femme son ovocyte fécondé in vitro pour acquérir ( impossible de parler autrement ) un bébé déjà tout fait.
La loi russe, contrairement à celle de la plupart des pays européens, n’interdit pas les mères porteuses rémunérées. Ce qui n’est pas interdit est donc possible, et tend à devenir une façon d’arrondir, outre sa silhouette, ses fins de mois.
Un enfant fabriqué comme une marchandise, ou, à tout le moins, un objet artisanal qu’on veut déjà tout prêt dès la naissance.
Que fait-on de cette étrange vie intra-utérine, à laquelle l’imagerie médicale a donné une vision pour tous . Quid de ces échanges métaboliques, mais aussi sensoriels, et fortement chargés émotionnellement pour le vécu de la mère, comme pour l’avenir de l’enfant ? Quid de tout ce que les psychologues de l’enfant nous ont montré depuis des dizaines d’années sur la vie intra-utérine ?
Quid du devenir de ces bébés ?
La question n’est pas purement éthique. Souvenons-nous des enfants que les Nazis ont commandé en croisant des partisans avec les plus belles femmes aryennes possible en vue de créer cette race supérieure qui devait dominer le monde.
Dès la naissance, les enfants étaient arrachés à leur mère et placés dans des centres destinés à les développer. Le résultat a été aussi effroyable que celui qu’on a pu voir dans les orphelinats roumains de Ceaucescu.
Ainsi vont les hommes, parfois de façon bien inquiétante : tout est toujours à recommencer, nous sommes aussi des remarquables machines à oublier nos possibilités de détruire notre mince et fragile vernis d’humanité.
Dr F-M Michaut
5 mai 2010
Evaluer la profondeur d'un coma
Le numéro de mai 2010 de la revue
Sciences et Avenir consacre un article aux patients comateux du service de neurologie du CHU de Liège en Belgique. Ce centre est unique au monde et accueille des patients du monde entier. Il s’est spécialisé dans le coma et son équipe pluridisciplinaire se compose de cliniciens, de médecins, de neurospsychologues, d’ingénieurs et d’un physicien. Pour évaluer la nature d’un état altéré de conscience d’un patient, cette équipe utilise une nouvelle échelle d’évaluation: le Coma recovery scale-revised. Cet outil de diagnostic a été mis au point par l’
Institut des Neurosciences du New Jersey (USA) en 2004, et l’équipe belge en a décliné une version française en 2008.
Pour comprendre l’avancée de cette nouvelle échelle d’évaluation, il faut résumer les stades d’état de conscience altéré : lock-in-syndrome (LIS), état de conscience minimale ( ECM) définie par l’éveil et une conscience fluctuante, état végétatif (EV).
Avant ces trois états altérés de conscience, la conscience normale chez une personne saine et après eux, le coma et la mort cérébrale.
Jusqu’à présent pour évaluer les signes de conscience chez les patients, les équipes médicales utilisaient
l’échelle de coma de Glasgow facile à mettre en oeuvre. Le test le plus connu est le suivi du regard qui permet de déterminer si la personne est consciente de ce qui se passe autour d’elle et de ce qu’on lui dit.
Or, il a ses limites. La neuropsychologue Marie-Aurélie Bruno du CHU de Liège reconnaît «
qu’elle manque de finesse pour découvrir les variations subtiles des états de conscience ».
Ainsi un observateur peut passer à côté d’un LIS ou d’un ECM si l’on se base sur le seul test du regard. Or pour les spécialistes du coma, il est important de différencier ces états de conscience pour la prise en charge de ces patients. Pour le neurologue Stevens Laureys du CHU de Liège «
nous avons démontré que l’état végétatif (EV) et l’état de conscience minimale (ECM) sont bel est bien distincts.» Au contraire d’un EV, un patient en ECM ressent des émotions et perçoit la douleur, ce qui implique des traitements antalgiques puissants et un programme de rééducation. En outre le pronostic de l’ECM est meilleur que celui de l’EV . »
Le CRS-R mis au point par le
Coma Science Group du CHU de Liège en partenariat avec le centre de recherche du Cyclotron révolutionne les méthodes de diagnostic et aiderait à réduire les risques d’erreur de diagnostic. Ainsi 103 patients belges classés en EV, ECM ou diagnostic incertain par les méthodes classiques ont été évalués avec cette nouvelle échelle d’évaluation. Et il s’est révélé un autre diagnostic pour certains patients : 41% d’entre eux en EV étaient en fait en ECM.
Et lorsque l’évaluation comportementale est difficilement interprétable chez certains patients, la TEP (tomographie à émission de positons) vient à la rescousse des praticiens pour conforter le diagnostic.
Le neurologue Steven Laureys, directeur du Coma Science Group, espère obtenir un test sûr pour poser le diagnostic de l’état végétatif persistant, et s’est lancé dans le projet européen Décoder dont le but est de développer une interface cerveau-ordinateur sur le principe de l’IRM (difficilement transportable). Cette recherche trouve sa continuité dans les résultats prometteurs de l’étude publiée en février dernier dans le
New England Journal of Medicine. Les chercheurs belges ont fait pratiquer une gymnastique mentale qui active des zones du cerveau visibles à l’imagerie chez des personnes en ECM placées dans un IRM. Pour l’instant, le CRS-R est fort peu utilisé dans les hôpitaux, et en France il est appliqué à la Pitié-Salpêtrière.
Les travaux de l’équipe belge correspondent à ce point de la charte d’Hippocrate ”
J’entretiendrai et perfectionnerai sans relâche mes compétences tout au long de ma vie. » Le Coma Science Group dispose d’un site qui met en ligne toutes les publications de l’équipe à
http://www.coma.ulg.ac.be" www.coma.ulg.ac.be.
Nicole Bétrencourt
Sources: Elena Sender « Ouvrez bien les yeux si vous me comprenez», Sciences et Avenir, mai 2010
http://www.sciencesetavenir.fr/magazine/
6 mai 2010
Ça ne manque pas de poivre
Un livre de recettes en Australie vient de faire une curieuse cuisine.
Expliquant comment réaliser de délicieuses tagliatelles aux sardines et au parmesan, son auteur a proposé du << freshly ground black people >> comme assaisonnement.
Damned, des Noirs fraîchement moulus, rien que ça ?
Épouvantable dérapage raciste, obligeant à passer prestement au pilon 20 000 euros avec 7000 bouquins ?
Vous n’y êtes pas du tout, le texte correct était << freshly ground black pepper >>. Un bien innocent poivre noir.
Le coupable de cette farce de mauvais goût ? Un correcteur automatique d’orthographe, tout simplement; ( Courrier International 1017 ).
L’histoire ne dit pas qui devait surveiller la machine.
Attention, la chirurgie à distance par ordinateur est à nos portes.
Dr F-M Michaut, cliché Exmed
7 au 9 mai 2010
Le dessin de Cécile Bour: Le nouveau savoir-vivre médical
10 mai 2010
Une pionnière LEM 652
Dans le domaine particulièrement complexe de la santé, les esprits les plus curieux semblent surtout attirés par le perfectionnement de ce que d’autres ont découvert avant eux. Aller un peu plus loin dans la connaissance est le moteur de toutes les recherches, en particulier, mais non exclusivement, dans le domaine scientifique, technique ou médical.
Les médecins osant prendre le risque de jouer les explorateurs dans des branches jusqu’alors tenues pour négligeable par la communauté des soignants sont déjà infiniment plus rares et méritent notre respect.
Quand, de surcroît, on est une femme et qu’on ne se laisse pas enfermer dans les frontières étanches d’un savoir académique rassurant, on devient un être d’exception.
Ce qui ne veut pas dire une sorte de sainte en blouse blanche . Certains aspects du personnage qu’ est devenue cette femme peuvent faire l’objet de réserves quant à des récupérations idéologiques qui n’ont rien à voir avec la santé des hommes.
Lire la LEM 652 de
Nicole Bétrencourt et
Harold Burnham intitulée
Elisabeth Kubler Ross.
Bonne lecture.
Dr F-M Michaut
11 mai 2010
Surdité enfin reconnue
Tout le monde connaît la langue des signes qui permet aux sourds de communiquer avec leur entourage. Il semble que ce soit Pedro Ponce de Leon ( 1520-1584 ), moine bénédictin à Madrid, qui en soit le propagateur. C’est certainement un développement des techniques antiques de communication habilement développées et utilisées par les nonnes et moine des ordres ayant fait vœu de silence, comme le Carmel.
En France, il faut attendre 1750 pour que l’abbé Charles-Michel de l’Epée, lui-même normo-entendant, ouvre à ses frais un pensionnat pour les jeunes sourds.
Selon Courrier International 1018, il est fortement question que la langue des signes soit admise comme une des trois langues constitutionnelles officielles au Kirghizistan. Selon la même source, les seuls autres pays au monde ayant pris auparavant une telle décision sont le Portugal, la Finlande et l’Ouganda.
Nos amis sourds ont encore bien du mal à se faire entendre et faire entendre leur différence, vous ne trouvez pas ?
Vérification faite, le journal kirghiz
Akipress semble avoir oublié qu’une loi ( 2005-102 du 11 février 2005 ) a donné à la langue des signes française le statut de langue officielle. Ce qui ne doit pas faire oublier qu'en France de 1870 à 1977 la langue des signes, sous des prétextes de lutte contre l'espionnage, a été interdite.
Dr F-M Michaut
12 - 13 mai 2010
Le suicide capitaliste
Les Français ont horreur du capitalisme. Selon un sondage de la BBC en novembre 2009 sur 27 pays, 43% des Français, venant largement en tête du palmarés, ont déclaré le capitalisme
fondamentalement vicié. Contre seulement 29% des Espagnols et 8% des Allemands.
Comprenons-nous clairement ce que nous rejetons si fort ?
Suivons Robert J.Samuelson dans
Newsweek ( New York ) pour entrer au coeur des fameuses banques d’affaire qui ont défrayé la chronique.
Les opérateurs de
Wall Street avaient pour seule mission de dénicher les entreprises mondiales les plus performantes afin que leurs clients investisseurs placent leur argent dans les secteurs d’activité les plus dynamiques. Ils étaient en quelque sorte les arbitres du capital en décidant qui devait ou non être aidé ou délaissé. Ce rôle de conseil ne représente plus au premier trimestre 2010 que 20% de leur activité. Les 80% restants proviennent de transactions et d’investissements réalisés directement par ces banques, avec un unique objectif : une vision à court terme pour réaliser le maximum de profit. De hasardeux montages d’outils financiers - incompréhensibles pour les non initiés - ont ainsi conduit à la fameuse crise des subprimes et à ses conséquences.
Pour des non spécialistes faut-il comprendre la fameuse << crise >> mise à toutes les sauces comme une crise du capitalisme en tant que tel ?
Ou bien faut-il y voir une crise morale grave d’un système financier qui abandonne sa vocation de direction des investissements économiques
pour inventer des machines à fabriquer des sous sans la moindre motivation humaine collective. Source :
Courrier International du 6 au 11 mai 2010.
Le capitalisme classique, aussi discutable soit-il, avait au moins un mérite : celui d’avoir un sens, une direction. Sa dérive actuelle nous le montre comme une machine débousolée.
Une fois encore l’apprenti sorcier, tel celui de Goethe, risque de nous faire périr.
Y-a-t-il encore un magicien, même politique, dans la salle ?
Dr F-M Michaut
14 au 16 mai 2010
Le dessin de Cécile Bour: La mauvaise nouvelle
17 mai 2010
Voyage au bout de nos nuits LEM 653
Puisse le docteur Destouches, Céline en littérature, pardonner ce clin d’oeil confraternel.
Finalement, dans la vie il n’y a pas que l’activité du jour et le repos de la nuit. Il existe aussi un tiers temps mal connu qui n’est ni vraiment la veille, ni vraiment le sommeil de notre corps.
C’est à cette exploration d’un territoire étrange et mystérieux, dit paradoxal, que vous invite la LEM 653
Le passager clandestin de nos nuits de François-Marie Michaut
L’auteur espère simplement que sa lecture ne vous endormira pas profondément et que vos prochaines nuits seront sereines.
Dr F-M Michaut
18 mai 2010
Le docteur est mon ami
La coqueluche du moment est de faire partie de ce qui se nomme des réseaux sociaux, genre Twiter ou Facebook pour citer des mammouths de ce créneau. Une contagion des esprits, qui ne semblent guère se poser de questions sur les risques d’étaler sur la place publique du réseau des réseaux des renseignements intimes dont il est impossible de maîtriser les usages indésirables. Internet a beaucoup d’avantages, mais un énorme défaut par rapport à l’homme : il est doté d’hypermnésie. L’oubli lui est tout simplement impossible.
Alors quand 60% des étudiants en médecine participent à un réseau social, on se demande quel sera leur avenir.
Quand les patients interrogent fiévreusement la fée virtuelle pour savoir si leur cher docteur est sur
Twitter ou
Facebook afin de se précipiter pour s’inscrire comme ami (
France Info 17 mai 2010) c’est la relation thérapeutique qui est mise en cause.
L’image que le patient se fait de son soignant - médecin ou psychologue, kiné, infirmier, podologue etc... - est l’image qu’il construit lui-même de celui dont il a besoin à ce moment de sa vie, et c’est tout. Image idéalisée parce qu’on a besoin qu’il en soit ainsi quand on est malade : ce n’est pas du tout la personne même du soignant.
Ce n’est pas au patient de savoir faire cette différence : il ne cherche qu’à être le mieux soigné possible et il est persuadé qu’entrer plus près que les autres dans l’intimité du médecin est une façon efficace d’y parvenir.
C’est aux soignants, toutes fonctions confondues, je le répète, qu’il revient de savoir ne pas tomber dans ce panneau du copinage où ils ont tout à perdre tant le coquinage est proche.
Et pour cela, de maigres teintures de << communication >> livrée clés en main dans les formations initiales ou continues sont totalement insuffisantes.
Dr F-M Michaut
19 mai 2010
Quatre heures de paralysie ferroviaire
Tous les trains T.G.V. à destination ou au départ de Paris-Montparnasse ont été bloqués hier 18 mai par des manifestants. Non pas, comme d’habitude, par des syndicats de cheminots pour faire valoir ce qu’ils estiment être leur droit et le respect de leurs droits acquis, mais par des gens de la fonction publique hospitalière en blouse blanche.
Ce sont en effet les infirmiers aides anesthésistes qui ont voulu frapper un grand coup pour faire entendre leurs revendications, dont celle d’une rémunération enfin adaptée à leur formation prolongée et à leurs responsabiltés.
Sentiment de ne pas être reconnus à leur valeur par les pouvoirs publics et de ne pas être visibles pour la population ? Rage de ne pas pouvoir, comme d’autres, bloquer leur activité pour faire pression sur leur patron, les malades ayant besoin d’une anesthésie ne pouvant pas ni jamais attendre, quoi qu’il arrive ?
Ces personnels de santé seront-ils enfin entendus de leur employeur public à la suite de cette manifestation spectaculaire ?
N’y a-t-il pas un énorme problème des relations sociales dans le travail chez nous pour que des professionnels ayant un sens élevé incontestable de la responsabilité dans leur métier cherchent à se faire entendre ainsi ?
Attendons la suite, mais les rouages, et sans besoin de la moindre pandémie venant d’ailleurs, semblent hélas bien grippés...
Vous avez demandé : mais où se situe donc en 2010 l’éthique des dirigeants ?
Nous sommes nombreux à attendre une réponse claire.
Dr F-M Michaut
20 mai 2010
Rang plat se ment
Une des grandes tendances actuelles en France pour les médecins fraîchement diplômés, ou même les plus anciens souhaitant souffler un peu est de préférer à l’installation traditionnelle un exercice en tant que remplaçant. Le Quotidien du médecin du 19 mai 2010 a publié les résultats d’une enquête réalisée par des professionnels.
L’ampleur du phénomène est considérable. Il ne s’agit pas moins de 10 000 médecins; A titre, d’ordre de grandeur, il y a environ 70 000 médecins exerçant la médecine générale.
La durée de travail de ces intermittents de la santé est de 165 jours par an.
Une sorte de travail à mi-temps, serait-ce cette possibilité de pouvoir faire autre chose dans sa vie que de remplir juqu’à l’épuisement ses jours et ses nuits par la charge d’un cabinet ?
Dr F-M Michaut
21 au 24 mai 2010
Le dessin de Cécile Bour: Il y a six mois, on ne parlait que d’elle
25 mai 2010
Notre attitude devant notre vie LEM 654
En France, des philosophes proposent des consultations philosophiques. Chacun connait aussi le succès des cafés philosophiques. Un psychiatre du monde germanique, ayant vécu l’extrême de l’horreur humaine de son époque, propose une voie pour ceux qui souffrent qui peut intéresser tous les soignants et tous les curieux du domaine de la santé.
C’est ce qu’expose
Françoise Dencuff dans
la LEM 654 <<
Retrouver la Raison >>. Raison de vivre toute personnelle, voilà qui mérite bien une majuscule quand on ne cesse d’entendre que nos contemporains souffrent d’une perte du sens de leur vie.
Lisez, et n’hésitez pas une seconde à entrer en contact avec la femme auteur ( je refuse d’écrire auteure ) de cette lettre remarquable.
Dr F-M Michaut
26 mai 2010
De grâce, épargnez-nous cette calamiteuse fausse bonne idée
Le dessin de la semaine de Cécile Bour sur ce site nous rappelait le week-end dernier le fiasco retentissant du Ministère de la santé quand il s’est mis en tête de prendre en main la fameuse pandémie grippale.
Notre ministre semble bien ne pas avoir compris que c’est le public qui n’a jamais accordé sa confiance aux services de l’Etat pour s’occuper de sa santé personnelle. Celle des autres, oui, mais surtout pas la sienne, trop précieuse. Malgré des débauches ruineuses de propagande médiatique, les Français ont refusé d’obéir aux ordres de vaccination venus d’en haut.
Alors quand on apprend que le même ministère veut lancer un grand site internet de conseils médicaux << service public de conseil médical et d’orientation >>, un observateur se demande par quel miracle la confiance indispensable de la population vis à vis des services de l’Etat peut renaître de ses cendres. Source Figaro économie du 21 mai 2010.
Nous le répétons à Exmed depuis 654 semaines sans nous lasser tant cet état d’esprit nous manque depuis longtemps : retrouver la confiance.
Alors, faisons taire nos conseillers et experts étatiques, si prompts à enfermer les dirigeants dans leur univers ouaté, avec le plus extrême mépris de ce que vivent vraiment les citoyens.
Cela ne coûte pas cher de lancer une fausse bonne idée dans un cabinet ministériel.
Un tel machin, au moins aussi grandiose que notre campagne de lutte antipandémique qui a fait marrer le monde entier, si, par malheur, l’idée n’était pas sagement balancée à la poubelle, ne peut qu’être un échec retentissant. Les Français continueront à refuser massivement que l’Etat entre dans leurs affaires les plus intimes : celles qui concerne leur santé personnelle.
En un temps où, de tous les côtés, on nous explique la nécessité de réduire les déficits des dépenses publiques, flanquer par la fenêtre en pure perte notre argent de contribuables ne peut que nous mettre en colère.
Et surtout que personne ne s’avise de nous démontrer, calculette en main, que par son fonctionnement ce site officiel permettrait de diminuer les dépenses de santé. L’histoire de Perrette et le pot au lait, nous connaissons par coeur. Adieu veau, vache, cochon.
Au fait quand demain il n’y aura plus de médecins traitants dont l’État - et lui seul , soulignons-le - doit assurer la formation en nombre suffisant, comment nous soignerons-nous ? Avec des médecins ministériels virtuels ?
C’est certainement ce qui est prévu par nos têtes pensantes ( remplacer les généralistes et spécialistes qu’on est incapable d’avoir par une machine collectiviste orientant vers des spécialistes des hôpitaux publics ) et qu’on se garde bien de nous dire.
Pour une fois, j'use de mon ancienneté personnelle de treize ans de pratique dans l’Internet de santé pour dire sans fard ce que je pense d’une telle initiative. C’est la plus grosse bêtise qu’il soit possible de réaliser avec ce merveilleux vecteur de communication pour ceux, hélas trop rares, qui savent en apprécier et la subtilité et les limites éthiques extrêmement précises et impératives.
Messieurs les concepteurs, vous démontrez avec ce projet que vous ne savez intimement ni ce qu’est la Toile, ni ce que c’est qu’un malade, ni ce que c’est qu’un médecin clinicien. Et vous voulez vous occuper de tout cela en nous prenant comme cobayes avec vos idées toutes faites ? Non, mille fois non, merci. Je ne veux pas confier ma peau à une machine virtuelle.
Si les instances professionnelles, ordre, sociétés savantes, académie de médecine, université, syndicats médicaux se révèlent incapables de prendre fermement position devant cette atteinte sans précédent au droit à l’intimité de toutes les questions touchant à notre santé, nous sommes mûrs pour le plus extraordinaire totalitarisme qu’ait jamais connu notre société.
L’aventure vous tente ? Moi non plus. La santé est notre affaire à tous, nous l’affirmons sans cesse ici, pas un gadget politique pour gober des électeurs trop crédules.
Dr F-M Michaut
27 mai 2010
C'est ça aussi l'Internet
Depuis 1926 et Mustapha Kemal, la polygamie est interdite en Turquie. Depuis 2004, la polygamie est devenue illégale pour le code de la famille au Royaume du Maroc.
Ce qui n’empêche pas qu’un étrange échange se soit mis en place entre l’Anatolie ainsi que le Kurdistan voisin et le Maroc. L’objectif ? Faire venir dans les villages reculés des secondes épouses pour ces messieurs. Comment ? Au moyen de l’Internet acheté uniquement pour << tchatter >> avec de lointaines candidates, le temps de convaincre l’élue de quitter son pays. Étrangement, ce sont souvent des femmes ayant fréquenté l’université, volontiers polyglottes, qui se portent candidates. Une façon, probablement, de fuir un pays qu’elles jugent sans avenir pour une Turquie imaginée comme un pays auréolé par son admission future dans la communauté européenne.
Que devient la première épouse, parfois poussée par la force jusqu’au divorce, dans cette cohabitation forcée ? Elle va très mal. Selon une étude de Nuran Elmaci ( université de Diyarbakir) 68% d’entre elles présentent des signes de dépression grave. Ainsi que 31% des secondes épouses, pour être complet. Source :
Courrier International n°1019.
Comment qualifier sur le plan humain de telles pratiques au 21 ème siècle ?
Dr F-M Michaut
28 au 30 mai 2010
Le dessin de Cécile Bour: Argument commercial choc
31 mai 2010
Sa majesté en culottes courtes, LEM 655
Les travers et les excès d’une époque sont toujours des cibles de choix pour ceux qui, comme le prophétisa si bien le docteur François Rabelais, sont persuadés que le rire est le propre de l’homme.
Le ballon de cuir rond disputé par vingt deux athlètes sur un rectangle d’herbe verte mérite bien d’être célébré sur Exmed à la sauce bien relevée du romancier
Jacques Grieu.
Fouto-mania, la
LEM 655 vous invite sur ses gradins.
Bon jeu et que les meilleurs ne perdent pas... leur bonne humeur !
Dr F-M Michaut
1er juin 2010
Quand faire peur part en fumée
Gros pavé dans le brouillard des cigarettes. Le Pr Philippe Even, farouche défenseur de l’anti-tabagisme ambiant, vient de remettre en cause la nocivité du tabagisme passif. S’appuyant sur de nombreuses études, il sort de son obligation de réserve (*) pour dénoncer ce mensonge politiquement correct (
Le Parisien du 31 mai 2010).
Même s’il est loin de faire l’unanimité sur le sujet, sa démarche est courageuse. La politique de la peur ne marche pas. Depuis l’interdiction de fumer dans tous les lieux publics la vente des cigarettes est repartie à la hausse.
Ne pourrait-on pas dans les hautes sphères politico-médiatiques se poser les vraies questions ? Pourquoi a-t-on besoin de fumer ? Comment éduquer les enfants au respect de leur santé ? Bref brandir l’image de la faucheuse a encore une fois démontré son imbécillité.
C’est toute la politique de la prévention qui montre ses limites et son inefficacité. Les grands manitous de la communication n’ont visiblement pas encore compris que les messages négatifs ne sont pas entendus. Si nous passons notre temps à regarder les problèmes rien ne pourra changer. Merci à M. Even pour ces aveux lucides.
(*) NDLR : Étrange exemple d’autocensure, sous prétexte de la direction d’une faculté de médecine à Paris, quand la vérité officielle est scientifiquement aussi incertaine !
L’enseignement médical doit-il être aux ordres du pouvoir ?
Dr Françoise Dencuff
2 juin 2010
Ça fait hélas un tabac chez les femmes
Le 30 mai a été la journée internationale sans tabac. À cette occasion, les chiffres sur les maladies liées au tabagisme sont mis en exergue pour inciter les fumeurs invétérés à se passer de cette addiction. Car c’en est bien une !
L’OMS estime que, d’ici 2020, le tabac sera la principale cause de mortalité et d’incapacité en faisant plus de 10 millions de victimes par an. 60 000 décès par an en France !
Les luttes féministes ont permis aux femmes de conquérir des droits jusque là supposés réservés aux hommes. La parité dans de nombreux domaines en est l’illustration. C’est salvateur mais lorsqu’il s’agit du tabagisme, c’est une autre histoire.
Or malheureusement, l’OMS alerte le fait que ce sont les femmes qui sont les plus touchées par les méfaits du tabac. Il semblerait que la publicité des fabricants de tabac aient leur part de responsabilité. Les femmes constituent leur cible préférée venant se substituer à l’image virile incarnée dans une célèbre publicité d’une marque de cigarettes américaine par un cow boy. Les chiffres de l’OMS sont implacables. Environ 1, 5 million de femmes meurent des effets nocifs du tabac car la parité n’existe pas dans ce domaine. La récente étude menée par Catherine Hill, épidémiologiste à l’institut Gustave Roussy publiée par l’Institut de veille sanitaire montre que la mortalité par cancer du poumon a explosé ces dernières années chez les femmes en étant multipliée par quatre notamment dans la tranche d’âge des 35/44 ans.
Après les méfaits du tabac, viennent l’alcoolisme et l’obésité. Sur ces derniers points, les femmes ne sont pas non plus en reste en appelant de ses vœux qu’elles ne dépassent pas les hommes dans ces maladies.
Le féminisme ne consiste pas à singer les hommes, mais, après tout, si les femmes y tiennent, pourquoi ne pas faire un nouvel accessoire de mode avec la cigarette électronique qui serait efficace pour décrocher de cette addiction fumeuse ? Il reproduirait à l’identique le geste, le goût et la sensation d’une cigarette et plusieurs goûts sont disponibles.
Sources: OMS
http://www.who.int/features/factfiles/gender_tobacco/fr/index.html
http://www.edsylver.com/
Nicole Bétrencourt
3 juin 2010
Maisons de santé indépendantes
La question de la propriété de l’outil de production des soins de santé mérite une attention particulière de la part de tous, tant du côté des utilisateurs que des professionnels. Mettons de côté les instances officielles à qui nous laissons bien volontiers leurs certitudes qui ne peuvent convaincre... qu’elles-mêmes.
Le constat est univoque dans les jeunes générations : presque plus personne ne veut en France exercer la médecine de façon individuelle.
Le système hospitalier, après la calamiteuse confiscation du secteur des urgences, se révélant incapable de remplacer le maillage traditionnel des médecins libéraux installés à proximité, il faut inventer autre chose. Ce sont les fameuses maisons médicales.
Mais des maisons médicales décidées et financées par l’État ( voire les récentes promesses du président Sarkozy ) les départements ou les communes, comme cela semble être proposé de tous les côtés, mettent les professionnels de santé en état de soumission. Les soignants ne sont plus alors que des intervenants extérieurs purement techniques et aussi interchangeables que des fonctionnaires. On se croirait volontiers revenu au temps des dispensaires de nos grands-pères.
Le débat sur notre liste interne de discussion s’est prononcé très clairement sur deux points.
Le temps du médecin libéral isolé dans son cabinet personnel est révolu : il faut désormais que les praticiens travaillent en équipe en collaboration avec d’autres professions et avec des aides qu’ils choisissent librement. Cela s’est déjà fait avec succès pour les ophtalmologistes. Ce n’est pas le rôle des pouvoirs publics que d’imposer telle ou telle nouvelle profession dite << intermédiaire >> , comme semble l’envisager le ministère de la santé. C’est par contre une obligation impérative urgente, tant pour le ministère de la santé que pour le ministère de l’enseignement supérieur, que d’exiger des médecins comme de tous les soignants qu’ils apprennent à travailler en groupe. Une inaptitude à savoir collaborer et partager avec les autres professionnels est devenue incompatible avec toute fonction soignante. Cela doit devenir un des critères majeurs de sélection des étudiants.
Il est absolument anormal, et je rejoins là les positions exprimées ici par le Docteur Jean-François Huet, anesthésiste libéral, que les assureurs, aussi bien la sécurité sociale que les mutuelles ou les compagnies privées, participent au financement ou à la gestion des maisons médicales.
C’est aux médecins seuls, et à toutes les professions de santé concernées sans exception, de créer ces maisons médicales. C’est à eux seuls de les financer et de les gérer, en exigeant qu’ils puissent disposer pour cela de tous les moyens techniques, financiers et humains qui leur sont indispensables. Cette autogestion de son activité soignante est la seule façon de sortir de la dépendance de la médecine aux ordres combinés de la sécurité sociale et du ministère de la santé. C’est un élément majeur, et probablement le seul utilisable, pour que la médecine libérale ne fasse plus fuir les candidats ou conduise tant de confrères dégoûtés de la pratique actuelle à dévisser leur plaque pour gagner leur vie autrement.
Alors, soignants qui n’en pouvez plus de n’être considérés que comme des agents d’exécution par un système qui va explose, n’attendez de personne le signal pour prendre en main votre avenir personnel, et celui de vos malades.
Perdez définitivement tout espoir de salut venant d’un pouvoir politique et administratif qui ne cesse de vous instrumentaliser pour son seul intérêt. Osez enfin parler entre vous, décrochez votre téléphone, et posez-vous à vos voisins la question que personne n’ose plus se poser : << Pourquoi pas ? >>. L’initiative personnelle, le désir de se lancer dans des entreprises nouvelles exaltantes seraient-il définitivement morts chez tous les soignants en France ?
Dr Dr F-M Michaut
4 au 6 juin 2010
Le dessin de Cécile Bour: Entre les promesses des uns et les réalités des autres
7 juin 2010
La perception de la maladie, LEM 656
Entre les maladies vues par des médecins et celles dont les patients et leurs proches sont ou risquent d’être atteints, il existe un monde. De part et d’autre, on utilise les mêmes mots, mais leur impact sur nos émotions sont fort différentes.
Cécile Bour, dans la
LEM 656, explore utilement cette charge émotive de la maladie, source de dommageables malentendus entre soignants et soignés, donc altération de la qualité thérapeutique, quand elle est considérée comme un sous-produit négligeable.
Bonne lecture
Dr F-M Michaut
8 juin 2010
La nécessité de l'auto-organisation de la médecine libérale
Le dernier bulletin du conseil de l’ordre ( mai-juin 2010) détaille les propositions au président de la république de la
commission Legmann pour sauver la médecine libérale.
Malheureusement, si le diagnostic de l’agonie de ce type de médecine en France confirme ce que tous les observateurs dénoncent depuis des années, sans que personne ne semble se sentir concerné, le chapitre thérapeutique semble inspiré des principes de l’homéopathie.
Il ne viendrait à l’idée de personne de confier à des aviateurs la formation professionnelle des marins. Ou réciproquement. En médecine, l’idée que la formation des médecins libéraux ne peut être crédible et efficace que si les enseignants et formateurs sont eux-mêmes des médecins libéraux a bien du mal à passer.
Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il est indispensable pour se former à un métier d’avoir sous les yeux des modèles d’identification avec des gens qui consacrent leur vie à ce métier. On ne peut pas vouloir être comme quelqu’un qu’on ne connaît pas du tout.
Alors, si sauver la médecine libérale est autre chose qu’un slogan pour aller dans le sens de l’électorat, il faut chercher au sein même des médecins libéraux un nombre suffisant de gens capables de transmettre ce qu’ils ont appris dans leur cabinet privé.
Il y a là encore une carte à jouer : celle de l’utilisation des ressources humaines de ceux qui ont choisi la médecine hors des murs des hôpitaux.
Nous avons sur ce site lancé l’idée de créer des
universités des métiers de la santé (
LEM 544 du 14 avril 2008 ) non pas pour supplanter les facultés actuelles qui sont depuis 1958 sous le pouvoir de médecins appartenant uniquement à la fonction publique hospitalière, mais pour compléter de véritables formations professionnelles utilisant la compétence et l’expérience des gens de terrain.
Bien entendu, cela nécessite un vrai courage politique, des changements notamment dans le monopole de l’enseignement de la médecine. Rien de facile, mais continuer de ne pas vouloir laisser aux médecins libéraux la liberté de prendre eux-mêmes en main la formation de la relève indispensable nous conduit où ?
Monsieur Legmann, faute de pouvoir mettre en cause des structures et des méthodes qui sont devenues obsolètes, vous êtes vous aussi à côté de la plaque.
Pauvre médecine libérale, les médecins à ton chevet, même s’ils font tout ce qu’ils peuvent au nom du << réalisme >>, ne sont pas rassurants du tout.
Dr F-M Michaut
9 juin 2010
Les animaux malades de la peste
Une équipe marseillaise de microbiologistes vient de publier une curieuse découverte (
La Croix du 8 juin ). Des rongeurs qui ont reçu un médicament utilisé chez les humains pour réduire le taux de cholestérol ( la lovastatine ) semblent protégés contre les complications mortelles de la peste.
La bactérie occasionnant cette maladie transmise par les rats, qui fut terrible sous nos climats ( la peste noire ), semble pourtant sensible aux antibiotiques les plus ordinaires. Cette pathologie serait en recrudescence en Afrique, en Asie et en Amérique du sud, autrement dit dans les pays les plus pauvres de la planète. Les rats adorent les bidonvilles.
Proposer des médicaments hors de prix destinés à des gens qui mangent trop bien pour soigner des gens qui ne savent trop ce que ne pas manger à sa faim veut dire, et qui ne peuvent même pas avoir accès aux antibiotiques les moins coûteux a quelque chose d’indécent.
Dieu merci, il y a loin de l’expérimentation animale à l’utilisation thérapeutique. Mais les enjeux financiers pour les industriels du médicaments sont tellement forts qu’il n’est pas illusoire de prévoir le pire.
Vous avez dit éthique ?
Dr F-M Michaut
10 juin 2010
Secret médical et tapage médiatique
Pratis TV du 9 juin se fait l’écho d’une protestation de 25 députés français à la suite de la publication dans
l’Express de renseignements médicaux concernant une vedette emblématique de la chanson nationale dont l’hospitalisation d’urgence à Los Angeles fit grand bruit en son temps. Et mit en cause publiquement la compétence d'un chirurgien.
La loi prévoit que tout citoyen a le droit au respect de son intimité, et en particulier que tous les soignants sont sévèrement contraints de ne rien dire de ce qu’ils peuvent apprendre sur la santé et les maladies de ceux qui ont recours à leurs services.
Devenir un homme public, ou une femme en vue, ne donne à personne le droit de transgresser cette obligation, sans laquelle aucune confiance ne peut exister.
Pour des soignants, il est difficile de comprendre que des gens dont la mission est d’informer leurs lecteurs ne se sentent pas concernés quand ils se rendent complices de personnes qui se sont mises hors la loi en révélant ce qu’elles auraient dû taire.
Le public ne le sait peut-être pas, mais le secret médical ne s’impose pas qu’aux médecins, il concerne aussi toutes les personnes de leur entourage proche ou lointain ( par exemple les caisses d’assurance maladie et administrations hospitalières ) qui peuvent avoir accès aux dossiers des malades.
Dr F-M Michaut
11 au 13 juin 2010
Le dessin de Cécile Bour: Chirurgie à distance
14 juin 2010
Faute de sens, tout est confusion LEM 657
A force de se laisser pousser les yeux fermés par ses prouesses techniques, notre société finit par oublier de se poser quelques questions. L’action pour l’action, le :on le fait tout simplement et uniquement parce qu’on peut le faire, semblent être des attitudes largement partagées.
Alors, tant pis si c’est incongru, mais, plus que jamais, poser et se poser des questions est tout simplement plus vital que jamais.
Le monde, dit bien à tort, de la santé alors qu’il n’est, et c’est déjà considérable, que celui des soins aux hommes, va vraiment très mal.
Nos
remèdes de bonnes femmes sont dérisoires, il faut partir courageusement à la recherche de l’étiologie de ce qui déraille aussi gravement dans un pays qui se sentait fier d’avoir l’un des meilleurs systèmes de soins de santé au monde.
La
LEM 657 attend, sans impatience, votre lecture.
Dr F-M Michaut
15 juin 2010
Corners et corner
Les chasseurs de nos pays utilisent depuis longtemps un appareil acoustique fort simple pour rappeler leurs chiens. Une simple corne de vache, capable d’émettre une unique tonalité au loin. Nous connaissons aussi le shofar ( corne de bouc ) rituellement utilisé dans la liturgie judaïque à l’occasion du nouvel an.
Mais nous ignorions la tradition sud africaine des vouvouzuelas, pâle dérivé en plastique criard des cornes de khoudou ( antilope ) qui, telles les cloches de nos églises, appelaient les populations à se regrouper.
Passons sur les 120 décibels que peut produire chaque instrument, et donc menacer de surdité brutale et définitive les spectateurs des matchs de football.
Ce qui frappe surtout, c’est la continuité absolue de ce son pendant une heure et demie. Pas la moindre musique possible, pas la moindre perception des réactions habituelles d’une grande foule. Aucune vie, une plainte continue.
Tous ces gens qui trouvent leur plaisir à exister uniquement parce qu’ils soufflent dans leur trompette, c’est pathétique. Faire du bruit juste pour se persuader qu’on participe à un événement, faut-il être démuni culturellement et humainement pour s’en contenter !
On est là au degré le plus élémentaire envisageable de l’expression. Pas même celui du grognement animal. Même l’informatique ne peut pas se passer de l’existence du zéro et du un ! Pas une musique ou une parole ne peut exister sans le silence qui existe entre les différents sons.
Il est aisé de formuler des jugements de valeur de citoyens nantis. Il serait pourtant indispensable de profiter de ce phénomène bien irritant des vouvouzuelas pour regarder en face la réalité des populations de plus en plus déracinées de ce continent africain si négligé et si exploité.
Le football mène à tout, à condition d’en sortir.
Dr F-M Michaut
16 juin 2010
Télé-épidiémiologie des moustiques
Les progrès de la science sont sans limites et parfois les chemins qu’ils empruntent pour éliminer des maladies semble relever de la science fiction. C’est le cas de la télé-épidémiologie issue de la science aérospatiale. Cette application semble prometteuse pour prévenir certaines maladies tropicales transmises par certaines espèces dangereuses de moustiques et d’insectes. C’est insolite, car elle leur fait la chasse... par satellite !
Avec l’aide d’un entomologiste ou d’un biologiste qui connaissent les moeurs de ces vecteurs de maladies, les vues prises par satellite permettent de circonscrire leurs zones de proliférations après une période de pluviosité,. La cartographie par satellite permet d’évaluer le risque de la prolifération d’une espèce dangereuse et les autorités sanitaires locales peuvent ainsi distribuer des vaccins et des moustiquaires pour parer à l’invasion des insectes.
Déjà, la coresponsable du programme de télé-épidémiologie CNES (Centre National d’Études Spatiales), Murielle Lafaye, établit régulièrement des cartes prévisionnelles des risques sanitaires au Sénégal pour la fièvre du Rift (transmise au bétail par le moustique et qui à son tour peut infecter l’homme à son contact). Alertés, les éleveurs peuvent parquer leur bétail la nuit loin des moustiques.
L’armée française, amenée à se déplacer en zones tropicales, fait également appel aux services de télé-épidémiologie pour établir ses cantonnements dans les zones urbaines les moins risquées pour le paludisme, une maladie difficile à traiter. La liste des applications de la télé-épidémiologie n’est pas exhaustive mais elle semble prometteuse pour améliorer indirectement la santé des populations qui n’ont pas la chance d’avoir à leur disposition des soins primaires développés comme dans nos pays industrialisés. La télé-épidémiologie est un bon usage de la science, et elle répond à cette citation Ernest Renan : « La science restera toujours la satisfaction du plus haut désir de notre nature, la curiosité ; elle fournira à l’homme le seul moyen qu’il ait pour améliorer son sort. »
Références
http://www.cnes.fr/web/CNES-fr/6919-cnes-tout-sur-l-espace.php
http://actu.orange.fr/sciences/la-chasse-aux-moustiques-et-aux-bacteries-s-organise-par-satellite_564963.html
Nicole Bétrencourt
17 juin 2010
Des zéros plein la tête
Un petit rappel de notre complexité neurobiologique. Le système nerveux central ( SNC) humain se construit au cours de la vie intra-utérine au rythme de 250 000 neurones ( cellules nerveuses ) chaque minute.
Ca va, vous suivez ? Il s’achève vers la quinzième année de notre vie.
A ce moment là, nous avons capitalisé la bagatelle de 100 milliards de neurones, soit 10 puissance 11. Chaque cellule est connectée aux autres au moyen de synapses. Celles-ci sont au nombre estimé de 100 000 milliards ( Hubel et Stevens ).
Vous ne voyez pas exactement ce que cela représente ?
Et bien , prenez un crayon, écrivez le chiffre 10 et mettez derrière 14 zéros.
Juste au niveau du cortex visuel, puisqu’on est ici dans notre << coup d’oeil >>, la densité est de 100 000 neurones par millimètre carré.
Et pour nourrir ce cerveau, il ne faut rien moins que 20% du flux sanguin coporel.
Pour le fonctionnement, tenez-vous bien.
Ce qui permet l’entrée et la sortie des messages nerveux ne concerne que 0,02% des neurones.
A quoi servent les 99,98% restants ? Tout simplement au stockage et au traitement de l’information.
Comparer le SNC humain ( ou celui de tout autre animal, d’ailleurs ) à l’un de nos ordinateurs témoigne d’une grande méconnaissance.
Référence :
André Bourguignon,
Psychopathologie et épistémologie ( PUF 1998 )
Dr F-M Michaut
18 au 20 juin 2010
Le dessin de Cécile Bour: Le joueur
21 juin 2010
Décérébrés par la routine, LEM 658
Juste deux histoires vécues comme il en arrive des centaines chaque jour un peu partout dans nos usines à soigner. Cela se passe au Portugal, mais aucun de nos pays n’est épargné par cette perte de vue de la dimension humaine des patients et de leur famille.
Pas de revendication ici, pas de désir de vengeance ou de réparation.
Juste le ton de la vraie vie, avec toute sa puissance et sa sobriété.
Nous le disons souvent, et le voici bien illustré, l’expression des choses de la médecine et de la santé n’est pas ni le monopole des blouses blanches ni celui de l’administration des soins de santé.
A vous de lire la LEM 658 << La nuit approche >> de Stella Gaspar da Silva, et de constater, qui que vous soyez, si cela vous touche ou non.
Dr F-M Michaut
22 juin 2010
Crise grecque et multinationales pharmaceutiques
L’industrie pharmaceutique fait-elle aujourd’hui la pluie et le beau temps sur la santé en se plaçant au-dessus des gouvernements ?
Ses relations avec la Grèce inclinent à le penser. Pour réduire son déficit budgétaire, dans le cadre des mesures d’austérité, les autorités grecques ont décidé une baisse de 25 % du prix des médicaments. Cette initiative est humaniste pour les Grecs qui vont pouvoir continuer à se soigner malgré la baisse du pouvoir d’achat. Mais elle n’est pas au goût du laboratoire danois Novo Dorsnik qui a décidé de sévir en retirant du marché grec certains de ses traitements antidiabétiques.
La raison invoquée est que cette mesure gouvernementale risque d’affecter les autres marchés dans d’autres pays. Les réactions du directeur général de Novo Lars Rebien Sorenson sur la baisse conséquente des médicaments sont éloquentes quant à l’état d’esprit de Big Pharma : «
ce qu'ils proposent actuellement n'est pas acceptable » et Las Rebien Sorenson poursuit «
cela aura un effet de contagion sur le niveau des prix européens et des effets sur d'autres marchés en dehors de l'Europe, dans lesquels les prix grecs sont utilisés comme prix de référence dans les négociations avec les États. »
Fort de sa toute puissance, Novo a informé le gouvernement grec qu’il n’abaisserait pas le prix de l’insuline moderne (injection d’insuline par stylo). Par ricochet, les grossistes ne commandent plus cette insuline moderne pour ne pas vendre à perte et d’ici quelques semaines la Grèce sera en pénurie des stylos à insuline. Les contradicteurs peuvent arguer que l’insuline par stylo est une amélioration qui a permis d’étendre le brevet de l’insuline, et que les Grecs auront toujours à leur disposition les autres formes d’insuline antérieures mais qui ne sont pas antiques dans leur efficacité. C’est moralement inacceptable car autrement dit c’est priver de dessert des pays en difficulté financière, en punissant une deuxième fois les Grecs pour leurs mauvaises performances économiques globales.
Cerise sur le gâteau, la solidarité corporatiste joue entre laboratoires. Le groupe danois Leo Pharma spécialisé dans les soins dermatologiques a emboîté le pas à la politique de Novo.
D’autres groupes pharmaceutiques à l’instar de GlaxoSmithKline et d’AstraZeneca qui, pour mémoire occupent respectivement les 6ème et 7ème rang dans le classement des 14 plus gros laboratoires pharmaceutiques mondiaux semblent plus magnanimes! Détrompez vous ! C’est une illusion !
Eux ne retirent pas de médicaments de la Grèce mais ont l’intention d’utiliser toutes les ressources propres aux lobbyistes pour infléchir la position du gouvernement grec. En un mot, qu’il se ressaisisse !
Stratégie de lobbyiste oblige et l’attitude différente de Novo et Cie s’explique par le fait que certaines molécules produites par ces deux gros géants font l’objet aujourd’hui de génériques qu’il est possible de trouver moins chers que les originales sur le marché. La pression est la seule ressource pour continuer à engranger comme par le passé des bénéfices substantiels en Grèce avec certains de leurs produits phares.
Et les malades grecs dans toute cette salade lobbyiste ? Ils sont pris en otage avec leur gouvernement par l’industrie pharmaceutique dont l’amélioration de la santé n’est visiblement pas son truc, le corps humain étant son fond de commerce.
C’est la lutte du pot de terre contre le pot de fer. Mais qui endosse le rôle du pot de terre et celui du pot de fer ?
La Grèce est-elle aujourd’hui en situation d’être le pot de fer lorsqu’on sait que les fameuses agences de notation font la pluie et le beau temps et que l’industrie pharmaceutique est l’un des secteurs les plus rentables depuis le siècle dernier ?
À suivre….
Nicole Bétrencourt
Sources
http://fr.reuters.com/article/frEuroRpt/idFRLDE64U1PR20100531
23 juin 2010
Réforme en trompe l'oeil
Petite devinette. Qu’y a-t-il en France de commun entre un pharmacien, une sage-femme, un dentiste et un médecin ? Non, non, vous n’y êtes pas du tout. Tout simplement la nouvelle première année universitaire des études dites << de santé >>. Un enseignement secondaire qui se termine par un examen avec 80% de reçus. Un enseignement médical qui se permet de choisir ceux qui sont réputés les meilleurs, et laisse sur le carreau 85% d’entre eux. Tout cela malgré de ruineuses classes privées de préparation spécifique, hors de portée des étudiants peu argentés, introduisent un favoristisme choquant. Inégalité sociale qui ne semble guère troubler les consciences de quelque bord que ce soit.
Alors, la grande idée du moment est de mettre tous ces jeunes gens ensemble. Le principe est de permettre à la multitude de ceux qui échouent en médecine, au lieu de tomber dans le vide, de pouvoir se réorienter vers ces professions ainsi apparentées. Source :
Mediscoop du 17 juin.
Vouloir devenir médecin ou consacrer sa vie à la pharmacie, par exemple, sont des choses bien différentes. Les mélanger ainsi par souci de rentabilité des ressources humaines et financière des universités est méconnaitre le désir et la spécificité de chacun.
Quant aux modalités de sélection des futurs confrères, un peu moins réductrice et plus humaine que le classement actuel couperet sur les seules notes des épreuves scientifiques, il ne semble toujours pas en être question.
Dr F-M Michaut
24 juin 2010
Que de travail à faire
<<
Roselyne Bachelot, partie en Afrique du Sud soutenir les bleus, a fait annoncer son projet de relancer le don d’organes à l’occasion de la 10e journée nationale consacrée à ce sujet, le 22 juin. >>
C’est ce que dit
Impact-Santé.fr du même jour, l'article, cependant, ne précise pas quelles greffes d'organes sont envisagées.
On pourrait suggérer des greffes de cerveaux, de quadriceps, d'ischio-jambiers et autres muscles dont sembleraient manquer les Bleus, nos footballeurs nationaux du jour ?
Mais n'y a-t-il pas d'autres priorités à relancer ?
Par exemple, la sauvegarde de la Médecine Générale, et donc de ceux qui s'y dévouent ou souhaiteraient s'y adonner ?
Par exemple, encore, réduire les charges administratives étouffant tout enthousiasme, renoncer à stigmatiser le corps médical non hospitalier, renoncer à flatter exagérément l'industrie pharmaceutique dont nous avons tous grand besoin mais sans s'y être asservis ?
Mais peut-être, Madame la Ministre de la Santé, les Bleus ne sont-ils pas les seuls qui pourraient bénéficier de greffes de … cerveau ?
Dr G. Nahmani
25 au 27 juin 2010
Le dessin de Cécile Bour: Honte...
28 juin 2010
Personnel ou collectif ? LEM 659
Pas question de se laisse abrutir par des affaires humaines ma foi bien banales. Tout événement, aussi futile puisse-t-il sembler aux yeux de certains, peut servir de vecteur à des associations dans nos réflexions.
Ainsi, en partant d’une histoire sportive récente, voici où l’on peut arriver. Entre autres, bien entendu !
A vous de
lire la LEM 659 et, comme toujours, même si vous n’en abusez jamais, à vous de prendre le risque de faire connaître votre opinion personnelle.
Dr F-M Michaut
29 juin 2010
Un an après une prime discutée
Nous avions sévèrement critiqué dans ces lignes l’instauration des contrats d’amélioration des pratiques individuelles ( CAPI ) par l’assurance maladie obligatoire ( sécu ). L’ordre des médecins, comme les syndicats médicaux s’étaient opposés à cette tentative de l’assureur d’intervenir directement dans les comportements médicaux, avec, comme seul objectif annoncé, celui de réduire les dépenses de maladie engagées par les prescripteurs.
L’aspect déontologique de soumission de fait à une autorité purement gestionnaire nous avait semblé inacceptable.
Quotimed.com du 28 juin fait le point.
14 500 CAPI ont été signés par des confrères avec la sécu. Chacun a reçu pour son allégeance une prime de 3000 euros par an, dite contrepartie financière. Contrepartie d’une perte d’indépendance, de libre arbitre et de liberté de ne se placer que du côté de l’intérêt de chaque malade ?
Il est facile de jeter la pierre aux confrères qui se sont laissés convaincre par la propagande officielle. Quand les fins de mois sont difficiles à boucler, un apport financier complémentaire est bien tentant. Et la liberté perdue, l’éthique professionnelle et personnelle mises à mal pour une poignée de billets, ça ne se mesure qu’au fil du temps.
Dr F-M Michaut
30 juin 2010
Enfin un visage pour la médecine générale
Hier à Nice ( France ) a été créé le collège de médecine générale.
Son originalité est de regrouper à la fois les syndicats et les sociétés savantes afin de pouvoir parler au nom de la discipline toute entière. Ce collège dirigé par Pierre-Louis Druai souhaite être l’interlocuteur de la haute Autorité de Santé quand il s’agit des pratiques des médecins généralistes. Source : Pratis TV du 29 juin. Il souhaite aussi s’intéresser à la recherche ( plus que jamais indispensable), à l’élaboration des stratégies professionnelles, à la meilleure façon d’organiser les soins, aux communications entre praticiens. On le voit, le chantier est immense.
Quand on connaît l’individualisme farouche traditionnel des généralistes, il y a là un pas en avant important de franchi.
Puisse-t-il ne pas être réduit à néant par des querelles de personnes et de pouvoir qui lui enlèverait toute créativité et tout crédit auprès de la communauté des soignants.
Exmed, depuis des années, a tenté de démontrer la nécessité de valoriser ( pas revaloriser, car il a toujours été considéré en France comme le médecin par défaut ) le métier de généraliste.
Alors réjouissons-nous et souhaitons aux constructeurs du collège de médecine générale tout le succès possible dans leur entreprise ambitieuse.
Dr F-M Michaut